Cette histoire est une traduction de Blood Is, d'eiahmon, traduite et publiée avec son accord.
Bonne lecture !
4.
« Ce n'est pas bien, Adelar ! »
Adelar grimaça alors que la voix stridente de sa femme lui perça les tympans, tandis qu'elle traversa son étude pour se tenir devant son bureau. Il leva la tête vers elle, et elle le foudroya des yeux, les mains sur les hanches.
« Qu'y a-t-il, Julia ? »
« Quatre jours, Adelar ! Cela fait quatre jours que ta tante a disparu ! Ne vas-tu rien faire à ce sujet ! Ne t'en soucies-tu donc pas ! »
« Père dit qu'elle est probablement à la poursuite de son fils. Je suis sûre qu'elle va bien. »
Julia frappa le bureau de ses deux mains, faisant trembler ses affaires, et baissa la tête pour le fixer droit dans les yeux, ses iris marron brûlants. « Ton père n'est pas Seigneur Cronqvist ! Tu l'es, et tu dois commencer à agir en tant que tel ! Ta tante et tes cousins ont disparu, et tu ne fais rien à ce sujet ! Et ton oncle ! Il est mort il y a des jours, et il n'y a eu ni obsèques ni service ! »
Adelar soupira avec fatigue. « Tu sais pourquoi, Julia. Il a été contaminé par le sang du vampire. »
« Ce vampire est ton cousin ! »
« Père ne veut pas entendre qui que ce soit en parler, tu te souviens ! »
« Je n'ai pas d'ordres à recevoir de Cordrin Cronqvist, pas plus que toi ! »
Adelar se leva. « Julia... »
« Ne me 'Julia' pas, Adelar Cronqvist ! Tu laisses ton père te mener à la baguette comme un chien au bout de sa laisse ! Quand cela va-t-il cesser ! Vas-tu le laisser te discuter toute ta vie ! Tu n'as pas vu Kari et Karita depuis des jours ! Ils ont demandé après toi ! »
« Père dit que j'ai des choses plus importantes à faire. »
Julia se tut, et Adelar lui lança un regard pour la voir le fixer avec des yeux écarquillés. Son visage s'assombrit, et il fut complètement pris par surprise par sa gifle.
« A l'heure actuelle, ta famille est le plus important, et elle tombe en morceaux autour de toi alors que tu restes assis à obéir aux ordres de ton père. » Dit-elle d'une voix basse qu'il n'avait jamais entendu de sa part. « Je pense que tu dois te poser pour réfléchir vraiment à là où va ta loyauté, car pour le moment, ce n'est certainement pas au reste d'entre nous. » Sa robe tournoya quand elle sortit en trombe de son bureau, le laissant seul dans le silence, la main sur la joue, en train de se demander pourquoi il se sentait coupable tout d'un coup.
Il resta là, debout derrière son bureau, un long moment, puis il baissa la tête, la secoua et sortit. Il avait du travail, et Père serait furieux qu'il le néglige, mais il pouvait s'en occuper plus tard. Sir Pershan le suivit un pas derrière lui alors qu'il traversait les couloirs vers la chambre d'enfants, mais le vieux soldat ne lui dit rien. Ce qui ne fit qu'empirer son mal-être. Il avait entendu son oncle discuter avec lui d'innombrables dois, mais le vieux chevalier ne lui parlait que lorsqu'il devait répondre.
Il entra dans la crèche sans être freiner, les gardes que son oncle avaient assignés à la protection de Trevor plus nécessaire sans Trevor dans la maison. Où était Trevor ? Était-il toujours avec Gabriel ? Ou est-ce que Gabriel l'avait laissé quelque part ? Peut-être devrait-il ordonner qu'on cherche le garçon et qu'on le ramène. Non, il fit rapidement disparaître cette pensée : son père ne le permettrait jamais.
« Pa-pa ! »
Malgré tout ce qui n'allait pas autour de lui, Adelar ne put retenir son sourire quand son fils de 15 mois, Kari, se dandina vers lui, tendant les bras pour être porté. Il s'agenouilla sur le sol et ouvrit les bras, et Kari, suivi de près par sa sœur Karita, tomba dans ses bras pour un câlin. Le fils de Tobias et Kristina, Mathew, les observait avec inquiétude et ne s'approcha pas.
Karita gloussa en tirant sur les cheveux de son père, faisait sourire à nouveau Adelar. Il n'aimait pas sa femme, et il ne l'appréciait pas vraiment non plus, mais il adorait les enfants qu'elle lui avait donné, ce qui rendait d'autant plus difficile à comprendre pourquoi son père ne l'aimait pas. Comment quelqu'un pouvait-il ne pas aimer quelque chose d'aussi petit, aussi beau, aussi précieux ? La mère d'Adelar adorait ses petits-enfants et passaient des heures avec eux dès qu'elle le pouvait, mais leur grand-père ne les avait encore jamais vu. Son seul commentaire à leur naissance avait été une remarque sur la capacité d'Adelar à mettre une femme enceinte. Julia aimait ses enfants comme n'importe quelle mère, et cela faisait comprendre à Adelar à quel point il avait été abandonné pendant son enfance. Son père ne lui avait à peine porté la moindre attention, sauf pour l'utiliser, et sa mère avait peu interagi avec lui, s'inclinant devant les caprices de son mari.
Kari tapa dans ses mains, et Adelar sourit au petit garçon. En quelques minutes, il avait offert à ses enfants plus d'affection que son propre père ne lui en avait jamais montré. Combien de temps cela durerait-il ? Combien de temps son père le lui permettrait-il ? Allait-il demander qu'il passe moins et moins de temps avec son fils et sa fille, pour satisfaire son propre désir du pouvoir qui lui avait été interdit ?
La réponse était simple : bien évidemment.
Adelar observa les deux visages souriants et gloussants devant lui. Ses enfants méritaient mieux. Ils méritaient d'être aimés par leurs deux parents, ce que son propre père ne permettrait jamais. Il ne pouvait pas permettre à leur grand-père de les priver de leur père. Mais que pouvait-il faire ? Il se redressa, embrassa ses enfants et les rendit à la nourrice. Puis il quitta la pièce et retourna à son bureau, Sir Pershan une ombre silencieuse à nouveau. Il ferma la porte derrière lui tandis que le vieux chevalier se positionnait contre le mur, s'avança vers son bureau, et poussa un profond soupir en s'asseyant, tête dans les mains, coudes sur le bois sombre et usé. Il ne s'était jamais opposé à son père auparavant, et il ne savait pas par où commencé, ni même s'il ne était capable.
Il y eu un petit bruit de cliquetis qui lui fit relever la tête. Qu'est-ce que c'était ? Cela venait de sa gauche, et il découvrit une petite décoration du bois repoussée pour révéler une petite serrure. Qu'est-ce que c'était que ça ? Oncle Wolfram ne lui avait jamais montré ceci. Il passa les mains sous le dessus du bureau, où il trouva autre chose. Un petit tiroir, qu'il ouvrit et fouilla. Qu'est-ce que son oncle avait gardé là-dedans ?
Ses doigts rencontrèrent une petite surface polie, entourée d'une corde de cuir qu'il agrippa et tira, pour découvrir le morceau de miroir qu'il avait observé quelques années plus tôt. Il se tendit alors que, comme il y a des années, le miroir se mit à briller d'une lumière blanche éclatante. Après quelque seconde, la lumière disparut, mais les mêmes images qu'il avait vues alors rejouèrent : Gabriel fuyant la maison, Tante Edeline pendue sous les ordres de son beau-frère, la maison en train de brûler alors que des gens tentaient de fuir, sa mère mourant dans les flammes, son père sur l'herbe à l'extérieur, la gorge déchirée et le cœur arraché de sa poitrine, et lui-même transportant un enfant en pleurs – Kari réalisait-il à présent – à travers la fumée des couloirs, pour s'écrouler à quelques mètres seulement de la sortie. Et au-dessus, observant avec un sourire mauvais et des yeux rubis rougeoyants, Gabriel qui fuyait lorsque le toit s'effondrait. Il n'avait pas compris ce que cela signifiait à l'époque, mais maintenant, il avait un terrible soupçon que Père chassant Gabriel n'en était que le début.
La lumière disparut et il fixa à nouveau son reflet. Il soupira et posa la question dont il avait peur de la réponse. « Que se passe-t-il à présent ? »
En réponse, le miroir brilla, et lui montra son père intimider un serviteur, qui glissa une poudre dans le verre de vin d'Oncle Wolfram. Il lui montra son oncle, accablé dans une cellule, collé à un mur et refusant de regarder les deux corps séchés au sol qui avaient un jour été des gens. Il vit Trevor en pleurs alors qu'il subissait un entraînement trop brutal pour un si petit enfant. Un vieil homme se tenait à côté, criant sur le garçon tout du long. Il vit Gabriel affalé sur un trône, retenu par des cordes rouges, complètement immobile. Il vit Julia dans un cercueil ouvert, alors que Kari et Karita mettaient des fleurs sur elle. Aucun d'entre eux n'avaient l'air d'être bien plus vieux qu'aujourd'hui. Il vit Kari, en pleurs alors que son grand-père lui hurlait dessus, et Adelar jeta le miroir sur le bureau quand il vit son père lever la main pour frapper l'enfant.
Adelar se leva de son père. « Sir Pershan ! »
La porte s'ouvrit. « Mon seigneur ? »
« Je veux que vous et vos hommes arrêtiez mon père et l'enfermiez quelque part. »
Le vieux soldat fut surpris, et honnêtement, Adelar comprenait pourquoi. « Arrêtez mon père et enfermez-le là où il ne pourra rien faire. Je veux que nul ne puisse le voir : empêchez la moindre visite et les tentatives de le contacter. Gardez-le là jusqu'à ce que j'en décide autrement. »
« Tout de suite mon seigneur. »
Adelar sentit ses jambes trembler alors qu'il sortait de la pièce, et il fit signe au soldat qui allait le suivre de ne pas bouger. Il avait besoin d'être seul pour la suite. Toutefois, alors qu'il marchait rapidement vers l'entrée des donjons, il sourit faiblement en entendant son père crier d'outrage.
La porte des donjons était ouverte, et il descendit les marches de pierres usées sans hésitation. Cela ne lui prit pas bien longtemps de trouver ce qu'il cherchait – la croix qui pendant de la poignée marquait clairement la bonne cellule.
« Ma tante ? » Il appela doucement en regardant à travers les barreaux. « Mon oncle ? »
« Adelar ? » Le visage de Tante Edeline apparut à travers la fenêtre. « Que fais-tu ici ? »
« Je viens vous faire sortir. »
« Qu'en est-il de ton père ? »
« On s'occupe de lui. »
« Que veux-tu dire ? »
Adelar ignora la question et tira le verrou et la lourde porte. Sa tante sortit avec hésitation et le regarda un long moment, avant de se retourner vers la cellule. Il regarda également dans les ombres, jusqu'au mur opposé, alors qu'une ombre se mit à bouger et à avancer. Uniquement tout l'entraînement de son enfance l'empêcha de faire un pas en arrière en voyant son oncle.
Wolfram Cronqvist avança dans la faible lumière provenant de la porte ouverte menant au reste de la maison, et leva la tête vers son neveu. Des yeux rouges rencontrèrent les marron, et Adelar sentit son cœur rater un battement en voyant les cheveux plus sombres et la peau décolorée. Si Gabriel et lui avaient eu des ressemblances auparavant, désormais ils avaient l'air de jumeaux, la seule différence évidente étant l'âge. Pleinement visibles dans la lumière pâle, ses veines couraient sous sa peau, et son oncle soupira lourdement.
« Mon oncle ? »
Ce dernier le fixa un moment, puis avança de trois pas et Adelar se retrouva englouti dans ses bras froids.
« Mon oncle ? »
« Merci. » Dit-il d'une voix basse et rauque. « Gabriel avait raison : j'ai été horrible à ton égard, et pourtant tu es venu nous faire sortir, contre les désirs de ton père. »
Adelar secoua la tête et recula, son oncle le laissant faire. « Je vais m'occuper de lui plus tard. Pour l'instant, tu dois trouver le moyen de sortir d'ici et d'aller chercher Gabriel. »
Son oncle pencha légèrement la tête. « Dès que le soleil sera couché. J'irai volontiers maintenant, mais... » Il soupira. « Mieux vaut que j'attende la nuit. »
Adelar approuva et tendit son bras vers sa tante. « Ma tante ? »
Tante Edeline regarda anxieusement son mari, qui lui dit un léger signe de tête avant de battre en retraite dans les ombres de la cellule et de disparaître. Sa tante fixa les ténèbres quelques secondes, puis se tourna vers Adelar avec un sourire tremblant. Elle prit son bras et marcha à ses côtés hors du donjon, dans la maison.
Adelar se força à regarder droit devant lui, loin de son père qui criait menaces et insultes alors qu'on l'emmenait dans la direction opposé, vers le donjon, et il sentit les coins de sa bouche se relever légèrement. Sa tante ne s'en empêcha pas : elle sourit ouvertement d'un air narquois à son beau-frère enragé. Il la ramena à ses appartements où elle lui fit un sourire radieux, l'embrassa sur la joue et le remercia avant d'y pénétrer.
Wolfram se blottit dans les ombres de la cellule, faisant passer le temps jusqu'au coucher du soleil. La soif lui brûlait toujours les veines et il gardait le visage soigneusement tourné loin du corps de son neveu, allongé dans le coin. Il allait devoir se nourrir bientôt, dès qu'il serait sorti de la maison. Avec de la chance alors, Adelar s'occuperait du corps de son demi-frère. Caleb méritait un bien meilleur sort que d'être oublié là, après le sacrifice auquel il avait consenti. Wolfram fronça les sourcils en essayant d'ignorer le feu de son corps. Qu'avait voulu dire le garçon, à propos d'un destin modifié ? Est-ce que le destin de Gabriel avait changé ? Quel destin avait-il eu avant le changement ? Que se serait-il passé si Wolfram avait tué sa femme ? Il déglutit, mais rien n'apaisait la sécheresse de sa gorge. Mieux valait ne pas y penser. Non, il devait s'inquiéter de sortir d'ici, se nourrir, et trouver son fils et son petit-fils.
Il souffla et glissa le long du mur, sur le sol humide, et ferma les yeux pour contrer l'image grisâtre de la cellule autour de lui. Une myriade de battements de cœur lui martelait les oreilles, et peu importe à quel point il essayait, il n'arrivait pas à les ignorer. Pas plus qu'il ne pouvait bloquer l'odeur d'eau venant des murs, ou l'odeur faible, rance de décomposition des restes de Caleb. Le garçon n'était mort que depuis quelques heures ! Il ne devrait pas déjà se décomposer, n'est-ce pas ? La maison craquait sur les poutres qui la soutenaient alors que les gens marchaient, les voix lui parvenaient d'au-dessus, et Wolfram se couvrit les oreilles en secouant la tête. Comment… comment Gabriel pouvait-il le supporter ? Comment pouvait-il ne pas être fou avec toutes ces odeurs et ces sons ? Wolfram n'imaginait même pas comment cela serait lorsqu'il serait dans un endroit brillamment éclairé. S'il voyait clairement dans les ténèbres totales, comment verrait-il à la lumière ? Est-ce que les objets seraient douloureusement brillants ? Est-ce que la lumière des lampes et des bougies noieraient tout le reste ? Doux Jésus, qu'en serait-il du soleil ? Il frissonna et se pressa plus encore contre le mur. La nuit ne pouvait pas arriver assez vite.
« Sois maudit, Wolfram ! » La voix de Cordrin. « Tout est de ta putain de faute ! »
Wolfram l'entendait même à travers ses mains, et ne réussit pas à retenir un sourire mauvais. Il avait entendu les gardes traîner son frère dans les donjons plus tôt, sûrement sur les ordres d'Adelar, et il sourit aux actions de son neveu. Enfin, le garçon avait trouvé son courage, et il se demanda un instant quelle pouvait en être la cause. Peu importe. Quelle qu'en soit la cause, cela les avait sauvé. Maintenant, il fallait espérer que les choses continuent sur ce sentier.
« Tu m'écoutes ! » Rugit Cordrin quelque part plus loin, et sa voix résonnait sur les murs de pierres nues, le sol et le plafond.
Wolfram ne retint pas le petit rire qui lui échappa, et le son porta aisément jusqu'à Cordrin qui hurla de rage et secoua les barreaux de sa cellule, faisant rire Wolfram plus fort.
« C'est drôle ! Hurla Cordrin. « Ris donc mon frère ! Ris, parce que c'est ta dernière raison de rire pour le reste de ta misérable existence ! J'ai remis les choses à leur place, et ton bâtard de fils est là où il doit être ! »
Wolfram cessa de rire et se leva d'un bond. Il était facile de suivre le cœur de son frère et sa respiration jusqu'à la bonne cellule, et il fit face à la porte. Une paire de mains était serrée autour des barreaux de la petite fenêtre, et le visage de son frère apparut.
« Qu'y a-t-il donc mon frère ? » ricana Cordrin. « Inquiet à propos de ton vampire domestique ? Oh, attend, tu es un vampire également maintenant. Est-ce que ça fait de toi son jouet à la place ? » Ses lèvres se retroussèrent en un sourire sardonique.
« Qu'as-tu voulu dire ? » Interrogea Wolfram, ignorant la moquerie. « Tu as dis avoir remis les choses à leur place : qu'est-ce que cela veut dire ? Sais-tu où est Gabriel ? »
Cordrin rit et recula loin de la porte, mais Wolfram le voyait toujours. « Pourquoi devrais-je te le dire, mon cher frère ? »
« Maudit sois-tu, Cordrin, c'est sérieux ! Tu nous as tous condamné par tes actions ! Si tu sais où est Gabriel, tu dois me le dire ! »
« Je ne te dois rien. J'ai ce que je voulais : toi hors de mon chemin, et moi tirant les ficelles d'Adelar. Être jeté ici n'est qu'un léger contretemps, je suis certain que le faible gamin me laissera sortir tôt ou tard. »
Wolfram siffla et se jeta contre la porte, et fut surpris de voir le chêne épais se briser sous le coup. Il s'obligea à ne pas y réfléchir en agrippant les barreaux et foudroyant son frère ricanant dans la cellule. « Ne réalises-tu donc pas ce que tu as fait, imbécile ! Gabriel va devenir prisonnier : il va devenir fou ! Et ensuite, il attaquera n'importe quoi et n'importe qui, nous y compris ! Ne vois-tu pas ! Veux-tu mourir ! Je dois trouver mon fils, alors si tu sais où il est, tu dois me le dire maintenant, ou il nous tuera tous ! »
Cordrin se rapprocha de la porte mais pas suffisamment assez pour que Wolfram puisse le prendre par le col. « J'ai aidé sa disparition des années auparavant, Wolfram. Qu'est-ce qui te fait croire que je vais t'aider à le retrouver maintenant ? » Il recula et rit, et le son moqueur noya les oreilles de Wolfram alors qu'il fixait son frère. Il avait toujours suspecté… Cordrin avait été étrangement heureux après l'enlèvement de Gabriel. La lettre que Sir Quinn avait trouvé n'avait fait qu'augmenter ses soupçons. Mais l'entendre les confirmer…
Wolfram fixa son frère en train de rire…
Un garçon, notre fils.
Il a les yeux de sa mère.
Pourquoi pas… Mathias ?
Quelque chose est arrivé. Cela concerne votre fils.
Ils se dirigeaient droit vers la chambre du petit Seigneur Mathias.
Mathias ?
Mathias !
MATHIAS !
… et quelque chose de primal et sombre et né d'une rage pure l'envahit. Le rugissement qui sortit de ses lèvres le surprit également, mais il n'y prêta aucune attention alors que la porte se désintégra quand il la traversa, et sa vision nocturne lui permit d'apercevoir brièvement les yeux de son frère, écarquillé d'horreur, avant de lui foncer dessus de tout son poids. Cordrin vola en arrière, et ses pieds quittèrent le sol alors que son envolée s'arrêtait brusquement contre le mur de la cellule. Le bruit d'os qui se brisent, et il resta accroché là une seconde avant de s'écrouler au sol. La respiration de Wolfram siffla à travers ses dents avec satisfaction alors qu'il prit un pas en avant menaçant, et Cordrin releva la tête en tremblant, essayant de se lever.
« Debout, mon frère. » Gronda Wolfram et agrippant le bras de son frère et le redressant brusquement, ignorant le bruit des os brisés et les cris de douleur qui échappaient à Cordrin. Il le jeta à nouveau contre le mur et l'y plaqua d'une main autour du cou. Il se pencha suffisamment pour que leurs visages se touchent. « Où est mon fils ? »
Le son d'un liquide qui coule au sol, et Wolfram sourit de toutes ses canines, prédateur. Il serra le cou de son frère plus fort. « Où est-il, Cordrin ! »
« Je... » Cordrin gargouilla et Wolfram relâcha un peu sa prise, pour ne pas l'étrangler et qu'il puisse parler. « Je ne sais pas. »
Wolfram serra l'autre main en un poing et frappa l'épaule de son frère. Cordrin hurla quand l'os se brisa sous l'impact. « Tu es plongé dedans depuis le début, mon frère, alors ne me dis pas que tu ne sais pas ! Où est Gabriel ? »
« Je ne sais pas ! » Wolfram frappa le genou de Cordrin et fut récompensé par le son d'un autre os qui se casse. « Je jure que je ne sais pas ! Mon frère, je t'en prie ! »
« Je t'en prie ! Je t'en prie ! Tu as fait en sorte que mon bébé soit enlevé dans son berceau ! Tu m'as menti toutes ces années ! Tu as conspiré contre moi depuis que nous sommes enfants pour me faire disparaître ! Nos parents m'ont fait jurer de ne pas de jeter dehors, c'est la seule raison que j'ai eu de te laisser tranquille ! La sécurité de Gabriel est pourquoi je t'ai laissé rester ! Nos parents sont morts depuis des années, Cordrin, et Gabriel a disparu, alors je n'ai plus aucune raison ne pas te tuer à l'instant ! Maintenant, où est mon fils ! »
« Le cardinal... » Le corps de Cordrin tressaillit, et il toussa. Du sang tomba sur la main et le poignet de Wolfram, sa soif enflammée dans ses veines sous l'odeur. « Le cardinal veut que Gabriel soit isolé. »
Wolfram resserra sa prise, empêchant son frère de respirer. « Je sais ça. Je le sais depuis des années ! Où vont-ils le mettre ! »
Cordrin toussa à nouveau. « Soit au château, soit au cachot de leur camp principal. »
Wolfram hocha sèchement la tête et le relâcha, laissant Cordrin s'étaler au sol, avant de tourner les talons pour partir. Le soleil allait bientôt se coucher, et il pourrait aller chercher son fils.
Derrière lui il y eu une autre toux, suivie du crépitement de gouttes de sang sur le sol. « Mon frère, frère, je t'en prie, ne m'abandonne pas ici, comme ça. »
Wolfram marqua une pause dans l'entre-brasure. « Tu espérais qu'Edeline descende me trouver, n'est-ce pas ? »
Une énième toux, suivi d'un faible « Oui. »
« Et tu espérais que soit je reviendrais en tant que vampire et la tuerais, soit elle mourrait de faim enfermée avec mon cadavre. »
Un nouveau « Oui. », plus faible cette fois, et Wolfram se tourna vers son frère. Son cœur faiblissait, et du sang lui coulait de la bouche à chaque respiration.
« Tu es une infâme, méprisable parodie d'être humain, Cordrin Cronqvist. » Dit Wolfram en fixant son frère mourant. « Je ne sais pas comment des personnes aussi merveilleuses que nos parents ont pu créer une créature jalouse, amère et pourrie telle que toi. »
« Je t'en prie, Wolfram, » siffla Cordrin, à peine capable de parler, « je ne veux pas finir ainsi. »
Wolfram lui tourna le dos et sortit de la cellule. « Adieu, mon frère. »
« Wolfram, Wolfram. Je t'en prie, reviens. Je t'en prie – »
Wolfram ignora la voix de son frère en montant les escaliers. Il grimpa les marches de pierre dans la maison et ne prêta aucune attention au cœur de plus en plus lent qu'il laissait derrière lui.
