« J'essayais juste de trouver des perles, m'explique Romulus après avoir repris ses esprits. J'ai d'abord lancé un Accio perles ! Et il y a eu ce choc, cette lumière mauve…
- Et tu ne t'es pas dit qu'il y avait un problème ?
- Si ! Je me suis dit qu'on ne pouvait pas trouver des perles comme ça, ce serait trop facile. Qu'elles doivent être protégées, du moins contre le sort Accio. Et là je t'ai vu arriver, j'ai essayé de t'expliquer… Bref, j'ai juste prononcé Accio, sans rien viser, et…
- Et ça a recommencé. »
Je secoue la tête et soupire :
« C'est ma faute, j'aurais dû te prévenir. Vous prévenir tous. C'est dangereux de lancer une incantation sous l'eau, le son ne se propage pas comme il faut, et en fait, c'est un peu comme si on prononçait la formule de travers.
- C'est sûr, tu aurais dû nous prévenir ! »
Tout le monde me regarde, et je me sens un peu, comment dire… Mal à l'aise. Enfin, ça arrive à tout le monde de faire des erreurs ! Heureusement, un éclat de rire, franc et léger, dissipe la tension. C'est Septimus :
« Haha ! Comment disais-tu, déjà ? Nous serons tous les quatre ensemble, on voit mal ce qui peut nous arriver ! Haha ! On voit mal ce qui ne peut pas arriver quand on est tous ensemble ! »
Sa bonne humeur est communicative, et nous nous sentons tous mieux, lorsque je me rappelle d'un détail important : une des alarmes magiques s'est déclenchée. Il est grand-temps de s'en occuper, surtout si on ne veut pas accueillir nos visiteurs trempés et en maillots de bain.
Rapidement, nous transplanons jusqu'à nos tentes pour nous changer, avant de scruter les environs grâce à un Homenum revelio. Les indigènes sont quatre, deux hommes et deux femmes, et ils se tiennent immobiles, à une dizaine de mètres du camp. A première vue, ils ne sont pas armés, et ne paraissent pas hostiles. Mes amis, qui n'ont encore jamais vus d'Indiens de près, écarquillent les yeux devant ces visages bruns peinturlurés de couleurs vives.
Nous avançons lentement vers eux, et je m'apprête à dire quelque chose avant de me rendre compte que ces Indiens ne parlent sans doute pas espagnol. Je me mords la lèvre, en essayant de réfléchir à une solution, lorsque l'un d'eux prend la parole. C'est un homme de haute taille, paré de plumes éclatantes, un bel oiseau tout aussi coloré perché sur son épaule. Leur chef ?
Cette langue ne ressemble hélas à aucune que je connaisse, et je ne comprends pas un traître mot. Pire, mes camarades se tournent vers moi, comme s'ils s'attendent à ce que je traduise. La situation commence à devenir gênante, lorsque l'une des deux femmes Indiennes s'avance à son tour et articule dans un espagnol assez laborieux :
« Lui demande… Qui vous êtes ?
- Nous sommes des amis, dis-je immédiatement, soulagé. Des voyageurs.
- Voie âge heures ? »
Elle ne connaît visiblement que quelques mots, et « voyageurs » n'en fait pas partie. Le dialogue qui s'en suit est assez ridicule et j'ai l'impression de revivre mon arrivée en Espagne, il y a quelques mois. J'essaie de montrer la mer, d'expliquer avec des gestes d'où nous venons. De leur côté, mes amis ne m'aident pas beaucoup, ils se retiennent de pouffer de rire comme si tout cela n'était qu'un numéro de spectacle ! De temps en temps, l'Indienne se tourne vers ses compagnons, et leur traduit ce qu'elle pense avoir compris de ce que je pense avoir exprimé.
Nous devons bien rester là une demi-heure, à gesticuler pour essayer de communiquer, puis j'en viens à raconter comment un peu plus tôt nous nous sommes sentis « repoussés » par le village. La traductrice se tourne vers celui qui porte un oiseau sur l'épaule, et ils échangent pendant un moment dans leur langage. Elle m'adresse ensuite la parole :
« Lui dit que… Vous êtes… Homme-médecine… Est-ce mot ? »
Que voulez-vous répondre à ça ? « Est-ce mot », je l'ai compris dans nos échanges précédents, veut dire qu'elle ne sait pas si c'est le bon mot. Mais « Homme-médecine » ? Pourquoi pense-t-elle que je suis médecin ? Je lui réponds par une question, en utilisant des mots simples, pour essayer de percer ce mystère :
« Quoi être Homme-médecine ? »
Elle se lance dans de nouvelles explications qui n'expliquent pas grand-chose. Alors que je traduis pour mes amis, ils me donnent chacun leur interprétation. Romulus hausse les épaules et en déduit que les Indiens cherchent un médecin, tandis qu'Elga exprime un autre avis :
« C'est évident, non ? nous dit-elle. Ils nous ont vus approcher du village, puis venir ici, camper au milieu de nulle part, là où aucun Espagnol ne se risquerait seul. Ils savent que nous sommes des sorciers ! »
Ce n'est pas impossible, mais comment en être sûrs ? La traductrice insiste, et fait de grands signes en scandant « Médecine ! Médecine ! ». A la voir sautiller comme ça, je ne vois pas comment ce qu'elle mime peut évoquer la magie. Cela ressemble plutôt à une danse… Je commence à me demander si elle ne comprend pas « médecine » aussi bien que « voyageur »…
