L'euphorie qui accompagnait l'arrivée des vacances d'été fut rapidement entachée par les nouvelles que l'on pouvait lire dans tous les journaux : Sirius Black avait apparemment été attrapé par les détraqueurs, ici-même à Poudlard. Mais les journaux indiquaient également qu'il avait réussi à prendre la fuite, le soir même, par une méthode encore inconnue de tous ; probablement la même qui lui avait permis de s'échapper d'Azkaban. Avec tout ce qu'il m'était arrivé cette année, j'en avais presque oublié que ce criminel était en liberté. Personne n'arrivait réellement à comprendre ses motivations ; s'il avait véritablement voulu s'en prendre à Harry, il l'aurait fait sans aucune difficulté. D'ailleurs, sa fuite n'avait pas l'air de déranger le jeune Gryffondor outre mesure, tout comme Ron et Hermione d'ailleurs, surtout sil'on se rappelait leur réaction quand ils avaient appris que Sirius Black avait été aperçu à Pré-au-lard.
Tante Agathe avait fini par me répondre, et l'invitation de la capitaine de l'équipe de France de Quidditch ne l'enchantait guère. Elle avait pris l'initiative de la contacter pour lui demander une entrevue afin d'échanger de vive voix sur le sujet. Après tout ce qu'il nous était arrivé en France, je comprenais aisément ses suspicions. Ma tante ne me donnerait sa réponse que lorsque les cours seraient terminés, ce qui me laissait assez de temps pour appréhender sa décision.
Je passais tout mon temps libre avec Fred depuis que j'avais pris les devants pour lui expliquer que nous ne nous verrions probablement pas de l'été. Le pauvre paraissait aussi dépité que moi ; il avait préparé toute une liste de choses que nous aurions pu faire ensemble durant les vacances. Je m'en voulais beaucoup de ne pas être présente pour lui et de ne pas lui donner la véritable raison de mon refus. Pour justifier mon absence, je lui avais dit que je participais à un camp d'été entre filles en Écosse. J'avais un peu menti en lui expliquant que c'était Tante Agathe qui m'y avait poussée pour me changer les idées. Même s'il semblait déçu, il n'avait pas mal réagi car, après tout, c'était pour mon bien.
- J'espère au moins que l'on pourra t'écrire dans ton coin paumé en Écosse, me dit-il, l'air boudeur alors que nous étions tous les deux allongés dans l'herbe, profitant du soleil du mois de juin.
- Bien sûr que tu pourras m'écrire, et tu as intérêt à le faire !
Ma tête posée contre sa poitrine, je caressais les coutures de son t-shirt du bout des doigts, tandis qu'il jouait avec mes cheveux. J'encerclai son torse de mes bras , enfonçant ma tête dans celui-ci.
- Mais qu'est-ce que tu nous fais, Princesse ?
- Je profite de nos derniers jours de cours pour respirer encore un peu ton odeur. Si je le pouvais, je t'emmènerais avec moi dans ma valise.
- Tu es trop mignonne. Fais attention, je vais finir par croire que tu es amoureuse, me répondit-il amusé.
- Tu as raison, je devrais arrêter avant que tu ne te fasses de fausses idées, lui dis-je en me relevant vers lui pour l'embrasser.
À l'approche des vacances, je n'avais de cesse de penser à Fred et au fait que je ne le verrais pas pendant un bon mois. Je ne savais même pas s'il pourrait venir me voir jouer à la coupe du monde de Quidditch. Alors qu'il me parlait de ses projets pour les prochaines semaines, ma sœur nous rejoignit, accompagnée par Cédric.
- Pourquoi est-ce de la bouche de tes amis que j'apprends que tu pars en camp de vacances cet été ? Tu aurais pu au moins venir me le dire ! me lança-t-elle, vexée.
Je regardai Fred, d'un air interrogateur, mais il hocha la tête en signe de négation pour me faire comprendre que l'information ne venait pas de lui. Avec tout ce qui s'était passé, je n'avais même pas pensé à expliquer cette histoire à ma sœur, et je ne pouvais clairement pas lui mentir comme je l'avais fait pour mon petit ami. Je me relevai pour lui faire face et l'emmenai un peu plus loin, laissant les garçons là où ils étaient.
- Écoute, ma sœur, je n'ai pas pu t'en parler avant parce que ce n'est pas encore certain, et je voulais attendre la réponse de Tante Agathe avant de t'informer. Je ne pars pas en camp d'été, on m'a proposé de participer à la coupe du monde, et comme l'information est confidentielle, j'ai préféré garder ça pour moi pour le moment.
- La coupe du monde de quoi ? De Quidditch ? Sincèrement ? J'aurais préféré être la première au courant de cette nouvelle ! Tu ne me dis plus les choses comme avant. Par le passé, si tu avais reçu une nouvelle pareil, tu aurais couru pour me l'annoncer, mais aujourd'hui j'ai l'impression que l'on s'éloigne, toi et moi…
- Je suis désolée, je ne voulais pas du tout te le cacher, mais j'ai reçu cette lettre le jour de notre dernière conversation au sujet de notre retour en France. Ce n'était déjà pas un échange des plus joyeux, si en plus j'avais dû en rajouter une couche avec cette histoire, je pense que tu m'en aurais voulu pendant longtemps.
- Bien au contraire ! C'est une chance dingue ! Je suis très contente pour toi. Je n'aime pas quand tu imagines savoir ce que les gens pensent. Tu ne te posais pas toutes ces questions avant, tu étais bien plus spontanée avec moi.
- Et je pense l'être toujours, mais je ne sais jamais trop comment me comporter avec toi. Tu n'as de cesse d'évoquer le passé, mais avant nous avions Papa et Maman, tu n'avais pas de petit ami et on passait la plupart de notre temps ensemble, ce qui, entre nous, n'est plus le cas aujourd'hui. Je suis vraiment désolée si je donne l'impression de m'éloigner de toi, mais c'est ce que je ressens vis-à-vis de toi chaque jour depuis notre arrivée ici, lui avouai-je.
- Je te trouve injuste ; j'ai toujours été présente pour toi quand tu en avais besoin.
- Oui, et réciproquement. Comme le jour où je suis venue assister à ton tournoi, mais que tu nous a tout bonnement ignorés, Gaston et moi. Et Cédric qui enfonçait le clou en sous-entendant que tu ne pensais pas que je viendrais, ça a été très difficile pour moi. Tu dis que je ne me confie plus à toi comme avant, mais lorsque vous avez décidé de vous mettre ensemble et que tu me l'as caché, que crois-tu que ça m'a fait ? À partir du moment où tout le monde a su pour vous deux, je n'avais presque plus de nouvelles de toi ; c'était comme si j'étais devenue une parfaite inconnue à tes yeux. Alors oui, à présent je fais comme toi et je passe le plus clair de mon temps avec Fred et les garçons, quand je ne révise pas à la bibliothèque.
- On ne peut pas continuer comme ça, à faire comme si tout allait bien alors que ce n'est pas le cas. Je n'ai pas envie de te perdre, c'est déjà assez difficile d'endurer la perte de nos parents, alors si tu décidais de ne plus me parler, je ne le supporterais pas, m'avoua-t-elle.
- Je ne veux pas que l'on cesse de se parler, mais j'aimerais que l'on puisse avoir des moments juste toutes les deux. Que l'on puisse partager comme avant, même si ce n'est pas tous les jours, mais au moins plusieurs fois par semaine. Je veux retrouver notre relation d'antan.
Elle fondit en larmes et je la pris dans mes bras, lui caressant le dos pour la réconforter. J'y étais peut-être allée un peu fort, mais les choses devaient être dites. Moi non plus, je ne voulais pas perdre ma sœur, et cette discussion nous avait permis de mettre en lumière un sérieux manque de communication. Nous restâmes ainsi pendant de longues minutes, profitant des bras l'une de l'autre. Les garçons nous regardèrent, interloqués, ne comprenant pas vraiment ce qui se jouait entre nous.
- Je suis désolée, ce n'est vraiment pas mon genre de m'effondrer comme ça. Je pense que c'est l'accumulation qui m'a fait craquer.
- C'est moi qui suis désolée de t'avoir poussée à bout. J'espère que les choses reviendront à la normale, à présent, ajoutais-je.
- J'y compte bien, et si tu pars vraiment en Écosse pour… ton camp d'été, j'espère que tu m'écriras chaque jour pour me raconter ce que tu fais !
- Je t'écrirai. Tous les jours, c'est moins certain ; j'y vais pour m'entrainer, pas pour visiter le pays. J'espère seulement que je pourrai compter sur vous le jour du match, même si, pour le moment, je te fais confiance pour n'en parler à personne.
- C'est promis, me dit-elle en me tendant son petit doigt que je serrai avec le mien.
Nous rejoignîmes les garçons qui ne comprenaient toujours pas ce qu'il s'était passé, et Marie nous quitta, accompagnée par Cédric, après nous avoir salués chaleureusement.
- Il s'est passé quoi entre vous deux, au juste ? me demanda Fred.
- Rien, nous avons simplement discuté et mis les choses à plat. Je pense que ça a réveillé certaines choses qui auraient dû être clarifiées depuis un certain temps.
- Et ça va, toi ? me demanda-t-il d'un air inquiet.
Je me blottis dans ses bras et l'embrassai avant d'acquiescer en souriant :
- Maintenant, ça va beaucoup mieux.
Je quittai le cours de métamorphoses du professeur Mcgonagall avec une liste, longue comme le bras, d'ouvrages à lire pendant nos vacances. Je ne voyais pas comment j'arriverais à trouver le temps d'étudier tout cela, avec les entrainements intensifs pour la coupe du monde.
Pour la première fois depuis longtemps, Marie et moi avions décidé de déjeuner ensemble. Je saluai de loin les garçons à la table des Gryffondors et cherchai ma sœur du regard à la table des Poufsouffles. Elle était en pleine discussion avec Miyo et Cédric ; moi qui avait prévu que nous ne serions que toutes les deux, c'était peine perdue. Etais-je jalouse de son petit ami ? Totalement. Depuis qu'il était entré dans sa vie, j'avais l'impression d'être invisible à ses yeux et de ne plus faire partie de sa famille. Je m'approchai d'eux et les saluai, ma sœur m'invitant à m'asseoir à leur table. Marie avait pris avec elle Leopander qui s'était installé sur son épaule. Alors que je lui caressais le museau, il grimpa sur mon bras et vint se blottir dans mon cou, se frottant contre moi en ronronnant.
- On dirait qu'il t'adore ! me lança Miyo, amusée.
- Oui, ça fait un bout de temps que l'on ne s'est pas vus, tous les deux.
- Comment se sont passés les BUSE de Fred ? Est-ce qu'il s'en est bien sorti ? me demanda Cédric.
J'avais vraiment un problème avec le copain de ma sœur. Je n'arrivais pas à savoir s'il s'intéressait réellement à mon petit ami ou s'il posait la question pour se mettre en avant. Personne n'était dupe. Le niveau scolaire de Cédric était difficilement égalable ; c'était un garçon particulièrement brillant. Rien à voir avec Fred qui avait du mal à trouver un quelconque intérêt à assister à certains cours. Il était intelligent et inventif. Intelligent, mais à sa manière. C'est ce qui me plaisait chez les jumeaux. Ils n'essayaient pas de rentrer dans une case, ils étaient eux-mêmes, peu importe l'avis des autres à leur égard.
- Bien, je suppose. Ils ont tous énormément révisé durant leur temps libre ; il ne devrait pas tarder à recevoir ses résultats.
- C'est une bonne chose. Je me rappelle avoir révisé de longues heures pour ces examens, mais ça valait le coup ; j'avais obtenu un optimal à mes 12 matières. Maintenant, j'appréhende les ASPIC que je passerai l'année prochaine.
Au moins, j'avais eu ma réponse ; il était exactement ce qu'il paraissait être. Marie semblait particulièrement fière de lui, et j'avais l'impression qu'elle le voyait comme un modèle de réussite. Quant à Miyo, il m'était impossible de savoir ce qu'elle pensait réellement de lui. Elle avait toujours été très proche de ma sœur, mais n'avait pas l'air de prêter grand intérêt à ce jeune homme bien plus âgé qu'elle.
Alors que nous échangions sur les futures vacances d'été tout en mangeant notre repas, un brouhaha démesuré se mit à retentir derrière nous, à la table des Gryffondors : Harry venait de recevoir un immense colis, et tout le monde s'était précipité autour de lui pour voir ce qu'il renfermait. Il le déballa, dévoilant un superbe éclair de feu, probablement un cadeau pour remplacer son nimbus 2000 qui s'était brisé sous le sol cogneur.
Tout le monde semblait stupéfait ; un éclair de feu, ce n'était pas rien. Peu de personnes avaient réellement les moyens de s'offrir le dernier balai sorti sur le marché.
- Tout ça pour un balai ? fit remarquer Marie. Ils sont au courant que toi aussi, tu en as un ?
- Tu sais très bien que ce n'est pas n'importe quel balai, Marie. À part Fred et toi, personne ne sait que j'en ai un. Et puis on parle de Harry, là. C'est le plus jeune de tous les attrapeurs, à Poudlard.
- Tu pratiques le Quidditch, Pandore ? Je n'en savais rien, ajouta Cedric. Ta sœur a raison, ma puce, l'éclair de feu n'est pas n'importe quel balai. Moi-même je rêverais d'en avoir un. Je pense qu'Harry sera un adversaire très redoutable, l'année prochaine.
- Je le pratiquais, oui. Mais je pense que je vais avoir beaucoup de mal à intégrer l'équipe des Serpentards ; ils n'ont pas l'habitude d'avoir des filles dans leurs rangs. Avec un peu de chance, ils changeront d'avis l'année prochaine.
Ma sœur me regardait en souriant ; elle savait parfaitement ce que je sous-entendais. Toute la tablée des Gryffondors suivit Harry à l'extérieur de la Grande Salle pour une démonstration de sa nouvelle acquisition. Cedric se leva pour rejoindre le groupe ; il voulait absolument voir à quelle vitesse pouvait monter l'éclair de feu. Evidemment, Marie ne put s'empêcher de vouloir le suivre, nous laissant, Miyo et moi, à table comme deux idiotes. La petite blonde me regarda en rigolant : au moins nous nous sentions bêtes à deux.
- Ce n'est pas trop difficile à vivre, au quotidien ? lui demandai-je.
- En fait non, pas tellement. Il a également ses amis, donc quand nous sommes entre nous, avec Ginny et Luna, Marie ne parle presque jamais de lui. Ce qui n'est pas plus mal, parce que quand ils sont ensemble, j'ai l'impression qu'elle…
- Qu'elle l'idolâtre ? ajoutai-je.
- Exactement, elle l'idolâtre. Elle prend tout ce qu'il dit pour parole de sainteté. C'est assez compliqué d'échanger avec elle quand il est dans les parages.
- Oui, j'avais cru remarquer. Je suis désolée, elle n'est absolument pas comme ça, d'habitude. C'est son premier petit ami, de surcroît plus âgé qu'elle ; elle doit être très éprise de lui, sans trop savoir comment réagir. Je pense que ça ira mieux d'ici quelque temps, même si je n'aime pas trop l'ascendant qu'il a sur elle.
- Je pense que tu te fais de fausses idées sur lui. Il n'est pas méchant, bien au contraire ; il est gentil avec tout le monde, et plutôt bienveillant. Seulement, il sait qu'il est le meilleur dans de nombreux domaines et, même s'il joue parfois la carte de l'humilité, il lui arrive de se mettre en avant.
- Je vois. Peut-être que tu as raison. J'espère de tout cœur qu'il est sincère avec ma sœur. C'est tout ce que je demande.
J'aimais bien Miyo ; elle était assez franche et était une très bonne amie pour Marie. Si elle me certifiait que Cédric n'était pas une mauvaise personne, je savais que je pouvais lui faire confiance. Peut-être que mon appréhension était exacerbée par ma jalousie et ma peur de perdre ma sœur…
Le dernier jour de cours arriva bien trop rapidement. Je redoutais davantage mon départ de Poudlard pour deux mois et un énorme nœud avait pris possession de mon estomac. Quitter notre école voulait dire ne plus revoir mes amis, et surtout Fred, pendant ce qui me semblait être une éternité. Pour qu'il pense à moi durant ses vacances, je lui avais préparé un colis dans lequel je lui avais glissé l'appareil photo de mon grand-père et quelques recharges de pellicules ; j'avais également confectionné deux bracelets brésiliens que j'avais ensorcelés pour que, lorsque nous taperions sur l'un, cela se ressentirait sur l'autre. J'en avais gardé un pour moi et en avais glissé un dans le paquet. Je m'étais inspirée des bracelets que j'avais offerts aux jumeaux, mais avec un principe un peu moins complexe. J'y avais ajouté une nouvelle plume qui ne nécessitait pas d'encre pour écrire, ainsi que du parchemin et des enveloppes à foison ; avec tout cela, il n'aurait aucune excuse pour ne pas m'écrire. Et pour finir, j'y joignis une lettre accompagnée d'une photo de nous deux, que nous avions prise dans la cour extérieure du château quelques jours auparavant.
Je jetai un dernier regard à la salle commune des Serpentards, me remémorant chaque instant que j'y avais passé. Voilà un endroit qui n'allait pas me manquer… ou presque. Je n'avais presque pas revu Drago depuis notre dernier échange. Nous nous étions croisés à plusieurs reprises, mais n'avions rien échangé d'autre que des regards.
Voir tous les élèves se diriger dans la grande allée qui menait à Pré-au-lard me fendait le cœur. Pour la dernière fois de cette année scolaire, nous nous tenions tous les cinq ensemble, plaisantant comme à notre habitude, nous remémorant les meilleurs instants de cette année à Poudlard. Fred me tenait fermement la main, comme s'il ne voulait pas que je parte, tandis que nous nous dirigions vers le train qui nous mènerait à Londres. Je ne savais même pas si Tante Agathe pourrait se libérer pour venir nous chercher, Marie et moi ; même si nous habitions en ville, cela nous aurait évité de devoir prendre les transports en commun moldus, toujours bondés le samedi soir.
- Quand dois-tu partir ? me demanda Fred, alors que nous étions installés dans notre cabine.
- Je ne sais pas encore. Dans la semaine, je suppose. Je t'écrirai pour te dire quand je serai arrivée, lui dis-je. Je n'ai même pas pensé à vous le demander, mais avez-vous reçu vos résultats de BUSE ? leur demandai-je.
- Grâce à Gaston, Fred et moi avons réussi à avoir cinq BUSE sur neuf, me répondit George.
- J'en ai réussi sept sur neuf pour ma part, ajouta Lee.
- Et j'ai réussi mes neuf BUSE, de justesse pour l'Histoire de la magie et la divination, mais j'ai réussi.
- Tu peux être fier de toi, je suppose, répondis-je à Gaston. Je ne connais pas beaucoup d'élèves qui arrivent à avoir la moyenne en divination. Au moins, vous les avez tous réussis ; ces nombreuses heures d'études ne vous auront pas été inutiles.
- Je ne suis pas certain que notre mère serait aussi enchantée que toi, me répondit Fred. Percy avait réussi ses douze BUSE, ce qui veut dire que même à nous deux, nous n'arrivons même pas à obtenir autant de réussites que lui.
- Je ne connais pas vraiment votre frère, mais il me semble qu'hormis les résultats, peu de choses comptent réellement à ses yeux, ce qui n'est pas vraiment votre cas. Vous avez au moins eu le mérite de profiter de votre année à fond.
- Oui, d'ailleurs, je ne sais pas trop de qui il tient ça. Il a dû se faire adopter, c'est certain, ajouta George en se gossant avec les autres garçons.
Les regarder rire ensemble était particulièrement grisant ; ils étaient pour moi une véritable source de bonne humeur. Je les écoutais parler de leurs projets pour l'été ; apparemment les deux grands frères Weasley avaient prévu de venir pour les vacances, afin d'assister à la finale de la coupe du monde. Peut-être aurais-je la chance de les rencontrer ?
Le trajet s'éternisait et je sentais mes yeux me piquer, se fermant peu à peu. Je posai ma tête sur l'épaule de Fred, me laissant bercer par les voix de mes amis, tandis qu'il me caressait le dos de la main du bout des doigts. Je me laissai alors sombrer dans le sommeil, profitant de ces derniers instants de douceur.
Le train arriva finalement en gare. À l'extérieur, on pouvait déjà apercevoir les parents attendre leurs enfants avec un chariot pour transporter leurs valises. Fred ne m'avait toujours pas lâché la main, et le nœud dans mon ventre me semblait plus présent que jamais. Il m'aida à descendre ma valise, tandis que je portais toujours son colis dans la main. Alors que nous débarquions sur le quai, les garçons me saluèrent un par un, me prenant dans leurs bras, avant de me souhaiter de bonnes vacances. Fred me tira sur le côté pour nous éloigner un peu de la foule.
- J'ai vu mes parents, un peu plus loin. Ta tante doit venir vous chercher ? me demanda-t-il.
- Je ne sais pas, ça dépend si elle a pu se libérer plus tôt du travail. Je t'ai préparé un petit paquet pour cet été. Ce n'est pas grand-chose, mais ça te permettra au moins d'avoir un peu de moi avec toi, lui dis-je en lui tendant la boîte. Attend d'être chez toi pour l'ouvrir et surtout, fais-y attention, c'est assez fragile.
Il la prit, et me regarda d'un air triste, avant de me prendre dans ses bras. Cette étreinte était bien plus douloureuse que je ne l'aurais cru ; elle ressemblait presque à un adieu. Nous restâmes là pendant quelques instants, tandis que je respirais une toute dernière fois son parfum. Il s'écarta alors de moi, et retira son sweat-shirt avant de me le tendre, se retrouvant en t-shirt.
- Qu'est-ce que tu fais ? Remets ça vite, tu vas attraper froid ! lui dis-je.
- On est en plein été, Princesse, je suis très bien comme ça. Je n'ai absolument rien prévu pour toi, alors prends-le, s'il te plait. Comme ça, toi aussi tu auras un peu de moi avec toi, en Écosse.
Je l'enfilai tant bien que mal, le sweat-shirt étant deux fois trop grand pour moi ; mais au moins il avait son odeur. En me mettant sur la pointe des pieds, j'attrapai le col de son t-shirt pour l'attirer vers moi, et l'embrassai. Mes mains posées derrière sa nuque, notre baiser se fit plus passionné, tandis qu'il plaçait les siennes autour de ma taille.
- Il y a des hôtels pour ça ! nous lança une voix que nous ne connaissions que trop bien.
C'était Pansy et toute sa bande qui venaient seulement de sortir du train. J'avais vraiment espéré ne pas la croiser ce dernier jour ; rien que le fait de la voir me donnait de l'urticaire. Par chance, Drago n'était pas avec elle ; entendre une réflexion de sa part m'aurait fait bien plus mal que je n'aurais voulu l'admettre. Nous ne répondîmes même pas à son attaque, nous contentant de nous détacher l'un de l'autre, tout en continuant à nous regarder d'un air triste.
- Je crois que nous devrions y aller, ajoutai-je. Je pense que tes parents vont finir par se lasser de t'attendre.
- Si seulement tu n'avais rien eu de prévu pour les vacances… au moins tu aurais pu venir à la maison.
- Je suis désolée. J'ai vraiment l'impression de te trahir, ajoutai-je.
- Ne dis pas n'importe quoi ; ma demande est purement égoïste. Mais je t'écrirai, et tu as intérêt à en faire de même.
- Ne sois pas bête ; bien sûr que je t'écrirai, lui dis-je juste avant de l'embrasser à nouveau.
Il posa son paquet sur sa valise et me prit la main, tandis que nous nous dirigions vers la sortie de la voie 9 ¾. À côté de Ginny, George, Ron et Percy, je reconnus Monsieur Weasley, accompagné d'une petite femme rousse qui discutait avec Tante Agathe, me semblait-il. Que pouvaient-elles bien se dire ? Nous nous approchâmes et ma tante m'embrassa, et Fred me présenta à sa mère.
- Madame Weasley, c'est un plaisir de vous rencontrer, lui dis-je, me sentant un peu idiote.
Je me penchai en avant, dans une sorte de révérence, ne sachant trop quoi faire d'autre, sous le regard amusé de ma tante, et de Fred qui pouffa de rire. Je lui fis les gros yeux, lui plaçant un coup de coude dans les côtes avant de lui demander à voix basse de m'aider. Après tout, je n'avais jamais eu à faire cela auparavant.
- C'est un plaisir tout à fait réciproque, ma jolie, me répondit Madame Weasley, en me prenant dans ses bras. Arthur avait raison, tu es un joli brin de fille.
- Maman, arrête ! lui répondit Fred qui devint rouge pivoine.
- Je discutais avec Molly et Arthur, et ils se proposaient de t'accueillir chez eux lorsque tu reviendras de tes vacances, me lança Tante Agathe. Qu'en dis-tu ?
J'étais très étonnée de sa proposition, et je compris alors, en lisant entre les lignes, qu'elle acceptait que je parte en Écosse pour m'entraîner. J'étais tellement surexcitée, que je ne pus contenir ma joie bien longtemps.
- Avec plaisir, oui ! Je ne sais pas quoi vous dire, c'est très gentil de votre part de l'avoir proposé, Monsieur et Madame Weasley.
Ils semblaient tous deux ravis de ma réponse, pour une raison que je ne comprenais pas sur le moment. Fred semblait aussi excité que moi. Tante Agathe avait accepté que je parte en Écosse, et je pourrais le revoir avant la rentrée des cours. Finalement ces vacances allaient se passer bien mieux que je ne l'avais imaginé. Alors que ma tante et les parents de mon petit ami discutaient ensemble des modalités de mes vacances chez eux, Fred me prit dans ses bras une dernière fois, m'embrassant sur le front.
- Rappelle-moi, combien de temps dure ton voyage ? me demanda-t-il.
- Un mois, tout au plus, il me semble.
- Bien, il ne nous reste plus qu'un mois à attendre, maintenant. Tu n'as pas intérêt à m'oublier en attendant, miss Lancelot.
- Aucun risque que je t'oublie, Monsieur Weasley.
- Je t'aime, m'avoua-t-il à voix basse, comme s'il s'agissait d'un secret entre nous.
- Je t'aime aussi, Freddie.
Il prit mon visage entre ses mains, et m'embrassa pour la toute dernière fois, sous les yeux gênés de ses parents. Marie nous rejoignit enfin, après avoir dit au revoir à Cédric, et nous saluâmes toutes les trois la grande famille Weasley. Avec un pincement au cœur, je poussai le chariot de nos valises, tandis que Tante Agathe passait son bras autour des épaules de ma sœur.
- Allez, haut les coeurs, les filles, ce soir sonne le début des vacances. Pour fêter ça, je vous propose de commander des pizzas chez Paolo.
- C'est d'accord pour les pizzas, mais ce soir on a beaucoup de choses à se raconter toutes les trois, alors je vous propose qu'on se fasse une nuit camping dans le salon ! ajoutai-je.
- Je suis pour la soirée camping ! répondit Marie, aussi enthousiaste que moi.
C'est ainsi que se termina notre toute première année à Poudlard qui était devenue notre deuxième maison. Une année semée d'embûches, mais durant laquelle nous avions toutes les deux trouvé du réconfort auprès de nouveaux amis qui devinrent, peu à peu, notre nouvelle famille.
À cet instant, débutaient pour nous les toutes premières vacances d'été sur un nouveau continent depuis le décès de nos parents. Mais qu'allaient nous réserver ces quelques mois, séparées les unes des autres pour la toute première fois ? Après une année si mouvementée, quelque chose me disais que nous n'étions pas près d'oublier ces vacances d'été.
