Chapitre 31

-Mange, Alya.

Je déglutis avec peine et jette un regard à Casper qui m'encourage depuis plusieurs minutes déjà.

-Mange, où je te force à le faire.

Depuis quand mon ami s'exprime-t-il comme Arkwood ? Je ne réponds rien et consens à boire un peu de jus de citrouille en entendant mon estomac émettre des grognements de contestation. Avec réticence, je beurre un toast et le mâchouille en sentant ma gorge se serrer et ma langue doubler de volume.

Autour de nous, la grande salle est quasiment vide, excepté les autres concurrents qui mangent en silence avec leur second. À cette heure-ci, personne n'est encore levé et je les envie avec force. Plusieurs fois, je croise le regard clair de Rabastan et lui trouve les traits un peu creusés. Galaad, quant à lui, semble transporter la bibliothèque nationale dans son sac et en sort, de temps à autre, un gros grimoire pour vérifier un enchantement ou un mouvement.

Une fois notre petit-déjeuner terminé, je me lève avec Casper et nous marchons jusqu'à la salle des Professeurs gardée par deux gargouilles loquaces.

-Tiens, mais regardez qui voilà ! s'exclame l'une d'elles, une fois à leur hauteur.

-Hey, faut pas faire cette tête d'enterrement, les enfants ! nous lance l'autre en ricanant bruyamment. Personne va vous manger ! Surtout pas toi la maigrichonne, t'es tellement blanche qu'on croirait que tu t'es roulée dans la fiente !

Elles continuent de se marrer comme des baleines, et Casper doit répéter plusieurs fois le mot de passe avant qu'elles ne veuillent nous laisser entrer. Une fois à l'intérieur de la longue pièce, nous nous asseyons sur deux sièges disposés à l'attention des duellistes et patientons.

Je ne suis jamais venue ici et j'apprécie immédiatement les lieux dont les teintes émeraude des tapis s'accordent avec le parquet sombre. Sur les murs, pendent de larges tentures tissées à l'image des fondateurs et encadrent une longue table de chêne clair supportant plusieurs chandeliers. Un long buffet est plaqué contre le mur du fond, et enfin, un âtre éteint côtoie de gros fauteuils de velours vert disposés aléatoirement.

En tournant la tête vers Dame Serdaigle posant sur sa tapisserie centenaire, celle-ci me gratifie d'un doux sourire avant d'incliner très légèrement la tête. J'aimerais pouvoir dire que ce geste me rassérène, mais c'est loin d'être le cas. Je suis actuellement un bloc de stress et je peine à empêcher mon corps de se recroqueviller sur sa chaise. Casper s'en aperçoit et me frotte doucement le dos pour m'encourager.

Puis, arrivent les autres concurrents et, parmi eux, nos amis Serpentard qui ne tardent pas à s'asseoir près de nous. Je vois aussi passer Eléonore Picard dont les longs cheveux blonds ondulent gracieusement tandis qu'elle rejoint un siège ; accompagnée de son second, une très grande fille avec une coupe à la garçonne. Sébastien Morel les suit de près de ses petits pas pressés et je remarque que son second est un jeune homme asiatique quasiment aussi petit que lui.

Nous attendons quelques minutes supplémentaires et voyons ensuite arriver les concurrents de Durmstrang. Je remarque d'ailleurs que le second de Hans Van Der Stegen n'est autre que son propre frère jumeau et cela me trouble sans que je ne réussisse à l'expliquer. Celui de Sergeï Polianov est un grand blond au sourire machiavélique qui ne cesse de lancer des regards alentour, sans doute par peur que quelqu'un ne sorte de derrière une statue et se jette sur son pote. Tout ce petit monde va prendre place silencieusement et seul le léger tapotement de pied de Rabastan se fait entendre dans la pièce.

Le professeur Dumbledore, ainsi que les deux autres Directeurs, arrivent enfin et ils sont accompagnés de Mc Gonagall ainsi que de Chourave. Je ne cache pas mon étonnement et Casper se penche vers moi au moment où ils vont tous prendre place de l'autre côté de la longue table.

-Pour éviter tout soupçon d'ingérence, nos responsables de maison sont écartés des officiels.

Je hoche la tête à ses paroles et tente de réfréner ma soudaine envie de fuir en serrant fort mes genoux entre mes doigts.

-Bien le bonjour, jeunes gens, commence Dumbledore de sa voix chaleureuse. J'espère que vous avez tous passé une agréable semaine entre nos murs. Je suis sûr que vous avez désormais à cœur de faire honneur à votre école, en vous démarquant lors de cette compétition qui réunit les plus jeunes talents du vieux continent.

Son regard pétillant passe sur chacun de nous et je serre les dents pour les empêcher de claquer.

-Bien. Nous allons maintenant passer à l'examen des baguettes ainsi qu'à un contrôle de santé. Pour ce dernier, je vous demanderais de suivre les professeurs Mc Gonagall une fois les premières formalités effectuées.

Nous le voyons tirer plusieurs parchemins du tas que Chourave a posé devant lui et appeler les élèves dans l'ordre.

-Monsieur Sébastien Morel, commence-t-il d'une voix beaucoup trop enjouée.

Le jeune homme appelé s'approche de la table et sort sa baguette de sa poche. Celle-ci est rapidement analysée par notre Directeur qui lui applique ensuite un rapide sort pour s'assurer de son bon fonctionnement.

-Tout est en ordre, veuillez signer au bas de ce formulaire, je vous prie.

Le petit élève s'exécute et je vois leur directrice apposer sa griffe à son tour.

-Simple décharge en cas de problème, me glisse Casper à l'oreille, en voyant mon froncement de sourcil. Pour que Poudlard n'engage pas sa responsabilité vis à vis des duellistes étrangers et que ça soit leurs propres écoles qui le fassent.

J'acquiesce rapidement et vois ensuite Éléonore Picard se lever à l'appel de son nom. Elle signe également le parchemin après avoir laissé sa baguette être auscultée. Puis, c'est au tour de Sergeï Polianov, Rabastan et moi-même. Une fois devant mon Directeur, celui-ci me lance un clin d'œil discret, mais je suis beaucoup trop tendue pour lui rendre un simple sourire.

Je retourne ensuite m'asseoir et c'est enfin au tour de Hans Van Der Stegen de se présenter. J'ai curieusement du mal à le déchiffrer, car il semble totalement ailleurs, dans un monde onirique connu de lui seul et qu'il n'a pas l'air de vouloir quitter.

-Je vous remercie tous, nous dit Dumbledore, après avoir fait passer des papiers de mains en mains, sur lesquels chaque Directeur a griffonné sa signature. Je vais maintenant vous demander de vous lever et de suivre le professeur Mc Gonagall. Une fois le contrôle de santé effectué, vous aurez une heure de libre, puis, nous vous demanderons d'aller manger afin de vous présenter sur l'aire pour treize heures quarante-cinq. Le début des combats est prévu pour quatorze heures. Si vous avez le moindre souci ou la moindre question, vous pourrez vous adresser directement aux professeurs ici présents.

Nous hochons tous la tête de manière entendue et nous nous levons de concert pour quitter la pièce. Pour ma part, je me glisse à la suite de Rabastan et laisse Galaad presser amicalement ses doigts sur mon épaule.

Nous marchons longtemps le long des couloirs pour rejoindre l'infirmerie et j'entends plusieurs élèves discuter entre eux dans des langues que je ne connais pas. En tournant la tête derrière moi, je remarque que je suis suivie par Sergeï Polianov ainsi que par son second qui ne cesse de se pavaner comme un paon. Ils parlent tous deux très fort et je croirais presque qu'ils se foutent de ma gueule. Presque.

Ok, en fait ils me reluquent maintenant de haut en bas en s'amusant de mon regard assassin et une colère saine vient souffler sur mon angoisse. Celle-ci fait battre mon sang et me donne envie d'attaquer maintenant, sans plus attendre cette fichue compétition.

-Petite feumme frraguile, me lance Polianov dans un accent à vous péter les tympans.

Casper tourne à son tour son regard vers eux et pose une main calme sur mon épaule pour me forcer à me détourner.

-On ne tue personne avant le début des combats, me dit-il d'un ton assez bas pour ne pas être entendu. Ça sera galère de faire passer ça pour un accident. En plus, j'ai la flemme d'aller enterrer le corps dans la forêt interdite.

Je fixe mon ami avec un air sidéré et ne peux m'empêcher de rire face à ce trait d'esprit inattendu.

-J'avais oublié qu'il t'arrivait de faire de l'humour, Casp. Merci, ça me fait du bien.

-Tout pour vous faire plaisir, Mlle Tio.

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Nous arrivons bien vite devant les hautes portes de l'infirmerie et le professeur Mc Gonagall fait passer les femmes en première. Je me retrouve donc en face de Madame Pomfresh, tandis que la jeune Eléonore Picard patiente sur une chaise non loin.

-Des problèmes d'audition ? me demande la soignante en auscultant le fond de ma gorge. De perte d'équilibre ?

-Gnon.

-Bien. La potion de votre professeur à fait effet. Avez-vous bien dormi ? Des sueurs ? Des tremblements ?

-J'ai mieux dormi, mais je claque toujours des dents. Je crois que c'est le stress.

-Mmm.

Elle reste me fixer longuement en tâtant différents endroits sur mon cou et hoche ensuite de dénégation.

-Je suis vraiment désolé de ne rien pouvoir faire de plus pour vous aider, Mlle Tio. Mais il vous faut faire une croix sur un quelconque relaxant désormais. Je ne peux d'ailleurs que vous enjoindre à ne plus toucher une seule potion de ce genre avant de nombreuses années.

J'acquiesce sans grand espoir et monte sur la balance de pesée avant de renfiler mon pull et de rejoindre Casper. Je passe cette heure de libre à faire plusieurs exercices de relaxation dans la salle des trophées, mais je ne réussis à rien. Mon esprit tout entier est tourné vers la compétition et je ne peux empêcher mes mains de trembler à chaque fois que je tente de lancer un sort. Mais pourquoi suis-je si facilement impressionnable, bon sang !

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Puis, midi arrive et mon corps se liquéfie à mesure que nos pas nous mènent jusqu'à la grande salle pour y prendre le déjeuner. À notre arrivée, je ne peux que remarquer la fébrilité intense qui anime les centaines d'élèves présents. Des banderoles colorées sont agitées par de nombreuses mains et chacun arbore du bleu ou du vert dans son accoutrement, parfois même les deux.

En marchant vers Jasmine, nous avons le droit à une ovation des gens de notre maison et ma sœur me saute au cou pour m'encourager tandis que je reste de marbre. En réalité, je suis morte de peur à l'intérieur. Seuls Casper et Jasmine le savent et je les laisse me faire une place entre les élèves qui braillent leur joie à tue-tête.

-Respire, Aly, me glisse mon amie à l'oreille en me servant une grosse part de ragoût qui me donne immédiatement envie de vomir.

Tout autour de nous, ça s'agite et ça se hèle mais je ne les entends pas. Un moment, Henry, le pote de Gryffondor de Casper, vient nous encourager et montrer l'aigle que sa copine lui a cousu sur le devant de sa cape. Soneïs n'est pas en reste puisqu'elle passe le repas avec moi et me couvre d'un babillage censé me détendre.

Elle m'indique d'ailleurs que nos parents arriveront pour treize heures trente et que des places assises leur ont été prévues dans les gradins des professeurs. Loin de me rassurer, cette information manque de m'achever et il me faut toute ma concentration pour ne pas m'étouffer avec la nourriture.

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-Il est treize heures, Alya. On ne va pas tarder, m'informe finalement Casper de l'autre côté de la table. Tu te sens prête ?

Mon visage doit parler pour moi, car je le vois se rembrunir et faire une grimace éloquente. Je détourne ensuite mon regard et, malgré le chahut ambiant et les allées et venues fébriles des élèves, je réussis à apercevoir Rabastan et Galaad attablés. Ceux-ci sont également tendus, bien que leurs camarades soient en liesse et que de nombreux amis à eux les gratifient de gestes d'encouragement.

Ne me voyant pas bouger de ma place malgré leur insistance, mes amis me prennent fermement par la main et me lèvent de mon banc en essayant de rendre la chose naturelle.

-Courage, sœurette ! me lance Soneïs, alors que je remonte notre table jusqu'à la sortie.

Je ne réponds rien et laisse mes yeux hagards glisser sur tous ces visages souriants qui n'ont pas la moindre idée du calvaire que je vis actuellement. En tournant le regard, je remarque que Rabastan et Galaad se sont également levés et qu'ils passent les portes avant nous. J'aimerais les rejoindre et je me doute que mes amis également, mais nous n'en faisons rien et les suivons à bonne distance jusqu'au grand hall. Celui-ci est quasiment vide et mes yeux accrochent alors ceux d'un bleu lumineux d'Arkwood, qui semble en grande discussion avec sa fichue chinoise. Il s'arrête bien vite de parler et me suit du regard au moment où nous passons à sa hauteur. Dans ma panique, je ne prends même plus la peine de cacher les émotions intenses et contradictoires qui s'agitent en moi et ne le quitte pas des yeux jusqu'à ce que j'ai franchi le large seuil du château.

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Une fois au dehors, je cligne plusieurs fois des paupières sous le franc soleil et reprends mes esprits. Devant nous s'étale le long parvis de pierre et, plus loin, le parc gigantesque accueillant la structure de bois dont les centaines de drapeaux s'agitent sous la légère brise printanière.

C'est alors que je prends conscience de l'aberration de la situation. Mais qu'est-ce que je fais là, bordel ?!

Avec des gestes fébriles que ni Casper, ni Jasmine, ne remarquent à temps, j'empoigne ma baguette et me lance un sort de désillusion pour disparaître à leur vue. J'entends leurs cris de surprise au moment où ils comprennent ce qu'il vient de se passer, mais je ne prends pas le temps de jeter un œil à leurs visages sidérés. Avec une énergie sortie de nulle part, je fais demi-tour et prends alors mes jambes à mon cou pour filer vers les entrailles du château.

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J'erre sans but entre les étages pendant quinze bonnes minutes. J'esquive avec habileté les hordes d'élèves qui semblent me chercher dans tout le château et monte progressivement vers les étages. Plusieurs fois, je me recroqueville dans un coin de couloir en me haïssant comme je ne me suis jamais tant haï ; tout en continuant de suivre cette petite voix intérieure me soufflant de continuer ainsi.

Lorsque j'arrive devant la tour de Serdaigle, je remarque que la porte est grande ouverte et que du bruit se fait entendre dans la salle commune. Discrètement, je me glisse par le battant et vois alors une dizaine d'élèves, guidés par Jasmine, affirmer que je ne suis cachée dans aucun des dortoirs. Sans dissimuler sa panique, mon amie acquiesce vivement et ne tarde pas à faire sortir tout son monde pour filer fouiller les autres ailes du château.

Lorsque la porte claque sur eux, un silence surnaturel se dépose autour de moi et j'ai l'impression de pouvoir enfin respirer depuis des jours. Je suis désormais seule. Seule avec ma couardise confortable que la panthère qui s'agite en moi n'apprécie pas, mais je n'en ai cure.

D'un pas lent, je monte les marches jusqu'à ma chambre et viens m'asseoir sur mon lit, après avoir tapé mon oreiller pour m'y adosser. Je tire ensuite les rideaux autour de moi et attrape mes genoux entre mes bras invisibles pour souffler un air de liberté chèrement acquis.

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Je crois que dix bonnes minutes passent ainsi, avant qu'un léger bruit ne se fasse finalement entendre de l'autre côté de mes tentures. Je reconnais le crissement des pas montant les marches et soupire en me sachant découverte. Et cela, sans aucun doute par Casper qui a dû vouloir repasser derrière Jasmine.

Je crois que je suis un peu rassurée. Quand on y pense, Casper est le seul qui ait jamais su me tirer vers le haut et réussir à faire de moi quelqu'un d'autre que celle que je cache constamment. Il me regardera avec ses yeux paternalistes de grand frère faussement sévère et trouvera les mots pour me sortir de cette angoisse qui dirige sans cesse mes gestes.

Oui, je suis finalement contente qu'il m'ait retrouvée. Je crois qu'au fond de moi, je ne veux pas manquer cette compétition, car elle représente tout ce que j'aime, tout ce que je suis, et je sais que je pourrais enfin laisser libre court à la combattante qui sommeille au fond de moi.

Oui, c'est mieux ainsi.

Les pas se rapprochent enfin et s'arrêtent au bord du lit. Une main saisit ensuite le rideau sombre pour l'ouvrir en grand et laisser le soleil se répandre sur les draps bleu nuit.

-Je sais que t'es là, Alya, me dit alors Arkwood en jetant un œil blasé vers mon oreiller enfoncé.

Je ne réponds rien et regarde avec surprise le jeune homme sortir sa baguette pour tapoter dans le vide à hauteur de ma tête. Elle rencontre bien vite mon crâne et il se contente d'une grimace agacée.

-Revelio, marmonne-t-il.

Mon sort de dissimulation disparaît sans mal et je lance un regard irrité au Poufsouffle.

-T'es vraiment la pire des chieuses, tu le sais ? me dit-il sans faire grand cas de mon œillade assassine. Même les trucs pour lesquelles tu surpasses tout le monde, t'arrives à les foirer.

Ne me voyant pas répliquer, il range sa baguette dans les plis de sa cape. Je remarque d'ailleurs qu'il arbore un petit écusson d'aigle qui bat lentement des ailes.

-Allez, maintenant t'arrêtes tes conneries et tu te dépêches de rejoindre tes potes qui te cherchent partout.

Sans un mot, je tends la main pour tirer à nouveau le rideau entre nous, mais il empoigne mon bras et me tire durement hors du lit. Un cri, tant de surprise que de colère, passe alors la barrière de mes lèvres et sa main ne me lâche pas, même une fois debout, face à lui.

-Tu m'emmerdes, Alya ! gronde-t-il en posant un doigt sévère sur mon sternum. Tu crois que j'ai que ça à foutre que faire ton chaperon ?! Nan, mais regarde-toi ! continue-t-il en me voyant essayer de me défaire de sa poigne. T'es une sale pleutre qui court se planquer sous ses draps dès que ça devient sérieux ! Tu me donnes envie de gerber !

Une colère saine se glisse entre les mailles de ma panique et je lève un visage froncé vers lui en dégageant enfin mon bras de ses doigts.

-Toi aussi, tu m'emmerdes, Arkwood ! dis-je d'une voix forte. Tu crois que je n'en ai pas marre de te croiser constamment sur ma route ?!

Je sens cette excitation si caractéristique monter en moi pour secouer ma conscience engoncée et la réveiller complètement. Ma voix monte crescendo, mais je n'essaye même pas de l'en empêcher et garde mes yeux rivés sur ceux du Poufsouffle.

-Je t'ai rien demandé, et pourtant, tu passes ton temps à venir me casser les pieds et me faire tes leçons de morale à deux noises ! Qu'est-ce que tu veux ? Hein ?! Pourquoi est-ce que tu ne me laisses jamais tranquille ?!

-Ce que je veux ?!

Sa voix grave tonne autour de nous, mais je ne lui fait pas le plaisir de bouger d'un pouce,

-Je veux que tu descendes et que tu ailles te battre, Alya ! Je le veux parce que c'est là-bas qu'est ta place !

-ET TU CROIS QUE TU PEUX ME DONNER DES ORDRES ?! À quel moment t'as cru que tu pouvais entrer dans ma vie et la diriger comme bon te semble ?! On est ennemis, mec, je te rappelle ! Alors continue de me haïr comme tu l'as toujours fais et laisse-moi tranquille, bon sang !

Arkwood à un léger mouvement de recul et ses yeux se plissent en deux fentes sombres.

-Parce que tu crois que je te hais ? C'est vraiment ça que tu penses ?

Il hoche la tête de gauche à droite sans néanmoins se départir de la colère que je lis en lui.

-Nan, Alya. Je te hais pas, si tu veux savoir. Je l'ai même jamais fait. Mais tu sais qui l'a fait ? Tu sais qui t'as détesté plus que quiconque dans cette fichue école ? Et ça pendant trois longues années ?

J'ouvre des yeux étonnés devant ses paroles et il continue sans réprimer un léger rire froid.

-Thomas. Sans mentir, je crois qu'il n'y a personne ici qui t'ai plus maudit que lui dans tout ce bahut.

Je cligne plusieurs fois des yeux et ma bouche s'entrouvre bêtement sans que je ne parvienne à comprendre ses mots. Caussman, me détester ?

-Je… Je ne comprends pas, je réussis à souffler, alors qu'Arwood se passe une main sur le visage, semblant soudainement infiniment las.

-Bien sûr que tu comprends pas, crache-t-il avec amertume. C'est d'ailleurs ça le problème, t'as jamais rien pigé, y a que ton pote le demi-géant qui a tout saisi dès le départ.

-Hein ? Casper ?

J'ouvre des yeux plus grands en ayant définitivement perdu le fil. Devant moi, le jeune homme tourne un regard lointain vers la fenêtre avant de revenir vers moi

-Ouais, Casper. Depuis le début, il a compris pourquoi c'était chaque fois contre toi que je venais me battre. Il a compris, mais je ne pense pas qu'il pouvait imaginer tout le mal que tu m'as fait.

-Mais je ne t'ai…

-Ta simple présence l'a faite.

Je le vois qui s'approche de moi et semble vouloir poser ses mains sur mes épaules. Il se ravise à temps.

-Trois putains d'années, Alya, souffle-t-il d'un ton dur. Trois années que t'es rentrée dans ma tête, trois ans que tu me pourris la vie sans que je réussisse une seule fois à te virer de mes pensées. J'ai essayé. De toutes mes forces j'ai essayé de lutter, de plus t'approcher, mais t'étais constamment là, sur mon chemin.

Mes mots sont coincés dans ma gorge, mon souffle suspendu à ses lèvres, mon cœur a cessé de battre et plus rien n'existe désormais en ce monde que ses yeux douloureux qui me tiennent sous leur feu.

-J'en ai chialé, continue-t-il avec aigreur. Thomas était le seul qui savait, le seul qui pouvait me comprendre et qui était là pour me relever chaque fois que je craquais. Alors ouais, il t'a haï plus que n'importe qui.

Il s'arrête de parler et tourne un visage torturé avant de me foudroyer à nouveau de regard. Il pointe ensuite un doigt accusateur sur moi et semble hésiter à continuer.

-Janvier de l'année dernière, lâche-t-il finalement, comme si ces mots lui étaient trop lourds. Tu t'en souviens ?

J'ouvre bêtement la bouche mais rien n'en sort. Je suis encore sous le coup et ne réussis pas à m'extraire de cette espèce de torpeur qui me tient. Voyant mon mutisme, il fait un geste agacé de la main et se détourne pour jurer.

-O-on s'est battus, dis-je finalement d'une voix cassée en le faisant se retourner vers moi.

Il acquiesce lentement et un nouveau rire sans joie sort de sa gorge.

-Ouais… Six mois. C'est le temps qu'il m'a fallu pour me décider à aller te parler. Tu t'en souviens de ce moment ? Celui ou j'ai enfin pris mon courage à deux mains et que je suis allé te voir. J'avais décidé de cesser de me battre contre toi et de te parler de mes sentiments. Comme le font les gens normaux.

Son rire glaçant s'accentue et il se frotte les yeux, avant de passer une main fatiguée dans ses cheveux.

-T'étais à la bibliothèque, tu t'en souviens ?

Je hoche lentement la tête car je m'en souviens. Mes souvenirs ressurgissent à mesure de la conversation et je les laisse prendre possession des mots d'Arkwood pour leur donner une dimension tout à fait différente.

-Quand je suis arrivé, t'étais avec ton pote Casper. Il avait tout à fait compris pourquoi j'étais là. C'est d'ailleurs à ce moment que j'ai su qu'il était au courant depuis le début. Tu te souviens de ce qu'il s'est passé ensuite ? Hein ?

Je déglutis et me sens soudainement mal. Incroyablement mal, j'ai l'impression que toute énergie s'en va de mon corps pour s'écouler entre les lattes du parquet.

-O-oui…

-Oui, tu t'en souviens, parfait.

-Écoute, je suis désolée, je ne voulais pas…

Je n'ai pas le temps de finir, car Arkwood vient poser durement sa paume sur mes lèvres, approchant son visage du mien.

-Je ne veux pas de ta pitié, Alya. Elle me fait plus de mal que tes insultes.

Je ne réponds rien et sens la chaleur de sa main inonder mon âme, mais cela ne me procure aucun bonheur, juste un mal-être encore plus grand.

-Ce jour-là, t'as relevé les yeux de ton bouquin et il n'y avait aucune pitié dans tes paroles. Je n'en veux pas plus aujourd'hui, d'accord ?

Sa voix est douce malgré la douleur que je ressens au fond de lui et j'acquiesce lentement. Il retire finalement sa main de mon visage, mais ses doigts ont le temps de glisser délicatement sur mes lèvres. Un instant, je ferme les yeux et laisse son geste adoucir ma peine.

Lorsque je les rouvre, Arkwood n'a pas bougé et je contemple ses lèvres fines sans que je ne puisse m'en empêcher. Imperceptiblement, je m'en approche. Mes yeux se ferment lorsque je ne suis plus qu'à une dizaine de centimètres, mais je suis arrêtée au moment où il pose son front sur le mien et qu'il emprisonne mes joues entre ses mains.

-À quoi tu joues, bordel ? me demande-t-il en accrochant mon regard. Quoi que t'essayes de faire, t'as pas le droit. Je t'interdis de te moquer encore de moi.

-Je… Je ne me moque pas.

Arkwood retire son front du mien et me contemple longuement avant de froncer les sourcils et de baisser ses mains.

-Dis-le, gronde-t-il, toute douceur disparue.

-Quoi ?

-Les paroles que t'as prononcées ce jour-là, je veux t'entendre les dire à nouveau.

J'ouvre la bouche pour protester, mais son air sombre m'en décourage. À la place, je prends une inspiration et acquiesce.

-Je… Je t'ai demandé ce que tu faisais là, dis-je dans un souffle, sans réussir à croiser son regard. Et… Et je ne t'ai pas laissé répondre.

Je le vois hocher sèchement de la tête et continue en croisant mes bras sur ma poitrine.

-Je t'ai dit qu'une bibliothèque n'était pas un endroit pour les analphabètes et…

Je lève mes yeux vers lui, mais il ne semble pas vouloir abréger mon calvaire.

-... Et que le rayon des livres avec images était du côté des Créatures Magiques. Alors… Alors Casper m'a dit d'être plus sympa avec toi, mais...

Je me tais car je ne peux pas aller plus loin.

-Ne t'arrête pas en si bon chemin, m'intime Arkwood d'une voix mauvaise.

-Je… Je ne peux pas. J'ai été une idiote et j'en suis la première désolée !

-Désolée ? Tu penses que le gars de seize ans que j'étais a été désolé ? Non, c'est un mot un peu faible, si tu veux mon avis.

-Je ne savais pas, Arkwood !

-Peu importe ! Après ça, tu m'as insulté comme tu l'avais jamais fait avant ! me lance-t-il avec hargne. Tu m'as traité de monstre sans cœur et de sale blaireau cruel, Alya ! Et tu l'as fait avec un sourire beaucoup trop grand pour que ça ne m'atteigne pas !

-Mais tu venais constamment m'embêter !

Je le vois s'assombrir et ses poings se serrer.

-Parce que tu ne m'insultais pas à chaque fois que l'on se croisait, peut-être ? Mais peu importe, le mal était fait alors, oui, je t'ai défié et tu m'as suivi jusqu'au cloître pour un combat à la loyale.

Il soupire longuement en fermant les yeux pour tenter de se calmer.

-Tu te souviens de ce combat ? me souffle-t-il une fois ses doigts desserrés. J'en rêve encore la nuit. Dans ces moments, je m'en veux tellement que je dois lutter pour ne pas taper contre les murs. J'étais prêt à te faire mal, tu sais ? Réellement mal...

Je resserre mes bras et le laisse continuer.

-T'étais agile, comme toujours. À chaque coup que tu prenais, tu te relevais, même si t'avais du sang sur la robe et des bleus partout ; même si t'arrivais pas à me toucher parce que je t'en laissais pas le temps et même si ton pote n'arrêtait pas de te dire de te coucher.

Il se passe à nouveau les mains sur le visage avec brusquerie et fait quelques pas secs avant de se tourner de nouveau vers moi.

-Et je t'ai jeté un putain de Diffindo à la gorge…

Ses yeux sont hantés et je ne peux empêcher mes doigts de glisser jusqu'à la fine cicatrice barrant ma clavicule gauche, cachée sous mon col roulé.

-...j'ai cru que je t'avais tuée. J'y ai vraiment cru, Alya. Et tous les élèves présents ce jour-là aussi.

Je vois une souffrance incroyable dans ses yeux, une douleur qu'il porte depuis plus d'un an sans qu'il n'en ait jamais rien montré.

-Mais tu t'es relevée et tu m'as envoyé un sort à la tronche. J'ai même pas essayé de le contrer. De toute façon, j'étais incapable de lever encore ma baguette contre toi… Tu te rends compte ? Je t'aimais et j'ai manqué de te sectionner la carotide.

-C'est pour ça, dis-je dans un souffle. C'est pour ça que tu ne m'as plus jamais combattu par la suite. Jusqu'aux sélections de début d'octobre.

Je le vois qui acquiesce.

-Après ça, je me suis juré de ne plus t'approcher pour ne plus risquer de te faire du mal. Thomas m'a convaincu de m'intéresser enfin à toutes ces filles qui me tournaient autour et c'est ce que j'ai fait. Je suis sorti avec certaines, j'ai couché avec d'autres, c'était fun. Mais t'étais toujours là, même si j'arrivais à t'oublier le temps d'une soirée, voire même d'une journée, tu revenais sans cesse.

Il tourne la tête vers le paysage visible à travers la haute fenêtre en ogive et ferme les yeux quelques secondes.

-Alors, ouais. Quand tu t'es ramenée à ce putain de bal avec l'autre borgne, là, j'ai cru que j'allais crever. J'ai jamais été jaloux de personne parce que je sais me contenter de ce que j'ai, mais, ce jour-là, j'ai compris ce que c'était.

Il revient enfin à moi et ses traits sont tirés malgré l'amertume de ses paroles.

-Et j'ai picolé. La suite, tu la connais.

Ses épaules s'affaissent et il passe à nouveau une main dans ses cheveux sombres.

-J'ai fait pas mal de conneries, Alya, j'en ai conscience. Je te demande pas de me pardonner, juste qu'on arrête tout ça et que t'acceptes de descendre jusqu'à l'arène avec moi. Si ça te dis, on peut même essayer d'être ami, ou un truc comme ça. Ce que les gens normaux font, quoi. Qu'est-ce que t'en penses ?

Je vois ses yeux fouiller les miens à la recherche d'un assentiment quelconque. Ils sont hésitants, presque suppliants et secouent davantage mon esprit paralysé. Ils espèrent un signe, un geste, une rédemption dont je n'ai pas la clef. Et moi, qu'est-ce que j'espère ?

-Non, finis-je par dire dans un souffle. Je ne veux pas de ton amitié.

Ses gestes se crispent et je le vois déglutir, avant de hocher de la tête avec brusquerie.

-Je comprends, réussit-il à dire, sans néanmoins trouver la force de me lâcher du regard. Pas de problème…

-M'aimes-tu toujours ?

Cette fois-ci, son étonnement est complet et il me regarde comme s'il me voyait pour la première fois.

-J'ai jamais arrêté de le faire, Alya.

Mon cœur bat plus vite que jamais et je me sens comme figée dans la glace, alors même que je sais parfaitement ce que j'ai à faire. Autour de nous, le soleil tape plus fort, le bruit des élèves dans le parc est accentué par ce silence s'étirant entre nos êtres et j'ai l'impression que ma gorge est devenue aussi sèche que du parchemin. Pourtant, je sais que je peux l'embrasser, là maintenant. Je peux accepter mes sentiments, car ils sont partagés et c'est tout ce qui importe.

Mais je ne suis qu'une gamine de seize ans, quand on y pense. Apeurée par ces gestes et ces mots que je dois maintenant effectuer envers cet homme qui m'est finalement bien inconnu. Au fond de moi, je sens cette excitation singulière qui descend au creux de mon ventre pour balayer mes peurs et mes réticences, laissant la place à une chaleur bienvenue et réveillant des pulsions que je suis bien en peine de faire taire.

-Si je t'embrasse là, maintenant, me demande finalement Arkwood, alors que le silence n'en finit plus. Quel sort je vais me prendre à la figure ?

Pas un son ne quitte ma gorge et je hoche la tête de gauche à droite en déglutissant pour forcer mes cordes vocales.

-Aucun, dis-je d'une voix à peine audible.

Un léger sourire vient écorner son visage et ses yeux semblent se demander, un temps, si je ne me moque pas de lui. Après quelques secondes pendant lesquelles il s'est attendu à ce que je revienne sur mes dires, ses mains viennent se poser sur mes bras et remontent jusqu'à mes épaules. Puis, il s'approche très doucement de moi en comblant le peu de distance qui nous sépare encore.

Ses doigts se fraient bien vite un chemin jusqu'à mon cou et je sens son souffle effleurer mes joues à mesure qu'il rapproche ses lèvres des miennes. Mes yeux se ferment ensuite naturellement lorsqu'il vient poser un délicat baiser sur ma bouche offerte.

.

Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais de sa part, mais pas à autant de tendresse. Lorsqu'il se recule, je vois ses yeux grands ouverts, comme s'il s'attendait à ce que je disparaisse sur l'instant ou le gifle. Pourtant, je n'en fais rien et me contente de lui souffler un "encore" éloquent.

Son sourire s'accentue à ce moment-là et ses yeux pétillent comme je ne les ai jamais vus faire auparavant. Obéissant, il pose à nouveau ses lèvres sur les miennes et je sens ses mains se glisser dans mon dos tandis que je m'accroche à son cou. Il m'embrasse longuement une première fois, puis une deuxième, me noyant sous cette vague si incroyablement forte faite d'un désir fou et imbridable.

Ses paumes enserrent bien vite ma taille à mesure que sa fébrilité se fait sentir à travers tout son être. Elles se glissent sous la laine de mon pull et je ne peux retenir un frisson de surprise lorsqu'il touche ma peau de ses mains chaudes.

-Arrête-moi, Alya, me dit-il lorsque je resserre mes doigts dans ses cheveux. Arrête-moi, parce que je ne le ferais pas.

Je ne réponds absolument rien et emprisonne davantage ses épaules entre mes bras. J'ai l'impression d'être une aventurière à la découverte d'un nouveau monde, trop excitée pour imaginer reculer maintenant, trop pleine d'un maelström de sensations pour avoir pleinement conscience de chaque marche que j'emprunte. Je sais seulement que je ne veux pas qu'il cesse, pas maintenant, peut-être plus tard, mais pas pour le moment.

Avec une vigueur renouvelée, il prend d'assaut mes lèvres de ses baisers tandis que je me sens poussée sur le côté. Sans avoir trop compris comment, je bascule et me retrouve allongée sur les draps de mon lit, Arkwood au-dessus de moi. Notre regard se croise, j'y lis bien des choses que je ne croyais jamais voir un jour et cela m'emplit d'une joie vivante et incommensurable.

-Arrête-moi…

Ses paroles me font rire bien malgré moi et je vois son visage s'illuminer, tandis que ses yeux se plissent sous l'immense sourire de plaisir qui étire maintenant ses lèvres. Sans un mot de plus, il se débarrasse de sa cape de sorcier et attrape mon pull pour me l'enlever complètement. Surprise, je n'ai que le temps de rire plus fort, avant qu'il ne pose plusieurs baisers sur mon ventre découvert.

Chacun d'eux me chatouille, tout en me faisant frissonner des pieds à la tête et je ne peux m'empêcher de gigoter sous leurs assauts. Une fois remonté la ligne de ma poitrine, après l'avoir constellé de baisers, Arkwood relève la tête.

-T'es vraiment une folle, t'es au courant ?

Je hausse un sourcil sans cacher mon sourire niais.

-Je vous demande pardon, Monsieur Arkwood ? Mais j'ai cru que vous me traitiez de folle.

Il me présente une grimace moqueuse et je sens ses mains caresser doucement la ligne de mes hanches.

-En combat ou ici, tu peux pas t'empêcher de rire comme une tarée, pas vrai ?

-Tu remarqueras que c'est à chaque fois quand tu es dans le coin !

-Encore un défaut à ajouter à ma liste, c'est ça ?

-En effet.

Je vois son sourire s'éteindre progressivement et il relève le buste en semblant écouter quelque chose.

-Quelle heure est-il ? me demande-t-il brusquement en se redressant totalement.

Avec un temps de retard je me rassois sur les draps et jette un œil à mon réveil.

-Treize heures cinquante.

-Ok, il est temps d'y aller, maintenant.

Une grosse enclume me tombe soudainement au fond de l'estomac et j'attrape le pull qu'Arkwood me tend pour l'enfiler. Il se rend bien vite compte de mon changement d'humeur et vient s'accroupir devant moi.

-Tu dois y aller, Alya, me dit-il d'une voix ferme. Si c'est pas pour les autres, fait-le pour toi. Pour te prouver que t'es pas cette fille qui se planque dans sa chambre, alors qu'elle est pleine de talent.

Ses mains pressent les miennes et je ne réussis pas à esquiver ses yeux inquisiteurs. Au bout d'un moment, j'acquiesce et fais difficilement refluer cette peur pusillanime qui me serre la gorge. Ses doigts viennent se lier aux miens et je me lève à contrecœur en prenant conscience du chahut qui agite le parc du château.

-Et… Nous ? je réussis à demander alors que le jeune homme attrape sa cape à terre, sans me lâcher une seule seconde.

-Nous ?

-Oui, je veux dire… Est-ce que on est, heu… Genre, en couple ?

Un étonnement non feint vient teinter ses trait et il s'amuse ensuite de mes mots.

-Parce que tu crois que je vais te lâcher comme ça maintenant ? me répond-t-il. Tu penses que je vais te laisser repartir dans la nature pour que t'embrasse le premier Serpentard venu, c'est ça ?

Il rit de ma moue agacée et resserre ses doigts sur les miens, avant de me mener vers ce combat qui m'attend.


Bonjour tout le monde,

Pour votre plus grand plaisir, aux prochains épisodes, ça se bagarre, ça se castagne, que dis-je ça se fout sur la tronche avec des grands rires machiavéliques ! J'espère sincèrement que vous aimerez la suite et que, vous aussi, ça vous donnera envie d'apprendre tout plein de sorts bien mesquins pour enquiquiner son prochain.

Paix, amour et chocolat,

Ivichki