Note : Oliver se réveille, je vous laisse découvrir sa réaction à voir Felicity à ses côtés.
KarivarryFamily : Felicity est arrivée à temps et le soigne comme elle le peut. Merci beaucoup pour tes reviews, j'espère que ce chapitre te plaira !
Elisa et Guest : Merci !
Chapitre 28
Lorsqu'il reprit conscience, Oliver n'ouvrit pas tout de suite les yeux. Sa blessure au flanc était en feu, il se sentait fiévreux et nauséeux mais ce n'était pas ça qui mettait tous ses sens en alerte. Il était allongé au sol, recouvert d'un drap, un tissu sous la tête en guise d'oreiller, alors qu'il se rappelait distinctement s'être évanoui pendant qu'il suturait sa plaie. Un cliquetis régulier qui n'avait rien à faire dans sa base lui martelait les tympans. Un intrus était là.
D'un geste calculé, il glissa la main jusqu'à son pantalon et sortit une fléchette de l'une de ses poches. Son carquois n'était pas loin, il pourrait lancer son arme vers l'intrus et profiter de l'effet de surprise pour récupérer ses flèches. Même blessé, il n'aurait aucune chance face à lui. Il serra les doigts sur sa fléchette, prit une grande inspiration pour contrôler la douleur qui pulsait à ses tempes et…
-Ce n'est que moi, Oliver.
Felicity.
Il se redressa brusquement et une langue de feu lui déchira les entrailles, lui coupant le souffle. Ses yeux fouillèrent la salle à travers un rideau de larmes et il la trouva à son bureau, lui adressant un regard inquiet. Il résista à l'appel de l'inconscience et ignora la douleur qui se rappelait à lui à chacun des battements de son cœur. Felicity était là, dans sa base, alors qu'il faisait tout pour l'éloigner de cette partie de sa vie. Il s'interdisait même de penser à elle quand il était ici, entouré de ses ténèbres.
Elle se leva pour le rejoindre, ses talons claquant sur le sol, et Oliver s'adossa contre le pilier avec difficulté. Un des bénéfices de son mutisme était qu'il n'avait pas à chercher à retenir ses gémissements en lui. Ils étaient silencieux.
-Tu as besoin de quelque chose ? demanda-t-elle en s'approchant.
Il refusa d'un mouvement faible de la tête mais elle continua :
-Je n'ai pas fouillé mais tu dois avoir des antidouleurs quelque part ? Tu ne vas pas me faire croire que tu n'en as pas alors que tu as tout ce matériel médical autour de toi.
-Je n'en prends pas, signa-t-il avec difficulté. Je préfère rester alerte.
-C'est vrai que tu es très alerte, là.
Le sarcasme ne lui allait pas. Oliver se contenta de la fixer des yeux pour lui faire comprendre que le sujet était clos et elle s'assit en tailleur devant lui. Il prit alors conscience qu'il était torse nu, son histoire gravée sur son corps à la merci de son regard. Seule Théa l'avait vu et elle avait été à juste titre horrifiée, elle lui avait posé des questions pour faire sens du tableau morbide inscrit dans sa chair. Pendant des jours, elle avait fixé son torse comme si elle pouvait voir ses cicatrices à travers ses vêtements et encore maintenant, il surprenait ses regards peinés quand elle croyait qu'il ne la voyait pas.
Felicity ne leur prêtait aucune attention et détaillait plutôt son visage pour s'assurer qu'il allait bien. C'était nouveau, et il appréciait. Il ne portait pas ces marques avec fierté mais chacune était un rappel de ce qu'il avait enduré pour survivre. Pour rentrer chez lui et retrouver les gens qu'il aimait. Elles étaient synonymes de trop de souffrance pour qu'il les affiche devant sa famille, ils ne comprendraient pas. Felicity semblait faire exception alors qu'elle avait la personnalité la plus lumineuse qu'il ait jamais connue. Elle était admirable.
-Qu'est-ce que tu fais là ?
Ses mains lui paraissaient lourdes et il signait avec des gestes lents, économisant ses mots. La perte de sang l'avait beaucoup affaibli mais heureusement la balle avait été freinée par son armure et n'avait pas atteint d'organe. Pendant le long trajet retour jusqu'à sa base, d'abord à pied puis à moto, il avait bien cru qu'il y resterait. Seule l'idée que sa famille découvre la vérité sur lui en même temps qu'ils le perdaient lui avait donné la force de continuer à avancer alors qu'à chacune de ses inspirations le sang coulait en abondance de sa plaie, sa vision se voilait de points noirs et ses entrailles hurlaient à l'agonie.
-Théa était inquiète de ne pas te voir et m'a demandé de te chercher, répondit Felicity en lui tendant son téléphone. Écris-lui tout de suite un message, et à tes parents aussi, et à Tommy. Ils commencent tous à paniquer et je ne voulais pas leur faire de fausse joie tant que tu ne t'étais pas réveillé.
Son écran indiquait vingt et une heures, il avait passé la journée dans les vapes. Il avait un souvenir vague de réveils fiévreux, d'une tentative infructueuse de remplacer la poche de sang, sûr d'en avoir encore besoin. Un sourire rassurant. Un tissu doux qui lui essuyait le visage, les mains. Felicity avait pris soin de lui.
Elle avait raison, sa famille devait être dans tous ses états. Ils avaient l'habitude de le voir s'éclipser mais jamais il ne les ignorait pendant de si longues périodes, et surtout pas alors qu'il avait donné rendez-vous à sa petite sœur. Alors qu'il tapait un message, il savait qu'elle allait lui en vouloir. Il n'avait aucune explication satisfaisante à lui donner.
Désolé d'avoir manqué tes appels, j'ai fait la fête cette nuit et j'ai dormi toute la journée. On se voit demain ?
Il reçut directement une réponse. Ok. Théa était vraiment en colère si elle ne prenait même pas la peine de l'engueuler par téléphone. Il accepterait ses reproches et prétendrait qu'il ne le referait plus. Il n'avait de toute façon aucune intention de répéter la nuit qu'il avait passée.
-Demain ? demanda Felicity, le tirant de ses pensées. Tu ne veux pas prendre quelques jours ? Je ne veux pas être méchante, mais honnêtement, tu n'as pas bonne mine.
-Je vais bien, signa-t-il. Juste fatigué.
Felicity secoua la tête comme si elle n'en croyait pas ses oreilles et lui tendit une barre de chocolat en lui disant qu'elle avait lu qu'après une grosse perte de sang, il était conseillé de manger sucré. Il s'agissait apparemment de sa réserve personnelle qu'elle gardait toujours dans son sac et c'était un privilège qu'elle le partage avec lui. Oliver en prit un carré pour la rassurer et il aurait souri à ses bavardages s'il ne détestait pas autant la voir ici. Au milieu de ses ténèbres.
-Tu peux partir maintenant.
Elle n'aurait jamais dû être ici, et comment elle avait découvert sa base restait un mystère, mais ce qui comptait maintenant c'était qu'elle s'en aille et n'y remette plus jamais les pieds. Felicity parut outrée par sa demande et répliqua :
-Tu peux rêver. Je ne vais pas quitter cette pièce tant que tu es incapable de te lever par toi-même. Et… je veux t'aider. Dans ta mission.
Le choc se transforma tout de suite en une rage protectrice qui prenait naissance au fin fond de ses tripes. Felicity, son amie si belle, voulait entrer dans son monde de violence et de mort. Il ne laisserait jamais une telle ignominie arriver. Il ne ternirait pas sa flamme, sa joie de vivre, sa douceur. Jamais.
-Non, dit-il d'un geste formel, ne laissant place à aucune réplique.
-Tu as besoin d'aide, insista-t-elle, ignorant la tempête qu'elle avait déclenchée avec cette proposition. Ne le nie pas. Pas après ce qu'il s'est passé cette nuit. Tu as besoin de quelqu'un à tes côtés.
L'imaginer un seul instant sur le terrain avec lui causa une douleur plus intense que celle qu'il ressentait physiquement.
-Je n'ai pas besoin d'aide, signa-t-il avec des gestes secs malgré son corps fatigué. Et il ne s'est rien passé hier.
Felicity serra le poing et un pli se forma entre ses sourcils. Il commençait à l'agacer.
-Je t'ai trouvé à moitié mort, Oliver ! Tu as perdu tellement de sang que tu as eu besoin de deux transfusions ! Tu as besoin de quelqu'un, que ça te plaise ou non.
-Pas de toi, répliqua-t-il.
Sa mission se menait seul, il n'entraînerait personne dans son sillage. Il avait conscience des risques qu'il prenait, il savait qu'il mettait sa vie en jeu à chaque fois qu'il enfilait son costume. Mais il se devait d'agir. Parce qu'il en avait les moyens. Parce que son père le lui avait demandé.
-Et bien, pas de chance pour toi, je suis la seule de disponible, dit-elle en cachant mal le fait que ses paroles l'avaient blessée.
-Je ne vais pas t'emmener avec moi sur le terrain ! À moins que toi aussi, tu as des talents cachés de combattante ?
-Bien sûr que non ! répliqua-t-elle avec un regard noir. Mais je t'aurais fait voir combien c'était stupide d'attaquer l'équivalent d'une armée seul ! Qu'est-ce qui t'a pris de faire ça ?
Elle n'avait pas complètement tort, il avait sous-estimé les compétences des hommes qu'il avait affrontés. Ils avaient été bien mieux armés que prévu, ce n'était pas n'importe quelle balle qui était capable de traverser son costume. Et au lieu de se retourner les uns contre les autres, ils avaient formé une alliance improbable contre leur ennemi commun – lui. Mais il ne dirait rien de ça à Felicity, blessé dans son orgueil. Il gérait ses missions comme il l'entendait. Il était temps qu'il lui rappelle le monstre en lui. Après ça, elle partirait d'elle-même, dégoûtée d'avoir même envisagé de l'aider.
Il parla avec des gestes plus lents pour bien faire passer son message, le regard dur pour qu'elle entrevoie le tueur qu'il était.
-La seule erreur que j'ai commise, c'est d'avoir voulu faire preuve de clémence envers certains d'entre eux. J'aurais dû tous les tuer sans distinction.
Contre toute attente, les traits de Felicity se firent plus doux, sa colère disparaissant aussi vite qu'elle était apparue. Elle posa une main sur son genou et Oliver se tendit, incapable de comprendre pourquoi elle ne s'était pas encore enfuie.
-Sauf que ce n'est pas le héros que tu es.
-Je ne suis pas un héros, répondit-il directement.
-Ce n'est pas à toi d'en juger.
Comment elle pouvait voir du bien dans ses actes lui était incompréhensible. Pourtant, elle l'avait vu de ses propres yeux, le monstre en lui, celui qui tuait sans merci. Elle en avait été le témoin privilégié et elle aurait dû le virer de sa vie depuis longtemps. Mais elle était là.
-Je commets des actes terribles.
Ses doigts se resserrèrent sur son genou et il usa de tout son self contrôle pour ne pas prendre sa main entre les siennes pour puiser dans son réconfort. Il ne voulait pas la salir du sang qui les recouvrirait toujours.
-Je crois en ce que tu fais, dit-elle simplement. Même avant que je sache que c'était toi sous la capuche.
Ça… c'était une révélation. Peu de gens avaient foi en ce justicier qui attaquait les riches. Il était trop violent, trop létal pour être considéré comme autre chose qu'un criminel. Mais Felicity avait vu que son objectif n'était pas de tuer pour tuer, que ses attaques, mêmes brutales, avaient un but honorable. Épargner les faibles de la tyrannie des puissants. Sauver Star City. Son chez lui.
Elle l'avait vu avant de découvrir que c'était lui sous la capuche. Son ami. Celui qu'il aurait aimé être s'il n'avait pas cette mission à accomplir. Il ne lui montrait ni son visage de guerrier sans merci ni son visage de milliardaire insouciant. Mais finalement, elle avait eu un aperçu des deux, et si elle n'aimait vraiment pas le deuxième, elle n'avait aucun problème avec le premier. Ce qu'il ne comprendrait jamais.
-Quand tu as été accusé d'être le justicier, j'ai fait des recherches intensives sur lui, il n'y avait aucune chance que je laisse mon ami croupir en prison à sa place. En quelques coups de clavier j'aurais pu découvrir son identité et le livrer à la police. Mais j'ai choisi de ne pas le faire. J'ai étudié toutes ses actions, tes actions, et j'en ai conclu que tu agissais pour le bien. Pour une cause juste.
Felicity avait objectivement décidé que le justicier ne devait pas être arrêté. Aucun sentiment n'avait eu sa place dans cette équation. Elle avait cru en lui, en sa mission, sans qu'il n'ait à justifier quoi que ce soit.
Elle était remarquable.
-Merci, signa-t-il avec autant de gratitude dont il était capable.
Elle lui sourit, et c'était comme regarder le soleil. Elle illuminait chaque part de sa vie et il se brûlerait les rétines avant de détourner les yeux.
-Quand je dis que je veux t'aider, je suis sérieuse. Je ne sais pas me battre, il n'y a pas de question là-dessus. Mais je suis une hackeuse douée. Vraiment douée. Je peux m'introduire dans toutes les bases de données que tu veux. Je viens d'ordonner la destruction de tous les échantillons de sang prélevés sur la scène de crime hier.
S'il n'était pas retenu par son corps affaibli et sa conviction qu'elle méritait tellement mieux que lui, il l'aurait embrassée. Elle savait toujours quoi dire, quoi faire pour le secouer dans ses convictions. Il était vrai que de telles compétences seraient précieuses. Il l'avait repoussée de toutes ses forces et elle était revenue à lui en défonçant toutes les portes qu'il avait verrouillées. Oliver rendit les armes en se promettant de ne jamais, jamais, la mettre en danger.
Il leva la main dans un poing lâche, son pouce touchant le bout de ses doigts, et d'un mouvement fluide, leva l'index en l'air, le majeur vers Felicity, le pouce à la jointure des deux doigts. OK.
Son sourire s'illumina et elle leva le poing en signe de victoire avant de lui tapoter le genou en annonçant qu'elle avait déjà commencé à renforcer sa sécurité informatique et qu'il avait intérêt de commander du meilleur matériel s'il voulait qu'elle fasse du bon travail.
Oliver acquiesça avant de fermer les yeux pour se reposer un peu, son flanc pulsait toujours de douleur et il était épuisé, mais une main se posa sur son épaule et il dut retenir le réflexe de l'attraper pour se défendre.
-Ne t'endors pas dans cette position, dit-elle doucement. Je vais t'aider à t'allonger, même si le sol n'est pas beaucoup plus confortable. Il faudrait vraiment amener au moins un matelas ici. Mais d'abord, tu vas m'indiquer où sont les antidouleurs.
Quand elle avait quelque chose en tête, elle pouvait être aussi bornée que lui. Oliver hésita. Il pouvait peut-être se le permettre ce soir. Il se trouvait dans sa base secrète, l'endroit le plus sécurisé pour lui. Sa blessure était sérieuse et il devait être en forme le lendemain, ou du moins fonctionnel, et pour ça, il devait accorder du repos à son corps. Et puis Felicity n'allait pas lâcher le morceau facilement et il n'avait ni la force ni le courage de se disputer avec elle sur ce point. Il céda.
