le juste vivra par sa loyauté


Une dinguerie tous les nouveaux venus qui viennent faire coucou ! Merci à jane9699, Moow, twjessie, KorriganTanNoz, Astr33, BellatrixBlackMalefoy et Guest. J'espère très sincèrement que cette suite sera à la hauteur de vos attentes ! J'ai passé la moitié de la journée à la retravailler. Me 'zo skuizh. Maintenant, place au DRAME ET À L'ACTION !


Chapitre 29 : Dieu, le clément


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« Tu es sûre que tu as besoin d'y aller Charlotte ?

– Je suis une préfète, Eva. Je ne peux pas me permettre de refiler mes heures de ronde à quelqu'un d'autre, soupira Charlotte, nouant le nœud de sa cravate autour de son col de chemise.

– Et tu seras avec qui ce soir ?

– Avec Jeff. Tu vas me laisser y aller maintenant ? lui demanda Charlotte, lui adressant un regard blasé.

– Je n'ai pas envie, admit Eva, se mordant l'intérieur de la joue, assise sur son lit et tenant son oreiller contre son ventre. Et si tu tombes sur le Taureau… »

Pour la première fois, Charlotte parut réellement énervée par les questionnements d'Eva.

Elle lui jeta un regard noir :

« Tu n'avais qu'à te poser cette question avant de lui répondre si insolemment devant toute la table de Serpentard. »

Et sur ces mots, Charlotte claqua la porte derrière elle. Seule, le lit d'Emmeline toujours désespérément vide devant elle, Eva inspira puis expira lentement. Elle enfouit sa tête dans son oreiller et elle fut le seul témoin de ses gémissements anxieux.

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À partir du lundi, Eva assista aux retenues de McGonagall, tous les soirs de 18h à 20h. En voyant de ses propres yeux le défilé d'élèves des quatre Maisons et de toutes les années, Eva commença à comprendre pourquoi McGonagall paraissait si souvent si blasée de la vie. En effet, contrairement à ce qu'on pourrait croire, une grande majorité d'élèves de Poudlard étaient en fait des petits rigolos qui adoraient émoustiller McGonagall par des blagues ou en jetant des sortilèges mêmes lorsqu'ils étaient censés écrire des lignes jusqu'à en perdre toute sensation dans la main.

En temps normal, Eva aurait écouté les conversations des autres élèves au lieu de se concentrer sur son travail mais un seul regard de McGonagall suffisait à ramener cette boule d'anxiété dans son ventre. Cela la motivait instantanément à avancer sa quantité monstre de travail.

Le mercredi soir, Tony Valasquez s'assit à côté d'elle, ne semblant nullement préoccupé par le fait qu'il n'y avait clairement pas de place pour lui (pas un seul centimètre n'était pas occupé par un manuel ou un parchemin) sur la table du fond qu'Eva hantait quotidiennement. Le batteur de Serdaigle ne semblait pas non plus être inquiété par le courroux de McGonagall. Il était bien son chouchou.

Croisant ses bras derrière sa tête, Tony se moqua gentiment d'Eva en lui demandant si elle était devenue encore plus masochiste que Luke à vouloir passer en avance les épreuves de l'ASPIC.

Eva répondit en lui donnant mollement un coup à la côte, lui arrachant une exclamation de douleur. McGonagall ne tarda pas à ordonner à Tony de changer de place. Nonchalant à souhait, Tony se leva et ébouriffa les cheveux d'Eva. Il répondit à l'exclamation agacée de la Poufsouffle par un clin d'œil joueur.

À 20h, affamée et surtout exténuée, Eva sortait de la salle de Métamorphose et se trouvait inéluctablement face à Amos ou Akash. Ils étaient parfois accompagnés de Howard ou de Jeff.

Écoutant d'une oreille distraite les chamailleries des garçons, Eva traînait des pieds jusqu'aux cuisines où elle prenait une casse-croûte avant qu'ils ne rejoignent la salle commune.

Lorsque Jeff était là, les elfes de Maison lui offrait même un brownie moelleux à souhait.

Plus les jours avançaient, plus les yeux d'Eva avaient tendance à papillonner. L'appel du sommeil devenait de plus en plus difficile à refuser alors que chaque craquement dans la chambre la réveillait en sursaut. C'était encore plus difficile de rester constamment sur ses gardes alors que les Serpentards n'avaient jamais été si silencieux. Même les larbins d'Ava Parkinson avaient disparu. Depuis vendredi dernier, les petites qui avaient été l'ombre d'Eva pendant presque deux semaines baissaient les yeux lorsqu'elles se croisaient.

Le silence des Serpentards inquiétait Eva.

Une fois dans la salle commune, les garçons sortaient un énième jeu de société au lieu de faire leurs devoirs et Eva s'installait un peu en retrait pour pouvoir relire ce qu'elle avait écrit en retenue et corriger les fautes.

« T'es sûre que t'es pas malade, Eva ? plaisanta Aaron Stone en posant sa main sur son front au bout du quatrième soir où il la vit faire ce manège. Non mais franchement, personne ne t'a prévenu que c'était en 6e année qu'il fallait que tu fasse la fayotte pour devenir préfète-en-chef ? »

Eva se dégagea avec agacement, faisant une grimace aux garçons de 6e année qui rigolaient tous à la blague d'Aaron.

« Retourne voir Pénélope, Aaron. Je crois qu'elle n'a pas encore compris que tu voulais une photo de sa poitrine bien que tu passes ton temps à l'admirer. »

Cette fois-ci, les garçons s'esclaffèrent pour se moquer d'Aaron qui sauta sur Mark Stainton pour cacher son rougissement embarrassé.

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En journée, malgré la mauvaise humeur de Charlotte, Eva ne quittait pas une seule seconde sa meilleure amie. Elle prenait bien soin de fixer Evan Rosier droit dans les yeux dès qu'il était dans les parages. Au début, Evan Rosier pris ça comme une insulte. Si possible, son regard devint encore plus meurtrier qu'en temps habituel. À tel point que même Akash vint s'en inquiéter.

« Hé, tu crois pas que tu devrais un peu calmer le jeu avec le Taureau ? Je sais que c'est un vrai connard qui mériterait qu'on le laisse dans de la merde de vache avec un bon vieux stupéfix mais…Il est taré, tu sais ?

– Je crois que tu es très mal placé pour dire ça Akash, répondit Eva en arrachant son regard d'Evan Rosier qui lui offrit un dernier rictus méprisant avant de se tourner vers Corban Yaxley de 5e année qui venait d'apparaître dans le couloir de Sortilèges, Regulus Black marchant plus posément derrière lui. C'est pas toi qui as lévité de l'excrément de Sombrals dans sa direction hier ?

– Et personne n'aurait rien remarqué si la merde des Sombrals était aussi invisible que ces sales bêtes, » se défendit Akash comme s'il avait fait preuve de discrétion alors qu'il avait pourtant crié « Faites gaffe, la merde retourne voir son sac à merde ! » derrière la hutte du garde-chasse.

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« J'y vais encore, Eva. Contrairement à certaines qui ont le temps d'être en retenue tous les soirs, j'ai des obligations, claqua sèchement Charlotte, se préparant de nouveau à sortir pour effectuer ses inspections de préfète dans les couloirs.

– Je m'inquiète juste pour toi.

– Je suis grande Eva, je n'ai pas besoin que tu sois tout le temps sur mon dos ! »

Et Charlotte claqua de nouveau la porte derrière elle, laissant Eva face à sa dissertation de DFCM qu'elle tentait de terminer après avoir passé la soirée en compagnie de McGonagall et Gilbert du club de Baveboules. D'après ce qu'Eva avait compris, le Serdaigle de 1ère année avait écopé d'une soirée de retenue après avoir tenté d'emprunter sans autorisation un livre de la section interdite.

Gilbert n'aurait pas pu faire plus Serdaigle intello. C'était la raison la plus fayotte qu'Eva ait jamais entendu pour avoir une retenue.

Eva avait pourtant expliqué à Charlotte pourquoi est-ce qu'elle allait en retenue tous les soirs, le lui avait clairement fait comprendre que, non, elle n'avait pas triché mais que quelqu'un avait voulu le faire le croire et que maintenant Eva devait travailler même durant la pause de 10h pour parvenir à terminer sa double dose de travail.

Et pourtant… Pourtant Charlotte était redevenue aussi froide que de la glace, était devenue aussi susceptible qu'au début de l'année.

Depuis le bal d'Halloween, depuis qu'Emmeline les avait abandonnées, Eva avait eu l'impression d'avoir enfin retrouvé la Charlotte d'avant, d'avoir retrouvé sa meilleure amie qui rouspétait parce qu'Eva ne se concentrait pas correctement sur ses devoirs mais qui finissait toujours par lui expliquer avec un soupir l'exercice à faire et qui pouffait de rire à chacune de ses blagues ridicules.

Mais depuis le soudain sursaut de rébellion d'Eva, Charlotte avait fait volte-face et lui avait clairement fait comprendre qu'elle ne lui pardonnait pas d'avoir provoqué les Serpentards et de l'avoir embarqué dans ses actions suicidaires. Elle ne l'avait pas dit de vive voix mais Eva comprenait clairement ce que sous-entendaient tous les petits piques de sa meilleure amie.

Même Akash avait remarqué l'irritabilité de Charlotte et prenait soin de l'éviter, entraînant Amos derrière lui qui avait pourtant paru prêt à essayer d'en parler avec Charlotte.

« Elle doit avoir ses règles, » avait plaisanté Howard après que Charlotte ait quitté comme une furie la table après qu'il ait malencontreusement fait tomber le pichet d'eau, noyant les patates de Charlotte dans son assiette.

Mais non, ce n'était pas une question d'avoir ses règles ou non. C'était une question de survie et, aux yeux de Charlotte, Eva l'avait lâché en pâture aux Serpentards.

Eva enfonça ses poings dans ses yeux jusqu'à en voir des étoiles puis, après une bonne minute à tenter de calmer sa respiration, Eva se concentra de nouveau sur sa dissertation de DFCM.

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Dimanche 29 novembre


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Le soir du dimanche 29 novembre, ils se réunirent tous dans la salle commune pour fêter l'anniversaire d'Andrew Abbott qui était le premier Poufsouffle de 1ère année à fêter ses douze ans.

Il était de fin d'année comme Sirius. Sirius à qui Eva adressait maintenant des sourires amicaux lorsqu'ils se croisaient dans le château. Ils ne s'étaient jamais croisés seuls.

Amos la suivait partout à la trace lorsqu'il n'était pas occupé avec Kate Godfried dont les sourires amicaux avaient laissé place à des regards suspicieux lorsqu'Eva ou Charlotte rentraient dans son champ de vision. Et si Amos était là, Akash n'était jamais bien loin, encore moins lorsqu'il s'agissait de harceler Eva.

Quant à Sirius, comme à son habitude, il ne parcourait jamais les couloirs seul. Les rares fois où il n'était pas accompagné de James, il était soit avec Remus dont le sourire en coin perturbait Eva soit avec Peter qui n'osait toujours pas la regarder plus de deux secondes dans les yeux après la bourde qu'il avait fait. Lorsque James et Sirius avaient commencé à se disputer avec Amos et Akash à propos de leur pronostic pour le match de janvier de Serdaigle contre Gryffondor, Eva en avait profité pour expliquer à Peter que ce n'était pas à lui qu'elle en avait voulu mais son intervention ne lui avait valu qu'un hochement de tête, comme si Peter voulait simplement qu'elle oublie son existence.

Eva avait décidé de ne pas le pousser davantage.

Elle comprenait que Peter puisse être dans l'embarras voire anxieux des séquelles que son action irréfléchie avait causé. James en avait déjà parlé à Eva : Peter était pensif au point de s'auto-flageller dès la moindre parole maladroite.

Parfois, Sirius et Eva échangeaient même quelques plaisanteries – souvent à l'égard de James. Lorsque cela arrivait, Eva avait l'impression de revenir des mois en arrière lorsque Sirius était simplement le meilleur ami de James. Certes, très beau mais très agaçant aussi. Elle n'avait jamais envisagé de se rapprocher de lui, se contentant d'apprécier son sens de l'humeur cassant.

Comme c'était la tradition à Poufsouffle, les 7e année dégotèrent un gâteau d'anniversaire pour Andrew Abbott qui avait piqué un fard lorsqu'Eva s'était penchée pour glisser l'élastique d'un chapeau d'anniversaire en carton sous son menton.

C'était Jeff qui était allé chercher le gâteau auprès des elfes de la cuisine. Bien que Jeff le nie, il était le plus charismatique d'entre eux. De surcroît, les elfes de Maison avaient un faible pour le beau brun qui venait les complimenter sur leur cuisine et qui leur demandait même leurs recettes.

Quant au glaçage, ils avaient dû trouver un nouveau volontaire. Depuis septembre, ça avait été Emmeline qui s'en était chargée. Elle avait le sens du détail et avait une très belle écriture. Mais Emmeline était comme un fantôme. Toutes ses affaires essentielles avaient disparu de la chambre et elle avait changé de place pour tous les cours, y compris celui de Chourave.

Pour la première fois de sa vie, Eva s'était donc retrouvée aux côtés d'une Karen Dunn plus que silencieuse en cours de botanique alors que le couple Serpentard-Poufsouffle semblait ravi de pouvoir travailler ensemble sur une belladone hawaïenne.

Logiquement, Jeff aurait dû prendre la place d'Emmeline pour le glaçage étant donné son talent pour le dessin mais il avait disparu juste après avoir déposé le gâteau dans la chambre des garçons. Grâce aux efforts combinés d'Akash et Howard qui s'étaient plus amusés à manger le glaçage qu'autre chose (et à forcer le hautain Baley Finch-Fletchley de 2ème année à en faire de même), un grossier « JOYEUX ANNIV » avait été inscrit sur le gâteau d'Andrew Abbott.

Lorsqu'ils éteignirent les lumières, les Poufsouffles entamèrent un « Joyeux aaa-nniiii-ver-saiiiiire Andrew ! » des plus bruyants. Les plus jeunes étaient trop gênés pour élever leur voix mais les plus âgés avaient passé l'âge pour ce genre de gêne. Akash, Howard, Aaron Stone et Mark Stainton se mirent bras dessus, bras dessous et hurlèrent les paroles. La lumière des bougies du gâteau permettait de voir qu'Andrew Abbott aurait préféré se fondre dans sa chaise plutôt que d'être au centre de toute cette attention.

Après qu'Andrew eut soufflé ses douze bougies et qu'Akash eut fait apparaître son patronus, un panda rouge, dans le seul but de se vanter, Eva se retrouva à côté d'Amos.

Le nez baissé dans son gobelet de jus de citrouille, Eva observa avec un sourire amusé Isis Amatt et Pénélope Schoonmaker tirer une Hannah Abbott récalcitrante vers son petit frère. D'après les cris et les rires qu'Eva entendait, les amies de la blonde tenaient à ce qu'Hannah fasse un discours en l'honneur de l'anniversaire d'Andrew qui paraissait mortifié.

La voix d'Amos fut sérieuse alors que Mark Stainton et Howard attrapaient Hannah Abbott (l'un par les bras, l'autre par les jambes) pour l'amener de force.

« Eva. J'ai besoin que tu me le dises clairement. Qu'est-ce qu'il se passe avec Charlotte ? »

Ça faisait neuf jours et Evan Rosier n'avait toujours rien fait.

« Elle m'en veut. Elle ne voulait pas que je la défende.

– Elle n'a jamais supporté qu'on lui vienne en aide, acquiesça Amos alors que Howard et Mark déposaient Hannah à côté de son petit frère. Ça ne veut pas dire que tu dois la laisser ruminer seule. »

Hannah Abbott paraissait argumenter vivement avec les garçons. À bout, elle balança un muffin en direction de Howard et celui-ci se décala de justesse avant d'éclater de rire.

« Je sais que c'est déplacé de ma part mais occupe-toi d'elle. »

Occupe-toi d'elle parce que moi je ne peux plus.

« C'est la première fois qu'elle rate un anniversaire, » ajouta Amos, plus pour lui-même qu'autre chose et Eva sentit de nouveau cette boule de culpabilité la prendre au ventre.

Les pourparlers terminés, Hannah réussit à éviter le discours mais dût promettre de faire autre chose en échange si elle ne voulait pas se faire harceler toute la soirée par les blaireaux.

Le visage rouge pivoine, elle se pencha pour déposer un baiser sur la joue de son petit frère. Les blaireaux sifflèrent et applaudirent.

Rouge de honte, Andrew glissa le long de sa chaise pour disparaître sous la table.

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Jeudi 3 décembre


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Finalement, ce fut après 13 jours de silence que ce que redoutait Eva arriva. Après avoir mangé son dîner dans la Grande Salle, elle avait aperçut Nao et Edgar du club de Baveboules dans le Hall d'entrée. Les deux 1ère années mal-aimés de Serpentard – l'un à cause de son bégaiement et l'une à cause de ses origines moldues – étaient habitués à se rendre discrets, obligeant Eva à dire précipitamment à Howard de ne pas l'attendre pour pouvoir courser les deux Serpentards.

Or, Eva ne put leur parler très longtemps car Wendy Woodward arriva en trombe. Ses boucles rousses collant à son visage transpirant, la 2ème année de Poufsouffle tira sur la manche d'Eva pour attirer son attention.

« Eva, Eva, vite, » haleta sa cadette, à bout de souffle.

Automatiquement, Eva posa sa main sur le haut de la tête de Wendy qui ne lui arrivait qu'en-dessous de sa poitrine, souhaitant la calmer. Puis, Eva réalisa que Baley Finch-Fletchley était là lui aussi.

Les yeux du garçon étaient ronds, comme s'il était effrayé lui aussi, et ses doigts qui tenaient la branche de ses lunettes tremblaient.

« Ils – Tronsky, » bégaya-t-il alors qu'il était habituellement si bavard et éloquent.

Le nom de famille de sa meilleure amie fut assez pour faire comprendre à Eva ce qu'il s'était passé.

« Où, Baley ? OÙ ?! répéta violemment Eva, ne se souciant guère que son cri ait effrayé les jeunes l'entourant.

– Le cou – couloir des cuisines, » bégaya Baley.

Ce fut assez pour qu'Eva traverse le Hall comme une flèche, ne se souciant guère d'avoir violemment poussé Lily Evans sur son passage. Elle avait anticipé ce moment depuis presque deux semaines et l'adrénaline lui fit oublier sa fatigue.

Ne touchez pas Charlotte !

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Musiques : Frank's choice The Punisher Soundtrack & Identity Grandson


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Haletante, Eva arriva devant le couloir des cuisines. Mais il n'y avait personne. Personne à part Jeff qui sortait des Cuisines et qui lui adressa un regard surpris. Puis, semblant réaliser qui elle était, Jeff poussa en arrière la personne qui allait sortir à sa suite des Cuisines. Eva ne se préoccupa guère de savoir qui était la mystérieuse personne avec qui Jeff s'était éclipsé pour le dîner. Elle partit en courant arpenter les couloirs voisins.

Charlotte, Charlotte.

S'il vous plaît, Dieu. Si vous êtes vraiment là, je vous en supplie, pas Charlotte. Vous m'avez déjà pris maman. Pas Charlotte, s'il vous plaît, pas Charlotte.

Mais lorsqu'Eva s'arrêta à l'entrecroisement des couloirs éclairés partiellement par des torches, ce fut bien les boucles blondes de Charlotte qu'elle vit éparpillées sur le sol dallé. Et, celui qui tournait autour de sa meilleure amie comme un prédateur attendant le bon moment pour tomber en piquet sur sa proie, était Evan Rosier.

Le Serpentard se craquait méthodiquement les jointures de ses mains et ce bruit ramena un instant Eva à l'année précédente.

Lorsqu'Evan Rosier se tourna vers elle, Eva bataillait toujours pour revenir à l'instant présent. Pendant quelques secondes, elle avait eu l'impression que ce n'était pas Charlotte au sol mais elle.

« Enfin ! s'exclama Rosier. J'ai bien cru que tu allais nous faire attendre encore longtemps. Les petits blaireaux sont bien trop lents. Peut-être que je devrais leur apprendre une bonne leçon. Les raclures devraient avoir compris depuis le temps qu'on ne fait pas attendre ses supérieurs. »

Malgré ses cernes qui paraissaient de plus en plus profondes plus on avançait dans l'hiver, Evan Rosier paraissait de bonne humeur ce soir. Il accueillit Eva avec un sourire qui lui glaça le sang.

« Il n'y a qu'Eva qui sait s'échapper si vite, » ajouta Royce.

Il était adossé au mur. Tel le grand connard qu'il était, Royce tenait d'une main son livre qu'il semblait avoir été en train de lire pendant que Rosier rôdait autour de Charlotte qui ne bougeait toujours pas.

Charlotte lui tournait le dos, Eva ne pouvait pas voir si sa meilleure amie était simplement immobilisée, inconsciente ou bien pire encore…

Cependant, la venue d'Eva parut intéresser Royce. Il ferma son livre en un claquement qui sortit Eva de sa paralysie. Le voir se redresser fut suffisant pour qu'Eva actionne l'étui autour de son poignet et que sa baguette n'arrive entre ses doigts.

Ils étaient seuls, seuls dans les couloirs des cachots. Eva savait qu'elle se devait de se défendre, elle et Charlotte qui ne bougeait toujours pas.

Eva n'attendit pas la prochaine action des Serpentards, elle lança un sortilège de lévitation informulé en direction de Charlotte.


Trop de temps s'était-elle reposée sur ses lauriers. Sa mère n'était plus là pour lui ordonner de faire tête basse ni n'était là pour la reprendre lorsqu'elle remarquait qu'Eva tombait bien plus bas que prévu dans le classement de sa promotion. C'était à Eva de se prendre en main désormais. Personne ne viendrait la sauver. Elle l'avait appris à ses dépens l'année précédente.


Le corps inerte de Charlotte s'éleva dans les airs et vola dans sa direction avant que son chemin ne s'arrête abruptement. Charlotte retomba violemment par terre.

Eva leva des yeux brûlants vers Royce qui le lui rendit bien, sa baguette toujours arquée.

« Eva, susurra Evan Rosier pour attirer son attention. Tu croyais vraiment que ça allait être si facile ? la provoqua-t-il avec son sourire de requin dont suintait sa soif de sang.

– On s'appelle par nos prénoms maintenant ? lui rétorqua Eva et elle fut fière que sa voix ne trembla pas et soit même forte, faisant écho dans le couloir.

– Eh bien, tu m'avais l'air de vouloir m'appeler Evan la dernière fois, » fit remarquer Rosier en penchant la tête sur le côté, toujours ce sourire effrayant aux lèvres.

Rosier continuait d'étirer ses doigts et Eva dût se retenir de toutes ses forces de ne pas suivre du regard son index qu'il tirait en arrière. Elle se rappelait lorsqu'il avait fait la même chose à son petit doigt. Sauf que cette fois-là le Serpentard ne s'était pas arrêté jusqu'à ce qu'il entende un craquement sinistre et que la bouche d'Eva ne se torde en un hurlement d'agonie.

« Laisse Charlotte en dehors de nos histoires, » lui ordonna Eva en tenant son corps et sa baguette bien droits.

En même temps qu'elle parlait, elle activa un protego informulé pour faire barrage entre le corps gisant à terre de Charlotte et les deux Serpentards. À son action, sa baguette s'illumina d'un blanc brillant. Ce fut assez pour que les deux garçons comprennent ce qu'elle venait de faire.

Les yeux d'Evan se plissèrent et il perdit son sourire. Il n'avait pas sorti sa baguette et pourtant le cœur d'Eva tremblait rien qu'à la vue du Serpentard. C'était dire la présence qu'avait Evan fucking Rosier.

« Elle a toujours fait partie de nos « histoires » comme tu dis. Elle est et restera toujours une vulgaire Sang-de-Bourbe, » gronda Evan et il ne fallait pas être un génie pour comprendre que les choses sérieuses commençaient.

Le Taureau n'était plus d'humeur à faire causette. Il voulait la faire saigner, la faire hurler de douleur, Eva le lisait dans ses yeux qui semblaient si sombres alors qu'il était à l'autre extrémité du couloir.

Pourtant, Eva ne pouvait pas se concentrer seulement sur lui. Il fallait qu'elle surveille aussi Royce qui s'était positionné aux côtés de Rosier. Et Royce, lui, avait sorti sa baguette.

Rosier pencha la tête en direction de son camarade de Maison :

« Tu me couvres ? » dit-il.

Royce resta concentré sur Eva.

« Mulciber, » aboya Rosier et Royce hocha finalement la tête, ne semblait guère heureux de le faire.

Suite à cet acquiescement, le rictus amusé de Rosier fit sa réapparition et Eva n'eut le temps de réfléchir que Rosier se rapprochait à grands pas.

« Dégage, connard ! » hurla Eva, effrayée à l'idée que Rosier se rapproche de Charlotte qui ne bougeait toujours pas.

Avec un geste violent du bras, Eva lança un repulso informulé. Elle jeta la seconde suivante un sortilège de croche-pattes. Puis, voyant que cela n'avait aucun effet, elle lança un protego de plus pour créer un dôme de magie autour de Charlotte et lança un aguamenti en direction de Rosier.

C'était Royce qui avait contrecarré sans aucune difficulté tous ses sortilèges jusqu'alors mais, de manière étonnante, il ne fit rien contre l'aguamenti d'Eva.

Peut-être était-ce parce que, contrairement à ce que Flitwick leur avait appris, Eva lança son aguamenti avec toute son essence magique, rendant le jet d'eau si puissant qu'il fit reculer Rosier de quelques pas.

Peut-être Royce avait-il simplement décidé de se venger de Rosier.

Eva n'y réfléchit pas. Ses yeux restèrent fixés sur Rosier qui avait eu le réflexe de lever ses bras devant son visage. Pour ne pas se retrouver propulsé en arrière, il planta un de ses pieds en avant.

Eva en profita. Alors qu'elle continuait d'asperger le Serpentard avec une grimace hargneuse, elle s'avança lentement pour atteindre Charlotte. Or, alors qu'elle arrivait enfin à la hauteur de sa meilleure amie, un violent courant d'air secoua ses vêtements. L'eau qui sortait de sa baguette se retrouva pris au piège dans un cube d'air. Ce cube resta élevé quelques secondes dans les airs avant que tout son contenu ne se déverse sur le sol dallé, créant une énorme flaque d'eau entre Eva et les deux Serpentards.

C'était l'œuvre de Royce.

Encore.

Eva jeta un sortilège de ramollissement à Charlotte pour sécuriser son atterrissage puis lui lança un expulso.

Rosier était à cinq pas à peine d'elle.

Le corps de Charlotte vola en arrière alors que Rosier poussait un cri furibond. Eva ne regarda même pas si Charlotte était encore en un morceau. Le plus important était qu'elle soit le plus loin possible des deux Serpentards qui semblaient avoir perdu de leur esprit d'équipe :

« T'aurais pas pu faire ça avant ? s'exclamait Rosier en direction de Royce qui était resté en retrait.

– Et toi tu ne sais plus que tu es un sorcier ? lui rétorqua Royce avec une pointe d'irritation.

– T'étais censé me couvrir ! » n'en démordit pas Rosier qui dégoulinait d'eau.

Royce lui répondit par un regard noir.

Pendant ce temps, Eva reculait lentement en arrière, ne les quittant pas des yeux. Tout en marchant à reculons, elle en profita pour jeter un maléfice au sol pour que celui-ci soit aussi gluant que si elle l'avait imbibé de colle.

Si Rosier traversait l'énorme flaque d'eau qui les séparait, il devrait ensuite réussir à arracher ses chaussures du sol.

Eva envisagea de détruire le sol dallé avec un bon vieux bombarda pour agrandir la distance entre elle et les deux Serpentards.

Or, elle aurait dû savoir que les Serpentards pouvaient faire deux choses à la fois car, alors que ceux-ci se disputaient toujours, des branches de lierre surgirent du sol et s'enroulèrent autour de ses chevilles, la rendant incapable de bouger. Lâchant un juron, Eva tenta de libérer ses jambes mais son action lui valut un avertissement. Les branches se resserrèrent autour de ses chevilles et grimpèrent jusqu'à ses genoux.

Si Eva bougeait encore une fois son sang pourrait ne plus circuler ou pire encore ses jambes pourraient exploser comme après un sortilège de saucissonnage trop puissant.

Mais il y avait quelque chose de plus inquiétant que l'étau qui se resserrait contre ses jambes. Elle le sentait. La plante était en train d'aspirer son essence magique et les tiges de lierre grossissaient en largeur plus les secondes passaient.

« Fais plus attention, Evan, dit Royce d'une voix traînante. Eva se serait échappée si je ne l'avais pas retenue. Je croyais pourtant que tu étais le meneur de notre génération. »

Même si Eva ne comprenait pas de quoi Evan Rosier était le « meneur », elle était assez intelligente pour comprendre que ce n'était là qu'une provocation de la part de Royce. Et, à en juger par le regard de tueur du Taureau, elle avait vu juste. Eva ne connaissait pas vraiment la relation qui liait Royce et Evan Rosier mais il existait clairement une tension entre eux deux et Eva n'était pas sûre qu'elle en soit la cause.

« Ta gueule, Royce. »

Eva n'aurait pas dit non à ce qu'ils continuent de se disputer. Elle se triturait l'esprit pour trouver un contre-maléfice mais rien ne lui venait. Elle était paralysée comme une idiote par ces foutues plantes.

Bien plus vite que ce qu'elle espérait, Eva entendit des chaussures s'enfoncer dans l'eau qui avait dévasté le couloir.

Eva leva la tête et c'était bien Evan Rosier qui s'avançait vers elle. Cette fois-ci, il avait sorti sa baguette et la voir coincée comme une pauvre idiote semblait l'avoir rendu de meilleure humeur car Rosier affichait de nouveau son sourire de requin. Autant ce sourire faisait rugir les foules d'extase lors d'un match de Quidditch, autant le voir quand on était seul dans un couloir du sous-sol était digne d'un cauchemar.

« On fait moins la maligne maintenant, hein Eva ? »

Il savait tout comme elle qu'elle était prise au piège.

« Ta gueule, Evan, grinça Eva et, comme d'habitude, cette simple preuve d'insolence crispa les traits du Taureau.

– Sale pute, va. T'as toujours été une grande gueule. Tu ferais mieux d'apprendre à garder ta bouche ouverte pour sucer la bite de Black, au moins tu servirais à quelque chose. »

La vulgarité de son commentaire enragea Eva qui sentit, impuissante, un rougissement lui assaillir le visage.

« Ta gueule, Rosier ! cria Eva. Si c'est comme ça que tu parles à Lizzie, pas étonnant qu'elle te laisse baiser Parkinson ! »

Elle aussi pouvait être vulgaire. Elle aussi pouvait blesser là où ça faisait mal. Elle n'avait plus rien à perdre lorsqu'il s'agissait d'Evan Rosier de toute façon. Et, même si la lueur enragée dans les yeux de Rosier lui promettait mille douleurs, Eva ne regretta pas son action.

Evan Rosier était arrivé à la moitié de la flaque d'eau et sa baguette s'illumina d'un rouge cramoisi inquiétant.

Eva n'avait plus le choix. Elle devait faire quelque chose.

Eva agita sa baguette et deux choses se passèrent en même temps. Un bruit semblable à un pétard explosa à côté de l'oreille de Rosier et alors qu'il poussait un beuglement de surprise, un mur de terre s'éleva jusqu'au nez d'Eva.

Eva haletait déjà. La plante mangeait son énergie trop rapidement. De plus, après avoir passé plus d'un mois à ne dormir que quelques heures par nuit, elle savait qu'elle n'était pas en très bon état. Si elle avait été à plein régime, la terre se serait élevée jusqu'au plafond et aurait été quatre fois plus épaisse.

Mais ce n'était pas grave. Tout ce dont elle avait besoin était de quelques secondes supplémentaires.

Rosier poussa une succession de jurons et se remit lentement sur ses pieds, se tenant l'oreille avec une grimace de douleur. Eva ressentit un infime sentiment de satisfaction lorsqu'elle vit du sang couler le long de la main de Rosier.

« Qu'est-ce que tu fais, sale bâtarde ? Tu veux jouer à cache-cache ? » persifla Evan avec un rictus hargneux, leurs regards se croisant au-dessus du fin mur de terre.

Il avança, plus d'humeur à prendre son temps pour faire augmenter l'agitation de la Poufsouffle qui n'avait toujours pas résolu son problème.

Eva s'accroupit et tenta désespérément de tirer sur les tiges de lierres mais la plante refusa de coopérer malgré les supplications que lui chuchotait Eva. La plante se resserra encore plus et Eva sentit ses chevilles picoter dangereusement.

Derrière le mur, Evan Rosier continuait de la narguer de sa voix grave qui faisait doubler de volume le battement du cœur d'Eva :

« Et c'est quoi ce sortilège de 1ère année ? T'as vraiment cru que tu allais m'arrêter avec un peu de colle ? Ça se voit que tu es une sorcière pitoyable. Même pas fichu de faire preuve d'un peu d'ingéniosité. Hein, Royce ? »

Eva avait beau tirer, rien ne marchait. Accroupie, elle fixa avec des yeux ronds de terreur ses jambes immobilisées.

Réfléchis, réfléchis Eva ! hurlait-elle dans sa tête, à la limite de la crise de panique alors qu'Evan Rosier n'était plus qu'à quelques mètres d'elle.

« La bâtarde a tout de même réussi à te surprendre, dit Royce.

Ta gueule Mulciber, cracha Rosier. Tu n'as pas compris ce que je t'ai dit tout à l'heure ? Tu te tais et tu m'obéis. »

Il y eut un silence.

Les yeux d'Eva étaient presque noirs tellement ses iris s'étaient agrandis.

Impuissante, elle sentait sa magie être aspirée.

Rosier poussa une expression moqueuse :

« C'est mieux. Maintenant, laisse-moi m'occuper de la pute de Poufsouffle. »

Rosier venait d'apparaître au-dessus de son mur et, comme si Eva avait construit ce mur de terre dans le seul but de lui offrir un accoudoir, le Serpentard posa son coude sur le rebord.

Ses cheveux étaient de nouveau secs. Il avait dû les sécher tandis qu'il échangeait des menaces avec Royce, bien loin des préoccupations d'Eva qui avait été à deux doigts de se frapper les jambes de frustration.

Lentement, les lèvres du Taureau s'étirèrent tandis qu'Eva restait piégée sous ses yeux.

Avec ses grands yeux marrons, la Poufsouffle avait une ressemblance troublante avec les lapins qu'Evan avait déjà tués lorsque son père l'amenait à des excursions de chasse dans la forêt de leur domaine familial.

« Tu n'es qu'une sale pute qui a besoin qu'on lui rappelle sa place, n'est-ce pas ? Une bâtarde qui suce tous les blaireaux pour qu'ils acceptent de traîner avec toi, ajouta Evan lorsque la Poufsouffle ne lui répondit rien. Oh oui, j'ai bien remarqué ta nouvelle garde rapprochée mais tu as vraiment cru que ça servirait à quelque chose ? Il suffit d'une paire de nibards et d'un beau cul pour qu'ils t'oublient. Tu aurais dû t'en douter après la leçon que Royce t'a donné l'année dernière pourtant, ricana Evan.

– Va te faire foutre, Evan, » cracha finalement la Poufsouffle.

Evan voyait très bien que malgré son insolence la Poufsouffle était morte de peur. Il en aurait presque pitié.

« Tu aurais dû partir de Poudlard comme je te l'avais dit. Eva, ajouta moqueusement Evan.

Il ne put retenir un sourire amusé en voyant la mâchoire de la Poufsouffle se carrer à l'entente de son prénom dans sa bouche. Que c'était hypocrite de sa part après qu'elle ait osé s'adresser à lui si familièrement devant tous ses subalternes.

« C'est toi qui t'es entêtée à revenir cette année, continua-t-il. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. »

Comme seule réponse, la Poufsouffle brandit son majeur.

Toute trace d'amusement disparut du visage d'Evan.

Evan avait fait le même geste lorsque son père avait enfoncé sa chaussure sur son crâne pour s'assurer qu'il reste prostré sur la moquette du salon. Son père lui avait hurlé qu'il n'était qu'une honte au nom des Rosiers, un pédéraste sans couilles qui devrait le remercier de prendre le temps de l'éduquer et Evan avait éclaté de rire, maintenu au sol et le corps toujours vibrant à cause des effets secondaires de six endoloris d'affilée.

« Il me remerciera lorsqu'il prendra les rênes de cette famille, » avait dit son père lorsque sa mère l'avait suppliée d'arrêter.

Sa pauvre mère, si sensible mais qui n'était pourtant intervenue que si tardivement. Evan ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Après tout, c'était parfois elle qui cachait l'arc-en-ciel de couleurs que Rosier Senior laissait derrière lui. Sauf que contrairement à sa mère, Evan se relèverait toujours malgré les coups de son père.

Et c'était exactement pour ça que sa mère n'était intervenue qu'à ce moment-là.

Suite à ces séances d'éducation père-fils, lorsque sa mère le soignait loin des yeux de son père après s'être assurée que ses deux filles cadettes soient dans leur chambre, elle avait souvent pleuré son obstination qui rendait Evan incapable de devenir le fils insensible mais docile que son père souhaitait.

L'insolence de la Poufsouffle aurait plu à Evan si elle n'était pas qu'une bâtarde Sang-de-Bourbe. Si elle avait été ne serait-ce qu'une Sang-Mêlé, Evan aurait peut-être suivi les instructions de Lizzie qui l'avait suppliée de ne pas déraper en s'en prenant à Eva Brown, inquiète qu'elle était des yeux omniscients de Dumbledore.

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Je ne suis le chien de personne, avait décidé Evan dès son plus jeune âge.


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« Baisse la tête mon fils. Le Seigneur des Ténèbres est ton supérieur. »

Tant d'années à se vanter que les Rosier détenaient le sang le plus pur du Royaume-Uni et voilà à quoi était réduit son père lorsqu'il se cachait derrière un masque de Mangemort. Evan n'aimait pas son père mais il l'avait toujours admiré et considéré comme un grand homme. Or, en le voyant pour la première fois se mettre à genoux devant cet homme brun à la peau d'un blanc presque cadavérique, Evan avait ressenti du dégoût envers son géniteur qui avait toujours pris un plaisir malsain à décorer les meubles de leur manoir du sang pur de sa famille.

« J'aime ce que je vois dans tes yeux, » avait susurré le Seigner des Ténèbres du haut de son trône surélevé en observant Evan.

Car ce n'était pas un simple fauteuil, c'était un trône, Evan le comprenait bien. Et, après avoir entendu toute sa vie que les Sang-Purs étaient les maîtres, il en venait à se demander pourquoi son père et tous les autres chefs de familles Sang-Purs léchaient les couilles de cet homme qui n'était qu'un vulgaire homme.

Mais Evan avait compris ce qu'il en était quand Mulciber Senior, l'intimidant mais discret père de Royce, avait refusé de s'agenouiller lorsque vint son tour pour présenter son fils. L'homme avait silencieusement subi un Endoloris de la part de ce soi-disant « Seigneur ». Dignement, Mulciber Senior était resté debout malgré la douleur mais, tout comme les autres, il avait fini par baisser la tête.

Evan avait tourné la tête et croisé le regard d'Oliver qui se tenait docilement un pas derrière son père, attendant que son tour vienne pour les présentations. Ils avaient échangé un regard entendu puis Evan avait glissé ses yeux vers Royce qui observait son père avec une intensité qui révélait qu'il réfléchissait furieusement.

Je ne suis le chien de personne mais je vais devoir être le chien de celui-là, s'était résigné Evan lorsqu'il avait vu de ses propres yeux un énorme serpent engloutir un journaliste Sang-de-Bourbe qui avait eu le malheur de décrier les horreurs des Sang-Purs en première page de la Gazette des Sorciers. Le directeur du journal qui avait souvent assisté à la réception du Nouvel An des Rosier n'avait pas tardé à le suivre. Evan s'était refusé à regarder ailleurs, plus que conscient qu'au moindre signe de faiblesse il perdrait la face.

« Ne me fais pas honte, mon fils.

Oui, père, » avait-il acquiescé, calculant déjà la manière dont il allait réussir à s'élever tout en haut de la hiérarchie.


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Eva Brown n'était qu'une personne de plus à éliminer pour grimper les échelons. C'était Royce Mulciber qui avait donné le nom de la Poufsouffle au Seigneur des Ténèbres sous les yeux indéchiffrables de son père mais c'était Evan qui devait s'assurer qu'elle n'en réchappe pas. Royce avait développé l'irritante habitante de jouer avec ses proies jusqu'à en oublier le but final.

Evan ne comprenait pas exactement pourquoi Royce perdait autant le contrôle lorsqu'il s'agissait d'Eva Brown. Il avait toujours été un froid stratège mais quelque chose s'était passée l'année précédente et Royce semblait depuis avoir oublié que son rôle était de s'effacer et d'amasser de l'information. Si Royce n'avait pas pété un câble en mai dernier, il aurait eu le putain de badge de préfet-en-chef, Slughorn ne serait pas sur leur dos et la vie d'Evan aurait été infiniment plus simple.

Peut-être que Ronan Parkinson lui révélerait la raison du changement de personnalité de Royce s'il le menaçait mais Evan n'était pas assez intéressé par la vie de Royce pour daigner le faire. Tout ce qui l'intéressait était que Royce rentre dans les rangs. Et si Royce continuait de lui répondre à chaque fois qu'Evan lui donnait une nouvelle chance, Evan n'allait pas tarder à lui casser les dents pour lui faire comprendre qu'ils n'étaient plus égaux.

Le Seigneur des Ténèbres avait désigné Evan comme meneur des Mangemorts encore à Poudlard. Evan n'allait pas laisser un merdeux lui entraver son chemin vers la gloire.

Evan décida qu'il ne voulait pas voir une quelconque ressemblance entre lui et la pauvre Poufsouffle qui était prise aux pièges par les lierres de Royce.

Il devrait demander plus tard le nom du sortilège à Royce, il avait l'air particulièrement puissant à en juger par la grimace peinée de la Poufsouffle qui sentait qu'elle était à sa merci, se débattant désespérément contre les lierres qui grimpaient de plus en plus haut sur ses jambes jusqu'à disparaître sous sa jupe d'uniforme.

« Si insolente alors que l'année dernière tu t'es pissée dessus, dit Evan avec un rictus de degoût.

– Je te pisserai dessus la prochaine fois si tu veux, » lui rétorqua-t-elle et la stupidité de son commentaire arracha un rire surpris à Evan.

Oh, il allait apprécier de la briser.

Peut-être que comme lui disait Lizzie il devenait trop comme son père.

Evan n'en avait que faire. Il n'y avait que les fous qui n'évoluaient pas et Evan, lui, avait beaucoup d'ambition pour le futur.

Sa résolution prise, Evan donna un coup de poing au mur qui le séparait de la Poufsouffle. La peau de son poing s'ouvrit mais il n'en eut que faire. Déjà, le mur s'effritait.

Il continua de le faire. Une fois, deux fois, trois fois et la douleur lui fit du bien. Elle était une vieille amie. Au bout du cinquième coup de poing, le mur s'effondra et Evan donna un coup de pied au peu de terre qui était encore debout. Puis, il regarda la Poufsouffle qui avait réussi à se délier de ses liens.

Evan haussa des sourcils surpris, observant avec une pointe d'admiration le lierre carbonisé par terre et la peau des jambes à vif de la Poufsouffle.

Eva Brown avait brûlé d'elle-même ses jambes pour s'échapper.

Tiens, finalement elle n'est pas si mal pour une Sang-de-Bourbe, pensa Evan alors que la Poufsouffle le défiait du regard, commençant lentement à reculer sans le quitter des yeux.

« Tu m'impressionnes, Eva. T'as plus de couilles que ta copine Sang-de-Bourbe en tout cas.

– Ne parle pas d'elle, » lui cracha-t-elle en retour.

Cette facette enflammée de la Poufsouffle était surprenante. Depuis leur rendez-vous en tête à tête de mai dernier, elle était devenue aussi barbante que tout le reste de la souillure de Poudlard. Il devait avouer que la voir de nouveau si animée l'excitait. Il avait hâte de la briser de nouveau. Et pour de bon cette fois-ci s'ils ne voulaient pas faire les frais de la déception du Seigneur des Ténèbres.

« Ne me dis pas quoi faire, » la prévint Evan et, avec un sourire dérangé aux lèvres, il lui sauta dessus.

Elle tenta bien de le faire reculer mais Evan avait actionné un sortilège d'effet miroir lorsqu'elle se cachait encore derrière son muret. Résultat, tous les sortilèges qu'elle lui adressait ne faisait que la blesser, elle.

Evan éclata de rire lorsqu'il entendit la Poufsouffle hurler de douleur alors qu'une profonde plaie à l'arrière de son genou faisait gicler son sang sur le sol.

Il était surpris qu'elle ait eu l'audace de lui lancer un maléfice si violent. Ce n'était pas très Poufsouffle de sa part.

La Poufsouffle tenta bien de se redresser malgré sa toute nouvelle blessure mais Evan apparut devant elle et il l'emporta avec lui.

Elle se retrouva au sol, lui au-dessus d'elle et ses mains encerclant son cou.

Les yeux de la Poufsouffle étaient déjà exorbités alors qu'il n'avait rien fait à part doucement poser ses doigts autour de son cou. Un simple avertissement pour le moment.

Evan sentit son sourire s'élargir. Il se laissa happer par l'adrénaline de la chasse.

« Ça te rappelle des bons souvenirs, non ? » lui souffla-t-il au visage, se délectant de la peur dans les yeux de la Poufsouffle que même sa stupide obstination ne pouvait pas cacher.

Était-ce ce genre de regard qu'il adressait à son père lorsque celui-ci le frappait ? Evan n'en savait rien. Il devait toutefois avouer que ce regard ne lui donnait qu'une seule envie : réussir à éteindre toute trace de résistance dans les yeux de la Poufsouffle. Sans doute que son père avait ressenti cela lui aussi. Sinon, pourquoi aurait-il continuer à le corriger pendant presque dix ans ?

« Va te faire foutre, » hoqueta la Poufsouffle avant de pousser un gémissement impuissant lorsqu'Evan resserra sa prise sur son cou pour que cela soit douloureux pour elle.

Les yeux marrons de la Poufsouffle se mirent à fixer le plafond. La bouche entrouverte, elle tenta désespérément d'inspirer. Son dos se cambra et, dans sa détresse, ses jambes commencèrent à s'agiter.

Evan posa ses genoux sur les cuisses de la Poufsouffle pour maintenir sa position.

Mais, il y avait une chose qu'Evan ne pouvait pas surveiller avec ses deux mains qui étranglaient la Poufsouffle : sa baguette.

Heureusement, Royce écrasa avec son pied la main de la Poufsouffle alors que la baguette de cette dernière commençait à s'illuminer dans sa main. La Poufsouffle hoqueta de douleur, un faible bruit étant donné que sa respiration était toujours coupée.

« Evan, » l'interrompit Royce.

Evan se ressaisit. Il relâcha sa prise sur le cou de la Poufsouffle.

La Poufsouffle toussa puis haleta, respirant presque désespérément comme si elle avait peur qu'il n'y ait plus d'air.

« Rends la muette, tu veux ? J'ai pas envie qu'on soit dérangé, » dit Evan qui haletait pour une toute autre raison.

Contrairement à la Poufsouffle, Evan, lui, n'haletait pas parce qu'il était lentement asphyxié. Non, il haletait car son cœur semblait hésiter entre l'excitation et la peur. Or, ça ne servait à rien de s'attarder sur la peur puisqu'il s'était résolu depuis un moment au fait qu'il n'allait pas pouvoir offrir à Lizzie la vie qu'elle souhaitait.

Quand ils étaient enfants, ils avaient longuement discuté de ce qu'ils feraient une fois qu'ils seraient mariés : une vie tranquille, un manoir auquel ni leurs parents ni les frères de Lizzie ne pourraient accéder, deux chiens parce que Lizzie tenait en affection ces bêtes et une écurie pour les chevaux d'Evan. Ils avaient décidé qu'ils auraient trois enfants mais ne s'étaient jamais mis d'accord sur le sexe de ceux-ci.

« Tu n'avais pas qu'à choisir un lieu si public, » le sermonna Royce mais Evan ne quitta pas des yeux la Poufsouffle qui le fixait avec des yeux rougissant lentement.

Des larmes muettes s'échappaient des yeux de la Poufsouffle. C'en était si pitoyable qu'Evan éclata de rire.


Mais qu'est-ce que je fous ? Est-ce que je suis toujours moi ? J'avais promis à Lizzie de ne pas devenir comme mon connard de père.


« Pas besoin de faire la tronche parce que j'ai pris les devants, Royce. Ce sera ton tour après. »

Ce petit con de Royce renifla d'un air hautain mais Evan ne s'énerva pas contre lui puisque, la seconde suivante, son camarade lança un silencio comme il lui avait demandé.

« Personne ne viendra pour toi, Eva. Tu dois être contente, ça faisait depuis longtemps qu'on avait pas eu droit à un rendez-vous en tête-à-tête, » rit Evan.

Evan ne l'admettrait jamais mais voir la Poufsouffle fermer les yeux alors que des larmes lui échappaient en abondance troubla encore plus son cœur.

D'un côté, il trouvait ça jouissif de la voir enfin perdre ses grands airs. D'un autre, il sentait qu'il s'enfonçait de plus en plus dans les ténèbres et qu'il ne pourrait plus jamais espérer une quelconque forme rédemption.

Le visage peiné de Lizzie lui vint à l'esprit.

Evan serra de toutes ses forces le cou de la Poufsouffle pour faire disparaître cette pensée absurde.

Et il continua de le faire pendant les cinq minutes suivantes. Il avait demandé à Royce d'activer un silencio pour plus de prudence mais le sortilège devait être inutile désormais. Après tant de fois à avoir étranglé puis allégé sa poigne sur le cou de la Poufsouffle pour faire perdurer la torture, les cordes vocales de la Poufsouffle devaient être complétement déglinguées.

Royce posa sa main sur son épaule et Evan comprit que son plaisir pervers touchait à sa fin.

Ne sachant pas s'il était soulagé ou réticent à l'idée d'arrêter, Evan se remit maladroitement sur ses pieds.

Dès qu'il se releva, la Poufsouffle se mit en boule et toussa tellement fort qu'elle parut ne plus respirer.

Evan pouvait voir sur le cou de la Poufsouffle le sang qui s'était échappé de son poing à vif après qu'il donné coup de poing sur coup de poing au mur de terre.

La Poufsouffle continua de tousser et Evan ne tenta pas de savoir si c'était bien des sanglots qui se mélangeaient à sa toux.

« Quelqu'un ne va pas tarder à arriver si les petits blaireaux ont été trop bavards, dit Evan en se massant ses doigts qui étaient douloureux après s'être enfoncés si longtemps dans le cou de la Poufsouffle.

– Nous n'aurions pas ce problème si tu n'avais pas pris autant de temps, » lui rétorqua Royce.

Evan poussa une exclamation moqueuse, son souffle toujours erratique.

C'était bien du genre de Royce de se plaindre alors que c'était souvent lui qui ne savait plus s'arrêter une fois qu'il était lancé. Ce n'était pas Evan qui prenait un plaisir malsain à lancer des imperio à tout va.

« Eh bah vas-y, je te laisse le champ libre, » lui enjoignit Evan en désignant d'un geste de bras la Poufsouffle qui s'était assise et avait lentement commencé à reculer, s'aidant de sa main pour se glisser en arrière.

Elle ne cessait de tousser.

Décidément, elle était la Sang-de-Bourbe la plus têtue qu'il connaisse. Pas qu'Evan fasse un effort pour connaître les Sang-de-Bourbe hormis lorsqu'il s'agissait de leur faire comprendre qu'ils n'avaient pas leur place à Poudlard.

Impatient comme toujours lorsqu'il s'agissait d'Eva Brown, Royce n'attendit pas plus longtemps pour s'avancer, un rictus hargneux qu'il cachait en temps habituel lui déformant les traits du visage.

Or, la Poufsouffle avait toujours sa baguette dans la main. Assise par terre, elle les menaça avec sa baguette, retenant sa toux avec son poing devant sa bouche.

Evan ne put retenir un éclat de rire devant cette vue pitoyable. Le cou de la Poufsouffle était violet à cause des hématomes que les doigts d'Evan avaient laissé derrière eux, ses yeux injectés de sang et le chemin de ses larmes striaient toujours ses joues et pourtant elle voulait leur faire croire qu'ils regretteraient de la toucher ?

Décidément, elle lui ressemblait beaucoup trop.

« Recule, chuchota-t-elle d'une voix gutturale, même ce faible son semblant lui faire du mal.

– Ne me donne pas d'ordre, » gronda Royce avant d'agiter sa baguette mais la Poufsouffle semblait enfin maîtriser les sortilèges informulés car elle resta dans la même position.

Cela ne fit qu'énerver davantage Royce qui n'avait jamais supporté d'avoir tort ni qu'on contrecarre ses plans. Ses narines frémissantes, il s'avança et donna même un coup de pied rageur à la barrière qui les séparait de la Poufsouffle. Cependant, il fallait être naïf pour croire que Royce Mulciber et tous les livres qu'il avait engloutis depuis son enfance perdraient face à une simple barrière.

Le préfet arqua sa baguette puis l'agita en une gestuelle complexe tandis qu'il tentait de trouver le bon contresort.

Si Royce prenait autant de temps à le trouver, cela voulait dire que la Poufsouffle n'avait pas usé d'un simple protego. Elle s'était améliorée sans que Evan ni Royce ne le remarquent. C'était mauvaise signe. Cela voulait dire qu'ils n'avaient pas bien effectué leur mission de veille des étudiants de Poudlard.

Pendant ce temps, la Poufsouffle se remettait tant bien que mal sur ses pieds et, une fois debout, elle tituba jusqu'au mur auquel elle s'accrocha pour continuer à claudiquer plus loin.

« Ne me dis pas que tu vas te faire avoir par Eva Brown ? railla Evan à l'attention de Royce qui semblait furieux que tout son intellectuel le faille à cet instant précis.

Ferme-la Evan, » siffla Royce entre ses dents avant qu'un début de toux ne lui fasse perdre de sa superbe.

La lumière de la baguette de Royce s'assagit et son bras s'abaissa.

C'était exactement pour ça que Royce avait été ignoré lorsque le Seigneur des Ténèbres avait demandé à ce qu'un nom soit donné pour prendre en charge la conquête de Poudlard.

Si Royce n'avait pas eu une santé si fragile, Evan ne doutait pas que son précieux titre de leader lui serrait passer entre les doigts. Royce aussi le savait. C'était pour ça qu'il était si ingrat dès qu'Evan lui donnait un ordre.

Evan en eut assez d'entendre la toux rocailleuse de Royce et surtout d'attendre qu'elle se termine.

D'un geste sec de son poignet, il lança un bombarda au mur qui s'effrita avec un « boum » bruyant. Evan aperçut une énième vieille salle abandonnée des cachots.

Il suffirait d'un reparo pour effacer ses traces.

La chose à ne pas oublier avec les sorts de protection était qu'ils ne s'adaptaient pas à un nouvel environnement. Ainsi, en détruisant le mur, Evan contournait le sortilège de la Poufsouffle.

Royce connaissait cette solution lui aussi mais il était trop arrogant pour admettre ne pas connaître le contre-sort à un sortilège. Surtout un lancé par Eva Brown, une des supposées dernières de la classe.

Mais Evan était pressé. Il n'avait pas envie de rentrer puis de sortir de la salle adjacente. Evan lança un sortilège de lévitation à un bout de roche à terre et il l'envoya faire connaissance avec le dos de la Poufsouffle qui s'accrochait au mur opposée en traînant sa jambe ensanglantée derrière elle.

Surprise, la Poufsouffle tomba en avant avec un hoquet de douleur.

Evan sourit avec satisfaction.

« Tu vois, quand on ne peut pas aller de l'avant, il suffit de trouver un nouveau chemin », plaisanta-t-il à l'intention de Royce qui se battait toujours contre son corps.

Sa blague ne fut pas appréciée par Royce qui lui jeta un regard noir de ses yeux larmoyants, incapable de lui jeter une remarque cinglante alors qu'il enfonçait ses doigts dans ses joues et creusait un trou dans sa poitrine de son autre main.

Evan se détourna de cette vue pitoyable avec un ricanement et se rapprocha à grandes enjambées de la Poufsouffle. Elle avait enfoncé ses ongles dans les pierres du mur pour se forcer à se relever. Mais bien qu'elle soit têtue à souhait, elle était toujours trop lente. Dès qu'elle se fut remise debout, Evan la plaqua contre le mur.

Contrairement à Oliver qui avait toujours été trop clément envers leurs inférieurs, Evan n'éprouvait aucune attirance pour la Poufsouffle. C'est pourquoi il n'y eut rien de sexuel lorsqu'il colla son torse au dos de la Poufsouffle et planta sa main au-dessus de son épaule pour l'encager.

Tout ce qu'Evan voulait était de lui faire peur, lui faire comprendre qu'elle n'était rien et que cela ne servait à rien de continuer à espérer avoir une vie normale. Elle aurait beau sucer Sirius Black et James Potter, les baiser si ça lui chantait, sa durée de vie serait décidée par eux, par les Sang-Purs qui avaient dès leur naissance été annoncés comme les maîtres de la société sorcière.

Et, vu les tremblements qui saisirent la Poufsouffle lorsqu'il souffla dans son oreille, l'objectif d'Evan avait bien été atteint :

« Quoi ? Tu vas te pisser dessus Eva ? Tu regrettes de m'avoir provoqué ? Tu n'as que toi comme coupable. Je ne comptais pas m'occuper personnellement de ton cas jusqu'à ce que tu ne me fasses cette déclaration de guerre en public, tu sais, lui révéla-t-il. Sauf que j'ai une réputation à tenir, des cadets à mettre au pas, tu m'as obligé à montrer l'exemple. »

La Poufsouffle ne répondit rien, tremblant de plus belle contre lui. Un seul son lui échappa : un halètement apeuré.

« Mais tu devrais être contente que ce soit moi. On m'a informé que Royce a fait des recherches sur des nouvelles méthodes de torture cet été. Tu sais comment il est, non ? Un putain de rat de bibliothèque. »

Il l'entendit dire quelque chose.

« Quoi ? Je ne t'entends pas Eva.

Tais-toi, chuchota-t-elle plus distinctement cette fois-ci et sa voix était vraiment déglinguée, c'en était même dérangeant de l'écouter.

– Oh que je me taise, tu dis ? ricana-t-il dans son oreille. Crois-moi, tu préfères que je te parle plutôt qu'autre chose. »

Mais Evan n'eut pas le droit de voir s'il réussirait à la faire perdre le contrôle de sa vessie comme Royce l'avait fait l'année précédente lorsqu'il avait expérimenté son maléfice tout franchement découvert qui permettait de faire bouillir le sang d'un corps humain. Ce maléfice était habituellement utilisé dans le cadre médical mais ils avaient tous constaté qu'il pouvait avoir une utilisation plus sombre. Même Evan avait été à deux doigts de suivre l'exemple d'Oliver et de quitter la salle, la vue du corps rouge vif d'Eva Brown qui brûlait de l'intérieur et de sa peau qui s'étirait à cause de son sang bouillant réussissant presque à le faire vomir.

Elle avait même saigné des yeux. Voir du sang s'échapper de son nez, de ses oreilles ou de sa bouche n'avait pas surpris Evan mais des yeux… Il en était presque venu à regretter ce qui était advenus d'eux, les soi-disant joyaux de la future génération Sang-Pur.

Non, Evan n'eut pas le droit car Lizzie arriva en trombe dans le couloir, ses cheveux bruns toujours soigneusement attachés en un chignon dégoulinant sur ses épaules menues. Evan n'avait pas eu le droit à cette vue depuis qu'il avait amené Ava dans son lit.

« Evan, lâche-la ! Ils arrivent ! » siffla Lizzie.

Même si la distance entre eux se creusait plus les jours passaient, Evan ne douta pas un instant d'elle. Il se détacha d'Eva Brown et se saisit de la main de Lizzie avant de s'élancer en direction de Royce qui, le visage presque bleu, toussait toujours dans sa main. En quelques secondes à peine, ils s'engouffrèrent tous trois dans le passage qui apparut lorsqu'Evan tapota trois fois avec sa baguette une pierre du mur.

Ils continueraient une prochaine fois. Ils en étaient loin d'en avoir terminé avec Eva Brown. Après tout, c'était Eva Brown que Royce avait désigné comme étant sa cible Sang-de-Bourbe au Seigneur des Ténèbres.

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Seule dans le couloir ravagé, Eva resta quelques instants à haleter contre le mur humide dans lequel elle enfonçait ses ongles. Sa gorge était en feu, chaque inspiration lui donnait l'impression que des aiguilles chauffées au fer rouge s'enfonçaient dans sa gorge.

Ce fut comme un instinct de survie de se remettre à marcher.

Dieu, dis-moi que tu m'as laissé Charlotte, pensa-t-elle, ravalant ses larmes et se retenant d'inspirer dans le vain espoir que la douleur s'atténuerait si elle le faisait.

Elle sentait du sang continuer de couler de son genou.

Peut-être que Dieu avait voulu faire preuve d'un tant soit peu de clémence envers les pauvres pêcheurs qui erraient sur terre car, lorsqu'Eva termina de longer les couloirs qui lui semblaient être interminables, Charlotte semblait être en train de dormir paisiblement.

Eva s'effondra à côté de sa meilleure amie. À genoux, elle posa une main tremblante sur la joue de Charlotte pour enlever ses boucles rebelles. Il y avait des griffures sur ses joues.

Peut-être que c'était le choc mais aucune larme ne lui échappa alors que le trou béant dans sa poitrine semblait s'agrandir.

Je suis désolée, Charlotte. Je suis désolée. S'il te plaît, continue à être mon amie.

Et c'est comme ça que la trouva Lily Evans.

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titre du chapitre : Dieu, le clément
nombre de mots : 10 500

Oh my god, c'est si grandiose de s'imaginer des scènes d'action dans sa tête mais l'écrire ? Un vrai supplice ! J'espère que la lecture était beaucoup plus simple que l'écriture ! Et j'espère aussi que je n'ai traumatisé personne... Mais normalement le "Rated M" parle de lui-même, haha. Enfin, bref. Nos Poufsouffles continuent leur tradition d'anniversaire collectif malgré les temps sombres, Eva nous montre qu'elle sait sortir les griffes (2 contre 1 c'est pas très juste) et Evan Rosier vous a fait quelques révélations qui, je l'espère, sont intéressantes. C'est intéressant de se plonger dans son esprit. Il a l'ambition d'un vrai Serpentard mais sa vie de famille et la culture Sang-Pur ont fait de lui quelqu'un de bien compliqué. A voir s'il vous fait pitié ou s'il vous révulsé ;)

Au dimanche 2 mai si ont atteint les 5-6 reviews ? (Ou les 10 même ? Haha.). Bonne semaine à vous !