Note : Oliver a accepté l'aide de Felicity dans sa mission, mais il a évidemment des conditions !
Elisa : Merci !
Chapitre 29
Oliver prit son costume et se rendit dans un coin de sa base à l'abri du regard de Felicity. Depuis quinze jours, cet endroit n'était plus qu'à lui, il le partageait, et il commençait à s'habituer à sa présence chaleureuse. Elle venait tous les soirs après le travail pour améliorer ses protections numériques et s'assurer qu'aucun hackeur ne puisse découvrir son identité. Il était sûr d'avoir bien couvert ses traces mais il devait avouer qu'il n'avait pas considéré la possibilité de se faire traquer par des génies de l'informatique. Pour l'instant, il ne regrettait pas sa décision d'accepter l'aide de Felicity.
Alors qu'il enfilait son costume, sa seconde peau, il se demanda si tout allait changer ce soir. C'était la deuxième fois qu'il partait en mission alors qu'elle était là, il avait laissé le temps à son corps de se remettre avant de repartir sur le terrain, mais la différence aujourd'hui c'était qu'il y allait pour éliminer sa cible. Lander avait ignoré son avertissement de la veille. Le compte où il lui avait demandé de verser l'argent qu'il avait volé à des dizaines de familles en leur faisant miroiter des investissements bidon était resté désespérément vide. Il les avait escroquées au point que certaines avaient fini à la rue, et un père de famille s'était suicidé.
Oliver appliqua le maquillage sombre autour de ses yeux pour qu'aucun de ses traits ne soit visible sans pour autant gêner son champ de vision mais ne rabattit pas de suite sa capuche et garda son foulard autour du cou. Lorsqu'il rejoignit Felicity, elle ne fit pas cas de son apparence, comme si c'était la chose la plus normale au monde, et se mit à déblatérer sur un sujet qui la taraudait depuis plusieurs jours. Comment elle faisait pour ne pas voir le tueur de sang-froid qu'elle avait devant les yeux et pour continuer à le voir simplement comme Oliver était un mystère. Il redoutait le jour où son regard changerait sur lui.
-Après une séance de brainstorming intense, j'ai trouvé le surnom parfait pour remplacer la « Capuche ». Avec la méthode parfaite pour le faire savoir : tu vas signer les mots d'amour que tu laisses aux criminels à qui tu rends visite.
Oliver se surprit à répondre allègrement. D'habitude, une fois son costume enfilé, il était concentré sur sa mission, sur le combat à venir. Il laissait derrière lui ce qu'il lui restait de son humanité et le monstre qu'il était prenait sa place. Tout était différent depuis qu'elle était là.
Dès qu'il leva les mains, Felicity décrocha son regard de l'écran dernière génération qu'ils venaient de recevoir pour suivre ses gestes.
-Et c'est quoi ce surnom ? C'est toujours non pour Robin des Bois et Legolas.
-Arrow, dit-elle avec fierté. C'est simple, pas de référence geek, un peu sombre puisque c'est ton arme. Un rappel de ce qui les attend, ajouta-t-elle en mimant une flèche qu'on tirait à un arc.
Elle avait le don de tout rendre léger et la commissure de ses lèvres se releva en un sourire fantôme. Arrow. Il aimait bien.
-Je vais y réfléchir.
Elle afficha un air triomphant avant de reporter son attention sur l'écran.
-Je suis prête à désactiver toutes les alarmes et les caméras quand tu me donnes le feu vert.
Elle rendait son travail plus facile, il n'aurait pas à les éviter. Felicity avait eu raison, ses compétences lui étaient précieuses. Mais il n'était pas encore tout à fait certain de vouloir l'impliquer plus, l'exposer aux ténèbres dans lesquelles il évoluait depuis longtemps. Il ne voulait pas voir sa lumière s'éteindre.
-Tu es sûr que tu ne veux pas une oreillette ? Je pourrais te guider ou t'indiquer combien de personnes sont dans une salle via les caméras ou…
-Non, signa-t-il brusquement pour couper court à ses paroles.
L'idée même qu'elle assiste à ce qu'il faisait le révoltait. Elle en avait assez vu. De toute façon, il n'avait pas besoin d'aide, il avait l'habitude d'attaquer à l'aveugle, sans savoir exactement combien d'adversaires il affronterait ni comment ils étaient armés. Ses sens étaient assez affutés pour s'en passer.
-D'accord, mais on en reparlera.
Et sa réponse ne changerait pas. Il lui fit signe qu'elle n'était pas obligée d'attendre son retour et il allait monter les escaliers lorsqu'elle le retint en appelant son prénom. Sa voix avait tremblé. Le moment qu'il redoutait était arrivé. Felicity allait lui demander de faire preuve de clémence. De ne pas le tuer.
-Fais attention à toi.
Elle le surprenait toujours. Elle acceptait ses ténèbres sans les questionner, sans le juger. Il lui aurait bien dit de ne pas s'inquiéter, qu'il savait ce qu'il faisait, sauf que ça ne la rassurerait pas. Pas après la manière dont elle l'avait retrouvé baignant dans son propre sang. Son cœur lui criait de la rejoindre, de lui prendre la main et de la rassurer avec un sourire, une promesse. Il ne pouvait pas. Pas alors qu'il portait son armure, son masque de guerrier. Pas alors qu'il s'apprêtait à tuer un homme.
-C'est eux qui me craignent, Felicity. Pas l'inverse.
…
Depuis qu'elle avait coupé les caméras et les alarmes de l'entreprise de Lander, Felicity fixait son écran sans le voir, rongée par l'inquiétude. En ce moment même, Oliver affrontait des criminels. Logiquement, elle savait qu'il n'en était pas à son coup d'essai, qu'il était un combattant hors pair, un guerrier féroce. Il n'empêchait qu'il mettait sa vie en jeu pour rendre leur ville plus sûre. Elle détestait rester dans le noir.
Ses doigts glissèrent sur le clavier, hésitants. En quelques clics, elle pourrait réactiver les caméras pour voir ce qu'il se passait. Mais alors elle perdrait sa confiance. Il risquait de la bannir de sa base et de ne pas la tenir au courant de ses missions futures. Ou alors il déménagerait et elle ne saurait même pas d'où il menait ses opérations, où il se rendrait s'il était blessé. Non, elle devait agir avec précaution, le moindre écart et il se débarrasserait d'elle. Pas au sens propre bien évidemment. Elle ne le craignait pas, jamais.
Oliver était capable du pire, elle l'avait vu à l'œuvre, mais ça ne l'effrayait pas. Au contraire, elle se sentait en sécurité avec lui. Il était capable de tuer ses ennemis de sang-froid et elle ne pouvait pas dire qu'elle en était heureuse mais sans ça, ils ne seraient jamais sortis indemnes de leur kidnapping. Tuer était parfois nécessaire. Le justicier n'avait d'autre choix que de se montrer létal face à des hommes qui échappaient à la justice malgré leurs crimes.
Ce qu'elle détestait c'était voir Oliver en payer le prix.
Il croyait que ses actes faisaient de lui un monstre sans cœur. Ce n'était pas étonnant qu'il tienne à distance sa famille et ses amis avec cette image de playboy insouciant qui ne pensait qu'à faire la fête et qui n'assumait aucune responsabilité. Il ne voulait pas que ses ténèbres les atteignent. Felicity lui avait dit qu'elle n'avait pas peur de lui, qu'elle le considérait comme un héros, elle avait même rejoint sa mission sans la questionner. Ça n'avait pas été assez pour le convaincre qu'il était un homme bien.
Felicity soupira en surveillant l'heure. Comment il pouvait se voir comme autre chose qu'un héros lui était incompréhensible. Il aidait tellement de gens sans jamais rien demander en retour. Sans aucune reconnaissance. En se mettant à chaque fois en danger. En punissant ceux qui profitaient des plus faibles. Elle était admirative.
En vérité, découvrir qu'il était le justicier n'avait fait que renforcer ses sentiments pour lui.
Elle rêvait de devenir sa partenaire, sa confidente, son amour. De panser les plaies de son corps et de son âme. De l'embrasser au point de se perdre en lui. De dormir dans ses bras et de faire courir ses doigts sur son torse si beau et si meurtri. De l'aimer, simplement.
Elle l'attendrait. Elle lui montrerait chaque jour avec ses actions, avec ses mots, qu'il était un homme bien. Terriblement malmené par la vie et pourtant avec une âme si belle. Elle le laisserait venir à elle, à son rythme.
Felicity tenta de se distraire de son inquiétude pour Oliver en consultant les caméras de surveillance de Verdant. La fête battait son plein, Tommy accompagnait le barman, il aimait être à cette place d'où il pouvait tout gérer, même s'il n'hésitait pas à quitter son poste pour résoudre tout type de problème. Il croyait Oliver enfermé dans son bureau à travailler sur leur paperasse. En réalité, il s'en était déjà occupé avant de partir affronter des criminels.
Après une heure et demie d'attente, la porte s'ouvrit et des pas lourd résonnèrent sur l'escalier en métal. Felicity se leva précipitamment pour accueillir Oliver et s'assurer qu'il allait bien et s'arrêta à quelques pas des marches pour le détailler des yeux. Il n'avait pas l'air blessé et un sourire soulagé s'étira sur ses lèvres avant de se figer. Le foulard autour du cou et la capuche abaissée, son visage à découvert n'exprimait aucune émotion. Il allait passer devant elle sans la voir mais elle l'arrêta en lui prenant la main et en murmurant son prénom.
Elle sonda ses iris bleus perdus dans deux puits noirs, à la recherche d'une étincelle de vie, de reconnaissance, de soulagement ou de satisfaction du travail bien fait. Ils n'exprimaient qu'un détachement froid, une détermination dure. Elle n'avait vu ce regard qu'une seule fois, pendant un instant, juste après qu'il ait tué leurs trois kidnappeurs. C'était ce même regard qui l'avait fait reculer alors qu'il l'avait approchée pour la libérer de ses liens.
Cette fois, Felicity lui lâcha la main pour le prendre dans ses bras, posant sa tête contre son torse. Son cœur battait sous son oreille, fort, régulier, vivant. Oliver resta immobile, tendu, et elle resserra un peu plus sa prise sur lui pour le ramener à elle. Il avait juste besoin d'un peu de chaleur humaine après les actes violents qu'il venait de commettre.
Felicity retint ses larmes devant tant de sacrifice de soi et murmura qu'elle était contente de le revoir en un seul morceau. Un à un, elle sentit ses muscles se détendre dans son étreinte jusqu'à ce que finalement, il glisse une main dans son dos pour la serrer contre lui. Elle sentit son visage lui chatouiller les cheveux alors qu'enfin, il acceptait son réconfort.
