Bonsoir ! Me revoilà avec un nouveau chapitre, qui est en réalité prêt depuis assez longtemps. Mais j'avais besoin de temps pour retravailler ma trame, alors j'ai préféré prendre un peu d'avance. Sur ce, je n'en dis pas plus et je vous laisse à votre lecture. D'ailleurs, mon amie estime qu'il s'agit d'un des meilleurs chapitres, alors j'espère que vous l'aimerez tout autant qu'elle 😊


Ce soir du 2 mai 2002, j'avais accompli la lourde tâche de relire tous mes carnets d'adolescence, un verre de vin à la main. A la fin de ces carnets, interrompus subitement par le départ d'Opale et de Nott, j'en étais déjà à mon troisième verre. La suite, je l'avais racontée très vite, de manière ininterrompue, dans un style qui restait correct malgré tout l'alcool que contenait mon sang. Ce n'est qu'au matin, après avoir vomi toute la tristesse qui s'était emparée de moi, en racontant tous ces départs et toutes ces vies brisées, que je me mis à considérer de nouveau la dernière idée qui s'était emparée de moi. Faire un numéro spécial, pour les cinq ans de la victoire, qui serait traiterait de ce que tous mes amis et connaissances de l'époque étaient devenus. Je voulais savoir comment chacun avait réussi à panser ses plaies, pour pouvoir panser les miennes. Il fallait reconstruire ce qui avait été détruit. Recréer des liens plus forts, puisque nous aussi, à notre manière, nous étions des Survivants.

Mon idée ayant été approuvée par mon directeur, je mis au point un plan d'attaque. J'allais commencer par interroger les personnes avec qui j'étais toujours en contact. Il s'agissait donc simplement au départ, de questionner Ginny et Harry, mais aussi Hermione Granger et Ron, dans la mesure où ils avaient été bien plus au cœur de la bataille que les élèves résistants que nous étions. Je pensais aussi à poser des questions à la famille de Ginny, et à Neville. Je chercherais ensuite des informations auprès d'Hannah, puisque j'avais appris qu'elle préparait son mariage avec mon compagnon de dissidence. Bien sûr, il fallait aussi s'enquérir de ce qu'il s'était passé du côté du monde moldu, et il ne me resterait qu'à rappeler mon amie Ella, avec qui j'étais encore très proche. J'envoyais dans la foulée un message à Amber, tout en sachant qu'il serait très difficile pour elle de se souvenir une nouvelle fois d'une guerre dans laquelle elle avait failli perdre la vie. J'avais donc là mes premiers témoins. Mais ce n'était pas suffisant. J'avais perdu contact avec un bon nombre de mes camarades de l'AD, comme on perd souvent contact avec les amis de sa jeunesse, et il me fallait les retrouver. Je pensais à Dean, Seamus, mais aussi Padma et Justin. Je ne savais même pas s'il était encore ensemble.

J'appelai Ginny pour lui faire part de mon projet, et elle parue aussi emballée que moi. Elle se chargeait de passer le mot aux membres de sa famille, et me confia ne s'être jamais vraiment remise de la mort de Fred. Les Weasley faisaient partie de ces rares familles vraiment soudées, et s'il est toujours difficile de perdre un proche, perdre Fred fut pour les Weasley une véritable épreuve. Je me souviens encore des yeux hagards de George, errant dans le vague, à la recherche d'un double qui n'était plus là. Mais aucun des Weasley n'avait renoncé à la vie pour autant, bien au contraire. « A chaque petite action du quotidien, j'ai une pensée pour Fred. J'ai continué à vivre à travers lui, comme s'il était encore là » me raconta Molly.

« J'ai commencé à vivre plus intensément depuis la mort de Fred. J'ai aimé plus fort, j'ai mené tous nos projets à bien en son honneur, j'ai ri plus fort, et j'ai aussi pleuré plus abondamment. Je dois vivre plus intensément, parce que maintenant, je vis pour deux, et Fred vit à travers chacune de mes actions et de mes pensées, à travers notre souvenir ». Telles furent les paroles de George, qui peinait à se contenir, mais qui semblait plus puissant et solide que jamais. Fleur Delacour et Bill Weasley mirent l'accent sur ce qu'il appelait « le devoir de mémoire ». Nous étions obligés moralement de se souvenir de ce qu'il s'était passé, en hommage aux victimes. Ils louèrent mon entreprise, qui selon eux résumait parfaitement ce qu'ils entendaient par une telle expression.

Il me vint à l'idée que les Weasley n'avaient pas renoncé, à rien. S'ils avaient certainement perdu un proche, ils avaient choisi de continuer de vivre pour honorer sa mémoire. Les Weasley n'avaient pas renoncé à la vie, et semblaient parvenir à se reconstruire. Je pensais alors qu'il n'en était absolument pas de même pour moi, alors qu'en somme, je n'avais rien perdu. Je pensais à tous les verres de Whisky Pur Feu que j'ingurgitais pour parvenir à m'endormir le soir, sans faire trop de cauchemar. Pourquoi ne parvenais-je pas à me reconstruire moi aussi ? Que me manquait-il ?

Ron et Hermione me semblèrent parfaitement heureux, même si l'ombre de la mort de Fred planait dans les airs satisfaits et joviaux de Ron. Tous deux semblaient retenir de cette bataille une victoire qu'ils avaient si longuement cherchée. Après s'être battus sept ans contre les forces du mal, la lumière faisait jour à travers les ténèbres. J'imagine que c'était pour cela qu'ils s'étaient autorisés à tomber amoureux. Ils n'étaient plus obligés de combattre, la paix s'était enfin installée et ils pouvaient enfin se concentrer sur leur carrière professionnelle. J'appris que Ron était devenu Auror et qu'Hermione avait obtenu un poste au Ministère au sein du Département de contrôle et de régulation des créatures magiques. Elle se battait actuellement pour le droit des elfes de maison et essuya une larme en me racontant la mort de Dobby. Elle aussi avait choisi la voie de la reconstruction. Elle avait toujours eu un sens aigu de la justice, et ce poste lui correspondait parfaitement. « Il m'arrive souvent, comme depuis mes toutes premières années à Poudlard, de me plonger dans le travail pour essayer d'oublier. Cela a toujours marché jusqu'à présent, mais j'ai de moins en moins besoin de le faire depuis que Ron est à mes côtés ».

Je connaissais cette technique, il s'agissait d'une de celle que je pratiquais souvent. Malheureusement pour moi, je n'avais personne à mes côtés quand il s'agissait de s'endormir. J'étais entourée par mes amis et mes collègues de travail en journée, mais qu'est-ce que cela pouvait me faire si j'étais seule le soir ? Je repensai à Thomas, qui était resté auprès de moi deux ans après la bataille. Mais notre relation s'était étiolée peu à peu face à mes propres difficultés, et quand on lui proposa un poste à l'étranger, il l'avait accepté sans aucune difficultés. Nous nous étions quittés bons amis, puisque ni lui ni moi n'avions la force de s'engager dans une relation à distance, ni même de nous engager tout court. Alors il était parti. C'était peut-être mieux ainsi.

Contrairement à son épouse, Harry semblait faire partie des personnes que la guerre n'avait pas épargné. Nous évitâmes soigneusement de nous replonger dans les souvenirs de sa septième année, pour nous concentrer sur l'après-guerre. Harry me confia s'être toujours senti coupable de la mort de centaines de personnes. Je lui expliquai que si nous avions choisi de nous battre, c'était autant pour sauver celui qu'on appelait le Survivant, que pour délivrer le monde magique de la menace qui planait sur lui. « Ils ne sont pas morts pour te sauver, Harry, ils sont morts pour nous délivrer de Voldemort ». Le jeune homme m'avoua de plus qu'il était toujours autant difficile de vivre avec une telle réputation. Après avoir porté pendant toute son adolescence une cicatrice qui rappelait au monde entier qu'il avait une fois battu Voldemort, il devait affronter maintenant à l'âge adulte, la lourde tâche d'être le héros de cette guerre, celui qui, pour la deuxième fois, avait triomphé du Seigneur des Ténèbres. Neville me fit à peu près la même confession. Alors qu'il avait été dans l'ombre une grande partie de sa scolarité, le monde magique connaissait maintenant l'ampleur de son entreprise dans la Résistance, et lors de la bataille finale. Submergé par ce raz-de-marée de popularité, il avait alors abandonné sa carrière d'Auror pour se réfugier à Poudlard en devenant professeur de botanique. « De toute façon, je n'ai jamais pu me faire à cette carrière d'Auror. Il me fallait quelque chose de plus tranquille. J'en avais assez de me battre contre de nouveaux partisans de Voldemort, alors même que sa menace semblait définitivement éradiquée. Il me fallait quelque chose de plus tranquille comme je le disais, et j'ai toujours adoré la botanique. Revenir à Poudlard m'a fait du bien, un Poudlard tranquille, un refuge comme il l'avait été pendant nos premières années ».

Quant à Hannah, elle ne put s'empêcher de me remercier de nouveau de lui avoir sauvé la vie. Elle et son mari étaient devenus propriétaires du Chaudron Baveur, et dans le même temps, elle avait postulé pour un poste d'infirmière à Poudlard, dans le but de rejoindre Neville. « La guerre m'a fait comprendre que j'avais besoin de continuer à aider les gens, que j'étais faite pour cela ». Hannah avait toujours été douée d'une très grande empathie, et elle me semblait parfaite pour le poste. Elle m'avoue cependant souffrir de terreur nocturne, avec un petit sourire coupable, que je lui rendis. Elle semblait mal à l'aise et fut rassurée quand je lui expliquai que j'en souffrais également. « La guerre n'a pas épargné les vivants », me dit-elle. J'avais souvent repensé à cette phrase durant les entretiens qui suivirent.

Je sondais ensuite Luna, persuadée avec raison que ses réponses feraient partie des plus intéressantes. Luna fut la seule à ne pas sembler troublée par mes questions, et l'on avait l'impression que la tristesse avait glissé autour d'elle, pour se répandre dans son entourage, sans jamais l'atteindre. Elle fut la seule à ne pas revenir sur la bataille qui avait abattu tant de nos amis. A vrai dire, je pense qu'elle n'envisageait même pas la nuit du 2 mai 1998 comme la fin de la guerre. Luna vivait dans un monde à part, et même si elle avait vaillamment combattu, elle paraissait ne pas se soucier de la tournure des évènements. Je compris plus tard, en repensant à son interview, que Luna n'en avait que faire de la victoire ou de la défaite. Tout ce qui comptait pour elle était les gens qui l'entouraient. C'est ainsi qu'elle me signifia cette phrase presque sibylline « Si les morts hantent parfois les vivants, il arrive que ce soit les vivants qui hantent les morts. Souvent, tu sais, Mary, ma mère me parle dans une sorte de fantasme, de vision. Après ce que tu appelles « la victoire », beaucoup de gens viennent me parler. J'ai des grandes discussions avec Tonks notamment. Elle me raconte comment c'est là-bas, en haut. Son fils continue à la faire rire avec ses bêtises. Tu vois, elle aussi est visitée par son fils. Les morts ne sont jamais vraiment morts, ce n'est qu'un passage, comme s'ils avaient traversé la rue. Alors il ne faut pas être triste pour eux, mais attendre tranquillement le moment où l'on pourra les rejoindre. Mourir, c'est simplement prolonger la vie ». Des années plus tard, mes pensées restèrent peuplées des paroles que prononça Luna ce jour-là. « Mourir c'est simplement prolonger la vie ». Quelle belle façon de voir les choses.

Pour Ella et Amber, ce fut beaucoup plus facile. Nous nous voyions très régulièrement et je connaissais déjà les réponses à mes questions. Ella était habitée par le remord de n'avoir pas pu participer à la rébellion de l'AD en septième année. Je lui rappelai régulièrement qu'elle avait fait beaucoup de son côté en protégeant les moldus, mais ce n'était pas suffisant. Ella avait toujours été très rebelle, pas autant que moi, certes, mais assez pour s'en vouloir de n'avoir pas assez participé à une guerre dans laquelle elle aurait pu perdre la vie. « Perdre la vie ». Ces mots nous ramènent immédiatement à Amber. Frappée par un sortilège Doloris, sauvée de justesse par Blaise et Ginny, elle avait gardé des séquelles post-traumatiques du combat. Elle souffrait maintenant d'anxiété généralisée et faisait régulièrement de courts séjours à l'hôpital pour vérifier que son cerveau n'ait pas été endommagé. Ce ne fut pas le cas, mais Amber vécut toute sa vie dans une anxiété, une sorte de transe permanente très difficile à soigner. Si elle ne s'était pas éteinte ce soir-là, ce qu'il y avait de mystérieux chez elle, d'énigmatique avait trouvé un coin de son esprit pour se loger. Derrière ses grands yeux noirs et ses épais cheveux bruns, l'aura secrète qui émanait d'elle se faisait de plus en plus glaçante. Depuis la fin de la guerre, la pudeur d'Amber s'était transformée en quelque chose d'insaisissable. Son charme devenait polaire, et ceux qui la connaissait savaient que quelque chose était mort en elle.

J'eus plus de mal à trouver les noms et les adresses de certains de mes anciens compagnons. J'avais l'intention d'interroger Padma et sa jumelle, en repensant à notre ancienne amitié, mais aussi à Seamus, Dean, et même Cho Chang, alors que je ne l'avais jamais particulièrement appréciée…ce qui était un euphémisme bien entendu. Mais je n'avais aucune idée de ce qu'ils étaient devenus. Je recontactai alors Hannah pour pouvoir interroger Justin et Ernie, qui faisaient partis de son cercle d'amis proches. Justin me fournit l'adresse de Padma. Même s'ils s'étaient séparés au cours de leur septième année, ils étaient toujours restés en contact. Justin était devenu médecin à Sainte Mangouste. Comme Hannah, à la fin de la guerre, il avait cherché à redonner un sens à sa vie.

Il fallait comprendre que la plupart des personnes que j'interrogeais avait commencé à participer à l'AD dès leur cinquième année, jusqu'à la bataille finale. Pendant plus de deux ans, leur vie n'avait tourné qu'autour de cette guerre et de ses préparatifs. Bien sûr, il y avait eu les joies et les peines adolescentes, mais nous avions tout de même le sentiment d'être tournés vers le même but : triompher de Voldemort, en aidant Harry Potter par la même occasion. Alors, la bataille étant finie, la vie semblait avoir perdue son sens profond. Une sorte de nihilisme s'était emparé de mes camarades, et pour combattre ce sentiment d'absurde, il avait choisi l'engagement. C'était une très bonne application des théories d'Albert Camus, un philosophe moldu que j'avais analysé pendant mes années d'études.

C'est ainsi que Justin avait choisi de continuer de sauver des vies, même après la fin de la guerre. Je lui rappelai que ce métier correspondait parfaitement au surnom amical que je lui avais donné lors de ma cinquième année. « Tu avais raison, je pense, de m'appeler Bisounours. Je crois que fondamentalement, même après la fin de la guerre, j'ai gardé une âme aussi pure que celle d'un enfant. Je ne dis pas cela pour me vanter. Je dis seulement qu'encore maintenant, j'ai du mal à envisager la possibilité du mal. Triompher de Voldemort, ou triompher d'un cancer, c'est à peu près la même chose pour moi. Le tout est de sauver le plus de vies possibles ». Quant à Padma, elle était elle aussi à Poudlard et travaillait pour le professeur Chourave en tant qu'assistante herbologiste. Le professeur avait pris sa retraite pour laisser sa place à Neville, mais elle continuait de s'occuper des serres et des jardins de Poudlard. Padma, craintive et timide comme elle l'avait toujours été, répondit calmement à mes questions, et me recommanda de ménager sa sœur. Malheureusement, j'eus beau utiliser toute la délicatesse et le tact dont j'étais capable, Parvati éclata néanmoins en lourds sanglots dès ma première question. Elle pleurait si fort que je ne savais que faire d'autre à part la prendre dans mes bras. Ce geste fut totalement spontané, alors que somme toute, je ne la connaissais guère, et j'entendis dans son chagrin, le cri déchirant d'un cœur brisé par la mort de Lavande Brown. Elles avaient été tellement proches qu'il semblait en effet difficile de les imaginer l'une sans l'autre. Je ne poursuivis pas l'enquête et lui prépara un thé bien chaud. Elle avait assez souffert comme cela.

Il me manquait toujours l'adresse de Cho Chang, et ce fut une Serdaigle qui me la fournit. Il m'aurait été difficile de la retrouver sans son aide, puisque Cho s'était réfugiée dans le monde moldu. Elle avait été très amoureuse de Cédric, mais aussi d'Harry, et elle déclara « en avoir eu assez » selon ses propres termes. Dégoutée par les atrocités du monde sorcier, elle m'indiqua avoir voulu en finir avec cette horreur. Elle considérait sa vie dans le monde moldu, et ses fiançailles proches avec son compagnon, comme le seul échappatoire possible après tant de souffrances. Je me surpris à me dire que Cho Chang était peut-être celle de nous qui avait fait le meilleur choix. Elle avait décidé d'oublier et de refaire sa vie dans un autre univers.

Il me restait encore beaucoup de gens à interroger et l'enquête n'avançait pas assez vite à mon goût. Retrouver mes anciens camarades de Poudlard s'avérait être plus fastidieux que prévu. Alors que j'étais à la recherche d'une énième adresse, après avoir transplané toute la journée, mon hibou m'apporta un carton d'invitation. Je souris en voyant la lettre. Un tel carton ne pouvait que provenir de Blaise Zabini. J'avais vu juste, pensais-je en voyant la signature et la petite écriture penchée sur l'enveloppe. Blaise me conviait à une soirée plutôt huppée dans le nord de Londres. A part me perdre dans des recherches d'adresse, je n'avais rien de particulier à faire ce soir-là et j'admettais que j'avais besoin d'une petite pause dans mon investigation. De toute façon, participer à ce genre de soirées mondaines faisait aussi partie de mon travail. J'étais souvent amenée à enquêter sur cette catégorie socio-professionnelle, les nouveaux riches de l'après-guerre. C'était ainsi que je m'étais retrouvée à interviewer Blaise, notamment, dans le cadre de d'autres enquêtes. J'enfilai une robe assez classique, simple mais élégante et grimaçait d'avance en pensant à la douleur que me procureraient, le lendemain, les escarpins rouges que j'avais choisi.

J'aperçu à travers la foule, la main de Blaise qui s'agitait en ma direction. Avec toute la galanterie dont il savait faire preuve, il délaissa sa conquête du soir pour aller me chercher un verre. Je m'adossai à la rambarde du rooftop. La soirée était belle, un de ces soirs où la lune nimbait de couleurs argentés le ciel. Zabini marchait dans ma direction et s'arrêta en poussant un sifflement d'admiration, comme à son habitude. La tenue que je portais semblait lui plaire. J'avais rassemblé mes cheveux en chignon pour dégager mon visage, et ma robe soulignait subtilement ma taille. Blaise tenait un verre de Whisky et vint contre moi prendre appui contre la balustrade. Je pouvais ainsi l'observer tout à mon aise. Son teint mat semblait capter la lueur de la lune, et ses grands yeux noirs adoucissaient son visage carré et net.

Mes pensées s'égaraient ainsi à chaque fois que je voyais Blaise. Je le savais inconstant et volage et j'avais aussi conscience que sa carrière de mannequin flambait. Bientôt il serait en couverture de la plupart des magazines du monde magique, et il avait même été approché par des casteurs pour jouer dans un prochain film. Je savais aussi qu'en plus de la Greengrass, et d'un tas d'autres filles, il voyait encore de temps à autre mon amie Amber.

Mais malgré tout cela, je ne pouvais oublier les longues soirées que nous avions passé avec Nott et Opale, ni son histoire avec celle qui avait été il y a longtemps ma meilleure amie. Je ne pouvais pas oublier la peine qui nous avait assailli quand nous avions tous les deux été séparés de ces mêmes amis. Je ne pouvais oublier les longues soirées que nous avions passé tous les deux, à parler du temps passé, avant de décider d'en faire un tabou.

Je ne parvenais pas non plus à oublier la fois où, épuisée après pleuré amèrement la disparition de Nott, il m'avait doucement prise dans ses bras robustes et réconfortants. Du plus loin que je m'en souvienne, j'avais toujours totalement désarçonné les garçons à partir du moment où je me mettais à pleurer. Je ne le faisais pas exprès, mais c'était comme ça. J'étais hypersensible, et Blaise me raconta plus tard que mes yeux semblaient avoir toujours exprimé une forme de détresse. Alors ce soir-là, désemparé par mes innombrables sanglots qui me coupaient la respiration, Blaise décida que la meilleure solution serait de me prendre dans ses bras. Instantanément, je fus rassurée par la présence de quelqu'un à mes côtés, comme si quelqu'un pouvait prendre un peu de mon malheur et le partager pour m'aider à ne pas y succomber. Ce soir-là, je m'étais accrochée comme un petit animal blessé au corps de Blaise, m'abandonnant complètement à son souffle tranquille, et je vis deux larmes briller dans ses yeux. Je ne m'étais pas demandé, ce soir-là, ce que signifiaient ces larmes. Je n'ai d'ailleurs jamais su, mais il n'y avait que maintenant que je me posais la question. Pourquoi Blaise avait-il pleuré ce soir-là ? Parce qu'il avait perdu Théo ? Opale ? Parce que pour lui aussi, il n'y avait rien d'autre à faire que de pleurer le départ de nos amis ?

Alors ce soir-là, Blaise me prit dans les bras et m'amena jusqu'à son dortoir, chez les Serpentards. Depuis le départ de Théo, la chambre était vide et l'ombre de Nott pesait encore sur la pièce. Mais ce soir-là, dans notre douleur, Blaise m'avait allongée sur le lit, et doucement, avait commencé par dégrafer mon soutien-gorge, avant de me déshabiller, et me fit l'amour tendrement, pour effacer mes pleurs. « Take my mind and take my pain, like an empty bottle takes the rain. And heal, heal, heal". C'est de cette manière-là que Blaise avait choisi de me consoler. Et je pense qu'il avait eu raison de faire ce qu'il avait fait. J'avais dormi en boule contre lui avant de rentrer en cours le lendemain.

Encore maintenant, je ne peux pas m'empêcher de penser à cette nuit-là, à chaque fois que je revoyais Blaise. D'autant plus que celui-ci se plaisait à entretenir une certaine ambiguïté. « Alors Mary, toujours plongée dans tes pensées ? J'espère que c'est à cause de moi. Dis-moi, qu'ai-je fait pour te perturber à ce point ? » Je repoussai en riant ces insinuations cocasses et entrepris de le mettre au courant de mon projet. Lui ayant tout expliqué en long et en large, il finit par éclater de rire. « Tu es vraiment incorrigible. Tu mènes une enquête sur les conséquences de la guerre et tu n'interroges quasiment que des Gryffondors, ou alors des anciens membres de l'AD. Que fais-tu des gens qui ont choisi de ne pas participer ? Que fais-tu des Serpentards ? As-tu pensé, ne serait-ce qu'un instant que tu pourrais aussi m'interroger ? Moi aussi, j'ai participé à la bataille, je te signale, et cela même si je n'étais pas un membre de l'AD ». Je commençai à m'impatienter. Quel était l'intérêt de questionner des gens qui n'avait pas participé au combat ? « Si tu veux vraiment faire une enquête sur l'impact de la guerre sur notre génération, tu ne peux pas te contenter de choisir uniquement des membres de l'AD. Ceci dit, j'ai l'adresse de Seamus et de Dean, grâce à certaines de mes connaissances, et je peux te la fournir sans problèmes. Mais réfléchis à ce que je te dis ».

« Ensuite, il y a quelque chose dont je voudrais te parler. J'ai revu Théodore Nott. »


Et oui…évidemment, si Blaise est revenu dans l'intrigue, il va revenir accompagné de ce cher Théo, que je n'ai pas oublié ! J'avais juste besoin de quelques chapitres préparatoires, mais je vous promets que vous allez réentendre parler de Théo prochainement, avec une autre surprise pour le prochain chapitre…Je vous laisse là-dessus pour continuer à écrire.

J'espère aussi que vous n'avez pas trouvé tout le passage de l'enquête trop long ou pas assez pertinent par rapport à la fanfiction. Mon idée était aussi d'aborder le sujet de l'après-guerre dans le monde magique, sans me contenter uniquement d'une intrigue amoureuse…mais j'ai besoin de vos avis sur la question, s'il vous plait, alors tout commentaire, bon ou mauvais, sera bon à prendre !

Merci de m'avoir lue, et à la prochaine 😊