Un jour, je posterais en temps et un heure. Un jour !


brigitte26 : on aura un bébé dans la continuité de l'histoire, c'est promis, mais ce ne sera peut-être pas celui de James et Lily ! Ou peut-être que si ? Mystère ;)

Kelewan : Les choses devraient bientôt s'accélérer !


Chapitre 31 : L'anomalie


-Remy ? Lily et Prongs ont quelque chose à nous dire.

-Lily et Prongs ?

-Oui, les seuls, les uniques. Tu pourrais venir ?

Remus lâcha des yeux les livres qu'il rangeait dans la bibliothèque, et regarda le jeune homme au travers du miroir.

-Là, maintenant ?

-Si possible. Mais s'il y a encore trop de clients, ce n'est pas très grave, on commencera un film en t'attendant.

-Non, non, c'est bon. Les derniers vont régler dans peu de temps. Je vous rejoins dans quelques minutes.

-Je t'aime.

Le lycanthrope sourit, appuyant sa langue contre l'intérieur de sa joue, et hocha la tête.

-Je t'aime aussi.

Il commença à s'éloigner, et tourna légèrement la tête pour le regarder.

-Sentimental.

-Je ne suis pas sentimental !

La voix de Sirius l'accompagna jusqu'à l'entrée.


Dès qu'il entra, Sirius vint se blottir contre lui et, l'espace d'un instant, Remus effleura l'idée inquiétante qu'il se soit senti obligé de mentir sur la venue de leurs amis pour lui faire quitter le travail plus tôt.

-Amour ? Tout va bien ? Demanda-t-il, alors que la tête brune était restée enfouie dans son torse.

-Oui. J'avais envie de profiter un peu avant que James et Lily n'arrivent.

Fausse alerte.

-Et depuis cette nuit ?

-Merci.

Remus souffla un petit rire, attendri par les joues rouges – fait rare et donc notable – de son compagnon.

-Allez, on rentre. Tu es habillé un peu trop légèrement pour la température.

-Nous sommes en septembre, râla l'animagus en se laissant emporter vers la porte d'entrée.

Le châtain leva les yeux au ciel. Sirius ressemblait parfois à un enfant.

-C'est justement pour ça. En parlant de septembre, tu as reçu une lettre d'Harry toi aussi ?

-Qui me disait que Neville Londubat n'était pas un garçon complètement net ? Oui.

-Ah ? Non, personnellement, il m'a dit que les créatures étaient en roue libre et que le garçon Londubat était un peu perturbé à cause d'elles.

-C'est drôle, personnellement, il nous a reproché notre éducation, sous prétexte que, je cite, ouvrez les guillemets, « si on avait fait correctement notre travail, il serait actuellement chez des Gryffondor sans cervelle et n'aurait aucun problème à parler aux autres élèves de sa maison », fermez les guillemets.

James souriait, rassurant immédiatement le couple. Remus ouvrit la porte pour laisser ses trois amis rentrer, et ils s'installèrent machinalement dans le salon, James en tailleurs dans son fauteuil habituel, Lily sur un coussin à ses pieds, la tête appuyée au croisement de ses jambes, Sirius en face d'elle sur un pouf bas, et Remus en travers d'un sofa.

-Vous pensez que tout va bien pour lui, chez les Serpentards ? Demanda Remus, soucieux.

-Sincèrement ? Il s'est déjà fait les contacts nécessaires. Tout ira bien pour lui, répondit Sirius. Mais je suppose que nous ne sommes pas là pour parler d'Harry ?

-En effet.

James, qui avait plongé les mains dans les mèches rousses de son épouse, lui tapota légèrement la tête, la ramenant à la discussion.

-Lil's...

-Oui, oui. Alors, nous voulions vous parler, parce que...

Elle s'interrompit, et, sans raison particulière, les quatre éclatèrent de rire.

-Merlin, on dirait que tu ne parles pas à des gens que tu connais depuis vingt ans et que tu as tous vus nus dans des positions parfois douteuses, ricana Sirius, alors que son compagnon lui frappait l'arrière du crâne, tout aussi hilare.

-Pardon, je ne sais pas ce qui m'a pris, répliqua-t-elle en essuyant ses yeux. Donc, je disais...

Elle attendit quelques secondes que chacun ai repris son calme, et lâcha la bombe.

-Je suis enceinte.

Il y eut un silence, durant lequel elle put presque voir les rouages du cerveau des deux hommes tourner à plein régime. Sirius fut malheureusement le premier à parler.

-Mais qui va être le parrain ? On est tous les deux réservés !

La rousse bloqua une seconde avant de repartir dans un éclat de rire, accompagnée de James, tandis qu'en face d'eux, Sirius et Remus prenaient vraiment en compte ce fait-là.

-C'est la seule chose qui vous préoccupe ?

-Non ! Enfin... il y a autre chose ? Demanda le brun, alors que le lycanthrope examinait la question.

-Non, je ne crois pas...

-En fait, c'est surtout qu'on ne compte pas le garder, expliqua James, voyant que la jeune femme ne voyait pas comment amener le sujet.

Remus fronça les sourcils, et mit une seconde à comprendre.

-Oh, tu comptes avorter ?

-Oui.

-D'accord. Et vous avez besoin de quelque chose ? Les interrogea Sirius.

Le couple les fixa un instant, avant de pousser un soupir de concert.

Ils ne savaient même pas à quoi ils s'attendaient. Peut-être à de la déception, du dégoût, de la colère... après tout, eux n'avaient pas la possibilité d'avoir un enfant biologique.

Ils en oubliaient parfois que, par-dessus tout cela, Sirius et Remus étaient leurs amis, leurs meilleurs amis.

Mais également les personnes les plus exceptionnelles que cette terre ai porté – très objectivement, bien évidemment – et que leur capacité de jugement se rapprochait de moins cent-cinquante.

-A quelle réaction est-ce que vous vous attendiez exactement, pour être aussi tendus ? Demanda justement le lycanthrope.

Ses yeux de miel les fixaient avec attention, comme à chaque fois qu'ils lui cachaient quelque chose, et James détourna machinalement le regard sous celui, scrutateur, de son ami de toujours.

Merlin savait combien de secrets honteux il lui avait extirpé avec ce regard-là !

-On avait peur que vous... enfin vous savez... vous ne pouvez pas avoir d'enfant biologique.

-Si ce n'est que ça ! J'ai toujours voulu adopter de toute façon, je ne sais pas si je serais capable de supporter un gamin de quelques mois ! S'exclama Sirius, l'air si horrifié qu'il semblait déjà imaginer la scène.

-Tu n'as rien dit lorsque tu gardais Harry, s'étonna Lily, ce à quoi Remus répondit par un rire.

-Il est gaga de cet enfant, c'est une autre histoire !

-Au lieu d'être gaga, raconte-nous cette histoire sur Neville Londubat. Nous n'avons toujours pas eu le dernier mot, les interrompit James, qu'un éclair de génie avait dû frapper à l'instant.


-Tu discutais avec Neville Londubat, à l'infirmerie.

Harry leva les yeux et un sourcil, tandis que Draco, le nez toujours dans son livre, ne prit même pas la peine de le regarder. Le brun patienta quelques secondes avant de répondre.

-Oui. Un problème avec ça ?

-Aucun. Mis à part que c'est un Gryffondor, et pas n'importe quel Gryffondor.

-Ce qui est supposé dire ?

-Tu sais très bien ce que je veux dire.

Le blond écarta enfin son livre et verrouilla ses yeux gris dans les siens. Harry nota vaguement à quel point ils étaient froids et durs aujourd'hui.

Au vu de la conversation, les siens ne devaient pas avoir l'air plus avenants.

-C'est ce qui me dérange. J'ai parlé à Neville car nous nous sommes trouvés au même endroit au même moment et que le sujet dont il discutait ne m'était pas inconnu.

-Vos deux familles ont eu des affaires personnelles.

Harry serra momentanément la mâchoire, les yeux acérés. Il détestait qu'on se mêle de ses affaires.

-Ecoute Draco, tu ne vas pas tourner autour du pot jusqu'à l'heure du dîner, n'est-ce pas ? Alors viens-en au fait, au lieu de remettre en question les décisions de ma famille.

Par habitude, tous les Serpentards autour d'eux s'étaient écartés : ils étaient la maison des Grands, et les affaires des Grands ne regardaient pas les autres, quand bien même ils faisaient également partie des familles de sang-pur.

-Je veux savoir si tu comptes fricoter avec les Gryffondors encore longtemps.

La seule trace de la surprise de brun se traduisit par un faible écarquillement de ses paupières, alors que le reste de son visage gardait sa constance bien travaillée.

-Développe. Il y a autre chose.

-Et nous laisser.

-Pardon ?

-Si tu restes avec des Gryffondors, tu finiras par abandonner Serpentard. Nous le savons tous, c'est pour cette raison que nous restons entre nous.

Harry vit l'éclair de doute qui traversa les yeux d'anthracite, et, soudainement, tout fut bien plus clair.

-Serpentard est ma maison au même titre qu'elle est celle de tous ses étudiants. Gryffondor ou pas, je suis ici pour rester.

-Je n'ai jamais dit le contraire.

Sa bouche dupait comme un serpent, contrastant avec ses yeux, incapables de mensonge.

-Alors nous n'avons aucun problème.

-Aucun.


Pansy attrapa Draco juste après qu'il fut sorti de leur salle commune, et l'attira dans la pièce à côté. Il se laissa entrainer, et détourna les yeux lorsqu'elle se planta face à lui, coléreuse.

-Est-ce que je peux savoir ce que c'était que ça ?

-Ça quoi ?

-La scène que tu as faite tout à l'heure.

-Je n'ai pas fait de scène.

-Appelle ça comme il te plait, mais, dans le langage courant, c'est une scène !

Le blond ne répondit pas, et elle soupira longuement. S'adossant au mur, elle regarda ses doigts, grattant du bout des ongles une cicatrice au creux de sa main.

-Ne touche pas à ça, murmura-t-il en lui tapant vaguement le poignet.

Sous-entendu « ou tu vas te faire mal ».

Pansy sourit malgré elle. Elle aurait pu être folle amoureuse de ce garçon. Elle aurait pu...

-Tu as été vraiment idiot.

-Je sais.

-Tu veux que j'essaie de rattraper le coup ?

-Tu ferais ça pour moi ? Demanda-t-il, les yeux brillants d'espoir, et elle rit.

-Objectivement parlant, je ferais à peu près tout et n'importe quoi pour toi.


-Jaloux.

-Définitivement jaloux.

Harry leva les yeux au ciel et jeta un regard sombre aux jumelles, débordantes de confiance en elles.

-A part ça ?

-Hum... insécurité ?

-Peur de l'abandon ?

-A ce niveau-là, c'est une phobie, observa Hestia, et son double ne put qu'acquiescer.

-Vous êtes impossibles.

-En attendant, nos idées ne le sont pas ! Tu connais les enfants des grandes familles, tu en es un et tu as grandi au milieu d'eux. On collectionne les problèmes personnels comme les moldus collectionnent les timbres, fit remarquer Flora.

-Belle image, complimenta le garçon.

-Merci, j'ai été la chercher loin.

-Revenons au centre du sujet : pourquoi parlais-tu à Neville Londubat de Gryffondor-le-Survivant ?

Harry grimaça. Bien évidemment, elles ne savaient pas pour Voldemort, il ne leur avait pas dit.

Même si elles savaient qu'il y avait un problème, car il ne leur avait pas caché.

-C'est en rapport avec le fameux problème des Créatures.

-Encore ? Quand est-ce que ce sera réglé ?

C'était également l'une des raisons pour lesquelles Hestia et Flora étaient ses meilleures amies : elles ne s'offusquaient pas de ne pas tout savoir.

-Sincèrement ? Je n'en sais rien. Normalement, ce sera bientôt fini, mais... j'ai le sentiment qu'on est loin d'en avoir terminé. C'est trop simple.

-Pourquoi ça ne pourrait pas juste être simple ? Soupira Flora.

-Probablement parce que les gens concernés ne sont pas capables de faire dans la simplicité, rétorqua le brun, et elles grimacèrent malgré leur ignorance de l'identité desdites personnes concernées.

Soudain, Hestia écarquilla les yeux, et se tourna vers lui. Harry haussa les sourcils, surpris de son brutal changement de comportement, et, à l'instar de Flora, se pencha vers elle, inquiet.

-Merlin, Harry, dis-moi que ça ne te met pas en danger ?

-Eh bien, pas directement, non... en fait, c'est surtout Neville qui est ciblé. Moi, je ne suis que vaguement concerné, au travers de ma famille.

Elle ne sembla pas complètement apaisée, mais elle hocha la tête.

Elles verraient les dégâts en temps et en heure.


Le professeur Quirrel était un homme étrange, pas à cause de son bégayement, mais à cause de ses yeux.

Harry voyait au travers des yeux des gens. Il voyait leurs émotions, leurs mensonges, leur âme.

Et, au travers des yeux de l'homme, la seule chose qu'il voyait, c'était de l'hésitation et de la terreur.

Il était dans une salle de classe, entouré d'élèves de onze ans.

Comment était-ce possible de ressentir ces émotions en présence de personnes dont le noyau magique n'était même pas complètement mature ?

Le professeur Quirrel cachait quelque chose. Et, là-dessus, Pansy et Harry, qui s'étaient mis côte-à-côte pour le cours, étaient d'accord.

-C'est beaucoup trop étrange. Il est nerveux, mais ce n'est pas nous qui causons ça.

Le garçon acquiesça.

-Mais qui ? Il n'y a personne.

Ils ne parlèrent plus et se contentèrent d'écouter vaguement, fouinant la pièce de fond en comble des yeux, à la recherche de la moindre anomalie.

Elle se présenta sous la forme d'un grimoire à la tranche rouge des plus communes, rangé au milieu d'autres livres dans un étagère légèrement à l'écart.

Dès qu'il la vit, Harry donna un coup de coude à Pansy, qui suivit son regard, et se figea.

-Merde, jura-t-elle, et le brun n'eut même pas l'idée de la reprendre.