Note de l'auteur: Bonjour ! Me revoici avec une publication un peu chaotique, je ne sais pas trop si je redeviendrai régulier un jour, mais bon, je me suis dit que c'était le moment pour vous de découvrir ce chapitre. Au programme, vous vous en doutez vu le titre, une prise de décision... Et j'avertis que vous aurez droit à une sorte de lemon sur la fin du chapitre.

Je remercie toutes les personnes qui me suivent encore après autant de chapitres et de temps, et spécialement les gens qui me laissent des reviews, ça m'aide beaucoup à poursuivre mes publications.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture !


Chapitre 33 – Prise de décision

« Hyôga, il faudrait que je te parle » déclara Camus d'un air grave, au beau milieu de leur repas du soir.

L'intéressé leva la tête de son assiette pour contempler son maître, légèrement surpris. Qu'est-ce que c'était que ce ton solennel que le maître des glaces prenait ? En général, ce genre d'affirmations, dites avec cet air sérieux… Cela n'augurait rien de bon, pensa immédiatement le plus jeune.

Cela faisait à présent trois jours depuis que Milo avait réussi à avaler son premier repas. Cela avait été laborieux, surtout au début, mais Camus avait réussi à le faire manger matin, midi, et soir. La régularité était essentielle pour qu'il se réaccoutume. A présent, Milo arrivait à ingérer au moins les trois quarts de ses repas. Il n'y avait besoin de lui injecter de médicament qu'à dose beaucoup plus réduite. Camus envisageait même de laisser tomber ses injections définitivement le lendemain, puisque le chevalier arrivait à remanger correctement. Son estomac avait réussi à se faire au nouveau rythme imposé. Milo avait eu peur, la première fois que Camus lui avait reproposé quelque chose de davantage solide à avaler, mais tout s'était beaucoup mieux passé. La guérison de Milo était sur la bonne voie. A présent, il commençait à avoir beaucoup moins besoin de dormir, même s'il restait sévèrement affaibli. Il arrivait à bouger un peu plus dans son lit, mais il n'était pas question de marcher ou de faire d'efforts trop violents. Et Milo avait toujours besoin de faire des siestes. Surtout l'après-midi. C'était ce qu'il faisait pendant que Camus et Hyôga s'attelaient à leur entraînement quotidien.

Hyôga avait même pu passer un petit peu de temps avec Milo, en compagnie de son maître. Un après-midi, après leur entraînement, le mage avait proposé qu'ils fassent une petite partie d'un jeu de hasard. Et Hyôga avait pu faire vaguement connaissance avec un Milo un peu plus réveillé que les autres fois. Sa personnalité tranchait vraiment avec celle de maître Camus, s'était-il dit. Celui-ci était calme en permanence, mais Milo, lui… Avait l'air d'être quelqu'un de beaucoup plus spontané. Et d'espiègle. Et encore, il était épuisé, et diminué… Le disciple des glaces se demandait ce que cela devait donner quand Milo était complètement opérationnel. Un cyclone, sans doute, pensait-il avec un peu de crainte. On l'avait éduqué dans un calme légendaire et constant, et l'idée de côtoyer soudain quelqu'un d'autant opposé à Camus, dans sa manière de se comporter, était un peu effrayante pour le disciple. Sur qui était-il tombé, au juste ?

Milo, donc, recommençait à reprendre plus de forces. Et Camus avait l'air satisfait… Alors… Qu'est-ce que c'était que cette demande, au juste ? Réfléchit le disciple. Milo avait fait une rechute, ou quoi ?

« Allez-y, maître, lui enjoignit Hyôga. Il se passe quelque chose ? »

Camus le considéra un instant de ses beaux yeux arctiques.

« Ecoute, Hyôga… J'ai pris une décision importante, et je voulais t'en faire part.

- Une décision importante ? Répéta l'intéressé, confus. Concernant quoi ?

- Demain, je pars en bateau pour la Citadelle Bénite », lui annonça-t-il sur un ton sans appel.

Hyôga fronça les sourcils, désagréablement surpris de la nouvelle.

« Quoi ? Mais pourquoi ? L'interrogea-t-il vivement.

- Il s'agit d'une démarche risquée, mais… Je voudrais tenter de régulariser la situation de Milo. »

A ces mots, le disciple s'apeura ostensiblement.

« Quoi ?! Mais… Mais c'est extrêmement dangereux ! S'exclama-t-il. Si vous faites cela, ils sauront que vous êtes impliqué dans sa désertion !

- Oui, en effet, confirma Camus, sans s'émouvoir le moins du monde.

- Non, maître ! Vous ne pouvez pas y aller ! Continua le plus jeune. C'est de l'inconscience !

- Fais attention à ce que tu dis, siffla froidement l'intéressé. Je te défends de me taxer d'inconscience. J'ai parfaitement pris les risques en compte.

- Maître, vous ne pouvez pas vous livrer ainsi ! Ils pourraient vous emprisonner, vous tuer ! S'écria tout de même Hyôga.

- Je sais », fit platement Camus.

Hyôga écarquilla les yeux devant le stoïcisme de son maître.

« Pourquoi est-ce que vous tenez tant à faire ça pour lui ? Lui demanda-t-il, très troublé. Il est encore alité… Si vous partez, qui va s'occuper de lui ?

- Il va falloir que tu le fasses à ma place pendant mon absence, Hyôga, admit Camus d'un air embêté. C'est évidemment de cela dont je voulais te parler.

- Mais il n'y a pas moyen d'attendre ? De faire ça plus tard, quand il sera mieux ? L'interrogea encore Hyôga.

- J'ai peur que davantage guéri… Milo ne m'empêche de partir », lui avoua Camus.

Un silence lourd tomba entre le maître et le disciple.

« Vous n'allez pas lui dire ? Fit Hyôga au bout d'un moment, éberlué. Vous allez prendre ce risque énorme pour lui… Et vous n'allez même pas le prévenir ?

- Non, confirma Camus. Je vais le mettre devant le fait accompli.

- Maître… Je crois que vous me faites peur… Lui avoua soudainement Hyôga.

- Je te fais peur ? Releva Camus en arquant un sourcil.

- Votre comportement… C'est beaucoup trop irrationnel… Je ne comprends pas. Pourquoi vous faites ça pour lui ? Qu'est-ce que vous lui devez ?!

- Je ne lui dois rien. Et je commence à te trouver blessant, Hyôga.

- Excusez-moi ! S'écria celui-ci avec une colère subite. Vous revenez avec ce type dont j'ai jamais entendu parler avant, là, avec son épée d'assassin psychopathe, il reste ici une semaine, et tout à coup, le monde cesse d'exister ?!

- HYÔGA ! Hurla soudainement Camus, pâle de colère. Tu retires tout de suite ce que tu viens de dire ! »

La température de la pièce baissa drastiquement. Hyôga observa avec appréhension son maître se décomposer sous une rage extrêmement visible.

« C'est la dernière fois que je t'entends manquer de respect à Milo ! Rugit-il. LA DERNIERE ! Je me suis bien fait comprendre ?! »

Hyôga se sentit rétrécir, d'un seul coup. La table devant lui se mit à geler.

« Milo est un chevalier droit, noble, et généreux ! Si je t'entends dire une seule fois de plus le contraire, tu passeras semaine dehors, dans la nature ! Excuse-toi IMMEDIATEMENT ! »

Hyôga se sentit soudain plus frêle qu'un gamin sous le regard glacial de son maître. Il l'avait rarement vu aussi en colère. Même dans ses plus mauvais jours.

« Excusez-moi, maître » prononça-t-il timidement.

Note à soi-même… Milo était un sujet sensible, pensa immédiatement Hyôga. Pas touche à Milo. C'était enregistré.

« Bon, fit Camus en se calmant considérablement. Il n'empêche pas que ma décision est prise. Et quant à toi, mon garçon, tu vas me faire le plaisir de bien te comporter envers lui, pendant mon absence. Si j'ai vent du moindre manquement de ta part, en rentrant, tu vas t'en souvenir. »

Hyôga déglutit simplement. Rien ne l'empêcherait de penser que sur le sujet de Milo, son maître n'était pas que légèrement irrationnel. Mais restait à comprendre pourquoi.

« Maître… S'enquit timidement Hyôga. Et si… Et si vous ne reveniez pas… ? »

Camus poussa alors un soupir.

« Oui. Cela reste une possibilité, admit-il, imperturbable. Si je ne revenais pas… Reste bien caché sur l'île. Continue de t'occuper de Milo… Et lorsqu'il ira mieux, vous aviserez… Et il pourra te protéger. C'est un épéiste hors pair. Je sais qu'il te défendra, si vous rencontriez le moindre danger, et s'il devait m'arriver malheur. »

Cela ne réconforta pas beaucoup le disciple.

« Hyôga, reprit Camus en voyant son air triste. Tu te doutes bien que je ne pars pas dans l'optique de ne pas revenir. Si je pensais que ma démarche n'avait aucune chance d'aboutir dans le bon sens, je ne la risquerais pas. Or, je crois sincèrement qu'il est possible d'au moins faire cesser les poursuites à l'encontre de Milo. Le Grand Pope me connaît… Il sait que je lui suis dévoué. Je mise là-dessus pour qu'il consente à m'écouter, et qu'il gracie Milo. Et… Hyôga, si je pars maintenant, ce n'est pas seulement à cause de Milo. Je voudrais aussi tout simplement empêcher d'éventuels poursuivants de trouver notre île. Le fait que personne ne sache où elle est nous garantit une sécurité dont je ne voudrais pas me passer. Je ne veux pas la risquer davantage. C'est la raison pour laquelle je veux partir maintenant. »

Hyôga secoua la tête, soudain désemparé. Il savait que son maître ne pourrait pas être raisonné. Il l'enfermerait dans de la glace éternelle s'il lui résistait.

« Je ne veux pas que vous partiez, maître, fit le disciple en sentant ses yeux s'embuer légèrement. J'ai peur pour vous. »

Camus, en le voyant ainsi, se leva de sa chaise, et contourna la table pour poser une main apaisante sur l'épaule du plus jeune.

« Tout va bien se passer, Hyôga. J'en suis certain. Tu me fais confiance, n'est-ce pas ?

- Je vous fais confiance, maître Camus… Acquiesça le plus jeune. Mais ça ne m'empêche pas d'avoir peur.

- Dans ce cas… Tu devras être courageux, lui enjoignit Camus. Je sais que tu le seras. Tu l'as toujours été. Tu ne me décevras pas. »

Un silence solennel tomba entre eux.

« Hyôga, je compte sur toi pour aider Milo, continua Camus. Il va mieux, mais il va avoir besoin d'assistance. Je crois qu'à partir de demain, à condition qu'il mange toujours comme il faut, il n'y aura plus besoin de lui faire de piqûres. Mais il faudra que tu l'aides à se déplacer lorsqu'il te le demandera. Tu pourras faire cela pour moi, s'il te plaît ? Tu écoutes bien ce qu'il te dit, et tout devrait bien se passer. Il a davantage de forces, maintenant… Il sera plus alerte pour te dire ce dont il a besoin. »

Hyôga ne répondit rien.

« Tu as compris ce que je t'ai dit, Hyôga ? L'interrogea plus sévèrement son maître.

- Je… Je ferai de mon mieux en votre absence, maître Camus, confirma le disciple d'une petite voix.

- C'est bien, ponctua-t-il, satisfait. Tu es grand, désormais, Hyôga… Et je sais que tu sauras te débrouiller pour que vous mangiez tous les deux. Si tu pouvais faire cela pour moi, pendant que je ferai cette démarche… Je serai infiniment fier de toi. »

Hyôga hocha de la tête en silence.

« Maître… Combien de temps est-ce que vous pensez être parti, si tout va comme vous le souhaitez ?

- Au moins deux jours entiers, tu t'en doutes, répliqua calmement Camus. Tu sais bien que c'est le temps le plus bref dont j'aurai besoin pour faire l'aller-retour. Si tout se passe comme je le souhaite… En partant demain matin, tôt, tu devrais me revoir en fin de matinée, deux jours après. Et si tout ne se passe pas comme prévu… Je ne saurais faire de prédictions, malheureusement.

- D'accord », murmura Hyôga, la mine chagrine.

Camus considéra un instant de plus son jeune élève.

« Hyôga, il est possible que… Hésita Camus.

- Que quoi ? Répéta l'intéressé.

- Il est bien possible que Milo… Ne prenne pas très bien le fait que je parte, lui avoua le mage. Surtout dans son état… Alors, s'il s'agite, surtout, empêche-le de faire des bêtises. Ne le laisse pas toucher à son épée… Et fais en sorte qu'il mange tous ses repas. C'est important. J'ai prévu de lui laisser un mot… Qui j'espère, fera taire ses angoisses au moins un peu. Il faudra que tu lui donnes demain, quand il s'éveillera, s'il te demande où je suis. »

Hyôga s'apeura de cette perspective.

« Maître… Vous êtes vraiment sûr que vous ne voulez pas au moins l'avertir ? Tenta-il. Je crois que… Ce serait moins brutal, pour lui.

- Si je lui annonce, il ne va pas dormir de la nuit, raisonna Camus, embêté. Et comme je te l'ai dit… Il va me faire promettre de ne pas partir… Et je ne veux pas avoir à faire une telle chose. Je ne peux pas le trahir sciemment. C'est au-dessus de mes forces. »

Le disciple fit une moue embêtée. Il avait l'intuition qu'il devrait gérer une tempête, pendant l'absence de son maître. Ce Milo n'avait pas encore recouvré toutes ses forces… Mais… Hyôga avait le sentiment que ce n'était pas quelqu'un qu'il fallait chercher.

« Dites-moi… Milo… Il ne risque pas d'essayer de me faire du mal, quand même ? S'enquit le disciple d'une voix hésitante.

- Non, ne t'en fais pas, le rassura immédiatement Camus. J'ai davantage peur qu'il ne cherche à s'en faire à lui-même. Il sait que tu es mon disciple, et c'est un être droit. Je te l'ai déjà dit. Il ne t'agressera pas, j'en suis certain. Je le connais. »

Hyôga ne répondit rien. Il espérait de tout cœur que son maître eût raison.

« Ça va bien se passer, Hyôga. J'en suis sûr. Je reviendrai. Je te le promets. »

Pour appuyer son propos, le maître des glaces déposa un baiser au sommet du crâne de Hyôga, qui se sentit un peu réconforté à ce contact. Maître Camus avait bien intérêt à revenir, oui… Sinon, il se construirait un radeau de fortune pour aller le chercher lui-même.


La nuit était tombée sur la maison depuis quelques heures. Camus et Milo étaient dans le noir complet de la chambre du mage, tous les deux allongés sous les draps. Camus attendait simplement que Milo ne s'endorme. Lui, il ne savait pas s'il en serait même capable. La perspective de ce qu'il allait faire le lendemain le nouait… Mais il savait qu'il devait essayer de récupérer de sa journée. Ce qu'il allait entreprendre serait fatiguant. Comme il comptait partir tout seul en bateau, il n'aurait pas le luxe de se relayer avec son disciple. Cela voudrait dire qu'il ne serait obligé de ne dormir qu'avec grande parcimonie, et ce serait éreintant. Sans parler du fait qu'il devrait être en forme pour plaider le cas de Milo devant le souverain de la Citadelle Bénite. Il aurait intérêt à être convaincant s'il voulait repartir vivant du Continent Béni, et continuer à s'occuper de Milo et de Hyôga à son retour. Toutes ces perspectives étaient au mieux effrayantes. Et il essayait de ne pas trop y penser.

Toutefois, il était résolu. Il était certain que quelque chose pouvait être fait, pour Milo. Les circonstances de sa désertion étaient très particulières… Et Camus était même prêt à prendre le blâme à sa place pour le sauver, s'il le fallait. Il tenait à ce que Milo soit libre… Que Milo puisse vivre… Il ne voulait pas que ses efforts soient réduits à néant par les fantômes de son passé militaire. Celui-ci… Avait le droit d'avoir une meilleure vie. Il l'avait plus que mérité.

Camus, perdu dans ses réflexions, était allongé aux côtés de celui qu'il voulait sauver. Même si le chevalier était non loin de lui sur le matelas, il ne le touchait pas. A vrai dire… Il n'osait pas. Il osait de moins en moins, en ce moment. Parce que depuis plusieurs jours… Être en contact avec lui lui faisait tourner la tête. Milo… Était toujours aussi désirable. Si désirable que le mage ne se faisait pas confiance. Le chevalier était très affaibli, et il ne voulait surtout pas jeter son dévolu sur un être en convalescence. Il n'en avait pas le droit. Même si là, tout de suite, dans le noir… Entendre la respiration paisible de Milo à son côté, et sentir son odeur imprégner ses draps le grisait complètement. Alors il s'empêchait de le toucher. Il avait évité à tout prix de l'embrasser, depuis qu'il l'avait revu. Le prendre dans ses bras, lui prendre la main, oui. C'était encore acceptable. Et c'était même essentiel. Milo avait besoin de réconfort, dans son état. De douceur. Et Camus s'employait à lui en fournir le plus possible. Mais il évitait de faire démonstration de la moindre parcelle de sensualité. Les baisers en faisaient partie. Il ne s'y autoriserait… Que peut-être plus tard. Il ne savait quand. Franchir à nouveau cette ligne… Ne l'effrayait pas, ce n'était pas le mot. Mais cela lui ferait quelque chose. Milo avait beau lui avoir dit plusieurs fois déjà qu'il l'aimait, depuis qu'il était ici… C'était une chose de le dire… Et c'en était une autre de le montrer en actes. Le chevalier n'étant pas en état de le montrer en actes… Camus attendait. Douloureusement. Parce que malgré sa maigreur… Milo était toujours aussi magnifique. Camus, au fil des jours, avait l'impression que le moindre détail de sa personne le rendait fou. Une courbe de sourcil… Une intonation de voix… La douceur de ses cheveux. Tout. Tout en Milo… L'attirait comme un aimant. Le faisait brûler de désir. Et il se contrôlait… Parce que c'était la seule chose à faire.

Il le sentait, d'ailleurs, à présent. Au creux de ses draps, auprès de lui… Il essayait de ne pas se concentrer dessus… Mais son corps était en train d'être doucement envahi de cette chaleur. Celle de son désir. Il n'avait qu'à étendre le bras pour toucher le corps tiède de Milo. Qu'à se rapprocher un peu pour… Pour l'étreindre contre lui. Pour déposer ses lèvres contre sa peau. Pour le caresser. Se perdre dans l'ivresse de son désir. Mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas… Même s'il brûlait.

Dans ces circonstances… Juste avant de partir faire une chose aussi dangereuse… Camus trouvait même que c'était de la torture de résister. Il ne savait pas s'il allait revenir… Il y avait une possibilité pour qu'il ne revoie pas Milo, en voulant le sauver ainsi. Si cela se trouvait, c'était peut-être sa dernière nuit avec lui… La dernière fois qu'il pourrait emplir ses poumons de son odeur masculine. Ne pas le toucher… Était terrible, pour lui. Terrible. S'il s'écoutait, il lui sauterait dessus… Il le cajolerait jusqu'à l'épuisement… Il le goûterait à l'infini. Et il ne se l'autorisait pas. C'était affreux que cela menace de se terminer ainsi… Mais c'était le mieux pour Milo, essayait-il de se convaincre malgré tout. Il fallait que celui-ci s'endorme… Et très tôt le matin, il partirait discrètement.

« Camus… » Murmura la voix grave de Milo à côté de lui.

Celui-ci se figea immédiatement. Il s'était attendu à ce que le chevalier trouve le sommeil rapidement… Ce n'était pas le cas, apparemment.

« Tu dois te reposer, Milo, lui conseilla le mage à voix basse, sans bouger de son coin de lit. Tu en as encore beaucoup besoin. »

Il y eut un silence.

« Pourquoi tu criais sur ton disciple, tout à l'heure ? S'enquit Milo sans prendre en compte la mise en garde. Tu t'es mis à… Hurler. Je t'ai entendu, à travers le mur… Qu'est-ce qu'il a fait ? Il a tué quelqu'un, pour que tu t'engueules comme ça avec lui ? »

Camus soupira imperceptiblement. Pourquoi Milo avait-il ce don de mettre le doigt sur les sujets sensibles, comme ça ?

« Ce n'était rien… Mentit le mage dans un murmure.

- Camus… On en a déjà parlé… Arrête de me mentir, gronda Milo. J'aime pas quand tu me prends pour un idiot. Je te connais, tu sais. Et pour que tu te mettes autant en colère… Il a vraiment dû faire une grosse connerie.

- Pardon, Milo, s'excusa l'intéressé. C'est juste… Qu'il avait besoin d'être remis à sa place.

- Remis à sa place ? Releva Milo. Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Il est parfois impertinent, depuis qu'il est adolescent, soupira Camus. Il dit des bêtises plus grosses que lui.

- Eh ben… Pour que tu te mettes dans cet état, il a dû en dire une sévère, commenta Milo, sa voix un brin amusée.

- Oui. »

Il y eut encore un silence entre eux.

« Alors ? Qu'est-ce qu'il a dit, pour que tu t'énerves autant ?

- Milo… Ce n'est pas trop le moment… Tu devrais vraiment dormir, tenta Camus.

- Je vais bien, Camus, bougonna Milo. T'esquives beaucoup mes questions… Qu'est-ce qui se passe ?

- Rien de grave, mentit encore le mage.

- Camus ! Je viens de te dire de t'arrêter de me mentir ! S'offusqua le chevalier.

- Hyôga a mal parlé de toi », finit par laisser échapper Camus.

Ce dernier ne le vit pas, mais Milo écarquilla les yeux dans le noir.

« Il a mal parlé de moi ? Répéta-t-il, surpris. Quoi… Je lui ai rien fait… Si ?

- Je ne crois pas que ce soit le problème, lui avoua le mage. Ça n'a rien à voir avec toi personnellement. A mon avis… Il est un peu dérouté que je passe autant de temps en ta compagnie, et… Il a dit n'importe quoi. Il est vrai que cette situation bouleverse nos habitudes, et tout le monde doit s'adapter. Je ne crois pas qu'il a pensé ce qu'il a dit… Il était en colère, c'est tout.

- Et tu t'es mis dans un tel état juste pour moi ? S'enquit Milo, intérieurement flatté.

- Je n'aime pas qu'on parle mal de toi, quelles que soient les circonstances », le renseigna sommairement Camus.

Milo rit légèrement dans le noir. Camus contint un frisson en sentant ce son s'échouer à son oreille. Cette voix grave… Si Milo continuait comme ça, il allait lui faire perdre l'esprit. Même s'il ne faisait rien de particulier. C'était peut-être ça, le pire.

« Qu'est-ce qu'il a dit d'aussi horrible ? S'enquit le chevalier, visiblement amusé.

- Je ne te le répèterai pas, annonça fermement Camus. Je ne veux plus jamais entendre le moindre commentaire désobligeant envers toi dans cette maison. »

Nouveau rire grave. Camus fut obligé de prendre une profonde inspiration pour se contenir. Milo, dans l'obscurité, fronça les sourcils en l'entendant. Il se passait quoi, avec Camus, au juste ? Son comportement était… Il le sentait un peu… Agité, pour être honnête.

« Dis, Camus… Tout va bien ? L'interrogea-t-il, légèrement inquiet. On dirait que t'es… Je ne sais pas.

- Ne t'en fais pas, Milo. Tant que je suis avec toi… Tout va bien, le rassura immédiatement le mage.

- En parlant d'être avec moi… Releva Milo. Camus… Il y a une chose que je me demande, depuis plusieurs jours… Mais je n'ai pas trop osé... T'embêter avec ça.

- Qu'est-ce que c'est ? » L'invita posément l'intéressé.

Milo prit le temps de chercher ses mots. La question qu'il voulait poser n'était pas évidente… Et il risquait de tendre le bâton pour se faire battre, mais… Tant pis. Il devait savoir.

« Camus… Je sais qu'en ce moment, et avec tout ce qu'il s'est passé, je… Je ne ressemble plus à rien, admit-il sincèrement. Et… Je me demandais… Est-ce que tu crois que… Tu… Tu me désireras de nouveau, une fois que… Je ne ressemblerai plus… Plus à ça ? »

Camus fronça les sourcils. Qu'est-ce que Milo se mettait à raconter, tout à coup ?

« Quoi ? S'étonna-t-il sincèrement. Mais…

- Je ne t'en veux pas, ajouta précipitamment Milo. C'est dur, d'avoir envie de quelqu'un qui ressemble à un cadavre, je… Je peux le concevoir. Mais… Tu crois que…

- Mais c'est la soirée des conneries, ou quoi ? Le coupa immédiatement Camus, incrédule de ce qu'il entendait.

- Tu ne me désireras plus ? Comprit de travers le chevalier.

- Quoi ?! S'exclama le mage, éberlué de ce raisonnement infondé. Mais Milo ?! Comment est-ce que tu peux croire une seule seconde que… Que j'aie même cessé un instant de te désirer ?! On marche sur la tête, là ! »

Il y eut un léger silence entre eux.

« Tu… Tu me désires toujours ? Fit Milo, incertain.

- Evidemment, Milo… Répondit posément Camus. Je peux savoir pourquoi tu penses le contraire ?

- C'est que… Hésita celui-ci. Tu ne m'as plus jamais embrassé… Depuis que je suis chez toi. Alors, j'en ai conclu que…

- Milo, le coupa le mage. Ce n'est pas pour cette raison que je ne l'ai pas fait. Tu en as tiré de mauvaises conclusions. Je suis désolé… Je ne voulais pas que tu te mettes à penser une telle chose. »

Camus poussa un profond soupir. Il n'avait vraiment pas eu dans l'idée de faire de la peine à Milo. Il ne s'était soucié que de son bien-être, en se restreignant. Il n'aurait jamais cru que le chevalier se mette à penser ce genre de choses. C'était terrible qu'il le pense alors que… A son côté, son pauvre corps écumait de désir depuis une bonne vingtaine de minutes.

« Mais pourquoi est-ce que tu ne l'as pas fait, dans ce cas ? S'enquit Milo presque timidement. Je ne comprends pas.

- Parce que je… Tu t'es beaucoup affaibli, Milo, tenta de lui expliquer Camus. Et… Je voulais simplement… Je ne voulais pas jeter mon dévolu sur un convalescent, et… Et tu es difficilement… Résistible. J'ai juste voulu… Me contrôler le plus possible, et…

- T'as vraiment fait ça ? S'étonna franchement le chevalier.

- Eh bien, euh… Oui… Confirma confusément le mage. Je veux que tu puisses être au calme… Ta santé passe avant. »

Il y eut encore un silence entre eux, un peu pesant. Camus n'osa pas bouger. Il trouvait que son raisonnement tenait toujours. Il ne valait mieux pas qu'il… Touche Milo. Au risque de vraiment devoir… S'isoler un moment.

« Donc… Tu me désires toujours… Vraiment ? Même… Même comme ça, dans cet état ? » L'interrogea Milo, encore incrédule.

Camus poussa un soupir tremblant.

« Oui, murmura-t-il sommairement.

- C'est vraiment vrai ? Tu ne me le dis pas pour me faire plaisir ?

- Non. Je… Donne-moi ta main. »

Milo obtempéra silencieusement. Sa main voyagea sous les couvertures en direction de là où Camus était allongé. Le mage s'en saisit doucement. Il la ramena à lui, et la fit descendre pour qu'elle se pose entre ses jambes. La main de Milo, guidée ainsi, épousa la bosse qui se trouvait là. Camus poussa un soupir profond lorsque le contact fut avéré. Il en avait rêvé… Tant de nuits, pendant ces deux mois sans lui.

« Ah… Prononça Milo, en sentant l'érection sous ses doigts. Là… Oui. Tu ne me mens pas, c'est sûr…

- Non… Souffla Camus. Je ne te mens pas. »

Camus lâcha doucement la main de Milo, maintenant qu'il lui avait fait comprendre, mais celle-ci resta bien en place là où elle était.

« Viens contre moi… Chuchota Milo. C'est une aberration que tu sois aussi loin de moi.

- Milo, je crois que…

- Non. Ecoute-moi. Viens… Viens contre mon corps. »

Camus obéit. Il se glissa sous les draps. Lorsqu'il fut plus proche, il posa timidement ses doigts sur le torse de Milo, qui était étendu face au plafond.

« Retourne-moi sur le côté, lui demanda Milo. Que je puisse te faire face. »

Camus l'aida à le faire sans rien dire. Il passa ses mains derrière Milo pour le tourner face à lui. Celles-ci restèrent dans son dos lorsque cela fut fait. Le mage se retint de faire épouser leurs deux corps. Tout était déjà beaucoup trop.

« Camus… Murmura la voix grave de Milo, faisant remontrer un long frisson le long de son échine. Je serai trop épuisé pour… Ce genre d'exercice, j'en ai peur. Mais toi… Je peux te soulager. Je te dois bien ça. Il faudra que tu me guides, mais… Je peux le faire.

- Milo, il faudrait sans doute que…

- Camus, ne commence même pas avec tes idées raisonnables. Je veux faire ça pour toi. Je ne veux pas que tu te prives pour moi. Tu devrais profiter, puisque je suis là. Tu ne crois pas ?

- Tu dois te reposer.

- Je ne fais que ça, en ce moment… Ça peut attendre un peu, le rassura Milo. Tu ne pourras plus me dire que tu n'en as pas envie, là. Si ?

- J'en ai envie, confirma le mage dans un murmure. Oui…

- Bon… Dans ce cas… Je vais le faire, mais… J'aurai une petite condition, imposa le chevalier.

- Et c'est ?

- Que tu m'embrasses. »

Cela, le mage pouvait le faire. Puisque c'était le souhait de Milo… L'une de ses mains quitta son dos et se déposa délicatement contre une joue. Elle ôta des boucles de cheveux rebelles du passage. Camus, à l'aveuglette, avança son visage tout près de celui de Milo. Celui-ci semblait attendre avec impatience.

Cela faisait une éternité qu'ils n'avaient pas fait ça, se rendit compte Camus en s'approchant davantage. En sentant la respiration de Milo toute proche, celui-ci fut définitivement grisé. Camus sentit Milo glisser une main contre son cou, en retour. A ce contact, il n'y tint plus. Ses lèvres se déposèrent délicatement sur la bouche qui lui faisait face. Un immense frisson le parcourut tout entier. Les lèvres de Milo… Il avait oublié… Il avait oublié à quel point… Il aimait les embrasser. Celles-ci, contre sa peau, répondirent avec tendresse au baiser très simple que Camus lui fit. Le mage se sentit soudain submergé par une émotion intense. La dernière fois qu'il avait embrassé Milo… Avait été le jour de leur séparation. Leur baiser d'alors avait été déchirant. Et aujourd'hui, timidement, il pouvait re-goûter à la douceur de ses lèvres… Ces lèvres qui caressaient les siennes avec adoration… Milo lui avait tant manqué…

Lorsqu'il se recula légèrement, le mage poussa un soupir tremblant d'émotion. Il sentit une larme solitaire couler sur sa joue. Enfin, il se sentait complet. Enfin.

« Tu m'as tellement manqué, Milo… » Murmura Camus avant de reprendre plus fermement ses lèvres.

Camus malmena avec empressement la bouche face à lui. Milo répondit comme il put. Lui se sentait cotonneux, et il voyait avec ravissement que Camus, effectivement, le désirait ardemment. Il ne pourrait pas lui rendre sa passion. Pas ce soir… Mais quand il serait davantage en forme… Il se promit de lui rendre au centuple. Son épuisement avait encore trop d'emprise sur lui… Alors il donnerait tout ce qu'il pourrait pour le satisfaire, mais… Il savait que la fatigue le limiterait beaucoup.

Cependant, lui aussi, cela lui avait énormément manqué. Se sentir à ce point aimé… Le rendait immensément heureux. Que Camus réussisse à avoir envie de lui… Même dans cet état douteux… Le touchait profondément. Il trouvait cela incroyable. Il n'aurait jamais cru se trouver un jour dans le lit du mage, à l'embrasser à pleine bouche… Il en avait beaucoup rêvé, à la Tour de Garde… Il s'était imaginé avec lui… A défaut de pouvoir y être.

« Moi aussi… Tu m'as horriblement manqué. Tu ne peux pas savoir à quel point », déclara le chevalier lorsque Camus lâcha légèrement ses lèvres.

Lorsque Camus l'embrassa une troisième fois, leurs langues se rejoignirent. Celui-ci envahit la bouche de Milo très rapidement. Il fit danser sa langue contre la sienne, voulant prolonger ce toucher brûlant le plus possible. Milo eut l'impression d'être complètement submergé. Camus n'y allait pas à moitié. Cela l'étonnait toujours autant que son mage des glaces soit aussi… Passionné, sous sa carapace de maintien. S'il avait été en état, il se serait sans doute consumé entièrement sous le plaisir d'avoir cette langue exquise contre la sienne.

Milo, pendant le baiser, posa l'une de ses mains contre la taille de Camus pour l'inciter à coller plus leurs corps. Celui-ci avança de lui-même contre le chevalier. Ses doigts, dans son dos, se plaquèrent sur le tissu de son vêtement. Il avait envie de cette peau… De ce corps. Mais il le sentait… Que Milo ne pourrait pas répondre avec autant d'empressement que lui. Il faisait ce qu'il pouvait, Camus le savait. Ce qui le rendait encore plus désirable à ses yeux.

« Guide-moi » lui parvint plus faiblement la voix de Milo lorsqu'il lâcha ses lèvres.

Camus ne répondit rien, mais il fit ce que son amant lui avait demandé. Il saisit l'une de ses mains, qui reposait tranquillement devant lui. D'abord, il y déposa un petit baiser. Ses lèvres touchèrent ses doigts tendrement. Cela ressemblait à un remerciement, comprit Milo. En réponse, il fit une pression de son autre main sur la taille de Camus. Le chevalier entendit la respiration de son amant faire un accroc sous le toucher.

Le mage crocheta ses doigts dans la main de Milo, et il la fit ensuite passer sous sa chemise, pour qu'elle épouse la peau de son torse. Camus savait qu'il lui faudrait accomplir la majorité du travail, alors il ne lâcha pas la main. Milo sentit Camus la faire voyager lentement sur sa peau offerte. Il entendit la respiration de celui-ci se faire graduellement plus profonde au rythme de ses voyages. D'abord, il fit simplement effleurer ses doigts de sa peau… Mais bien vite, il les appuya plus contre les muscles dessinés de son torse. Milo tenta de faire un peu pareil avec sa deuxième main, qu'il fit migrer dans le dos de Camus, sous son vêtement, là aussi. Pendant ce temps-là, son amant lui parsema les lèvres de petits baisers enfiévrés. Oh oui… Il avait l'air d'avoir besoin de soulager son désir, c'était évident, pensa Milo en fermant les paupières. Il essayait de répondre aux baisers qui s'échouaient contre sa bouche, mais quelques fois, il n'y arriva pas. Il était tout de même assez fatigué, et malgré ses efforts… Cela faisait beaucoup pour lui.

Graduellement, la respiration de Camus se fit plus rapide. Au bout d'un moment, lorsqu'il dut juger qu'il avait eu assez de caresses sur le haut de son corps, le mage fit migrer la main de Milo plus bas. L'autre main du chevalier resta contre le creux de ses reins, à lui faire une caresse tendre sur sa peau légèrement moite.

Camus, ses doigts toujours crochetés dans ceux de Milo, fit glisser leurs deux mains sous son pantalon. Lorsque les doigts de son amant entrèrent légèrement en contact avec son entrejambe, il étouffa un long gémissement contre sa bouche. Ces mains halées étaient magiques, ce n'était pas possible autrement, pensa le mage en accentuant un peu le toucher. Ces doigts contre son désir l'affolaient complètement. Il y avait tellement longtemps… Il avait tellement rêvé à ces mains, dans ce même lit… Qu'il avait l'impression de vivre un rêve étourdissant. Milo prit l'initiative d'enserrer plus franchement le membre dans sa main. En entendant Camus pousser une exclamation de plaisir, un faible rire s'échappa de sa gorge. Il était très fier, intérieurement, d'arriver à faire autant d'effet à son amant, même en étant aussi diminué. Camus devenait manifestement fou sous le toucher… Et cela lui faisait quelque chose, à lui aussi. Même s'il ne ressentait pas particulièrement d'excitation, c'était l'affection qui prenait le dessus dans son ressenti. Il était si heureux de combler Camus qu'il en aurait oublié tout le reste.

Camus mena la danse au rythme qu'il voulait, sous son vêtement, guidant toujours la main de Milo contre son membre dur. Il tenta de ne pas gémir trop fort. Il étouffa régulièrement ses cris de plaisir contre les lèvres de Milo, qui l'embrassait tant bien que mal en retour. Le rythme des caresses sous son vêtement fut soutenu, puis progressivement, il devint complètement erratique. Aussi erratique que la respiration du mage contre lui, analysa Milo depuis son esprit brumeux. Camus était en train de s'approcher de son orgasme. Le chevalier le connaissait bien pour le savoir. Il n'aurait pas eu besoin de le voir… L'entendre gémir ainsi et le sentir s'emballer de cette manière en était une indication suffisante.

Conformément aux prédictions de Milo, Camus finit par se tendre complètement sous ses doigts. Le chevalier sentit le mage se libérer dans sa main. Celui-ci accompagna son orgasme d'un baiser enfiévré contre ses lèvres. Milo le laissa envahir sa bouche comme il le voulait. Il souhaitait que son plaisir soit maximal. Il caressa comme il put la langue brûlante de Camus, qui voulait viscéralement retrouver la sienne.

Puis, finalement, la prise de la main de Camus sur le corps de Milo se radoucit sensiblement. Ses muscles se relâchèrent d'eux-mêmes. Le mage laissa un instant sa bouche, pour tenter de reprendre son souffle. Milo, qui avait toujours une main posée dans son dos, continua de lui faire une caresse tendre. Ses doigts se promenèrent distraitement contre sa peau.

Il y eut un silence confortable entre eux. Milo laissa Camus reprendre doucement ses esprits. Cela avait dû être quelque chose, pour lui… Même s'il n'avait pas été très actif… Milo sentait que son amant avait vécu un moment intense. Celui-ci finit par retirer lentement leurs deux mains de son pantalon. Il ne lâcha pas pour autant la main qu'il tenait. Sa prise sur Milo… Était extrêmement importante pour lui, pour une raison qu'il ne sut réellement s'expliquer.

« Merci, Milo… Murmura Camus en venant l'embrasser tendrement sur la joue. Merci d'avoir fait ça pour moi… Je… »

Le mage s'interrompit un instant. Il s'étouffait toujours lorsqu'il s'agissait de dire des choses un tant soit peu… Romantiques.

« Je t'aime… Milo. Mon Milo. »

Le chevalier fit un léger sourire, dans l'obscurité. Ses doigts étreignirent en retour la main de Camus, qui tenait toujours fermement la sienne.

« De rien, mon Camus. Moi aussi, je t'aime, répondit Milo d'une voix émue.

- Je ne t'ai pas trop épuisé ? S'inquiéta son amant.

- Non… Ne t'en fais pas, le rassura Milo. J'aurais aimé faire mieux… Mais je suis désolé, je suis encore trop fatigué pour ça.

- C'était parfait, Milo, ne t'inquiète pas, déclara sincèrement Camus. Ça me touche que tu aies bien voulu faire ça pour moi, sache-le.

- Et moi, ça me touche que tu me désires encore autant, tu sais, répliqua Milo d'une voix tendre.

- Je te l'ai déjà dit, Milo… Tu me rends fou. »

L'intéressé rit faiblement. Camus lui fit un baiser très doux et délicat sur les lèvres. Il n'était plus question de le malmener encore, ce soir.

« En tout cas, Camus… Il faut que tu me promettes une chose.

- Et quoi donc ?

- De ne plus jamais te retenir de m'embrasser si tu en as envie. »

Cette fois, ce fut Camus qui se mit à rire. Il sentait que du point de vue de Milo, ses actes devaient lui avoir semblé idiots. Lui, il les avait trouvés très fondés et rationnels… Mais bon. Ils ne pourraient pas être d'accord sur tout. En revanche…

« D'accord, Milo. Je te le promets » déclara-t-il sincèrement.

Camus conclut son affirmation d'un autre baiser, un tout petit peu plus profond que le précédent. Milo le lui rendit avec ravissement.