Mercredi 7 juillet
Il régnait un silence macabre dans le Manoir. Évidemment, depuis la fin de la guerre et l'emprisonnement de Lucius, la vieille demeure était souvent silencieuse, Narcissa et Minty étant les seules habitantes permanentes. Il était loin le temps du faste et des réceptions accueillant les personnalités les plus importantes du monde sorcier anglais. Drago se souvenait que, du temps de sa jeunesse, rares étaient les occasions où il n'y avait qu'eux trois dans leur maison.
Mais depuis six ans, les invités avaient déserté l'immense maison et ignoré les invitations de la matriarche Malefoy, et Narcissa et Drago avaient dû s'habituer au calme inhabituel qui était désormais maître des lieux.
Cependant, aujourd'hui, le silence était d'une toute autre teneur. Narcissa étant à l'hôpital, il n'y avait que la pauvre elfe de maison qui demeurait présente. A peine fut-il entré que celle-ci transplana à ses côtés.
- Maître Drago a-t-il des nouvelles de Maîtresse Narcissa à apporter à Minty ? s'inquiéta la petite créature.
- Non, rien de nouveau. Je suis venu récupérer quelques affaires que ma mère m'a demandées.
- Maître Drago aurait pu demander à Minty de le faire, Monsieur. Minty veut aider sa maîtresse !
- Je sais, Minty, mais je voulais m'en occuper moi-même.
L'elfe était tremblante et semblait sur le point de pleurer à chaque seconde. Contre toute attente, cette vision attendrit Drago plus qu'elle ne l'aurait dû.
- Est-ce que tu veux aller lui rendre visite ?
- Oh, Monsieur, Minty est-elle autorisée ? demanda-t-elle, pleine d'espoir.
- Bien sûr que oui. Et si jamais le personnel de l'hôpital te pose des problèmes, viens immédiatement me voir, je m'en occuperai. Mère sera ravie de ta présence.
- Oh, merci, Maître Drago, merci beaucoup !
Sans plus attendre, Minty transplana, laissant Drago seul dans le Manoir. Il s'accorda le luxe de déambuler quelques minutes dans la maison, frappé de l'inconfort qu'il ressentait de se retrouver seul ici. Il essaya de se souvenir à quand remontait la dernière fois qu'il s'était réellement senti chez lui dans cette immense maison, et la réponse ne fut pas difficile à trouver. A partir du moment où le Manoir était devenu le quartier général de Voldemort, il ne s'était plus jamais senti en sécurité sous son propre toit.
Il marchait dans le salon, se rappelant des après-midi qu'il avait passées avec sa mère sur le canapé, sa voix douce alors qu'elle lui racontait toutes sortes d'histoires. Il passa dans cette cuisine où, finalement, il n'avait presque jamais mis les pieds, cette pièce étant avant tout occupée par les elfes de maison qui s'affairaient à leur préparer à manger. Il vagabonda dans la salle de réception, se remémorant toutes ces soirées auxquelles il avait assisté quand il était petit. Mais chaque souvenir était terni par un autre, plus mauvais, plus noir. L'empreinte de Voldemort flottait dans chaque pièce de cette maison. De la salle à manger, où il avait tué le professeur Charity Burbage comme si elle n'était qu'une vulgaire fourmi, jusqu'à cette fameuse salle, où son hystérique de tante avait torturé Hermione Granger sous ses yeux démunis.
Ce fut à ce moment-là, en réalité, que tout avait changé dans son esprit.
Depuis qu'il était petit, ses parents lui avaient inculqué des valeurs, une morale sur laquelle il s'était toujours reposé. Nous sommes une famille de Sang-Pur, Drago. Cela veut dire que nous sommes plus puissants et plus importants que les autres familles de sorciers. Les sang-de-bourbe sont inférieurs à nous sur tous les niveaux. Ils sont une erreur de la nature, tu ne dois pas t'approcher d'eux, sous aucun prétexte. Cela était logique dans son esprit si malléable de petit garçon. La magie coulait littéralement dans ses veines, et dans celles de toutes les personnes de sa famille, et ce depuis presque un millénaire. Évidemment qu'il était pur. Évidemment qu'il était supérieur. De surcroît, les Malefoy étaient sûrement la famille la plus riche du pays. Ils étaient admirés, ils étaient craints, ils étaient tout ce qu'il fallait pour que Drago devînt le parfait portrait de son père. Ce qu'il était devenu, sans grande surprise.
Il se pavanait dans les couloirs de Poudlard comme si le château lui appartenait (et s'il l'avait voulu, Lucius aurait très certainement eu les moyens de le racheter) ; il rabaissait les autres pour se sentir encore plus supérieur qu'il ne l'était déjà ; il détestait les sang-de-bourbe parce que son père lui avait toujours dit que c'était ce qu'il fallait faire. Il n'avait aucune excuse, évidemment ; en grandissant, il aurait pu comprendre qu'il n'était qu'une brute lâche et pleine de préjugés, mais il lui avait fallu plus que cela.
Alors le destin lui avait envoyé plus que cela.
L'été où Drago reçut sa Marque, il s'était d'abord senti fier. Pour lui, devenir un Mangemort signifiait acquérir davantage de pouvoir. Quoi de plus gratifiant que de rejoindre officiellement les rangs du sorcier le plus puissant de son temps ? Quoi de plus sûr que de se ranger du côté de ceux qui gagnaient la guerre, plutôt que de ces perdants qui auraient été capables de mourir, juste parce que c'était la bonne chose à faire ?
Mais Drago s'était vite rendu compte que compter parmi les proches du Seigneur des Ténèbres n'avait rien d'une position sûre. Il pensait être fort, mais rien ne l'avait préparé à l'atrocité dont Voldemort pouvait réellement faire preuve. Il pensait exécrer les moldus, mais rien ne l'avait préparé à en voir tués au beau milieu de son salon. Il pensait mériter sa place au sein des Mangemorts, mais rien ne l'avait préparé à la mission dont il avait héritée à à peine seize ans. Et surtout, il pensait haïr les sang-de-bourbe de tout son être, mais rien ne l'avait préparé à voir Hermione Granger hurler sous le poids de la douleur devant ses propres yeux.
Il avait passé presque six ans de sa vie à tourmenter cette fille à la moindre occasion. Dès qu'il avait appris que ses parents étaient des moldus, il avait pris un malin plaisir à la rabaisser et à l'insulter dès qu'il le pouvait. Pour couronner le tout, elle était très vite devenue la meilleure amie de l'Élu du monde sorcier et, Drago, dans son égo blessé, s'était senti obligé de détester ce trio infernal qui semblait le narguer du haut de toutes leurs réussites.
Il l'avait haïe avec ferveur, persuadé de vouloir lui faire du mal ; il avait même espéré qu'elle soit tuée par l'héritier de Serpentard durant leur deuxième année. Les mots d'un gamin prétentieux qui n'avait aucune idée de la portée de ses paroles. Alors la voir se tordre littéralement de douleur sur son parquet n'aurait rien dû lui faire. Il aurait même été censé être heureux de la voir enfin souffrir comme il était persuadé qu'elle le méritait.
Mais finalement, ce fut l'effet inverse qui se produisit. Du haut de ses dix sept ans à peine, il voyait cette fille qu'il connaissait depuis des années en train d'être torturée par sa propre tante, hurlant à s'en déchirer les poumons, retenant ses larmes pour ne pas donner à Bellatrix la satisfaction de la voir pleurer. Elle l'avait regardé, lui, sans doute dans un fol espoir qu'il intervienne, malgré toute l'animosité qui existait entre eux, qu'il fasse quelque chose, n'importe quoi en réalité. Mais Drago était resté là, incapable de bouger, incapable de parler, et surtout incapable de détourner les yeux.
Il pensait qu'il la détestait, mais alors qu'Hermione Granger était ni plus ni moins en train de mourir sous ses yeux, il s'était rendu compte que personne, pas même une sang-de-bourbe qui avait été une de ses pires ennemies pendant six longues années, ne méritait autant de souffrance. Il avait réalisé, juste là, alors qu'il n'arrivait pas à détacher ses yeux de cette scène morbide, qu'il voulait que cela cesse. Qu'il ne voulait plus entendre ses cris, qu'il voulait que Bellatrix laisse Hermione Granger tranquille, et que tout s'arrête. Il avait déjà compris depuis plusieurs mois qu'il se trouvait du mauvais côté de la bataille, mais ce jour-là, il en avait pris pleinement conscience.
Une fois que tout fut terminé, la guerre, les procès, les mois d'angoisse, Drago savait qu'il avait été gratifié d'une seconde chance. Une chance de tout recommencer, de mener une vie loin des erreurs de son père. Il avait alors commencé une carrière dans un domaine qui l'intéressait vraiment, il avait fait l'effort de faire profil bas, de ne pas répondre aux remarques désobligeantes, d'ignorer les regards méfiants et les murmures à peine discrets qui s'élevaient sur son passage. Il avait profité de la vie du mieux qu'il le pouvait, oubliant son passé dans un travail acharné, et dans le sexe et l'alcool. Du moins jusqu'à ce qu'il se marie.
Il avait réussi à échapper à la prison, il avait réussi à avoir une offre de paix de Harry Potter lui-même, scellée dans une poignée de mains symbolique, à peine quelques jours après son arrivée au Ministère. D'un point de vue objectif et vu d'où il était parti, sa vie n'aurait pas pu mieux tourner. Il savait qu'il aurait dû s'en contenter, que le destin lui accordait déjà une chance inouïe : un travail respectable, une épouse charmante, une vie simple et tranquille.
Pourtant, à chaque fois qu'il croisait Hermione Granger dans les couloirs du Ministère, quelque chose qu'il n'arrivait pas à identifier lui retournait l'estomac. Pas comme dans sa jeunesse, quand il pensait qu'elle était si impure qu'elle aurait pu le salir, non. C'était une sensation étrange qu'il n'avait jamais vraiment ressentie dans sa vie et qu'il mit du temps à comprendre. Et ce sentiment n'était autre que de la culpabilité.
Lorsqu'il voyait Granger dans les couloirs, lorsqu'il la voyait manger avec ses deux acolytes de toujours, lorsqu'il la croisait dans l'ascenseur, lorsqu'elle faisait une apparition dans la Gazette du Sorcier, peu importe où, quand et comment, à chaque fois qu'il la voyait, il se souvenait des longues minutes qu'elle avait passées à supplier pour un peu de pitié.
Au début, il avait détesté cette sensation, il avait voulu la rejeter en bloc, comme on se débarrasse d'un insecte gênant. Il avait pensé que cela le rendait faible et plus vulnérable encore qu'il ne l'était déjà. Mais au bout d'un moment, il finit par comprendre que de ressentir de telles émotions n'était en aucun cas une faiblesse. Cela faisait de lui simplement un être humain et surtout, c'était cela qui le différenciait de son père.
Il accepta donc cette culpabilité mais il n'avait aucune idée de quoi en faire. Aller voir Granger pour lui demander pardon semblait presque déplacé. De l'eau avait coulé sous les ponts, et les excuses étaient loin d'être dans sa liste de points forts. Il s'était donc surpris à l'observer en silence, de plus en plus chaque jour, surtout pendant l'heure des repas étant donné que c'était le seul moment où il pouvait réellement la voir. Il regardait cette femme étonnement forte évoluer dans un monde où elle semblait rayonner. Il la voyait sourire aux bras de Weasley et éclater de rire aux blagues certainement idiotes de Potter. Il l'observait de loin, se demandant où était passée l'insupportable Miss-je-sais-tout de Poudlard, avant de se rendre compte que c'était toujours elle. En réalité, c'était lui qui avait changé.
Il avait vu de loin la fille qu'il avait tant détestée devenir une femme exceptionnelle qui forçait le respect. Il l'avait vue regarder Weasley avec une admiration et un amour qui l'avait laissé pantois. Il s'était surpris à se demander ce que cela ferait si c'était lui qu'elle regardait ainsi. Et puis il avait vu son sourire se faner peu à peu ; Weasley disparaître du Ministère du jour au lendemain, et Granger de plus en plus tendue, ce qui le rendait étrangement… agacé.
Alors ce jour-là, quand elle lui avait foncé dessus devant l'ascenseur, la tête baissée, la mine si déçue que cela avait réveillé en lui des instincts qu'il s'ignorait, il n'avait pas pu s'empêcher de lui demander si elle allait bien. Il avait bien vu qu'elle avait été choquée de cette question qui sortait de nulle part et il ne pouvait décemment pas lui en vouloir. Et en remarquant qu'elle déjeunait seule ce midi-là, Potter ayant disparu il ne savait où, il se dit qu'une opportunité comme celle-ci ne se représenterait sans doute jamais.
Et depuis ce jour, depuis qu'il s'était décidé à la faire entrer dans sa vie et surtout, qu'elle l'avait laissé faire, il avait l'impression que tout un champ de possibilités s'ouvrait à lui. Il avait l'impression qu'il pourrait supporter les messes basses sur son passage si Hermione était à ses côtés ; qu'il saurait affronter la disgrâce d'un divorce si c'était pour faire sa vie avec elle ; qu'il trouverait le courage de dire la vérité à sa mère si elle voyait à quel point elle le rendait heureux.
Jamais ce bonheur auquel il était persuadé ne pas avoir droit n'avait semblé si proche. C'était presque trop beau, et alors qu'il commençait presque à toucher du bout des doigts cette vie dont il rêvait, l'état de santé de sa mère avait commencé à sérieusement se dégrader. Il n'était pratiquement pas surpris, finalement. Était-ce une punition pour son comportement par le passé ou un simple coup du sort, mais Drago semblait ne pas pouvoir prétendre au bonheur que tout un chacun paraissait trouver au bout d'un moment.
Perdu dans ses pensées, il se décida finalement à monter dans la chambre de ses parents pour récupérer les affaires que sa mère lui avait demandées. Il n'avait pas particulièrement envie de rentrer dans cette pièce où l'empreinte de ses géniteurs était plus vivace que nulle part ailleurs, et dont elle brillait présentement par leur absence.
S'armant de courage pour l'énième fois ces derniers jours, il ouvrit la porte de la chambre et réprima un sursaut en découvrant qu'Astoria était assise sur le lit, en train de regarder un album photo, un sourire nostalgique aux lèvres. En entendant Drago arriver, elle leva le regard et se contenta de lui faire un petit signe de tête avant de replonger dans sa contemplation.
- Qu'est-ce que tu fais là ? s'étonna le jeune homme.
- J'en avais assez de rester seule à la maison, répondit Astoria sans le regarder. Ça ne te dérange pas ?
Drago secoua négativement la tête. Il savait qu'Astoria appréciait le Manoir, certainement plus que lui, d'ailleurs. Il vint s'asseoir à côté d'elle sur le lit, jetant un œil aux clichés qu'elle était en train de regarder. L'album était ouvert sur une double page montrant une seule photographie : elle datait du jour où on l'avait présenté à Astoria. Les deux enfants qu'ils étaient se tenaient côte à côte. Drago portait un sourire de circonstances, comme on le lui avait appris, tandis que celui d'Astoria était timide. Elle jetait des petits coups d'œil fréquents à son futur fiancé en rougissant. Les parents d'Astoria avaient l'air positivement ravis, et Narcissa semblait partager cette liesse. Elle avait les mains sur les épaules de son fils et souriait fièrement à l'objectif. Lucius, fidèle à lui-même et aux Malefoy, arborait un visage totalement impassible.
Drago se souvenait bien de ce jour et de la façon dont son père lui avait pratiquement fait apprendre un texte par cœur à réciter devant la jeune Astoria. Impressionne-la, lui avait-il dit, montre-lui nos richesses, fais lui part de tes prouesses sur un balai, tout ce que tu veux. Sois digne de notre nom ! Non, ce souvenir ne lui inspirait qu'aigreur et amertume. Alors pourquoi Astoria souriait-elle si tendrement en regardant la photographie ? Les mots que sa mère lui avait dit la veille lui revinrent subitement à l'esprit. "je pense que tu sous-estimes l'affection qu'Astoria a pour toi."
- Mère m'a demandé de lui rapporter quelques petites choses, informa Drago pour se changer les idées. Justement ça, ajouta-t-il en désignant l'album d'un signe de tête.
- Je la comprends… ça fait du bien parfois, de se replonger dans nos souvenirs.
Drago n'essaya pas de comprendre ce que son épouse voulait dire par là. Il ne pouvait pas se permettre de perdre du temps : chaque minute qu'il passait ici était une minute qu'il passait loin d'elle. Et vu son état, c'était tout simplement hors de question.
Astoria tourna la page et son sourire s'agrandit en voyant le nouveau cliché. Il s'agissait d'une photo prise juste avant le départ des Malefoy pour la gare de King's Cross, pour la première année de Drago. Narcissa semblait si fière, embrassant tendrement les cheveux strictement coiffés en arrière de son fils.
Perdu dans la contemplation du cliché, Drago mit quelques secondes à entendre les sanglots étouffés de son épouse.
- Astoria…
- Je suis désolée, s'excusa-t-elle prestement en effaçant les traces de sa tristesse d'un revers de manche. C'est juste que…
Elle fut cependant incapable de finir sa phrase tandis qu'un sanglot plus fort que les autres l'empêcha de parler. Drago se leva brusquement du lit, refusant de la regarder pleurer.
- Ne pleure pas comme si elle était déjà morte ! lui reprocha-t-il sèchement.
Astoria se calma presque immédiatement et le regarda de ses yeux rougis, l'air de s'excuser à nouveau. Elle semblait désemparée elle aussi, et Drago se sentit coupable d'avoir haussé le ton. Mais voir Astoria pleurer, c'était admettre que la situation était désespérée.
- Je suis désolée, répéta-t-elle.
Drago soupira, la culpabilité s'emparant davantage de lui. Il savait que sa mère comptait énormément pour Astoria et c'était injuste de sa part de ne pas la laisser évacuer sa peine comme elle en avait besoin ; seulement, il n'avait aucune envie d'y assister. Il était sur le point de quitter la pièce sans même avoir pris les affaires de sa mère avec lui lorsqu'Astoria l'interrompit.
- Tu sais, quand ma mère est morte, j'ai cru que je n'arriverais pas à m'en remettre.
Drago se figea, ne s'attendant pas du tout à cela. Astoria ne mentionnait jamais sa mère. La pauvre femme était décédée peu après leur mariage, foudroyée par une maladie sorcière contre laquelle les médicomages n'avaient rien pu faire.
- Narcissa a été là, à chaque moment, me soutenant quand mon père n'était pas capable de le faire. Et aujourd'hui… j'ai l'impression de ne pas savoir lui rendre la pareille.
- Ne dis pas ça. Tu en fais déjà beaucoup.
Drago gardait une voix mesurée, ne voulant pas se laisser aller. Pas maintenant. Pas devant elle.
Astoria tira enfin son regard de l'album pour fixer son mari, les sourcils froncés.
- Pourquoi tu fais ça, Drago ?
- De quoi tu parles ?
- Tu t'enfermes dans ton coin, tu ne laisses rien transparaître. Tu fais celui qui n'est pas atteint.
Le jeune homme détourna le regard mais Astoria ne l'entendait pas de cette oreille. Elle posa l'album sur le lit et se leva pour lui faire face.
- Je suis prête à parier que tu as utilisé l'Occlumancie pour échapper à tout ça, pas vrai ?
- Qu'est-ce que ça peut faire ? cracha Drago, sur ses gardes.
- Tu n'as pas besoin de faire ça ! Tu as le droit de souffrir, tu as le droit de ressentir de la peine, tu n'as pas besoin de t'enfermer dans ce personnage froid et sans émotion que tu essayes de faire croire à tout le monde que tu es !
Les lèvres de Drago se serrèrent en une ligne fine, s'empêchant de riposter de façon désagréable. Il savait qu'elle avait raison, mais cacher ses émotions était ce qu'il savait faire de mieux, surtout lorsqu'il ne savait lui-même pas comment réagir, comme maintenant.
- Drago…
- Que veux-tu que je te dise ?
- Laisse-toi aller, plaida-t-elle en se rapprochant davantage de lui. Tu n'as pas besoin de jouer ce rôle avec moi.
Tout doucement, comme si elle avait peur de l'effrayer, elle prit ses mains dans les siennes.
- Je sais que… que nous avons nos… différends, hésita-t-elle. Et que cette vie qu'on mène tous les deux n'est pas celle que tu… que nous voulions.
Astoria s'était rattrapée au dernier moment. Lui faire croire qu'elle non plus n'avait pas désiré ce mariage, c'était lui faire croire qu'ils étaient tous les deux du même côté. Elle savait qu'il fuirait dans la seconde s'il comprenait qu'elle l'avait aimé depuis le premier jour.
- Mais je ne suis pas ton ennemie, Drago. Je ne l'ai jamais été, et encore moins maintenant.
Elle exerça une légère pression sur ses doigts et Drago releva la tête pour se faire happer dans son regard qui semblait vouloir lui transmettre des émotions qu'il ne comprenait pas vraiment. "je pense que tu sous-estimes l'affection qu'Astoria a pour toi. La manière dont elle te regarde…" Il déglutit et sentit les battements de son cœur s'accélérer sous une pression nouvelle. Se pouvait-il que sa mère ait raison ? Il ne pouvait pas y croire. Au fil du temps, Astoria et lui s'étaient éloignés d'une façon telle qu'ils n'étaient pratiquement plus que des étrangers l'un pour l'autre. Les efforts qu'il avait fournis au début de leur mariage furent bien vite réduits à néant une fois qu'il se fût rendu compte qu'il ne pourrait jamais l'apprécier comme il était censé le faire, s'enfermant dans le cocon de son appartement, loin d'elle et de l'immense maison qu'ils étaient supposés habiter ensemble. Et depuis qu'Hermione était entrée dans sa vie, Astoria n'était devenue pour lui que l'obstacle principal à son bonheur. Il avait fini par oublier qu'elle non plus n'avait jamais rien demandé à tout cela, qu'elle n'y était pour rien et que, pendant que lui apercevait au loin une issue heureuse pour Hermione et lui, elle restait, selon ce qu'il savait, indéniablement seule dans leur grande demeure qu'il délaissait de plus en plus.
- Je ne… je le sais bien, Astoria, mais je… je ne sais pas quoi faire.
- Arrête de réfléchir, conseilla-t-elle en entrelaçant ses doigts aux siens. Ta mère est en train de… ta mère est malade. Tu n'as pas à réfléchir autant. Laisse-toi aller.
Elle parut hésiter un instant avant rompre le contact de leurs mains. Après avoir cherché dans son regard une forme d'approbation, elle noua ses bras autour de lui et posa la tête sur son épaule, dans une étreinte douce qu'il ne lui connaissait pas. Il sentait contre lui les battements erratiques du cœur de son épouse et se demanda brièvement pourquoi il battait si vite. Comme si tu ne le savais pas, nargua une petite voix dans sa tête.
- Laisse-moi t'aider, chuchota-t-elle d'une voix presque timide.
Drago soupira, complètement perdu. Il avait envie de lâcher prise, d'ôter ce masque qu'il portait en permanence pour cacher son vrai visage. Et même si ce n'était pas des bras d'Astoria dont il avait besoin, même si c'était une autre étreinte que son corps et son cœur exigeaient, il réalisa qu'il ne pouvait pas passer sa vie à repousser toutes les personnes qui lui proposaient son aide. Astoria, plus que n'importe qui d'autre, pouvait compatir à sa détresse.
Elle l'enlaça plus fermement et, baissant les armes, Drago lui rendit son étreinte.
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En retournant à l'hôpital, Drago eut la surprise de découvrir que sa mère était en pleine conversation avec Blaise et Théo. Ses deux meilleurs amis étaient chacun d'un côté du lit et discutaient avec entrain. Drago se figea un instant, surpris de la scène qui se jouait devant ses yeux. Il n'avait pas mis Blaise et Théo au courant de l'état de santé déplorable de Narcissa. Que faisaient-ils ici ?
En le voyant arriver, les deux garçons se tournèrent vers lui. Blaise était souriant, continuant de parler à Narcissa, et pendant que celle-ci ne regardait pas, Théo lui fit les gros yeux, l'air de le réprimander.
- Ça m'a fait plaisir de vous voir, les garçons, vraiment ! se ravit Narcissa en leur prenant les mains. Drago, tu es déjà revenu !
- En effet. J'arrive dans une minute.
Il fit un signe de tête à ses deux amis avant de se retourner pour ressortir de la chambre. Il les entendit dire au revoir à Narcissa puis ils le rejoignirent dans le couloir.
- Qu'est-ce que vous faites là ? demanda Drago sans attendre.
- Astoria nous a prévenu, informa Blaise.
- C'est pas vrai…
Tendu, Drago en voulut immédiatement à son épouse. Pour qui se prenait-elle ? Elle n'avait qu'à prévenir toute la société sorcière de Londres, tant qu'elle y était !
- Ne lui en veux pas, continua Théo. Elle nous a prévenus ce matin. Elle s'est dit que tu ne devais pas traverser ça tout seul, et elle a clairement raison, vue ta réaction. Pourquoi tu ne nous as rien dit ?
- Je n'en sais rien ! Je n'avais pas envie de ça, de cette scène où vous viendriez ici pour la voir, comme si c'était la dernière fois. Ça rend les choses beaucoup trop réelles. Et puis, vous me connaissez, je gère mieux les choses tout seul.
- Oui, bien sûr, railla Blaise. On a tous vu ce que ça a donné en sixième année quand tu gérais les choses tout seul.
Drago serra les poings, s'empêchant de rétorquer une réplique cinglante. Il savait pertinemment que Blaise avait raison, mais en bon Malefoy qu'il était, il détestait se retrouver face à ses erreurs.
- Et puis elle était contente de nous voir, ajouta Théo pour détendre l'atmosphère. Tu sais très bien qu'elle aurait préféré nous avoir comme fils plutôt que toi.
Sa remarque eut le mérite de dérider légèrement Drago.
- Comment était-elle ? s'enquit-il alors que la pression redescendait.
Théo perdit légèrement son sourire.
- Quand on est arrivés, c'était… bizarre.
- Bizarre ? répéta Drago.
- Oui, elle… elle…
Cherchait-il ses mots parce qu'il n'arrivait pas à s'exprimer ou parce qu'il ne voulait pas brusquer son ami, Drago n'aurait su le dire.
- Elle se comportait comme si on était gosses, termina Blaise à la place du brun. J'avais l'impression de me retrouver à onze ans, la première fois qu'on est venus passer des vacances chez toi, au Manoir. Et puis, au bout d'un moment, je crois qu'elle s'est assoupie une minute et quand elle a rouvert les yeux, elle était redevenue normale.
Démuni, Drago s'adossa contre le mur le plus proche avant de se laisser glisser le long de celui-ci, se retrouvant assis par terre. Il mit sa tête sur ses genoux, cachant ainsi son visage à ses amis.
- Ça lui est déjà arrivé, révéla-t-il, la voix étouffée par sa position. Le médicomage dit que son esprit s'enferme dans le passé, dans une époque plus heureuse pour elle.
Il sentit deux mains, une sur chaque épaule, et constata en relevant la tête que Blaise et Théo s'étaient accroupis à côté de lui. Ainsi entouré des deux personnes en qui il avait le plus confiance au monde, il leur raconta ce qu'il était en train de vivre depuis plusieurs jours, entre la dégradation de la santé de Narcissa jusqu'à la soudaine affection de son épouse, en passant par sa visite à Azkaban. Pour son plus grand soulagement, Blaise et Théo demeurèrent silencieux quelques instants une fois que Drago eut terminé. C'était une des qualités qu'il appréciait le plus chez eux : ils ne se perdaient pas dans des paroles réconfortantes inutiles, se contentant de rester près de lui et de lui apporter silencieusement leur soutien.
Au bout d'un moment, Blaise brisa néanmoins le silence.
- Tu n'as pas de nouvelles d'Hermione concernant l'audience ?
- Non, pas encore. Elle m'a dit qu'elle devait voir le Ministre hier, je suppose que si elle ne m'a pas contactée, elle n'a pas pu le rencontrer.
- Et est-ce que tu as… parlé d'elle ? demanda prudemment Théo. Je veux dire, à Cissy.
Drago tiqua devant le surnom de sa mère. Il avait oublié que ses deux amis de toujours l'appelaient également ainsi, mais dans son esprit, ce surnom était réservé à son père et sa défunte tante, deux personnes qu'il voulait à tout prix éradiquer de son esprit.
- Pas vraiment, avoua-t-il. Elle a deviné, je ne sais pas trop comment, que j'avais rencontré quelqu'un d'autre. Je n'ai pas nié, mais je lui ai dit que je lui en parlerai quand elle se rétablira. J'espérais bêtement que ça lui donne quelque chose à quoi se raccrocher, pour ne pas totalement sombrer.
- Il n'y a rien de bête là-dedans. Tu as le droit d'espérer, heureusement d'ailleurs.
- Elle m'a promis qu'elle se battrait, mais… une partie de moi ne la croit pas le moins du monde. Je ne sais pas quoi faire.
Le silence qui suivit fut pesant. Tout comme Drago, Théo et Blaise étaient bien conscients qu'il n'y avait pas grand chose à faire, à part attendre.
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Drago passa le reste de la journée en compagnie de sa mère, dans sa chambre. Il lui avait proposé de l'accompagner se promener dans les jardins de l'hôpital mais elle avait refusé. Elle dormit une bonne partie de l'après-midi durant laquelle Drago ressassa sans cesse les pires scénarios qui puissent exister, se torturant mentalement tout seul, mais incapable de s'arrêter.
Peu avant l'heure du dîner, il reçut un hibou d'Hermione qui s'excusait de l'avoir fait attendre. Elle n'avait pu voir le Ministre qu'aujourd'hui, et il avait accepté de faire passer l'audience de Drago en urgence. Elle aurait donc lieu deux jours plus tard, ce qui réconforta quelque peu le jeune homme. Hermione lui envoyait tout son courage, lui rappelant qu'elle était là pour lui s'il en avait besoin. Il avait bien besoin d'elle, en effet. Il aurait aimé se blottir dans ses bras et se perdre dans le réconfort de son étreinte, mais Hermione ne pouvait pas venir ici, en présence de Narcissa, et Drago refusait de laisser sa mère seule sans une raison valable. Il lui répondit donc en la remerciant et en la rassurant sur le fait qu'il ne la laisserait pas de côté, et qu'il la verrait dès que l'état de Narcissa s'améliorerait.
Ou dès qu'il s'empirera pour de bon. La partie sadique de son cerveau semblait se délecter de lui rappeler que le décès de sa mère était peut-être plus proche que ce qu'il voulait accepter. Drago rejeta cette pensée de toutes ses forces, refusant de croire que Narcissa puisse tout simplement arrêter de se battre pour sa vie. C'était une femme forte qui avait vécu des choses terribles, elle ne pouvait tout simplement pas baisser les bras maintenant, alors qu'elle était encore si jeune.
C'est justement parce qu'elle a vécu des choses horribles qu'elle baisse les bras, idiot. Drago aurait aimé faire définitivement taire cette voix des plus déplaisantes qui ne cessait de lui murmurer de funestes choses dans son esprit. Il voulait croire dur comme fer que sa mère allait s'en sortir, qu'elle pourrait retourner vivre au Manoir. Il s'imaginait déjà lui présenter officiellement Hermione, lui dire que c'était elle, la femme de sa vie. Dans son imaginaire qu'il s'autorisa à être parfait un court instant, Narcissa accueillerait la nouvelle avec une incommensurable joie, ne se préoccupant guère des statuts de sang et ne voyant que le bonheur de son fils. Il se représenta sa mère, jouant avec un petit garçon qui lui ressemblerait comme deux gouttes d'eau. Ces rêves lui faisaient autant de mal que de bien, et quand il reporta son attention sur sa mère à moitié endormie, la peau si pâle qu'elle en devenait presque translucide, une boule désormais familière se forma à nouveau dans sa gorge.
Narcissa se réveilla finalement pour l'heure du dîner mais encore une fois, elle refusa de manger.
- Mère, je vous en prie, plaida Drago, il faut que vous vous nourrissiez. Ça fait des jours que vous ne mangez pas, votre corps ne peut pas tenir le coup si vous ne l'alimentez pas.
- Je n'ai pas faim, Drago.
- Voulez-vous que je demande à Minty de vous préparer quelque chose ? Je vous accorde que cette nourriture est infecte, dit-il en reniflant le plat peu appétissant qui reposait sur ses genoux.
- Non, ça ira. Laisse cette pauvre créature se reposer un peu.
- Mère, s'il vous plaît, insista tout de même Drago en se levant pour se pencher vers elle. Mangez un peu. Juste un peu. Pour me faire plaisir ?
Il lui caressait tendrement les cheveux sur le sommet de son crâne et fut surpris de la finesse de ces derniers. Chaque mèche semblait sur le point de se briser si ses mouvements se trouvaient être trop brusques. Les cernes qui ornaient son visage paraissaient de plus en plus sombres au fil des jours, et ses traits s'étaient davantage creusés, en à peine soixante-douze heures. Le cœur de Drago se serra douloureusement devant cette triste constatation : non seulement l'état de sa mère ne s'améliorait pas, mais il se dégradait à vue d'œil.
Narcissa regardait son fils de ses yeux fatigués. Les prunelles autrefois d'un bleu brillant et pétillant étaient devenues ternes, transpirant de lassitude. Ainsi allongée dans son lit, elle semblait avoir trente ans de plus que son âge. Elle prit la main de Drago et la serra dans les siennes. Le sorcier constata avec effroi à quel point ses doigts étaient glacés.
- Je mangerai demain, c'est promis.
Drago ne répondit pas, sachant que c'était un combat perdu d'avance. Même alitée dans une chambre d'hôpital, Narcissa Malefoy restait une femme têtue. Elle ne quittait pas Drago des yeux et serra davantage sa main.
- As-tu la moindre idée d'à quel point je suis fière de toi ? murmura-t-elle.
C'était une question qui n'attendait pas de réponse, et de toute façon, Drago aurait été incapable d'en fournir. Le savait-il, en effet ? Pour lui, il n'y avait pas grande raison d'être fier de lui. Certes, il était devenu quelqu'un de respectable aujourd'hui, mais toutes ses bonnes actions présentes et futures ne seraient jamais suffisantes pour effacer son passé tumultueux.
- Tu es devenu tout ce que j'ai toujours voulu pour toi, continua Narcissa. Tu rends à notre nom toute la gloire qu'il avait perdu ces dernières décennies.
Elle ferma les yeux un instant en prenant une inspiration qui lui parut douloureuse.
- Drago, je veux que tu saches qu'il n'y a rien que tu puisses faire maintenant qui me décevrait.
Drago fronça les sourcils, ne comprenant pas très bien où sa mère voulait en venir.
- Je suis désolée… tellement désolée que ton mariage n'ait pas fonctionné… Astoria est une femme formidable, et je l'aime comme ma propre fille… mais je veux que tu saches que si ton bonheur est ailleurs, alors tu dois aller le quérir… peu importe qui, peu importe son sang, peu importe tout ce que tu crois qui pourrait me blesser… je veux que tu sois heureux, mon petit prince.
Drago eut un sourire triste en entendant le surnom que sa mère lui donnait quand il était petit et qu'elle n'avait pas utilisé depuis des années. Sa gorge sembla rétrécir davantage en entendant ses mots. Narcissa venait, implicitement, de lui donner son consentement de vivre la vie qu'il avait choisie. La joie qu'il aurait dû ressentir était néanmoins balayée par l'impression qu'il avait que sa mère était en train de lui donner sa bénédiction sur son lit de mort. Il ne pouvait s'y résoudre.
- Mère, dit-il d'une voix étranglée. Nous parlerons de tout ça plus tard, quand vous irez mieux, d'accord ? Nous avons tout le temps d'en discuter, n'est-ce pas ?
Narcissa hocha la tête avec un sourire qu'elle espérait sûrement rassurant, mais qui eut l'effet inverse sur son fils. Ce dernier déposa un long baiser sur son front en lui serrant les mains.
- Reposez-vous, chuchota-t-il contre sa peau froide.
Quand il se redressa, Narcissa le regarda avec toute la tendresse du monde, et dans son regard, Drago lut ces trois petits mots qu'elle n'avait jamais prononcés, mais qu'elle avait su montrer de tant de manières différentes que les dire était devenu inutile. Elle finit par s'endormir, la respiration calme et régulière, et Drago fut rassuré, un peu, d'avoir gagné une journée supplémentaire.
Il tourna en rond pendant ce qui lui sembla être des heures. Il avait envie d'aller voir Hermione et il savait qu'elle l'accueillerait avec plaisir, mais il se refusait de quitter cette chambre. Si sa mère se réveillait en plein milieu de la nuit, si jamais elle avait besoin de lui, il fallait qu'il soit présent dès qu'elle ouvrirait les yeux.
Drago savait que le sommeil ne le gagnerait probablement pas. Il hésita à prendre une des fioles de potion de sommeil que les médicomages donnaient à sa mère, mais il se ravisa, se disant qu'il devait être en pleine possession de ses moyens si jamais Narcissa avait besoin de lui. Il laissa donc son esprit le torturer pendant plusieurs heures sans pouvoir rien y faire. Il essaya de penser à des choses positives, la plupart des souvenirs qu'il invoquait étant tous reliés à Hermione, mais à chaque fois, la pensée de sa mère revenait le hanter.
Il finit par tomber de sommeil à une heure avancée de la nuit, et lorsqu'il ouvrit les yeux, il avait l'impression de n'avoir dormi que quelques minutes. Le soleil était à peine levé mais il se décida tout de même à quitter son lit peu confortable. Rester allongé là sans rien faire lui était insupportable.
Il traversa la chambre en essayant de faire le moins de bruit possible afin de ne pas réveiller sa mère. Il avait l'intention de se rendre à la cafétéria de l'hôpital afin de prendre un petit déjeuner sommaire avant qu'elle ne se réveille, mais il s'arrêta à mi-chemin en étant frappé par le silence qui régnait dans la pièce. Un silence beaucoup trop présent, beaucoup trop angoissant.
Lentement, il se tourna vers le lit où dormait Narcissa et son sang se glaça tandis qu'il s'aperçut qu'elle ne respirait pas.
Aussitôt, il se précipita vers elle. Elle avait toujours les yeux fermés, et sans y regarder de trop près, elle avait toujours l'air de dormir. Mais son buste ne subissait pas le mouvement régulier de sa respiration et son corps était anormalement immobile. Drago sentait ses mains devenir moites et son cœur parut vouloir sortir de sa poitrine, tant et si bien qu'il crut un instant qu'il allait vomir. Il posa une main sur son cou, cherchant désespérément un pouls, sans en trouver. La panique s'empara de lui à une vitesse vertigineuse.
- Non, non, non… répétait-il en boucle sans même s'en rendre compte.
Il prit le visage de sa mère entre ses mains, tentant de la relever légèrement, mais elle n'eut aucune réaction.
- Mère ! Mère, réveillez-vous, je vous en prie !
Le silence qui lui répondit fut tout ce qu'il y avait de plus glaçant.
- Mère ! supplia-t-il en la secouant fermement, espérant ainsi la réveiller.
Mais rien n'y faisait, Narcissa demeurait inéluctablement immobile. Drago sentait des larmes lui obstruer la vue, mais il n'en fit pas cas.
- Maman, maman, je t'en supplie, réveille-toi…
Et malgré toutes ses prières, malgré tous ses efforts, les yeux de Narcissa Malefoy restèrent éternellement clos.
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Hello tout le monde !
Bon... pas la fin la plus joyeuse, je vous l'accorde ! Vous étiez nombreux à penser que Narcissa s'en sortirait, malheureusement j'avais prévu les choses ainsi depuis le début. Je ne suis pas très sympa avec ce pauvre Drago, c'est certain.
Malgré cette fin, j'espère que vous avez apprécié ce chapitre ! J'ai beaucoup aimé l'écrire, notamment revenir un peu sur le passé de Drago et la façon dont il s'est réellement intéressé à Hermione.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, comme d'habitude, tous vos commentaires me font vraiment chaud au cœur !
On se rapproche tout doucement de la fin de l'histoire. Selon mes pronostics un peu bancales, il doit rester 5 ou 6 chapitres, tout va dépendre de mon inspiration !
En ce qui concerne le chapitre suivant, je pense le poster d'ici deux semaines (j'essaye de garder ce rythme, en espérant qu'il vous convienne !)
Merci encore à vous tous !
Prenez soin de vous !
