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Interlude - Première partie

Chapitre 4 : Charsi

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Kashya vient me chercher à la sortie des vestiaires pour me dire que mon rendez-vous avec la Grande Prêtresse aura lieu à l'heure du rassemblement du début d'après-midi et qu'elle m'attendra à la sortie du boudoir pour notre cours particulier. Elle tourne les talons à peine son message délivré, ne me laissant pas le temps de poser de question, ni même d'acquiescer.

Je me rends au réfectoire, l'estomac noué par l'angoisse. Je n'ai pas très faim mais je me force à manger. Je dois avoir des forces au moins pour la fin de la journée qui je n'en doute pas sera éprouvante. La cantine se trouve être une nouvelle épreuve en soi. Je doute que Maeko ait pu faire quoi que ce soit concernant le comportement des autres à mon égard. Il est bien trop tôt. J'entends dans les murmures des discussions que l'on parle de moi. J'entends tout et son contraire. C'est fou comme les rumeurs vont vite. J'avale mon repas le plus vite possible et quitte la table. Heureusement, je ne suis pas dans le groupe affecté à la plonge aujourd'hui. J'aurai au moins l'occasion de pouvoir m'éloigner rapidement de mes camarades.

Je passe en coup de vent les deux premiers cours et m'arrête dans le cloître intérieur. Quelques sœurs sont en train de converser sous les arcades. Elles me saluent poliment. Je fais de même. Elles sont si calmes et sereines en comparaison des novices. Cela me fait un bien fou. Je continue mon chemin vers la forge qui est encore plus en retrait. J'y vois Charsi, notre forgeronne, en train d'enseigner à deux apprenties. Elles remarquent ma présence. La sœur me sourit, les autres me toisent. Je les saluent toutes les trois et je m'apprête à rebrousser chemin, lorsque Charsi donne une claque sèche à l'arrière de la tête de chacune de ses élèves. Elle me demande ensuite de m'approcher.

- "Elles pensent que je ne les voient pas." Me dit-elle avec le sourire tandis que les deux autres se massent le crâne en grimaçant.

Charsi est une très grande blonde robuste, sans aucun doute barbare. Elle doit mesurer un bon mètre quatre-vingt dix, si ce n'est pas deux mètres. En comparaison, nous autres novices semblons bien maigrelettes. Même ses apprenties qui semblent commencer à développer une certaine musculature ne sont que des demi-portions à côté. Cette différence physique qu'il y a entre nous m'intrigue. Il faudra que je me renseigne sur le sujet, à l'occasion. Après, même si Charsi semble menaçante de prime abord à cause de sa stature imposante, ses yeux noisettes dégagent une grande douceur et rassurent sur sa nature profonde.

- "Ce n'est pas grave. Je comprends qu'elles soient intriguées." Je marmonne.
- "On peut être intrigué sans manquer de respect." La forgeronne jette un regard en arrière à ses élèves. "Tiens, passe-moi ton arc. Si tu as un peu de temps je vais le réviser."

Je lui donne. Dès l'instant où elle le prend en main, elle semble étonnée. Elle l'inspecte sous tous les angles avant de me le rendre.

- "J'ai l'impression qu'il a été rééquilibré. Le bois a également supporté une énorme charge magique." Commente-t-elle.
- "Pour la magie, il a été enchanté à plusieurs reprises par Jarzeth. Le mage qui nous a ramené." J'ajoute en lisant l'incompréhension sur le visage de mes interlocutrices. "Pour l'équilibrage, il a été fait par Griswold, le forgeron de la famille royale, à notre arrivée à Tristram."

Je regrette presque instantanément d'avoir dit ça, lorsque je vois le regard en biais des deux apprenties. Elles pensent certainement que je me vante.

- "Si vous ne voulez pas un nouveau taquet, vous allez me faire le plaisir de taire votre jalousie." Dit Charsi sans les regarder et sans se défaire de son sourire. "Il faudra que je lui rende visite un jour. Je pense que nous aurions de quoi discuter."
- "Il m'a demandé de vous transmettre ses félicitations pour votre travail." Dis-je me rappelant soudainement de ce détail.
- "C'est fort aimable de sa part."
- "Griswold est un homme bien." Dis-je en baissant la tête. Je me sens soudainement très nostalgique.
- "Qu'y a-t-il ?" Me demande la forgeronne en remarquant mon air triste.
- "J'ai rencontré des personnes incroyables, là-bas. Et Griswold est certainement le plus extraordinaire des hommes ordinaires." Je réponds après un petit temps de réflexion. "C'était le genre de personne à repousser les ténèbres qui envahissaient le cœur de la ville à grands coups d'éclats de rire." Dis-je en l'imitant se claquer la cuisse, ce qui les amuse toutes. "Et il nous a été loyal jusqu'au bout en dépit des choix de son seigneur."
- "Il connaît les sœurs?" Demande Charsi étonnée.
- "Oui et il nous tient en estime."
- "Voilà qui est singulier." Dit-elle avant de se tourner vers sa forge.
- "Je ne vais pas vous déranger plus longtemps." Dis-je en remarquant son geste.

Je m'incline légèrement pour les saluer. Je souris en réalisant soudainement que j'ai sans doute pris cette habitude de Jarzeth, mais aussi d'autres personnes à Tristram, comme le prince Aidan et Lachdanan. Je pense que je la garderai. J'aime bien cette manière de marquer le respect. Je reprends mon arc puis je m'éloigne. Je me dirige vers le jardin.

J'ai à peine fait quelques pas que j'entends les apprenties lâcher un petit aïe simultanément. Je ne me retourne pas. Je n'ai pas besoin de regarder pour comprendre qu'elles ont reçu un nouveau taquet de la part de leur maîtresse. Je ricane en silence, mais je les plains également, car vu le tour de bras de Charsi, j'imagine aisément leur douleur.

Je suis ravie de trouver le jardin vide. Les sœurs y ont planté toutes sortes de fleurs aux couleurs vives et au parfum subtile. Je m'assois en tailleur sous un petit arbre, non loin d'un parterre de roses. Je pose mon arc à mes côtés et ferme les yeux. Je profite de ce moment pour méditer un peu.


Charsi a un rôle mineur mais important. C'est pourquoi je vous la présente ici :-).

A demain.