Le bureau des héros - 6
Savoir où est son devoir
— Le Papillon est rentré chez moi ? répéta Adrien incrédule. Tu veux dire ici ?
— Non, au manoir Agreste, précisa Alya.
— Mais c'est impossible, tu dois te tromper !
— Dans l'angle du mur qui sépare votre jardin intérieur de la rue, il y a une sorte de petite tour, surmontée d'une coupole, décrivit Alya. Le Papillon est entré par une petite porte intégrée dans ce dôme. C'est ce que j'ai vu, Adrien, je suis désolée.
— Mais mon père est en danger ! Il faut le prévenir ! s'écria Adrien en se levant d'un bond. J'y vais !
— Adrien… prononça Marinette les yeux désolés.
— Il faut qu'il passe tout le personnel au crible, je…
— ADRIEN !
Il se tourna vers sa compagne.
— Tu veux venir avec moi ?
— Adrien, qui possède le Grand Livre des Miraculous ? Celui qui a été perdu en même temps que le Miraculous du Paon et du Papillon.
— Mon père a expliqué comment il l'avait trouvé !
— Il n'a rien expliqué du tout ! le contredit Marinette. Il a simplement dit qu'il était allé au Tibet.
— Mais tu ne vas quand même pas accuser mon père d'être le Papillon ! Il a été akumatisé !
— C'est un point à éclaircir, mais il y a trop d'éléments qui pointent vers lui pour qu'on le raye de la liste des suspects, répondit-elle.
— La liste des suspects ? Non, mais, pour qui tu te prends ?
— Adrien, je ne peux pas te laisser aller là où se trouve sans doute le Papillon, sans que nous ayons un peu discuté de ce que nous venons de découvrir, dit fermement Marinette en se levant.
— Tu ne veux même pas envisager qu'il soit innocent ! l'accusa-t-il.
— J'envisage plein de choses, mais rien qui justifie de te laisser aller révéler nos identités secrètes à ton père.
— Toi et ton goût du secret ! s'écria-t-il. Tu es parano ! Tiens, tu vois, quatre personnes sont maintenant au courant pour nous deux, et Paris existe toujours ! affirma Adrien.
— Il suffit de s'adresser à la mauvaise personne pour que ce ne soit plus vrai, opposa-t-elle.
— C'est de mon père dont tu parles ! rappela-t-il les dents serrées.
— Je parle de notre responsabilité envers Paris, corrigea-t-elle.
— J'en ai marre de toi, de tes ordres, de tes restrictions et de ton incapacité à me prendre au sérieux ! hurla Adrien. Tu as toujours raison et je ne compte pas ! Faut te dégonfler la tête !
Il se tourna vers Nino et aboya :
— Donne-moi ma bague !
Celui-ci, totalement tétanisé, jeta un regard éperdu vers Marinette. Celle-ci, le visage figé, tendit la main vers Adrien :
— Rends mes boucles d'abord !
Il lui lança un regard mauvais et porta la main à ses oreilles. Il arracha les deux boucles et les jeta à terre. Tikki y fut immédiatement aspirée mais personne n'y prit garde. Adrien se tourna ensuite de nouveau vers Nino et fit un geste impatient. Après s'être assuré du regard de l'accord de Marinette, le jeune homme retira le bijou et le tendit à son propriétaire habituel d'une main tremblante.
Adrien lui arracha la bague avec une brutalité inutile, la passa et tonna :
— Plagg, transforme-moi !
Il s'élança dehors et disparut de leur vue.
Marinette, très pâle, se laissa tomber sur le canapé. Un silence lourd plana dans la pièce. Ce fut Alya qui se déplaça pour se rapprocher de son amie. Elle lui mit la main sur l'épaule.
— Il était sous le choc, il ne pense pas ce qu'il a dit, tenta-elle de la réconforter.
— Le problème n'est pas ce qu'il me dit à moi, mais ce qu'il va dire à son père, soupira Marinette. Pour ce qui est des reproches, je dois reconnaître qu'ils sont globalement justifiés. Maintenant, j'aimerais avoir votre avis sur ce point précis : pensez-vous que j'ai eu tort de m'opposer à ce qu'il dise à son père ce qu'Alya a découvert ?
— Non, affirma immédiatement Nino. On ne doit pas le faire sans réfléchir.
— D'accord avec ça, confirma Alya. Par contre, on ne doit pas sauter trop vite aux conclusions. Adrien a raison sur le fait que cela peut être n'importe quelle personne ayant accès à ce bâtiment, qu'il y vive ou y travaille.
— On voit que tu n'as jamais eu affaire à son paternel, lui opposa Nino. Ce type n'a aucune sensibilité. Il a tout à fait le bon profil psychologique pour être le Papillon. Et il ne sort jamais de chez lui. Si ce n'est pas le Papillon, c'est un vampire.
— Nino ! protesta Alya.
— Je suis d'accord avec le fait que nous devons partir avec l'idée que ce n'est pas forcément lui, intervint Marinette. Mais il faut bien admettre que pas mal d'éléments le désignent.
— As-tu une preuve irréfutable ? s'enquit Alya.
— Que de grosses présomptions, reconnut Marinette. Tu sais, au fond, je préférerais pouvoir l'innocenter. Oui, c'est ça ! Voilà ce que je propose : nous allons tenter de prouver son innocence.
— Mais comment ? demanda Nino.
— Contrairement à ce que tu as dit, Nino, il arrive à Gabriel Agreste de se déplacer pour des défilés ou des soirées importantes. En recoupant son agenda et les attaques du Papillon ces six derniers mois, on trouvera peut-être une impossibilité. Et là, on fermera la piste et on en cherchera une autre. Cela vous paraît-il une bonne manière de procéder ?
— Oui, tout à fait, approuva Alya.
— On ne surveille pas le bâtiment ? interrogea Nino.
— Il doit être très sécurisé, estima Marinette. Ne nous mettons pas en danger inutilement avant d'avoir exploré d'autres modes d'enquête. Il faudra commencer par interroger Adrien sur les mesures prises par son père pour protéger la maison.
— S'il veut bien nous aider, remarqua Nino.
— Si nous pouvons lui prouver que nous cherchons à innocenter son père, il n'a pas de raison de ne pas le faire.
— Et si nos investigations prouvent que c'est son père ? insista Nino.
— Il est Chat Noir depuis quatre ans, rappela Marinette. Je pense qu'on peut lui faire confiance pour savoir où est son devoir.
Elle regarda Nino droit dans les yeux, comme pour le mettre au défi de douter d'Adrien. Il hocha la tête pour montrer qu'il se rendait à ses arguments.
— Alya, est-ce que je peux te confier l'enquête ? demanda Marinette. C'est plus ta partie que la mienne. Je t'enverrai les liens que j'ai sur l'actualité de la mode.
— D'accord, tu peux compter sur moi.
— Pour ce qui est des attaques, continua Marinette, je pense qu'on a mis le Papillon en rogne, aujourd'hui. Soit il va lever le pied, dégoûté, soit la prochaine attaque va intervenir rapidement et sera très sale. Le but sera de nous punir ou d'attaquer notre réputation, davantage que de nous attraper. Tenez-vous prêts !
Marinette se leva et se pencha pour récupérer les boucles d'oreilles qu'Adrien avait jetées à terre. Elle les fixa sur ses lobes. Tikki réapparut devant elle.
— Contente de te retrouver, Marinette, fit affectueusement le kwami.
— Merci, Tikki, répondit sa porteuse en tendant la main vers elle.
Elle surprit le regard déçu de Nino et lui sourit. Elle alla vers une plante en pot qui occupait un des coins du salon et fouilla dans la terre. Elle en tira une boîte qu'elle essuya sur son t-shirt avant de se planter devant Nino en la lui tendant :
— Nino, je te confie le Miraculous de la Tortue. Fais-en bon usage. Je compte sur toi pour me le rendre quand ta mission sera terminée.
— Oh, génial ! Carapace est de retour ! Merci, Marinette, tu peux compter sur moi.
— Marinette, dit Alya, je ne t'ai pas encore dit combien tu m'as impressionnée aujourd'hui. Tu as été extraordinaire ! On a gagné grâce à toi.
— Je n'ai pas bougé de mon canapé, opposa son amie.
— Tu étais partout et c'est toi qui as battu le Papillon à son propre jeu. Ne diminue pas tes mérites, compris ? scanda Alya en faisant semblant de se fâcher.
— Compris, accepta Marinette. Et vous avez été des héros fantastiques. Je vous laisse vous reposer, il se peut qu'on doive repartir très vite.
— Toi aussi, prends soin de toi. Tu es encore en convalescence, lui rappela Alya.
— Je vais me reposer, promis. Ah, j'ai ma mère qui m'appelle. Je vais répondre. Allo, Maman ! Oui, ils vont tous bien, on va se reposer, maintenant. Comment ça s'est passé de votre côté ? (Pendant que sa mère répondait, Marinette salua ses amis de la main, alors qu'ils se dirigeaient vers la porte). Une barricade devant la boutique ? C'est génial ! Et Mamie est venue vous porter assistance ? Ça ne m'étonne pas ! Non, ne t'en fais pas il nous reste plein de choses à manger. Oui, Maman, promis, je n'en fais pas trop. Je vous embrasse aussi. À très bientôt.
Une fois l'appel terminé, Marinette passa à la cuisine. Elle n'avait pas très faim, mais savait qu'il fallait qu'elle se nourrisse pour faire face à une éventuelle prochaine attaque. Elle repensa à la scène qui s'était déroulée. Quelle tristesse si le père d'Adrien était effectivement le Papillon ! Comment son amoureux allait-il encaisser le choc ? Où était-il ? Était-il allé parler à son père, ou avait-il pris le temps de réfléchir à ses arguments ? S'il les avait rejetés en bloc, elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même. Si elle avait su les années précédentes instaurer entre eux un dialogue plus équilibré et respectueux, ils auraient pu discuter. Mais elle l'avait tellement habitué à des attitudes autoritaires et insensibles de sa part qu'il n'avait même pas imaginé qu'elle puisse l'écouter.
Qu'allait-il se passer si Gabriel Agreste était réellement le Papillon et qu'Adrien lui avouait tout ? Tenterait-il de lui prendre sa bague ? Que pouvait bien désirer si fort cet homme riche et reconnu dans sa profession ? Quelles conséquences cela aurait-il s'il arrivait à convaincre son fils du bien-fondé de son souhait ? Adrien pouvait-il se laisser convaincre de l'aider ? Lui dire où se trouvait le Miraculous de la Coccinelle ?
Marinette frissonna. Mettait-elle son Miraculous en danger en restant chez Adrien ? Devait-elle se cacher de lui tant qu'elle n'aurait pas la certitude qu'il n'avait rien révélé à la mauvaise personne ? Un peu plus tôt, elle avait assuré à Nino qu'Adrien était depuis trop longtemps Chat Noir pour oublier son devoir. Mais il n'avait jamais été aussi préoccupé par leur anonymat qu'elle. Elle envisagea de quitter l'appartement immédiatement.
Puis elle se reprit. Elle était injuste. Si Adrien désirait depuis longtemps qu'ils échangent leur identité, il avait toujours protégé la sienne vis-à-vis de tous les autres. Il avait certes demandé à se révéler à celle qu'il aimait un mois auparavant, mais c'était d'elle qu'il s'agissait.
S'il avait gardé son secret, que penserait-il en rentrant s'il ne la trouvait plus chez lui ? Ne serait-il pas injustement blessé par son manque de confiance ? Pourrait-il le lui pardonner ?
Avait-elle le droit de s'en préoccuper ? N'était-elle pas en train de faire passer sa relation amoureuse avant son devoir envers les Parisiens ? Une partie d'elle lui disait qu'elle n'avait pas le droit de prendre de risque, mais elle réalisa qu'elle ne pouvait se résoudre à partir. Le faire, c'était rompre le contrat entre Ladybug et Chat Noir. Et c'était l'accuser sans preuve de l'avoir fait. Ce serait la fin de leur équipe. Or elle tenait autant à sa relation avec Adrien qu'à celle avec Chat Noir. Perdre les deux serait terrible.
Pour la première fois de sa vie, Ladybug se sentit incapable de suivre ce que sa froide logique lui conseillait. Elle retourna sur le canapé et alluma la télévision. Elle allait l'attendre.
oOo
À vingt et une heures, Adrien n'était toujours pas rentré. Pour s'occuper, Marinette avait nettoyé la cuisine et rangé le salon. Elle décida d'aller se coucher. Elle prit une longue douche, remit son pyjama et se glissa dans le lit. La veille au soir avait été tellement merveilleuse, comment la situation avait-elle pu changer si vite ?
— Bonne nuit, Tikki, souffla-t-elle avant d'éteindre la lumière.
Elle se tourna et retourna longuement dans le grand lit avant de s'endormir. Une heure plus tard, dans un demi-sommeil, elle entendit la porte d'entrée de l'appartement s'ouvrir. Il y eut un moment de silence, puis des pas s'approchèrent. Elle avait laissé la chambre ouverte. Elle sentit dans son dos qu'Adrien la regardait. Alors qu'elle allait se retourner, il ferma la porte. Allait-il dormir de nouveau dans le salon ?
Elle crut entendre la douche, puis la porte de la chambre se rouvrit. Adrien se glissa dans le lit, se plaçant à l'opposé du côté où elle s'était placée. C'était seulement la seconde fois de sa vie qu'elle partageait le lit de quelqu'un pour dormir. La nuit précédente, elle s'était endormie lovée contre son amant, son épiderme en étroit contact avec celui d'Adrien. Cela lui avait procuré un bien-être extraordinaire. Le dos qu'il lui présentait maintenant lui donnait envie de pleurer. Elle faillit se lever et se réfugier sur le canapé pour échapper à ce refus implicite. Mais il le prendrait sans doute comme un rejet de sa part. Cela lui fit réaliser que le choix d'Adrien de la rejoindre dans le lit pouvait être analysé de manière positive. Il ne coupait pas les liens entre eux. Cela la réconforta un peu. Elle changea légèrement de position pour se mettre en contact avec lui. Il en fit autant de son côté, augmentant leur zone de contact. Elle ne dit rien, considérant qu'ils étaient trop épuisés pour avoir une discussion. Il ne sembla pas non plus vouloir engager un dialogue. Elle se rendormit.
oOo
Marinette ne sut pas ce qui la réveilla en premier : les hurlements dans la rue ou Adrien se dressant brusquement à côté d'elle.
— Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle désorientée.
Adrien sauta du lit et ouvrit la fenêtre et les volets. Il poussa une exclamation d'horreur. Marinette le rejoignit. La rue paraissait avoir reçu une bombe. Les maisons de l'autre côté de la rue étaient en ruine. Des gens couraient, paniqués, dans la rue en criant. Tous deux regardèrent, hébétés, le spectacle qui s'offrait sous leurs yeux. Puis, Marinette vit une personne surgir de l'immeuble d'en face qui n'existait plus.
— Tikki, transforme-moi !
Une fois revêtue de son costume, elle saisit son yoyo. Elle l'envoya de toutes ses forces sur la façade inexistante de l'autre côté de la rue. L'objet parut rebondir sur du vide et revint vers elle, alors que l'immeuble qu'elle avait touché réapparaissait.
— Une illusion ? réalisa Adrien incrédule. Volpina ! devina-t-il d'une voix rageuse.
Ladybug ouvrit son yoyo. Elle chaussa son écouteur et lança un appel :
— Rena ? Oui, je sais, mais c'est une illusion. On repart !
Pendant ce temps, Adrien s'était également transformé. Ladybug appela Carapace, puis ajouta Chat Noir. Il revenait de la cuisine où il avait pris de quoi nourrir leurs kwamis.
— Ne perdons pas de temps, suggéra Chat.
Il planta son bâton dans la rue – il y avait une telle panique en bas, que personne ne fit attention à lui – et se propulsa vers le toit d'en face. Sa compagne l'y rejoignit. Ils examinèrent les environs. C'était comme si une armée de termites géants avait attaqué la capitale. De nombreux bâtiments avaient laissé place à ce qui semblait être des gravats. Des immeubles rescapés ponctuaient ces espaces dévastés.
— Je ne peux pas attacher mon yoyo dans le vide, fit remarquer Ladybug.
— Tu crois qu'ils sont vrais, eux ? interrogea Chat Noir en montrant les bâtiments survivants.
— Je te laisse aller voir, répondit Ladybug.
Il partit en utilisant son bâton. Pendant ce temps-là, sa coéquipière demanda :
— Rena, Carapace, comment ça se présente pour vous ?
— On progresse d'immeuble en immeuble. Ceux qui sont encore debout sont réels.
— Très bien. Apparemment, Volpina a déjà parcouru du chemin. Mais tout Paris n'est pas encore touché. D'ici, j'aperçois la colline Montmartre et elle a l'air encore intacte.
— Je confirme, tu peux me rejoindre, l'invita Chat Noir. C'est solide.
— Notre seul moyen de trouver Volpina est de la voir à l'œuvre, c'est-à-dire voir des immeubles disparaître. Elle doit être en contact visuel avec ce qu'elle modifie. Il faut qu'on se disperse et qu'on trouve des lieux où elle n'est pas encore passée. Nous pouvons aussi les repérer d'un point de vue élevé. Chat, tu vas vers la tour Montparnasse, Rena, l'Arc de Triomphe, Carapace, tu files vers Montmartre et, moi, vers la Bastille.
— Bien reçu, Milady, clamèrent les trois autres.
— Je me déplace au niveau de la rue, spécifia Carapace. Je ne peux pas sauter aussi bien que vous.
— Compris.
Ladybug fut la première à atteindre son objectif.
— Soit elle s'est arrêtée là pour bifurquer, soit elle est dans le coin, rapporta-t-elle. Le XIIe et le XXe arrondissement ne semblent pas touchés. Il ne reste pas grand-chose du IIIe par contre.
— Je confirme que tout ce qui est autour de l'île de la Cité est en ruine, avec énormément de personnes dehors, visiblement choquées, dans le quartier Saint-Michel, compléta Chat. Une partie du VIIe est à terre, mais je vois au loin que les grandes tours du XIIIe sont toujours debout.
— J'ai une moins bonne visibilité que vous, car je suis au niveau de la rue, indiqua Carapace. La zone que je parcours est touchée. Les gens commencent à se calmer. L'alerte akuma a dû être donnée. Ceux qui me voient passer m'applaudissent et m'encouragent.
— Parfait, ça va calmer la panique, estima Ladybug. On continue à tenter d'atteindre la limite des zones détruites et à trouver l'endroit où elle est en train de progresser.
— Je remonte les Champs, indiqua Rena.
— J'ai atteint une zone de démarcation, s'écria soudain Carapace. Je suis au niveau des Grands Boulevards. Je vais vers l'est ou vers l'ouest ?
— Tu es à quel niveau ?
— Richelieu-Drouot.
— Va vers Saint-Lazare. Je remonte vers toi via la République, annonça Ladybug.
Une dizaine de minutes passa. La progression était compliquée pour eux tous et ils s'arrêtaient régulièrement pour scruter leur environnement.
— Je viens de voir un immeuble disparaître ! cria Carapace. Je suis à Chaussée-d'Antin.
— Bien reçu. On te rejoint. Tente de la repérer, mais sois prudent.
— Compris.
Il n'y eut plus sur la ligne que des respirations, alors que les héros convergeaient vers Carapace. Soudain, on entendit une exclamation étouffée, puis des bruits de lutte.
— Qui se bat ? demanda la voix de Ladybug.
— Pas moi, dit Chat.
— Ni moi, dit Rena.
— Je suis pratiquement arrivée, annonça Ladybug. Je regarde si je peux localiser Carapace sur mon yoyo. Oui, j'y suis presque. Je… Ah !
Nouveaux bruits de lutte.
— Elle s'est fait avoir, s'écria Chat Noir. Où es-tu, Rena ?
— J'arrive sur place.
— Cache-toi ! Je vais la localiser avec mon bâton et on y va à deux. L'un se rend visible et l'autre le couvre.
— Compris.
Rena précisa ensuite sa cachette et Chat Noir la rejoignit. Ils établirent que Ladybug était sur l'immense toit du bâtiment principal des Galeries Lafayette, constitué en grande partie par une terrasse accessible au public, au-dessus de la façade principale donnant sur le boulevard. Au milieu du bâtiment s'élevait une coupole. Derrière le dôme, des cheminées d'aération, armoires électriques et diverses antennes rendaient la zone moins praticable. C'est dans cet ensemble complexe que semblait se trouver leur amie.
— Volpina est une brute, je me demande s'il ne serait pas plus malin de lui envoyer une illusion pour commencer, proposa Chat Noir.
— Excellente idée, estima Rena. Mais je n'aurai plus que cinq minutes, après.
— Je peux tenir seul contre elle, affirma Chat Noir. On avisera après si tu viens me donner un coup de main ou si on tente de retrouver Ladybug. Elle est quelque part derrière la coupole.
— D'accord.
— Envoie une image de moi, sur la terrasse à l'avant. Comme si j'étais en train de la chercher.
— Tu sais où est Carapace ? demanda Rena en élevant sa flûte.
— Sur le toit du Printemps, d'après mon bâton. Je le détecte, ça veut dire qu'il est toujours transformé. On ne peut pas s'occuper de lui maintenant.
— Je comprends. Prépare-toi.
Rena emboucha son instrument et généra l'illusion. Elle la fixa, pour la diriger. Chat suivit des yeux son double qui arrivait là où il l'avait demandé et qui avançait avec hésitation.
Soudain, une silhouette vêtue de rouille surgit d'un toit voisin et se planta devant le faux Chat.
— Ah, te voilà enfin, espèce de saleté, murmura Chat Noir avec hargne. Tu vas voir de quel bois je me chauffe !
Eh oui, encore de l'action ! La suite très bientôt avec "Ombres"
