Skin-Rag n'Bone Man
2 janvier 2017
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Madison soupira. Il lui était difficile de se remémorer de tels instants de sa vie.
–Sans eux, je ne m'en serais pas sortie… C'est pour ça qu'hier, quand… Quand j'ai blessé Tasha…
–Ce n'était pas toi, la coupa l'homme.
–La dernière fois non plus, mais dans les deux cas, elle a quand même souffert à cause de moi, affirma-t-elle en le regardant enfin. Je me demande comment elle fait pour toujours pardonner à presque tout le monde… Et je ne sais pas ce que j'aurais fait si elle n'avait pas été là pour m'aider. En fait, sans elle… Je serais très probablement toujours en train de travailler pour Hydra. Je me demande pourquoi ce sujet-là n'est pas remonté, l'an passé, au Tribunal, puisqu'ils semblaient tout savoir à mon sujet… Peut-être ont-ils jugé que cela serait… Trop « cruel » de nous rappeler tout ça, à Tasha et moi… Ce sont elle, Clint et Fury qui m'ont ramenée, d'ailleurs… Qui m'ont… Réveillée… Après ça, Fury m'a justement envoyée en mission avec Moira, au sein de la CIA pour éviter que Decker sache où me trouver, puis ça m'a conduite à mon stage à la NASA et ensuite, c'est chez les Avengers qu'il m'a dit d'aller, le temps que tout se calme… Tous les trois étaient là le jour où je suis… Revenue, alors que j'avais une mission à accomplir.
–C'était quoi ? l'interrogea Tony, désormais curieux de tout savoir.
–J'avais une liste. Six noms. Six personnes à rayer de la carte définitivement. Tasha était dessus, Clint aussi.
–Qui étaient les autres ?
–Il y avait Logan, bien sûr, qui errait quelque part dans la nature depuis peu… Thor, aussi, déclara-t-elle, ce qui le surprit. Ensuite… Charles. Il était une menace pour Hydra, ses pouvoirs étaient trop dangereux pour l'association, alors ils voulaient qu'il disparaisse. Et il n'a pas pu m'aider, parce qu'il était encore trop faible après ce qu'il s'était passé avec Apocalypse, puis la mort de Jean. Et… Et toi.
–Quand on y pense… Ça n'a rien d'étonnant, souffla-t-il. Il savait parfaitement qui tu étais, alors il a voulu que tu élimines ceux qui comptaient le plus pour toi, ce qui m'incluait dans le lot… En revanche, si je ne m'abuse, tu n'as rencontré notre dieu porte-bonheur qu'en fin d'année, autrement dit, quelques mois plus tard ? déclara-t-il. Alors pourquoi son nom figurait-il sur la liste ?
–Peut-être parce qu'il pouvait devenir un obstacle pour eux… ? suggéra-t-elle, n'en sachant pas plus que lui. Je n'en sais rien et très franchement, je me demande si je veux réellement en savoir plus… Parce que je n'ai plus envie d'y penser. Et… je pense être prête à tourner la page.
–Vraiment ? dit-il en se plaçant face à elle.
–Ça m'aura pris des années, mais… Oui, je crois, affirma la mutante en regardant en direction du canapé où s'étaient tenus, un peu plus tôt, une pâle copie d'elle-même tirée tout droit de ses souvenirs ainsi que l'image qu'elle avait gardée de son père adoptif. Je ne voulais pas avancer, parce que j'avais l'impression d'avoir laissé tant de choses derrière moi… Alors que le principal se trouvait juste devant, poursuivit-elle en reposant les yeux sur son grand frère, qui esquissa un sourire à l'entente de cette phrase. Tony, je suis désolée de t'avoir caché tout cela avant, j'avais simplement peur d'en parler.
–Tu n'as pas à t'excuser, et je suis ravi que tu te sois confiée à moi, répondit-il en s'approchant, la tenant par les épaules. Sache simplement que désormais, plus rien de tout ça ne se produira à nouveau. Tu es prête à aller de l'avant, et tu n'es plus seule. Tu m'as moi, tu as Nat, tu as… Tout un tas d'amis proches qui n'hésiteront jamais à te venir en aide si besoin. Et puis, tu as aussi tous ceux qui ne sont plus là, mais qui sont sûrement très fiers de toi, ajouta-t-il en conservant son sourire. Moi, en tous cas, je le suis. Et je te le répéterai tous les jours s'il le faut, mais ne l'oublie jamais, d'accord ?
Elle lui rendit son sourire et il la serra dans ses bras. Elle ne saurait dire combien elle aimait son frère. Combien elle aurait été prête à tout pour lui. Il pensait exactement la même chose la concernant, seulement depuis plus longtemps. Avant même qu'elle ne naisse, il avait commencé à l'aimer. A imaginer comment ils grandiraient et évolueraient ensemble. Le destin leur avait joué le pire des tours, mais ils s'en étaient sortis. Ils s'étaient relevés. Ils avaient combattu, séparément, côte à côte, l'un contre l'autre, mais ils avaient réussi à s'extirper du cauchemar dans lequel ils vivaient depuis si longtemps.
Ensemble. Ils étaient ensemble, et rien ne pouvait venir à bout d'eux du moment que c'était le cas, ils le savaient désormais. Tony, serrant toujours Madison dans ses bras, observa un instant le canapé, où il avait aperçu l'illusion créée directement à partir de la mémoire de la jeune femme. Celle qui représentait ce mutant qui avait tant pris soin d'elle. Il regrettait de ne jamais pu avoir lui faire comprendre à quel point il était reconnaissant pour tout ce qu'il avait fait pour elle. Tout ce qu'il avait mis en œuvre afin de la protéger des dangers extérieurs jusqu'à ce qu'elle soit capable de se défendre seule. Tout l'amour paternel qu'il lui avait offert pour que jamais elle ne se sente seule. Son regard s'éleva un peu, vers le plafond, se perdant dans le vide, et il murmura presque imperceptiblement « Merci… » espérant sincèrement qu'où qu'il soit, Logan savait.
Bien sûr qu'il savait.
–On rentre ? lui proposa-t-il alors en s'écartant afin de la regarder.
–Volontiers… souffla-t-elle, lui souriant toujours, et ils se dirigèrent vers la porte d'entrée, toujours ouverte. Tu as des projets à achever dans les prochains jours ? lui demanda-t-elle ensuite une fois qu'ils furent dehors, et elle referma derrière eux, conservant avec elle la clé des lieux, puis ils descendirent quelques marches en bois.
–Hum… Voyons voir, se mit-il à réfléchir, je vais sûrement devoir rappeler Jefferson, qui n'a pas trop compris hier pourquoi je lui ai demandé de ramener à la tour tous les dispositifs que tu as créés en une seule nuit, et en dehors de nos labos… Et toi, enchaina-t-il, je suppose que tu vas devoir les désactiver, n'est-ce pas ?
–Exact, confirma-t-elle, et la maison derrière eux disparut sous un dôme protecteur qui la rendait invisible aux yeux des autres. Mais comme tu l'as précisé, c'est moi qui les ai faits, alors ça ne devrait pas être bien compliqué.
–Ah oui ? Tu penses avoir terminé d'ici combien de temps ?
–Oh, je ne me donne pas plus de deux ou trois heures, assura-t-elle tandis qu'ils empruntèrent un sentier qui traversait les bois.
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Trois semaines plus tard ;
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–Je commence à en avoir tellement marre, soupira la mutante en appuyant son front sur ses bras croisés et posés sur son bureau.
–Je croyais que c'était toi qui avais fabriqué ces engins, lui rappela Natasha en examinant de plus près l'une des machines dont il était question, et dont il émanait toujours un peu de lumière bleue, bien qu'elles n'aient plus servi depuis un bon moment.
–Sauf qu'au cas vous l'auriez oublié, Agent Romanoff, je ne m'en souviens pas, s'exclama Madison en redressant la tête. Cette technologie me dépasse, et je vais finir par tout balancer dans un broyeur, si ça continue… Eh, doucement, enchaina-t-elle en la voyant soulever un morceau de métal qui faisait cinquante bons centimètres de long, je ne voudrais pas que tu finisses par ne plus être capable de te servir de ton autre bras, déclara-t-elle en faisant allusion au fait que le bras gauche de l'espionne russe reposait dans une orthèse depuis que son coude avait été fracturé au lendemain du nouvel an. Déjà que tu as refusé que je te soigne… râla-t-elle, le prenant un peu personnellement.
–Ce n'est pas contre toi, lui affirma la rouquine en relevant les yeux vers elle, puis elle s'approcha du bureau. Je ne t'en veux pas, et tu le sais très bien… soupira-t-elle en la regardant. Je ne t'en voudrai jamais pour tout ça, que ça soit clair.
–Très bien… répondit son amie en soupirant.
–Ton genou, ça va mieux ? l'interrogea-t-elle ensuite en s'asseyant sur une chaise non loin d'elle. Tu as dit que la douleur n'était remontée qu'au bout de quelques jours ?
–Bah, c'est trois fois rien, ça passera… déclara-t-elle, penchée sur des documents et sur sa tablette où s'affichaient des schémas compliqués.
–Et toi, ça va ? s'enquit-elle de savoir, bien plus sérieuse, et Madison leva les yeux vers elle, surprise par ce changement soudain de ton. Ça fait presque un mois, tu ne ressens aucun… Aucun changement étrange ?
–Pas particulièrement, non.
–… Et si ça n'avait pas marché ?
–Quoi donc ?
–Quand je t'ai demandé de te souvenir… déclara-t-elle soudainement, ce qui intrigua la mutante. Les deux fois, ça t'a déstabilisée et la première fois, ça nous a permis de te ramener au QG, mais je n'arrête pas de me dire que ça aurait pu ne pas fonctionner, dit-elle ensuite, perdue dans de mauvais souvenirs. Je crois que tout ça est arrivé parce que je n'étais pas suffisamment présente, affirma-t-elle et si Madison ne la connaissait pas, jamais elle n'aurait pu percevoir cette pointe de culpabilité dans sa voix. Je savais que te laisser seule était une très mauvaise idée, mais j'ai cru que tu avais besoin de temps, alors… Je suis restée en retrait, et je n'aurais pas dû.
–Tasha…
–J'assume pleinement la faute, poursuivit-elle. J'ai toujours eu une dette envers Clint et toi, et je doute que mon ardoise soit un jour effacée.
–Je te rappelle que je ne serais pas là sans toi, déclara la brune en souriant à son amie. Au fait, techniquement, j'ai gagné.
–Pardon ? s'étonna l'autre femme.
–Eh bien, le pari, lui dit-elle, mais elle vit que la rouquine ne semblait toujours pas comprendre. Tu sais, celui qu'on a fait il y a plusieurs années, sous le porche de ce motel, lors d'une nuit pluvieuse ?
Natasha soupira et leva les yeux au ciel lorsque pour elle, tout prit son sens.
–Je vois très bien où tu veux en venir, reprit donc l'espionne russe, mais non, tu n'as pas gagné, parce que tu es revenue.
–Ah, mais justement, répliqua-t-elle en conservant son sourire, j'ai quand même passé l'arme à gauche pendant quelques minutes, alors… Ça compte, non ?
–Alors rien du tout, répondit-elle, se prêtant au jeu. Je t'ai déjà dit qu'il était hors de question que tu remportes ce pari.
–Si tu veux, la prochaine fois, j'attendrai quelques jours avant de revenir, juste pour te prouver qui en sortira vainqueur.
–Bon courage pour ça, s'exclama-t-elle, un petit sourire discret au coin des lèvres, les deux femmes ayant récupéré leur bonne humeur. Je ne suis pas du genre à perdre aussi facilement, je suis née avec une âme de gagnante.
–Ça tombe bien, moi aussi, mais je crois que Clint ne serait pas vraiment content s'il savait qu'on pariait sur des sujets pareils, répondit la mutante, amusée. Tu peux passer le truc sur ta droite ? lui demanda-t-elle ensuite, se reconcentrant sur l'appareil qu'elle avait fabriqué.
–Qu'est-ce que c'est ? l'interrogea Natasha en détaillant l'objet durant un instant avant de le lui tendre.
–Aucune idée, affirma l'autre en s'en emparant, mais peut-être que ça pourra aider, enchaina-t-elle en haussant les épaules. J'espère juste que je ne vais pas faire exploser quoi que ce soit avec, souffla-t-elle, faussement inquiète.
–Préviens-moi à l'avance, histoire que j'ai le temps de me mettre à l'abris…
Elles s'échangèrent un sourire et se remirent au travail, leur discussion étant désormais close. Seulement, le silence ne dura pas longtemps, car il fut interrompu par une troisième voix féminine que les deux agents ne connaissaient que trop bien.
–Mademoiselle Stark ? l'appela Friday. Vous êtes demandée.
–Ce n'est peut-être qu'une impression… reprit Madison en se tournant vers la rouquine, mais j'ai le sentiment qu'il nous est tout bonnement impossible d'être tranquilles, s'exclama-t-elle, puis elle détourna le regard, prête à s'adresser à l'intelligence artificielle. Est-ce qu'il y a le feu à la tour ?
–Non.
–Quelqu'un est en danger de mort ?
–Non.
–On est à court de bourbon ?
–Non plus mademoiselle.
–Bon, alors tout va bien ! affirma-t-elle d'une voix forte. Friday, tu feras aimablement comprendre à Tony que si je fais l'effort de respecter ses heures de travail, il se doit de faire la même chose en retour, l'informa-t-elle, et lorsque l'I.A. se remit à parler, elle enchaina : Non, je ne veux rien savoir. Il peut bien patienter une vingtaine de minutes, non ? Oh, et rappelle-lui que ce n'est pas parce qu'il est le plus vieux qu'il a forcément plus d'autorité… lança-t-elle, et Natasha ne put que sourire de plus belle.
–Je crains que cela soit particulièrement important, précisa Friday, tandis que l'une des portes du laboratoire commença à s'ouvrir.
–Allons, à part la fin du monde, proclama Madison d'un air théâtral en se redressant, qu'est-ce qui pourrait être pl…
Elle se tut brusquement lorsqu'elle vit la personne qui se tenait dans l'embrasure de la porte, et elle s'appuya sur le bord de son bureau, abasourdie. Derrière elle, Natasha se pencha légèrement, cherchant à comprendre pourquoi son amie s'était figée de la sorte. Face à elles, à quelques mètres seulement se trouvait un homme. Il était grand et abordait un air à la fois troublé et serein. Intérieurement, la rouquine se moquait gentiment de la façon dont les deux individus s'épiaient.
–Mais… Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Madison au nouvel arrivant, plus que surprise. Tu… Tu n'étais pas censé passer avant au moins deux semaines…
–Il y a eu un changement de plan, répondit Thor en souriant joyeusement, puis il regarda l'espionne et la salua d'un ton chaleureux. Natasha.
–Thor, émit-elle sans les lâcher des yeux. Et la mission sur Alfheim ? le questionna-t-elle, se souvenant des nombreux messages qu'il avait échangé avec eux concernant ses longs voyages spatiaux.
–Elle s'est écourtée, dit-il en reportant son attention sur la brune, vers qui il fit un pas avant de déposer Mjolnir au sol. En arrivant sur place, j'ai eu l'occasion de croiser d'anciens amis qui supervisaient les récoltes des terres de l'ouest. J'ai ensuite appris qu'ils avaient été informés de ce qui est arrivé ici en début d'année.
–Oui, on… On a prévenu les ambassadeurs il y a peu de temps, confirma la sœur du propriétaire des lieux. Comment vont-ils ?
–Bien… Très bien, même, déclara l'asgardien. A vrai dire, c'est en grande partie à cause d'eux que je me retrouve ici aujourd'hui, avoua-t-il, ce qui étonna les deux femmes présentes dans la pièce. Après avoir arpenté la planète durant quelques jours afin de m'assurer que tout allait pour le mieux, Radriel et moi avons discuté de la prochaine entrevue qu'auraient les asgardiens et les Elfes Clairs. Lorsque Nasea nous a rejoints, elle a trouvé que je paraissais bien plus distant et absent qu'à mon habitude. Nous avons… Longuement parlé, et une conclusion a fini par tomber.
–Une conclusion, mh ? répéta Natasha, curieuse, restant assise à sa place. Je me demande bien ce que ça peut être… grommela-t-elle, ayant déjà une petite idée de la réponse qu'elle allait recevoir.
–J'ai eu l'impression qu'elle savait ce à quoi je pensais. Plus nous parlions, plus elle comprenait, et plus elle me donnait de conseils, que j'ai donc décidé de suivre en revenant sur Midgard, leur expliqua-t-il.
–Comment ça ? demanda la mutante, toujours aussi perdue, voyant alors le dieu nordique prendre une grande inspiration.
–Je… J'ai traversé l'Univers à la recherche des dangers qui pourraient le menacer, j'ai été prêt à me battre pour défendre sa liberté et la paix qui y règne. J'ai fait passer les besoins des autres avant les miens, j'ai protégé et défendu les plus démunis. Et après tout ça, c'était comme si je n'avais toujours pas trouvé mon vrai but, ma place, soupira-t-il. Au beau milieu de notre conversation, Nasea m'a fait une remarque, et j'y ai réfléchi durant plusieurs heures avant de prendre la décision de revenir. La vérité, c'est que… J'ai envie d'être égoïste, déclara-t-il de la même manière que l'avait le lui affirmé la mutante lorsqu'elle avait osé franchir le pas et se rapprocher de lui. J'ai le sentiment d'être passé à côté de tant de choses, malgré mes nombreuses années d'existence, mais le vide qui s'est créé en moi a disparu il y a un moment. J'ai compris ce qui l'avait remplacé grâce aux paroles de Nasea, même si je pense que je le savais déjà.
–Que veux-tu dire… ? murmura Madison, comprenant peu à peu ce qu'il insinuait.
–Je crois que… Ma place est ici. Sur cette planète… Avec toi.
Depuis sa chaise, Natasha les observait silencieusement, très attentive au comportement de chacun.
–Tu veux dire que… Tu vas… Rester ? lui demanda la midgardienne.
–Eh bien, si ma présence ne pose aucun problème, reprit Thor, visiblement nerveux, … oui. Oui, j'aimerais beaucoup rester.
–Et la Galaxie alors ?
–Du moment que la fin du monde ne frappe pas à ses portes… Je pense qu'elle se portera bien, affirma-t-il, un petit sourire se dessinant sur son visage, tandis que Madison avait presque inconsciemment commencé à avancer vers lui. Alors… Qu'en dis-tu… ? Penses-tu qu'il reste une place pour moi dans cette ville ?
Il n'eut pas la moindre idée de ce qui était en train de se passer dans la tête de la mutante à cet instant précis. De toutes façons, il n'eut pas vraiment le temps d'y réfléchir très longtemps, car la jeune femme marcha vers lui d'un pas rapide avant de se jeter dans ses bras en souriant, le serrant fermement contre elle, ne voulant plus qu'il s'éloigne. Il lui rendit son étreinte avec bonheur, ayant espéré plus que tout qu'elle ait une réaction de ce type à son annonce.
–J'ai bien l'intention de rester aussi longtemps que possible, déclara-t-il en s'écartant afin de croiser son regard, la maintenant toujours proche de lui en ayant placé une main dans son dos. Madison Stark, vous finirez par causer ma perte, soupira-t-il, toujours en souriant.
–Et vous causerez la mienne, Majesté, enchaina-t-elle en répondant à son sourire, se rapprochant ensuite de lui, plaquant son front contre son torse, tandis qu'il appuya son menton sur le sommet de son crâne.
N'ayant pas bougé durant tout l'échange, Natasha se leva enfin d'un geste très lent et gracieux, contourna le bureau et passa non loin d'eux. Ses yeux bleus croisèrent ceux de l'asgardien, qui eut du mal à interpréter ce regard qu'elle lui avait lancé. Un avertissement, peut-être, le même qu'elle lui avait fait oralement le soir du nouvel an, comme pour le mettre en garde que quoi qu'il arrive, où qu'elle se trouve, même depuis l'autre bout de la planète, elle aurait toujours un œil sur lui afin de s'assurer qu'il rendait sa meilleure amie heureuse. Il ne remarqua cependant pas le petit sourire discret qu'elle eut ensuite, quittant le laboratoire. Elle n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit pour qu'au fond, tous deux sachent qu'elle ne leur souhaitait que ce qu'il y avait de meilleur. Parce qu'ils le méritaient.
–Tu es quand même conscient que mon frère risque de faire la tête pendant quelques temps ?
–Disons que je suis prêt à prendre le risque, répondit l'asgardien tout en conservant son sourire.
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Le vieil homme ne tiqua pas spécialement lorsqu'il entendit la clochette retentir, indiquant que quelqu'un venait tout juste d'entrer dans l'établissement, tant il demeurait occupé à essayer de faire refonctionner son radiateur électrique convenablement, l'objet en question commençant à rendre l'âme. Le nouvel arrivant se dirigea immédiatement vers l'un des casiers d'un pas serein et mécanique, car c'était devenu une habitude pour lui, depuis plusieurs mois. Il sortit un trousseau de clés de sa poche et en chercha une pendant un instant, qu'il trouva au bout de quelques secondes. Il l'inséra dans la serrure de l'une des boites, celle marquée du numéro dix-sept, et la tourna d'un mouvement vif, suspendant néanmoins son geste pour soupirer, se demandant, comme toujours, s'il devait ouvrir ou non. Il s'agissait de l'un de ses plus grands dilemmes.
–Ah, tiens, c'est vous, s'exclama le vieillard d'un ton enjoué lorsqu'il tourna la tête afin de voir qui était entré. Toujours à l'heure, n'est-ce pas ? fit-il remarquer en observant brièvement sa montre avant de se redresser pour ensuite retourner s'installer derrière son bureau. Vous avez du courrier, je crois, affirma-t-il en s'asseyant, faisant grincer sa chaise.
L'autre ne répondit pas et ouvrit la petite porte métallique, constatant qu'effectivement, quelque chose l'attendait dans le compartiment. Il s'empara de la lettre, observa un instant les deux lettres correspondant à ses initiales inscrites à l'encre noire sur le papier et soupira avant de refermer à l'aide de sa clé. Alors qu'il s'apprêta à tourner les talons afin de sortir, quelque chose attira son attention dans un coin de la pièce, là où l'homme aux cheveux blancs entreposait ses vieux journaux en les empilant. Il arrêta donc de marcher, ayant aperçu l'un des gros titres du coin de l'œil, où des prénoms imprimés en grand lui étaient plus que familiers. Il attrapa lentement le journal afin de mieux voir de quoi il s'agissait.
–Ah, ça, lui lança l'autre homme en voyant qu'il s'attardait un peu, on dirait que votre copine fait parler d'elle, en ce moment…
Le plus « jeune » des deux examina l'image qui avait fait la une, le lendemain du nouvel an, où se trouvaient le dieu nordique qu'il avait rencontré en deux-mille douze ainsi que Madison Stark, tous deux étant en train d'échanger un baiser au beau milieu de Central Park. Il en fut surpris, certes, mais comme il s'éloignait un peu de tout ce qui touchait de près ou de loin à la presse, en ce moment, il n'avait donc pas eu l'occasion de lire les nouvelles qui étaient sorties le premier janvier.
–Par ailleurs, je crois qu'elle attend que vous lui écriviez, de temps en temps… lui suggéra-t-il avant de se replonger dans la lecture du livre qu'il avait temporairement laissé de côté pour aller réparer le chauffage. Je suis certain que ça lui ferait très plaisir.
Le grand blond baissa la tête, serrant sa main autour de l'enveloppe. Il savait que les paroles de son interlocuteur avaient leur part de vrai, mais il était encore trop perdu pour le moment. Il tourna légèrement la tête vers lui, songeur, et soupira.
–… Peut-être, souffla Steve Rogers avant de sortir, disparaissant dans la rue.
Et voilà, nous y sommes... La fin du Tome 3 de "Docteur Grace"... On en apprend toujours un peu plus sur le passé de Madison, et ça va continuer à avancer. Ce qui est encore trouble finira par s'éclaircir dans les prochains tomes, c'est promis ! Il ne reste plus que l'épilogue, qui introduira le TOME 4 de cette histoire, et qui sera basée sur le film "Thor-Ragnarok". J'espère sincèrement que jusque-là, mon histoire vous plait, et qu'elle vous ravira toujours autant à l'avenir! Sachez qu'en tous cas, je prends un plaisir fou à la rédiger (également beaucoup de temps, pour être honnête), et je n'ai pas vraiment un jour envie d'arriver à la fin... Ecrire cette fic me fait rêver, voyager... Et c'est pour ça que je vous prévoie encore tout un tas de surprises plus rebondissantes que toutes celles auxquelles vous avez "assisté" en lisant les trois premiers tomes de cette fiction... Bref, je ne vais pas vous retenir plus longtemps, et je vous laisse avec l'épilogue.
Bonne lecture!
Leelou
