Le bureau des héros - 4
Le bureau des héros
Adrien n'avait mis que quarante minutes pour faire la course demandée par Marinette. À son retour, il était de nouveau retourné dans le couloir avec sa petite amie, officiellement pour lui remettre le Miraculous du Renard. Alya et Nino n'avaient pas paru trouver cela étrange : il était clair que c'était Marinette qui distribuait les Miraculous. Peut-être imaginaient-ils qu'Adrien avait des recommandations à lui transmettre de la part du mystérieux grand Gardien.
Quoi qu'il en soit, Marinette entraîna Adrien dans la chambre, désigna la paire de lunettes magique pour qu'Adrien la saisisse en souhaitant se rendre maître du Miraculous. Le kwami apparut et se mit au service de son nouveau porteur.
— Kaalki, tu vas l'emmener à l'endroit où est la Miracle Box, ordonna Marinette. Ensuite, tu le ramèneras ici.
— Bien, Grande Gardienne, se soumit Kaalki.
— Kaalki, transforme-moi, psalmodia Adrien.
La transformation eut lieu et Marinette admira le nouveau look de son petit ami.
— Reviens vite, lui demanda-t-elle après l'avoir embrassé.
Adrien se retrouva dans un grenier poussiéreux. Il dut farfouiller un peu pour trouver la grosse boite rouge, dissimulée derrière un tapis miteux. Il tâtonna alors un peu pour trouver les Miraculous du Renard et de la Tortue. Enfin, il remit avec révérence la Miracle Box en place et revint dans sa chambre.
Il se détransforma et donna tous les Miraculous à sa partenaire. Celle-ci mit les lunettes avec les autres dans le sac où se trouvaient les affaires que sa mère avait apportées. Ensuite, elle passa dans la salle de bains pour dissimuler le bracelet de la Tortue dans le bac de linge sale. Enfin, ils revinrent au salon.
Sabine arriva à ce moment-là. Elle salua les amis de sa fille et demanda :
— Vous restez tous dîner ?
— Oui, Maman, répondit Marinette.
— Adrien ? se fit confirmer Sabine auprès du maître des lieux.
— Êtes-vous libres, ce soir ? s'enquit-il auprès de ses amis.
— Sans problème, répondirent-ils.
— Si cela ne vous dérange pas, Sabine, conclut Adrien.
— Très bien. Je vais aérer un peu la chambre.
— Merci, Maman, fit Marinette avant de reporter son attention sur ses amis. Bon, commençons les essais avec mon téléphone et vos objets magiques. Au fait, j'ai pensé qu'il arrive que les gens nous filment et qu'il n'est pas rare qu'ils captent ce qu'on dit. Il ne faut surtout pas utiliser nos vrais prénoms dans nos communications.
— Ça me paraît évident ! fit remarquer Alya.
— Je préfère le préciser, lui retourna Marinette
Sans prendre en compte l'expression vexée de son amie, elle continua à donner ses instructions. En pointant du doigt chacun des héros, elle les nomma :
— Bug ! Cat ! Rena !
— Milady ! compléta Adrien en imitant son geste et le ton de commandement.
Marinette tressaillit, saisissant le reproche. Elle regarda son petit ami et partenaire qui la couvait d'un œil moqueur. Elle rougit un peu et eut un sourire gêné.
— C'est quand vous voulez, dit-elle d'un ton plus doux.
Adrien lui sourit et demanda à Tikki de le transformer. Il ouvrit son yoyo et appela le numéro de sa petite amie.
— Hello Milady.
— Hello, Bug. Maintenant on raccroche pour voir si je peux te joindre.
Il obéit et elle rappela le dernier numéro avec lequel elle avait été en communication. Le yoyo tinta. Mister Bug prit l'appel :
— Vous êtes bien au bureau des héros. Bug à votre service. Comment puis-je vous aider ?
— Si tu mettais ton écouteur, suggéra Marinette alors que tout le monde souriait à la boutade. Tu m'entends bien ? continua-t-elle quand il se fut exécuté.
— J'adore quand tu me susurres des choses à l'oreille, Buguinette, confia-t-il avec un sourire ravi.
La jeune fille rougit un peu et continua :
— Et maintenant, avec le yoyo fermé ? Un, deux, trois…
— Tu es toujours au top, Pucinette !
Marinette fit rouler ses yeux à cette réponse non réglementaire mais ne fit aucune remarque.
— Cat, Rena ?
Ils ne se firent pas prier pour se transformer et prendre leurs écouteurs. Mister Bug les appela et ils répondirent tous les deux.
Entre temps, Marinette avait, elle aussi, branché des écouteurs sur son téléphone. Elle leva le pouce pour montrer qu'elle percevait les voix de ses amis directement dans ses oreilles.
— M'entendez-vous bien tous les trois ? s'enquit-t-elle dans le micro présent sur le fil qui la reliait à son téléphone.
— Haut et clair, Milady, s'enthousiasma Nino.
— Impec ! confirma Alya.
— Essai à distance ? proposa-t-elle.
— À tes ordres, Milady. Prêt à décoller, convint Mister Cat en se levant et passant sur le balcon, tout en invitant ses amis à le suivre.
Bientôt, les trois héros furent sur les toits. Marinette les fit s'éloigner pour vérifier la portée de son téléphone. Leurs divers essais, coupure et rétablissement de la communication, leur prirent un bon quart d'heure. Enfin, Marinette lança :
— Parfait, tout le monde à la maison.
Quand les trois amis rentrèrent, Marinette avait déserté le salon.
— Je l'ai envoyée au lit, les informa Sabine qui avait investi la cuisine. N'oubliez pas qu'elle est encore malade. Tout ce que vous avez fait cet après-midi ne servira à rien, si elle fait une rechute.
— Désolé, Sabine, je n'ai pas fait assez attention, regretta Adrien inquiet. La fièvre est remontée ?
— Heureusement, non. Mais il faut encore qu'elle dorme beaucoup. Plus d'exercice pour elle avant la prochaine attaque, c'est bien compris ?
— Oui, Sabine, dit Adrien. Vous avez raison. Est-ce que je peux aller la voir le temps qu'Alya arrive ? Je ne la réveillerai pas, promis.
Le visage de Sabine s'adoucit.
— Oui, bien sûr, Adrien, que tu peux y aller.
Quand le jeune homme revint au salon Alya s'enquit d'une voix inquiète :
— Comment va-t-elle ?
— Elle dort, elle n'a plus de fièvre, répondit-il. C'est un gros progrès par rapport à hier. Au fait, le médecin ne devait pas repasser aujourd'hui ?
— Dans une heure, le renseigna Sabine. On mangera juste après.
— Merci de tout gérer, Sabine.
— Vous m'avez l'air bien occupés aussi, les jeunes.
— C'est vrai, reconnut Adrien. Alors, les amis, vous êtes confiants pour la suite ?
— C'était génial, décréta Alya. L'usage de ma flûte pour prendre les appels et en passer est étonnamment intuitif.
— Celui du bâton aussi, précisa Nino.
— C'est normal, assura Adrien. Tout comme votre aspect, c'est votre inconscient qui paramètre les objets magiques. Au temps des pharaons, le yoyo de la déesse Coccinelle n'incorporait sûrement pas de messagerie ni de radar. Nous avons nous-mêmes ajouté la fonction réunion cet après-midi.
— Mais c'est passionnant, ça ! s'exclama Alya. Vous vous rendrez compte ? Ça veut dire…
Elle s'interrompit les yeux dans le vague.
— Hum, Alya, je suis certain que c'est intéressant, mais je dois vous faire un petit briefing, l'interrompit Adrien. Pour commencer, les précautions de base avant une transformation. Même quand une alerte arrive la nuit ou pendant que vous êtes sous la douche, habillez-vous suffisamment en fonction du temps qu'il fait au-dehors. Se retrouver coincé sur un toit en pyjama quand il neige ou juste avec une serviette autour des reins, ce n'est pas top. Mettez des chaussures aussi. Des fois, il faut se cacher en vitesse ou fuir après une détransformation. Ensuite, vous devez toujours avoir sur vous de quoi nourrir votre kwami. Toujours. On ne peut pas savoir quand une alerte va se déclencher ni comment elle va tourner.
Les deux autres firent signe qu'ils avaient compris.
— Trixx, qu'est-ce que tu préfères manger ? demanda Adrien.
— J'aime beaucoup les fruits, lui répondit la petite créature.
— Alya, tu peux te servir dans la corbeille. Je te laisse voir ce qu'il préfère. Maintenant, Nino, viens avec moi. Tu vois ce placard, c'est pour garder la nourriture préférée de Plagg. Je te laisse l'ouvrir et la lui donner.
Nino ouvrit le placard placé en bas et dans le coin de la partie cuisine. Une exclamation horrifiée s'échappa de ses lèvres.
— Quelle est cette puanteur ? protesta-t-il.
— Comment ça, puanteur ? Cette merveilleuse fragrance est celle d'un camembert délicieusement affiné par mes soins, lui apprit Plagg. Dans quelques jours, il sera juste à point.
— Il faut que je lui donne ça ? protesta Nino.
— Il peut le prendre tout seul, mais il préfère que ce soit une petite attention de ta part. Il ne l'avouera jamais, mais lui aussi a besoin de tendresse.
— N'importe quoi, protesta le kwami. C'est simplement qu'avec tout ce que je fais pour toi, tu peux faire un effort aussi, non ?
— Tiens, voici une boîte pour conserver le fromage dans ta poche, dit Adrien à son ami.
— Tu veux dire que tu te trimballes ça avec toi depuis quatre ans ? s'étonna Nino.
— Eh oui. Un Plagg, ça se mérite. Tikki, brioche ou macaron ?
— Macaron, s'il te plaît, Adrien.
— Dis donc, la nourriture s'est bien améliorée chez toi, remarqua Nino.
— J'ai de l'aide, ces temps-ci, reconnut Adrien en faisant un clin d'œil à Sabine.
Quand le médecin sonna à la porte, Adrien vérifia que les kwamis étaient bien cachés avant d'ouvrir. Le praticien parut un peu étonné de voir tant de monde dans le salon, mais ne fit aucune remarque. Sabine l'accompagna dans la chambre de sa fille.
Tom arriva juste à temps pour entendre le verdict du médecin :
— Elle est sur la bonne voie. Nous avons évité l'épisode infectieux. Je conseille de terminer le traitement antibiotique pour ne pas prendre de risque. Vous pouvez arrêter les autres médicaments, sauf si la fièvre remonte. Son système immunitaire fera le reste.
— Quand sera-t-elle complètement guérie ? demanda Tom.
— Si tout se passe bien, d'ici demain, elle sera sur pied.
— Et quand pourra-t-elle sortir ? s'enquit Sabine.
— Dès qu'elle tiendra sur ses jambes. En se ménageant, bien entendu.
Peu après le départ du médecin, Sabine les convia pour manger. Ils placèrent au milieu du salon la table qui était habituellement côté cuisine et déployèrent les pans de bois qui servait à l'agrandir. En l'installant avec Nino, Adrien remarqua :
— Quand Nathalie m'a dit qu'on pouvait en faire une table pour huit, j'ai pensé que je n'étais pas près d'utiliser cette fonctionnalité. Mais c'est venu vite, finalement.
— On t'envahit un peu, Adrien, s'excusa Sabine.
— Cela ne me déplaît pas, assura Adrien. Et puis, tant que Marinette est ici, vous pouvez vous considérer comme chez vous. Vu les repas que vous me préparez, je suis le grand gagnant.
— Merci, Adrien. Tiens, pendant qu'on met la table, tu peux aller voir si Marinette est réveillée ? Si elle dort, on lui gardera son assiette au chaud, mais je sais qu'elle a envie de partager ce repas avec vous tous.
Il ne se fit pas prier. Il alla dans la chambre. Qu'elle était belle, les yeux fermés, toute ébouriffée dans les draps. Il ressentit un impétueux élan de tendresse pour elle. Il se retint de se pencher pour embrasser son front, ne voulant pas troubler son repos. Mais elle avait dû l'entendre, car elle ouvrit les yeux. Le découvrant, elle sourit :
— Adrien.
— Ma puce.
— Tu viens près de moi ?
Il s'allongea sur les draps avec précaution, ne voulant pas la secouer. Elle roula vers lui et il positionna ses bras pour l'enlacer.
— Je te donne du souci, dit-elle d'une voix désolée.
— C'est normal de se préoccuper de ceux qu'on aime. Je te préfère ici que disparue sans que je puisse savoir ce qui t'est arrivé. Au moins, j'ai le soulagement de te voir guérir et j'ai pu parer au plus pressé pour les Miraculous.
— Tu as fait davantage que de parer au plus pressé, Chaton. Tu as assuré comme un chef. Je n'aurais pas fait mieux.
— Oh, là, tu dois être encore un peu malade pour me faire des compliments pareils, Milady. Tu es sûre que tu n'as pas une poussée de fièvre ?
— Tu me trouves trop autoritaire ? s'enquit-elle d'une voix désolée.
— Tu l'es, c'est certain. Mais on a besoin de ton esprit stratégique, et c'est normal que tu prennes la tête des opérations. J'attendais avec impatience que tu te réveilles pour que tu me donnes des ordres. Tu peux demander à ta mère, c'est ce que je lui ai dit hier.
— Mes pauvres parents sont tous déboussolés aussi. Mais j'ai été trop fatiguée pour avoir une vraie discussion avec eux.
— Commence par guérir, c'est ce que nous voulons tous.
— Je suis contente d'être venue chez toi. Tu m'aurais tellement manqué, sinon.
— Chaque jour où je ne te vois pas est un jour où tu me manques, Pucinette. Il va falloir qu'on règle ça. J'ai deux trois idées sur la question.
— Quelque chose me dit qu'elles vont me plaire.
— On en reparlera plus tard. À la base, j'étais venu pour te demander si tu te sentais assez en forme pour venir à table avec nous.
— Oh oui, j'arrive. J'ai même faim, tu te rends compte ?
— Je suppose que c'est bon signe.
— Adrien ?
— Oui ?
— J'aimerais bien un bisou avant.
— Ça aussi, ça peut se faire, convint-il.
Ils se firent un petit câlin puis Marinette se leva. Elle avait besoin d'aller aux toilettes, il revint sans elle dans le salon.
— Elle arrive, indiqua-t-il.
— Dis donc, il t'en a fallu du temps pour la convaincre, le taquina Nino.
— Je n'ai pas hésité à donner de ma personne, répondit gaiement Adrien. Tu connais mon sens du sacrifice.
— Bien, allez tous vous laver les mains, nous passons à table, annonça Sabine.
Marinette arriva alors que les autres s'asseyaient. Elle commença par aller dans les bras de son père qu'elle n'avait pas vu de la journée.
— Tu vas mieux, je vois, ma cocotte, se réjouit Tom. Mais ne reste pas debout. Il faut te reposer.
— J'ai bien dormi, Papa, je me sens bien, je t'assure.
— Tiens, voilà ta soupe préférée, ma chérie, lui apporta Sabine.
— Merci, Maman.
Sabine commença à faire le service. Quand elle prit sa place, avant que tout le monde commence, Marinette leva la main :
— Avant tout, je voudrais tous vous remercier d'être avec moi ce soir. C'est la meilleure médecine au monde d'être entourés par les personnes qu'on aime le plus et sur lesquelles on a appris à compter. Papa, Maman, vous avez eu des journées difficiles et fatigantes à cause de moi. Je vais tenter de vous donner moins de souci. Alya, Nino, vous ne pouvez pas savoir à quel point ça me rassure de savoir que vous êtes à nos côtés. Et Adrien…
Elle ne put continuer. Elle tendit la main vers lui.
— On est une équipe, ma Lady. C'était écrit depuis le début, lui dit-il doucement en serrant ses doigts entre les siens.
Marinette, toute rose d'émotion, regarda la tablée : Adrien, rayonnant d'amour pour elle, ses parents, attendris aux larmes, Nino et Alya, ses amis si chers.
— Nous allons gagner, décida-t-elle. Rendre la paix aux Parisiens.
— Je n'en doute pas, dit Sabine. Maintenant, mange, ma chérie.
À la fin du dîner, Nino et Alya s'apprêtèrent à rentrer chez eux. Marinette leur livra ses dernières recommandations :
— Gardez bien vos téléphones allumés pour entendre les alertes. N'oubliez pas de les mettre en charge et veillez à toujours être dans un endroit où le réseau passe. Sinon, gardez votre emploi du temps habituel.
— Mais n'imaginez pas qu'elle tente de vous mettre la pression, plaisanta Adrien.
— Et toi, Adrien, penses-tu retourner en cours ? le questionna Sabine. Tu as déjà manqué deux jours.
— Eh, bien…
— Je vais mieux, je peux rester seule, assura Marinette. Nous devons reprendre une vie la plus normale possible.
— Vous n'avez pas besoin de mon aide ? vérifia Adrien auprès de Sabine.
— Maintenant que Marinette va bien, je vais rentrer chez moi. Je passerai demain pour lui tenir un peu compagnie et préparer vos repas.
— D'accord, alors. J'espère juste qu'on n'aura pas d'alerte cette nuit.
Nino et Alya partirent, et Sabine envoya sa fille se coucher. Pendant que Tom disait bonsoir à Marinette dans la chambre, Sabine rejoignit Adrien, qui rangeait la cuisine.
— Je compte sur toi pour faire en sorte qu'elle se repose, lui dit-elle. Tu as entendu le médecin. Elle doit dormir beaucoup et ne pas se fatiguer.
Le regard insistant de la mère de Marinette fit comprendre à Adrien qu'il y avait un message bien précis dans ces consignes. Ah… oui, d'accord. Adrien se sentit soudain très gêné. Il se dandina d'un pied sur l'autre.
— J'ai compris, Sabine. Elle doit se reposer.
Elle hocha la tête et partit rassembler ses affaires. Adrien songea qu'entre Marinette et sa mère, il n'allait bientôt plus oser bouger une moustache.
Finalement, Tom et Sabine lui souhaitèrent bonne nuit et partirent à leur tour. Adrien alla frapper à la porte de la chambre. Il voulait dire bonsoir à sa petite amie et prendre du linge propre. Marinette le regarda fouiller dans son placard.
— Tu… tu viens te coucher ? demanda-t-elle timidement.
— Euh… Je vais dormir dans le salon, répondit-il.
— Oh, fit Marinette d'une voix déçue. Je pensais…
Adrien n'osa pas dire qu'il y avait bien pensé aussi, mais que Sabine venait de le lui interdire.
— Hum, ce n'est pas l'envie qui me manque, ma coccinelle, dit-il à la place, mais tu es encore malade et, moi, j'ai un combat par jour.
— Je comprends, commenta-t-elle en regardant d'un air chagrin son pyjama très couvrant et très large.
Il eut envie de lui dire qu'il la trouvait mille fois plus désirable ainsi, que gainée dans son corps de quatorze ans, mais il y renonça. Il y a des terrains qu'il vaut mieux éviter quand on veut être raisonnable.
— Tu ne seras pas toute seule, je vais dire à Tikki de te rejoindre. Dors bien, ma puce. On aura besoin de toi demain, dit-il en se penchant sur elle pour poser un baiser léger sur ses lèvres.
— D'accord. Bonne nuit, Adrien.
— Bonne nuit, ma coccinelle.
oOo
Durant deux jours, il n'y eut aucune attaque. Ce fut un repos bienvenu pour Adrien et Nino. Mais tous savaient que ce n'était que l'accalmie avant la tempête. Adrien en profita pour rattraper ses cours. Il prit également le temps de lire les commentaires qui fleurissaient sur le net sur l'apparition de deux nouveaux héros en remplacement de ceux qui défendaient habituellement Paris.
De nombreuses théories s'affrontaient. Certains avaient compris que Mister Bug avait le même porteur de Chat Noir. D'autres en doutaient. Tout le monde se demandait d'où sortait Mister Cat et surtout où était passée la Ladybug habituelle. Avait-elle été blessée, avait-elle abandonné, était-elle malade ? S'était-elle fâchée avec Chat Noir ? Avait-elle commis une faute qui avait entraîné sa disqualification ?
Dans l'ensemble, la nouvelle équipe n'était pas considérée à la hauteur de l'ancienne, même si des voix soulignaient qu'ils s'étaient très bien sortis des deux combats. Tout le monde se demandait si ce partenariat avait définitivement remplacé l'ancien – ce que la majorité des commentateurs ne souhaitaient pas. Cette préférence était à la fois un soutien pour Marinette mais aussi une lourde pression. Elle se sentait coupable de ne pouvoir reprendre son costume et trouvait ses fans injustes pour Adrien et Nino qui avaient bravement relevé le défi.
Elle faisait de son mieux pour rapidement reprendre des forces. Le premier jour, sa mère l'emmena faire le tour du pâté de maisons pour lui donner un peu d'exercice. Adrien craignit que les parents de son amie ne suggèrent qu'elle rentre chez elle puisqu'elle pouvait sortir, mais il n'en fut pas question. Tom et Sabine dînèrent avec eux puis les laissèrent. Marinette paraissant fatiguée, Adrien resta sur son canapé. Le second jour, Marinette allait manifestement bien mieux. Elle fit une longue promenade au parc le plus proche avec Alya qui n'avait pas de cours ce jour-là et en revint la mine épanouie. Le médecin qui vint l'ausculter confirma ce qu'ils espéraient tous. Elle était guérie. Elle devait cependant ne pas en faire trop pour éviter tout risque de rechute.
— Ma chérie, j'aimerais que tu te ménages encore un peu, dit Sabine une fois le praticien parti. Je pense qu'il est encore trop tôt pour… euh… reprendre ta place.
— Oui, Maman, répondit Marinette en se touchant machinalement le lobe de l'oreille, je pense que tu as raison. Je risquerais en plus d'être un poids pour Adrien. Je vais attendre encore une petite semaine. Alya et Nino se débrouilleront très bien en attendant.
Une fois ses parents partis après le repas du soir, Marinette s'approcha d'Adrien le regard aguicheur et lui demanda d'une voix enjôleuse :
— Tu penses encore dormir dans le salon ce soir ?
Il huma le doux parfum qui émanait d'elle. Il fit semblant d'hésiter :
— Hum, je ne sais pas. Il paraît que tu es guérie. Mais tu dois te ménager, à ce que j'ai entendu.
— C'est pour ça que je vais aller me coucher, fit-elle d'un ton raisonnable, qui contrasta totalement avec le regard de braise qu'elle lui lança, et qui lui fit bouillir le sang.
— Le canapé n'est pas très confortable, arriva-t-il à argumenter, le souffle un peu court. Si tu me fais un peu de place dans le lit, je vais pouvoir m'endormir plus facilement.
— Je te chanterai une berceuse, si ça peut t'aider, proposa-t-elle d'un air canaille. Je vais me laver les dents, annonça-t-elle en lui tournant le dos.
Elle partit en direction de la salle de bains en balançant des hanches. Adrien profita du spectacle en pensant : Désolé, Belle-maman, mais votre fille a des arguments bien plus percutants que les vôtres. Fini, le canapé !
Après avoir entendu Marinette entrer dans la chambre, Adrien prit sa place dans la salle de bains pour une douche rapide. Quand il la rejoignit, elle était assise sur le lit, à regarder son téléphone. En voyant Adrien arriver, Marinette éteignit son portable et le posa sur la table de nuit. Il remarqua qu'elle portait un charmant pyjama short, qui moulait sa poitrine et laissait voir ses magnifiques jambes. C'était dans le sac amené par Sabine, ça ? Voilà qui ressemblait bien à une bénédiction !
Il vint s'asseoir près d'elle sur le matelas. Elle le regardait avec tendresse ayant renoncé à son attitude de vamp. Elle était éminemment désirable, mais il se trouva soudainement intimidé. C'était Marinette qui se trouvait devant lui, une jeune femme absolument charmante, mais qu'il n'avait jamais envisagée autrement que comme une excellente camarade, depuis les quatre ans qu'ils se connaissaient.
— Ça va ? demanda Marinette en le voyant hésiter.
— Eh bien… Faut que je m'habitue à te considérer comme ma petite amie.
Elle hocha la tête, compréhensive.
— Tu veux qu'on éteigne la lumière ? proposa-t-elle.
Il secoua la tête :
— Alors que j'ai à la fois Ladybug et Marinette Dupain-Cheng dans mon lit ? Je ne suis pas stupide à ce point-là !
Elle sourit.
— Ferme les yeux, pour commencer, alors ! proposa-t-elle d'un ton un peu ironique.
— Si je me transformais en Chat Noir, tu rirais moins ! lui répliqua-t-il.
— Chiche ! lui répondit Marinette d'un ton provocant.
— Tu es sérieuse ? s'étonna Adrien.
— Disons que j'aimerais voir ta tête quand tu te rendras compte que tu es saucissonné dans une combinaison impossible à enlever, fit-elle les yeux brillants de malice.
— Milady, tu as un mauvais fond ! s'indigna-t-il, alors qu'elle éclatait de rire.
À son rire cristallin, il la reconnut. Elle était sa coccinelle, sa Lady, celle qui enchantait ses soirées depuis des semaines. Elle dut le lire dans ses yeux, car, le sourire toujours aux lèvres, elle lui tendit la main.
Plus rien ne le retenait. Il saisit son poignet et l'attira à lui.
Nos amis sont prêt et le papillon n'a qu'à bien se tenir. La suite dans "Parisiens, Parisiennes".
