Disclaimer : L'univers de Diablo appartient à Blizzard
C'est la suite directe du chapitre précédent. Toujours du lore, mais un peu plus ma version du lore et la partie que j'ai étendue. Je développe ma version des choses. Notamment sur les parts angéliques et démoniaques...
Interlude - Première partie
Chapitre 6 : Le test d'Akara
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Elle retourne s'allonger sur la banquette et m'invite à reprendre ma place.
- "Bien, reprenons…" Dit-elle après que je me sois assise à mon tour. "Comme tu le sais, Sanctuaire est partagé en trois grandes régions. Le continent du Khanduras à l'Ouest, celui du Khéjistan à l'Est et les Terres de l'Effroi au nord. La répartition des différentes cultures est très liée à la descendance et aux aptitudes des premiers Néphalems.
Les Barbares au Nord ont hérité d'une très grande force et de corps anormalement grands. Ils ont une mission sacrée qui dure depuis des siècles, voire des millénaires. Ce sont les hommes les plus proches physiquement des Démons et spirituellement des Anges.
Les Khéjistanis, eux, ont presque entièrement évolué à partir d'entités magiquement très puissantes. La manipulation des arcanes est un savoir angélique mais le contrôle du chaos est un pouvoir démoniaque."
- "J'ai remarqué qu'ils étaient assez mal accueillis lorsque nous étions à Tristram. Même Moiraine semblait méfiante lorsque nous avons rencontré Jarzeth." Je fais remarquer.
- "De manière presque viscérale, les gens sont capables de sentir quelqu'un manipuler les énergies chaotiques. Instinctivement, ils ressentent une puissance démoniaque forte. L'histoire des grandes guerres qu'ils se sont livrés n'est pas là pour aider les clans mages à redorer leur blason. C'est pourquoi les Khéjistanis sont souvent mal vus à travers le monde. Pourtant, il ne faut pas oublier qu'ils sont à l'origine de quasiment toutes les formes de médecines connues à ce jour et que grâce à eux le Sanctuaire est sorti indemne de la première tentative des grands Seigneurs Démons d'investir notre monde.
- "Les Horadrims sont donc Khéjistanis." Dis-je sans vraiment me rendre compte que j'ai parlé à voix haute.
- "En effet." Répond-elle distraitement. "Et, puis, il y a le Khanduras." Ajoute-t-elle, poursuivant son récit initial. "La terre des hommes ordinaires. Ni très puissants, ni dotés de pouvoirs exceptionnels. Pourtant, c'est le Khanduras qui a vu naître la troisième grande force du Sanctuaire. Menacés par les Barbares au nord, et inquiets des guerres se déroulant à l'est, un seigneur a fédéré l'ensemble des clans qui vivaient sur le continent pour en faire la plus grande armée du monde. Faisant fi des pouvoirs magiques des Khejistanis et s'inspirant de la force des Barbares, ils ont développé des technologies et des stratégies militaires capables de rivaliser avec leurs modèles. Pendant longtemps, le Khanduras a tenu fièrement ses frontières, forçant le respect de leurs voisins, qui n'essayèrent plus de l'attaquer. La paix martiale du Khanduras a duré très longtemps, permettant au commerce de fleurir. Cela dura jusqu'à ce qu'il y ait une scission idéologique, donnant naissance à l'Ouestmarche, qui s'est retranché à l'Ouest du continent.
La population du Khanduras est la plus diversifiée mais aussi la plus bridée. D'aucun dirait, dégénérée. Paradoxalement, c'est ici que les étincelles sont les plus pures. La fraction de pouvoir angélique et démoniaque est plus également répartie que ce soit dans le corps ou l'esprit. C'est une des raisons pour lesquelles le monastère s'est implanté ici."
- "Vous recherchez des Néphalems potentielles?" Elle hoche la tête. "Mais pourquoi ?" Elle soupire avant de répondre.
- "Les Horadrims ayant disparu, nous manquons cruellement d'être exceptionnellement forts pour tenir tête aux démons lorsqu'ils tenteront d'envahir Sanctuaire. Le moment venu, les Barbares répondront à l'appel, c'est certain, car c'est dans le devoir sacré de le faire, le Khanduras ralliera probablement la cause, mais la guerre contre l'Ouestmarche a fait beaucoup de dégâts, dans les forces armées mais aussi dans les relations diplomatiques. La puissante force militaire de jadis sera bien moindre, à n'en pas douter. Quant aux Khéjistanis, ils seront divisés, comme ils l'ont toujours été. De puissants mages viendront renforcer nos rangs mais il est à parier que nombre d'entre eux choisiront l'autre camp. Les Néphalems ou porteurs d'étincelle peuvent faire une grande différence dans les combats à venir."
- "Alors pourquoi ne se concentrer que sur des filles dans ce cas?" Je demande intriguée. "Vous vous amputez de la moitié de la population."
Même si Akara m'impressionne toujours beaucoup, à mesure que l'entrevue passe, je me sens plus à l'aise pour exprimer mes opinions. Un peu comme lorsque je me trouvais sous l'égide de Moiraine.
- "C'est un héritage du clan duquel nous sommes initialement issues, mais c'est également une constante que tu retrouveras dans tout Sanctuaire. Les nombreux clans qui se sont développés sont souvent des fraternités ou des sororités. Rares sont les clans qui autorisent le mélange des sexes."
- "Je ne comprends pas pourquoi?"
- "Les deux parts d'Anu se font la guerre même dans les choses les plus simples." Répond Akara avec un petit sourire. Un vrai cette fois. "Je ne dis pas que l'un des sexes est Ange et l'autre Démon. Mais nos différences nous opposent souvent. Celui ou celle qui veut garder le contrôle sur son clan doit essayer de minimiser les éléments perturbateurs."
- "C'est pour ça que vous avez confiné Jarzeth." Elle hoche la tête.
- "Entre autres. Comprends bien que toute sœur a le droit le plus absolu de se lier à un homme et de fonder une famille hors du monastère, si tel est son choix de vie. Et nos alliés peuvent être des hommes. Nous ne sommes pas fermés à la différence. Mais ce qui appartient aux sœurs doit rester entre sœurs. Le lien qui nous unis est plus fort que tout." Ses yeux brillent d'un étrange éclat lorsqu'elle prononce ces mots.
- "N'avez-vous pas peur que nos secrets filtrent de cette manière." Son regard se durcit aussitôt.
- "Les novices connaissent peu de choses à part l'éveil du don de Vision Intérieure. Elles posent un problème mineur. Mais les sœurs connaissent des secrets qu'on ne peut se permettre de divulguer."
- "Comme l'origine du monde?" Je demande nerveusement, commençant doucement à comprendre que je tombe potentiellement dans la catégorie des personnes ne devant jamais dévoiler les secrets de la sororité.
- "Comme l'origine du monde." Confirme-t-elle.
- "Mais comment…?" Je baragouine.
- "Toutes les sœurs portent un sceau magique les empêchant de parler de certaines choses à des personnes, disons... non autorisées. Il empêche sa porteuse de dévoiler de quelconque manière que ce soit tout ce qui a attrait à un savoir tabou, protégé par la sororité. Les concepts et les idées sont inscrits dans le corps éthéré de la personne. Le sceau provoquera une gêne importante si la sœur tente d'en parler par mégarde. Si jamais elle tente délibérément de transmettre un savoir interdit en passant outre les premiers signes, la mort est fulgurante."
Une rigole de sueur se forme entre mes omoplates alors que je réalise que je porte peut-être le sceau en question. En tout cas, cela expliquerait mes difficultés d'élocution de ce matin.
- "M'avez-vous scellée?" Je demande d'une voix tremblante. Elle sourit à nouveau, mais ce sourire là me glace le sang.
- "Oui, lorsque je t'ai aidée à revenir d'entre les morts."
- "Pourquoi n'ai-je pas eu le choix? J'aurai pu mourir ce matin lorsque mes camarades me posaient des questions auxquelles je n'arrivais pas à répondre. Il aurait suffi de me donner l'ordre de me taire et je l'aurai fait. J'ai toujours obéi quand Moiraine me demandait de garder ma langue. J'ai toujours obéis." Je me répète alors qu'un sentiment de panique me gagne. "Est-ce qu'elle le sait? Elle aurait pu me prévenir. Elle..."
- "Elle savait. Elle l'a vu. Mais, personne ne pouvait te prévenir avant que nous nous voyions. Jarzeth était dans l'infirmerie et tant qu'aucune sœur n'était seule avec toi, la présence du sceau ne pouvait t'être révélée." Je tremble de peur et de frustration. "Je sais que le sceau peut te paraître injuste et terrifiant, mais il nous protège toutes. Tu ne parleras jamais dans ton sommeil, ou sans en avoir conscience, ni sous la contrainte. Sache que je le porte, comme chacune d'entre nous. Si tu te concentres sur mon aura au niveau de mon cœur, tu le verras. Toutes les porteuses du sceau peuvent le voir à la condition que la sœur ne le cache pas."
Dans mon état de nervosité, j'ai du mal à me concentrer. Je dois m'y reprendre à plusieurs fois, mais je finis par le voir. Il ressemble à un nœud de runes arcaniques entremêlées. Ma colère retombe presque aussitôt lorsque je constate qu'elle dit la vérité.
- "Pourquoi vous êtes-vous scellée aussi?"
- "C'est ma Maîtresse qui l'a fait, lorsque je n'étais qu'une sœur. Comme toi, j'étais outrée, car on m'a fait à peu près la même chose, mais en d'autres circonstances. Toutefois, lorsque j'ai commencé à voyager et à accomplir mes propres missions, j'ai compris l'utilité du sceau. Les secrets des sœurs sont convoités et certaines personnes sont prêtes à tout pour les obtenir."
Elle dégrafe le haut de sa tunique et l'ouvre. Les marques sur sa peau laiteuse ne laissent aucun doute sur ce qu'il lui est arrivé. Je déglutis.
- "Cela n'enlève pas la douleur ou la peur, mais quelque part au fond de moi, je savais que mes sœurs seraient saines et sauves, que je ne dévoilerai rien qui les mettrait en danger."
Elle se rhabille lentement. Je l'observe en silence. Je ne sais plus quoi penser. Je porte machinalement la main à ma poitrine. J'ai un verrou dans le cœur... Je ferme le poing. Moiraine avait dit que je serai entre de bonnes mains, mais à quoi rime tout ceci. Je me fiche de connaître l'histoire du monde si c'est à ce prix. J'ai la triste impression que le prince Aidan avait raison au sujet des sœurs. Je suis manipulée. Je baisse la tête. J'ai envie de pleurer.
- "Pourquoi ne m'avez-vous rien dit lorsque je suis arrivée? Si je n'avais pas posé la question, vous ne m'auriez rien expliqué, n'est-ce pas?" Je demande.
- "Suite à ton entraînement de ce matin, Kashya a noté de nets progrès dans ta perception et ton analyse. Je devais tester ces qualités en conditions réelles. Je t'aurai informé du sceau avant la fin de notre entrevue, sois en certaine."
Je reste sans voix. Elle a fait de ça un test. C'est cruel. Les larmes menacent dangereusement de couler, cette fois-ci. Puis je réalise soudainement ce que tout ce qui s'est passé jusque là implique et je comprends ce qui est arrivé à Moiraine. Le crédo de ma sœur boucle dans mon esprit : vois tout, entends tout. Akara n'a rien laissé au hasard. Rien! Je relève la tête et accroche son regard d'acier.
- "L'entraînement des sœurs est bien plus dur que celui des novices..." Je déclare.
- "En effet."
- "Vous avez commencé à m'y soumettre dès l'instant où j'ai survécu." Dis-je la gorge serrée. Je veux aller au bout de l'explication pour voir si j'ai bien saisi tous les tenants et aboutissants, mais il m'en coûte de prononcer ces mots. "Vous n'aviez pas d'autres choix que de me faire griller les étapes à cause de ce que je sais sur Diablo. Vous saviez que mes camarades seraient curieuses. Si je leur avais parlé de mon expérience sur le terrain, j'aurai fini par laisser passer des informations inquiétantes sur la situation à l'extérieur. Mais c'est vis à vis de Jarzeth que vous vouliez contrôler ce que je pourrai dire ou plutôt, ce que Moiraine et moi aurions pu dire. Le chaos lui a arraché le sceau, n'est pas?"
Les yeux d'Akara me sourient. Elle ne dit rien pourtant. Elle attend simplement que je finisse mes explications. Je prends une grande inspiration avant de poursuivre.
- "J'aurai dû mourir à Tristram. Pour protéger la sororité, Moiraine n'aurait jamais pris la décision d'aider Jarzeth à me ramener si le sceau était encore là. Pour autre preuve, lorsque nous étions dans la chambre, elle a laissé glisser que vous aviez du sang de Néphalem, que vous cherchiez des filles avec ce pouvoir et que j'étais une possible candidate. Vous m'avez caché l'existence du sceau pour empêcher Jarzeth d'en connaître l'existence aussi. Et en ce faisant, vous l'avez empêché d'avoir le moindre soupçon sur la manière dont vous traitez les informations au sein du monastère. Tant que je ne savais rien, il ne savait rien non plus. Toute la discussion que nous avons eu aujourd'hui était pour tester ma capacité à trouver des indices, non pas sur le sceau mais sur les raisons pour lesquelles vous l'avez posé sur moi sans que j'ai été mise au courant." Je finis en murmurant. "Anges et Démons. L'éternel conflit qui oppose les gens jusque que dans leur sexe. Sororités. Fraternités... Je ne me méfiais pas assez de Jarzeth parce qu'il m'a sauvé la vie, mais tout allié qu'il est, les secrets des sœurs doivent rester entre sœurs."
Akara se redresse et me sourit. Un sourire franc.
- "Kashya n'a jamais tord. Tu vas devenir une sœur redoutable." Déclare-t-elle. Elle m'observe un instant avant d'ajouter. "Maintenant tu comprends aussi que ta vie va devenir très compliquée." Je hoche lentement la tête. "Tu es à cheval entre les deux mondes. Plus tout à fait novice, mais pas encore sœur. Tu seras enviée par les unes sans raison et mise sans cesse à l'épreuve par les autres. Je ne déroge pas à la règle. Tu vas devoir trouver ton équilibre."
Elle se lève et m'invite à la suivre à nouveau. Nous nous dirigeons vers la sortie. Nous l'atteignons lorsque la cloche sonne la fin des exercices.
- "Moiraine n'est plus une sœur, n'est-ce pas?" Je demande avant qu'Akara n'ouvre les portes. "Est-ce qu'elle sait pour le sceau?"
- "Son sceau n'est pas complètement détruit, mais ce qui reste ne suffit plus à bloquer les informations qui doivent être tues. Elle l'a réalisé lorsqu'elle a dévoilé que j'avais du sang Néphalem, sans le vouloir. Je lui ai fait comprendre en lui disant de se comporter comme une sœur que tant qu'elle restera en quarantaine, elle devra faire attention. Elle sait ce qu'elle doit taire. Elle reste notre sœur, mais elle ne pourra plus jamais quitter le monastère. Le chaos prend et ne rend jamais. Je ne pourrai jamais reformer le sceau sur elle. Jarzeth n'est là que pour l'aider à rétablir une forme d'équilibre dans ce qui reste de son corps éthéré.. pour le reconstruire... en quelque sorte. Quoiqu'il en soit, elle devra trouver une autre vocation au sein de notre communauté."
Cette révélation me brise le cœur, mais je m'efforce de rester stoïque.
- "Nous le congédierons lorsqu'il aura terminé sa tâche ici." Continue-t-elle. "Je le pense suffisamment intelligent pour garder pour lui ma nature et ce que je recherche. Comme je te le disais, je le pense sincèrement de notre côté. De plus, il a déjà de très grandes connaissances, il aurait probablement fini par deviner certaines choses."
Les portes s'ouvrent sous l'impulsion télékinésique d'Akara. Ma maîtresse d'armes est adossée au mur à côté de mes affaires. Comme promis, elle m'attends. Kashya est à peine plus grande que moi mais elle dégage une autorité naturelle qui me fait me sentir bien plus petite. Et ce n'est pas dû qu'à sa sévérité. Sa maîtrise des armes et son savoir impose le respect également. Elle a le physique typique d'une Khandurane de l'Ouest. Plutôt mince et la peau pâle. Ses longs cheveux châtains sont maintenus attachés dans une tresse épaisse et parfaite. Elle a les yeux presque noirs, ce qui renforce le côté sévère de son regard. Dans l'ensemble, elle a de beaux traits mais son visage inexpressif la dessert beaucoup. Elle porte une armure de cuir noir donc le plastron et renforcé une côte de mailles fine qui retombe entre ses jambes à hauteur de ses genoux. Elle porte également une longue écharpe rouge, fixée à l'une de ses épaulettes. J'ignore comment elle peut se mouvoir avec autant d'aisance et combattre aussi bien avec cet ornement, mais jamais je ne l'ai vue gênée dans ses mouvements par cela.
Elle se redresse en nous voyant sortir.
- "Je te la confie." Lui dit la Grande Prêtresse. A demain Annor." Ajoute-t-elle en se tournant vers moi.
Je m'incline respectueusement avant de rejoindre ma maîtresse d'armes pour poursuivre ma formation.
Fin du premier arc de l'interlude.
