Chers lecteurs, bonsoir ! Après vous avoir fait patienter pendant huit chapitres, voici le chapitre tant attendu (enfin je l'espère ahah). J'espère aussi que vous avez aimé le précédent chapitre et l'introduction de ce nouveau personnage qui n'était à l'origine, pas du tout prévu dans la trame. Je vous laisse sur un chapitre qui ressemble à un crossover HP/ Orgueil et Préjugés 😊
« J'ai parlé de toi à Nott, il voudrait te revoir ».
Cette fois-ci, le message de Blaise ne laissait pas de doutes sur les raisons pour lesquelles il voulait me parler. Je transplanai, furieuse, dans l'appartement huppé où se déroulerait la soirée. Apercevant Blaise du regard, je marchai à grand pas jusqu'à lui, remarquant le sourire amusé qui pointait déjà sur ses lèvres. Blaise adorait me faire enrager, et il se débrouillait à merveille. Sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit, je déballai ma diatribe habituelle contre Théodore Nott, que j'avais une fois de plus ressassée avant de rejoindre mon ami. Il était hors de question que je revois Nott, qui n'était qu'un sale Mangemort, qui ne devait son poste au Ministère qu'à son rôle pendant la guerre, alors qu'il avait trahi la cause. Que de toute façon, je n'avais jamais vraiment apprécié Nott mais simplement toléré sa présence, qu'il avait toujours été méprisant avec moi, que j'avais la haine des Sang-Purs, que je ne ferais pas d'exception, que, non, il ne s'était jamais rien passé entre nous et que rien ne se passerait jamais entre nous, par ailleurs. Que son arrogance et sa suffisance me dégoutaient, que sans le connaitre, je détestais déjà son père, que je ne ferai toujours pas d'exception, qu'il était hors de question que je côtoie un ancien Mangemort. J'ajoutai qu'en plus de toutes ces tares, il nous avait lâchement abandonnés en sixième année, et que je lui en voulais pour ça. Pire que cela, je le détestais. Et je répétais que de toute façon le Théodore Nott que j'avais connu était mort. J'ajoutai que j'étais outrée par le fait que Blaise ait renoué avec lui, alors que Nott l'avait doublement trahi : une fois en nous délaissant, l'autre fois en choisissant le camp de Voldemort. Nous ne savions même pas de quel côté il avait combattu le soir du bal ! Alors définitivement, non, je ne rencontrerai pas Théodore Nott. Point à la ligne.
Voilà à peu près le flot de paroles enragées et frénétiques que je déversais devant Blaise. Celui-ci se contenta d'éclater de rire. Je fus prise d'une envie soudaine de lui envoyer mon poing dans la figure mais je me contins. Mon ami était pris d'un fou-rire et je ne comprenais pas ce qui avait pu déclencher cette réaction. Ma diatribe était très sérieuse, elle n'avait rien de drôle. Je laissai mes pensées divaguer en attendant que Blaise retrouve sa respiration. J'imaginai Nott dans son bureau, dans les souterrains du Ministère de la Magie. Il devait sûrement porter un costume trois pièces gris, avec une chemise blanche et utiliser une plume de très haute gamme. Alors soudainement je me rappelai les éternelles conversations que nous avions avec Opale, enfin plutôt ses monologues, autour de Nott quand il portait une chemise blanche. Elle adorait le voir porter ce genre de chemises, et cela nous avait déjà valu une colle par le professeur Rogue. En y réfléchissant mieux, il était vrai que les chemises blanches allaient particulièrement bien à Nott. Finalement, peut-être que le costume trois pièces si convenu et presque artificiel, lui irait bien, à lui. Quand Blaise revint à lui, j'oubliais ces pensées absurdes pour me concentrer sur les paroles de mon ami.
« Qu'est-ce qu'il y a d'aussi drôle mon cher Blaise ? Me ferais-tu l'honneur d'éclairer ma lanterne ? »
« C'est marrant Mary, parce que tu commences par dire que tu ne veux pas faire d'exceptions alors que tout le monde sait que tu couches régulièrement avec Malefoy depuis environ deux ans. Tu ne m'en as pas parlé et tu vois, je le sais. Imagine ce que les gens doivent penser de tes articles et de ta prétendue déontologie alors qu'ils savent pertinemment que tu te tapes le gars, qui, probablement, s'est le plus engagé aux côtés de Voldemort pendant la guerre. Alors avant de traiter Nott de sale Mangemort, et de refuser de le voir pour ça, pense au pardon que tu as su accorder à Malefoy. Visiblement, tu ne fais pas les mêmes entorses à ta foutue loi pour Théodore. Et puis tu me fais doucement rire quand tu me dis n'avoir jamais apprécié Nott. Arrogance et suffisance ? Ce n'est pas ce que tu disais quand tu rêvais de le mettre dans ton lit. Si tu veux mon avis, si Nott a en effet été fou amoureux de toi, tu aurais fini par l'être aussi, s'il était resté. Non, arrête de t'énerver, laisse-moi finir. Je sais que tu lui en veux à mort de nous avoir laissé tomber, comme tu en veux aussi certainement à Opale. Tu n'as jamais oublié la souffrance que nous avons connu quand ils nous ont quittés, c'est ça ? En parlant de ça, ni toi ni moi n'avons jamais su pourquoi, mais moi, je le sais maintenant. Je sais pourquoi Opale et Nott sont partis, je sais pourquoi nous n'avons jamais eu de leurs nouvelles. Non, je ne t'en parlerai pas. Arrête de râler. C'est à toi de poser la question à Nott, et arrête de protester je te dis. C'est ce qui est juste, ce qu'il convient de faire. »
Ce fut à mon tour de ricaner. Du plus loin dont je me souvienne, à part pendant la bataille, où il s'était comporté de façon héroïque, Blaise n'avait toujours été intéressé que par deux choses : les femmes et l'argent. Toutes ses conversations tournaient inévitablement autour de ces deux sujets. Même quand il voulait être sérieux, il en revenait inévitablement à ses problèmes avec les filles, ou à ses nouvelles conquêtes. Récemment, sa conversation s'était enrichie autour d'un autre problème : la gestion de sa carrière. Ainsi, le voir essayer de me ramener à la raison avait quelque chose d'absolument étonnant, voire aberrant. Blaise ne semblait jamais voir plus loin que son nez, et plus loin que sa petite personne, ce qui ne m'empêchais pas de l'apprécier. Mais il fallait avouer que la plupart de ses conversations étaient assez frivoles, ce qui expliquait que je sois surprise par sa soudaine prise de parole. Je me demandai dans quelles conditions il avait revu Théodore, s'il lui en voulait de l'avoir laisser tomber. J'imaginais que pour que Nott en vienne de parler de moi à son ancien ami, leur ancienne camaraderie avait dû se réinstaller.
« C'est marrant Blaise, dis-je froidement en reprenant une de ses expressions, le problème n'est pas que tu sois au courant de ma relation avec Malefoy, mais plutôt que l'utilises contre moi. Quant aux cancans, honnêtement je n'en ai pas grand-chose à foutre. Tu n'es pas le seul à avoir envie de te taper qui tu veux. Je ne fais aucune réflexions sur ta cent-cinquantième conquête de ta semaine, et le pire, c'est que j'accepte que tu m'en parles pendant des heures, alors qu'il s'agit la plupart du temps, Amber exceptée, de filles absolument sans intérêt. Si j'ai une réputation sulfureuse, grand bien m'en fasse. Mais ne viens pas me juger sur un terrain dans lequel tu excelles. Je ne suis pas la seule à me taper un ancien Mangemort. Je te rappelle que la Greengrass, la garce que tu te tapes sans scrupules, avait rejoint le gang de Voldemort dès la sixième année. Je n'ai jamais fait le moindre commentaire sur cette relation, à part souligner qu'elle était stérile, ce qui est complètement vrai. Quant à Drago, tu ne l'as jamais rencontré, et tu n'as aucune idée de la façon dont il s'est amendé. Je ne suis pas stupide au point de ne pas faire d'exceptions. Mais je n'en ferais pas pour Nott, pour toutes les raisons dont je t'ai parlées avant.
La conversation se déplaça alors sur un autre terrain. Blaise avait froncé les sourcils pendant que je lui parlais de ses amours, si on peut encore appeler ça de l'amour, mais il continuait d'afficher des yeux rieurs.
« Tu connais la réputation de ma mère, Grace Zabini. La Veuve Noire comme on dit. Je suis un coureur de jupon, ok et c'est ça qui me plait. Manipuler les autres avec mon apparence, pour pouvoir parvenir à mes fins, c'est tout le jeu de la séduction. Aussi longtemps que je vivrais, je continuerai à collectionner les filles, parce que c'est ce que j'aime. Tu vois, la fascination, l'envoûtement, les illusions, pour pouvoir finir par les mettre dans mon lit, les unes après les autres. Je dois avoir une âme de collectionneur. Mais pas toi Mary. Alors, pourquoi mets-tu tous ces hommes dans ton lit ? Ça t'apporte quoi ? Qu'est-que tu veux prouver ? Pourquoi Drago et tous ces autres gars, au sus et à la vue de tout le monde, alors que dans le milieu journalistique, tu commences à avoir une renommée indéniable ?
Je ne répondis pas tout de suite à sa question, parce que je n'avais pas la réponse. D'années en années, moi aussi, je collectionnais, pour réutiliser les termes de Blaise. En plus de Drago, que je voyais régulièrement, beaucoup d'autres hommes passaient dans mon lit, et je ne m'en étais jamais cachée. J'étais même fière de cette réputation, que je portais comme un étendard. Mais je n'avais aucune idée de ce que je cherchais en vivant de cette manière. Je n'avais pas besoin que Blaise me pose cette question, puisqu'elle revenait souvent dans mon esprit. Mais je ne trouvais pas la solution. Blaise me laissa bredouiller quelques mots légèrement vexés, et reprit. « Tout ce que tu cherches à faire, c'est choquer les Sangs-Purs. Tu as dit toi-même que tu les détestais, mais tu sais toi aussi te rendre absolument détestable. Et tu adores ça, parce que ça marche. Mary Smith choque les Sangs-Purs, et elle s'en enorgueillit. Tu as la réponse à ma question ».
Blaise ajouta qu'il était lui-même de Sang-mêlé, et qui plus est métisse. Il me confia que cela n'avait pas toujours été facile pour lui, surtout en étant à Serpentard. Les préjugés tenaient encore bon. « Nott et Opale sont de Sang-Purs, tu le sais aussi bien que moi. Tu les as déjà entendu faire ne serait-ce qu'une remarque à ce sujet ? Bien sûr que non. Opale était ta meilleure amie, aurais-tu encore besoin de la choquer ? ». Je lui répondis que le cas d'Opale était différent. Elle n'avait jamais été une Sang-Pur comme les autres, et de nous deux, c'était elle qui appréciait le plus de froisser les personnes de sa caste.
Blaise me servit un verre de gin, que nous bûmes tranquillement en se rappelant nos souvenirs de sixième année, quand Opale et Nott étaient encore là. Nous évoquâmes pêlemêle la bataille de boue contre la Greengrass, ce qui fit beaucoup rire Blaise, la colle que nous avions effectuée ensemble, les soirées que nous passions à quatre, la déclaration de non-amour d'Opale à Théodore, le faux couple qui liait Blaise et Opale autour de Nott et moi. J'avais envie de savoir ce que ferait Blaise s'il revoyait un jour Opale. Bien alcoolisée, je lui posai la question. Je crois qu'à ce moment-là, j'aurais aimé qu'il compte Opale dans ses conquêtes, et je me rappelai combien le caillou d'Opale semblait furieux quand Blaise fréquentait quelqu'un d'autre. « Si un jour je retrouve Opale, je crois que je lui en voudrais encore un peu d'être partie sans rien dire ». J'étais de son avis. Mais je me demandais si Blaise avait un jour éprouvé des sentiments pour elle. Il laissa la question en suspens, avec soin. « Si je la récupère un jour, j'aimerais qu'elle soit ma meilleure amie. Je ne sais pas pourquoi, mais il est hors de question que je mette Opale dans mon lit. J'ai bien trop de respect pour elle. Alors j'aimerais qu'elle soit ma meilleure amie, un peu comme toi, les dérapages en moins ».
Là-dessus, il m'emmena sur la piste de danse, et nous dansâmes un rock endiablé. Blaise était un cavalier hors pair, et le monde s'écartait autour de nous, pour nous laisser une large place au centre. Je me souvins alors des premiers pas de danse que j'avais esquissés à l'approche du bal de sixième année. Blaise s'était dévoué pour m'apprendre à danser, mais malgré cela, j'avais eu l'air d'un canard boiteux à ce fameux bal. Plus tard, il avait recommencé à me donner des cours, et si j'avais du mal avec la valse, je dansais maintenant plutôt bien le rock.
Quand, épuisés par cette chorégraphie endiablée, nous nous réfugiâmes dans un coin de la pièce, Blaise entreprit de me reparler de Nott. Il n'avait pas l'intention de lâcher l'affaire, et j'en avais assez de cette discussion. Mais voilà, Blaise était mon ami, tout superficiel qu'il était, et quelques verres de gin plus tard, j'étais bien plus favorable à ce genre de débat. De son côté, il s'était calmé et était prêt à ouvrir un dialogue plus apaisé. Il reprit donc, sans nulle trace d'animosité.
« Nott a envie de te revoir, pour savoir ce que tu es devenue, même s'il le sait plus ou moins déjà. Je lui ai un peu parlé de toi, et il a été très intéressé par l'enquête que tu mènes, qu'il a qualifiée « d'admirable ». Je sais que tu ne veux pas le voir, et j'entends toutes les raisons que tu as citées. Je les comprends, je peux les concevoir. J'imagine que, finalement, et même si tu ne veux pas l'admettre, le principal motif est de t'avoir laissée en sixième année, sans jamais donner de nouvelles. Malgré tout, Théodore Nott fait partie de cette génération tourmentée et blessée par la guerre, et il serait intéressant que tu l'interview. Je pense que c'est même un devoir. Alors promets-moi que tu iras le voir, au moins pour lui poser des questions.
Une fois de plus, Blaise avait raison. Alors lentement, je hochai la tête de haut en bas. Je venais de promettre que j'irais voir Nott.
Je me trouvai dans l'antichambre qui menait au bureau de Nott. Je venais de parcourir les souterrains du Ministère et je ne m'attendais pas à me trouver dans une pièce si grande. Je savais que Nott occupait un poste important, mais je ne pensais pas que ce poste mériterait un aussi grand bureau. En attendant, pour m'occuper, j'observais la décoration de la pièce. Elle était sobre, mais tout-à-fait à mon goût. Tous les bibelots semblaient occuper une place bien précise, et la salle était d'une propreté immaculée. Je souriais en repensant que Théodore avait toujours été un peu maniaque.
Cependant, l'attente commençait à être longue, et je pus repenser à loisir à la promesse que j'avais faite à Blaise. Il s'était débrouillé pour parvenir à ses fins, comme d'habitude. Du plus loin dont je me souvienne, j'avais toujours eu le don pour me faire manipuler par mes amis. « Comme quand Opale t'as obligée à aller au bal avec Théodore », me susurrait la petite voix dans ma tête.
Puis je me mis à songer à Nott. Je n'avais vraiment pas envie de le voir, mais je n'avais pas vraiment le choix. Je devais l'interroger pour mon enquête, et c'est ce qui avait motivé ma décision. Mais en poussant l'analyse un peu plus loin, en essayant de ne pas être de mauvaise foi, j'avais au fond réellement envie de revoir Nott. Je voulais voir s'il avait changé, à quel point il se rappelait de moi, de notre relation à tous les quatre, s'il avait revu Opale. Je voulais savoir enfin pourquoi il était parti sans rien dire, pourquoi il m'avait abandonnée. Je voulais savoir si c'était lui que j'avais aperçu, pendant les grandes vacances, au fond d'une immense propriété. Je voulais des réponses à mes questions. Mais par-dessus tout, je voulais pouvoir examiner chaque parcelle de son visage, pour y retrouver ses grands yeux bleus, ses fossettes, sa figure anguleuse. Je voulais savoir s'il portait une barbe ou une moustache maintenant qu'il avait grandi, s'il avait des lunettes pour lire, s'il porterait un costume trois pièces avec une chemise blanche. Je voulais retrouver « les plus beaux yeux du monde », selon l'expression consacrée d'Opale. Alors, même si j'étais légèrement en colère contre Blaise, de m'avoir forcée à rencontrer Théodore Nott, je lui étais reconnaissante de me donner l'opportunité de revoir celui que j'avais tant rencontré en rêve. Six ans avaient passés depuis la dernière fois que je l'avais vu, et nous avions tant de choses à rattraper. Je voulais transformer ce qui ne devait être qu'une simple interview formelle en retrouvailles.
« Faites-la entrer », dit une voix grave de l'autre côté de la porte, qui menait au bureau de Nott. Je fus surprise par cette voix si sérieuse et digne à la fois. Nott semblait avoir perdu sa voix d'adolescent, et ses mots prenaient une intonation plus solennelle. Etonnamment, une secrétaire apparut dans l'antichambre pour me conduire au bureau. Elle était plutôt jolie, et je me surpris à penser que Nott devait certainement la trouver à son goût. J'étais de mauvaise humeur, ayant attendu trop longtemps à mon goût dans le vestibule, et fut relativement désagréable avec la secrétaire. J'aurais voulu que Théodore Nott prenne la peine d'ouvrir lui-même la porte pour me faire entrer dans son bureau. Mais Monsieur avait préféré envoyer sa secrétaire. Il n'avait donc pas changé, et son poste haut placé au Ministère n'avait pas dû arranger les choses. Je pestai comme d'ordinaire, contre son arrogance et son orgueil.
Quand j'entrai dans le bureau, Nott me tournait le dos, les bras croisés, et mit quelques secondes avant de rejoindre son fauteuil. Je m'assis donc en attendant, et souris en voyant qu'il portait effectivement un costume trois pièces. La merveilleuse chemise blanche qu'il portait sauvait son élégance de la banalité. Il me semblait qu'il avait grandi depuis la dernière fois que je l'avais vu, et son dos semblait plus musclé. Il avait aussi pris des épaules. Quand il se tourna enfin vers moi, je plantai mon regard dans « les plus beaux yeux du monde » et sentis combien mon amie avait eu raison de les appeler ainsi. Il ne me rendit pas mon regard, et je vis dans ses prunelles cette expression qui lui était si familière, un mélange de pudeur, de retenue, de fierté tout à la fois. Nott n'avait rien perdu de sa superbe d'autrefois. Je dirais même que sa beauté s'était parfaite en grandissant et je fus ravie de constater qu'il était rasé de près. Un court instant passa ainsi. J'étais troublée par la silhouette qui me faisait face, pendant que Nott restait impassible. Il s'assit enfin.
« Que puis-je faire pour vous Mlle Smith ? »
La question avait de quoi choquer n'importe qui. Je venais de retrouver l'homme qui avait été fou amoureux de moi pendant ma sixième année, qui avait ensuite disparu pendant six ans sans jamais me donner de ses nouvelles, et nos retrouvailles commençaient par une question si formelle ? Comment Nott pouvait-il à ce point faire semblant de retrouver une inconnue, alors qu'il avait lui-même exprimé le désir de me voir ? Comment pouvait-il penser que l'unique raison de ma visite était de faire cette stupide enquête ? Et comment avais-je pu être assez bête pour penser que Nott se rappelait de moi, de notre amitié et de notre complicité ? Pendant toutes ces années, je n'avais jamais arrêté de penser à lui. Et six ans plus tard, j'étais devenue une parfaite inconnue, une journaliste réalisant des recherches. Je tentai de réprimer ma rage. J'avais envie de lui hurler « Pourquoi m'as-tu abandonnée ? Pourquoi ne m'as-tu jamais donné de nouvelles ? Pourquoi as-tu trahi la cause, et rejoint les rangs de Voldemort ? ». Je voulais crier ma souffrance, crier qu'il m'avait manqué pendant toutes ces années, crier que j'avais été trop fière pour aller à se rencontre plus tôt, vociférer que maintenant, j'étais prête à redevenir son amie, mais je n'en fis rien. J'avais toujours dit que Nott était mort pour moi. J'avais espéré une résurrection, mais visiblement, j'étais également morte pour lui. Alors il ne me restait plus qu'à mener à bien mon enquête, en restant aussi formelle que lui, pour lui montrer que moi, aussi, j'étais passée à autre chose, et que le motif de ma visite se limitait à cette enquête.
« Monsieur Nott, pourrais-je vous poser quelques questions ? Je suis journaliste d'investigation pour le Chicaneur, et pour les cinq ans de la Victoire, je prépare une enquête sur les conséquences de la guerre chez les personnes de notre génération ».
Nott me répondit par un « Allez-y, je vous écoute. Je tâcherai d'être le plus transparent possible ». Mon enquête était centrée sur les conséquences psychologiques du conflit, aussi m'étais-je interdit de demander à qui que ce soit le rôle joué pendant la guerre. En interrogeant la Greengrass, ou Parkinson par exemple, je n'avais pas abordé leur collaboration avec le Seigneur des Ténèbres. Je m'étais contentée de leur poser des questions sur leur état physique et psychique. Je livrai Nott au même interrogatoire. Il me confia s'être déboité l'épaule en avril 1998, et, suivant les règles que je m'étais fixée, je ne lui demandais pas comment, tout en sachant pertinemment qu'il avait dû tremper dans une affaire suspecte.
« Depuis la Victoire, je fais beaucoup de cauchemars. Des choses assez terrifiantes, des litres de sang, des meurtres en tout genre. Je fais aussi un autre rêve, toujours le même. Je suis sur un chemin dont je ne vois pas le bout, mais je sais qu'il y a de la lumière. Plus j'avance et plus le chemin s'obscurcit, plus la lumière parait loin. Et puis soudain, une jeune fille apparait. J'ai l'impression de la connaitre, mais je ne m'en rappelle plus, parce qu'elle semble littéralement sortie d'un rêve. Alors, elle me tend la main, et nous commençons à marcher vers la lumière. Sauf que quelqu'un la tue avant de sortir de la pénombre. Vous savez Mme Smith, qui la tue ? C'est moi. Tous les soirs, dans mon imagination, dans un état proche de l'hallucination, je tue une jeune fille qui me tend la main. »
Les yeux de Nott semblaient s'être perdus dans la profondeur de leur bleuté. Je réfléchissais à la teneur de ses rêves. Je savais qu'avant la bataille finale, à laquelle Nott n'avait pas participée, il y avait eu d'autres attaques dangereuses. Théodore avait dû être témoin de l'une d'entre elles. Quant au chemin vers la lumière, inatteignable dans le rêve, il faisait sans aucun doute référence à son alliance avec Voldemort. En revanche, je n'avais aucune idée de la signification du personnage de la jeune fille. Je me rappelais de mon propre cauchemar, où je voyais, au beau milieu d'une flaque de sang, un bras tailladé par la Marque des Ténèbres. En soulevant le drap qui contenait le corps, j'avais vu briller deux yeux bleus, et le visage de Nott était apparu. J'eus soudainement envie de le pousser hors de ses retranchements.
« Monsieur, je ne voudrais pas outrepasser le cadre de l'enquête, mais il me semble que vous aviez été affilié à Voldemort, je me trompe ? Quelle était la nature de votre collaboration ? A quoi devez-vous votre poste ? »
« Sauf votre respect Mademoiselle, vous êtes effectivement en train d'outrepasser le cadre de votre enquête. La nature de mon engagement pendant la guerre ne vous concerne en rien, et les circonstances de ma nouvelle affectation au Ministère de la Magie sont strictement confidentielles. Sur ce, si vous en avez fini avec vos questions, laissez-moi vous raccompagner jusqu'à la porte.
Ses prunelles flamboyaient de colère. J'avais conscience que m'avancer sur ce terrain ne mènerait à rien, alors je me levai, lui serra la main, et sortis toute seule de son bureau. Sa secrétaire n'avait pas réapparu. J'étais furieuse, tout comme lui. Si j'avais récolté des informations intéressantes, rien ne s'était passé comme prévu. Ou plutôt, devrais-je dire, tout s'était passé comme prévu. J'étais rentrée dans son bureau, j'avais posé mes questions, et j'étais ressortie. Surtout, j'avais réussi à être encore plus formelle et solennelle que lui. J'avais maitrisé mes émotions, alors qu'il me brûlait de savoir tant de choses bien plus intimes. Mais le temps de l'intimité avec Nott était révolu. Nott n'était rien de plus qu'une personne interrogée de plus pour une enquête. J'avais définitivement enterré mes illusions.
« Blaise, tu m'écoutes ? Peut-on arrêter cinq minutes de parler de ton prochain défilé ? Je sais que tu préfères comparer les physiques de tes conquêtes, mais si tu veux mon avis, Daphné vaut tout autant qu'Amber Shaw, même si j'ai une petite préférence pour cette dernière. Maintenant que tu as mon avis sur la question, est-ce qu'on peut continuer et passer à un autre chose ? Je viens de te dire que j'ai revu Mary Smith, ça devrait t'intéresser pourtant ! C'est toi qui m'as dit qu'elle avait envie de me voir !»
Blaise caressa les boucles de ses cheveux pour leur redonner forme, et se tourna vers moi, l'air goguenard. Je ne supportais pas de le voir ainsi, riant sous cape. Je savais qu'il était toujours resté en contact avec Mary, mais je n'avais jamais émis le moindre désir de la voir. Non pas que je n'en avais pas envie, bien au contraire. Mais j'étais au courant, bien sûr, des bruits qui courraient autour de moi. Je savais également que Mary avait brillamment combattu pendant la bataille finale, et que la plupart de ses articles provoquaient des esclandres. Mary avait toujours été remplie de préjugés. Elle voyait le monde en noir et blanc, et cela se reflétait dans ses articles. Au vu du chemin que j'avais parcouru pendant ma sixième et septième année, puis dans ma carrière au Ministère, je savais d'avance qu'elle ne voudrait pas me revoir. J'avais disparu sans jamais donner de nouvelles, certes, mais je n'avais jamais, ô grand jamais, arrêté de penser à elle. Mary m'avait suivi partout, pendant ces six ans. Et une fois de plus, j'avais tout gâché.
« Tu as réussi à la faire tomber dans tes bras ? » ricana Blaise
« Tu rigoles, j'ai encore réussi à me comporter comme un imbécile. Tu m'étonnes que Mary n'ait pas envie de reprendre contact. J'étais super stressé et j'ai commencé par la faire attendre super longtemps devant mon bureau, le temps que je me prépare mentalement. Quand elle est arrivée, elle était déjà furieuse. »
« Totalement Mary », observa mon ami
« Oui, totalement Mary, sauf que c'est aussi une réaction normale des gens qui attendent trois plombes devant un bureau. En plus j'avais mis un costume trois pièces débile et ridicule, je ressemblais à un pingouin (Blaise me suggéra que c'était sympa, les pingouins). Ensuite je ne sais pas pourquoi, j'avais mille choses à lui dire, mais je n'ai réussi qu'à sortir un truc très formel de bureaucrate qui passe un entretien avec une journaliste »
« Et alors ? »
« Alors, rien. Elle m'a posé ses questions, j'ai répondu, et c'est tout. Elle a insinué que j'étais Mangemort (« Comme d'habitude » me dit Blaise) et je l'ai fait sortir de mon bureau. C'est tout ».
« Eh bah mon pauvre, on n'est pas sorti de l'auberge. Théodore Nott, incapable de dire à Mary Smith qu'elle lui a manqué, mais aussi tout aussi incapable de sortir de sa rigidité de Sang-Pur. On a du pain sur la planche, mais tu as trouvé le bon allié…Moi ! »
Alors ? Qu'avez-vous pensé de ces retrouvailles ? A quoi vous attendiez-vous ? Comme d'habitude, je suis ouverte à tous vos commentaires, tous les avis sont bons à prendre ! Et si ma fic vous plait, n'hésitez pas à la follow, pour être au courant de la sortie du prochain chapitre…D'ailleurs, je vous laisse là-dessus, et je file l'écrire ! 😊
