le juste vivra par sa loyauté
Hello, me revoilà ! Merci à Panihi, jane9699, Moow, KorriganTanNoz, Liaux, Baccarat V, Zebulonrr, Belette et Crazi Neko-San. Très très heureuse de constater que le dernier chapitre vous ait fait autant réagir, héhéhé. Il était coriace à écrire mais quelle satisfaction pour le résultat final. Voici donc la suite qui a été réécrite ce week-end avec la vidéo "pov : you're a heartbroken mermaid" de Selena sur YouTube.
Chapitre 30 : La foi du poison
Jeudi 3 décembre
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Lily Evans avait en horreur de se sentir mal à l'aise. Elle avait horreur de trébucher sur ses mots. Elle arborait devoir se reprendre toutes les dix secondes pour ne pas effleurer son menton de ses doigts. Elle haïssait sentir une chaleur désagréable lui chauffer le visage.
Elle n'avait jamais été particulièrement sujette à ce genre de symptômes à cause des garçons du château. De manière générale, plus les années passaient, plus elle les trouvait idiots. Comment Lily pourrait-elle perdre ses mots alors que ces crétins avaient des passe-temps aussi stupides que de se chatouiller les narines avec une plume et s'étonner par la suite d'éternuer ? Comme pourrait-elle ne serait-ce songer être inintéressante en prenant la parole alors que ces crétins commençaient par la suite à faire une compétition de qui éternuait le plus fort ?
Lily avait toujours été fière de montrer qu'une fille d'ouvrier pouvait tout aussi bien réussir qu'une fille de médecin. Petite, elle courrait accueillir son père qui rentrait exténué et noir des mines de Doncaster pour lui annoncer avec excitation le nouveau mot qu'elle avait appris. Son père lui offrait toujours un baiser sur le crâne avant de grommeler avec affection qu'il n'allait plus oser revenir si elle devenait trop intelligente.
« Non, Papa ! Reeeeste, » chouinait Lily avant d'éclater de rire lorsque son père l'attrapait par le ventre pour la porter jusqu'à la cuisine où sa femme le rabrouerait d'avoir forcé sur son dos.
Lily adorait se cultiver, elle ingurgitait des livres aussi facilement que Potter ingurgitait du bacon au petit-déjeuner et elle adorait connaître et utiliser de nouveaux mots. Voilà pourquoi Lily remplissait religieusement les mots fléchés de la Gazette des Sorciers. Cela lui permettait également de rattraper son retard sur ses camarades qui ne se rendaient pas compte que non, une personne qui n'avait pas grandi entourée de sorciers ne penserait pas immédiatement à « succube » pour une femme à l'appétit vorace à sept lettres. Face à Saoirse et Lucy qui n'avaient jamais su – ni n'avaient voulu – faire preuve de délicatesse, Lily était soulagée d'avoir Mary à ses côtés pour s'exaspérer de la culture sorcière.
Lily avait confiance en elle. Elle refusait d'en avoir honte malgré ceux qui murmuraient derrière son dos qu'elle n'était qu'une arrogante salope (ou Sang de Bourbe). Elle avait toujours été fière de son éloquence.
Elle pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de personnes qui lui avait fait perdre ses moyens. Il y avait eu Amélia Bones en 3ème année dont la prestance avait subjugué Lily lorsque la magistrate était venue à Poudlard présenter son métier. Puis, il y avait eu Dorcas Meadowes, l'impressionnante préfète-en-chef qui, lors de sa 4e année, avait fait régné l'ordre à Poudlard. Elle avait scellé les lèvres de Potter et Black à plus d'une occasion et Lily n'avait jamais oublié son sourire doucement amusé lorsqu'elle avait ébouriffé les cheveux de Mary puis s'était tournée vers Lily sans paraître remarquer l'état rouge pivoine de Mary.
« Les gens téméraires comme toi il y en a besoin. La seule chose à ne pas oublier est que parfois certains que tu considérerais comme faibles sont bien loin d'avoir besoin de ton aide. Ne deviens jamais assez arrogante pour juger de la valeur des gens. »
Dorcas Meadowes était la raison pour laquelle Lily se démenait dans son rôle de préfète. Sans que la Gryffondor qui avait depuis bien longtemps quitté le château le sache, elle était devenue le modèle de Lily. Si Lily réussissait à obtenir le badge de préfète-en-chef, elle espérait pouvoir rendre fière Dorcas Meadowes où qu'elle soit aujourd'hui.
Mais à 16 ans, Lily était furieuse de constater qu'une nouvelle personne venait de s'ajouter à sa liste.
Benjy Fenwick.
Un stupide Serdaigle qui répondait au tac au tac à ses remarques. Un exaspérant duelliste hors pair dont les stupides cheveux châtains clairs avaient des reflets roux à la lumière du timide soleil d'hiver. Un énervant adolescent dont le sourire distrayait Lily lorsqu'elle essayait de travailler à la bibliothèque au lieu de le suivre du regard.
Oui, Lily était furieuse que Benjy réussisse à la faire trébucher sur ses mots sous les yeux hilares de Saoirse dans le Hall d'entrée. Et elle fut encore plus hors d'elle lorsque quelqu'un la poussa et que son nez s'enfonça dans le torse de Benjy. Une seconde plus tard, elle entendit Saoirse éclater de rire, jamais une pour se soucier de la dignité des autres, encore moins lorsque cela concernait ses amies qu'elle adorait charrier.
Lily se redressa en moins d'une seconde.
Elle se retint d'hurler « LA FERME, SAOIRSE ! » comme en début de semaine lorsque Saoirse avait cru bon de retirer sa langue du fond de la gorge de Liam Olsen pour couper Lily dans sa tirade enflammée contre ce crétin de Potter et lui demander si se disputer était sa forme de préliminaires sado-maso. Potter avait semblé étrangement gêné mais Lily ne s'était pas attardée sur ce fait exceptionnel, elle avait disparu en vitesse dans la chambre et Mary l'avait regardé d'un air éberlué frapper avec rage son oreiller.
Tout ça c'était de la faute de Potter. Si ce crétin ne faisait pas son possible pour rendre sa vie infernale, peut-être que Lily n'aurait pas été autant sur ses gardes pendant la journée alors que ce stupide Potter ne lui avait même pas adressé un seul stupide clin d'œil, occupé à chuchoter avec Black et Peter au sujet de Remus qui était souffrant.
Très dignement, Lily ignora le « Tu vas bien ? » de Benjy Fenwick et annonça qu'elle avait un élève à punir.
Elle ignora aussi Saoirse derrière elle qui dit entre deux éclats de rire à Benjy qu'il était sur la bonne voie. Sur la bonne voie pour quoi ? Lily ne voulait pas le savoir.
À la place, Lily se dirigea à grands pas vers une petite rousse de Poufsouffle qui reniflait et s'essuyait les yeux. À côté d'elle se trouvait un garçon à lunettes qui l'observait maladroitement en se triturant sa paire de lunettes. Visiblement, il ne savait pas quoi faire pour la réconforter. Finalement, un autre garçon s'avança pour offrir un mouchoir à la petite rousse.
Lily le reconnut en un instant. Edgar Barnes, le 1ère année de Serpentard à qui Lily donnait des cours de soutien. Et si Edgar était là, c'était bien sûr Nao Nguyễn en retrait, observant mais ne disant rien comme à son habitude.
En une seconde, Lily devina que quelque chose clochait mais elle fit face à un mur. Que ce soit les petits Serpentards ou les Poufsouffles, ils restèrent cloîtrés dans leur silence. Finalement, alors que Saoirse s'impatientait et haussait la voix pour obtenir des réponses, quelqu'un tapota l'épaule de Lily.
Elle reconnut facilement ces boucles blondes. C'était Calvin McKinnon. À côté du Serdaigle de 4e année se trouvait Rashti Banerjee qui jouait avec une de ses resplendissantes boucles d'oreilles noires et dorées. Les bijoux indiens fascinaient Lily. Tout était si joli dans leur culture.
« Je n'ai pas eu le temps de voir son visage mais la fille qui t'a bousculé est partie vers les sous-sol, lui révéla Calvin. J'ai l'impression que quelque chose n'allait pas. »
Peut-être que Lily recommanderait Calvin McKinnon à McGonagall pour le badge de préfet. Il semblait avoir la tête sur ses épaules contrairement à tous les idiots de Gryffondor.
Lily n'attendit pas d'avoir plus d'informations pour s'engouffrer dans le labyrinthe des couloirs des sous-sol, Saoirse à sa suite. Elles arpentèrent de long en large les cachots pendant un bon quart d'heure mais, hormis un couple en train de se galocher derrière des armures, elles ne trouvèrent rien de suspicieux.
« Peut-être que la nana est simplement partie se coucher, » fit remarquer Saoirse en faisant fuir une araignée après s'être amusée à éblouir celle-ci avec son lumos maxima.
Non. Plus, elle errait dans les cachots, plus Lily avait le sentiment que ce n'était pas une énième puérile querelle amoureuse qui avait déclenché le courroux d'une adolescente du château.
Lily avait toujours eu un bon instinct. Et son instinct ne la faillit pas cette fois non plus.
Lily s'arrêta mais Saoirse continua d'avancer, se plaignant de l'odeur d'humidité des cachots. Au bout de quelques secondes sans remarque agacée de Lily, Saoirse se retourna vers son amie, une blague sur le bout de la langue.
Lily la coupa en désignant les taches sombres à ses pieds.
« Oh. »
Lily dépassa Saoirse,sa baguette fermement serrée entre ses doigts.
Peut-être aurait-elle dû appeler un professeur au lieu de se laisser happer par sa colère, songea Lily au bout de deux couloirs sans rien à part quelques autres gouttes éparses de sang sur le sol et le grognement lointain du vent de décembre.
Saoirse avait pris sa main dans la sienne et Lily ne saurait dire si c'était elle ou Saoirse qui avait la main la plus moite.
Ce fut presque soulageant d'enfin voir quelqu'un au bout de la troisième intersection même si le choc l'emporta rapidement car la dernière personne que Lily aurait cru voir apparut sous ses yeux.
« Eva putain de Brown ? » s'exclama avec incrédulité Saoirse.
Lily lâcha la main de Saoirse et courut le reste du chemin. Haletante, elle s'arrêta à côté d'Eva Brown qui leva des yeux injectés de sang vers elle.
C'était la copine de Potter. La Poufsouffle que Lily avait automatiquement méprisé en voyant sa familiarité avec Potter. La Poufsouffle contre laquelle Lucy avait pesté pendant une bonne partie du mois de novembre, la cible de l'horrible jalousie de Lucy que Sirius Black avait de nouveau éveillée en elle.
Bien sûr, Lily préférait passer le moins de temps possible à penser aux auto-proclamés « Maraudeurs » mais elle avait des responsabilités en tant qu'amie. Alors, Lily avait ravalé son amertume et elle avait rassuré Lucy en lui faisant remarquer que la Poufsouffle de 7e année n'avait pas une seule fois été vue en compagnie de Black depuis l'anniversaire du garçon en question.
Le seul garçon qui paraissait intéresser la Poufsouffle semblait être Akash Banerjee, le bruyant 7e année qui ne ressemblait en rien à la calme Rashti Banerjee de Serdaigle. Or, Rashti semblait être la seule à savoir se faire discrète dans la fratrie des Banerjee.
En effet, le volume d'Akash de Poufsouffle était concurrencé de peu par le moulin à paroles qu'était Shuri Banerjee. Lily avait plus d'une fois repris la jeune Gryffondor lorsque celle-ci gloussait dans la bibliothèque avec son éternel acolyte, Juliette Tucker. Juliette Tucker qui s'était, par ailleurs, plus d'une fois attirée les foudres de Lucy lorsque la 2ème année passait son après-midi à suivre et épier les Maraudeurs.
Eva Brown leva des yeux rouges vers elle et Lily oublia que cette fille faisait partie de sa liste de personnes à éviter à cause de son association avec Potter.
Eva Brown leva des yeux hantés vers elle et ses longs cheveux bruns –
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« Stupide cheveux de sirène, » avait grommelé Lucy alors qu'Eva Brown et Charlotte les dépassaient dans le couloir.
Un sourire malicieux aux lèvres, Eva Brown avait la tête penchée vers Charlotte. Elle était l'une des rares filles de Poudlard à concurrencer les garçons par sa taille.
Eva Brown avait terminé sa phrase en glissant une longue mèche brune derrière son oreille et Charlotte l'avait poussé avec une grimace mécontente. Eva Brown avait éclaté de rire et les deux filles avaient disparu derrière Howard Stark et Akash Banerjee qui venaient d'apparaître d'une tapisserie en aboyant de rire.
« Je t'avais dit d'utiliser la potion de la marque Hermès pour ne pas avoir de fourches, » avait chantonné Saoirse et, alors que Lucy s'était retournée pour rétorquer que le rapport qualité-prix de cette marque était une vraie arnaque, Lily avait continué d'observer le groupe de Poufsouffles de 7e année plus loin dans le couloir.
Eva Brown s'était retournée pour donner une tape à la main d'Akash Banerjee qui lui avait vigoureusement ébouriffé les cheveux en arrivant derrière elle. Les deux s'étaient chamaillés avant que Howard Stark, le Poufsouffle que Lily avait vu plus d'une fois lové contre Meredith Ravencrest sur un canapé de la salle commune de Gryffondor sans se soucier du règlement, ne s'avance et dépose ses bras sur les épaules d'Eva Brown et de Charlotte pour se glisser entre les deux filles.
Alors qu'à côté d'elle Mary se retournait pour tenter de calmer Saoirse et Lucy dont la discussion s'envenimait, Lily n'avait pu s'empêcher de laisser son regard glisser vers le quatuor de Gryffondors qu'elle savait marcher quelques pas derrière.
Potter avait son regard fixé sur le groupe de Poufsouffles à l'avant du couloir. Il avait un air étrangement sérieux.
Étrangement irritée, Lily avait détourné son regard.
Si elle avait regardé quelques secondes de plus, peut-être qu'elle aurait vu que Potter n'était pas le seul membre de son groupe à observer une certaine brune. Mais si elle l'avait fait, Lily aurait assuré à Lucy avec bien moins de conviction que sa jalousie était injustifiée.
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– et ses longs cheveux bruns glissèrent pour révéler un morbide spectacle, un grotesque mélange de mauve et de rouge s'affrontant sur la longueur de son cou.
« Putain de merde, » jura Saoirse qui s'était arrêtée derrière elle.
Lily se força à baisser les yeux jusqu'à voir la jambe pliée d'Eva Brown puis celle à plat autour de laquelle un tissu était noué au niveau du genou.
Lily s'obligea à arracher ses yeux des jambes à vif de la Poufsouffle –
On dirait Papa après un accident à la mine.
– et son regard tomba sur Charlotte, allongée sur le dos et la joue posée contre son épaule.
Lily eut peur de voir l'état dans lequel sa camarade préfète était.
Mais, hormis des traces de griffures sur ses joues, Charlotte n'avait rien.
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« Pas besoin de te retenir pour moi, lui avait dit Charlotte lors de leur première ronde ensemble en septembre. Tu peux traiter de salope frigide notre très chère préfète-en-chef. C'est ce que je fais pour éviter de lui foutre mon poing dans son nez de bourge. »
Furibonde après que la préfète-en-chef lui ait dit qu'elle avait annulé la retenue que Lily avait donné à Robert Parkinson après l'avoir vu harceler Edgard Barnes, Lily avait été si surprise par cette facette de Charlotte Tronsky qu'elle en avait oublié sa colère.
« Bah quoi ? s'était moquée Charlotte face à l'expression incrédule de Lily. Tu crois vraiment que tu es la seule à vouloir balancer un Chauvefurie à la salope qui nous prend de haut ? Je suis une Née-Moldue, je te rappelle. Et Amélia Avery, j'ai dû la supporter bien plus longtemps que toi. J'ai plus d'une fois fantasmé de lui faire bouffer son cerf-tête de gamine, avait ajouté Charlotte avec un rictus amusé.
– Merci Merlin, avait soupiré avec soulagement Lily. J'ai bien cru que j'allais exploser à faire semblant une seconde de plus.
– Bienvenue au club. »
Et c'était comme ça que Lily avait commencé à jurer contre Amélia Avery et son influence toxique sur Luke Carstein, les commentaires sarcastiques de Charlotte Tronsky ne faisant que l'enhardir davantage.
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Lily expira enfin.
Elle reprit le contrôle.
« Depuis combien de temps est-ce qu'elle est inconsciente ? » demanda Lily en s'asseyant à côté d'Eva Brown pour poser ses doigts sur le pouls de Charlotte.
Elle respirait toujours.
Lily souleva la paupière de Charlotte.
« Hé, tu nous entends ? » s'impatienta Saoirse.
Satisfaite de son inspection, Lily tourna les yeux vers la Poufsouffle qui était restée muette à côté d'elle.
La brune avait les yeux baissés vers la main de Charlotte qu'elle tenait lâchement. Lointainement, Lily se fit la réflexion qu'un vernis à ongle jaune si pétant sur une personne au visage si peiné manquait de cohérence.
« C'est pas fini de nous ignorer ? continua Saoirse. On est là pour t'aider, tu sais. »
Finalement, Eva Brown lâcha la main de son amie et agita sa baguette que Lily n'avait même pas remarqué être entre ses doigts.
AMENEZ CHAR INFIRMERIE
« Quand je disais d'arrêter de nous ignorer, je pensais plutôt à une prise de paroles classique. »
Lily était habituée aux commentaires déplacés de Saoirse lorsque celle-ci était mal à l'aise. Elle l'ignora et détailla du regard Eva Brown. L'éclat des lettres argentées que la Poufsouffle avait fait apparaître illuminait son visage et lui donnait un air hanté.
« Ta gorge, fit Lily et les lettres disparurent alors qu'Eva Brown tournait ses yeux injectés de sang vers elle. Tu ne peux plus parler, non ? »
Une émotion traversa le visage de la Poufsouffle, trop rapidement et trop complexe pour que Lily ne la comprenne. Finalement, la Poufsouffle tourna la tête et ferma les yeux, se pinçant la racine du nez.
Lily ne connaissait pas Eva Brown mais elle voulait lui offrir son aide. Elle n'allait pas lui faire du mal. Elle allait l'aider. Et si Lily le pouvait, elle ferait en sorte que les coupables se fassent renvoyer.
Lily se releva et le corps de Charlotte s'éleva lentement dans les airs.
« Saoirse, donne-lui ta robe de sorcière, dit Lily en s'assurant que Charlotte n'ait pas d'autres blessures maintenant qu'elle était à sa hauteur.
– Pourquoi ? »
Saoirse était la pire des élèves. Pas étonnant qu'elle s'entende si bien avec Potter, elle était toujours obligée de remettre en question ce qu'on lui ordonnait.
« Tu es la seule à en porter une. Tu ne peux pas en bonne conscience la faire monter jusqu'au 3ème étage comme une bête de foire, » ajouta Lily en se tournant vers Saoirse.
À son expression, Saoirse comprit que Lily n'était pas d'humeur.
« Les plus jeunes seraient terrifiés.
– Okay, c'est bon, j'ai compris, marmonna Saoirse en commençant à défaire le nœud de sa robe de sorcière. Pas besoin de me faire passer pour la garce de service. Je sais bien que j'en suis une mais quand même. Tiens, prends, dit-elle en offrant sa cape à la Poufsouffle qui l'observait sans un mot. J'ai même une capuche pour faire pour faire plus mystérieuse. »
Mais à part l'observer avec ses yeux injectés de sang qui mettaient Saoirse horriblement mal à l'aise, la Poufsouffle ne fit pas le moindre geste.
« Allez, prends ! J'ai pas envie de rester le reste de la soirée dans ces cachots qui me foutent les jetons, » s'impatienta Saoirse.
La Poufsouffle prit la robe que lui tendait la Gryffondor d'un an sa cadette. Saoirse se tourna pour adresser une grimace à Lily tandis qu'Eva Brown se remettait maladroitement sur ses pieds.
Tu vois. Je suis très sympa et délicate comme fille.
Mais Lily ne lui répondit pas. Son regard émeraude avait glissé sur les dalles humides des cachots et, lorsque Saoirse suivit son regard, son expression ne se durcit pas comme Lily. Non, Saoirse afficha ouvertement son choc en voyant le sang sur le sol.
Lorsqu'elle leva les yeux vers la Poufsouffle dont le visage était caché sous la capuche de sa cape de sorcière, Saoirse ne put voir le genou autour duquel un bandage était noué. Bien que sa cape de sorcière cache de manière efficace les jambes d'Eva Brown, Saoirse ne douta pas un instant que le sang qu'elles avaient suivi sur trois couloirs provenait bien de cette blessure.
Leur procession dans les couloirs se fit dans le plus grand des silences. Elles croisèrent de temps à autre des élèves qui profitaient de la soirée avant le couvre-feu. Ils adressèrent des regards curieux à la personne encapuchonnée puis à l'espace devant Lily Evans qui semblait être sujet à un sortilège de désillusion. Lorsqu'elles traversèrent le Hall d'entrée, il n'y avait plus personne. Rusard avait certainement fait fuir les élèves, paranoïaque qu'il était.
Tout du long, Saoirse jeta des regards discrets à la brune à sa gauche qui traînait une jambe derrière elle. Exceptionnellement, Saoirse garda pour elle ses commentaires. Bien qu'elle aurait bien dit à Eva Brown qu'elles auraient atteint l'infirmerie beaucoup plus rapidement si la Poufsouffle avait simplement accepté qu'on la fasse léviter.
Mais Saoirse suivit l'exemple de Lily dont les traits durs révélaient qu'elle réfléchissait furieusement et resta muette.
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« Madame Pomfrey, vous êtes là ? » demanda Lily en haussant la voix avec autorité face au vide de l'infirmerie.
Pas de réponse. Un brin agacée, Lily abaissa lentement sa baguette et Charlotte se posa délicatement sur un des lits de l'infirmerie.
Lily réitéra trois autres fois sa question mais elle ne reçut toujours aucune réponse. Commençant réellement à s'impatienter, Lily s'apprêtait à s'enfoncer dans l'infirmerie mais Saoirse l'attrapa par la main et lui fit comprendre en un regard qu'elle se chargerait de trouver Pomfrey et que Lily ferait mieux de surveiller les deux adolescentes.
Lily acquiesça.
Elle ne faisait pas particulièrement confiance à Saoirse pour ne pas faire de commentaires déplacés en son absence. Encore moins lorsque Saoirse était si agitée.
Prudemment, Lily s'assit au pied du lit où était allongée Charlotte. Tandis que Saoirse hélait Madame Pomfrey en continuant de s'enfoncer dans l'infirmerie, Lily observa Eva Brown.
Elle était debout et effleurait de ses doigts les trois lignes parallèles sur la joue de Charlotte.
Elle tremblait légèrement.
« Qui t'a fait ça ? »
Lily en avait assez d'avoir cette conversation. Elle en avait assez de tomber sur des élèves en larmes. Elle en avait plus qu'assez de devoir les convaincre qu'ils n'étaient pas ceux en faute mais que ceux qui les avaient blessés, oui.
Edgar Barnes n'avait jamais voulu lui dire ce que lui chuchotaient à l'oreille ses comparses serpents. Pire encore, lorsque Lily avait décidé par elle-même de faire part à McGonagall de ses préoccupations, Edgar s'était entêté à défendre ses camarades de Serpentard en bégayant.
« Tu n'as pas à avoir honte. C'est à eux d'avoir honte. »
Eva Brown reprit sa main et la serra.
Lily ne pouvait pas voir l'expression qu'elle cachait derrière sa capuche. Elle en vint presque à regretter d'avoir été si précautionneuse pour préserver l'intimité de la Poufsouffle.
Lily avait également eu cette conversation avec Mary l'année précédente.
Elle avait toujours en tête Severus qui lui avait promis qu'il ne savait pas ce qui était arrivé à Mary, qui lui avait dit ne pas croire qu'un préfet aussi respectueux que Mulciber aurait pu terroriser Mary. Il avait même remis en question la véracité des révélations de Mary et lui avait suggéré qu'elle était peut-être encore délirante sous l'effet d'un confucius.
Des mois plus tard, Lily brûlait toujours de l'intérieur. Elle était énervée et exaspérée d'être si impuissante alors elle ne parvint pas à user d'une voix douce comme elle aurait voulu lorsqu'elle s'adressa à Eva Brown :
« Ils méritent d'être punis pour leurs crimes. »
Lily connaissait la portée des mots. Même en voyant les épaules d'Eva Brown se tendre, elle ne regretta pas un seul instant de désigner les coupables comme des criminels. Car une agression aussi violente était un crime. Ça ne faisait rien qu'ils soient encore des adolescents. Il y avait d'horribles ordures au château et Lily voulait les faire payer.
Elle ne supportait plus d'être impuissante, aussi impuissante que lorsqu'elle avait passé des journées entières à l'hôpital à tenir la main de son père tandis qu'il toussait jusqu'à s'étouffer sur son lit d'hôpital.
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« Sauve-le ! Si tu es si exceptionnelle que ça avec ta magie alors fais quelque chose et sauve-le ! » lui avait hurlé Pétunia entre deux sanglots avant de claquer la porte de sa chambre et que Lily ne s'effondre dans les bras de sa mère qui lui avait répété que « tout ira bien, ma chérie, ton père est fort, il ne voudrait pas vous voir vous disputer, ne pleure pas Lily, s'il te plaît Lily, ne pleure pas ou je vais pleurer moi aussi, ton père t'aime très fort alors ne pleure pas ».
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« Si tu ne veux pas me parler à moi ce n'est pas grave, continua Lily, on ne se connait pas. Mais il faut que tu en parles à McGonagall, Eva. Elle est digne de confiance. »
Elle l'appelait Eva maintenant puisque, lorsqu'on voyait quelqu'un à son point le plus bas, il ne fallait plus se soucier de connaître ou pas la personne. Lily n'était pas amie avec Eva, elle ne savait pas ce qu'elle mangeait au petit-déjeuner ni le cours qu'elle préférait. Ce matin encore, elle aurait été incapable de dire la couleur de ses yeux. Mais Lily connaissait maintenant l'expression d'Eva lorsque sa meilleure amie ne se réveillait pas et que sa voix ne lui répondait plus et ce genre de moment créait des liens pour toujours.
Eva ne lui répondit pas. La tête baissée, elle avait enfoncé ses doigts dans le matelas du lit de Charlotte. En arrière-plan, Lily pouvait entendre Saoirse continuer d'appeler Pomfrey. Elle toquait maintenant à la porte de l'arrière salle de l'infirmerie. Lily n'y était rentrée que deux fois : l'année dernière lorsqu'elle avait rendu visite à Mary puis cette année lorsque McGonagall lui avait ordonné d'aller voir Madame Pomfrey après qu'elle ait fondu en larmes après avoir fait tomber le paquet de copies qu'elle était censée apporter à McGonagall.
« Charlotte le ferait si elle le pouvait, » ajouta Lily en sachant pertinemment qu'elle blessait Eva en le disant mais elle n'avait jamais eu d'illusion sur sa soi-disant bonté que Slughorn vantait à qui voulait bien l'entendre.
Mais au lieu d'entendre une réaction de la part d'Eva, Lily entendit une voix grave couper Saoirse. Elle n'entendait plus Saoirse toquer à la porte. Entourée des rideaux qu'elle avait cru bon de tirer pour s'assurer de ne pas attirer l'attention de curieux, Lily ne put voir ce qu'il se passait au fond de l'infirmerie. Pour autant, elle fut sûre et certaine que c'était Potter qui venait d'apparaître à la porte.
Il l'avait énervé bien trop de fois pour que Lily ne reconnaisse pas instantanément sa stupide voix qui était soudainement devenue plus grave durant l'été.
« Saoirse ? Qu'est-ce que tu fais là ? »
– C'est plutôt à moi de te demander ça, rétorqua Saoirse. Qu'est-ce que tu fais là ? Correction, qu'est-ce que vous faites là ? »
Ce crétin de Potter était bien sûr accompagné. Il était si fragile qu'il avait constamment besoin d'être entouré.
Et bien sûr Black était avec lui.
« Remus est malade, dit la voix tout aussi reconnaissable de Black. Pomfrey le soigne. Et tu n'as pas le droit d'aller voir, » ajouta-t-il en baissant d'une octave.
Bien que Lily ne puisse pas le voir, elle ne doutait pas que Sirius Black devait avoir l'air particulièrement menaçant. Il était un arrogant crétin tout comme Potter mais il y avait quelque chose d'infiniment plus dangereux chez lui lorsqu'il ne chatouillait pas furieusement ses narines avec sa plume et éternuait si fort que Mary en faisait un bond dans les airs.
Mais Saoirse était une véritable tête brûlée. L'intimidation, elle la pratiquait quotidiennement.
« Je fais ce que je veux, Sirius. Il n'y a qu'au lit qu'on peut me donner des ordres. Et seulement si je le consens.
– J'ai dit que tu ne passerais pas, » gronda Black.
Exaspérée que cela prenne autant de temps, Lily se leva et tira les rideaux. Potter fut le premier à la remarquer, Peter à sa suite. Quant à Saoirse et Black, ils continuèrent de se fusiller du regard. Plus grand d'une tête, Black offrait son rictus le plus méprisant à Saoirse, son corps barrant le passage vers l'arrière salle.
« Evans ? dit Potter.
– Vous n'en avez pas assez de vous comporter comme des enfants ? Black. Va chercher Pomfrey. C'est urgent, ajouta Lily entre ses dents lorsque Black lui adressa un regard ouvertement suspicieux.
– Remus a également besoin de soins d'urgence, dit Black.
– Ne fais pas ton petit con prétentieux ! s'impatienta Saoirse en frappant le bras de Black, s'attirant un regard glacial de sa part. On ne va pas laisser Remus crever mais on a besoin de Pomfrey maintenant tout de suite, espèce de Sombral invertébré !
– Peter, dit Potter alors qu'à côté de lui Black paraissait à deux doigts d'exploser. Ramène Pomfrey. »
Après un dernier coup d'œil inquiet vers Black, Peter disparut dans l'arrière-salle. Lily n'eut le temps de s'interroger sur l'étrange familiarité des garçons avec un coin pourtant interdit du château que déjà elle voyait Potter s'avancer à grands pas vers elle.
Lily tira précipitamment sur les rideaux pour que seule sa tête soit visible, consciente qu'il y avait une brune derrière elle qui ne devait pas vouloir révéler sa présence. Encore moins à ce groupe si imprudent qu'il en devenait dangereux.
« Evans, qu'est-ce qui ne va pas ? »
Il avait un air sérieux qui perturbait Lily. Elle ignora de toutes ses forces son soudain mal de ventre alors que Potter se rapprochait de plus en plus jusqu'à s'arrêter devant elle. Elle dut lever le menton pour soutenir son regard.
Ses jambes étaient si longues. Il était devenu si grand. C'était rageant.
« Est-ce que ça te regarde ? cingla Lily.
– Si tu es blessée alors oui ça me regarde. Qui t'a fait du mal ? enchaîna Potter en prenant entre ses doigts les rideaux que Lily serrait fermement entre les siens.
Il n'y avait que le tissu du rideau qui empêchait leur peau de se toucher. Malgré cette barrière, Lily pouvait sentir la chaleur des mains de Potter.
La colère réchauffa le visage de Lily :
« Je ne suis pas une demoiselle en détresse, » grinça-t-elle entre ses dents alors que Potter tirait sur les rideaux.
Cet idiot qui ne savait que faire des pirouettes sur un balai avait des muscles ! Lily était furieuse de le constater alors qu'elle se battait pour que Potter ne lui arrache pas les rideaux des mains.
« Je sais que tu n'en es pas une, Evans, dit Potter entre ses dents lui aussi, les sourcils froncés d'agacement alors que cette grande asperge baissait la tête vers elle pour tenter de l'intimider.
– Dans ce cas. Laisse. Moi. Tran. Quille. »
Lily tira plus fort mais Potter tira avec encore plus de force.
« Tu rêves, » pesta-t-il et, dans un sursaut de force, il réussit à ouvrir les rideaux.
Surprise, Lily perdit l'équilibre. Elle n'eut le temps que de faire deux pas chancelants en arrière que déjà Potter l'attrapait par le bas du dos.
Lily lui lança un regard courroucé alors qu'il la détaillait du regard. Visiblement, Potter ne lui faisait pas confiance lorsqu'elle lui disait qu'elle n'était pas blessée.
« Tu m'as l'air d'aller bien. Aussi parfaite que d'habitude, » commenta Potter avec nonchalance.
Furieuse, Lily se dégagea de sa prise et se remit sur ses pieds.
« Je ne t'ai pas donné l'autorisation de me toucher, Potter.
– Oui, oui, je sais, ni l'autorisation de te regarder, lui répondit Potter d'un ton blasé qui ne fit que l'énerver davantage. Mais qu'est-ce tu caches ? Ta ronde de préfète n'est pas aujourd'hui pourtant. »
Comment ce crétin connaissait-il son emploi du temps ? Et il ne pouvait pas apprendre à se brosser les cheveux ? Lily devait se retenir de ne pas passer ses doigts dans ses cheveux pour leur donner un semblant d'ordre. Et pourquoi était-il si proche ? Ne remarquait-il pas que si Lily inspirait trop fortement, sa poitrine effleurait son torse ?
« Et où est-ce que tu as trouvé un tordu à capuche ? Ton histoire m'a l'air très lou– »
Potter s'interrompit et Lily réalisa qu'à cause de sa taille, il pouvait aisément voir au-dessus d'elle bien qu'elle ait fait exprès de se planter devant lui pour lui barrer le passage. Il avait enfin posé les yeux sur la blonde étendue sur le lit à sa gauche.
« C'est Charlotte Tronsky ? s'étonna Potter. Qu'est-ce qu'elle fait là ?
– Potter, on ne t'a jamais appris à te mêler de tes affaires ? s'indigna Lily en enfonçant son index dans le ventre étonnamment dur du Gryffondor. Il y a quelque chose qui s'appelle le secret professionnel, continua-elle pour ignorer son embarras à sa réalisation que Potter avait des abdos. Et s'insérer de force dans une chambre d'un patient fait partie des interdits pour ta gouverne. Pas que ça ait l'air de t'intéresser. »
Et non, Potter ne semblait clairement pas vouloir s'instruire. Il avait les yeux rivés sur la personne à capuche derrière Lily qui appuyait son bassin contre la table de chevet et baissait résolument la tête.
Si Lily avait des yeux derrière la tête comme McGonagall, elle aurait pu voir Potter s'attarder sur le drapeau irlandais et la tête de griffon que Saoirse avait brodés sur le bras de sa cape de sorcière. Elle aurait également remarqué les réflexes de Poursuiveur de Potter qui ne manquèrent pas de s'accrocher au bref mouvement des doigts de la personne à capuche. Celle-ci desserra un instant son poing serré et ses ongles jaune pétant apparurent une seconde en dehors de sa manche.
« Eva ? »
Et sans aucune difficulté, Potter attrapa Lily par l'épaule pour la forcer à se décaler. Lily émit des protestations, s'indignant intérieurement que les entraînements de Quidditch aient permis de développer autre chose que l'égo surdimensionné de Potter. Elle continua d'être ignorée alors que Potter s'avançait de deux autres pas dans l'espace exigu entre le lit où reposait toujours Charlotte et le rideau qui les cachait à la vue de Saoirse et Black que Lily entendait toujours se disputer à voix basse.
Potter s'arrêta face à Eva qui avait la tête baissée, une main s'agrippant au nœud autour de sa gorge et l'autre à la table de chevet derrière elle.
« Eva. C'est toi, non ? Arrête de te cacher. »
Lily avait cru que Potter avait une voix sérieuse lorsqu'il avait ordonné à Peter de chercher Madame Pomfrey. Ce n'était rien comparé à maintenant. De dos, il ne lui avait jamais semblé si imposant. Ses épaules étaient tendues et Lily eut le sentiment qu'il était furieux.
C'est pourquoi Lily s'interposa.
Elle tira vicieusement sur le dos du pull de Potter.
« Potter ! siffla-t-elle entre ses dents. Je t'ai dit de nous laisser tranquille.
– Reste en dehors de ça, Evans.
– Ne me donne pas –
– Je t'ai dit de me laisser, Evans. »
Lily resta coite. James Potter venait de lui adresser un regard furibond par-dessus son épaule et l'émotion dans le regard du crétin qui avait inventé le jeu de « La Chatouille » la fit perdre ses mots.
« Eva. Enlève ta stupide capuche. Je sais que c'est toi. »
Eva secoua la tête de droite à gauche.
« Comment ça non ? Enlève ta capuche. »
Au ton brusque de Potter, Lily reprit ses esprits.
« Potter, ne lui parle pas comme ça. Elle n'est pas ta servante.
– Eva, ne m'oblige pas à me répéter.
– Potter !
– Eva, je te le dis une dernière fois, enlève ta capuche !
– Potter ! s'écria Lily en attrapant le coude du Gryffondor pour le forcer à reculer. Tu n'es pas son maître ! »
Potter haussa la voix :
« EVA ! » aboya-t-il.
Des bruits de pas se rapprochèrent alors que Lily se démenait pour ne pas lâcher le coude de Potter qui secouait son bras dans ce but précis.
« Hé Cornedrue, il se passe quoi là ?
– Franchement, ils ne pourraient pas trouver un autre moment pour se disputer ? »
Mais ni Lily ni James ne remarquèrent l'arrivée précipitée de Sirius et de Saoirse à l'entrée de leur carré de l'infirmerie.
« NE LUI PARLE PAS COMME ÇA ! s'indigna Lily.
– PUTAIN DE MERDE, EVA ! RÉAGIS ! » rugit James.
James se dégagea avec de plus de force de la prise de Lily et, dans sa hâte, il poussa Eva.
La jambe d'Eva se cogna contre la poignée du tiroir de la table de chevet et elle vit un flash blanc.
Avec un gémissement étranglé, Eva s'effondra par terre. Les potions que Pomfrey avait laissées sur la table de chevet rebondirent par terre et roulèrent sous le rideau dans lequel la tête d'Eva s'enfonça une seconde plus tard.
La jambe en feu, Eva leva des yeux plissés de douleur vers James qui s'effondra à genoux à côté d'elle.
« Merde, putain de merde, où est-ce que tu as mal Eva ? balbutia James.
– Recule Potter. C'est sa jambe ! »
Eva tenta tant bien que mal de se redresser mais elle fut prise d'un vertige et elle sentit sa tête partir en arrière.
Elle sentit quelqu'un la rattraper puis sa joue se posa contre un torse chaud et Eva écouta lointainement des voix s'élever autour d'elle.
Elle avait chaud. Quelqu'un lui serrait le dos et un souffle chaud réchauffait le haut de son crâne. Sa vision était brouillée, elle sentait quelque chose de chaud tracer un chemin sur ses joues.
Maman ne m'a jamais prise dans ses bras, songea Eva. Elle trouverait ça pathétique que je pleure. Elle s'est toujours énervée quand je pleurais.
« SIRIUS ! RAMÈNE POMFREY ! ELLE SAIGNE, PUTAIN !
– Ne parle…Potter…brute…
– …âche-moi…pas le moment… »
Elle ne devait pas s'évanouir. Si elle s'évanouissait, le sortilège de camouflage qu'elle avait discrètement lancé à son cou lorsque Lily Evans avait le dos tourné disparaîtrait.
James ne devait pas voir. James ne devait pas savoir.
« Enfin ! …attendiez… »
La chaleur la quitta et Eva sentit sur son visage un courant d'air. La bouche entrouverte, elle fixa le plafond blanc qui avait été son compagnon durant tout le mois de juin. Son compagnon s'éloigna et elle s'enfonça dans un nuage mais une brûlure féroce lui dévora les jambes et Eva gémit.
Elle tendit sa main pour chasser la douleur d'un coup de baguette mais sa baguette n'était plus là. À la place, ses doigts trouvèrent une nouvelle source de chaleur et, délirante de douleur, Eva entremêla ses doigts avec une chaleur bien plus réconfortante que celle insoutenable de ses jambes.
Maman, tu vois, j'ai réussi à être plus intelligente que Royce. Je ne suis pas si stupide que ça.
Elle vit des mains toucher ses jambes qu'elle avait brûlées d'elle-même. La douleur était devenue une vieille amie. Eva préférait se l'infliger elle-même plutôt que d'être à la merci des autres.
Le nuage. Il était tâché. Il y avait du sang. Le sien peut-être ?
La chaleur serra sa main et Eva leva les yeux.
À travers ses yeux larmoyants –
Pourquoi pleurait-elle ? Elle en avait assez de pleurer.
– Eva trouva enfin l'orage. Elle avait entendu son prénom mais elle ne l'avait pas vu. Mais il était bien là et Eva aurait pu se perdre dans l'orage.
Elle ouvrit la bouche :
Ils veulent me tuer, Sirius. J'ai essayé. Je te jure que j'ai essayé.
« Qu'est-ce qu'elle vient de dire ? Patmol, qu'est-ce qu'elle vient de dire ?!
– Je sais pas ! Eva, Eva, qu'est-ce que tu viens de dire ? Eva, reste éveillée !
Il lui faisait mal. Elle le sentait agiter leurs mains entremêlées, elle voyait la bouche de Sirius se mouvoir mais elle n'entendait plus rien à par ses halètements peinés alors que la brûlure féroce de ses jambes ne s'estompait pas. Elle voulut chasser la douleur mais une pression lui clouait les jambes au nuage.
« Si vous ne voulez pas reculer, aidez-moi à la tourner. La blessure est à l'arrière de sa jambe. »
La chaleur de Sirius la quitta et Eva poussa un gémissement. Ses doigts s'étendirent pour trouver de nouveau cette source de réconfort mais des mains se posèrent sur son corps et elle se sentit chavirer.
Elle eut peur. Et s'ils étaient derrière elle ?!
Eva enfonça ses ongles dans le nuage. Une main se posa sur la sienne et Eva eut moins peur de l'inconnu lorsqu'elle reconnut les yeux marrons-verts de James.
Si James était là, ils ne reviendraient pas. Si James était là, ça voulait dire qu'il savait que quelque chose clochait.
La main sur la sienne exerça une pression et Eva haleta tout en suppliant James du regard. Une douleur aiguë à l'arrière de sa jambe la fit pousser un gémissement étranglé.
James ne devait pas savoir. Si James savait, ils allaient lui faire du mal comme à Charlotte.
« Char–
– Elle est juste à côté, Eva. »
Du rouge. Pas comme du sang, non. Du rouge foncé comme les cheveux de Madame O'Boyle. Une main fraîche glissa sur son front et Eva décida de faire confiance à celle qui irradiait une telle douceur alors que derrière elle, elle sentait une personne manipuler sa chair.
Si Charlotte allait bien alors –
Eva s'évanouit.
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« Qu'est-ce que c'est que cette merde ?! jura James Potter.
– Calme-toi, Potter. Tu vas la réveiller, chuchota Lily Evans en frappant le bras du Gryffondor.
– Ne me dis pas de me calmer ! Tu étais au courant que son cou – »
James Potter ne parut pas capable de terminer sa phrase.
« Que son cou, quoi ? demanda Sirius Black de l'autre côté du lit en arrachant ses yeux de Madame Pomfrey qui pestait dans sa barbe tout en agitant sa baguette, penchée au-dessus de la cuisse d'Eva qui commençait peu à peu à se refermer.
– Elle – »
Encore une fois, James Potter ne termina pas sa phrase. Sa mâchoire se contracta et décontracta et un muscle dans son cou sailli. Ses yeux brillaient de manière suspicieuse.
« Elle a l'air d'avoir été à deux doigts de se faire égorger comme un poulet, révéla Saoirse au pied du lit. Bah quoi ? » grimaça-t-elle lorsque tous les regards convergèrent vers elle, celui de Madame Pomfrey le plus inquiétant d'entre tous.
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« Les connards qui ont fait ça vont être renvoyés, hein ?
– Je ne me prononcerais pas au nom de Dumbledore, dit Pomfrey, le front plissé de concentration.
– S'ils ne sont pas renvoyés, j'irai foutre le feu à leur nid de serpents.
– Monsieur Potter, je comprends que vous soyez bouleversé mais ne dites pas de telles choses. Les mots ont des conséquences.
– S'en prendre à Eva a également des conséquences.
– Je suis d'accord avec vous mais n'allez pas partir dans des idées loufoques. Maintenant, excusez-moi quelques instants. Miss Tronsky est inconsciente depuis bien trop longtemps.
– On n'a pas de preuves que ce soit réellement l'œuvre des serpents, intervint Saoirse lorsque Pomfrey disparut derrière les rideaux du lit adjacent. Il n'y avait personne quand on est arrivé. Bien que ça pue le guet-apens à la Serpentard. »
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« Je t'avais dit qu'il ne fallait pas que tu leurs parles comme ça ! Mais qu'est-ce que tu as fait, hein ?! Exactement le contraire ! Tu as cru que tu étais la reine du monde ou quoi ? Tu es devenue si égoïste Eva, je ne te reconnais plus !
– Je ne suis pas égoïste, Charlotte. J'essaye juste de te protéger !
– Eh bien ta protection tu peux bien te la garder ! C'est pas toi qui te retrouveras l'année prochaine avec un diplôme qui ne vaudra rien parce que tu as eu le malheur d'être née une Sang-de-Bourbe.
– N'utilise pas ce mot.
– Mais c'est tout ce que je ne serai jamais à cause de ces putains de Sang-Purs, Eva ! Tu ne le vois pas ? Tous les jours les parents des Sang-Purs cinglés de notre âge apparaissent dans la Gazette avec le Ministre de la Magie, tu ne crois pas qu'ils contrôlent tout à l'arrière de la scène ?! Arrête d'être si naïve, on n'a plus onze ans ! »
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Lorsqu'Eva se réveilla deux heures plus tard, l'infirmerie était silencieuse hormis les gouttes de pluie qui s'abattaient violemment contre les fenêtres et le vent écossais qui mugissait au loin. Les draps de son lit n'étaient plus ensanglantés, ses jambes étaient recouvertes d'un épais bandage et sous la couette.
Il n'y avait que sa gorge qui était toujours aussi douloureuse.
Eva toussa et se redressa maladroitement.
Un verre d'eau lévita devant ses yeux et elle s'empressa de le boire.
Lorsqu'elle leva les yeux, elle vit Dumbledore. Assis sur un fauteuil qu'il avait dû faire apparaître, il l'observait de ses yeux bleus perçants en frottant entre ses doigts une boucle de sa longue barbe rousse.
Malgré sa bonhomie permanente qui le faisait énumérer des jeux de mots lors de ses discours à la grande lassitude de McGonagall, Eva l'avait toujours trouvé extrêmement intimidant.
« Bonsoir, Eva. »
Eva se racla la gorge et tenta de lui répondre. Un faible chuchotis lui échappa seulement.
Quelques secondes plus tard, Eva entendit des talons et Pomfrey ne tarda pas à faire son apparition. Elle avait de profondes cernes sous ses yeux et ses traits étaient durs.
« Comment te sens-tu, Eva ? » dit-elle en longeant le lit du côté où Dumbledore n'était pas assis.
Pomfrey débouchonna la fiole dans ses mains puis se pencha pour verser son contenu dans le verre qu'Eva avait délaissé sur sa table de chevet.
« J'imagine que tu ne peux pas parler, continua Pomfrey en offrant le verre à Eva qui le prit avec hésitation. Tu es tombée sur un véritable boucher. J'espère qu'il paiera au centuple. »
Eva s'échappa aux yeux brûlants de Pomfrey et but lentement la potion écœurante que l'infirmière avait dû concocter pendant qu'elle était dans les bras de Morphée.
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« Tu vas devoir en parler avec quelqu'un Eva. Tu ne peux pas rester comme ça pour toujours, » lui avait dit Pomfrey au bout du troisième jour où Eva refusait toujours de parler.
De la pitié, Pomfrey était passée à la colère.
Eva avait continué de fixer le plafond blanc.
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« Poppy, je pense qu'un patient a encore besoin de votre attention, » dit Dumbledore en souriant doucement.
L'infirmière renifla hautainement et disparut de nouveau derrière les rideaux après avoir ordonné à Eva de prendre de nouveau la potion à la moindre douleur.
La mort dans l'âme, Eva dût user de toute la force qui lui restait pour trouver le courage de se tourner vers son directeur.
« Eva. »
Il l'appelait Eva ? Où était donc passé son « Miss Brown » habituel ?
Les yeux bleus clairs de Dumbledore ne pétillaient pas derrière ses verres à demi-lune. Il lui lançait le même regard qu'en mai dernier lorsqu'elle s'était réveillée à l'infirmière, le même que durant toute la durée du mois de juin lorsqu'il venait deux fois par jour l'interroger sur l'identité de ses agresseurs.
« J'ai trop tardé à revenir vers vous, lui avoua Dumbledore. J'ai pensé que vous aviez besoin de temps pour vous sentir assez en sécurité pour vous confier à moi. »
Dumbledore soupira, se passant une main distraite sur sa barbe rousse où quelques mèches argentées apparaissaient.
« J'ai eu tort. Je suis désolé qu'il ait fallu que nous en venions à ce point. »
Dumbledore baissa la tête mais ce fut Eva qui eut honte.
« N-non, chuchota-t-elle d'une voix rocailleuse et, à son horreur, elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Non, répéta-t-elle avec plus d'insistance. Je suis la seule fautive. »
Oui, elle était la seule fautive. À l'aube puis au crépuscule de chaque journée interminable de juin, Dumbledore lui avait demandé des noms. Pendant plus d'un mois il l'avait fait. Inlassablement, il réitérait sa demande cinq fois avant de disparaître de nouveau pour la laisser à l'expertise de Pomfrey qui avait cessé de lui jeter des regards emplis de pitié pour céder à la frustration.
Mais, qu'importe qui demandait, Eva s'était murée dans son silence.
Elle avait fait semblant de ne pas voir l'agitation croissante du directeur. Elle avait ignoré McGonagall lorsque, excédée, celle-ci lui avait ordonné de lui donner un seul indice. Elle avait fixé le plafond blanc lorsque McGonagall lui avait donné le nom de Royce. « J'ai seulement besoin que vous acquiesciez, Eva. Vous n'avez même pas besoin de prendre la parole ».
Mais Eva n'avait jamais rien dit, bien qu'elle ait plus tard entendu Pomfrey et McGonagall chuchoter qu'il suffirait d'un témoignage de plus pour que l'accusation de Mary McDonald contrebalance l'influence de la famille Mulciber. Chourave était venue elle aussi et Eva avait plus d'une fois fondu en larmes à cause de la douceur de sa Cheffe de Maison.
Eva avait dit non à la légilimancie. Elle avait dit non à la pensine. Elle avait dit non à l'usage du veritaserum. Elle était majeure, personne ne pouvait la forcer. Eva savait qu'elle avait déçu tout le monde. Elle savait qu'ils avaient attendu – qu'ils attendaient toujours qu'un seul mot de sa part pour punir les fautifs mais Eva était trop effrayée.
Si elle était courageuse, elle aurait donné le nom de Royce. Si elle était courageuse, le Serment Inviolable lui aurait ôté la vie mais elle se serait éteinte en ayant la satisfaction d'avoir pourri la vie de Royce.
Mais elle n'était qu'une Poufsouffle.
« Je suis désolée, » chuchota Eva.
Ce n'était pas la douleur de sa gorge mais une douleur plus intime qui fit couler des larmes le long de ses joues. Impuissante, Eva fondit en larmes pour la troisième fois de sa scolarité face à Dumbledore qui ne dit rien, se contentant de faire apparaître un mouchoir qu'Eva prit avec récalcitrance.
Il y a un trou béant dans ma poitrine. Je ne sais plus comment le faire partir. Je ne sais plus comment l'ignorer. J'ai cru que j'étais prête à leur faire face, prête à les faire regretter leurs actions et paroles mais j'ai peur. Je suis terrifiée et je ne peux en parler à personne.
« L'espoir est ce qu'il y a de plus précieux, Eva. Ne le perdez pas, il est bien plus fort que ce vous ne pensez, » lui dit Dumbledore comme s'il avait entendu ses pensées.
Et, à regarder ses yeux bleus qui étaient si vivants comparés aux yeux fatigués d'Eva, Eva crut réellement que Dumbledore avait lu dans ses pensées. Et, comme la dernière fois lorsqu'elle lui avait remis la lettre –
M. Brown est en vie.
Si elle est réellement en vie, pourquoi ne donne-t-elle aucun signe de vie plus d'un mois plus tard ?
– Eva décida de placer son espoir en lui. Ou peut-être était-ce sa foi. Après tout, Dieu n'avait-il pas épargné Charlotte aujourd'hui ?
S'essuyant furieusement les joues, ses jambes la faisant souffrir le martyre sous l'effet de la pommade de Pomfrey, Eva demanda à Dumbledore s'il avait une feuille de papier et une plume.
À sa demande, Dumbledore lui lança un regard étonnamment calculateur. Les constellations dorées sur sa robe bleue foncée brillaient sous la lumière orangée des torches de l'infirmerie.
Dumbledore fit apparaître le parchemin et la plume qu'Eva souhaitait.
Eva inspira puis expira exagérément avant d'écrire ce qui changerait indéniablement le jeu auquel elle avait été forcée de participer.
Marlène McKinnon.
Dumbledore leva le nez du papier qu'elle lui avait donné et le bleu de ses yeux était si intense qu'Eva eut soudainement peur des conséquences.
« Merci, Miss Brown. »
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« Queudver pourrait y aller, » dit James en donnant un coup de pied furieux au Souafle qui traînait dans leur chambre.
Le souafle rebondit contre le mur avant de rester coincé sur le haut du lit de Remus qui était toujours à l'infirmerie. Si tout se passait bien, il dormait maintenant que Pomfrey avait guéri son infection.
« Ça ne sert à rien, l'interrompit Sirius avec mauvaise humeur. Dumbledore est en train de partir de l'infirmerie, expliqua-t-il en jetant avec agacement la Carte des Maraudeurs sur son lit.
– Et qu'est-ce qui nous empêche d'y retourner pour l'interroger par nous-mêmes ?
– Tu as vu son cou ? Même avec une potion de Pomfrey je ne suis pas sûr qu'elle puisse parler, fit remarquer Peter d'une voix hésitante, offrant une grimace à James et Sirius lorsque les deux lui adressèrent des regards noirs suite à son intervention.
– Merci, Peter. Un autre commentaire inutile à nous donner ? railla Sirius en se laissant retomber sur son lit avant de frotter sa tempe avec agitation.
– Pas besoin d'être si désagréable, » s'agaça à son tour Peter avant de s'enfermer dans la salle de bain.
Ils étaient tous les trois éreintés et sur les nerfs après avoir passé une nuit blanche dans la Forêt Interdite. Le reste de la journée n'avait guère été reposant alors que Pomfrey leur avait interdit de sécher les cours pour veiller au chevet de Remus. Cet espèce de crétin les avait assuré se sentir bien au petit-déjeuner mais il avait fallu qu'il soit pris d'un vertige et ait été à deux doigts de se cogner le crâne contre le lavabo des toilettes du 4ème pour qu'il accepte enfin de retourner à l'infirmerie.
James en avait plus qu'assez de réaliser à la dernière minute que ses amis souffraient. S'il était sorti cinq secondes plus tard de la cabine des toilettes, il n'aurait pas pu rattraper in extrémis Remus. S'il n'avait pas été rongé par l'inquiétude que les blessures de Remus ne s'infectent davantage, il aurait surveillé le nom d'Eva sur la Carte des Maraudeurs comme il avait pris l'habitude de le faire. S'il n'était pas aussi con, il ne se serait pas laissé emporter par la peur et la colère et il n'aurait pas bousculé Eva. S'il était un tantinet plus intelligent, il n'aurait pas eu à voir le sang d'Eva dégouliner sur le bois de la table de chevet et il ne l'aurait pas entendu gémir dans ses bras.
Il ne savait qu'aggraver les choses.
Si McGonagall puis Dumbledore ne l'avaient pas forcé à retourner dans sa salle commune, James serait resté à veiller auprès d'Eva jusqu'à qu'elle se réveille et qu'elle lui dise qu'il n'était qu'un pauvre imbécile, qu'il n'avait qu'à passer plus de temps à s'assurer que ses amis allaient bien plutôt que d'élaborer une énième blague inutile, qu'il était tout aussi égoïste qu'avant malgré les efforts qu'il avait décidé d'entamer après une discussion difficile avec son père.
Dis-moi que je n'ai pas merdé sur toute la ligne, Eva.
James continua de creuser un trou dans le plancher de leur chambre de dortoir. Sirius, lui, continua de fusiller du regard le haut de son lit, les bras croisés derrière sa tête.
« On n'a même pas été foutu de surveiller la carte ce soir ! Putain, juste ce soir alors qu'on le fait tout le temps ! pesta James, en continuant de faire des aller-retours dans la chambre, à deux doigts de s'arracher les cheveux de frustration.
– Je t'avais dit qu'il fallait être plus direct avec elle.
– Je sais, grinça James entre ses dents, se fustigeant mentalement de toutes les choses qu'il aurait dû mieux faire. Putain, je sais que je suis qu'un pauvre con !
– On pourrait réserver une mauvaise surprise aux Serpentards. Leur donner un avertissement en quelque sorte, » proposa Sirius.
Habituellement, lorsque Sirius proposait de faire une blague, tout son visage s'animait et un sourire excité lui étirait les lèvres. Il proposait toutes ses idées les plus farfelues que James et Remus se chargeraient ensuite de rendre réalisables. Or, à l'instant présent, le visage de Sirius n'avait jamais été aussi sérieux et c'était une lueur d'anticipation qui glaçait son regard.
James ne se préoccupa pas de la soudaine dangerosité qui émanait de Sirius. La dernière fois qu'il s'était senti aussi furieux était l'année précédente lorsqu'ils avaient retrouvé Peter avachi par terre, le visage méconnaissable après avoir été passé à tabac par les Serpentards.
« Et ça ne sera pas qu'un avertissement, » promit James.
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Vendredi 4 décembre
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Eva n'avait que très peu dormi. Les potions de Pomfrey avaient réussi à la détendre aussi efficacement qu'un sortilège de confucius mais pas à l'endormir.
Les yeux entrouverts, Eva avait fixé la nuit noire par la fenêtre jusqu'à ce que des faibles rayons de soleil apparaissent puis que des nuages sombres de pluie n'assombrissent de nouveau l'infirmerie.
Son cerveau n'avait cessé de réfléchir à ce qui allait advenir d'elle, de Charlotte, de sa vie à Poudlard puis à sa vie en dehors du château.
Dans l'obscurité de la nuit, Eva s'était enfin permise de s'attarder sur le fait que la disparition de sa mère aurait dû beaucoup plus la chambouler. Le problème était qu'Eva n'arrivait pas à réaliser que sa mère ne reviendrait plus.
L'été entre sa 5ème et 6ème année, sa mère avait disparu pour la énième fois.
Pendant onze jours, Eva avait ouvert la porte du bureau de sa mère mais la pièce était toujours restée désespérément vide. Le douzième jour, la porte avait grincé et elle avait retrouvé sa mère prostrée au-dessus de sa paperasse. Eva était restait figée à cette vue. Ne levant même pas le nez de sa paperasse, sa mère lui avait dit avec agacement « Tu ne vois pas que je suis occupée, Eva ? » sans se préoccuper du fait qu'elle n'avait pas donné de signe de vie depuis plus d'une semaine.
Cet été, Eva et sa mère avaient enfin réellement commencé à parler. Une étape avait été franchi lorsque sa mère était revenue avec Oscar si petit, si mignon, dans ses bras et l'avait déposé sur le tas de saleté qu'était Eva qui n'avait pas bougé de son lit depuis une semaine.
Puis, sa mère avait été là tous les matins pour lui apporter un petit-déjeuner au lit et ouvrir sa fenêtre pour aérer et illuminer sa chambre du soleil d'été. Elle était même restée assise sur le bord du lit à attendre qu'Eva termine de manger. Elle n'avait jamais rien dit mais sa présence avait été suffisante.
« Est-ce que tu penses qu'elle a fait exprès ? » avait demandé Eva à James. Même après des réprimandes de la part de James, Eva continuait de croire que c'était une possibilité. Avant cet été, sa mère n'avait jamais montré un quelconque attachement à sa vie de famille, pourquoi un seul été aurait changé 17 ans de vie commune ?
Finalement, ce ne fut pas Madame Pomfrey qui fut la première à rendre visite à Eva ni Mary McDonald qui était son apprentie guérisseuse. Ce fut Lizzie Lestrange.
Eva n'eut même pas la force d'avoir peur à sa vue. Sans aucune émotion particulière, Eva tourna sa tête sur son oreiller pour fixer Lizzie Lestrange.
La Serpentarde avait le menton relevé hautainement. Debout entre le lit de Charlotte et d'Eva, Lizzie Lestrange semblait venir d'un autre monde avec les pierres de rubis sur ses lobes d'oreilles et ses cheveux bruns relevés élégamment en un chignon qui mettait en avant son cou de cygne.
Les deux 7e année restèrent une bonne minute à se fixer en silence. Eva avec les yeux à peine ouverts et un cou enseveli sous une épaisse pommade orange et Lizzie avec des narines frémissantes.
Pourquoi était-elle en colère alors que c'était Eva qui avait été obligée de passer la nuit à l'infirmerie ?
« Tu es un poison pour ton entourage, Eva Brown. »
Eva ne fit rien à part cligner paresseusement des yeux. Lizzie se tint encore plus droite si possible. Elle continua froidement :
« Ça ne te suffit pas d'amener ta soi-disant meilleure amie dans tes problèmes, il a fallu que tu embarques Marlène avec toi. »
Elle voulait qu'Eva regrette ? Lizzie voulait qu'Eva s'en veuille de se défendre après qu'Evan, son fiancé dérangé, ait sadiquement alterné entre lui caresser doucement le cou et l'étrangler de toutes ses forces, éclatant de rire lorsque des larmes de désespoir avaient échappé à Eva ? Elle lui avait griffé les mains jusqu'au sang et pourtant son sourire n'avait fait que s'élargir.
Eva refusait de s'excuser.
« Tu ferais mieux de disparaître. Ça serait mieux pour tout le monde. Arrête de faire les yeux doux à Sirius Black, arrête de jouer avec Oliver, arrête de répondre à Evan et à Royce, arrête de mêler Potter à tes histoires. Arrête juste d'exister. Disparais. Disparais.
– Non. »
Le visage de Lizzie se contorsionna en une expression complexe. La Serpentarde paraissait en plein dilemme : la fureur ou le désespoir ? Eva ne saurait dire quelle émotion l'emportait alors qu'elle observait Lizzie Lestrange serrer les dents mais s'entêter à la fusiller du regard.
La voix d'Eva n'était pas entièrement revenue mais elle put tout de même parler d'une voix faible et graveleuse :
« Je ne vais pas mourir. »
C'était comme une confession taboue. De manière tout à fait pitoyable, Eva sentit une larme s'échapper du coin de son œil pour se perdre dans son oreiller.
« Il n'était pas comme ça avant, cracha Lizzie Lestrange, fusillant Eva du regard. C'est toi. C'est toi qui – »
La Serpentarde qui avait un visage si angélique se mordit violemment la lèvre, ne terminant pas sa phrase.
« Il » qu'elle disait. Lizzie Lestrange parlait d'Evan Rosier.
Lorsqu'Eva chuchota les paroles suivantes, elle voyait toujours le sourire dérangé du Taureau qui serrait serrait serrait –
« Tu sais… Sur son cou, il y avait quelque chose. On aurait cru des suçons.
– Tais-toi ! Tais-toi, la Poufsouffle. Tu ne sais rien sur lui, rien sur moi. Tais-toi et ne parle pas de choses que tu ne pourras jamais comprendre ! »
Lizzie Lestrange disparut aussi vite qu'elle n'était apparue.
Et bizarrement, ce fut après cette visite qu'Eva s'endormit enfin.
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Plus tard, Eva se réveilla. Son corps lourd et sa gorge sèche, elle plissa les yeux alors que le soleil avait décidé de montrer le bout de son nez. Elle prit quelques instants à se rendre compte qu'on l'avait déplacé pendant son sommeil et que les rideaux avaient été tirés autour de son lit. Derrière eux se trouvait un brouhaha qui l'avait certainement réveillé.
Elle ne pouvait pas voir Charlotte.
Eva se redressa et fut prise d'une quinte de toux qui la laissa agonisante. Haletante, elle attrapa avec des mains maladroites le verre d'eau sur sa table de chevet puis la potion de Pomfrey pour sa gorge. Après s'être abreuvée, elle sortit des draps. Au pied de son lit se trouvaient la cape de sorcière pliée de Saoirse Stewart ainsi que sa baguette.
De ses cuisses jusqu'à ses chevilles, Pomfrey avait enroulé des bandages. Eva n'osa pas effleurer la blessure à l'arrière de son genou qui la picotait toujours.
Elle passa une main hésitante sur son cou douloureux. La pommade de Pomfrey semblait avoir été complètement absorbée par sa peau. Par prudence, Eva agita sa baguette pour appliquer un sortilège de désillusion à sa gorge.
Eva rajusta son uniforme froissé et se rechaussa. Puis, lentement, elle tira sur les rideaux pour voir ce qu'il se passait dans l'infirmerie. Personne ne la remarqua, proche de la porte menant à l'arrière salle qu'elle était.
L'infirmerie était remplie à craquer et Madame Pomfrey semblait au bord de la crise de nerfs. Elle aboyait aux élèves dans sa file d'attente d'arrêter de parler et d'aggraver leurs blessures. Eva prit quelques instants à réaliser que ces élèves, furieux pour la plupart et stoïquement silencieux pour d'autres, étaient tous des Serpentards des années plus âgées.
Ils avaient tous un point commun : ils étaient tous plus ou moins recouverts d'un liquide vert.
Elle vit d'abord Sébastian Vance, le cousin d'Emmeline de 5e année et batteur virtuose, tirer sur la substance collée à sa joue avec une grimace douloureuse. Sa main était posée en bas du dos d'Ortha Malefoy. La cadette Malefoy restait digne malgré ses cheveux blonds platines devenus verts.
Sébastian Vance cessa bien vite son geste lorsque Robert Parkinson, le petit frère d'Ava Parkinson, en 5e année lui aussi, lui donna un coup de coude. Le Poursuiveur avait été le premier à remarquer le regard noir que leur adressait Madame Pomfrey.
Eva observa l'infirmière se concentrer de nouveau sur son patient qui n'était nulle autre que Regulus Black. Les yeux fermés, le petit frère de Sirius semblait puiser dans toute sa force mentale pour ne pas flancher alors que Pomfrey lui appliquait une pommade sur son visage. La pommade grésilla avant de disparaître et d'emporter avec elle la substance verte.
L'infirmière entreprit d'enlever les derniers bouts de la substance avec une pince à épiler.
Il y avait aussi des élèves de l'année de James mais Eva se désintéressa bien vite d'eux lorsqu'elle remarqua que Lizzie Lestrange et Ava Parkinson étaient assises sur le même lit que Karen Dunn, la discrète née-moldue de Serpentard.
Sur le lit d'à côté se trouvait Emmeline dans les bras de Ronan Parkinson. Eva resta figée à observer l'air lugubre de son amie qui ne lui adressait plus un regard ni un mot depuis leur confrontation à la table de Serpentard.
« Eva ? »
Eva fut arrachée à sa contemplation par une voix grave. Elle se retourna et fut surprise de voir Remus derrière elle. Le teint cireux et de larges cernes sous ses yeux dorés, il se tenait dans l'embrasure de la porte menant à l'arrière salle. Cessant momentanément de tirer sur le coude du Gryffondor, Mary McDonald adressa un regard surpris à Eva.
Remus fronça les sourcils :
« Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-il, ses yeux s'attardant sur les jambes couvertes de bandages d'Eva.
– J'ai eu un petit accident hier, dit doucement Eva, ne voulant pas forcer sur ses cordes vocales bien que la magie de la potion de Pomfrey ait dû faire son effet pendant la nuit. Et toi ? »
La grimace de Remus était prévisible. Il avait toujours été horriblement mal à l'aise dès que quelqu'un lui posait des questions sur sa santé.
« Il est censé rester au lit mais Remus veut absolument aller au cours de DCFM de cet après-midi, » dit Mary McDonald, jetant un mauvais regard au brun qui la dépassait de deux bonnes têtes.
Eva n'avait jamais vu la Gryffondor si assertive, elle en fut quelque peu décontenancée. Elle alterna son regard entre les doigts fins de Mary McDonald enroulés autour du coude de Remus – sans doute pour le forcer à retourner se coucher – et la grimace embarrassée de Remus en réponse au regard réprobateur de sa camarade.
Eva se rappela soudainement de l'inquiétude de Remus lorsque Mary McDonald les avait quittés si abruptement à la fête d'Halloween.
« Je n'ai pas besoin de me reposer plus longtemps. J'ai déjà dormi toute la matinée, se défendit Remus.
– Je t'ai vu pousser un juron quand tu t'es levé, Remus !
– Je ne suis pas handicapé, Mary. Ce n'est pas un cours de DFCM qui va me tuer.
– C'est parce que tu es si négligent avec ton corps que tu passes autant de temps à l'infirmerie, Remus ! »
Lentement, Eva se recula, laissant les deux Gryffondors à leur dispute.
« Je ne suis pas…négligent. Tu ne devrais pas croire ce que dit Sirius. Il a toujours tendance à exagérer.
– Et toi tu as tendance à tout dédramatiser.
– C'est faux ! s'offusqua Remus. Je vois juste les choses telles qu'elles sont.
– Si tu le dis.
– Oui Mary, je te le dis, soupira Remus puis, sur un ton tout à fait différent, il ajouta : Eva, ça va ? »
À l'entente de son prénom, Eva tourna des yeux perdus vers Remus qui l'observait avec des sourcils froncés, ne semblant pas remarquer le regard contrarié que Mary McDonald lui lançait toujours.
« Euh…Charlotte… Charlotte Tronsky n'était pas censée être là ? » demanda Eva, se forçant à s'adresser à Mary McDonald qui, hormis Pomfrey, était la mieux placée pour lui expliquer pourquoi le lit de Charlotte était vide.
Puisque ça ne pouvait être que le lit de Charlotte. C'était le seul lit autour duquel des rideaux avaient été tirés. Les autres étaient tous occupés par des Serpentards pour une raison qu'Eva ne connaissait toujours pas mais dont elle soupçonnait la cause.
« Elle était partie avant que je n'arrive pour la pause de midi, lui répondit Mary.
– Oh, » dit Eva en posant de nouveau les yeux sur le lit où avait dormi Charlotte.
Pourquoi ne m'a-t-elle pas réveillé ? Est-ce qu'elle m'en veut ?
« Tu es sûre que ça va, Eva ? » lui demanda Remus avec toujours ce pli soucieux entre ses sourcils.
Eva hocha distraitement la tête, l'esprit déjà à mille lieux de là :
« Oui, oui, j'ai juste besoin de… »
Et sans prendre la peine de dire un mot de plus, Eva s'élança à travers l'infirmerie, n'entendant que lointainement le cri de Remus puis celui de Pomfrey. Elle franchit les portes de l'infirmerie et faillit renverser Severus Rogue dans sa précipitation. Elle ne s'excusa même pas, surprise par l'intensité du regard noir du Serpentard à qui elle n'avait jamais adressé la parole. Il dégoulinait de cette substance verte que tous les Serpentards de l'infirmerie portaient eux aussi.
La lèvre de Rogue se souleva en un rictus méprisant puis le 6e année s'engouffra dans l'infirmerie avec un reniflement hautain.
Eva se retrouva face à Oliver Avery.
Oliver paraissait avoir oublié de revêtir son masque aujourd'hui. Son choc à la vue d'Eva se lisait clairement sur ses traits harmonieux cachés par toujours cette même substance verte. Il avait toutefois été moins touché que Rogue.
« Eva –, » commença à dire Oliver mais Eva ne resta pas à l'écouter.
Elle lui adressa un doigt d'honneur puis s'enfuit en courant, ne faisant fi du fait qu'il venait de crier son prénom.
Eva courut dans les couloirs, dévala les escaliers menant au 1er étage et ne ralentit pas malgré le hurlement d'Argus Rusard. La seule fois où elle ralentit fut lorsqu'elle poussa les portes du Hall d'entrée et fut confrontée au froid glacial du mois de décembre.
Elle inspira une goulée d'air glaciale puis traversa comme une flèche le parc. Les faibles rayons de soleil illuminaient les gouttes d'eau juchées sur les brins d'herbe. Le vent violent faisait voler les cheveux détachés d'Eva.
Elle ne s'arrêta que lorsqu'elle arriva au terrain de Quidditch qui était désert. Elle inspira puis ouvrit sa bouche pour sortir un hurlement rageur qui sortit du tréfonds de ses entrailles. Son hurlement se perdit dans les bourrasques de vent mais elle continua d'hurler jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus sortir un seul son.
Eva resta à fixer le ciel gris, la poitrine haletante.
Elle les emmerdait. Elle les emmerdait et elle allait les faire regretter de s'en être pris à elle. Qu'est-ce qu'elle pouvait en avoir à foutre que Marlène McKinnon se retrouve impliquée dans les machinations de Dumbledore ? C'était une Sang-Pur. Son statut sanguin la protégerait de tout. Et puis, Marlène voulait jouer au preux chevalier ? Soit. Eva la mettrait face au monde réel.
Va te faire foutre Lizzie.
« Eva ? »
Elle se retourna et Sirius lui rendit son regard.
titre : La foi du poison
nombre de mots : 11 500
Aaaah, Eva mène ENFIN Dumbledore vers la bonne voie ! Il n'aura fallu que cinq mois d'attente, haha. Ça et qu'on s'en prenne à Charlotte. Je vais être honnête, j'ai passé le week-end à retravailler la première partie du chapitre. Mon interprétation de Lily laissait plus qu'à désirer. Là, je suis beaucoup plus satisfaite et elle prend beaucoup plus vie ! Pareil pour Saoirse. Mais vous savez, certains d'entre vous ont relevé qu'Eva était dans le déni mais Lily est encore plus forte dans ce domaine-là. Il n'y a pas encore de sentiments de son côté mais l'attirance physique, elle est là bien que très bien cachée, haha. Par ailleurs, toujours en parlant de déni, Lizzie y baigne également, lol. Peut-être que c'est une particularité poudlardienne ? Haha.
Rendez-vous le dimanche 9 mai vers 20h si on atteint les 6 reviews ?
