Chers lecteurs,
La suite où on en apprend plus sur les intentions de Malefoy.
Merci comme toujours pour vos commentaires qui me font un grand et franc plaisir.
Je ne pense pas pouvoir poster cette semaine bicoze partance pour les vacances de l'Ascension donc soit je file le bébé à Nictocris, soit ça arrive lundi prochain. Vous verrez bien (surprise surprise).
Portez-vous bien, mesurez le taux d'alcoolémie dans le sang de votre crapaud apprivoisé, à bientôt,
Al
« Salut.
- Potter. »
Silence.
« Allez, pousse-toi, laisse-moi entrer. Je vais pas rester sur le pas de la porte comme ça longtemps. J'ai pas voulu passer par la cheminée pour ne pas te faire peur, ne me le fais pas regretter. »
Harry le sentit immédiatement : Drago avait quelque chose à se reprocher pour débarquer aussi tard un dimanche soir. Il avait mauvaise conscience et venait se passer les nerfs chez lui. Harry n'avait pas envie d'entrer dans une confrontation directe alors que ses enfants arrivaient dans peu de temps. Il décida donc d'utiliser sa meilleure technique : le calme.
« Allez… Sois pas couillon. »
Harry s'écarta pour laisser passer Drago. Il referma la porte.
« Mes enfants arrivent dans quinze minutes.
- Ça nous laisse amplement le temps de mettre les choses au clair. »
Harry se rendit en cuisine. Il était en pleine préparation d'une recette de Ron : des enchiladas ananas tropicana. Il découpait des lamelles de poulet en vérifiant régulièrement ses gestes sur la photo animée. Les mains de Ron étaient en gros plan pour montrer comment faire, Harry s'appliquait.
« Tu cuisines ? »
Harry ne répondit rien et reprit son découpage : c'était quand même visible, qu'il cuisinait, non ?
« Tu boudes ?
- J'ai plus l'âge de bouder.
- Enfin ta voix ! Tu n'es pas devenu subitement muet. J'ai cru un instant que tu avais appelé ton serpent en tenant ta baguette n'importe comment… »
Silence. Harry avait reporté son attention sur sa planche à découper. Il sentit Drago dans son dos remplir la bouilloire et la poser sur le gaz : ce damné coquin connaissait tous les emplacements de ses ustensiles de cuisine !
« Allez, Potter, dis-moi ce qui coince… »
Harry continua ce qu'il faisait. Ignorer Drago était une des meilleures stratégies pour le faire réagir et parler et Harry savait ce qu'il faisait. Il savait aussi que Drago ne s'était absolument pas aperçu qu'il était en train de passer un interrogatoire : Drago croyait toujours Harry incapable de subtilité.
Dommage pour lui.
« Harry… »
Ça y était ! Drago craquait.
Harry releva la tête et le fixa droit dans les yeux. Drago fut épinglé, surpris, et ne réussit pas à s'empêcher de râler :
« Bon, tu tires la gueule parce que j'ai demandé Lovegood en mariage, c'est ça ? »
Ah ! Voilà sa culpabilité !
« Tu l'as fait ?
- Oui. Non. Bordel, Harry ! Je suis divorcé depuis moins d'une semaine !
- Tu as demandé Luna en mariage !, s'exclama Harry, effaré.
- Non. Je lui ai écrit pour lui demander si, après une période de deuil marital, je pourrai le faire. Et elle m'a répondu qu'elle devait d'abord terminer son travail sur les pompompidours avant de réfléchir à ma proposition. »
Harry avait des envies de meurtre, et il ne savait vraiment pas pourquoi, parce qu'au fond, il adorait Luna et appréciait Drago. Il reprit son découpage d'escalope de poulet et attaqua hargneusement :
« Pourquoi prendre ton temps ? Je croyais que tu étais pressé de te retrouver la bague au doigt.
- Je n'ai pas envie que ma réputation soit entachée par des histoires d'adultère. Astoria et moi avons toujours fait très attention à nos réputations respectives, je ne souhaite pas qu'on puisse penser que je la trompais alors que nous étions encore mariés, ce qu'un remariage hâtif laisserait supposer.
- Uniquement ta réputation ? Tu crois pas qu'elle est déjà assez sulfureuse ? »
Harry prit ses lamelles de poulet et les déposa dans le bol qui contenait la marinade.
« Potter, je ne sais pas si tu t'en souviens, mais nos enfants iront à Poudlard dans très peu de temps.
- On a encore trois ans.
- Et ça passe super vite, tu le sais. Je n'ai pas envie que Scorpius pâtisse de mes problèmes conjugaux : il aura déjà à subir mon nom.
- Je croyais que grâce à moi, ta bonne foi n'était plus à refaire…
- Mais tu fais exprès de ne comprendre que ce que tu veux ! »
Ils commençaient à avoir une vraie dispute, Harry le sentit. D'habitude, dans leurs chamailleries habituelles, les narines de Drago ne frémissaient pas.
Bien entendu, ce fut le moment que choisit Silencio pour entrer.
« Ah ! L'autre humain est là.
- Ne te réjouis pas trop vite, il va repartir bientôt.
- Potter… On a déjà eu cette conversation sur le fourchelangue.
- Dommage, répondit Silencio en s'approchant du plan de travail. J'aime bien l'autre humain.
- Tu me l'as déjà dit. J'avais compris la première fois.
- Ça sent bon. Le poulet. La poudre qui picote. L'huile.
- Écoute, je ne comprends pas pourquoi tu te mets dans des états pareils pour un truc qui n'a même pas encore lieu.
- Je t'ai mis les foies de poulet de côté, comme tu aimes. Tu veux que j'ajoute du curry ? La poudre qui picote.
- Je n'ai rien demandé à Lovegood, c'est clair ?
- L'humain est bon avec moi. J'aime la poudre qui picote.s
- On va pas se faire la gueule alors que je n'ai rien fait !, s'énerva Drago.
- L'autre humain te parle, reprit Silencio en s'approchant du bol à foies de poulet.
- Je sais.
- Si tu veux qu'on se dispute, pas de problème ! Mais pour une vraie raison ! Pas parce que j'ai eu le malheur de ne pas demander Lovegood en mariage ! »
Harry sortit un nouveau bol et passa à l'étape 5 de la recette. Il avait préparé les galettes la veille et était plutôt fier du résultat : les deux premières avaient été lamentablement ratées (Silencio s'était fait un plaisir de les grignoter) mais il avait ensuite pris le coup de main et avait réussi toutes les autres. Il avait bien noté ses remarques dans la petite fiche d'Hermione et le contentement de Silencio : il avait fait attention à bien écrire en pattes de mouche pour être sûr qu'Hermione et Ron passeraient au moins dix minutes à le déchiffrer (le vengeance est un plat qui se mange froid).
Il commença l'épluchage des carottes et répondit enfin :
« Je ne te comprends pas, c'est tout.
- Parce que maintenant tu cherches à me comprendre ? »
Drago plissa des yeux. Dès qu'Harry lui répondait, il reprenait du poil de la bête.
« Figure-toi que je reçois tous les jours des demandes en mariage et des parfois osées, tout ça parce que je divorce et que j'ai été vu en ta compagnie à Citron-citrouille. Mon fils débarque ce soir et j'ai vraiment envie que l'avalanche de prétendantes et de courriers beaucoup trop crus pour tes chastes oreilles se tarisse.
- Fais comme moi. Envoie-les chier.
- Langage, siffla Drago, excédé. Et non, je ne peux pas faire comme toi. J'ai été éduqué dans un système étriqué, certes, mais avec des valeurs que je respecte. Et contrairement à ce que tu peux penser, les apparences sont importantes. On ne peut pas tous se débrouiller dans la vie en envoyant bouler la terre entière. Certains se doivent d'être diplomates.
- Je pensais que tu avais changé et que tu ne mentais plus.
- Je ne te mens pas à toi, ça devrait te suffire. »
En entendant ça, Harry se sentit mitigé : certes, il était rassuré de savoir que Drago ne lui mentait pas. Et pourtant, même s'il savait qu'il était honnête avec lui, ça lui déplaisait fortement de savoir que Drago allait faire sa cour à Luna. S'il ne mentait pas, comme il disait, alors il n'avait pas menti pour cette histoire de fidélité dans le couple. Harry n'y comprenait plus rien, et il n'aimait pas n'y rien comprendre, surtout quand Drago était impliqué.
La sonnerie de la porte retentit fortement. Drago se leva :
« Laisse, j'y vais. »
Harry soupçonnait Ginny et les enfants d'être arrivés. En effet, moins d'une minute plus tard, trois enfants surexcités (pour changer) arrivèrent dans la cuisine.
« Oh papa ! Comment ça sent trop bon !
- Papa ! Papa ! James il a encore piqué la baguette de maman !
- Al ! Tu fais chier !
- Langage, James. Bonsoir ma puce !
- Papa ! Aujourd'hui j'ai vu un ver de terre mort !
- Pardon d'accord, mais en même temps, c'est vrai quoi à la fin ! Pourquoi il te dit ça ? C'est qu'un sale fayot ! Une balance !
- Chuis pas une balance !, hurla Albus.
- On poucave pas chez les Aurors !, s'égosilla James.
- Et même que du coup je l'ai donné à manger à Donald et qu'il a adoré ! Tu savais que les boursouflets aimaient les vers de terre ? Je vais faire un élevage de vers.
- Harry ! Tu peux me dire ce que fait Drago chez toi un dimanche soir ? »
Harry releva la tête vers Ginny qui était entrée à la suite de ses enfants dans la cuisine. Elle avait un chignon qui perdait des mèches sur le crâne et l'air fatigué, comme toujours un dimanche soir sur deux. Ça faisait longtemps qu'il ne l'avait pas observée, et il se sentit bête, tout à coup, à la dévisager dans la cuisine du square. Il avait perdu l'habitude de la voir régulièrement et là, ce soir là, ça lui manquait. Ginny lui manquait.
Il fallait se débarrasser des enfants pour pouvoir mener une conversation un brin civilisée.
« Les mômes ! Vos photos du Club des Pulls sont arrivées ! Chacun son paquet dans sa chambre ! »
Les enfants quittèrent la pièce dans une telle agitation qu'ils faillirent renverser Drago qui entrait dans la cuisine. En un clignement de paupières, la pièce avait retrouvé son calme.
« Drago est là pour mes enchiladas, répondit Harry.
- Correctif, corrigea Drago. J'étais venu discuter.
- Tu restes dîner ? » demanda Harry à son ex femme.
Ginny pencha la tête sur le côté, comme une chouette qui observe son futur repas.
« J'aurais bien voulu, mais j'avais prévu de retrouver Lee…
- Lee est le bienvenu ! Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu. »
Ginny sourit.
« Dans ce cas, faisons comme ça. Offre-moi donc un apéro et prête-moi un hibou pour que j'envoie un mot à Lee.
- Demande à Malefoy. Il sait où sont rangées les bonnes bouteilles. Là, j'ai les mains dans la marinade.
- Et pour le hibou ?
- Même réponse. »
Si Ginny fut étonnée, elle ne dit rien. Drago non plus. Harry l'entendit aller dans le salon : la dernière fois, ils avaient fini la nuit au whisky Pur feu. Si Drago n'avait pas été trop ivre cette nuit là, il se rappellerait où Harry rangeait ses digestifs et autres spiritueux (placard fermé par double sort, James et Albus commençaient à être un peu trop curieux). Il continua son épluchage/découpage méticuleusement et fut étonné, une fois arrivé au bout de ses carottes, que Ginny et Drago ne soient toujours pas revenus du salon. Il posa son couteau, caressa distraitement Silencio qui savourait ses foies de volaille et se dirigea vers le salon.
Il s'arrêta devant la porte entrouverte quand il entendit Ginny rire :
« Non ? Tu comptes demander Luna en mariage ?
- Bien sûr que oui ! Pour montrer que je ne suis plus sur le marché et qu'on arrête de me harceler. Je reçois des propositions insanes, si tu savais…
- Je m'en doute. J'ai encore trois mois de battement et je sais que les demandes en mariage reprendront. Après tout, je suis l'ex femme du Survivant…
- C'est sûr, tu seras encore plus prisée que moi. »
Harry tendit l'oreille : il surprenait bien une conversation qui semblait couler de source entre Ginny et Drago. Il y avait forcément de bonnes infos à en tirer.
« Et Harry est d'accord avec ça ?
- Il croit que je compte épouser Lovegood. Alors que des fiançailles sangs-purs peuvent durer longtemps sans problème et qu'on n'est pas liés par les mêmes obligations. C'est ce que je proposais dans ma lettre à Lovegood : fiançailles longue durée. Si elle est pote avec Potter et avec toi, c'est sûr qu'elle est honnête et qu'elle ne cherchera jamais à attaquer ma fortune. Et puis si elle en a marre des sollicitations des autres, ça lui fera une belle échappatoire. C'est tout bénef pour tout le monde.
- Et puis ça poussera peut-être Neville à se décider pour Luna. Ça fait des années qu'ils se tournent autour sans qu'il ne se soit rien passé, ça commence à durer cette histoire.
- Attends, Londubat et Lovegood ? Mais pourquoi elle a épousé un Mexicain si Londubat lui plaît ?
- Cette histoire mérite un deuxième verre. Tiens, sers-moi cette tequiluna.
- T'es qui, Luna ?
- Tequiluna, là, la bouteille rouge et vert : c'est une production de Luna, directement importée du Mexique. Je crois que c'est la première tequila qu'elle a faite : si mes souvenirs sont bons, elle est chargée. Elle est collector. Ça m'étonne pas qu'Harry en ait encore en stock : il avait acheté plein de bouteilles de sa première cuvée.
- Tu crains pas un désartibulement ?
- Lee me ramènera. »
Harry entendit des bruits de bouteille et de verres. Ainsi, Drago ne cherchait pas à se marier, mais uniquement à être laissé tranquille. Pourquoi le charriait-il ainsi, alors ?
« La vache ! C'est fort !
- T'en as les larmes aux yeux, dis donc.
- Moque-toi. Vas-y, cul sec ! »
Peu après ce fut à Drago de feuler.
« Ah oui, chargée, la tequiluna… Mais pas mauvais.
- Je te l'avais dit ! Tu me ressers ?
- J'en reviens pas que Potter ne voie rien. Toutes les avances qu'on lui fait… Ses lunettes sont inutiles, c'est pas croyable.
- C'est aussi ça qui est charmant avec lui.
- Tu parles…
- Pffff… Tu me diras, j'ai toujours été certaine qu'il n'irait jamais voir ailleurs : il est trop naïf pour se rendre compte que la moitié des femmes mariées d'Angleterre le veut dans son lit. Tu n'imagines même pas ce que j'ai dû mettre en branle pour l'épouser.
- Hein ?
- Je lui ai sauté dessus en salle commune de Gryffondor, devant tout le monde. Vraiment sauté dessus. Je ne lui ai pas laissé le choix.
- C'est presque barbare, comme technique. Ça manque de distinction.
- Au moins, c'est plus efficace que ta manière de faire la cour. »
Était-ce un ton de taquinerie dans la voix de Ginny ? Harry ne savait qu'en penser.
Les bruits de pas dans les escaliers le firent battre en retraite dans la cuisine. S'il y avait Lee ce soir, il valait mieux bien cuisiner, orgueil de mâle. Et puis, écouter sa femme en cachette, ça manquait de classe, surtout qu'elle était capable de le griller sans problème.
Quand Drago prit la poudre d'escampette (ou plutôt de cheminette) dix minutes plus tard, laissant une Ginny particulièrement éméchée et joyeuse sur le carreau, Harry ne put s'empêcher de se dire que Drago cherchait à le rendre jaloux.
Mais si c'était bien ça, la motivation de Drago, alors Harry allait devoir se poser de bonnes questions.
