Le bureau des héros (5)
Parisiennes, Parisiens
Le lendemain matin, aucune alerte ne vint troubler le petit-déjeuner des amoureux. Encore tout alanguis par leur nuit câline, Adrien et Marinette prirent le temps de revenir sur les découvertes qu'ils avaient faites ces derniers jours.
— Dis, Adrien, si je t'ai retrouvé sur ce toit, tout au début, je suppose que c'est parce que tu t'étais détransformé ?
— Tout à fait. Plagg était en train de se nourrir. J'ai inventé le premier mensonge qui m'est venu à l'esprit pour expliquer ce que je faisais là.
— C'était pas mal trouvé. N'empêche que cela aurait dû me mettre la puce à l'oreille quand même. J'ai assez souvent été coincée sur un toit pour savoir que cela pouvait arriver à Chat Noir. C'est la première chose qui aurait dû me venir à l'esprit, en fait.
— Je te dis que tu fais un déni sur Chat Noir, sourit Adrien.
— Et toi, ça ne t'a vraiment pas gêné d'apprendre que c'était moi ? questionna Marinette. Tu ne m'en as pas voulu d'avoir fait semblant de ne pas te connaître ?
— Non, pas du tout. On a déjà discuté de tout ça plusieurs fois : je sais que, pour toi, l'anonymat, c'est la sécurité. Je préfère que tu m'aies menti et que tu sois sortie avec moi, que le contraire.
Il resta songeur un moment, avant de dire :
— Ça fait plusieurs jours que je cherche à comprendre pourquoi tu as tellement de mal avec Chat Noir alors qu'on s'entend vraiment bien quand je suis Adrien. Je me demande si ce n'est pas à cause de la manière dont j'ai flirté avec toi au début. Je réalise maintenant que j'ai été très insistant. Cela devait être oppressant pour toi. Refuser de me prendre au sérieux a été ta manière de te protéger des sentiments non réciproques que j'avais cherché à t'imposer.
Marinette évalua l'hypothèse.
— Peut-être, reconnut-elle. Mais moi non plus je n'ai pas été très adroite dans ma manière de te repousser.
— Tu n'aurais pas été obligée d'être adroite ou plus douce si je n'avais pas insisté, reconnut Adrien. Je te dois des excuses, en fait.
— Non, ne dis pas ça !
— Mais, si, pourquoi pas ?
— On avait quatorze ans, Adrien, l'exonéra-t-elle. Tu as fait ce que tu as pu.
— Toi aussi tu étais jeune et je t'ai mise dans une situation pas évidente à gérer. Bon, on va dire que j'ai mérité d'avoir autant galéré et que j'ai appris depuis à me conduire correctement.
— Je confirme que, dans notre récente relation, tu t'es toujours montré très attentif à ne pas me brusquer ou me mettre mal à l'aise. Au début, quand je ne savais pas trop où cela allait nous mener, ça a beaucoup compté.
— Moi non plus, je ne savais pas trop comment allait tourner notre relation, révéla Adrien. Si tu ne t'étais pas jetée sur moi, je ne sais pas si j'aurais espéré avoir une relation sérieuse avec toi.
— Moi, je me suis jetée sur toi ? répéta Marinette d'un ton contestataire.
— Oui, tu m'as même grimpé dessus, insista-t-il les yeux rieurs. Tout ça au premier baiser.
— Tu ne m'as pas repoussée, se défendit-elle.
— Il est même possible que je t'aie un peu aidée, convint-il. Mais je remarque aussi qu'une fois que je t'ai proposé le truc du couloir, tu n'as pas tellement hésité à te détransformer. J'avoue que cela m'a un peu épaté. Tu étais tellement coincée sur ton identité.
— Peut-être que je rêvais depuis longtemps de me retrouver dans cette situation, reconnut-elle en lui lançant une œillade.
— Peut-être bien que je mourrais d'envie de découvrir ce que tu cachais sous ton costume, avoua-t-il à son tour. Et je n'ai pas été déçu.
Ils se penchèrent au-dessus de la table pour s'embrasser. Alors qu'ils se redressaient, Adrien demanda :
— Dis, celui que tu aimais il y a quatre ans et pour lequel tu m'as repoussé, c'était Luka ?
Marinette rougit fortement – oui, elle avait parfois des rechutes – et cacha sa figure dans ses mains.
— Tu n'es pas obligée de répondre, se pressa de dire Adrien. Cela ne me regarde pas.
— Mais si, grommela Marinette, c'est juste que cette histoire est tellement ridicule !
— Tu peux la garder pour toi, insista son amoureux.
— Non, je ne peux pas. Tout le monde est au courant, sauf toi.
— Au courant de quoi ? s'étonna-t-il.
Marinette leva la tête pour le regarder :
— Que c'était de toi dont j'étais amoureuse.
— Pardon ?
— J'étais folle de toi, Adrien. Au point de ne pas pouvoir prononcer une phrase complète en ta présence et à être encore plus maladroite que d'habitude.
— De moi ? répéta-t-il, éberlué. Mais… pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
— Je ne peux même pas compter le nombre de fois où j'ai essayé, soupira-t-elle. Mais ça n'aurait rien changé. Tu étais amoureux de Ladybug. Tu m'aurais jetée. Sans doute plus gentiment que je ne l'avais fait moi, reconnut-elle.
— Tu m'as dit non parce que tu étais amoureuse de moi, répéta-t-il. Ce n'est pas possible !
— Et si… Mais bon, ça ne pouvait pas marcher, tant qu'on ne savait pas tous les deux qui on était. Les astres n'étaient pas alignés, c'est peu de le dire.
Adrien réfléchit à la question.
— Tu sais… Après avoir renoncé à toi, si je suis sorti avec Kagami, c'est surtout parce qu'elle s'était déclarée. Ça aurait pu être toi. Sauf que tu sortais avec Luka, se souvint-il. Je ne t'intéressais plus ?
— Moi aussi, j'avais renoncé, avoua-t-elle. Et je suis sortie avec Luka pour la même raison que toi avec Kagami. Il était amoureux de moi et c'était un garçon formidable. Je ne regrette pas, ajouta-t-elle, voulant être loyale envers son ex-petit ami.
— Je ne regrette pas Kagami non plus, convint-il. Mais quand je pense que ça aurait pu être nous deux…
— Je ne sais pas, réfléchit Marinette. Notre secret aurait été une barrière entre nous, tout comme ça a été le cas entre Luka et moi. Et notre rupture m'aurait fait encore plus mal.
— Je pense que notre secret n'aurait pas tenu longtemps, opposa-t-il.
— Je ne suis pas certaine que je l'aurais bien vécu, avoua Marinette. Et on s'entendait moins bien en tant que Ladybug et Chat Noir, à l'époque. Ça aurait pu très mal tourner.
— Peut-être, admit-il. Peut-être qu'on avait besoin de ces relations pour mûrir et établir les relations que nous avons maintenant en tant qu'amoureux et en tant que héros.
— Oui, de toute manière ce qui compte, c'est aujourd'hui.
Ils se regardèrent, échangeant silencieusement leur joie d'être enfin ensemble. Soudain, Adrien réagit :
— Dis, l'autre jour, quand je me suis disputé avec Lila, elle m'a dit que tu me courais après depuis quatre ans. Tu veux dire qu'elle avait dit la vérité, pour une fois ?
— Elle en est capable quand elle pense que cela va embêter quelqu'un, soupira Marinette. Et si j'avais été là, ça m'aurait bien gênée, il faut l'avouer.
— Je ne l'ai pas crue, avoua Adrien. Et les rubans dans les cheveux, et le parfum, c'était pour que je ne te reconnaisse pas ?
— Tout à fait, confirma Marinette. J'ai aussi évité de discuter avec toi. C'était risqué d'y aller, mais je ne voulais pas rater cette soirée. Si j'avais pensé que Lila serait là, je ne serais pas venue, tiens ! Au fait, tu as enfin compris pourquoi elle t'a dragué à mort ?
— Non, je devrais ?
— C'était pour marquer des points contre moi. Elle voulait me montrer qu'elle était capable de réussir où, moi, j'avais échoué. Pas de chance pour elle, ses informations n'étaient pas à jour.
— Ah bah, je ne te dis pas merci pour le cadeau !
— C'est moi qui ai convaincu Alya de t'envoyer Nino, quand même !
— Ah bon ? C'était une bonne idée, ça. Bon, je comprends mieux pourquoi elle s'en est prise à toi, après ton départ.
— Elle avait raté son coup et elle tentait de se rattraper, confirma Marinette. Mais c'est toi qui l'as mise en échec, cette fois-ci, conclut-elle. Finalement, c'est elle qui a passé la plus mauvaise soirée.
— On ne va pas pleurer sur son sort, hein.
— Oh que non !
Ils se regardèrent, levèrent le poing et s'exclamèrent :
— Bien joué !
oOo
L'alerte retentit dans le milieu de l'après-midi.
— Fais attention à toi, Petit Cœur.
— Bien sûr, Pucinette. Et toi, ne te mets pas en surchauffe.
Ils s'embrassèrent. Adrien se transforma et partit, alors que Marinette s'installait sur la table basse du salon, avec l'ordinateur portable d'Adrien et son téléphone. Elle commença par appeler Mister Bug.
— Bug, ici Milady.
— Ici, Bug, je te reçois haut et clair. J'appelle Cat. Cat, ici Bug et Milady.
— Je suis en route ! Rena est juste derrière moi.
— Rena, ici Bug, Milady et Cat.
— Bonjour, tout le monde. Je suis juste derrière Cat. Milady, tu as des images ?
— Je ne vois encore rien sur les réseaux, Rena, répondit Milady. L'alerte akuma est signalée du côté du Louvre. Et vous ?
— On se dirige dans cette direction, l'informa Rena. Pour le moment, rien à signaler. Ah si ! Cat, regarde à ta droite, des voitures renversées. Akumatisé en vue. On dirait Glaciator.
— Ça ne sent pas bon de mon côté, fit la voix de Bug. Je vois une armée de policiers en rouge, qui font régner la terreur dans les rues.
— On est à un kilomètre du Louvre, renseigna Rena. Il y a des éclairs gigantesques, au-dessus.
— J'ai Nadja transformée en Prime Queen en direct à la télé, annonça Milady. J'ai compris ce qui se passe. C'est comme le jour des héros. On a une armée d'akumatisés.
— J'arrive à l'Hôtel de Ville, dit Bug. Oups, j'ai Cœur de pierre devant moi. Je peux me débrouiller seul, je pense.
— Non ! Cache-toi tout de suite.
— Mais…
— Fais ce que je te dis ! insista-t-elle. Rena et Cat, cachez-vous aussi.
— Pourquoi ? s'insurgea Rena.
— Vous êtes cachés ?
— Oui.
— Écoutez-moi, expliqua Milady. On a des akumatisés partout. Je vois Nadjia au Trocadéro. Bug a dépassé une armée de policiers qui doivent être menés par RogerCop. Cœur de Pierre est à l'Hôtel de Ville, Climatika au Louvre. J'ai des images qui arrivent et qui confirment leur nombre. Vous ne pouvez pas les battre tous.
— Mais on ne va pas les laisser faire ! protesta Bug.
— C'est vous les cibles, pas les Parisiens, analysa Milady. Ils ne mettent le bazar que pour vous faire sortir et vous prendre vos Miraculous.
— C'est comme d'habitude, remarqua Bug.
— Non, car cette fois-ci vous ne pouvez pas gagner. Donc, au lieu de courir partout, on va choisir notre terrain.
— Ah, d'accord, j'ai eu peur, fit Bug. J'ai cru que tu allais nous faire rentrer à la maison.
— Cat et Rena, restez bien ensemble et surveillez votre environnement, ordonna Milady. Celui qui est le plus dangereux, c'est le Dislocœur, il peut vous neutraliser complètement. Si l'un de vous est touché, que l'autre lui arrache son Miraculous immédiatement. On perd l'un de nous, mais au moins, on ne l'a pas contre nous. Bug, il faut que tu obtiennes un Lucky Charm qui te permette de faire savoir que tu renonces à te battre contre cette armée et de demander à tous les Parisiens de s'armer contre eux, ou de se cacher, comme pour le jour des Héros d'il y a trois ans. Cat et Rena, allez directement à l'Arc de Triomphe, le plus discrètement possible. Bug vous y rejoindra.
— Compris, Milady.
— Quand tu auras terminé ton message, tu te déplaces vite, tu te caches bien et tu te détransformes. Il ne faut pas que tu sois minuté pour la suite. Pareil pour tout le monde. Dès que vous avez utilisé votre pouvoir, tentez de nourrir votre kwami au plus vite. Rationnez-les pour le faire plusieurs fois, si besoin.
— Compris, Milady.
— Lucky Charm ! fit la voix de Bug.
— C'est bon ? s'inquiéta Milady.
— Impeccable, j'ai un mégaphone. Je me trouve un perchoir et je fais mon annonce.
— Entendu. Cat et Rena ?
— On est en route. On doit faire pas mal de détours pour éviter des vilains.
— Bien, continuez comme ça.
— PARISIENNES, PARISIENS ! Ici Mister Bug, super héros, pour vous servir. Aujourd'hui est un jour spécial, où vous êtes invités à donner le meilleur de vous-même pour mettre en déroute l'armée de vilains qui a envahi notre magnifique ville. Mettez les plus fragiles à l'abri. N'hésitez pas à vous défendre par tous les moyens à votre disposition. Nous comptons sur vous pour les empêcher de nuire, le temps que nous trouvions une solution pour vous en débarrasser. À nous tous, nous vaincrons. Et le Papillon se mordra les ailes d'avoir voulu gâcher votre samedi !
— C'est bien, Bug, disparais, maintenant !
— À tes ordres, Milady.
— Milady, nous sommes en vue de l'Arc de Triomphe.
— Parfait, restez cachés le temps que Bug vous rejoigne.
— Je suis dans un coin tranquille. Je nourris Tikki.
— Bien. Les Parisiens t'ont entendu, Bug. Tu as été filmé et relayé. Sur les réseaux, j'ai des appels à rassemblements de défense et des personnes qui proposent des lieux sûrs pour ceux qui veulent être mis à l'abri.
— Parfait. Tikki, transforme-moi. Je vais à l'Arc de Triomphe.
— Bien.
— Cat ! Tiens bon ! J'arrive !
— Mais qu'est-ce que tu racontes, Bug. Je vais bien !
— Bug, arrête ! Cache-toi tout de suite ! Qu'est-ce que tu as vu ?
— Le Papillon est en train de tuer Cat.
— Mais non ! Je suis caché avec Rena.
— Il est avec moi, confirma Rena.
— Bug ! Volpina est dans le coin. Elle doit être en vision directe avec son illusion à te guetter. Prend-la à revers et neutralise-là. Ne prends pas de gants.
— Avec joie, Milady. (…) Je la vois. Je m'en occupe.
(Bruits de lutte.)
— Oh, mais qu'est-ce que j'ai attrapé dans mon yoyo ? Dis-moi tout ! Tu m'attendais ? Je sais que je suis irrésistible, dans mon justaucorps rouge.
— Bug, pas le temps de s'amuser. Enferme-la quelque part où aucun akuma ne pourra l'atteindre.
— Bon. Assez joué, saleté d'akuma, je te libère du mal ! Et toi, tu viens avec moi.
(Voix en arrière-plan :)
— Oh, Mister Bug, merci de m'avoir sauvée. Je suis tellement désolée d'avoir encore été akumatisée. Ne vous inquiétez pas pour moi. Je vais aller me battre contre les méchants, à coup de poing, s'il le faut.
— Économise ta salive, ça ne marche pas. Monsieur ! Oui, vous. Cette jeune femme a été akumatisée et maintenant elle me semble être en état de choc. Pour tout dire, un peu délirante. Serait-ce possible de la garder dans une pièce bien fermée jusqu'à la fin de l'attaque ? Surtout, ne la laissez pas sortir, elle me semble un peu fragile psychologiquement. Elle n'arrête pas de dire des choses et leur contraire juste après.
— Espèce de sale cloporte !
— Vous voyez, je viens de la sauver, et elle me prend pour son agresseur alors qu'elle voulait m'embrasser les pieds il y a quelques minutes. Complètement folle, je pense. Oui, ce bureau me semble parfait. Pas de fenêtre, bien. Je vous conseille de fermer la porte à clé. Voilà. Ne l'écoutez pas. Elle dit de vilains mots, hein ! Elle va se calmer. Je vous remercie. Je vous laisse, j'ai à faire.
— Bug, on n'a pas toute la journée !
— Milady, intervint Cat. On se déplace, on a le Gamer en ligne de mire et il nous a vus.
— Rena, s'il le faut, illusionne-le !
— C'est parti !
(Son d'une flûte.)
— Bug, tu les rejoins ?
— Je suis en bas des Champs. Je saute d'arbre en arbre.
— Cat ?
— Rena s'en tire comme un chef. On se déplace encore et je la protège pendant qu'elle nourrit Trixx.
— Bien. Quand vous avez fini, vous montez sur l'Arc de Triomphe. Ce que j'espère, c'est que le Papillon vous rejoigne.
— On risque d'avoir le troupeau de vilains, avant.
— C'est pour ça que je vous ai envoyé là. Vous serez en hauteur, vous les verrez arriver. N'oubliez pas ceux qui savent voler, le Dislocœur en tête.
— Ok.
— Vous pouvez les désakumatiser en les frappant là où ils ont une sorte de médaillon avec un papillon noir dessus, rappela Milady. Si le Papillon rouge arrive, ne cherchez pas à le battre ou à prendre son Miraculous. Brisez sa canne, et tout le monde sera purifié. Ensuite, Rena, tu créeras une illusion de toi qui restera sur place et tu le prendras en filature discrètement.
— Je n'aurais alors plus que cinq minutes, opposa Rena.
— Cela nous permet de rentrer chez nous, ce sera sans doute le cas pour lui. Ne t'en fais pas.
— On a des copains qui sont en train de s'inviter à notre fête privée, fit Bug d'une voix amusée. Dites, les Peaux-Rouges, on ne vous a jamais dit que c'était malpoli ?
(Bruits de lutte.)
— Pour info, je vous vois, j'ai trois lives qui vous filment en ce moment. Continuez comme ça. Je vous amène des renforts.
(Bruits de lutte.)
— Dislocœur neutralisé !
— Beau boulot, Cat, apprécia Milady.
— Horus neutralisé !
— Bravo, Rena.
— Bug, derrière toi !
— Vu. Eh, le gros gorille ! Tu veux jouer à avec moi ?
— Rena, aide Bug !
— J'arrive !
— Gorizilla neutralisé !
— C'est bien.
— Eh, y'en a encore beaucoup ? demanda Cat, essoufflé.
— Les renforts arrivent, répondit Milady.
— Quels renforts ? s'enquit Bug.
— J'ai lancé un appel sur les réseaux sociaux. Les Parisiens viennent vous aider.
— Oui, je les vois, dit Rena. Il y a des gens à pied et une dizaine de bus qui foncent dans le tas !
— Parfait. Dès qu'ils ont la situation en main, laissez-vous tomber à genoux comme si vous étiez à bout de force.
— On reste perchés sur l'Arc ?
— Oui, vous verrez mieux le Papillon arriver. Parfait, on vous croit totalement épuisés. Pas besoin de faire le guet, j'ai une excellente visibilité. Pour info, les vilains sont en fuite, en bas, ils se sauvent avenue de la Grande Armée. Je vois le Papillon ! Il arrive par l'avenue Kléber. Préparez-vous à vous relever. Maintenant ! Objectif, son bâton !
— On est certains que ce n'est pas une illusion ? demanda Rena.
— On le saura quand vous le toucherez. Je surveille vos arrières sur mon écran au cas où.
(Bruit de lutte.)
Milady jura. Une des vidéos qu'elle suivait venait de s'arrêter brusquement ! Elle bascula sur un autre point de vue, moins panoramique, mais assez, cependant, pour qu'elle puisse suivre le combat.
— Rena, passe derrière et fais-le tomber ! cria-t-elle quelques instants plus tard. Bug, son bâton. Cat à toi !
— Cataclysme !
— Bien joué ! Bug, détourne son attention. Rena, c'est le moment.
(Son de flûte.)
— Bug et Cat, attaquez-le. Ne vous en faites pas s'il se sauve, ça fait partie du plan. Rena, tu ne le colleras pas trop. Il pourrait sentir ta présence.
— Ok. Je suis sur un toit en bordure de la place. Laissez-le partir, les gars !
— Voilà, il est à toi, Rena, dit Bug.
— Je l'ai en vue. Je le suis.
— Sois prudente, la supplia Milady. Tiens-nous au courant. Cat, rentre vite, tu n'as plus beaucoup de temps. Bug, remets tout en place et rejoins-nous.
— Je suis toujours derrière lui, Milady, fit la voix de la porteuse du Renard. Il est fatigué, lui aussi, il ne va pas trop vite.
— Garde tes distances, Rena. Ça peut être un piège.
— Ok.
— Lucky Charm ! Hey, on a gagné une médaille d'or, les copains ! On est les champions ! On est les champions ! On est, on est, on est les champions ! J'espère que je suis filmé. Allez, zou, Miraculous Mister Bug !
— Génial, tout est redevenu normal, le félicita Milady qui suivait toujours la situation sur son écran. Beau boulot, tous les trois.
— On était bien dirigés, Général Milady.
— Toujours ok, Rena ?
— Oui, oui.
Cat atterrit sur la terrasse d'Adrien. Il se détransforma immédiatement.
— Camembert ! demanda Plagg.
— Où est Rena ? demanda Nino.
— Je ne sais pas, répondit Milady. Elle ne parle pas, mais j'entends son souffle. Elle va bien.
— Je suis sur le chemin, dit Bug.
— Bien reçu, Bug. Va prendre de quoi boire, Nino. On a remis des boissons au frais ce matin.
Elle se leva du canapé et alla dans la cuisine :
— Tiens, Plagg, voilà ton camembert. Non, tu ne vas pas mourir, tu es immortel.
Bug ne tarda pas à arriver à son tour. Il se détransforma en entrant dans le salon. Adrien se précipita sur Marinette :
— Tu es la meilleure !
— Attends un peu, dit-elle avant de mettre son téléphone sur haut-parleur et le poser sur la table du salon.
Adrien fit tournoyer Marinette dans ses bras en couvrant son visage de baisers.
— Tu es la fille la plus extraordinaire que je connaisse. Tu es un stratège époustouflant. Tu es la meilleure ! Comment veux-tu que je ne sois pas fou de toi ?
— Ben, tu peux l'être alors, sourit Marinette en se laissant aller contre lui, pendant que Nino se penchait sur le téléphone :
— Rena ? Rena ?
— C'est bon, Cat, je t'entends.
— Tout va bien ?
— Oui, le Papillon est rentré dans une maison.
— Tu as l'adresse ? vérifia Marinette en repoussant doucement Adrien.
— Je vais me détransformer. Je vais me cacher.
— Rena ! s'exclama Nino, inquiet.
— Ne t'inquiète pas. Je suis juste épuisée et Trixx aussi. Donnez-nous deux minutes.
— D'accord, dit Marinette.
— Tu veux qu'on vienne te chercher ? demanda Nino.
— Non, Cat, c'est bon. Je marche un peu pour m'éloigner… Ok, je me cache. Je suis de nouveau transformée. Je rentre, tout va bien.
— Vous avez tous été extraordinaires aujourd'hui, les félicita Marinette. Et bientôt, on va savoir où habite le Papillon !
— Mince, je n'ai pas pensé à mettre du champagne au frais ! regretta Adrien. On fêtera ça avec les sodas russes que j'ai mis au frigo ce matin. Ils ont peut-être mis un peu de vodka dedans.
Ils se mirent à rire, rendus euphoriques par leur victoire.
— J'arrive, fit Rena dans le téléphone de Marinette.
— Oui, viens vite, il ne manque plus que toi ! l'invita chaleureusement son amie.
Enfin, ils virent atterrir Rena Rouge. Elle ne semblait pas en grande forme. Adrien et Nino se précipitèrent pour la soutenir.
— Ne dis rien, viens t'asseoir. Détransforme-toi vite, conseilla Adrien.
— Détransformation, souffla-t-elle.
— Tikki, Trixx, venez, je vais vous nourrir, les invita Marinette.
Les deux garçons s'occupèrent d'Alya. Adrien lui apporta de quoi boire pendant que Nino lui massait les épaules, car elle semblait crispée.
— Ça va mieux, Alya ? demanda Marinette en les rejoignant. Alors, où étais-tu ? Tu as son adresse ?
— Oui.
— Génial, tu peux nous montrer où ? insista Adrien.
Alya repoussa un peu Nino et se redressa. Elle regarda celui qui lui posait la question et répondit :
— Il est rentré chez toi, Adrien.
oOo
En attendant que Gabriel Agreste rejoigne son bureau, Nathalie repassa les enregistrements d'une des caméras de sécurité. Elle avait cru voir quelque chose par la fenêtre et voulait le vérifier. Elle fit défiler les images puis mit sur pause. Sur un toit, juste en face de la coupole qui servait de quartier général au Papillon, on voyait nettement se profiler une superhéroïne, dans un costume d'un ton rouille.
— Alors, comme ça, tu as découvert notre repaire, petite renarde. Voilà qui est bien intéressant, chuchota Nathalie.
J'espère que vous avez aimé le combat (c'est pas mon point fort, l'action). On se retrouve dans quelques jours pour la suite ("Savoir où est son devoir")
