Note : je suis en pleine hésitation concernant cette fanfiction. Je ne suis pas sûre d'avoir envie de continuer le un chapitre/une heure. Parce que le risque c'est qu'elle fasse ensuite 543 chapitres ce qui, on va pas se leurrer, est un peu abusif haha.
Du coup ce chapitre fait un peu moins de 6000 mots. Je serais vraiment très reconnaissante si ceux qui lisent ce machin (s'il y en a haha) m'indiquent si le changement de format vous convient ou pas. Je me plierai à vos exigences tel un esclave particulièrement obéissant hahahahaha
Merci à ceux qui ont pris la peine de me laisser un commentaire : c'est grâce à vous que je continue à (perde mon temps à) écrire des conneries hahahah!
La boutique était vide lorsqu'Harry y entra, le lendemain. Le porte-manteau nu et la fine couche de poussière qui s'évertuait, chaque nuit, à recouvrir la pièce et que personne n'avait dérangée lui indiqua que son collègue n'était pas encore arrivé. Harry se dit qu'il avait dû être envoyé pour accomplir une mission top-secrète pour laquelle on ne lui faisait pas confiance. Il ne s'en inquiéta donc absolument pas. Il se posta derrière le comptoir et se résolut à attendre que la journée passe. Il était donc dans un état d'esprit des plus tranquille, persuadé que tout était parfaitement habituel -
Jusqu'à ce que Beurk fasse irruption dans le magasin et qu'il lui demande s'il avait vu Riddle.
Voilà qui était inattendu.
Voldemort qui ratait une journée de travail Harry avait toujours imaginé le mage noir comme très à cheval sur les protocoles et le respect des engagements. Mais bon, il fallait bien qu'il voie la vérité en face : il ne connaissait pas Tom Riddle aussi bien qu'il l'avait cru. Il se remémora brièvement les événements de la veille. Son collègue ne lui avait rien dit. Aucune allusion quant à des obligations plus importante que leur gagne-pain respectif. Ils s'étaient contentés d'aller capturer l'épouvantard (pour en faire quoi, excellente question. Peut-être que des sorciers un peu barjos en faisaient la collection.) Cette aventure - qui n'en était réellement pas une - avait été totalement sans intérêt. Il n'avait même pas pu voir la forme que prenait la créature magique face à Riddle. Bien sûr, il se doutait de ce que celle-ci serait : son propre corps, sans vie, brisé pour une quelconque raison.
Ne pas l'avoir vu de ses propres yeux n'était donc pas une grande perte, puisque la forme aurait été sans surprise. Il vit ensuite l'air confiant – quoique fatigué – de Riddle alors qu'ils se souhaitaient mutuellement une bonne soirée. Un souvenir se fraya un chemin dans son esprit : Riddle lui avait clairement dit : "à demain" en le quittant, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Curieux, donc, qu'il ne soit pas là.
Enfin, peut-être avait-il fini par écouter Harry et qu'il s'était rendu à Sainte Mangouste. Ou alors, il avait un petit rendez-vous impromptu avec ses amis sangs-purs. Les deux cas de figure étaient totalement vraisemblables.
Harry avait donc répondu par la négative à Beurk qui s'était contenté de lever les sourcils et de retourner dans l'annexe de sa démarche lente. Harry, du coup, ne savait absolument pas si rater le travail de temps en temps était toléré ou si Riddle allait se faire licencier le lendemain. Ce qui serait une catastrophe parce qu'il était censé travailler encore en tout cas deux ans dans ce foutu magasin.
Mais bon. Après tout, il ne changeait pas le futur. Seule pensée rassurante dans le lot de pensées moins rassurantes qui l'assaillaient.
Harry passa donc la journée devant le comptoir à servir les différents clients qui étaient tous absolument déçus (et d'une manière assez évidente - et du coup, assez insultante -) de ne pas avoir affaire à Riddle. Harry ne pouvait pas les blâmer à cent-pour-cent, il avait du mal à imiter l'air amène et poli et charmant de son collègue.
Encore heureux, pensa-t-il avec vengeance : je ne suis pas un malhonnête, moi.
La journée, aussi désagréable fut-elle, passa assez rapidement. Harry rentra aux chaudron baveur, mangea et alla au lit de bonne heure, se félicitant de s'être épargné la présence de Riddle pendant en tout cas une journée. Après tout, c'était la première fois que ça arrivait depuis des semaines.
Riddle ne se présenta pas non plus le lendemain. Les sourcils de Barjow touchèrent presque la ligne de ses cheveux épars. Harry, lui, se dit que ça commençait à devenir curieux. Surtout que ni lui ni son patron n'avaient reçu la moindre justification (bon Harry ne s'attendait pas spécialement à recevoir un petit mot de Riddle lui expliquant la raison pour laquelle il n'était pas là, il ne fallait pas exagérer non plus.)
Il passa une nouvelle fois une journée horrible. Et pour cause, les clients qui avaient trouvé un prétexte pour ne pas être servi par lui la veille (et qui misaient manifestement sur une chance plus prospère le lendemain) revinrent et furent une nouvelle fois déçus de voir que c'était encore Harry derrière le comptoir. Certains ne le saluèrent même pas – l'exemple le plus frappant : un homme était entré, avait vu Harry et, sans même le saluer, s'était retourné et avait claqué la porte.
Ce qui était presque insultant. D'accord il était loin d'être un lécheur de bottes professionnel mais il n'était pas non plus…désagréable ou horripilant à ce point. Enfin, il en avait l'impression, en tout cas. Savoir que Tom Riddle lui était supérieur dans un domaine (même si c'était en l'occurrence le domaine de l'entourloupe) avait le don de l'agacer prodigieusement.
L'après-midi arriva très lentement. Et il n'amena pas son lot de client habituel. Comme s'ils s'étaient tous passés le mot : "Tom Riddle ne travaille pas non plus aujourd'hui" et qu'ils avaient décidé de reporter leurs emplètes au lendemain. Et, en fait, on ne pouvait même pas parler d'emplètes : la plupart du temps, les visiteurs du magasin ne venaient que pour regarder des objets - pas pour les acheter.
Harry repensa aux révélations que lui avaient faites Voldemort. L'empressement avec lequel ces gens se précipitaient vers Riddle avait pris un côté assez lugubre, en fait. Harry n'arrivait plus à voir les clients avec un air compatissant - celui justifié par le côté aimable de Tom Riddle. Ce n'étaient plus de pauvres sorciers et sorcières qui se laissaient aveugler par l'air charmant de son ennemi. Non, c'étaient des gens qui espéraient désespérément pouvoir se l'acheter.
Ouais. Finalement, Harry était plutôt content qu'ils ne fassent pas attention à lui. Il n'avait pas spécialement envie de passer pour un courtisan. Mot plus élégant pour dire prostitué.
Son patron apparut dans la boutique. L'absence de clients ne lui avait pas échappée :
-Je suppose que Riddle ne vous a rien dit ? demanda-t-il sèchement.
-Non, répondit Harry avec impertinence (du moins c'est le ton qu'il voulait transmettre).
Beurk soupira en secouant de la tête :
-Il a sûrement un imprévu ou alors il doit être sur un coup intéressant.
-C'est probablement ça, répondit Harry.
Il espérait que son ton sarcastique n'était pas passé inaperçu.
Voldemort était probablement en train d'assassiner quelqu'un dans une ruelle ou, alors, il était en train de faire un nouvel horcruxe ou pire - peut-être qu'il était allé chez Hepzibah et qu'il avait pris la fuite avec ses bijoux de famille (littéralement pas figurativement).
Harry pinça des lèvres, il n'avait même pas entrevu cette possibilité. Peut-être que Voldemort avait mis en marche la phase numéro deux de son plan et qu'il s'était cassé on ne savait où pour aller faire dieu savait quoi à l'étranger.
Harry essaya de se remémorer les souvenirs que lui avait montré Dumbledore dans la pensine. Voldemort lui avait semblé un tout petit peu plus âgé - mais c'était surtout parce que lui avait, à l'époque, seize ans.
Mais il avait les cheveux un peu plus long - rien de dramatique, évidemment - on parlait toujours de Voldemort qui était perpétuellement tiré à quatre épingles mais Harry était sûr qu'ils étaient plus longs -
Peut-être que son arrivée dans cet univers avait lancé une suite d'évènements qui avaient culminé par une visite chez le coiffeur de la part de Voldemort ? C'était très peu probable : il avait cette même coupe de cheveux lorsqu'Harry l'avait vu pour la première fois au chaudron baveur. C'était donc celle qui lui plaisait actuellement. Et d'ailleurs en quoi et surtout comment Harry pourrait avoir une influence sur le style capillaire de Voldemort ? ça n'avait strictement aucun sens. Pas plus que de passer autant de secondes à tergiverses sur les cheveux de –
Harry soupira. Il s'engagea sur un autre chemin de pensée.
Ce qui était possible, en revanche, c'était que les mensonges qu'il avait dit à Riddle – le fait qu'il ait connu une autre version de lui - avaient réveillé un instinct de compétition maladif et que son très cher et estimé collègue ait décidé de précipiter les choses pour devenir Voldemort avant son prétendu double.
C'était complètement absurde mais étant donné que Riddle était une personne résolument absurde, il ne pouvait pas écarter définitivement cette hypothèse.
Il était sur le point d'aller trouver lui-même Hepzibah - pour en avoir le cœur net et potentiellement lui faire office de garde du corps officieux - lorsqu'elle passa devant la devanture. Quel hasard miraculeux, pensa-t-il vaguement en la suivant des yeux.
Bon. Au moins, cela lui évitait de devoir se déplacer pour importuner une sombre inconnue qui serait très surprise de le voir débarquer, paniqué, chez elle. En revanche, cela n'expliquait pas ce que faisait Voldemort.
Qui ne se présenta pas non plus le lendemain.
Beurk secoua de la tête. Il ouvrit le calpin qu'il gardait toujours dans la poche de sa redingote, recopia quelque chose et tendit le bout de papier à Harry :
-C'est son adresse. Allez voir s'il est chez lui, je vous prie.
Harry saisit le morceau de papier à contre cœur. La perspective ne l'enchantait pas mais – mais… en même temps, il ressentait une certaine pointe de curiosité.
Où et comment vivait Tom Riddle ?
Il saisit donc le morceau de papier, regarda l'adresse (constata avec surprise que le logis de Riddle se trouvait dans le Londres moldu) et plaça ensuite les informations dans sa poche.
-Vous voulez que j'y aille tout de suite ? demanda-t-il en priant pour que son patron lui réponde par l'affirmative. Beurk leva les yeux au ciel et désigna la boutique d'un geste de la main :
-Vous avez des choses plus importantes à faire ?
Harry répondit par un « ok » sarcastique et saisit sa veste. Il n'avait pas vraiment pris le temps, depuis qu'il était arrivé dans cette époque, d'aller faire un tour dans les quartiers moldus de Londres. Il s'était contenté d'errer sur le chemin de Traverse.
Exception faite, bien sûr, des moments où il accompagnait Voldemort pour aller chercher les objets maudits.
Ce n'était pas tant qu'il n'appréciait pas les quartiers moldus, au contraire, mais ça ne lui avait tout simplement pas traversé l'esprit.
En fait, il se réjouissait presque de faire cette petite excursion.
Il fut donc assez surpris, une fois dans les rues moldues, de constater que - que ça lui avait bel et bien manqué. C'était amusant de voir tous ces gens habillés d'une façon totalement obsolète. C'était amusant de voir que certains pubs existaient déjà - et n'avaient que peu changé.
Croiser toute cette foule affairée, composée d'hommes et de femmes appartenant à un monde dont il ne faisait plus partie - lui fit étonnamment du bien. C'était facile de rester dans le petit quartier sorcier et de s'y consacrer, se dit-il. Mais c'était dommage de ne pas profiter de ce que le monde moldu avait à offrir.
Il faisait étonnamment beau. Le soleil éclairait les façades des bâtiments, les façades qui passaient pour ternes les jours de pluie révélaient des couleurs éclatantes. Les gens, souriants, profitaient de la clémence matinale extraordinaire. Il ne pouvait que les comprendre : Harry aussi aurait aimé flâner le long des rues.
Mais non, il était condamné à aller chez Tom Riddle voir ce qu'il pouvait bien être en train de faire. Peut-être avait-il essayé un sort de magie noir qui avait mal tourné ? Peut-être ne trouverait-il qu'une forme informe et spongieuse qui serait les restes de son ancien ennemi devenu collègue ?
Ou alors, moins dramatiquement, peut-être que l'appartement serait complètement vide ce qui prouverait définitivement que Voldemort avait décidé de quitter le pays. Ce n'était évidemment pas impossible. Harry réalisa que ces deux perspectives l'angoissaient plus qu'il ne l'aurait voulu.
Parce que la réalité - comme cela avait déjà été le cas avant qu'il ne traverse l'arche - il ne savait pas du tout ce qu'il ferait de lui-même si Riddle était mort ou s'il avait disparu. Que fait Harry Potter sans Lord Voldemort ? Considéra-t-il avec amertume.
Rien, apparemment.
Il ne lui resterait qu'à trouver un moyen pour changer encore une fois d'Univers. Tant qu'il ne tombait pas sur une autre itération de Voldemort en mage noir, Harry supposait qu'il arriverait à s'accommoder de la présence de l'autre homme. Il y était plutôt bien parvenu jusqu'à présent.
Et voilà une autre pensée traumatisante.
Il sortit le bout de papier de sa poche. Il était dans la bonne rue. Une rue moldue tout ce qu'il y avait de plus banale - peut-être un peu plus pauvre que la moyenne. Mais ce n'était pas un lieu empreint de misère comme il savait qu'on pouvait en trouver dans d'autres quartiers.
Il ferma les yeux un instant la chaleur du soleil lui caressa agréablement le visage. Il avait la très nette impression que Riddle ne serait pas ravi de le voir débarquer chez lui. S'il était toujours là. Ou en vie, bien sûr. Toutes les options étaient envisageables.
Résigné - prendre le soleil telle une plante particulièrement maussade ne lui amènerait rien de concret - il se retourna pour faire face à la porte. Se trouvant ridicule d'hésiter il l'ouvrit et pénétra dans le bâtiment. Il n'y avait pas de sonnette comme à son époque. Pas de moyen de découvrir dans quel appartement il habitait. Il serait obligé de regarder toutes les portes. Super.
Il commença à monter l'escalier. En bois, il grinçait à chacun de ses pas. L'odeur dans le bâtiment était assez désagréable. Transpiration et ordures. Il en fit abstraction et s'arrêta sur le premier palier. Des petites plaquettes indiquaient l'identité des résidents. Aucun d'entre elles ne portaient le nom de Voldemort.
Harry espérait juste que Voldemort n'ait pas choisi d'inscrire un alias. S'il devait toquer chez tous les habitants…Il risquait de se faire chasser de l'immeuble à coup de fourche. Ou plutôt à coup de rouleau à pâtisserie vu que l'immeuble se trouvait en pleine ville.
Heureusement, il finit par lire "Tom Riddle" au quatrième étage. En fait, en lisant la petite étiquette, Harry réalisa qu'il aurait reconnu les lettres élégantes de Voldemort n'importe où, même s'il avait choisi de vivre sous un autre nom. Il soupira et toqua fermement contre la porte.
Autour de lui, semblant provenir des étages inférieurs et supérieurs, divers bruits de voix et les pleurs d'un enfant. Les murs n'étaient pas bien isolés du tout - pas très surprenant.
Aucune réponse de l'appartement. Il toqua à nouveau, plus fort que la première fois.
Toujours aucune réponse. Harry sortit sa baguette. Peut-être qu'il était juste sorti faire des courses ou retrouver un "ami" (pas sûr que Voldemort en aie, mais bon). Il serait horrifié de voir qu'Harry s'était pointé chez lui.
Mais il n'avait pas donné de nouvelles depuis deux jours. Agacé, Harry lança un Alohomora contre la porte qui ne réagit évidemment pas. Voldemort devait l'avoir protégée contre les visiteurs indésirables.
Ce n'était pas très grave, Harry avait des ressources. Sa formation d'auror lui avait permis d'acquérir à peu près tous les sorts permettant de s'introduire chez quelqu'un. Il en essaya quelques un, constata que Riddle n 'avait vraiment pas pris de risque et - finalement - réussit à ouvrir la porte.
Même Voldemort ne pensait pas à tout.
Ou alors il n'avait aucune idée qu'un auror risquait de se ramener chez lui. C'était sûr que Riddle n'avait aucune raison de penser que quelqu'un avait percé à jour ses plans machiavéliques. Harry ouvrit la porte. Il faisait très chaud dans l'appartement - trop pour que ça soit naturel.
En plus d'une chaleur surprenante, il y faisait sombre. Il fit un pas dans la pièce. C'était un studio. Les fenêtres étaient obstruées par des lourds rideaux qui bloquaient la lumière du jour. Il y avait ce qui semblait être une cuisine (avec des appareils dignes des années 30), une table avec une chaise, une énorme bibliothèque chancelante et un lit.
Et une forme dans le lit. Voldemort était couché.
Son premier instinct fut de se casser immédiatement. Aucune chance pour que l'autre homme ait envie de se faire réveiller par son collègue.
Mais il était dix heures. Une heure à laquelle Tom Riddle était (en tout cas selon ses propres vantardises) déjà debout. Et Harry fut soudainement saisit par un mauvais pressentiment, en regardant la forme allongée.
Il soupira et s'avança :
-Tom ? demanda-t-il sans assurance : Riddle ? essaya-t-il de nouveau.
Ce serait tout à fait sa chance de réussir à tuer indirectement Voldemort (ok la morsure d'inferis n'était clairement pas de sa faute – même si ça n'était probablement pas arrivé dans son univers d'origine) sans aucune difficulté alors qu'il avait énormément galéré pour le tuer dans sa … réalité ? son univers ?
Peu importait.
Il s'approcha encore plus. Et effectivement, il pouvait désormais distinguer une masse noire dans le lit : les cheveux de Voldemort.
Oh bon sang, pensa-t-il en se penchant au-dessus de lui. Le visage de son ennemi slash collègue était tourné contre le mur. Mais penché sur lui, Harry constata deux choses : Numéro un, il était extrêmement pale. Numéro deux, il était en vie.
Il constata ensuite une troisième chose : des gouttes de sueurs coulaient le long de ses tempes. Ses cheveux étaient visiblement humides.
Harry n'avait jamais vu Voldemort avec les cheveux un tant soit peu mouillés. C'était une vision très étrange.
Il se sermonna d'avoir des pensées aussi ridicules alors qu'il était de toute évidence en situation de crise. Lentement, très peu sûr de son geste, il tendit la main en direction de la forme allongée.
-Riddle ? essaya-t-il une nouvelle fois, priant pour qu'un miracle ait lieu et que l'autre homme se réveille…avant qu'il ne doive le toucher.
Sa main entra en collision avec son épaule. Il était en pyjama (évidemment que Tom Riddle dormait dans un pyjama - c'était une vision tellement ridicule : le pyjama était bleu avec des rayures d'un bleu légèrement plus foncé). Harry retira immédiatement sa main. Elle était humide - Voldemort était réellement en sueur.
-Merde, déclara-t-il.
Il y avait deux conclusions possibles : soit Voldemort était malade, soit…
Horrifié de ce qu'il était en train de faire, Harry souleva légèrement la couverture. Une odeur franchement désagréable lui fouetta le nez. Une odeur de sang et de -
La jambe de Riddle Harry eut un mouvement de recul involontaire : le tissu de son pyjama était tâché de sang. Une énorme traînée rougeâtre (et pestilentielle) lui recouvrait le tibia et le mollet.
Harry soupira et se fit la réflexion qu'au moins, au moins, il pourrait lui dire "je te l'avais bien dit !" quand Voldemort serait à nouveau sur pied. C'était un miracle qu'Harry soit arrivé à temps. La blessure était forcément infectée et Riddle avait – comme Harry l'avait prédit – une septicémie.
Il fallait qu'il l'emmène immédiatement à Sainte Mangouste –
Les arguments de Riddle contre cette idée lui revinrent en tête. D'accord. Peut-être pas Sainte-Mangouste. Il y avait des livres autour du lit. Harry en ramassa un, par curiosité. (Et accessoirement par ce que sa panique l'intimait à trouver une solution aussi vite que possible). C'était un livre de soins magiques. C'était triste, dans un sens. Riddle avait essayé de se débrouiller tout seul, tout ça pour –
Être sur le point de clamser dans son lit.
Bon, réalisa Harry : il allait devoir s'en charger. Il n'était pas trop mauvais en matière de soins, une septicémie - ce n'était pas si compliqué à soigner quand on savait comment s'y prendre et il avait des livres à portée de main pour le guider.
C'est tellement absurde geignit-il mentalement en s'asseyant sur le bord du lit.
Il devrait le laisser mourir. Honnêtement, à cet âge-là, pas sûr qu'il ait déjà des fidèles suffisamment endoctrinés pour être prêts à se couper un bras pour lui rendre un corps tangible. S'il quittait cet appartement sans rien dire, il libérerait le monde sorcier du plus grand mage noir-
La forme sur le lit frissonna. C'était tellement pathétique et pitoyable – Harry sut instinctivement qu'il ne serait pas capable de partir. Résigné, il sortit sa baguette et d'un mouvement sec, déchira le tissu qui recouvrait la jambe.
Du bout des doigts, grimaçant, il essaya de soulever le pyjama. Bien sûr, le tissu était collé à la plaie.
-Désolé, maugréa-t-il (sachant pertinemment que Riddle ne pourrait pas s'en rendre compte) et il tira d'un coup sec.
La jambe tressaillit et Riddle inspira brutalement. Harry serra des dents, priant pour qu'il ne se réveille pas précisément alors qu'Harry venait de lui déchirer son froc. La plaie se mit à suinter. Un liquide jaunâtre épais et malodorant. Un haut le cœur saisit évidemment Harry qui ne trouva pas l'énergie de plaindre son pire ennemi qui- malgré son état d'inconscience- était quand même capable de ressentir la douleur.
Bon, la plaie n'était pas si large. Par contre, de longs traits rouges remontaient le long de la jambe, des cicatrices écarlates marbrant la blancheur de la peau. C'était très très très mauvais.
Il n'aurait pas beaucoup de temps – bon sang, heureusement que Beurk l'avait envoyé précisément à ce moment-là. L'infection était en train de remonter le long des artères et se propageait dans le corps. S'ils avaient été moldus – vu l'état de la blessure et du reste de son corps…
Il y serait sûrement passé. Ou aurait au minimum dû se faire amputer.
Harry soupira et retroussa une deuxième fois sa manche. Il ouvrit ensuite le livre (essaya de ne pas s'apitoyer sur Riddle en l'imaginant essayer de se soigner tout seul, alors qu'il devait probablement souffrir le martyr) et pointa sa baguette le long de la plaie.
Heureusement, le livre était plutôt de bonne qualité. Suffisamment pour qu'il comprenne parfaitement et les mouvements et l'incantation. Il se râcla la gorge et, concentré, fit un geste sec en direction de la blessure. Un long filet argenté – lui rappelant un patronus – sortit de la baguette en se tortillant. Il s'introduisit dans la plaie.
Harry décida de partir du principe que c'était normal.
Il se pencha à nouveau sur le livre, espérant qu'il n'aggraverait pas la situation en tentant un truc aussi complexe – lui qui n'avait strictement aucune expérience. Les lèvres pincées, il remarqua qu'il fallait ensuite faire de légers ronds dans le sens anti-horaire. Les dessins étaient assez explicites : c'était pour retirer l'infection –
Harry n'avait aucune idée de comment c'était supposé fonctionner. Mais le sort était dans Riddle (les veines sous sa peau brillaient d'une manière assez peu naturelle), impossible de renoncer – il devait aller jusqu'au bout. Il soupira et essaya de reproduire les mouvements.
Hermione lui aurait été extrêmement utile, elle était très douée pour reproduire à la perfection les schémas imparfaits des manuels. Hermione. Ça faisait très longtemps qu'il n'avait pas pensé à elle. Curieux. Curieux qu'il se soit débarrassé de son ancienne vie comme on se débarrasse d'un manteau trempé.
Ce n'était pas le moment de penser à ça, pas quand Riddle était potentiellement sur son lit de mort. (Harry n'avait pas à croire non plus qu'il était en train de le sauver pour la deuxième fois). Parce qu'apparemment, c'était bien ce qu'il était en train de faire. En faisant tourner sa baguette, il « rembobinait » son sort. Qui tirait avec lui – hors de la plaie – quelque chose de visqueux et de brun qu'Harry ne voudrait toucher pour rien au monde.
Une goutte de sueur perla sur son front, descendit le long de sa tempe. Le texte indiquait clairement qu'il ne fallait surtout pas s'arrêter pendant l'extraction – mais cela devenait de plus en plus difficile et bon sang qu'était-il en train d'extraire ?
Et qu'était-il censé faire de… ce qui sortait ? Harry espérait sincèrement que ce serait indiqué en tout lettre sur la page suivante parce qu'il s'imaginait assez mal en train de balancer cette horrible substance par la fenêtre.
Les minutes s'écoulèrent avec une lenteur folle. Harry commençait à avoir sincèrement mal au poignet à force de le tourner. Surtout que la résistance devenait de plus en plus accrue. Il espérait que c'était parce qu'il arrivait finalement au bout.
Il fournit un énième effort et, finalement, comme si l'infection possédait une volonté propre qui se résumait à vouloir rester dans le corps de son hôte, l'immonde substance suinta de la plaie dans un bruit de succion ignoble.
-Super, dit Harry à voix haute.
Il y avait une certaine ironie dans cette déclaration : le miasme – qui lévitait au niveau de ses épaules – était indéniablement dehors, le progrès était là. Le problème c'était qu'Harry ne savait strictement pas quoi en faire.
La première chose à faire, il lui semblait, était de constater s'il avait atteint son but. Il jeta un œil à la plaie. Elle était toujours ouverte, toujours indubitablement préoccupante mais…Mais ! Elle avait une couleur rosée. Les muscles sous l'épiderme avaient repris une couleur normale. En sachant qu'ils étaient noirs quelques minutes plus tôt – c'était une amélioration indéniable. Décidemment, Harry pouvait être fier de lui.
Les rainures rouges qui courraient le long de sa peau avaient disparues, elle aussi. Fébrile (si Riddle se réveillait et qu'Harry était assis sur son lit une infection dégueulasse suspendue à l'extrémité de sa baguette, il ne donnait pas cher de sa peau), il tourna la page. Très bien, le livre était on ne peut plus vague.
Il n'y avait qu'une illustration, aucun texte. Une substance noire ressemblant en tout point à celle qui préoccupait Harry, dans un flacon. Super. Il ne lui restait plus qu'à en trouver un.
La petite taille de l'appartement avait l'avantage de lui donner une vue avantageuse. Il y avait un verre dans la cuisine. Pas de trace de flacon. La substance se mit à se tortiller. Harry la contempla avec une horreur grandissante.
Quel pouvait bien être ce foutu bordel, pensa-t-il avec horreur. Est-ce que les inferis transmettaient d'autres maladies, plus grave, aux gens qu'ils mordaient ? Était-ce un maléfice ? Harry était d'un naturel relativement curieux mais il était hors de question qu'il tire ça au clair tout de suite. Il parcourut rapidement la pièce du regard. Pas de fiole, pas de flacon. Juste un verre tout ce qu'il y avait de plus banal.
Il vit un instant l'image d'une araignée coincée entre un morceau de papier, un verre et une surface. L'idée ne lui paraissait pas si mauvaise. Disons plutôt qu'aucune meilleure idée ne vint pénétrer son esprit. Délicatement, terrifié à l'idée de laisser tomber la chose par terre, il se redressa. Il essayait de garder son bras dans la même position, plié dans un angle droit. Il fit un premier pas, un deuxième la chose gesticulait toujours. Il souleva le verre et – priant pour que ses réflexes d'attrapeur n'aient pas tout à fait disparu – posa la chose sur le comptoir et claqua le verre dessus.
Il recula, prêt à lancer n'importe quel sort pour achever l'infection dans le cas où elle parviendrait à se libérer – mais elle était bien prise au piège. Une extrémité tapotait légèrement contre le verre. Un ver noir aveugle particulièrement repoussant.
Harry soupira et se tourna une nouvelle fois vers le blessé. La plaie était toujours béante. D'accord, pensa Harry. Il fallait maintenant qu'il recoude ça. C'était le moins compliqué, on leur apprenait en long et en large, dans la formation d'auror, comment faire fusionner la peau. Facile, essaya-t-il de se persuader.
Il se rassit sur le lit et se pencha en direction de ladite blessure. Malgré lui, son dos se raidit. Il tourna lentement la tête en direction du verre.
La masse informe noir continuait de se tortiller, des appendices tout sauf naturels collés contre le verre. Harry l'avait d'abord comparé à un ver mais elle s'approchait désormais plutôt d'un insecte. Sidéré (et horrifié) Harry sourit à la chose (évidemment un sourire extraordinairement crispé). Le seul point positif de la situation, c'était que ce machin serait désormais la responsabilité de Tom. Et c'était à peu près le seul sorcier sur la planète vis-à-vis duquel Harry n'aurait strictement aucun scrupule à laisser un tel truc. D'ailleurs il n'avait toujours pas la moindre idée de ce que ça pouvait être. Est-ce que c'était lié à l'inferius ? Était-ce une propriété de leur morsure ? Ou était-ce autre chose – un parasite qui se serait installé dans sa bouche ?
Son sourire devint paradoxalement plus large alors que son horreur augmentait. Mieux valait faire totalement abstraction de la chose – se concentrer sur la jambe de Voldemort et se casser de cet appartement le plus rapidement possible.
En espérant qu'elle ne parvienne pas à se libérer. Harry avait un assez mauvais pressentiment quant aux événements qui surviendraient si ce truc arrivait à s'insérer à nouveau dans un corps.
Faire abstraction, Harry, se gronda-t-il : pas y penser obsessivement ! Il lança tout de même un sort pour coller le bord du verre au comptoir. Voilà, il se sentait déjà plus tranquille. Il se pencha une nouvelle fois sur Riddle. C'était quand même ridicule qu'il doive vivre un après-midi pareil entre un monstre littéral et un monstre métaphorique. Comme quoi, sa bonne vieille chance ne l'avait pas encore abandonné. Enfin, c'était l'inverse : comme quoi, sa bonne vieille chance était toujours aux abonnés absents.
Distraitement, ses pensées toutes attirées par le troisième (et définitivement illicite) occupant de la pièce – quoiqu'Harry ferait mieux de ne pas le qualifier d'« occupant » c'était une chose- une bactérie magique – peu importe. Il referma la peau.
Elle était anormalement rouge – comme si Riddle s'était renversé de l'eau trop chaude – mais rien de trop préoccupant. Il soupira, soulagé. Voldemort respirait toujours, il avait retiré l'infection, refermé la plaie – dans quelques jours au maximum il n'y paraîtrait plus. Bon. Que faire maintenant.
Il se retourna pour regarder le visage de Voldemort (à qui il venait de sauver la vie. Bravo Harry). Son expression était clairement tordue par la douleur et il transpirait toujours. Instinctivement il approcha sa main de son front avant de s'arrêter à quelques centimètres. C'était clairement franchir une limite qu'il n'était vraiment pas sûr d'avoir le droit de traverser. Il doutait sincèrement – d'ailleurs il était en fait assez persuadé – que Riddle ne serait pas du tout content de savoir qu'il avait été touché pendant son sommeil.
Mais il était potentiellement encore en danger. Harry soupira et colla le dos de ses doigts contre le front de l'autre homme. Il la retira aussitôt. Pas besoin d'être un médicomage pour savoir que Riddle avait une fièvre carabinée. D'accord. Il y avait des potions pour ça, pas la peine d'en faire un drame. Le problème c'était qu'il n'en avait évidemment pas sur lui – le deuxième problème c'était qu'il n'avait aucune envie de quitter l'appartement alors qu'il y avait une substance non identifiée mais clairement vivante emprisonnée sous un verre.
Il se redressa. D'accord, d'accord, quelle super journée. La chose était maîtrisée, Voldemort allait probablement s'en sortir – mais risquait quand même de clamser – tout était sous contrôle, tout était merveilleux, pas de quoi faire une crise.
Il ramassa le livre – tombé du lit au moment où il s'était relevé pour contenir la chose dans le bocal. Il n'avait pas pris la peine de le ramasser, convaincu qu'il n'en aurait plus besoin. Il l'ouvrit et passa son doigt sur les différents titres des chapitres. Il y en avait pour tous les gouts en matière de désenchantement mais rien pour quelque chose d'aussi banal que de la fièvre. Harry se demanda à nouveau s'il ne ferait pas mieux de quitter l'appartement pour aller acheter une potion. Non, trancha-t-il pour la deuxième fois. Il ne le quitterait que si l'état de Riddle empirait significativement. Tant pis pour les conséquences, il irait chercher de l'aide. Mais ce n'était pas (encore) le cas.
Il ne restait donc que la manière moldue. Il fallait qu'il réhydrate Riddle et qu'il essaye de le faire manger. Reprendre des forces était la seule solution possible. Mais bon, plus facile à dire qu'à faire. Il allait devoir – horreur absolue : réveiller Riddle et le faire boire. Si on lui avait dit qu'il finirait par être l'infirmier personnel de Voldemort –
Ouais. Sa vie était définitivement un bordel absurde.
Mais plutôt que de se lamenter sur l'état de sa vie, Harry décida qu'il ferait mieux de passer à l'action. Il se releva, s'étira légèrement, évita sciemment de regarder le ver dans le verre et contempla la cuisine de Riddle. Bon. Il y avait une bouteille d'eau à moitié vide (à moitié pleine se corrigea-t-il) – ça ferait l'affaire. Pour ce qui était de la nourriture…
Dubitatif, il s'approcha du poêle. Il y avait une armoire à côté – un panneau en bois sombre très usé cachait son contenu. Harry espérait sincèrement que c'était l'équivalent du frigo de Tom – s'il n'avait rien à manger –
Il serait cette fois réellement obligé de sortir.
Il leva le bras et tira sur la poignée il espérait vraiment y trouver de la nourriture, essaya d'en conjurer la présence par des prières aussi vides que vaines. Il l'ouvrit. Sa main lâcha brusquement la poignée. Il fit trois pas en arrière – horrifié, son souffle bloqué dans sa poitrine.
La forme, imprécise, n'était pas terrifiante en tant que telle. Un savant mélange entre un lapin et un ours (ourson, lui fournit agréablement son cerveau). En fait, il y avait même quelque chose de mignon dans cette hésitation entre la proie et son prédateur. Une peluche qui incarnerait les deux envies d'un enfant – un jouet à la fois attendrissant, qu'on devait protéger, et à la fois capable d'assumer le rôle de gardien contre les monstres. Ouais. C'était les yeux, décida Harry. Ils étaient rouge sang une couleur déplacée sur le corps d'un brun délavé de la peluche. Les pupilles, deux minuscules points. L'air halluciné d'une apparition profondément mauvaise.
Et Harry savait que ce jouet, spécifiquement, était maléfique. C'était celui qui avait possédé un gamin et qu'ils étaient allés récupérer subrepticement avant que le Ministère ne puisse s'en charger.
Et Voldemort l'avait volé pour l'entreposer chez lui. Dans le placard de sa cuisine.
-Bordel de merde, déclara platement Harry alors que les yeux brillaient d'un éclat malfaisant.
