Centuries-Fall out boy
1er janvier 2017
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–Bon, voilà qui est fait, s'exclama alors Bobby en rejoignant Madison et Thor en glissant sur une plaque de glace comme s'il surfait, puis il recula d'un petit pas en regardant son amie, les yeux plissés, intrigué. Heu… T'es approchable… ?
–Oui, ne t'en fais pas, le rassura-t-elle en souriant, et il parut se détendre. Désolée pour le coup de poing, s'excusa-t-elle, ce à quoi il se contenta d'hausser les épaules en lui rendant son sourire.
–Bah, je ne suis pas le plus amoché de l'équipe, affirma-t-il en se frottant la nuque, tandis qu'ils furent rejoints par les quatre autres. Qu'est-ce que… Hum, qu'est-ce qu'on fait, maintenant qu'on a gagné ? Je savais bien évidemment qu'on s'en sortirait, ajouta-t-il, sûr de lui, mais… Et maintenant ? On rentre chez nous, on va manger un truc, ou on explique à Charles pourquoi il n'y a plus de porte d'entrée à sa demeure ?
–Quoi que vous fassiez, je ne vous accompagnerai pas, reprit Madison, ce qui surprit le reste du groupe. J'ai l'intention de me rendre sur Jotunheim.
–Jotunheim ? répéta son frère, ne comprenant pas, et n'ayant plus envie qu'elle s'éloigne, la peur au ventre. Pourquoi ?
–Il faut que j'aille aider ceux qui se sont opposés à Sithbrir et ses hommes, leur expliqua-t-elle. Je ne peux pas les laisser se débrouiller seuls, il doit forcément rester des personnes qui s'en prennent à eux là-bas.
–C'est extrêmement dangereux, répliqua Tony.
–Justement, enchaina-t-elle avec un sourire. Sauf que cette fois, je vais revenir en entier, c'est promis.
–Et comment comptes-tu t'y rendre ? lui demanda-t-il en croisant les bras.
Conservant son sourire, elle lui tourna le dos, ferma les yeux et se concentra en inspirant profondément, puis elle tendit les bras. Le sol se mit alors à trembler et quelques secondes plus tard, un étrange artéfact émergea des terres recouvertes de neige, atterrissant ensuite juste devant eux. L'objet se déploya et s'actionna, créant alors une sorte d'arche de lumière bleue, ressemblant à ce qui pourrait s'apparenter à un passage. Ce que venait d'activer la mutante était la machine qui avait permis aux Jotüns d'arriver jusqu'au manoir et dont plusieurs copies se trouvaient désormais à dispersées à travers le pays.
–Appelle Jake, dis-lui juste de récupérer les différents engins et de les amener à la tour. Normalement, ils devraient être approchables, maintenant. Je les désactiverai quand je rentrerai, et on ne parlera plus jamais de tout ça… soupira-t-elle en regardant son frère.
–C'est insensé, marmonna-t-il. Quand je pense que je dois te laisser partir après ce qu'il vient de se passer…
–Elle ne s'y rendra pas seule, déclara le dieu nordique en faisant un pas vers l'avant. J'y suis déjà allé, je saurai me repérer là-bas.
La brune marcha par la suite vers sa meilleure amie, qui demeurait silencieuse depuis qu'ils avaient remporté le combat. Elle se tenait toujours le bras gauche, mais elle ne se préoccupait plus de la douleur depuis un petit moment. Lorsqu'elle vit la mutante tendre la main vers elle, des étincelles blanches s'allumant entre ses doigts, elle se douta que cette dernière chercherait à la soigner et elle recula.
–Va d'abord t'occuper de ceux qui en ont besoin. Ça peut attendre, déclara-t-elle en désignant sa blessure. Et puis, tu sais que ça n'a rien contre toi et que j'ai toujours préféré guérir de manière naturelle…
–A l'hôpital, alors, et ce n'est pas discutable, enchaina-t-elle vivement. Tony, tu l'accompagnes ?
–Bien sûr. Et vous trois, cela ne vous ennuie pas que l'on vous laisse ? demande-t-il aux mutants.
–Pas du tout… soupira Raven. Je vais tâcher de trouver des mots aussi simples que possible pour tout expliquer à Charles… Et puis j'imagine que comme d'autres géants pourraient débarquer via le portail pendant que vous vous trouverez là-bas, nous devrons temporairement le fermer… dit-elle à l'adresse de l'asgardien et de son amie de longue date. Vous nous préviendrez via votre transmetteur lorsque vous serez prêts à rentrer, et… Dites… Vous reviendrez rapidement ? souffla-t-elle, aussi inquiète que l'étaient ses acolytes.
–Ne te fais pas de souci pour nous, tout se passera bien, lui assura Madison, comme toujours.
–Permets-moi d'en douter, dit la femme à la peau bleue. Depuis quand quoi que ce soit que nous entreprenions se déroule convenablement, selon nos plans ?
–Et je te répondrai par : « depuis quand avons-nous des plans ? », enchaina-t-elle, ce qui, malgré elle, amusa Raven. Ne suis-je pas toujours revenue à la maison ? Tout ira bien, je t'en fais le serment. Je pense que j'ai encore pas mal de boulot à faire sur Terre… Mais en attendant, déclara-t-elle tandis que sa tenue de combat au ton verts, noirs et ors se métamorphosa, devenant l'ensemble résistant au froid qu'elle avait porté durant une bonne partie de l'affrontement, faisant désormais face à Natasha. Je ne sais pas comment tu as fait tout à l'heure, mais ton tir était si parfait que la balle a atteint mon genou…
–Dois-je m'excuser ? l'interrogea-t-elle, un petit sourire au coin des lèvres.
–Jamais, lui indiqua-t-elle. Thor, prêt à faire un petit saut vers une autre planète ? lança-t-elle ensuite au grand blond.
–Avec toi ? Plus que jamais, approuva-t-il.
–Tu as intérêt à la ramener, lui lança le plus sérieusement du monde Tony avec un air de prévention, faisant allusion à sa sœur. Je compte sur toi, j'ai confiance.
–C'est horrible, j'ai l'impression de n'être toujours qu'une enfant… maugréa la concernée avant de marcher vers l'arche. Bon, je suis prête à prendre les paris en affirmant que nous serons de retour dans trois heures maximum, le temps de remettre un peu d'ordre…
–J'aurais plutôt dit deux, répliqua l'asgardien, jouant le jeu, marchant à sa suite, et une fois qu'ils se trouvèrent juste devant le portail, il regarda la jeune femme se tourner une dernière fois vers les autres avant de partir.
Le milliardaire s'approcha d'un pas rapide et se hâta d'aller sa sœur dans ses bras, s'étant jusqu'à présent retenu. Il la maintint contre lui durant un long moment, sentant son cœur s'alléger, tandis qu'elle lui rendit son étreinte. Après cela, il déposa un baiser sur sa tempe et la relâcha lentement, lui priant une nouvelle fois de se montrer prudente et de revenir aussi vite que possible. Elle le lui jura, et après lui avoir offert un dernier sourire, elle et Thor disparurent dans le vortex.
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Cela faisait désormais plus d'une semaine que lui et les siens s'étaient faits attraper. Il avait beau se sentir particulièrement à l'étroit malgré la taille de la cellule qu'ils partageaient, ce n'était en rien ce qui l'inquiétait le plus. Un de ses amis était assis par terre, contre le mur du fond, les avant-bras reposant sur ses genoux pliés, tête baissée. Il demeurait passablement épuisé par le combat qui l'avait quelques jours plus tôt opposé à des gens de son propre peuple. Ils n'avaient pas été seuls, bien sûr, mais les autres avaient été enfermés ailleurs, histoire qu'ils n'aient pas le moindre contact. Une large cicatrice barrait toute sa joue droite, l'un de ses yeux était crevé et recouvert d'un morceau de tissu ; il n'avait pas esquivé à temps une attaque au poignard ensorcelé et avait eu de la chance que le poison n'ait pas eu d'effet sur lui.
Son acolyte féminine s'acharnait sur les barreaux derrière lesquels ils étaient retenus prisonniers avec hargne et rage. Elle demeurait infatigable, et ne craignait en rien les menaces que ceux qui effectuaient des tours de garde proféraient à son intention. Elle n'avait jamais été du genre à se laisser impressionner ou avoir peur, quel que soit son ennemi, et actuellement, seule sa colère s'exprimait. Elle refusait catégoriquement de montrer à leurs assaillants à quel point elle avait souffert de la perte de ceux qui avaient vaillamment combattu à leurs côtés avant de se faire soit tuer, soit emprisonner. Seulement, malgré sa force, elle ne parvenait pas à les libérer, à les sortir de cette cage de roche et de glace, ce qui ne faisait que l'énerver encore plus qu'elle ne l'était déjà.
Quant à lui, il était appuyé contre un mur latéral, bras croisés, et la plupart du temps, passablement calme. Ses cheveux habituellement d'un blanc immaculé était un peu salis par la poussière, mais étaient toujours plaqués vers l'arrière. Il gratta un instant son menton barbu, pensif. Il savait que lorsqu'il trouverait une solution pour qu'ils s'échappent, il aurait besoin de toute son énergie, et il était bien moins compulsif que son amie. En levant les yeux et la voyant faire, il secoua la tête et soupira.
–Asvaroba, tu vas finir par te tuer à la tâche. Tu ferais mieux de t'asseoir un moment, lui suggéra-t-il d'un ton neutre.
–Et les laisser diriger le Royaume comme bon leur semble, pour qu'ils le mènent à l'anarchie ? s'exclama-t-elle en retour, les mains serrées autour des barreaux sur lesquels elle tirait fermement. Je refuse de rester là sans rien faire comme vous deux !
–Et qui a dit que nous ne faisions rien ? lui demanda calmement Beorth sans la lâcher des yeux.
–Oh, je n'en sais rien, sûrement le fait que vous n'ayez pas bougé depuis qu'on nous a enfermés ici ! lança-t-elle, sans qu'il n'y ait pour autant beaucoup de reproches dans sa voix, et après une énième tentative qui se solda par un échec encore plus cuisant que les précédents, elle arrêta de forcer et recula en baissant la tête. Désolée, s'excusa-t-elle, je ne devrais pas m'en prendre à vous deux.
–Sache que je suis simplement en train de réfléchir, l'informa le chef du trio sans bouger, et que Magreal n'est pas spécialement en état de s'agiter autant que toi, ajouta-t-il en désignant ensuite d'un bref signe de tête leur ami qui n'eut aucune réaction, bien qu'il les entendit.
–Il faut absolument qu'on trouve un moyen de sortir d'ici, déclara-t-elle en examinant pour la centième fois leur cellule, espérant y trouver une faille qui leur permettrait de s'en extirper.
–Tu as tout essayé, souffla alors Magreal en relevant à peine les yeux vers eux. Tu as utilisé la force, essayé de soudoyer les gardes, tu les as insultés de tous les noms et pourtant, rien n'a fonctionné. Jeshoan a eut de la chance de pouvoir s'échapper avant de se faire attraper comme nous, et j'espère sincèrement qu'il a réussi à gagner Midgard avant que Sithbrir ne le rattrape pour ensuite le ramener ici.
–Tu veux dire, ramener sa dépouille, le corrigea la géante, mauvaise. Je vous promets qu'une fois sortie, je lui feria payer ses actes… Que croyez-vous qu'il va arriver aux midgardiens ? les questionna-t-elle ensuite, songeant à ces alliés qu'ils s'étaient faits quelques mois plus tôt. Les tuer ?
–Probablement, confirma Beorth.
–Tout ça parce qu'on ne s'est pas assez méfiés, râla Asvaroba. Nous aurions dû nous en rendre compte, lorsqu'il a refusé de se joindre à nous pour le Conseil, que quelque chose clochait avec lui. Qu'est-ce qui m'a empêchée d'y faire plus attention que cela ? Pourquoi n'ai-je pas tout de suite senti qu'il y avait un problème ?
–Parce que c'était ton ami ? proposa celui qui était assis sur le sol gelé.
–Malheureusement, répondit-elle simplement tout en venant s'asseoir près de lui en lâchant un profond soupir, puis elle passa une main dans ses cheveux noir corbeau, ramenant sa tresse sur le côté. Comment te sens-tu ? demanda-t-elle par la suite à son acolyte, examinant de plus près les marques laissées par tous les coups qu'il avait dû encaisser.
Magreal avait beau être le plus robuste des trois, il était en bien plus mauvais état que ses compagnons. Leurs adversaires avaient jugé qu'étant potentiellement plus dangereux, c'était à lui qu'ils devaient s'en prendre en premier. Il avait fait face et aidé son ami à s'enfuir des terres arides de Jotunheim, priant pour qu'il parvienne à délivrer un message important et s'était fait attaquer de toutes parts. Sa tignasse grisâtre était emmêlée et encadrait son visage fatigué.
–Mieux, assura-t-il après un petit temps de réflexion, ce qui n'était pas loin de la vérité, puisque la douleur commençait à s'estomper. Mais j'ai tout de même connu des jours meilleurs, jugea-t-il bon d'ajouter, et son amie posa une main sur la partie supérieure de son bras d'un geste qui se voulut réconfortant, et c'est effectivement ainsi qu'il l'interpréta. Je sais que nous sortirons, je n'ai aucun doute là-dessus. Le tout est simplement de savoir quand…
–Cela peut être dans quelques jours, répondit Beorth, tout comme nous pourrions très bien mettre des décennies à nous échapper de cet endroit avant de tenter de reprendre le contrôle des lieux…
A peine eut-il achevé sa phrase qu'une puissante explosion comme il n'en avait jamais entendu retentit plus loin, à une trentaine de mètres selon lui, car cela se trouvait en dehors de son champ de vision, au détour de l'un des couloirs de la prison dans laquelle ils se situaient. Tout ce qu'il sut, c'est que cela alerta les gardes à l'extérieur, car ces derniers se mirent à aboyer des ordres à ceux qui leur étaient inférieurs dans la hiérarchie. Il s'approcha des barreaux avec prudence, néanmoins intrigué par cette vague brumeuse et épaisse qui traversait les couloirs, les refroidissant encore plus qu'ils ne l'étaient déjà, ce qui surpris le géant.
Lui et les deux autres virent ensuite les gardes courir dans l'autre sens, vers la gauche, évitant des tirs en rafale de boules faites d'un étonnant mélange de feu et de glace venant de la droite. L'un d'entre eux fut touché et s'effondra à terre, sous les regards étonnés de Magreal, Asvaroba et Beorth, qui lui aperçut ensuite, à travers ce brouillard glacé, la silhouette qui lançait ces différentes attaques. Peu de temps après, il eut la surprise de reconnaitre une personne dont il avait fait la connaissance quelques mois plus tôt, et qu'il ne s'attendait pas à voir sur sa planète.
–Désolée pour le retard, mais il y a eu quelques complications sur Terre, lui lança-t-elle en souriant, ravie de voir que lui et ses deux compagnons s'en étaient sortis.
–Mademoiselle Stark… ? souffla Magreal en tentant de se redresser maladroitement, soutenu par Asvaroba, qui regardait dans la même direction que lui. Vous ne devriez pas être ici, Sithbrir…
–… N'est plus en mesure de s'en prendre à vous, l'interrompit-elle, se mettant à examiner la composition de la cellule dans laquelle ils étaient coincés. Je croyais qu'on vous avait donné un transmetteur, histoire que ce genre de problème ne prenne pas des proportions pareilles ? leur lança-t-elle ensuite en effleurant la cage du bout des doigts, soucieuse.
–Nous allions vous prévenir, mais nous avons dû fuir pour échapper à Sithbrir, lui expliqua la femme. Comment avez-vous fait pour arriver jusqu'ici ?
–C'est une longue histoire, répondit la midgardienne. La question est peut-être étrange, mais est-ce que vous allez bien ?
–Nous n'en sommes pas sortis indemnes, mais nous avons très certainement eu de pires moments à traverser, lui assura-t-elle. Et moi qui demeurait persuadée que nous serions ceux qui volerions à votre rescousse…
–Comme quoi, dit son alliée avec un sourire, qu'Asvaroba lui rendit. Vous n'imaginez pas à quel point je suis soulagée d… enchaina-t-elle sans achever sa phrase et elle s'abaissa à temps pour éviter un tir venant d'un peu plus loin, puis elle se redressa en se protégeant des suivants en créant un bouclier de glace attaché à son bras droit. Hey, vous le dites, si ça dérange que je parle ! s'exclama-t-elle à l'adresse de son assaillant, dont elle se débarrassa un court instant plus tard en lui envoyant un sortilège à base de flammes, après quoi elle se focalisa à nouveau sur les individus qui la regardaient avec stupeur. Bon, j'en étais où ? se mit-elle à réfléchir à haut voix. Ah, oui ! Il y a une clé, ou quelque chose comme ça pour vous sortir de là ?
–C'est Geirroed qui a conçu le système de sécurité de la prison, déclara le chef du trio, seul lui est capable d'ouvrir ces portes.
–Reculez, leur intima Madison en acceptant ce nouveau challenge, très sereine, et ils s'exécutèrent sans protester.
Il ne lui fallut que quelques secondes pour réussir à faire fondre le verrou et défoncer la grille, qui heurta le sol dans un grand bruit. Ils s'étaient protégés le visage à temps, craignant que son action n'ait pour conséquence de générer des résidus qui seraient susceptibles de les écorcher et lorsqu'ils rouvrirent les yeux, ils purent voir la brune pencher la tête à l'intérieur de la cellule, visiblement curieuse, avant d'y entrer totalement, très satisfaite par son exploit.
–Vous disiez ?
–Vous êtes décidément pleine de surprises, déclara le plus blessé des trois en s'appuyant sur sa collègue.
–Et encore, ce n'est pas grand-chose… Allez, venez, s'exclama-t-elle en leur faisant signe de la suivre, ce qu'ils se hâtèrent de faire. Est-ce qu'ils sont nombreux à vous avoir attaqués ?
–Pas tant que cela, affirma Beorth en la suivant, tandis que Magreal et Asvaroba fermaient la marche. C'est parce que nous avons été pris par surprise que nous n'avons su nous défendre correctement. Vous savez que venir ici est particulièrement risqué pour vous ? lui demanda-t-il ensuite en la voyant tendre le bras pour faire fondre simplement chacun des verrous des cellules à côté desquelles ils passaient, ouvrant ainsi toutes les grilles.
–Bien sûr que je le sais, vous ne m'apprenez rien, répondit-elle. A TERRE ! s'exclama-t-elle ensuite, et tous les quatre s'abaissèrent, esquivant une flèche tirée par un Jotün situé en hauteur par rapport à eux, Jotün que Madison mis ensuite hors d'état de nuire en faisant jaillir des lianes du sol, qui s'accrochèrent aux membres de leur ennemi, l'empêchant de bouger. De toutes façons, je suis bien accompagnée, alors pas de quoi s'inquiéter, poursuivit-elle naturellement alors qu'ils reprirent leur route, et le couloir déboucha sur un espace vaste où quelques corps étaient étendus au sol. Ah, on dirait bien qu'on arrive trop tard pour la fête, déclara-t-elle calmement en jetant un bref coup d'œil aux alentours, puis ils entendirent un étrange sifflement et quelque chose les frôla, passa entre eux et les incita à se retourner pour voir où l'objet qui avait failli les heurter se dirigeait, et ce fut un colosse armé se trouvant non loin d'eux qui se le pris de plein fouet avant de tomber à la renverse. Eh bah dis donc… souffla-t-elle, tandis que l'objet volant fit demi-tour, passa une nouvelle fois entre eux mais cette fois-ci, Madison interrompit son mouvement en l'attrapant au vol. On perd ses affaires ? lança-t-elle en le faisant tourner, avant de poser son regard sur la forme qui se déplaçait à une vingtaine de mètres d'eux et qu'elle avait vue s'approcher quelques secondes auparavant.
–Pas du tout, c'est juste que quelqu'un semble m'avoir empêché de récupérer ce qui m'appartient, répondit-il du même ton, c'est-à-dire avec humour.
–Majesté ? s'exclama Beorth en voyant Thor. Vous êtes venus, vous aussi ?
–Bien sûr. Tout le monde a été libéré ?
–Je crois bien, lui répondit la mutante en lui lançant Mjolnir. Et de ton côté ?
–Plus aucun danger, assura-t-il en attrapant le marteau. Asvaroba, Magreal, Beorth, les salua-t-il, c'est un plaisir de vous revoir.
–C'est réciproque, affirma le chef du trio. J'ignore comment vous remercier pour votre aide, dit-il ensuite, sincèrement reconnaissant pour l'aide apportée par les deux Avengers. Vous nous avez libérés et avez réussi à nous débarrasser de ceux qui ne respectaient plus les lois de notre Royaume. Sachez que vos noms marqueront longtemps les esprits comme étant ceux des personnes qui ont délivré Jotunheim d'une terrible menace. Vous resterez gravés dans les mémoires des gens de mon peuple durant des siècles.
–Juste un petit « merci », ça faisait aussi l'affaire, surenchérit Madison, amusée. Mais, je vous en prie. On vous devait bien ça. Après tout, c'est en partie grâce à vous que les midgardiens ont pu garder le contrôle de leur planète, alors… C'était la moindre des choses, leur dit-elle.
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Madison trouvait l'endroit magnifique. Très froid, bien sûr, mais sublime. Tout était fait de roche, de glace et baignait dans une douce pénombre qui lui plaisait. Assise sur le rebord d'une falaise, une jambe dans le vide et l'autre repliée, elle observait le paysage qui s'étendait sous ses pieds et droit devant. Tout était beaucoup plus calme, désormais, alors elle profitait un peu avant de devoir rentrer chez elle. Elle s'était par ailleurs jurée que durant les semaines qui allaient suivre, elle allait rester à la tour et ne plus en sortir, juste pour avoir la paix. Elle ne répondrait plus aux appels concernant le boulot et prendrait des congés par rapport à son poste d'enseignante au manoir de Charles, le temps de totalement se calmer et faire point.
A ses côtés, Thor n'avait plus rien dit depuis un moment non plus. Il l'avait écoutée lui parler, lui expliquer comment elle était subitement revenue d'entre les morts, lui raconter ce qu'Eléa lui avait confié avant de la laisser se débrouiller « comme une grande ». Lui aussi admirait la vue. Il n'avait jamais pris le temps de s'attarder un instant sur la beauté de ces terres, n'étant venu que pour combattre par le passé. Pourtant, l'endroit l'apaisait.
–Alors… Plusieurs siècles d'existence s'offrent à toi ? demanda-t-il subitement, ayant longuement réfléchi.
–Il semblerait… confirma-t-elle. Bien entendu, cela ne fait pas de moi quelqu'un d'immortel, puisque je peux toujours mourir de toutes les manières qui soient, même les plus simples, mais… Ma longévité a été drastiquement modifiée et… Je ne te cache pas que cela me fait un peu peur… Tu crois qu'ils s'en sortiront ? l'interrogea-t-elle alors en portant son regard vers les Géants des glaces qui, plus loin, s'occupaient de leurs blessés et parlaient des récents événements.
–J'en suis persuadé. Ils ont un don pour se reconstruire après de tels tourments.
–Et toi ?
–Moi ?
–Tu m'as bien signifié que ta mission d'exploration était loin d'être achevée… Je sais que tu vas repartir voyager à travers la Galaxie, et je suppose que tu as prévu d'avertir ton père de ce qu'il s'est passé sur Terre ?
–En effet, reconnut-il en se relevant, puis il l'aida à faire de même. Il voudra très certainement connaitre les détails de cette histoire. Mais contrairement aux autres fois, je reviendrai au plus vite, et mes visites seront bien plus rapprochées les unes des autres.
–L'univers passe avant le reste, déclara-t-elle en faisant quelque pas, et il l'imita. Tu sais, on s'en sortira, de notre côté. Je vais simplement devoir inventer quelque chose de relativement plausible pour les médias, mais ça devrait le faire… J'espère que tu feras attention, où que tu ailles et quoi que tu fasses. Je ne voudrais pas être contrainte de te soigner à chaque fois que tu reviendras d'une balade un peu trop risquée…
–Je ferai attention, lui promit-il. Me donneras-tu des nouvelles, cette fois ?
–Je n'y manquerai pas, déclara-t-elle, puis elle regarda son transmetteur, qui bipait. Je vais devoir rentrer, apparemment, Raven dit que Charles veut me parler…
–Je ne vais pas te retenir plus longtemps, alors. Et puis… Ce ne sont pas des adieux…
–C'est vrai… concéda-t-elle. Alors… A bientôt… ? soupira-t-elle, sentant son cœur se serrer à l'idée qu'ils prennent déjà des chemins opposés, sans qu'elle ne sache quel serait le moment où ils auraient l'occasion de se recroiser.
–A bientôt… confirma-t-il avec un sourire triste, et alors qu'il s'apprêta à ajouter quelque chose, il s'abstint et se tourna pour s'éloigner, tête légèrement baissée.
Madison fit de même en laissant un autre soupir lui échapper. Ça paraissait idiot à dire, mais il lui manquait déjà. Elle aurait presque voulu qu'il soit égoïste, qu'il décide de rester, mais elle savait pertinemment que l'Univers avait besoin de lui, de son aide indispensable. Elle observa le paysage en croisant les bras, se demandant ce qui l'attendrait une fois de retour chez elle.
–Hum, j'ai… Oublié quelque chose, retentit soudainement une voix dans son dos et en faisant volte-face, elle remarqua que l'asgardien était revenu. Je… Remercie ton frère pour son hospitalité. Il m'a accueilli au sein de sa tour durant plusieurs jours, et je tenais à ce qu'il sache que j'ai grandement apprécié son geste.
–Je lui transmettrai le message… assura-t-elle.
Il acquiesça doucement puis partit à nouveau, d'un pas un peu plus vif que la première fois mais néanmoins incertain. Il avait hésité. Il avait réfléchi, il avait douté et il avait pris la décision de ne rien faire. Ne rien dire de plus. Il regrettait déjà, mais n'osait plus faire demi-tour. Il se mit à ralentir lorsqu'il se trouva à l'endroit d'où il prendrait son envol à l'aide de Mjolnir, n'étant que très peu prêt à devoir explorer la Galaxie qui l'entourait. Une fois à l'arrêt complet, il baissa les yeux vers son marteau, qu'il tenait fermement dans sa main droite, et lâcha un bref soupir. Il fut alors très surpris de sentir une main se poser délicatement sur son épaule, l'incitant à se retourner.
–Je crois que tu as oublié autre chose… lui murmura la mutante avant de séparer la distance qu'il y avait entre eux en posant ses lèvres sur les siennes.
L'homme affectionna particulièrement le contact, et lorsqu'ils s'écartèrent et que leurs regards se croisèrent, il lui offrit un sourire radieux.
–Heureusement que tu es là pour me le rappeler… répondit-il en l'embrassant à nouveau.
C'était exactement comme la première fois que ce geste était survenu être eux. Brûlant et passionné, empli de sensations plus fortes les unes que les autres, faisant ressentir à chacun le besoin d'être avec l'autre. Doux et sincère, leur donnant l'envie de rester ainsi durant de très longues heures sans bouger. Electrique, leurs pouvoirs se mélangeant brusquement pour ne former qu'une seule et même énergie. Thor aurait, s'il l'avait pu, stoppé le temps afin que cet instant dure éternellement, mais malheureusement, ils durent tout de même se séparer. Cependant, ils le firent en demeurant tous deux bien plus sereins et soulagés qu'ils ne l'avaient été.
–Ce ne sont pas des adieux, murmura-t-elle, son front posé contre le sien, yeux clos.
–Bien sûr que non, souffla-t-il, retirant lentement sa main de la joue de la brune.
Ils continuèrent à se sourire puis l'asgardien recula de quelques pas et lui fit un petit signe de la main, auquel elle répondit. Après cela, il fit tournoyer Mjolnir et s'envola à toute vitesse, disparaissant dans les cieux. La midgardienne soupira et baissa un peu la tête, son regard se posant les Géants des glaces qui, plus loin, discutaient toujours entre eux. Elle était heureuse qu'elle et Thor aient pu leur venir en aide comme ils l'avaient fait aujourd'hui, et savait que désormais, les choses se calmeraient. Pourtant, les paroles d'Eléa lui rappelaient que tôt ou tard, tout s'effondrerait autour d'elle. Elle en était terrifiée, bien sûr, mais refusait de se focaliser uniquement là-dessus. Il y avait tant d'éléments qu'elle ignorait encore concernant la magie transmise par l'elfe d'Alfheim, éléments qu'elle découvrirait avec le temps, lorsqu'elle serait prête. Un jour, elle saurait.
Thème musical de Thor et Madison : "For the love of a princess"-James Horner
