Disclaimer : L'univers Marvel ne m'appartient pas
Mélissa avait tenu parole, elle lui avait écrit, plusieurs fois jusqu'à ce qu'Amélia lui réponde. Avoir des réponses aux questions qu'elle s'était posées presque toute sa vie eut un effet bénéfique sur elle, Bucky le remarqua immédiatement après leur retour. Elle semblait apaisée, plus heureuse. Mais sa grossesse jouait très certainement un rôle là-dedans.
Ils n'avaient pas encore réellement annoncé la nouvelle à leurs proches, excepté Pietro, qui savait pour l'arrivée du second bébé Barnes, Amélia savait que Wanda se doutait de quelque chose. Tout comme Steve.
Ce matin-là, Bucky se leva pour s'occuper de Lia, laissant à Amélia l'opportunité de profiter un peu plus longtemps de leur lit. Depuis l'étage, elle entendait parfaitement Bucky parler à Lia et ensuite leur fille lui répondre du mieux qu'elle le pouvait. Après avoir jeté un regard au réveil, elle se décida à se lever. Elle repoussa la couette, attrapa son peignoir, qu'elle enfila par-dessus sa nuisette, elle se prépara une robe, qu'elle déposa sur le lit avant de regagner la salle de bain pour se préparer. Elle alluma l'eau de la douche puis se prépara une serviette, elle accrocha son peignoir à l'un des crochets accrochés à la porte et lorsqu'elle fit mine de vouloir se déshabiller elle s'immobilisa.
Elle fronça les sourcils en voyant une tâche sur le sol, une tâche d'un rouge sombre, près du lavabo. Lentement, elle se baissa et frotta son index sur la tâche avant de l'observer de plus près. En jetant un regard circulaire à la pièce, elle remarqua les autres tâches.
- Non. Murmura-t-elle.
Ce n'est que lorsqu'elle se releva qu'elle le sentit contre l'intérieur de sa cuisse, ce liquide chaud qui s'écoulait le long de ses jambes.
- Bucky ! S'écria-t-elle.
Elle se dirigea rapidement vers la douche et elle s'empressa de couper l'eau.
- Bucky ! Hurla-t-elle.
Elle entendit des pas dans l'escalier puis dans le couloir avant que finalement la porte de leur chambre ne s'ouvre et qu'il ne la traverse pour la rejoindre dans la salle de bain. Immédiatement, ses yeux trouvèrent les tâches de sang et quand il les posa sur elle, pour la première fois depuis longtemps, elle lut la peur dans ses yeux.
- Appelle Pietro. Ordonna-t-elle.
- Amélia.
- Appelle Pietro ! Dis-lui de venir le plus vite possible.
L'appel ne dura que quelques secondes, Bucky alla droit au but avant de finalement raccrocher. Quand il tourna la tête vers son épouse, elle était en train d'enfiler un de ses t-shirt, ses yeux glissèrent le long de ses cuisses, maculées de sang.
- Donne-moi mon pantalon de yoga. Souffla-t-elle.
La première vague de douleur l'atteint à ce moment-là, elle posa une main sur son ventre et laissa échapper un hoquet de douleur qui sembla avoir l'effet d'un électrochoc sur Bucky. Il l'aida à enfiler son pantalon sans dire un mot.
- Il faut que tu ailles attendre Pietro en bas. Murmura-t-elle.
- Il est en route, je vais t'aider à aller jusque la voiture, le temps que tu t'y installes il sera déjà arrivé.
- Je ne veux pas que Lia me voit comme ça.
- Laisse-moi te porter.
- Lia ne peut pas me voir comme ça.
- Lia ne se rendra compte de rien.
Sans plus de discussion, Bucky passa son bras de vibranium sous ses genoux tandis que l'autre s'enroula autour d'elle et il la souleva du sol. À peine eu-t-il descendu les premières marches que la porte d'entrée s'ouvrit sur Pietro. Et elle se revit, quelques années plus tôt, lorsqu'elle l'avait appelé parce qu'elle perdait son premier bébé et quand leurs regards se croisèrent, elle sut qu'il avait la même pensée qu'elle. Il ne s'attarda pas sur le pas de la porte, il s'engouffra dans le salon pour s'occuper de Lia.
L'échographie avait été insoutenable. Le médecin avait longuement regardé son écran, mais Amélia savait. Elle connaissait déjà le verdict. Bucky aussi le savait. Ils écoutèrent le médecin leur annoncer que le cœur de leur bébé ne battait plus, ils écoutèrent qu'elle allait devoir rester quelques heures avant de rentrer.
- Qu'est-ce qu'on a fait de mal ? Murmura-t-elle au bout d'un moment.
Bucky releva lentement la tête vers sa femme. Elle avait les yeux dans le vide, son visage était pâle et elle semblait si frêle dans cette blouse d'hôpital. Doucement, il quitta sa chaise pour se diriger vers son lit et il s'installa à ses côtés, il passa un bras autour de ses épaules, l'attirant contre lui. Elle resta stoïque un long moment avant de finalement se blottir contre lui, il sentit son corps se mettre à trembler contre le sien juste avant d'entendre les premiers sanglots. Une boule s'était formée dans le fond de sa gorge, l'empêchant de prononcer le moindre mot. Il était incapable de parler alors il resserra sa prise autour d'elle.
Ils ne bougèrent pas pendant les deux heures qui suivirent, il resta à ses côtés, et elle resta accrochée à lui. Il savait qu'au-delà de la douleur psychologique, elle ressentait une douleur physique, à chaque nouvelle vague de douleur, il pouvait sentir son corps se tendre contre le sien. Le médecin les avait prévenu, les contractions pourraient durer plusieurs jours tout comme les saignements. Au bout d'un moment, il se releva légèrement, lui lançant un regard prudent. Elle avait cessé de pleurer mais elle semblait être comme dans un état second.
- Je vais appeler Steve. Murmura-t-il. Je vais lui demander de passer à la maison et de nous amener des vêtements.
Elle le sentit se lever et l'entendit vaguement parler à Steve, leur conversation ne dura que quelques minutes et dès qu'il eut raccroché, Bucky vint se rasseoir à côté d'elle, sa main valide attrapa celle de son épouse. Ils restèrent ainsi jusqu'à l'arrivée de Steve. Le soldat frappa quelques coups à la porte de leur chambre et Bucky se leva pour aller récupérer la tenue qu'il avait apportée. Quand il fit volte-face, il découvrit qu'Amélia avait quitté son lit.
- Tu devrais aller discuter avec Steve, le temps que je me change.
- Laisse-moi t'aider.
- Je vais m'en sortir. Assura-t-elle. Vas-y, je te rejoins.
Non sans hésitation, il hocha lentement la tête et obtempéra, non sans avoir déposé un baiser sur le front de sa femme. Il trouva Steve assis dans le couloir. Avec un soupir, Bucky s'installa aux côtés de son ami.
- Comment elle va ? S'enquit Steve.
- C'est la deuxième fois, Steve. Elle ne va pas bien.
- Si vous avez besoin de temps, on peut s'occuper de Lia.
- Non. Refusa-t-il en secouant la tête. Je la connais, elle voudra garder Lia le plus près possible.
- Je suis désolé pour vous.
Steve posa la main sur l'épaule de Bucky mais avant que ce dernier ne puisse lui répondre, la porte de la chambre s'ouvrit, lentement Amélia sortit de la pièce, portant un legging de yoga, un débardeur au-dessus duquel elle avait enfilé un gilet. Ses yeux étaient encore rouges et bouffis d'avoir pleuré, son teint était pâle et ses traits tirés, elle semblait épuisée. Elle avait regroupé ses cheveux en une petite queue de cheval dont quelques mèches s'étaient déjà échappées. Les deux hommes se relevèrent d'un mouvement simultané. La jeune femme combla la distance qui les séparait et immédiatement Steve l'étreignit brièvement.
- Si vous avez besoin de quoi que ce soit. Proposa-t-il.
- Merci, Steve.
Le trajet jusque chez eux se fit dans le silence, la main valide de Bucky était posée sur la jambe de sa femme. Ils restèrent un long moment dans la voiture lorsqu'il eut éteint le moteur.
- Ça va aller. Assura Amélia.
Amélia arborait une expression relativement neutre. Si elle s'était effondrée à l'hôpital, elle semblait maintenant beaucoup plus forte, plus solide.
- Personne ne te demande d'être aussi forte.
- Je ne suis pas forte. Murmura-t-elle. Tout ce dont j'ai envie c'est de rentrer chez nous et de rester dans notre lit pendant des jours.
- Personne ne te le reprocherait.
- Moi si. Parce qu'on a une magnifique fille qui ne mérite pas que je la délaisse. Alors on va rentrer chez nous et on va reprendre le cours de nos vies, comme si rien ne s'était passé.
Ne me haïssez pas, vous savez que tout arrive pour une raison.
Et il y aura une explication à tout ça, je vous l'assure.
Elle arrivera tard... très tard mais elle arrivera.
