Disclaimer : l'univers Marvel ne m'appartient pas
Quelques semaines après qu'Amélia ait perdu Lia, Bucky l'avait vue ressortir des papiers qu'il n'avait pas pensé la voir regarder avant un long moment. Un soir, l'air de rien, elle s'était mise au lit, le dos appuyé contre la tête de lit, un dossier sur les genoux. Il avait tourné la tête vers elle et avait étudié son expression tandis qu'elle jaugeait le dossier fermé. Après avoir pris une profonde inspiration, elle l'ouvrit et elle se mit à lire. Bucky la regarda faire, sans rien dire. Il la regarda relire les informations encore et encore avant de refermer le dossier et de le poser sur la table de nuit. Ils restèrent sans parler un long moment, elle perdue dans ses pensées, lui inquiet de sa réaction. Mais quand elle tourna la tête vers lui, elle avait l'air parfaitement calme.
- Tout va bien ? S'enquit-il.
- Oui. Ça va.
- Tu veux savoir quelque chose sur elle ?
Il se souvenait de sa réaction lorsqu'il lui avait avoué qu'il avait retrouvé sa mère. Elle lui avait fait comprendre qu'elle ne voulait plus en entendre parler et qu'elle ne voulait plus aborder le sujet. Alors il était étonné de la voir s'intéresser, si soudainement à sa mère.
- Je crois que je veux savoir. Murmura-t-elle. Je crois que je veux la rencontrer.
- Maintenant ?
- Ce qu'il s'est passé avec Lia... Je crois que ça a ravivé certains souvenirs.
- Tu es sûre que c'est ce que tu veux ?
- Non. Mais je me suis mise à y penser de plus en plus alors c'est peut-être le moment.
- D'accord.
- Tu viendras avec moi ?
- Évidemment. Il faudra juste un peu de temps pour tout mettre en place.
En une semaine, l'affaire fut bouclée. T'Challa, en plus de mettre un jet à leur disposition, les accompagna, prétextant un rendez-vous sur le continent. Les au revoir avec Lia furent déchirants pour Amélia, elle avait gardé sa fille serrée contre elle jusqu'au dernier moment, lui murmurant qu'ils allaient bientôt rentrer, lui promettant d'appeler, lui assurant qu'elle allait s'amuser comme une folle avec Wanda et tous ses tontons, lui répétant qu'elle l'aimait. Et quand ils avaient embarqués, Bucky avait vu les larmes dans ses yeux. Et l'idée d'être séparée de sa fille pour la première fois, fit oublier à Amélia sa peur de l'avion.
Bucky avait été le premier à se rendre à l'adresse où vivait sa mère. Il avait passé une partie de la journée à observer les allées et venues, il avait été attentif aux éventuels agents fédéraux qui auraient pu traîner par-là, parce qu'il fallait être honnête, s'il avait réussi à retrouver la mère d'Amélia sans trop de mal, d'autres pouvaient le faire aussi. Et étant donné leurs statuts de fugitifs, il n'était pas impossible que ce domicile soit surveillé.
Le lendemain matin, ils décidèrent de sauter le pas. Au fur et à mesure qu'ils approchaient, il avait vu le visage de sa femme pâlir de plus en plus. Quand il s'était garé sur le trottoir d'en face, il avait vu ses mains trembler et il s'en était emparé.
- Tu peux encore changer d'avis. Assura-t-il.
- On n'a pas fait tout ce chemin pour rien. J'ai juste besoin d'une minute.
- Prends tout ton temps.
Plus le temps passait, moins elle semblait décidée. Au bout d'un moment, elle souffla bruyamment et secoua la tête.
- J'y vais. Annonça-t-elle.
- Tu es sûre que ne veux pas que je vienne ?
- Ça va aller. Assura-t-elle. Laisse le moteur tourner.
Elle se pencha par-dessus la console et déposa un baiser sur ses lèvres avant de sortir du véhicule. Elle lui lança un coup d'œil par-dessus son épaule juste avant de sonner et après qu'il lui ait adressé un hochement de tête, elle pressa son doigt contre la sonnette.
Elle n'attendit qu'une petite minute. Son cœur qui battait déjà la chamade dans sa poitrine, s'accéléra encore un peu quand elle entendit le verrou de la porte. Elle crut qu'elle allait le voir s'extirper hors de sa poitrine pour aller s'écraser sur le sol lorsqu'elle vit la porte s'ouvrir mais il n'en fut rien. Sa gorge se serra et elle fut incapable de prononcer le moindre mot lorsqu'elle vit la femme en face d'elle.
Bucky ne s'était pas trompé. C'était bien elle. Ça ne pouvait être qu'elle. Face à elle, Amélia vit son reflet. Elle se vit quelques années plus tard. Les deux femmes s'observèrent silencieusement. Face à elle, elle trouva une personne qui semblait savoir exactement qui elle était.
- Vous êtes Mélissa Hatley ? Interrogea-t-elle.
Elle n'eut pas besoin de réponse, bien sûr que c'était elle. Bien sûr que la femme qui se tenait en face d'elle était sa mère.
- C'est toi. Murmura-t-elle.
- C'est moi. Répondit Amélia.
Amélia s'était attendue à ce qu'elle lui claque la porte au nez mais il n'en fut rien. Elle ouvrit la porte un peu plus grand et s'effaça pour la laisser entrer. Après un dernier regard à Bucky, elle accepta finalement et pénétra dans la maison.
Elle accepta poliment le café qu'elle lui offrit, elle détailla méticuleusement chacun de ses gestes, elle observa chaque recoin du salon, lança un coup d'œil aux photos sur la cheminée, jaugea le chat couché dans le coin opposé du canapé, qui lui retournait un regard presque condescendant. Les deux femmes ne parlèrent pas pendant un long moment. Et ce ne fut pas Amélia qui brisa le silence, elle aurait été incapable de trouver les mots justes.
- Je me demandais quand tu viendrais. Lança Mélissa.
- Vraiment ?
- J'espérais qu'un jour tu le fasses. Avoua-t-elle. Une part de moi l'espérait depuis de longues années.
- Ce sont vos enfants ? Interrogea Amélia en désignant les photos.
- Et mes petits-enfants.
Elle reposa sa tasse intacte sur la table basse et posa les mains à plat sur ses genoux.
- Pourquoi ?
Elle vit les traits de la femme assise devant elle se crisper. Elle reposa également sa tasse, non sans en avoir bu une gorgée et pris une profonde inspiration.
- J'étais jeune. Ça ne m'excuse pas. S'empressa-t-elle d'ajouter.
- Non, certainement pas.
-Mais c'est la vérité. Je n'avais que seize ans quand tu es née, je n'avais personne. Nous avons réussi à vivre pendant un moment mais ce n'était pas une vie que je t'offrais. J'aspirais à quelque chose de mieux pour toi.
- Pourquoi pas l'adoption ?
- Et voir les services sociaux t'arracher à moi ?
- Les services sociaux m'ont pris. Ils se sont occupés de moi, comme ils ont pu j'imagine. La seule différence, c'est que vous n'avez pas dû assister à la scène.
- Ce que j'ai fait, ce que je t'ai fait, m'a hanté toute ma vie. Pas un jour ne s'est passé sans que j'y pense.
Mélissa fit mine de vouloir s'approcher d'elle mais Amélia eut un mouvement de recul. Elle détourna les yeux et se racla nerveusement la gorge.
- Après ça, j'ai tout fait pour me sortir de la situation dans laquelle j'étais. J'ai fait des études, j'ai obtenu mon diplôme, j'ai trouvé un travail. Reprit-elle. Et je suis revenue. Je savais qu'on t'avait retrouvé à Boston. Alors j'ai essayé de retrouver ta trace, j'ai parlé à la plupart de tes familles d'accueil.
- Vous avez essayé de me retrouver ?
Elle ne put retenir les larmes qui s'étaient déjà amoncelées sous ses paupières, elle les sentit rouler le long de ses joues et en un bref regard, elle se rendit compte qu'elle n'était pas la seule à pleurer.
- J'ai perdu ta trace. J'ai engagé un détective privé mais lui non plus n'a pas réussi à te retrouver. Et puis un jour, je t'ai vue à la télévision. C'était un appel à témoin. J'ai su que c'était toi.
- Vous allez appeler la police ?
- J'ai attendu vingt-huit ans pour te revoir. Tu penses vraiment que je vais appeler la police pour qu'on t'arrache à moi alors qu'on vient à peine de se retrouver?
Et elles avaient continué à discuter. Amélia avait parlé de son travail au SHIELD, elle avait dit qu'elle n'avait pas fait les choses dont on l'accusait, elle avait écouté Mélissa lui parler de sa vie à elle. Elle avait répondu aux questions qu'elle lui avait posées. Melissa avait vu du café, Amélia du thé, elles avaient mangés des biscuits et au fur et à mesure, qu'elles discutaient, elles avaient perdu la notion du temps.
- C'est une alliance ? S'enquit Mélissa en désignant sa main.
- Oui. Je suis mariée. Il s'appelle James. Il était soldat.
- Il sait que tu es ici ?
- Il m'a accompagnée, il m'attend dans la voiture. C'est lui qui vous a retrouvé. Il pensait qu'un jour je voudrais des réponses.
- Il me semble être avisé.
- Il l'est. Assura Amélia en hochant la tête.
Son téléphone portable sonna et l'écran s'alluma, attirant l'attention des deux femmes sur le portable. Mélissa tendit le cou lorsqu'elle vit une photo s'afficha et comme si ni l'une ni l'autre n'avait pas assez pleuré pour la journée, ses yeux se mirent à briller à nouveau.
- Est-ce que c'est...
- Oui. C'est notre fille. Elle s'appelle Adelia. Elle a seize mois.
- Je peux ?
En hochant la tête, Amélia lui tendit son téléphone portable pour lui montrer une photo de Lia.
- Elle est exactement comme toi à son âge. Murmura Mélissa en souriant.
- Mon mari n'arrête pas de répéter qu'elle tient tout de moi.
- Et il a raison.
- Nous allons avoir un deuxième enfant.
- Vraiment ? Sourit-elle.
- Un garçon.
La nouvelle sembla réellement l'enchanter. Elle hocha la tête, un sourire tendre sur les lèvres et lui rendit son téléphone, Amélia lu rapidement le message de Bucky, et en voyant l'heure déjà avancée, elle comprenait pourquoi il s'inquiétait. Elle repoussa une mèche de ses cheveux en relevant la tête.
- Je dois y aller. Annonça-t-elle.
- Tu pars ?
Amélia hocha lentement la tête et se leva, elle fut rapidement imitée par Mélissa. Elle avait l'air véritable embêtée qu'elle s'en aille, et pour tout avouer, Amélia l'était aussi un peu. Elle avait encore tellement de question.
- Peut-être que tu pourrais revenir ? Proposa Mélissa.
- Je ne suis pas exactement la bienvenue au pays.
- Bien sûr. Alors peut-être qu'on pourrait garder contact ? S'appeler de temps en temps ? Ou peut-être que je pourrais venir vous voir ?
- Vous le feriez ? Vous feriez des milliers de kilomètres ?
- Ça fait une éternité que je n'ai pas pris de vacances.
Amélia lança un coup d'œil à son portable et se mordit la lèvre, réfléchissant au moyen le plus sûr pour garder le contact avec elle et après de longues minutes de réflexion, elle hocha enfin la tête, elle tira de son sac un papier et un crayon et elle y écrivit son adresse email avant de le lui tendre. Quand Mélissa s'en saisit, leurs doigts se frôlèrent et elle en profita pour prendre la main de sa fille. Elle garda de longues minutes sa main dans la sienne avant d'enfin la relâcher en hochant la tête.
Lorsqu'elle ouvrit la porte pour quitter la maison, elle vit Bucky sortir de la voiture et s'adosser à la portière. Il croisa les bras sur son torse et observa les deux femmes se dire au revoir, tendant l'oreille pour essayer d'entendre des bribes de ce qu'elles se disaient.
- J'espère pouvoir le rencontrer la prochaine fois que nous nous verrons. Sourit Mélissa.
Amélia hocha doucement la tête et lui retourna un sourire timide avant de tourner la tête vers son mari.
- Merci d'être venue, Amélia.
- Merci de ne pas m'avoir claqué la porte ou nez et de ne pas avoir appelé la police.
- Je te l'ai dit, j'ai attendu très longtemps. Je t'écrirai.
La jeune femme hocha la tête et sorti de la maison, elle lança un dernier regard à Mélissa Hatley avant de quitter son trottoir pour rejoindre Bucky. Dès qu'elle fut à son hauteur, il déposa un baiser sur son front, posa la main sur son ventre et lui lança un long regard.
- Ça va ? S'enquit-il.
- Ça va. Assura Amélia en esquissant un sourire.
