Dès que je trouvai enfin le sommeil, mes yeux croisèrent ceux de Giuseppe et Carmilla, et la douleur résonna à nouveau dans tout mon corps. Je n'arrivais plus à fermer les yeux sans revivre chacun de ces instants de souffrance. Il faisait une chaleur insupportable dans les dortoirs ; je me retournai, encore et encore dans mon lit dont les draps commençaient à se coller à ma peau. Je m'assis dans mon lit et massai les parties de mon corps encore douloureuses après mon cauchemar. Impossible de retrouver le sommeil après cela, aussi je sortis mon carnet d'écriture de ma valise et descendis dans la salle commune ; autant mettre à profit mon insomnie pour rédiger ma lettre à Tante Agathe. J'avais passé ma journée à méditer sur la question : allais-je ou non accepter la proposition de Mathilde et participer à la coupe du monde de Quidditch ?

En bas, tout était parfaitement calme, comme à chaque fois que je descendais en plein milieu de la nuit. Je m'installai au fond de la pièce, juste à côté de la grande baie vitrée qui menait sur les profondeurs du Lac Noir ; la lune éclairait parfaitement l'immense point d'eau et lui donnait une magnifique couleur vert émeraude. Juste à côté se trouvait un grand secrétaire sur lequel était disposé tout le nécessaire pour y écrire une correspondance : plumes, papier à lettres, enveloppes… Je sortis mon carnet et commençai à rédiger un brouillon de la missive que j'allais envoyer à ma tante. Comment pourrais-je justifier une absence de deux mois à mon entourage ? Il me faudrait une bonne excuse et quelque chose qui tienne vraiment la route. Je lui fis part de mon inquiétude et de toutes les interrogations qui entouraient la lettre de Mathilde. Je faisais une pause, admirant les créatures qui nageaient au fond du lac, tout en caressant la baie vitrée comme si j'espérais pouvoir les atteindre, lorsque j'entendis des bruits de pas descendre les marches des dortoirs.

- Eh bien, Pandore, voilà bien longtemps que je ne t'ai vue ici, en plein milieu de la nuit, me dit Drago d'un air étonné.

- Je n'avais peut-être pas très envie de te croiser, lui dis-je en me levant, récupérant mon carnet qui se situait sur le secrétaire.

- Ça, ce n'est pas très gentil, me dit-il d'un ton narquois.

- Parce que tu l'es, toi, gentil ? Arrête ton char deux secondes, Drago ; tu m'ignores depuis, quoi, un mois ? Un mois et demi ? Et tu descends ici, comme une fleur en me parlant comme si tout ceci ne s'était jamais produit ? Si tu as honte de m'adresser la parole devant les autres, alors ne le fais pas du tout, c'est préférable.

Je passai à côté de lui sans même lui jeter un regard, et me dirigeai vers les escaliers des dortoirs ; je préférais encore finir d'écrire ma lettre dans mon lit que de continuer à discuter avec lui une seconde de plus. Il m'attrapa par le bras et me fit pivoter vers lui ; je détestais cette manie qu'il avait de faire cela à chacune de nos conversations.

- Pourquoi faut-il que tu sois toujours aussi chiante, Lancelot ? Je te rappelle que c'est toi qui m'as envoyé balader quand je suis venu te faire part de mon inquiétude avant ton départ.

- Oui, et je suis venue te voir pour m'excuser…

- Laisse-moi finir. Ton beau discours a été retranscrit dans tous les journaux, et on ne parlait que de ça au Ministère de la Magie. À cause de ton amour inconditionnel pour ces sales moldus, mon père m'a sévèrement sanctionné ; parce que tu n'as rien trouvé de mieux que de porter ce satané bracelet que je t'ai offert. Évidemment ma mère l'a reconnu sur la photo qui illustrait tous ces articles qui ne parlaient que de toi.

- Je crois que j'ai rarement vu quelqu'un d'aussi con ! Je n'y peux rien si ton père est un psychopathe, mais ne t'en fais pas, je vais te le rendre, ce maudit bracelet.

Il me plaqua au mur et enfonça sa baguette dans mon cou ; il semblait fou de rage, pourtant c'est tout autre chose que je lus dans son regard.

- Ne t'avise plus d'insulter mon père, sale…

- Sale quoi ? Vas-y, continue ! Tu peux me dire ce que ça t'apporte d'être un sang pur ? Moi, ça ne m'a jamais rien apporté, jamais. La moitié de ma famille est complètement tarée, ils se marient entre eux, comme si la consanguinité n'allait pas faire apparaître de nouveaux dégénérés dans notre arbre généalogique ! Je n'ai absolument pas peur de toi, Drago. Parce que même si tu sembles en colère, c'est de la tristesse que je vois dans ton regard ; tu n'es rien d'autre qu'un enfant apeuré.

- Ne me cherche pas, Dora. J'ai ma baguette pointée sur toi, et je n'hésiterai pas à m'en servir. Tu ne sais absolument rien de moi, alors ne fais pas comme si tu me connaissais depuis toujours.

- Je n'ai jamais prétendu te connaître, mais il y a une chose dont je suis certaine, c'est que tu serais incapable de me faire quoi que ce soit. Si prétendre que tu es comme ton père et jouer ce rôle devant tes soi-disant amis te plait, alors tant mieux pour toi. Mais si c'est pour continuer avec tes faux-semblants, je préférerais que tu m'ignores complètement.

Je le fis relâcher son emprise sur moi, le faisant reculer de quelques pas. Il avait baissé sa baguette, mais il ne détachait pas son regard mauvais de moi. Il resta muet face à mes attaques, sachant au fond de lui que j'avais raison.

- Ne t'en fais pas, sous peu, tu ne me verras plus dans cette salle commune de malheur. Je vais demander au professeur Dumbledore de changer de maison ; je n'ai pas ma place à Serpentard, en fait je ne l'ai jamais eue. Aucun de vous ne m'a jamais acceptée, et quand je vois votre obscurantisme, votre vision des choses, je me dis que ce n'est pas près de changer.

- Tu réagis comme une enfant. C'est toi qui t'es toujours isolée, qui ne t'es jamais intégrée. Mais tu as raison, s'il est plus facile pour toi de fuir, alors fais-le. Tu n'es peut-être bonne qu'à ça, finalement. Je pensais que tu étais différente de tous ces bien-pensants, mais tu es comme tous les autres, naïve et sans une once de jugeote.

Je le gifflai, hors de moi. Ce petit prétentieux mesurait parfaitement ce que chacune de ses paroles provoquaient sur moi. Il avait totalement raison ; j'avais été naïve de croire que nous aurions pu être des amis, lui et moi. J'avais envie de pleurer, de déchaîner toute ma colère contre lui. Mais je savais que c'était tout ce qu'il attendait de moi, que je laisse mes plus sombres sentiments prendre le dessus sur moi, et que je réagisse de manière totalement impulsive. Il était calculateur, bien trop intelligent pour la plupart des gens, mais pas pour moi ; j'avais vu sur quel sentier il voulait m'emmener, et c'était hors de question que je le suive sur cette voie. Sans un mot, je me dirigeai vers les escaliers pour rejoindre les dortoirs. Mon cœur palpitait à tout rompre, me donnant le tournis. Une fois allongée dans mon lit, regardant fixement le plafond, toutes les images se bousculèrent dans mon esprit, alors que je ressassais encore et encore la conversation que nous venions d'avoir, Drago et moi. J'avais dit cela impulsivement, sous le coup de la colère, mais c'était décidé : le lendemain, j'irais demander au professeur Dumbledore de quitter définitivement le dortoir des Serpentards.

Je m'étais levée tôt ce matin-là, et j'avais fini de rédiger ma lettre dans la Grande Salle, en prenant mon petit-déjeuner. Nous devions passer la journée ensemble et l'après-midi à Pré-au-lard avec les garçons, pour fêter la fin de leurs BUSE, mais il me fallait avant tout rencontrer le directeur. J'y avais bien réfléchi, et je ne voyais aucune autre solution que de quitter la maison des Serpentards. Après avoir envoyé ma lettre à la volière, je me dirigeai vers le bureau du professeur Dumbledore ; il n'y avait presque personne dans les couloirs ; certains avaient dû profiter du samedi pour se lever un peu plus tard.

- Miss Lancelot, vous êtes particulièrement matinale ! me lança le professeur Mcgonagall.

Elle était accompagnée du professeur Dumbledore et ils devaient tout juste avoir fini de déjeuner.

- Oui, je souhaitais m'entretenir avec le professeur Dumbledore, lui répondis-je.

- Bien, bien, dirigeons-nous vers mon bureau, dans ce cas. Minerva, nous continuerons cette discussion plus tard, j'ai hâte d'en entendre la suite !

Elle acquiesça sans un mot en lui rendant son sourire et partit en direction de la salle commune des Gryffondors. Le directeur activa l'escalier en colimaçon d'un simple mot de passe, et nous arrivâmes en quelques instants à son bureau. Il y régnait toujours cette atmosphère étrange, à la fois chaleureuse et angoissante. Il s'installa à son fauteuil, et m'invita à m'asseoir à mon tour.

- Que puis-je faire pour toi, Pandore, me demanda-t-il d'un ton calme et rassurant.

- Je… je voulais savoir si des élèves avaient déjà changé de maison en cours de cursus.

- Est-ce ton souhait, de changer de maison ?

Inutile de tourner autour du pot avec lui, il était beaucoup trop perspicace pour cela et avait tout de suite compris ma demande. Il me regardait par-dessus ses lunettes en demi-lune, sans aucune once de jugement.

- Oui, je souhaiterais changer de maison. Je n'ai jamais eu ma place à Serpentard, et ils me l'ont tous bien fait comprendre.

- Je vois. Je pense que le professeur Rogue serait particulièrement déçu de l'apprendre ; tu es une de celles qui rapportent le plus de points à sa maison. Il est très rare qu'il fasse les éloges d'un élève en particulier.

- Je sais que je suis une très bonne élève, ça n'est absolument pas le problème. Vous savez aussi bien que moi que mes opinions divergent totalement des leurs ! En plus, vous trouvez ça normal qu'aucune fille n'ait pu intégrer leur équipe de Quidditch ? Aucune autre maison ne fait cela ! Je me fais harceler continuellement depuis mon arrivée ici, parce que je suis étrangère, entre autres. Je n'ai absolument aucun ami parmi eux, aucun. Vous l'avez remarqué, je partage tous mes repas avec les Gryffondors, parce qu'ils sont les seuls à réellement m'accepter.

- Je comprends ton point de vue, mais il s'agit de la décision du choixpeau ; s'il considère que tu as ta place dans la maison Serpentard, ce n'est pas pour rien. Je pense qu'il faut que tu voies au-delà des quelques élèves qui t'importunent. Il me semblait que tu t'entendais plutôt bien avec le jeune Malfoy ; la situation aurait-elle changé ?

- La situation a changé depuis mon discours… Je pense que partir en France a été la pire décision que j'ai pu prendre ; presque tout le monde a changé de comportement vis-à-vis de moi, depuis mon retour.

- Il n'est jamais facile de prendre des décisions à ton âge. Celle-ci n'était pas spécialement mauvaise, et ce n'est pas comme si tu avais eu le choix de refuser. Quoi qu'il se soit passé là-bas, je pense que tout cela t'a fait également changer, grandir. Par ailleurs, je pense que tu devrais te concentrer sur le positif, plutôt que sur le négatif. Beaucoup d'élèves se retrouvent seuls, ce qui n'est pas ton cas, si je ne m'abuse. Maintenant, si tu souhaites vraiment en avoir le cœur net, je peux te laisser t'entretenir avec le Choixpeau pour comprendre au mieux sa décision.

- Je comprends… Si ce n'est pas trop abuser de votre temps, je souhaiterais, en effet, m'entretenir avec lui.

- Bien, bien, dans ce cas je vais te laisser seule avec lui. Nous avons une discussion à terminer avec le professeur Mcgonagall.

Il fit descendre le choixpeau de sa bibliothèque d'un coup de baguette magique et le déposa sur son bureau. Il quitta la pièce qui me sembla, tout à coup, beaucoup moins chaleureuse.

- Pandore Lancelot, notre nouvelle étudiante étrangère. Comment se passe ton année parmi nous ? me demanda-t-il.

- Très différemment de Beauxbâtons. Je voulais te demander pourquoi tu m'avais envoyé à Serpentard ? J'ai vraiment l'impression de ne pas y être à ma place et de n'avoir aucun point commun avec les autres élèves de cette maison.

- C'est ce que tu penses ? Pourtant, je sais que cette maison est faite pour toi. Tu es très ambitieuse, tu as les capacités et le caractère nécessaires pour changer les choses, et je pense au contraire qu'intégrer la maison de Salazar Serpentard te permettra d'atteindre tes objectifs.

- À la différence près que côtoyer des moldus et sorciers qui ne sont pas de sang pur ne me pose aucun problème. Ils ne m'accepteront jamais à cause de ça !

- Le fait d'avoir tes propres convictions peut faire absolument toute la différence. Je ne changerai pas d'avis, pour moi ta place est à Serpentard et pas ailleurs. Maintenant c'est à toi de leur montrer à tous que tu y as tout autant ta place que tes camarades.

J'admets qu'il avait raison sur certains points et, comme me l'avait dit Drago, je n'avais peut-être pas tellement cherché à m'intégrer ; après tout, Parkinson et ses acolytes n'étaient pas les seuls Serpentards avec qui je pouvais sympathiser. Peut-être qu'il me faudrait tout reprendre depuis le début et leur montrer qui j'étais réellement. Pour autant, mon point de vue sur leurs idéologies ne changerait pas, tout comme les miennes.

- Je suppose que je n'ai pas le choix, alors. Je vais devoir faire avec. Je te remercie de m'avoir accordé de ton temps si précieux.

- C'est toujours un plaisir d'échanger avec les élèves. Et je suis content que tu sois venu me voir ; j'avais déjà ressenti ton malaise lorsque je t'avais assigné à ta nouvelle maison. N'oublie pas : aucune de mes décisions n'est prise à la légère !

J'acquiesçai, le remerciant de nouveau avant de le percher à la place qui était la sienne, sur la grande bibliothèque. A présent, il me faudrait faire avec ; par chance, les vacances d'été arrivaient bientôt, et je n'aurais plus à me soucier du problème Serpentard pendant quelques temps.

Je ne savais pas combien de temps j'avais passé dans le bureau du directeur, mais les couloirs étaient déjà remplis d'étudiants. Je pressentais que les garçons se trouvaient encore dans la Grande Salle, aussi je m'y dirigeais lorsque j'aperçus Drago avec quelques autres Serpentards, en train de discuter dans un couloir. Quand nos regards se croisèrent, je lui fit signe de me rejoindre ; il s'excusa auprès des autres et s'approcha d'un pas décidé.

- Drago, je voulais juste te rendre ça, lui dis-je en lui tendant son bracelet.

Le voir dans ma main me fit un pincement au cœur ; c'était un cadeau de l'époque où je pouvais encore le considérer comme mon ami, ce qui ne semblait plus être le cas, à présent.

- Tu devrais le garder, je n'en ferai rien, de toute manière, me dit-il.

- Entre nous, tu sais très bien que ce n'est pas possible. Et puis, je pense qu'il devrait revenir à quelqu'un d'autre.

- Que veux-tu dire par là ?

- Pansy n'a de cesse de se targuer que ce bracelet aurait dû être le sien. Et elle a peut-être raison, vous avez plus en commun, tous les deux, que toi et moi.

- Cesse de raconter n'importe quoi, me dit-il en m'attrapant l'avant-bras, fou de rage. Je n'ai absolument rien en commun avec elle.

- Je ne suis pas certaine que les autres pensent la même chose que toi, mais ça ne me regarde pas. Maintenant, lâche-moi. Et autre chose… je reste à Serpentard ; le choixpeau maintient sa décision et pense que j'y ai parfaitement ma place.

- Je le pense aussi… me répondit-il d'un air plus détendu, en me relâchant.

- Ce n'est pas ce que tu disais hier soir… mais je vais faire comme si nous n'avions jamais eu cette discussion. La colère et la fatigue ont probablement parlé pour nous. Maintenant, tu devrais retourner voir tes amis, ils ne nous quittent pas du regard depuis tout à l'heure, et j'ai des choses à faire de mon côté.

- Tu as beau penser ce que tu veux de moi, je suis content que tu restes parmi nous.

Pendant un instant, je crus voir un léger sourire se dessiner sur ses lèvres tandis qu'il me caressait la main du bout des doigts, avant de retourner vers ses camarades. En repensant à ses paroles, je sentis le rouge me monter aux joues : finalement, j'aurais peut-être toujours Drago à mes côtés pour m'aider à traverser ces instants difficiles.

Comme je l'avais deviné, les garçons étaient toujours installés à table ; je les rejoignis et m'installai juste à côté de Fred.

- Alors la lève-tard, tu daignes enfin nous rejoindre ? me lança Gaston amusé, tandis que Fred m'embrassait sur la joue.

- Je suis levée depuis bien plus longtemps que vous, j'étais juste partie me balader un peu.

- Tu as déjeuné ? me demanda mon petit ami.

- Oui, ne t'en fais pas pour ça. Alors quel est le programme du jour ?

- Il faudrait que l'on parle de notre… projet. On se trouvera un coin tranquille dehors, me répondit George.

Mais oui ! Notre projet ! Avec les BUSE, les heures de retenues des garçons et mon voyage en France, nous n'avions plus parlé de notre projet secret. J'acquiesçai, leur souriant avec enthousiasme ; en voilà une chose qui allait grandement me changer les idées. Fred remarqua mon euphorie et serra son bras autour de mon épaule pour me rapprocher de lui.

- J'ai hâte de voir en quoi tu pourrais te transformer, me glissa-t-il à l'oreille.

- J'ai hâte de voir en quoi, toi, tu transformerais : en petit lapereau, ou en ouistiti… lui dis-je amusée.

- En ouistiti, sincèrement ? me répondit-il, hilare, en me chatouillant de plus belle. Tu vas voir ce qu'il va te faire le ouistiti.

Après que les garçons eurent terminé leur petit déjeuner, nous nous dirigeâmes tous vers la cour extérieure de l'école, trouvant une place à l'écart des autres étudiants. Nous nous assîmes tous en rond, comme à notre habitude, et George sortit plusieurs parchemins enroulés qu'il déplia au sol, face à nous.

- Voilà les informations que nous avons pu trouver à la bibliothèque, ajouta-t-il.

- Comme nous l'avions prévu, tous les ouvrages qui parlaient des animagus se trouvaient dans la réserve, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit si facile pour nous d'y jeter un coup d'œil, ajouta Lee

- Vous avez réussi à récolter pas mal d'informations, à ce que je vois, fis-je remarquer, mais aurons-nous besoin d'acheter d'autres livres, ou avez-vous réussi à trouver tout ce dont nous aurons besoin ?

- Nous pensons que tout est là, mais la procédure est… extrêmement compliquée, me répondit Fred.

Je pris les parchemins et les lus un par un, puis ce fut au tour de Gaston de les lire. Fred avait raison, le procédé était assez complexe, quoiqu'il n'y eût rien d'insurmontable, même s'il nous faudrait parfaitement nous préparer en amont.

- Bon, pour commencer nous pourrons trouver les feuilles de mandragores dans la serre du professeur Chourave. Pour ce qui est des chrysalides de Sphynx tête-de-mort, vous avez une idée de l'endroit où s'en procurer ?

- Chez les moldus, je pense, ajouta Gaston, que nous n'avions pas entendu depuis le début de notre échange. Je sais que certains en font des élevages ; je pourrais demander à ma mère pendant les vacances d'été.

- Parfait ! ajouta Lee. Il nous reste quoi ?

- À trouver cinq fioles de cristal, un endroit où cacher notre mélange, et un lieu pour nous transformer. En lisant ce que vous avez écrit, je me dis que nous ne devrions peut-être pas tous le faire en même temps. Il devrait en rester un ou deux pour surveiller les autres, et contrôler que tout se passe bien.

- Je pense que Dora a raison, ajouta Gaston, si l'un d'entre nous se transforme en prédateur incontrôlable et qu'il dévore les autres, je ne vois pas trop comment nous pourrons justifier un truc pareil.

- Sachant que nous serons obligés de faire ça à la rentrée, qui se porte volontaire pour commencer ? demanda Lee..

- Moi ! répondirent les jumeaux d'une seule et même voix.

Comme je m'y attendais, ils étaient les plus pressés d'entre nous. Comment leur en vouloir, c'est eux qui avaient amené le projet sur la table.

- Bien, et le troisième ? Gaston, Lee ?

- Tu ne veux pas passer en premier Dora ? me demanda Gaston.

- Je t'avoue que je préférerais être présente si ça se passait mal pour ces deux-là, lui répondis-je gênée, tandis que Fred m'enfonçait son index dans les côtes.

- Alors, tu penses que nous ne serons pas capables d'y arriver ? me demanda-t-il faussement vexé.

- Au contraire, je pense que vous y arriverez sans problème, c'est plus l'après qui me fait peur, si vous n'arrivez pas à vous contrôler. Et je n'ai pas envie qu'il t'arrive quoi que ce soit, lui répondis-je à voix basse pour que les autres n'entendent pas.

- Tu es trop mignonne quand tu t'inquiètes, me dit-il en ébouriffant mes cheveux, comme s'il félicitait un chien.

Je le fusillai du regard, passant mes mains dans mes cheveux pour me recoiffer. Notre plan prenait peu à peu forme, tandis que nous prenions des notes de chaque partie qui nous semblait importante. Il nous faudrait choisir une date précise à laquelle les garçons pourraient commencer et, avec un peu de chance, nous serions tous les cinq en capacité de nous transformer d'ici l'année suivante. J'étais tellement excitée que mon cœur battait la chamade. Mais une question me turlupinait : en quoi me transformerais-je à ce moment-là ?