Samedi 10 juillet
Tout était allé très vite. A six heures trente du matin, le jeudi 8 juillet, un hibou était venu toquer contre la fenêtre de la chambre d'Hermione. A une heure pareille, elle avait tout de suite compris que les nouvelles que le Grand Duc venait lui apporter ne seraient pas bonnes. Drago n'avait apposé que quelques mots sur un parchemin, d'une façon sobre et presque impersonnelle, comme elle s'y était attendue. Mère est décédée dans la nuit. Ne viens pas tout de suite, je te recontacterai plus tard. Merci pour tout. Drago.
Hermione s'était rendue au Ministère tel un automate. Toutes ses pensées étaient tournées vers Drago : elle osait à peine imaginer dans quel état il devait être. Tel qu'elle le connaissait, il devait sûrement masquer ses émotions à tous, alors qu'il était contraint de s'occuper de ce que tout le décès de sa mère impliquait.
Elle avait prévenu Harry pendant le déjeuner, et celui-ci fut réellement touché de cette triste nouvelle. Harry avait toujours eu pour Narcissa un profond respect : jamais il n'avait oublié ce qu'elle avait fait pour lui lors de la bataille finale. Il lui demanda comment Malefoy gérait la situation et Hermione se trouva incapable de lui répondre.
La journée du jeudi était passée sans qu'Hermione ne reçoive d'autres nouvelles de Drago. Elle mourait d'envie d'aller le rejoindre, mais elle savait qu'il n'apprécierait pas qu'elle aille contre sa volonté. Sa femme devait très certainement le suivre comme son ombre vue la situation, et Hermione ne pouvait décemment pas se retrouver face à elle.
Le vendredi, Drago lui rendit visite très brièvement. Comme elle s'y attendait, il paraissait si froid et si distant qu'il l'impressionna quelque peu, comme si elle s'était retrouvée face à l'ancien Malefoy. Il lui apprit que l'enterrement aurait lieu le lendemain, à onze heures du matin, et qu'elle recevrait les faires parts de décès dans la journée. Il n'eut aucune attention particulière pour elle, mais elle ne pouvait évidemment pas lui en tenir rigueur. Cependant, le voir dans cet état l'inquiétait plus que de raison. Il était beaucoup trop calme, beaucoup trop détaché, et cela ne pouvait rien présager de bon.
C'est ainsi qu'Hermione se retrouvait au square Grimmaurd, en ce samedi matin. Il était prévu qu'elle se rende à l'enterrement avec Harry et Ginny. Hermione ajustait sa coiffure devant le miroir de la pièce qui était pratiquement sa chambre. Elle portait une robe noire sobre et élégante, tout à fait appropriée pour l'occasion. Elle soupira néanmoins devant son reflet. Même si elle ne connaissait pas personnellement Narcissa, le fait de savoir que sa mort plongeait Drago dans une peine immense suffisait à la rendre malheureuse elle aussi.
Hermione fut sortie de ses pensées par quelques coups discrets contre la porte de sa chambre. Ginny entra presque timidement, refermant la porte derrière elle. Depuis qu'elles s'étaient réconciliées, Hermione avait l'impression que Ginny marchait sur des œufs avec elle, culpabilisant d'avoir ainsi réagi face à sa rupture avec Ron.
- Tout va bien ? demanda la rousse en s'asseyant sur le lit tandis qu'Hermione lissait les plis de sa robe.
- Je crois… enfin, c'est tellement triste. Elle était si jeune…
Ginny acquiesça, la mine basse.
- Tu sais comment va Malefoy ?
A la mention de Drago, le cœur d'Hermione se serra légèrement.
- Pas vraiment. Je l'ai vu en coup de vent hier, il est venu me dire quand se déroulerait l'enterrement. Il gère à sa manière, je suppose.
Ginny resta silencieuse et Hermione trouva ce silence étrange. Elle se retourna vers son amie et celle-ci la fixait, l'air songeur.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Hermione, inquiète.
- Je… je ne sais pas trop comment dire ça… commença Ginny en faisant la moue.
- Tu me fais peur, là.
- Non, non, c'est juste que… oh et puis merde. L'autre jour quand tu es venue manger à la maison, tes parents t'ont appelée sur ton téléphone moldu et ensuite tu l'as posé à côté de toi et… et j'ai vu cette photo sur l'écran…
Le souffle d'Hermione se bloqua subitement dans sa gorge.
- Et c'était lui. Malefoy. Dans ton lit, avec Pattenrond entre ses jambes, tous les deux en train de dormir.
La brune resta muette, attendant la sentence. Ginny ne paraissait pas en colère, cependant. Était-ce parce qu'elle essayait de se contrôler, comme elle le faisait ces derniers temps, ou son calme était-il réel ? Hermione n'aurait su le dire. Elle se sentit stupide, d'avoir été aussi imprudente. Elle regardait cette photo, souvent, trop souvent d'ailleurs, quand elle était au travail ou quand elle était seule chez elle, ce cliché lui rappelant que tout ce qu'elle vivait avec Drago n'était pas le fruit de son imagination, mais bien la réalité. Qu'elle avait été naïve de croire que personne d'autre ne la remarquerait.
- Tu… toi ? Et lui ?
Hermione avait le palpitant qui commençait à sérieusement s'emballer. Très vite, son esprit incroyablement logique dégagea deux options : nier, tout en sachant que la photo en elle-même était déjà pratiquement un aveu et que Ginny serait très certainement en colère devant son mensonge, ou assumer enfin la vérité. Elle repensait à ce que lui avait dit Drago durant leur "dispute". Je suppose que tu as annoncé la bonne nouvelle à Weasley et toute sa clique ? Peut-être à tes parents alors ? Tes collègues ? Ta secrétaire ? Quelqu'un d'autre que Potter ? Hermione savait que Drago ne lui avait dit cela que pour la faire fuir alors qu'il pensait devoir affronter seul la maladie de sa mère, néanmoins, il y avait tout de même une immense part de vérité dans ses paroles. Elle se dit qu'il était sans doute temps que Harry ne soit plus la seule et unique personne au courant de cette relation. Peut-être même que cela montrerait à Drago à quel point elle était sincère, et que cela le pousserait à accélérer les choses de son côté. Alors, prenant une grande inspiration, elle hocha doucement la tête, sous les yeux écarquillés de Ginny.
- Mais… mais… comment ? balbutia-t-elle après quelques secondes. Et… et depuis quand ?
La question sous-jacente semblait clignoter dans ses yeux marrons. Est-ce que tu as trompé Ron avec lui ? lisait Hermione sans aucune difficulté. A nouveau, elle se retrouvait face à la possibilité d'être parfaitement honnête et à celle d'édulcorer un peu la réalité. Le fait d'avoir embrassé Drago alors qu'elle était encore en couple avec Ron était une chose pour laquelle elle s'en voulait beaucoup. Et surtout, elle savait que si Harry avait été capable de passer outre ce détail, Ron, et tous les Weasley en général, ne seraient pas aussi conciliants. Elle décida donc que de dissimuler une part de l'histoire ne ferait de mal à personne, tout en s'asseyant à côté de son amie.
- Que ce soit clair tout de suite, répondit Hermione d'une voix sûre. Je n'ai pas trompé Ron avec lui, et ce n'est pas à cause de lui que nous avons rompu… d'accord ?
- Oui, je… ça m'a pris du temps, c'est vrai, mais j'ai fini par comprendre que toi et Ron… ça ne pouvait pas durer.
Hermione laissa échapper un imperceptible soupir de soulagement.
- Je n'avais pas du tout prévu que ça me tombe dessus comme ça… on s'est rapprochés en début d'année, comme tu le sais… et au départ, son amitié m'allait très bien… enfin c'est ce que je pensais. Mais très vite, il y a eu… plus. Je ne sais pas trop comment, je ne sais pas trop pourquoi, mais c'est arrivé. Il me regardait d'une façon… d'une façon dont Ron ne me regardait plus depuis un moment. Et sans que je ne le voie vraiment venir, je me suis rendue compte que derrière ce masque qu'il porte en permanence, il y a un homme intelligent, fort, et drôle et… et qui a vécu tellement de choses qu'on ne soupçonne pas…
Elle se tut tout à coup, réalisant qu'elle était en train de divaguer, tandis que Ginny la fixait, un sourire énigmatique aux lèvres.
- Quoi ?
- Rien, tu as l'air… si tu te voyais, là tout de suite. Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vue sourire comme ça.
Hermione sentit le rouge lui monter aux joues et elle baissa les yeux, un peu honteuse.
- Ça fait du bien, la rassura Ginny. De te voir comme ça, je veux dire.
- Je n'avais aucune idée que ça allait se dérouler ainsi… tu sais, quand ça n'allait pas avec Ron, j'imaginais prendre du temps pour moi, pour me retrouver un peu, seule avec moi-même. Mais Drago…
Elle soupira, incapable de trouver les mots adéquats. L'intensité de ce qu'elle ressentait pour lui se manifestait de plus en plus, et surtout de plus en plus souvent. Rien que de parler de lui suffisait à faire gonfler son cœur d'un amour qu'elle ne pensait même pas capable de ressentir.
- Laisse tomber. La façon dont tu parles de lui se suffit à elle-même. J'ai compris.
Hermione n'arrivait pas à croire ce qu'elle entendait. Ginny lui adressait un sourire bienveillant et avait posé une main sur la sienne. C'était simple, trop simple.
- Tu n'es pas… énervée ?
- Hermione, je t'ai dit que j'avais été assez fâchée contre toi pour toute une vie. Alors oui, je ne m'attendais pas à ce que tu te remettes si vite avec quelqu'un, et le fait que ce soit Malefoy est une double surprise, je dois l'avouer… mais si tu dis qu'il en vaut la peine, alors je te fais confiance. Et Harry l'apprécie beaucoup, aussi. Je ne peux pas aller contre le jugement de ma meilleure amie et de mon mari, pas vrai ?
Hermione ne put empêcher un sourire immense de fendre ses lèvres et elle enlaça Ginny dans une étreinte que la rousse lui rendit bien volontiers.
- Le fait qu'il soit marié, on en parle maintenant ou plus tard ?
En se redressant, Hermione lui expliqua brièvement la situation : son mariage arrangé, la difficulté qu'il avait de briser des générations entières de tradition, la crainte de décevoir sa mère…
- Enfin, il a d'autres choses à penser en ce moment, conclut-elle. Pour le moment, je ne veux pas lui mettre la pression. Il n'a pas besoin de ça.
En repensant à ce que Drago était en train de vivre, Hermione se sentit désespérément impuissante. Elle était furieuse de ne pouvoir rien faire pour l'aider, de ne même pas pouvoir être près de lui. Mais sa colère n'étant tournée contre personne, il était d'autant plus difficile de l'évacuer.
- Il y a quelque chose d'autre dont je voulais te parler, dit Ginny en se triturant les mains.
Hermione fronça les sourcils. Ce comportement gêné ne lui ressemblait définitivement pas.
- Oui ?
- Voilà, euh, tu savais déjà que mes parents allaient venir à l'enterrement, mais euh…
Hermione écarquilla les yeux. Ses mains devinrent moites tandis que la compréhension se faisait facilement dans son esprit.
- Ron ? souffla-t-elle.
Ginny hocha la tête.
- Mais… mais il déteste Drago ! Et encore plus son père !
- Peut-être, mais c'est Narcissa qui est morte… elle était très respectée, même par mon frère.
- Bon, je… oui, de toute façon, ça fait presque deux mois qu'on a rompu… on allait bien se revoir à un moment ou à un autre, pas vrai ?
Elle essayait de se rassurer, mais Hermione était nerveuse. Elle ne s'attendait pas à revoir Ron tout de suite, et encore moins dans un cadre comme celui-ci. Si, bien évidemment, elle ne pourrait pas se montrer trop proche de Drago durant les funérailles de sa mère, le fait de savoir que Ron serait là était d'autant plus gênant. Elle n'était vraiment pas prête à lui avouer sa nouvelle relation, et elle ne pouvait pas se permettre qu'il le découvre tout seul.
- Je ne lui dirai rien ! la rassura Ginny qui avait lu l'inquiétude sur son visage. A propos de toi et Ma… toi et Drago. J'ai bien conscience que c'est à toi de lui en parler et que ce ne sera ni le moment et encore moins le lieu. Alors ne panique pas, tout va bien se passer.
- Merci, Ginny, c'est vraiment important pour moi…
- Je me doute, ça se lit sur ton visage. Je n'en ai pas parlé à Harry de peur de faire une gaffe, mais je suppose qu'il est au courant.
- Évidemment. Je crois que je serais devenue littéralement folle s'il n'avait pas été là.
Ginny posa une main compatissante sur la cuisse d'Hermione. Elle avait néanmoins le visage quelque peu inquiet, et la brune ne savait que trop bien pourquoi. Être amoureuse était une chose, pouvoir vivre son amour au grand jour en était une autre. Et pour le moment, absolument rien ne partait du bon pied.
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A plusieurs centaines de mètres au nord du Manoir, il y avait un immense cimetière qui abritait les dépouilles de tous les Malefoy et de leurs épouses, depuis aussi longtemps que la famille s'était installée en Grande-Bretagne. Une magnifique bâtisse qui servait de chapelle se dressait au bout. C'était à l'intérieur de cette chapelle que se déroulait l'éloge funèbre de Narcissa Malefoy, née Black.
Comme tout ce que possédaient les Malefoy, l'endroit était somptueux et transpirait la richesse. Comme si même dans la mort, il fallait qu'ils se sentent indéniablement supérieurs. Il n'y avait pourtant aucun autre sujet face auquel la richesse n'avait aucun passe droit.
Face à l'autel, plusieurs rangées de bancs étaient séparées par une allée centrale par laquelle le cercueil était passé. Malefoy père et fils étaient assis, seuls, au premier rang, dans un spectacle tout à fait perturbant. Drago se tenait droit, le visage si fermé qu'on aurait pu croire qu'il s'ennuyait. A côté de lui, Lucius Malefoy n'était plus que l'ombre de lui-même. De là où elle était, Hermione ne parvenait à voir que son profil, mais c'était suffisant pour comprendre que l'ancien Mangemort avait tout perdu de sa superbe. Ses cheveux étaient définitivement blancs, son visage si pâle qu'il semblait translucide, il se tenait la tête entre ses mains, les coudes sur les cuisses, incapable de regarder la cérémonie funéraire qui se déroulait sous ses yeux. Hermione voyait Drago jeter des petits coups d'œil à son père, et elle se demandait ce qui pouvait bien lui passer dans la tête, à ce moment précis. Deux gardiens d'Azkaban se tenaient debout à côté de leur prisonnier, prêts à intervenir au moindre faux pas. Malgré tout ce que Lucius Malefoy avait fait dans sa vie, malgré le fait qu'elle soit parfaitement consciente que sa sentence était méritée, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir de la pitié pour cet homme qui avait perdu tout ce qu'il prenait autrefois pour acquis.
Parmi les invités, peu faisaient réellement partie de la famille. Derrière Drago et son père, Andromeda Tonks fixait le cercueil de sa sœur d'un air indéchiffrable. Hermione savait que les deux femmes ne s'étaient jamais revues, même après la guerre. Elle savait aussi qu'Andromeda aurait aimé reprendre contact avec Narcissa, mais qu'elle n'avait jamais osé sauté le pas. Il y avait trop d'histoires, trop de ressentiments, trop de rancœurs dans la fratrie des Black. Aujourd'hui, Andromeda regrettait amèrement ses doutes passés. Elle s'était dit qu'elle avait le temps, qu'elle oserait sans doute un jour envoyer un hibou à sa sœur. Jamais elle n'aurait pensé que Narcissa rejoindrait leur aînée si vite.
Astoria était assise à côté d'Andromeda, juste derrière son mari. Depuis le début de la cérémonie, Hermione ne cessait de se demander pourquoi elle n'était pas installée à côté de Drago. Si elle avait été à sa place, elle aurait été tout près de lui, lui tenant la main pour le soutenir silencieusement. Cependant, pour Astoria aussi, Hermione ressentait de la peine. La jeune femme pleurait discrètement, s'essuyant de temps à autre les yeux avec un mouchoir en soie. A ses côtés se tenait un homme qu'Hermione devinait être son père. Le pauvre homme semblait complètement éteint ; Hermione avait appris le décès de Mme Greengrass dans la presse, quelques années auparavant. On disait que son mari ne s'en était jamais relevé.
Derrière eux, un peu plus loin, quelques membres de la famille éloignée des Malefoy étaient également présents. Ils avaient tous le même air fier et détachés, et Hermione était persuadée qu'ils n'étaient là que pour l'image. Ils avaient tous le teint pâle et les cheveux blonds, bien que d'une couleur plus naturelle que ceux de leurs parents.
De l'autre côté de la salle, il y avait ceux qui ne faisaient pas partie de la famille. Hermione avait été étonnée de voir qu'autant de monde s'était déplacé. Mais elle dut admettre que Ginny avait raison : si le nom des Malefoy faisait grandement débat dans la communauté sorcière, celui de Narcissa était respecté depuis la fin de la guerre. Pratiquement tous les Weasley étaient présents. Quand elle avait vu Ron s'approcher de la chapelle avec ses parents, Hermione s'était sentie chancelante. Cela ne faisait pas encore deux mois qu'ils n'étaient plus ensemble et pourtant, elle avait l'impression que leur rupture s'était passée au siècle dernier. Ils avaient échangé quelques mots d'une banalité effarante. Elle devinait que la situation était aussi gênante pour lui que pour elle. Devant l'absurdité de la situation, Ron lui avait offert un petit sourire. Petit, mais qu'elle savait sincère, et auquel elle avait répondu avec une égale sincérité. Malgré tout, Ron restait l'un de ses meilleurs amis et oui c'est vrai, il lui manquait, même si elle savait bien qu'ils ne pourraient pas reprendre leur amitié là où ils l'avaient laissée six ans auparavant.
Le trio d'or était donc présent, pour le plus grand plaisir des journalistes. Le Ministre de la Magie s'était également déplacé, ainsi que plusieurs hautes personnalités du Ministère, notamment Robert Haywood, le patron de Drago, et plusieurs de ses collègues du département des Mystères, ainsi que les Aurors avec qui il jouait au Quidditch depuis peu. Étaient présents également des personnes qu'Hermione ne connaissait pas ou très peu, qu'elle se souvint avoir croisé quelques fois, peut-être, au travail. Elle sourit en voyant le tableau : Drago avait beaucoup moins d'ennemis que ce qu'il croyait.
Au fond de la chapelle, les petits clics caractéristiques des appareils photos se faisaient entendre tandis qu'un mage prononçait l'éloge funèbre de Narcissa. Drago avait essayé tant bien que mal de limiter l'arrivée des journalistes, mais il s'était vite rendu compte que c'était peine perdue. Avant que la cérémonie ne commence, Drago s'était approché de Harry, Hermione et Ron, surpris de voir ce dernier, Astoria accrochée à ses talons. Ron lui avait présenté ses condoléances avec retenue, mais étant donnée la nature de leur relation et tous les ressentiments que Ron avait pour l'ancien Serpentard, on ne pouvait espérer mieux. Drago lui avait alors serré la main et avait fait un signe de tête reconnaissant à Harry et à Hermione, son regard se posant sur elle peut-être une seconde de plus que nécessaire, ce que la jeune femme fut évidemment la seule à voir.
Elle n'en pouvait plus de cette situation. Elle voulait traverser cette chapelle et s'asseoir près de Drago, mettre la tête sur son épaule et lui promettre que la douleur finirait forcément par s'atténuer. De loin, elle le voyait si tendu, si fermé, que cela lui brisait encore plus le cœur que s'il s'était laissé aller à ses émotions.
Le mage finit enfin son éloge funèbre et il se décala sur le côté afin de laisser d'autres personnes présenter leurs hommages à la défunte. A côté d'Hermione, Harry se racla la gorge avant de se lever pour prendre place sur l'autel. Il avait tenu à prononcer quelques mots en l'honneur de la femme qui lui avait autrefois sauvé la vie. En voyant Harry Potter sur le devant de la scène, la salle se fit plus silencieuse que jamais, si ce n'était pour le bruit insupportable des appareils photos qui immortalisaient la scène plus que nécessaire. Nul doute qu'elle ferait la Une de La Gazette le lendemain.
En entendant la voix de Harry, Lucius Malefoy releva la tête, incrédule, et le fixa quelques secondes avant de se cacher à nouveau le visage dans ses mains. Drago écoutait les mots de son ancien ennemi avec attention, mais aucune émotion ne se traduisait sur ses traits. Plus elle le regardait, et plus Hermione était inquiète.
Une fois que Harry eut terminé, ce fut au tour d'un autre invité de prendre place sur l'estrade. Hermione ne le connaissait pas, bien que son visage lui soit vaguement familier, et elle en déduit qu'elle avait déjà dû le voir quelque part au Ministère, et qu'il s'agissait sûrement d'un collègue de Drago. Ce dernier fronçait les sourcils, comme s'il était surpris de voir que cette personne tenait à dire quelques mots en l'honneur de sa mère. Hermione sentit Harry se tendre imperceptiblement à côté d'elle, et elle remarqua que lui aussi avait l'air méfiant.
- Qu'est-ce qui se passe ? chuchota-t-elle en se penchant vers lui.
- C'est la toute nouvelle recrue du département des Mystères, Ethan Copper. Son père a été tué pendant la guerre. Pas un grand fan des Malefoy en général…
Alors qu'Hermione réalisait la portée de ce que venait de lui apprendre Harry, le collègue de Drago commença à parler.
- Je ne connaissais pas personnellement Narcissa Malefoy, mais j'en savais assez à son sujet pour saluer la personne admirable qu'elle était.
Immédiatement, Hermione sentit que quelque chose n'allait pas se passer comme prévu. Bien que son visage fût parfaitement de circonstance, Copper avait une voix qui trahissait à quel point il ne pensait pas ce qu'il disait.
- Aujourd'hui c'est aussi pour soutenir mon collègue et futur patron que je viens témoigner de la douloureuse épreuve qu'est la perte de sa chère mère.
Drago semblait de plus en plus soupçonneux et Hermione aperçut du coin de l'œil que Harry avait la main étrangement posée sur sa veste, comme s'il était prêt à en sortir sa baguette à tout moment. Ron, assis à côté de lui, remarqua également le mouvement de son meilleur ami, et se mit à son tour sur ses gardes.
- Qui de plus admirable, en effet, comme nous l'a si justement dit notre cher Élu, précisa-t-il en désignant Harry d'un geste de la main, que Narcissa Malefoy, qui s'est démarquée tout au long de sa vie par ses choix judicieux et ses faits d'armes héroïques.
Dans l'assemblée, les têtes commençaient à se tourner les unes vers les autres, ne comprenant visiblement pas la tournure qu'était en train de prendre le discours de cet homme que personne ne semblait connaître. Hermione avait le regard qui basculait entre Ethan Copper et Drago, de plus en plus tendu.
- Après tout, continua Copper avec un léger sourire malsain qui ne présageait rien qui valût, quoi de plus louable que d'être la sœur… la femme… et la mère de Mangemorts reconnus.
Le temps fut suspendu pendant une seconde, juste le temps que les mots qui venaient d'être prononcés fussent bien assimilés par la totalité des personnes présentes. Juste le temps pour Ethan Copper de sortir sa baguette et de hurler "Bombarda !" en direction du cercueil de Narcissa, juste derrière lui.
Tout se passa tellement vite qu'Hermione ne parvint pas à tout voir. Les gens se mirent à crier de tous les côtés, tandis que, par miracle, Harry et Ron, qui semblait avoir gardé ses vieux réflexes d'Auror, avaient déjà lancé un Protego sur la dépouille, avant que le sortilège d'explosion n'eût le temps d'atteindre sa cible.
Apparemment, Copper n'était pas venu seul, car le petit groupe de personnes qu'Hermione n'avait pas reconnues au fond de la salle se leva d'un seul coup, agitant leurs baguettes pour accomplir ce que leur acolyte n'avait pas réussi à faire, en criant des insultes à l'encontre de la défunte qui donnaient à Hermione des frissons d'horreur. Fort heureusement, Kingsley, Harry, Ron et les autres Aurors, étaient déjà debout, défendant bec et ongles le cercueil par miracle toujours intact.
Les invités commençaient à se lever et à courir dans tous les sens, se ruant vers la sortie, faisant tomber les bancs sur leur passage. Dans la cohue, Hermione cherchait désespérément Drago des yeux, et une fois qu'elle l'eut trouvé, son sang ne fit qu'un tour.
Durant le chaos, il avait visiblement eu le temps de plaquer Copper au sol, car il le maintenait d'une poigne de fer, sa baguette enfoncée dans la gorge de son adversaire qui lui riait ouvertement au nez, l'air complètement dérangé.
Hermione hurla son prénom mais Drago ne semblait pas l'entendre. Elle traversa alors la foule qui se dispersait très largement, et tenta de le faire réagir.
- Drago, je t'en prie, calme-toi ! pria-t-elle en lui frôlant l'épaule.
Mais elle aurait tout aussi bien pu toucher un mur, cela serait revenu au même. Drago ne lui prêtait pas la moindre attention. Ses traits durs et froids étaient à peine déformés par la colère. En réalité, c'étaient ses yeux qui brûlaient littéralement de haine. Se fût-elle retrouvée à la place de Copper, Hermione aurait certainement été tétanisée devant le regard complètement fou de Drago. Ses poings étaient si contractés, l'un sur sa baguette, l'autre sur le col de Copper, qu'ils étaient devenus presque blancs.
Autour d'elle, Hermione perçut que le calme revenait peu à peu et que, par conséquent, les émeutiers avaient été maîtrisés, mais elle n'en fit pas cas, son attention entièrement tournée vers celui qu'elle aimait. Vue la situation dans laquelle il était, elle savait qu'il était à deux doigts de perdre le contrôle et de faire une bêtise qui, si elle était compréhensible vue les circonstances, lui coûterait sûrement la prison à vie. Les voix de Kingsley et Harry résonnaient dans ses oreilles sans qu'elle ne parvînt à comprendre ce qu'ils disaient.
- Drago, je t'en supplie, ne fais pas ça… ils n'attendent que ça.
Copper expira un rire sardonique étouffé, étranglé par la poigne ferme de Drago.
- Qu'est-ce qui se passe, Malefoy ? Après toutes ces années, tu n'es toujours qu'un lâche ? Même pas assez de couilles pour venger ta pute à Mangemorts de mère ?
En une fraction de seconde, le regard de Drago devint complètement meurtrier. Il lâcha sa cible un bref moment, juste assez pour lever le bras et lui donner un coup de poing qui dut le casser plusieurs dents. Hermione écarquilla les yeux tandis que Drago pointa sa baguette directement entre les deux yeux de Copper qui semblait avoir perdu connaissance sous le coup du blond. La jeune femme ne réfléchit pas une seconde de plus et s'interposa, lançant un Expelliarmus informulé qui désarma Drago. Ce dernier tourna enfin le visage vers elle et ce qu'elle vit lui glaça le sang. Jamais elle ne l'avait vu dans un tel état. En vérité, elle n'avait jamais vu personne dans un tel état. La rage qui émanait de lui était si puissante qu'elle le ressentait jusqu'aux tréfonds de son âme ; ses yeux dégageaient une telle colère qu'Hermione faillit avoir un mouvement de recul, avant de se reprendre. Elle s'agenouilla près de lui, et tout doucement, posa ses mains sur les siennes.
- Je t'en supplie, répéta-t-elle tout bas. Ne fais pas ça. Ne fais pas ça… scandait-elle en ne le lâchant jamais du regard.
Drago ne détournait pas non plus les yeux, mais il la regardait comme s'il ne la voyait pas vraiment. Derrière elle, Hermione sentit du mouvement, et entendit vaguement la voix de Harry dire à ses collègues d'emmener Copper. Les Aurors dégagèrent alors tant bien que mal le corps inerte de sous Drago, qui ne semblait pas prompt à leur faciliter la tâche. Hermione garda une main sur la sienne et leva l'autre vers son visage, très lentement, et lui frôla la joue, lui murmurant des paroles réconfortantes qui n'avaient certainement aucun sens pour lui en cet instant. Finalement, au bout de plusieurs longues secondes, ses yeux parurent reprendre vie. Il regarda par terre, là où Copper se trouvait encore une minute auparavant, avant de se focaliser à nouveau sur Hermione. Celle-ci se releva tout doucement, l'entraînant avec lui, et Drago s'accrocha à son bras pour se mettre debout, avant de se retrouver face à l'assemblée.
Le silence qui suivit fut le plus lourd qu'Hermione n'ait jamais connu. Elle n'entendait que les battements irréguliers de son cœur cogner dans ses oreilles et sa respiration erratique. Harry referma la double porte de la chapelle et se retourna vers les quelques personnes qui restaient là, le visage grave. Les invités toujours présents avaient gardé une main sur la bouche, choqués du triste spectacle qui venait de se jouer devant eux. Lucius Malefoy, maintenu par ses deux gardiens qui avaient dû se ruer sur lui au moment où les choses avaient mal tournées, avait le visage résolument éteint : il semblait complètement mort à l'intérieur.
Hermione fut ramenée à la réalité par une vive douleur à l'avant-bras. Drago lui serrait le membre avec force sans s'en rendre compte. Ses traits étaient redevenus totalement froids, mais sa rage sourde continuait d'émaner de lui à chaque respiration.
- Drago… chuchota-t-elle, craignant de le faire exploser.
Il baissa les yeux vers elle : ils étaient tellement polaires qu'elle eut du mal à croire qu'ils lui appartenaient vraiment. Il scanna la chapelle du regard : Harry et Ron étaient près de la porte, et Hermione ne manqua pas le regard de Ron fixé sur la main de Drago qui tenait toujours fermement le bras de son ex-fiancée. Elle aurait voulu lui faire un signe de tête, lui murmurer quelque chose, mais à cet instant précis, son attention ne pouvait être tournée que vers Drago. De la même manière, elle voyait la façon dont Astoria les regardait, les yeux remplis de larmes, dont elle ignorait si elles étaient pour Narcissa ou pour l'évidente proximité de son mari et d'Hermione.
Cet instant sembla durer des heures durant lesquelles personne ne sut quoi dire ou ne se permit de bouger. On entendait que les sanglots pathétiques de Lucius s'élever dans la chapelle. Kingsley et tous les autres représentants du Ministère semblaient sur le point de s'avancer vers Drago, mais avant qu'ils n'aient pu faire le moindre mouvement, l'héritier Malefoy se redressa de toute sa hauteur et murmura :
- Dehors.
Sa voix était basse, mais dans le silence de la chapelle, elle avait raisonné aussi bien que s'il avait hurlé. Les invités se lançaient des coups d'œil interrogatifs, l'air de se demander s'il était sérieux. Dans le fond de la salle, quelques cliquetis des appareils photos des journalistes se firent entendre, et Drago perdit patience. D'un geste si rapide qu'Hermione n'eut pas le temps de le voir, il invoqua sa baguette qui était restée au sol, et d'un sortilège informulé, fit ouvrir les portes de la chapelle avec fracas, emportant dans le même mouvement les quelques journalistes qui étaient toujours présents, les envoyant valser dehors avec violence. Drago avait le visage déformé par la colère et leva de nouveau sa baguette, prêt à lancer un nouveau sort, mais Hermione fut plus vive que lui.
Ignorant les regards sur eux, elle s'empara du poignet qui tenait la baguette, et le força à baisser les mains.
- Drago, non. Ils n'attendent que ça, je t'en supplie, implora-t-elle pour la énième fois.
Mais Drago ne semblait même pas l'entendre. Il avait le regard plein d'une haine qu'il contenait depuis trop longtemps. Ses yeux naviguaient entre la sortie de la chapelle, par laquelle on pouvait voir les journalistes se relever péniblement, et son père, qui avait à peine remué le petit doigt durant l'altercation, passant sur les invités comme s'il ne les voyait pas.
- Dehors ! se contenta-t-il de répéter, cette fois-ci plus fort, pour que tout le monde pût l'entendre.
La plupart des invités s'exécutèrent sans rechigner. Il était évident, vue la rage sur le visage de Drago, que ce dernier était sérieux. Un à un, ils sortirent de la chapelle, jetant un dernier regard à Drago comme s'il était un animal de foire. Hermione vit Andromeda échanger quelques mots avec Harry avant de quitter les lieux, les yeux humides se posant une dernière fois sur le cercueil de sa sœur. Kingsley s'avança vers Drago et lui promit d'une voix solennelle "Ça n'en restera pas là.", mais Drago paraissait si loin qu'Hermione se demanda s'il l'avait réellement entendu.
Tandis que la chapelle se vidait, Drago n'avait toujours pas lâché Hermione. Et si son bras lui faisait mal, tant et si bien qu'elle était persuadée qu'elle aurait un bleu le lendemain, elle ne chercha pas à se dérober. Elle était consciente que Ron, qui n'était toujours pas parti, à côté de Harry, observait la scène avec une incompréhension à laquelle Hermione ne pouvait pas se permettre de répondre maintenant. Elle sentait aussi le regard d'Astoria sur eux, et pourtant, elle n'avait aucune envie de bouger. Elle resterait là tant que Drago aurait besoin d'elle, peu importaient les conséquences, peu importait ce que les gens diraient de leur proximité. A cet instant, cela lui semblait être le cadet de ses soucis.
Drago tourna finalement la tête vers son père, qui n'avait toujours pas bougé, fermement maintenant par les deux gardiens qui lui tenaient chacun un bras.
- Amenez-le au Manoir avant de retourner en prison, ordonna Drago d'une voix dure.
Les deux gardiens acquiescèrent et, bien vite, il ne resta plus grand monde dans l'immense chapelle. Aussitôt sortis, les invités avaient tous transplané, se doutant que la réception qui était censée suivre les funérailles n'était plus au programme. Près de la porte, Harry, Ron et Ginny attendaient qu'Hermione amorçât un quelconque mouvement. Celle-ci fixait toujours Drago qui, finalement, consentit à baisser les yeux sur elle. Il regarda furtivement autour de lui et sembla se rendre compte qu'ils étaient pratiquement seuls, avant de desserrer enfin la prise qu'il avait sur son bras. Hermione lâcha un petit soupir de soulagement qu'elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle retenait, mais elle en profita pour lui prendre immédiatement les mains.
Un raclement de gorge interrompit Hermione avant même qu'elle ne puisse prendre la parole, et elle se retourna pour constater qu'Astoria était toujours là, et les regardait avec une expression totalement impénétrable.
- Rentrez chez vous, dit Drago d'une voix un peu moins sèche que précédemment, mais qui ne laissait tout de même aucune place au refus.
- Malefoy… commença Harry en amorçant un pas vers lui.
- Merci d' être intervenu, le coupa Drago.
Même si sa voix ne trahissait absolument aucune reconnaissance, Hermione savait que ses paroles étaient sincères, et vu le hochement de tête désolé de Harry, lui aussi en était conscient. Il murmura quelque chose en direction de Ron, qu'Hermione ne put entendre, et Ron fronça les sourcils et répondit en faisant un signe de tête vers son ex petite-amie. Hermione devinait sans mal ce qui était en train de se dire.
Alors que Harry, Ron et Ginny finirent par sortir de la chapelle, Drago se rapprocha d'Astoria qui n'avait toujours pas bougé. Elle regardait alternativement Drago et Hermione, et cette dernière ne pouvait qu'imaginer ce qui se passait à présent dans son esprit.
- Rentre à la maison, lui dit-il.
- Pas sans toi, répondit Astoria d'une voix assurée.
- Astoria, je dois encore enterrer ma mère, et j'aimerais le faire seul.
Même de là où elle était, Hermione pouvait lire le désespoir dans les yeux de sa rivale.
- Mais… tenta-t-elle en levant une main vers son visage.
- Rentre à la maison, répéta Drago, sans lui laisser la chance de se défendre.
Astoria inspira profondément, sûrement pour se redonner contenance, et son regard s'arrêta sur Hermione, qui observait la scène avec une discrétion toute relative.
- Et elle ? demanda Astoria en essayant, sans succès, de camoufler l'amertume dans sa voix.
- Hermione aussi va rentrer chez elle.
Hermione ignorait s'il disait cela uniquement pour rassurer Astoria, mais l'idée même de le laisser seul dans un moment pareil lui semblait absurde. Il fallait pourtant admettre que c'était bien le genre de Drago de vouloir se retrouver complètement seul, surtout après ce qu'il venait de vivre. Hermione répétait déjà ce qu'elle allait lui dire pour le convaincre de ne pas la renvoyer chez elle, tandis qu'Astoria relevait le menton, fière, mais loin d'être dupe.
- Je t'attendrai au Manoir, finit-elle par dire en se retournant.
- Non, mon père est au Manoir, je dois lui parler, et là encore, c'est quelque chose que je dois faire seul. S'il te plaît, Tori, rentre à la maison.
Le cœur d'Hermione se serra légèrement à la mention surnom qu'elle n'avait encore jamais entendu traverser les lèvres de Drago. Il loupa carrément un battement le voyant déposer un baiser sur le front de son épouse.
- Rentre.
Cette fois-ci, l'ordre était clairement perceptible dans sa voix, et Astoria capitula, se retournant pour de bon, sans un regard pour Hermione, avant de sortir de la chapelle.
Une fois qu'Astoria fut sortie, Drago se retourna vers Hermione, le regard complètement vide.
- Tu veux que je rentre chez moi ? lui demanda-t-elle.
- Tu fais ce que tu veux.
Sa voix était si égale qu'Hermione ne pouvait décemment pas être blessée de ses paroles.
- Je ferai ce dont tu as envie.
Elle s'approcha de lui et elle remarqua sa respiration devenir de plus en plus profonde à mesure qu'elle s'avançait.
- Ce dont tu as besoin.
Elle posa les mains sur son torse et sentit son cœur battre à une vitesse folle. Sans réfléchir davantage, elle l'encercla de ses bras et posa la tête contre son cœur. Lentement, Drago lui rendit son étreinte, peu sûr de lui, avant de finalement poser la joue contre ses cheveux, se laissant aller.
- Est-ce que tu veux bien m'attendre au Manoir ? demanda-t-il d'une voix faible. J'aimerais vraiment être seul pour...
- Bien sûr, accepta Hermione sans hésiter.
- Je… je dois parler à mon père. Je n'en aurai pas pour longtemps, mais…
- Je t'attendrai, Drago.
Hermione leva la tête pour plonger le regard dans ses yeux gris que, pour la première fois, elle vit infiniment tristes. Cette vision lui déchira littéralement le cœur.
- Je t'attendrai quoiqu'il arrive, promit-elle d'une voix solennelle.
Avait-il compris le double-sens de sa phrase ? Hermione ne pouvait en être certaine, mais la caresse délicate de son pouce sur sa joue lui fit espérer que oui.
En reprenant le chemin du Manoir, elle réalisa la portée de ses mots, et se rendit compte qu'elle ne les regrettait absolument pas. Peu importe ce que l'avenir leur réservait, peu importe le nombre d'embûches sur leur chemin, elle était sûre de ce qu'elle voulait. Et ce qu'elle voulait, sans l'ombre d'un doute, c'était Drago.
Elle savait très bien que ce qui venait de se passer allait faire le tour de la communauté sorcière londonienne. Le saccage de l'enterrement, et particulièrement la façon dont elle avait réagi envers lui. Elle se doutait qu'elle allait devoir affronter Ron, Astoria, et probablement les journalistes qui allaient s'en donner à cœur joie. Néanmoins, même si elle était pleinement consciente que ces moments ne seraient pas faciles, elle n'avait pas peur : elle avait vécu tellement pire durant son adolescence.
Non, aujourd'hui, par amour pour Drago, elle se sentait prête à affronter tout ce qui se mettrait sur leur chemin, et bien plus encore.
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Hello tout le monde !
Pour commencer, merci infiniment pour vos retours sur le chapitre précédent ! Il était plutôt dur, alors je suis ravie de l'accueil que vous lui avez réservé !
J'espère que tout le monde va bien, en tout cas, on se retrouve pour un chapitre encore difficile, il est vrai ! Non seulement j'ai été plutôt méchante en faisant mourir Narcissa, mais en plus de ça, son enterrement est un fiasco. Bref, là encore, c'est une scène qui était bien ancrée dans ma tête depuis pratiquement le début de l'écriture de cette histoire. Au-delà du caractère dramatique de la situation, cela va compliquer les choses pour Drago et Hermione étant donné que tout le monde les a vu plutôt proches.
Alors, à votre avis, comment va réagir Drago après tout ça ? Et surtout, quelles vont être les répercussions ?
J'ai hâte d'avoir vos avis, comme à chaque fois !
On se retrouve très vite pour la suite !
Prenez soin de vous !
