Chers lecteurs,
Des réponses à vos questionnements et un rebondissement inattendu.
Merci toujours à vous pour vos commentaires !
Portez-vous bien, lisez Lewis Trondheim, à bientôt,
Al
PS : réponse à Lapeste : silencio c'est comme archimède. ce sont des personnalités complexes et artistiques. ils pourraient bien s'entendre (j'y réfléchis) merci pour ta review !
« Si je comprends bien ce que tu proposes, Harry…
- Tu comprends bien, John. Ça fait trois fois que je te l'explique, et tu as compris dès la première fois. »
John Jones plissa des yeux. Âgé d'une cinquantaine d'années, il n'était pas au poste de chef du bureau des Aurors par hasard : Harry avait rarement rencontré de personnes qui pigent aussi vite et analysent tout avec une étonnante rigueur et une précision digne de Severus Rogue quand il préparait les potions les plus compliquées de son répertoire.
Harry appréciait beaucoup son chef. Ils se respectaient l'un l'autre. Quand Ron et lui avaient commencé leur formation d'Auror, John, à l'époque instructeur, les avait poussés dans leurs retranchements pour vérifier que leur réputation de chasseur de mage noir n'était pas surfaite. Quand il s'était aperçu que les deux zozos auxquels il était confronté étaient réellement des sorciers qui connaissaient leur sujet (magie noire, sortilèges impardonnables, créatures mortelles…), il leur avait proposé assez rapidement des exercices réservés aux élèves des années supérieures. John avait toujours conscience des facultés de ceux qu'il avait en face de lui et avait toujours réussi à en tirer profit.
« Le fait que tu parles fourchelangue est un atout, certes…
- Mais ?
- Si tout le monde le sait, on perd l'effet de surprise. »
Pas faux.
Harry réfléchit un instant.
« On pourrait créer un département secret !
- Harry… On n'est plus à Poudlard ! Le secret, c'est compliqué. On a des lois à respecter ! »
John avait raison, bien sûr, Harry pouvait le reconnaître. Mais ça faisait presque huit mois qu'il était sur cette affaire de trafics d'elfes, et il en avait sa claque de patauger. S'il fallait faire une croix sur la morale et le domaine privé pour coincer enfin les trafiquants, c'était diablement tentant.
La morale avait toujours eu quelque chose d'élastique pour Harry.
« On ne peut pas entrer chez les gens ou poser chez eux des moyens d'écoute.
- L'espionnage n'est pas très légal non plus…
- On n'est pas en période de guerre qui nécessite de payer un département d'espionnage ! Surtout que les avocats seront capables de montrer qu'on a agi sans mandat, et ça c'est la merde.
- Pas forcément chez eux ! Si on glisse les serpents dans les canalisations, ils peuvent être coincés dans le mur. Ils seraient dehors et dedans : ils pourraient écouter tout en n'étant pas dans les maisons. Et les sorts de repousse ne fonctionnent pas sur les serpents, j'ai vérifié. »
Oui, Harry avait repensé à sa deuxième année, quand il avait été l'unique élève de Poudlard à entendre les murs lui parler. Et il avait fait des tests avec Silencio le matin même.
« Ton idée a du bon. Je vais y réfléchir.
- Merci, boss. »
Harry quitta le bureau de son chef et revint au sien.
Bien entendu, il aurait dû s'y attendre, Archimède l'attendait, posé sur le dossier de sa chaise.
« Va encore falloir que je pique des biscuits pour hibou à Lucinda… Drago pourrait m'envoyer un paquet de tes friandises préférées, vu le temps que tu passes ici. »
Il ignorait si Archimède le comprenait. Il lui grattouilla la tête : Archimède, aussi aimable que son maître, fit un mouvement pour l'éviter.
« Chacal. »
Harry décrocha le parchemin qui était accroché à la patte du grand-duc.
Je t'avais dit que tu serais un des premiers au courant. Comme je sais que tu ne lis pas la Gazette, je me suis permis de t'envoyer un extrait du numéro de demain. Renvoie-moi Archimède en bon état.
Un encadré parfaitement découpé était collé en pièce jointe. Le mot n'était pas signé, mais vu la méticulosité avec laquelle le journal avait été amputé et la tête mal-aimable du hibou, on ne pouvait avoir de doute sur l'expéditeur.
L'encadré, un extrait du carnet de la Gazette,proclamait en petits caractères : Mr Drago Lucius Canopus Arcturus Urkab Abrachaelus Malefoy et Miss Astoria Alixia Medea Greengrass annoncent leur divorce à l'amiableaprès neuf ans de mariage heureux. Mr Malefoy gardera le manoir familial en habitation principale, Miss Greengrass logera à Londres. Ils se partageront la garde de leur fils.
Harry en sourit jusqu'aux oreilles : Drago avait enfin divorcé ! Il allait arrêter de lui casser les pieds avec ses histoires où Green-garce le squattait. Il avait récupéré sa propriété en entier. Harry était content pour lui.
Il prit sur son bureau un vieux brouillon et griffonna derrière :
Cher Urkab,
Bienvenue dans le club des célibataires ! On va boire un coup pour fêter ça ?
Auror Potter
P.S. Que mange Albinoni en gâterie pour volatile ?
Il plia le parchemin, l'accrocha à la patte d'Archimède et le laissa repartir. Il rangea la coupure de presse dans son portefeuille (pas question de laisser traîner ça dans le bureau, avec cette fouine de Lucinda dans les parages). Il se remit à l'ouvrage, le cœur léger.
Une heure plus tard, Archimède toqua du bec contre la porte. Harry lui ouvrit.
La réponse de Drago était brève :
18h Citron-citrouille. Sois ponctuel.
Harry fut déçu que Drago n'ait pas réagi à Urkab. Il recommencerait à la première occasion pour voir si ce dernier restait stoïque ou non.
OoO
« Salut…
- Potter. Tu as seize minutes de retard.
- Je suis désolé, vraiment, s'excusa platement Harry en tirant la chaise qui faisait face à Drago. T'as commandé ?
- La serveuse a peur de moi. »
Quelle diva ! Harry fit un signe et une serveuse frêle au visage et aux bras parsemés de taches de rousseur vint vers eux. Elle aurait pu sans complexe passer pour une Weasley si ce n'est ses cheveux qui tiraient plus vers le blond vénitien que sur le roux.
« Bonsoir !
- Bonsoir messieurs… »
Elle regardait en coin Drago. Harry soupira : il ne savait pas si c'était dû à la réputation sulfureuse de fils de Mangemorts de Drago ou à son impolitesse dédaigneuse, mais il avait envie de boire un coup sans se sentir agressée par Barbara (le badge rose épinglé sur sa poitrine indiquait le nom de la demoiselle).
« Je vous prendrai une Magicness importée d'Irlande, s'il vous plaît. »
Harry jeta un regard à Drago qui paraissait ne pas vouloir se décider pour une boisson : il regardait haineusement la serveuse. Harry décida pour lui :
« Un Whisky pur feu pour monsieur.
- Tout de suite, messieurs… »
Barbara semblait perdue. Comme tout sorcier d'Angleterre, elle reconnaissait Harry : même s'il ne faisait plus régulièrement la une des tabloïds, il avait suffisamment peu changé pour ne pas passer inaperçu. De plus, comme tout sorcier d'Angleterre, elle avait reconnu Drago : le blond platine et le regard dédaigneux étaient clairement une marque Malefoy. Et enfin, comme tout sorcier d'Angleterre, elle avait sûrement lu le fascicule Les dix choses à savoir sur le Survivant écrit par Miranda Coconutcookie à l'époque où elle était simple pigiste à la Gazette, et elle savait donc que l'inimitié entre Gryffondor et Serpentard avait atteint l'apogée du siècle quand Harry Potter et Drago Malefoy étaient à l'école ensemble.
Les voir ensemble devait la perturber.
« Alors ? De retour sur le marché, Urkab Malefoy ?
- Par pitié, Potter, ne m'inflige ni cette conversation ni ce prénom. Mon père s'est vengé de mon grand-père en me nommant d'après le père de ma mère et je suis célibataire depuis moins de quatre heures. »
Harry ricana, légèrement mal à l'aise. Il ne savait pas s'il devait insister ou pas.
Bon. Décidément, il n'arriverait à rien en réfléchissant. Il fallait arrêter de se croire au boulot et attaquer le dragon par les pointes ou quoi que ce soit.
« Tu seras sûrement le célibataire à décrocher, non ?
- Que veux-tu dire ? » répliqua Drago en jetant un coup d'œil à la fameuse Barbara qui revenait vers eux avec leurs consommations.
Harry attendit qu'elle les ait servis et se soit éloignée pour reprendre.
« Je ne connais pas encore toutes les convenances sangs-purs, mais j'avais compris que le célibat n'était pas vraiment de mise. Luna a épousé Ronaldo dès que l'occasion s'est présentée, et Augusta Londubat se désespérait de voir son fils se marier.
- Étonnant que Weasley ne t'ait pas mis au courant des traditions sangs-purs.
- Les Weasley sont assez progressistes. »
Drago renifla.
« Si tu préfères cette appellation à Traîtres-à-leur-sang…
- Drago, le coupa froidement Harry.
- En gros, reprit-il en fronçant les sourcils, tu dois te marier, pas trop tard, pour avoir au moins un héritier. Comme le Ministère et la bonne société sorcière ont toujours été obsédés par le renouvellement des générations sorcières, il est de bon ton de procréer le plus possible. À cet égard, les Weasley peuvent faire ce qu'ils veulent : ils ont suffisamment servi les sorciers quand on voit le nombre d'enfants qu'ils ont eu. »
Harry avait déjà entendu parler de ça. Ginny le lui avait expliqué quand ils étaient encore tout adolescents, quelques temps après la bataille de Poudlard, quand ils avaient abordé les questions de leur futur ensemble. Il laissa Drago continuer :
« Les sorciers restent rarement célibataires. Tu pourrais demander à Blaise, il est doué en la matière : sa mère a épousé sept hommes, parce qu'à chaque fois on la poussait à se remarier. Je ne pense pas qu'elle ait un jour désiré en épouser un seul. »
Ah. Peut-être que les rumeurs concernant le caractère de mante religieuse de Mrs Zabini étaient fondées.
« Il se remarie d'ailleurs régulièrement avec Pansy avant qu'elle trouve un autre mari. Je suis même quasi certain que Weaslette épousera bientôt Jordan. Elle attend la bonne période et elle l'épousera dès que son deuil marital sera fini.
- Son deuil marital ?
- Oui. Une sorte de convention tacite qui exige que tu laisses passer au moins un an avant de te remarier. Pour qu'on soit sûr que si ta nouvelle épouse tombe enceinte, ce soit bien de toi, pas de son précédent mari. Ça ne m'étonnerait pas que mon ex femme soit mariée à Noël prochain. Pour les hommes, c'est beaucoup moins long. »
C'était étrange mais ça se tenait.
« Tu veux dire que tu vas devoir te remarier bientôt ?
- J'ai déjà fourni un héritier, c'est moins la course. Mais oui, je me remarierai. »
Bon sang de Merlin ! Drago, se remarier ? Harry sentit du plomb lui couler dans le bide, et il était très étonné de ce fait, puisqu'il ne lui semblait pas que c'était possible. Il se força à respirer amplement.
« Je suis divorcé depuis presque huit mois. On ne m'a jamais fait d'avances pour que je me remarie…, grommela-t-il en triturant sa pinte de Magicness.
- Par toi-même, tu es donc complètement aveugle ! » s'exclama Drago.
Harry attendit la suite mais elle ne vint pas. Harry releva les yeux : Drago avait l'air furieux, et peut-être autre chose… Sûrement pas de la jalousie, il ne fallait pas exagérer, mais un truc en plus dans le regard. Harry se sentit tout à coup comme s'il plongeait dans un jacuzzi : il avait chaud et c'était agréable. Les yeux de Drago paraissaient lancer des étincelles, et il était étrangement très attirant à ce moment-là.
Les explications supplémentaires ne venaient toujours pas. Harry décida de relancer :
« Ben vas-y, explique. »
Drago soupira lourdement. Harry ne savait plus où regarder : il se repencha sur sa Magicness et en but une gorgée pour se redonner contenance.
« Tu ne les as pas vues ? »
Cette fois, Drago semblait curieux.
« Quoi ?
- Les avances.
- Quelles avances ?
- Ben… Les avances des célibataires ! À la sortie des écoles et au club des Hérons de Chelsea.
- Hein ? »
Harry était déboussolé. Drago paraissait maintenant franchement amusé.
« C'est donc vrai… Tu ne les as absolument pas vues.
- Mais quoi ?, s'irrita Harry en le regardant et en remarquant son sourire en coin moqueur.
- Pour un Auror, ton sens de l'observation laisse clairement à désirer quand ça te concerne. »
Harry ne savait jamais trop quoi penser quand Drago se payait ouvertement sa tête. Il avait envie de se sentir offusqué mais n'y parvenait pas. Il but une bonne partie de sa pinte et reprit :
« Bon allez, fous-toi de moi, dis-moi ce que je n'ai pas vu.
- Club de bavboules, mercredi avant les vacances. La mère de Michelle.
- Eh bien ?
- Elle t'a proposé de passer la voir un après-midi pour discuter cuisson de brownie.
- J'allais pas me ridiculiser dans sa cuisine ! Je ne suis pas fou ! Et puis Ron n'allait pas tarder à venir, j'allais le lui demander directement !
- C'était une tentative de flirt, tu y as été totalement hermétique. »
Harry n'en croyait pas ses oreilles.
« Mais… mais jamais !
- Vendredi soir, veille des vacances. Featherstone-Coconutcookie-Baker. Venue te parler sous un prétexte quelconque, sûrement pour te demander de rejoindre l'association des parents d'élèves.
- J'ai cru qu'elle voulait encore me faire des reproches concernant Lily, avoua Harry.
- C'est donc pour ça que tu lui as répondu aussi froidement et que tu lui as mis un vent, je me demandais quelle mouche avait bien pu te piquer.
- Elle ne me draguait pas !
- Elle te voulait pour elle toute seule ! Mais ma parole, tu es myope comme un niffleur !
- Merci, je suis au courant, grommela Harry.
- Ça veut dire que tu n'as pas compris ce qui se passait avec Barbara ?
- Barbara ?
- La serveuse. »
Harry fit une grimace.
« Laisse-moi deviner, elle me drague ?
- Regarde sous ton bock. »
Harry souleva son bock. Sur le dessous de verre, un numéro de cheminette était marqué, avec prénom et nom de Barbara.
« C'est… incroyable.
- Surtout pour cette pauvre fille. Je ne t'aurais rien dit, tu n'aurais absolument rien remarqué. »
Drago paraissait abominablement fier de lui, comme s'il était rassuré. Harry haussa les épaules :
« De toute façon, je ne me remarierai jamais.
- Je sais, répondit laconiquement Drago.
- Comment tu sais ?
- Weaslette était la femme de ta vie. Et tu es trop honnête pour prendre une femme paravent. »
Drago visait juste, Harry devait le reconnaître. De toute façon, ils pouvaient bien faire pression sur lui, il n'aurait qu'à sortir sa carte Sauveur du monde sorcier pour qu'on le laisse tranquille : il sortait rarement cette carte, il ne se sentirait pas honteux de le faire.
« Mais… »
Harry hésita un instant. Le regard de Drago le poussa à continuer :
« Si tu te remaries… tu te marieras par amour, non ?
- L'amour… C'est bien une notion de Moldus, ça.
- Tu épouserais une femme que tu n'aimes pas ? Comme avec Astoria ? »
Drago fit tourner son verre entre ses doigts.
« Je crois. Aucune femme ne trouve grâce à mes yeux, mais si j'ai envie qu'on me foute la paix, faudra que je me décide. »
Harry ne savait plus quoi penser.
« Mais… Tu ne comptes jamais être avec quelqu'un que tu aimes ? »
Drago le regarda. Harry se sentit rougir de la racine des cheveux à son cou. Rouge comme un Weasley, il en était certain. Mais bon, une fois que le vin est tiré, il faut le boire, et si possible en bonne compagnie. Le silence s'éternisa. Il répéta :
« Alors ? »
Drago se pencha sur la table et chuchota :
« Je mettrai une clause de non fidélité dans mon contrat de mariage, si ça peut te rassurer. »
Harry n'en demandait pas tant.
Si vous voulez une fic bien plaisante sur Mrs Zabini et ses trop nombreux mariages, allez faire un tour chez Destrange.
