Je vous remercie encore une fois pour votre fidélité, espérant vous enchanter encore un moment avec cette fiction dédiée à nos deux plumeux ^^


Chapitre 29 : Newborn

"Notre... fils ?... Griffon, c'est ainsi que tu vois..."

"... Eliott. Oui. Oui, bien sûr. A quoi t'attendais-tu ?"

Garuda secoua la tête, incrédule.

"Oh. Ne me dis pas que tu pensais que..."

"Oui. Oui, toute ton attitude semblait le signifier !..."

Griffon prit un visage dur. "Et qu'en est-il de notre belle promesse ? Penses-tu vraiment que je puisse agir de façon aussi inconséquente à l'égard de notre serment ?"

Aiacos baissa la tête, terriblement pris en faute, la relevant aussitôt pour se justifier. "Tu m'as pris de court !... Je... je n'ai pas compris, tout est allé si vite !..."

"Tu as douté de mes intentions."

"Minos, tu... tu t'es enflammé sans que je puisse comprendre ou échanger avec toi à ce propos !..."

"Tu as douté de moi, Cos." traits angéliques se fermant à mesure.

"Je... j'ai été dépassé, Minos. Dépassé, tu comprends ?!" allant le saisir par les bras nus.

"Mais que croyais-tu ? Que j'allais faire d'Eliott mon amant ? Comme cela ? Sous ton nez ?"

"Non. Enfin oui. Je n'en sais rien, tout est allé si vite !..."

"Je devrai t'écarteler pour outrage, fils du ciel." croisant les bras, furieux. "Je me contenterai néanmoins de plates excuses pour cette fois."

Aiacos savait que Minos ne tergiverserait pas ! Cette fois, il n'y couperait guère !...

"J'attends. Et je te conseille, dans ta position, de ne guère jouer avec ma patience."

"Pardon, oui. Je suis désolé. Je me suis comporté de manière irréfléchie."

C'était... atrocement facile. Aiacos lui-même en fut surpris. L'idée de perdre Minos lui était insupportable !... De plus, il était vrai qu'il portait tous les torts.

"Je te demande de me pardonner, Minos."

Minos cligna. Une fois. Deux fois. C'était bien son fier compagnon qui venait de s'excuser platement à deux reprise ?...

Griffon esquissa un petit sourire. "Viens. J'ai quelqu'un à te présenter." l'entraînant jusqu'à Tolomea.


Eliott était confortablement installé sur le ventre, ouvrage ouvert devant lui et lisait tout son soûl.

L'entrée de Minos, tenant Aiacos par la main, fit s'asseoir puis se lever le jeune Spectre.

Il se courba devant Aiacos. "Grand Juge Aiacos du Garuda."

Petit rire de Minos.

"Je... oui." bredouilla Aiacos.

Eliott était encore plus troublant maintenant que la nature spectrale gorgeait ses veines.

"Et toi, tu..."

"Eliott de l'Echidna, tel que notre Seigneur Hadès en a décidé."

"Oh... je vois. Il n'a guère été perdu de temps."

Minos se glissa derrière Eliott, posant ses mains sur les épaules étroites du jeune Spectre.

"Eliott, Garuda fait partie de ces être éblouissants qui, une fois entrés dans votre vie, la changent à tout jamais."

"Cela a été le cas pour vous, j'imagine."

"Aiacos et moi sommes... très proches."

Aiacos sentit le rouge lui teinter les joues, bien malgré lui cependant.

"Je veux, cher Eliott, que tu le considères et que tu t'adresses toujours à lui avec respect et révérence."

"Tu vas finir par me gêner, Minos." glissant la main derrière sa tête, lui trouvant une place au sein de la masse chevelue épaisse.

"C'est ce qu'il inspire naturellement." souligna Eliott. "Je l'ai vu agir sur le champ de bataille ; redoutable est un faible qualificatif."

"Vous... je... vous allez me faire rougir !..." rit Aiacos. "Ceci étant, je ne vous empêche pas de chanter mes louanges !... Bien au contraire !..."

"Je me disais aussi !..." passant devant Eliott, appliquant un baiser possessif à Garuda, littéralement accroché à son cou.


"Alors ? Qu'en penses-tu ?" questionna Minos, tandis que Garuda se nourrissait, affamé comme après chaque bataille.

"Pour le moment..." entre deux grosses bouchées. "... je ne pense que via mon estomac !..."

"Je ne m'étais pas trompé, n'est-ce pas ?"

"Moi, tu sais, j'attends toujours des preuves et des faits de bravoure durant les entraînements et les combats." pragmatique. "Tu sais déjà qui va se charger de son entraînement ?"

"Je suis chargé de son instruction, sur recommandation d'Hadès Sama. Tu pourrais... te charger de ses talents guerriers..."

"Honnêtement, j'ai peur de le casser en deux et que tu m'en veuilles à mort, si je puis me permettre l'expression." rieur, dévorant avec appétit.

"Eliott ne se laissera pas briser si aisément."

"J'ignore si cette remarque est censée me vexer..." plissant le regard.

Petit rire innocent de Minos. "Remplis ton estomac, Garuda. Tu n'en seras que moins susceptible."

Minos bascula le haut du corps vers son amant. "Si ton autre appétit se révèle tout aussi vorace, je ne saurai que m'en féliciter." suave.

Garuda termina sa bouchée avant d'adopter la même posture. "Il suffit pour cela que t'échappent quelques insultes en bon norvégien et le tour est joué, mon brave Minos."

"Les insultes, uh ? Pourquoi t'inspirent-elles autant ?..."

"Parce qu'elles déforment si voluptueusement ta bouche que c'est un délice. Parce qu'elles sortent, littéralement vomies, de tes lèvres délicates. Tu ne les prononces pas, Minos, tu les éructes. Parce que, Minos, t'entendre perdre la tête jusqu'à l'obscène me plaît férocement."

"Fort bien. Tu auras ton compte, dans ce cas."


La joute était si intense qu'elle laissait un film moite sur les épidermes des deux amants, flattant les oreilles d'Aiacos qui appréciait tout particulièrement le claquement de ses hanches, en mouvement régulier, contre le fessier haut de Minos. Il aimait également sentir glisser les peaux humides l'une sur l'autre, goûter la saveur salée que la sueur recelait.

Aiacos raffolait des joutes qui les menaient en nage !...

Chaque nouveau claquement caractéristique amenait son lot de termes grossiers, sauvagement expulsés d'une bouche aussi raffinée. Malmener la noblesse était le kink ultime d'Aiacos, autant que celui d'utiliser sa technique à des fins autres que guerrières pour Minos.

Et plus Aiacos s'animait dans le dos de son merveilleux amant, plus les termes crus fusaient via la bouche délicate de ce dernier, criées, vomies, jubilatoirement grossières !...

Minos laminait le matelas de ses doigts, corps entier subissant la poussée d'Aiacos planté derrière lui.

Un instant, Aiacos saisit la chevelure argentée pour le faire cabrer sans trop l'abîmer, histoire d'aborder le dernier virage qui le séparait de l'orgasme, Minos les enchaînant depuis un moment du fait de la position.


Minos n'en avait pas terminé avec sa croisade contre les édifices religieux qu'il exécrait !...

Et ce coup-ci, Griffon frapperait plus fort encore que la fois précédente !...

Il avait convié Eliott à apprécier sa prestation.

Ce dernier, camouflé par une lourde cape à capuche, se tenait tapie dans l'ombre - d'ailleurs Eliott demeurait dubitatif au sujet du fait que des lieux réputés être baignés de lueur divine demeurent ainsi plongés dans la pénombre. Il questionnerait d'ailleurs Griffon à ce propos.

Les prières du prêtre, en latin, était fervente, plongeant pratiquement l'homme en transe :

Sanctus, Sanctus, Sanctus

Dominus Deus Sabaoth

Pleni sunt coeli et terra

Gloria tua

Hosanna in excelsis

Benedictus qui venit in nomine Domini

Hosanna in excelsis

Credo in unum Deum

patrem omnipotentem

factorem caeli et terrae

vibilium omnium et invisibilium

Et unum Dominum Iesum Christum

Filium Dei unigenitum

et ex Patre natum ante omnia saecula

Deum de Deo

Lumen de lumine

Deum verum de Deo vero

genitum non factum consubstantialem Patri

per quem omnia facta sunt.

Qui propter nos homines et propter nostran salutem

descendit de caelis

Et incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine

et home factus est

Cruxifixus etiam pro nobis sub Pontio Pilato

passus et sepultus est

et resurrexit tertia die secundum Scripturas

et ascendit in caelum, sedet ad dexteram Patris

Et iterum venturus est cum gloria

iudicare vivos et mortuos

cuius regni non erit finis

Et in Spiritum Sanctum

Dominum et vivificantem

qui ex Patre Filioque procedit

qui cum Patre et Filio

simul adoratur et conglorificatur

qui locotus est per prophetas.

Et unam, sanctam, catholicam et apostholicam Ecclesiam

Confiteor unum baptisma in remissionem peccatorum

Et exspecto resurrectionem mortuorum

et vitam venturi saeculi

Amen !

Une bourrasque vint, en cet instant même, au moment où fut prononcé le mot scellant la prière, éventrer les lourdes portes de l'édifice et Eliott sut que ce souffle n'avait rien de naturel et demeurait le seul fait de Griffon, au vu du temps plutôt clément régnant à l'extérieur.

Au niveau de l'allée centrale, Griffon avançait, surplis magnifique revêtu, luisant tel un diamant infernal brut à la lueur des cierges, ses seuls pas résonnant sur les carreaux de pierre.

Les quelques fidèles se massèrent l'un contre l'autre, pensant que l'apparition était un envoyé de Lucifer. Grossière erreur !... Il s'agissait du précurseur d'un tout autre dieu qui régnait sur le monde souterrain, prononçant les jugements qui s'abattaient sur les âmes qu'elles fussent pieuses ou impies.

Pour plus d'effet, Griffon déploya ses ailes dont l'envergure rappelait à chaque être sa petitesse !...

Eliott en prenait plein de la vue - son mentor décidément excellait dans la mise en scène !...

Le souffle des ailes était tel qu'il basculait les bancs sans effort, faisant agoniser la flamme vacillante des cierges.

Le prêtre se saisit d'un crucifix, le brandissant face à Griffon.

"Ha ! Penses-tu vraiment que ceci puisse t'être d'une quelconque utilité face à moi ?!" tonnait la voix de Minos. "Mon Maître ne craint votre dieu en aucune manière."

Dans l'obscurité, la prestance déjà écrasante de Griffon était démultipliée !...

Seuls ses iris irradiaient d'un cramoisi menaçant, projetant un trait de lumière.

Les cris montaient en même temps que des prières hurlées, bras levés vers un improbable salut.

"Inutile." se riait Griffon. "Vous êtes déjà tous condamnés." s'avançant. "Je connais chacun de vos actes. Toi, d'empoisonner ton mari parce que tu couches avec son frère." désignant une femme. "Toi, de vendre des armes à l'armée que combat actuellement ton souverain." à un marchand. "Toi, de donner ton corps au plus offrant." les passant tous en revue. "Toi, de vouer un culte à Lucifer lui-même et de lui offrir des enfants tout juste nés." terminant par le prêtre. "Que penses-tu qu'il va advenir de ton âme, dis-moi ?... Aussi, par pure grâce, ai-je obtenu la permission de mon Seigneur Hadès de vous réduire à néant ici et maintenant."

C'en était terminé. Pour le plaisir, Griffon s'amusa avec quelques uns mais ce fut bien le prêtre qui récolta l'infamie la plus outrageante !... Minos fit durer le plaisir, suspendant l'homme impie par les jambes, tête prenant le sang, l'invitant à un dialogue fort instructif. L'homme disposait, il fallait le reconnaître, d'un certain aplomb. Aussi, Griffon l'écartela en bonne et due forme. Il le méritait. Amplement.


"Quel spectacle prodigieux, père !..." s'extasiait Eliott.

Le terme eut un net impact sur Griffon qui finit par sourire.

"Oh, vous ne m'en voulez pas de vous appeler ainsi, n'est-ce pas ?..." s'arrêtant face à celui qu'il admirait tant.

"Dans notre royaume, les liens de ce type n'ont pas cours, Eliott. Je t'accorde néanmoins de me désigner ainsi lorsqu'aucune oreille étrangère ne demeure à proximité." levant la main pour la passer dans la jolie chevelure châtain du jeune Spectre.

"J'affectionne votre art de la mise en scène !..."

"Oh, elle n'est rien face à ce dont est capable Aiacos, crois-moi."

"Vraiment ?" clignant.

"Oui. Je t'enjoins à visiter son navire en ma compagnie prochainement."

"Avec joie, père." se permettant de nicher dans les bras de Griffon pour une brève et reconnaissante étreinte.


"Cos. Je souhaiterai faire visiter ton navire à Eliott."

"Et tu attends de moi une visite guidée ?..." amusé.

"Pour ainsi dire. Nul mieux que le capitaine en titre connaît le bâtiment dont il est le maître. Je veux qu'il te voit dans la gloire qui est la tienne. Comme j'ai pu te voir lorsque tu m'es tombé du ciel telle la foudre, Cos." ronronnant, front posé contre celui de son cher Népalais.

Petit rire d'Aiacos. "Très bien, très bien. Que serais-je en mesure de te refuser, mon beau Griffon ?..." levant la main pour caresser la joue pale.


Griffon nota avec délectation que la beauté trouble et totalement ambivalente d'Eliott jetait déjà son petit effet au sein des troupes. Eliott intriguait. On se demandait ce que cachait ce visage angélique aux traits pourtant empreints d'une certaine perversité.

"Eh bien, qu'attends-tu ?" questionna Griffon au garde en place. "Annonce-nous à ton maître."

"Bi... bien, Seigneur Minos !..." filant sans demander son reste, jetant quelques coups d'oeil en arrière pour s'assurer des intentions du Juge.

"Laisse. Je m'en occupe." l'interrompit Violate.

"Ah, ma brave Violate !..." railla Griffon. "Sois plus leste que cet incapable, veux-tu ?"

La tenture fut tirée et Aiacos apparut.

Violate ploya le genou.

Griffon en eut le souffle coupé comme à chaque apparition de son aimé. Même effet sur Eliott.

Le surplis du Garuda avait de quoi livrer une très forte impression - griffu et armé de cette superbe roue dans le dos qui auréolait d'orgueil le prestige de cet oiseau mythique.

"Bienvenue à bord, Griffon et Echidna."

"Seigneur Aiacos." avec une courbette.

Échange d'un bref sourire complice avec Griffon.

"Voici donc... le Garudaship dont j'ai si souvent entendu parler ?... Je ne l'ai vu que depuis le sol à l'époque, il est vrai."

"Qui aurait pu croire qu'un jour tu sois autorisé à en fouler le pont ?..." questionna Aiacos, petit sourire en coin. "Ici ne règnent en maître que la crainte que j'inspire à mes troupes ainsi que mon autorité que personne ne se permettrait de contester."

Le cœur de Minos en palpitait fortement sous le surplis !... Il était beau, son roi des cieux et c'était ainsi qu'il l'aimait !...

"Ce vaisseau a pour fonction première d'être un navire de guerre. Il s'agit d'un cadeau que m'a octroyé le Seigneur Hadès pour dominer les cieux qu'ils soient terrestres ou infernaux." faisant quelques pas. "Sa principale arme demeure l'éperonnage. Il n'en est pas moins armé de deux canons alimentés par mon cosmos et dont les ravages ne sont guère exagérés par les récits qui en sont faits."

Violate les suivait, en retrait.

Aiacos se posa contre le solide bastingage, coude s'y appuyant, jambe fléchie et l'autre en appui.

"Ce navire vole donc ?... Par quelle force ?..."

Petit sourire d'Aiacos. "La force vive se trouve de part et d'autre de l'allée menant à l'endroit où je siège, parquée dans des fosses. Souhaites-tu en voir la pleine puissance et de quelle manière ma seule vue l'active ?..."

"Si je puis me permettre, oui." saliva Eliott.

"Fort bien. Suis-moi." se redressant, le faisant passer à l'intérieur même du navire.

Lorsqu'Aiacos apparut dans l'allée, un silence vertigineux s'ensuivit. Les fosses grouillaient d'anciens gardes squelettes dont le seul objectif, à présent, était de fournir le vaisseau en carburant vivant. Leurs plaintes reprirent donc aussitôt.

Ils souffraient, à l'évidence, avisant avec respect l'avancée de la paire de bottes griffues.

Des gardes les maintenaient à distance, maniant le fouet, emportant le peu de chair qu'ils avaient encore sur les os.

En passant, Aiacos donna un coup de coude au garde, le faisant chuter dans la fosse grouillante où il fut immédiatement dépecé par les âmes affamées.

Aiacos siégea, Minos et Eliott devant lui. "En route. Pleine puissance."

"VOUS AVEZ ENTENDU, TOUS ?!" questionna un Spectre à la voix forte. "ACTIVEZ-VOUS, POUR LA GLOIRE DE NOTRE SEIGNEUR AIACOS !"

Les claquements des fouets redoublèrent, ne laissant aucun répit.

Le vaisseau s'élevait, majestueux, implacable. Sa proue à l'effigie du totem du maître des lieux ne laissait indifférent.

"PLUS VITE QUE CA ! MONTREZ-VOUS DIGNES DE GARUDA !"