Chapitre 33 : Le sanctuaire des Hippogriffes
Lorsque James avait refermé la porte derrière Sirius, Livia s'était crispée. Elle était au fond de la pièce, dos tourné, les bras croisés. Elle était encore légèrement éméchée, mais la simple présence de Sirius dans cette minuscule pièce avait l'effet d'une douche froide.
-Écoute…Je n'ai pas dit à James ce qui s'est passé, il ne pensait pas que…
-Ton copain n'a pas spécifié qu'on devait s'adresser la parole il me semble, l'avait interrompu Livia d'un ton sec. Alors, je crois que tu peux t'abstenir de commentaire.
Livia ne pouvait pas voir son visage, mais elle se doutait qu'il ne devait pas avoir très bien pris ses paroles. Cependant, il n'avait pas ouvert la bouche pendant quelques temps, ne préférant sans doute pas déclencher un nouveau conflit, dont ils avaient la spécialité maintenant. Livia l'avait entendu s'adosser contre la porte avec un soupir et puis plus rien.
-Non, avait fini par dire Sirius après une longue minute de silence. Je refuse de faire comme si rien ne s'était passé.
-Et bah pourtant tu vas faire comme si, avait froidement répliqué Livia toujours le dos tourné, frissonnant à l'idée de lui faire face.
-Ou sinon quoi ? avait-il demandé en la prenant par le bras pour qu'elle le regarde dans les yeux, d'un air affreusement sérieux. Sinon quoi Livia ? avait-il répété en rapprochant son visage du sien pour qu'elle ne se dérobe pas à son regard.
Le sang de la jeune femme avait semblé s'électrifier de nouveau, comme si le Whisky-pur-feu qu'elle avait ingéré avait décidé de refaire un petit tour dans ses veines. Elle avait ouvert la bouche pour parler mais, pendant quelques secondes, les mots avaient refusé de sortir de sa gorge. Bloquée par la boule de désir qui remontait toute seule jusqu'à son esprit.
-Sinon je… avait-elle commencé en finissant par baisser les yeux, ses mots se perdant dans son œsophage en feu. Je n'ai pas à me justifier ou donner de condition. Il ne s'est absolument rien passé entre nous, fin de la discussion, avait-elle ajouté en tentant de se reculer le plus possible de Sirius, mais il l'avait tirée vers lui pour la ramener dans son giron.
-Répète ça en me regardant dans les yeux, avait-il ordonné d'un ton de plus en plus sérieux.
-Lâche moi, avait-elle sifflé en essayant d'adopter une voix autoritaire, ce qui avait été un échec.
-Répète ce que tu viens de me dire en me regardant dans les yeux et je te lâcherai.
Livia avait levé les yeux vers le garçon en tentant d'éteindre la palpitation qui battait son plein dans ses veines. Elle voulait le répéter. Elle se le disait dans son esprit, mais, en se plongeant dans ses yeux gris, elle n'y arrivait pas. Alors, elle avait décidé de changer de tactique.
-Tu es le garçon le plus insupportable que j'ai jamais rencontré, lui avait-elle craché en laissant sa colère parler à sa place.
-Et tu es la fille la plus insupportable que j'ai jamais rencontré, avait répété Sirius avec une ébauche de sourire sur le visage.
Il avait passé son deuxième bras autour de sa taille et Livia avait eu un petit sursaut quand il l'avait collée contre lui.
-Qu'est-ce que tu fais ? avait-elle demandé sans pourtant faire quoi que ce soit pour se dégager.
-J'attends toujours que tu me dises qu'il ne s'est rien passé en me regardant dans les yeux princesse, avait-il déclaré avec, cette fois, un sourire plus franc sur le visage.
Il avait compris que Livia n'allait rien faire. Il savait qu'elle avait d'assez bon réflexes, il en avait déjà fait les frais lors de leur première confrontation. Et il savait que, donc, si elle le voulait, elle pouvait se dégager sans problème. Si elle ne le faisait pas, c'est qu'elle n'en avait pas envie et cela semblait l'encourager à aller plus loin, comme la dernière fois, dans le dortoir des lionnes.
-Lâche moi tout de suite ou je crie, avait-elle tenté en essayant de prendre un air menaçant qui n'avait pas impressionné Sirius pour deux mornilles. Au lieu de lui obéir, il avait fait tout le contraire en s'approchant dangereusement de son visage.
-Et bah vas-y, crie, avait-il susurré avec arrogance en lâchant enfin son poignet pour déposer sa main sur le bras qui enlaçait sa taille, l'emprisonnant dans son giron.
Livia s'était sentie toute déboussolée. Elle savait qu'elle devait se débattre ou appeler James pour qu'il vienne ouvrir tout de suite, mais elle n'en avait rien fait parce que l'envie qu'elle ressentait à ce moment-là était plus forte que tout.
-Je te déteste, avait-elle murmuré avec une voix agacée par son propre manque de fermeté.
-Moi aussi, avait-il répondu avec un sourire avant de déposer ses lèvres au goût de bieraubeurre sur les siennes.
Livia ne comprenait même pas pourquoi elle y avait répondu à l'instant. Elle avait de nouveau senti la boule électrique exploser dans sa poitrine et elle avait embrassé le garçon avec ferveur. Il l'avait poussée jusqu'au mur d'enceinte de la petite pièce et la jeune femme s'était complètement laissée faire. Pire encore, elle avait collé son corps contre le sien lorsqu'il s'était momentanément détaché pour pousser une bannière qui le gênait dans sa quête insatiable de la jeune femme. Il avait souri avant de l'embrasser à nouveau avec plus de fougue encore.
Alors que leurs lèvres s'entremêlaient dans un balai endiablé, Sirius avait déposé une de ses mains sur sa cuisse gauche et l'avait lentement remontée, provoquant un frisson dans le corps encore empreint d'ivresse de Livia. Il avait détaché sa bouche de la sienne au moment où sa main avait atteint son but et avait ensuite réfugié ses lèvres dans le cou de son amante. Elle avait raffermi sa prise sur le corps du jeune homme, parcourue toute entière de cette chaleur charnelle qui l'avait envahie quelques jours plus tôt. Le frémissement avait augmenté à chacune de ses caresses et de ses baisers et Livia avait de plus en plus de mal à ne pas s'abandonner et il le sentait. Il se délectait du plaisir qu'il lui donnait, Livia l'avait très clairement senti.
Quelques instants étaient passés ainsi, sans que les autres ne se doutent de ce qui se passait dans ce placard de rangement. Livia avait fini par abandonner sa contenance et elle se sentait chavirer de satisfaction lorsque Sirius s'était arrêté.
Elle avait ressenti la perte du plaisir comme de l'eau glacée dans son corps. Elle avait tenté de le chercher à nouveau en guettant ses lèvres, mais le garçon, bien qu'encore enivré d'un désir sauvage, l'en avait empêchée.
Il avait posé son front contre le sien et l'avait regardée quelques secondes, les yeux pétillants, puis, il avait eu un sourire presque pervers en posant sa main sur la taille de Livia, encore haletante, qui le regardait de ses grands yeux remplis d'incompréhension.
-Alors ? Il ne s'est rien passé là aussi ? avait-il murmuré avec une voix séductrice.
Livia l'avait d'abord regardé avec surprise, puis, elle avait froncé les sourcils. Il avait alors voulu l'embrasser à nouveau, mais elle l'avait brutalement repoussé. Elle avait remis sa robe en place, puis, elle avait donné un coup d'épaule à Sirius qui avait soufflé son nom d'une voix grave.
Elle avait ouvert la porte à la volée et l'avait claquée avec la même rage.
-Eh ! Les 10 minutes ne sont pas passées ! avait fait remarquer James qui tenait une vieille montre à gousset dans sa main.
-Je t'emmerde Potter, avait craché Livia avec colère en passant devant lui sans sourciller.
Elle avait traversé la salle devant tout le monde, ne prêtant pas attention à Lily et Marlène qui avaient épelé son nom, et était sortie de la salle des Gryffondors, verte de colère. Une fois dans les couloirs, elle s'était mise à courir. Elle avait couru si vite que les fantômes s'étaient arrêtés sur son passage pour la regarder filer comme un vif d'or. Elle n'avait soufflé que lorsqu'elle s'était retrouvée dans sa salle commune. Les Serpentards avaient eux aussi fait une petite fête, mais ils n'étaient pas aussi festifs que leurs camarades Gryffondors. Il n'y avait quasiment plus personne dans la salle décorée pour le nouvel an.
Sans réfléchir, elle s'était dirigée vers son dortoir et s'était effondrée sur son lit avec un soupir. Elle savait qu'elle n'aurait pas dû jouer à ce jeu. Ça finissait toujours mal à chaque fois qu'elle le faisait.
Livia avait passé sa dernière semaine de vacances à guetter les nouvelles de la gazette du sorcier. Le lendemain de la soirée plus que mouvementée du nouvel an, des nouvelles inquiétantes étaient tombées. Donalbain Prévot, frère du leader des puristes en Floride, avait été nommé comme sous-secrétaire secondaire à la présidence. Maintenant que c'était fait, les tensions avaient baissé d'un cran dans le pays, mais pas au congrès.
Alors, comme chaque matin, Livia volait un journal sur la table pour scruter la section Amérique, mais rien. Apparemment, les élections de leur chef avaient calmé les vengeurs de Salem, car aucune nouvelle attaque n'avait été déplorée. Ce moment de latence était aussi insupportable que lorsqu'il se passait quelque chose. Parce que Livia savait que Donalbain allait bientôt faire jouer son nouveau pouvoir pour faire passer des motions, ce n'était plus qu'une question de temps. Elle imaginait à quel point son père devait batailler en ce moment pour l'empêcher de plonger l'état dans l'obscurantisme. Merlin seul savait comme elle aurait aimé être à ses côtés en ce moment pour l'aider et le soutenir.
Elle essayait de se réconforter en se disant que, comme sa mère le lui avait dit, il ne restait plus que quelques mois avant qu'ils ne soient réunis. Cet éloignement avait le mérite de lui avoir montré que, même si la relation qu'elle entretenait avec ses parents était compliquée depuis la maladie de son frère, elle les aimait plus que tout et que, même dans leur distance avec elle, Darius et Ophélia Blackwood gardaient une place primordiale dans son cœur et dans sa vie. Être si loin d'eux comme ça, sans pouvoir leur parler, même par lettre, c'était presque insupportable.
Elle se maudissait presque d'avoir dû attendre d'être si éloignée d'eux pour le comprendre. Pour ressentir que, l'absence qu'elle ressentait depuis quelques années, n'était en fait qu'un subterfuge en comparaison de leur vraie absence. Maintenant, elle n'avait qu'une hâte, retourner chez elle et les regarder s'agiter dans tous les sens pour tout maintenir à flot, en ne lui adressant que très rarement de l'attention. Depuis son agression, et surtout depuis la lettre qu'elle avait reçue avant Noël, elle se rendait compte à quel point leur simple présence était un pilier de son existence et de sa force à résister aux épreuves.
Dimanche matin, il n'y avait eu aucunes nouvelles et, en lisant la dernière ligne de la section Amérique, peu fournie, de la gazette, Livia avait poussé un soupir de soulagement qui avait fait lever un sourcil à Lily.
-Pas de mauvaise nouvelle ? avait demandé la préfète en mangeant ses œufs brouillés.
- Non. Pas cette fois.
Depuis une semaine, ce petit rituel de gazette était devenu familier pour les deux femmes. Lily lui avait pris la gazette des mains. Il n'y avait pas de nouvelles agressions en Angleterre également.
-Bon, avait-elle dit après quelques minutes à feuilleter le journal. Marlène, Mary et Dorcas arrivent dans une heure, j'espère que tu es prête au retour.
-Est-ce qu'on peut être prête à faire face à Marlène McKinnon en toutes circonstances ? avait interrogé Livia d'un ton amusé, ce qui n'avait manqué pas de faire pouffer Lily.
-Non, avait répondu Lily avec un sourire.
C'est à ce moment-là que les maraudeurs étaient entrés dans la pièce avec leur nonchalance habituelle. Livia avait perdu son sourire et, comme d'habitude, à chaque fois qu'elle se retrouvait dans la même pièce que Sirius Black depuis la fête du nouvel an, elle avait trouvé une excuse pour se dérober.
-Eh, je vais aller…préparer la chambre pour l'arrivée des filles d'accord ? On se retrouves dans ¾ d'heure en bas des escaliers ? avait demandé Livia en s'emparant de ses affaires.
-D'accord, avait dit Lily avec de petits yeux suspicieux.
À chaque fois, elle trouvait une nouvelle technique pour fuir. Mais, même en changeant régulièrement de technique, Lily commençait à comprendre que le fait même de se retrouver dans la même pièce que le garçon était une plaie pour elle, bien qu'elle ne réalisait pas exactement pourquoi.
Sirius avait essayé de l'aborder discrètement quelques fois depuis la soirée. La première fois c'était dans un couloir et elle ne remercierait jamais assez l'esprit frappeur de Poudlard d'avoir interrompu le jeune homme dans sa tentative de venir lui parler. Il y eu quelques autres moments comme ça, mais, à chaque fois, Livia avait réussi à s'esquiver.
Elle ne voulait pas le voir. Elle ne voulait plus lui parler. Elle voulait juste oublier ce qui s'était passé en paix. Pourquoi est-ce qu'il ne comprenait pas ça ? Et pourquoi est-ce qu'il voulait à tout prix lui parler ? Qu'est-ce qu'il cherchait au juste ? Et surtout qu'est-ce qu'il lui prenait d'être aussi… Livia ne savait même pas comment définir son nouveau comportement avec elle.
D'un mouvement prudent, elle avait fait le tour de la table des Gryffondors pour passer dans l'allée des Poufsouffles, dont les rares élèves ne lui avaient prêté aucune attention. Ensuite, comme une ombre, elle s'était dirigée vers sa salle commune, le plus loin possible des quatre amis les plus en vogue de l'école.
Livia n'avait pas peur, elle ne voulait juste pas se trouver dans le même endroit que lui, parce qu'à chaque fois, elle…Elle sentait sa volonté flancher et elle voulait lui montrer que, peu importe ce qu'il croyait, rien n'avait changé.
Elle pensait ce qu'elle lui avait dit dans le placard. Elle le détestait toujours. Pourtant, elle sentait également une part d'elle-même qui le désirait, ce qui créait une boule de paradoxe assez étrange dans son esprit.
L'arrivée des filles s'était faite dans la joie et la bonne humeur. Maintenant que tout le groupe était reformé, elle allait pouvoir se détendre un peu plus. Sirius n'oserait pas venir l'aborder avec Marlène dans l'équation. Livia en était sûre. En plus, ça lui faisait du bien de revoir les filles toutes ensemble.
La semaine de reprise avait été chargée. Livia avait l'impression que les professeurs avaient fait des réserves au cours des vacances et qu'ils se vengeaient sur eux par le travail. Livia avait beaucoup travaillé d'ailleurs. Ça lui permettait de garder son esprit occupé, au lieu de penser aux regards insistants que lui lançait Sirius parfois. Le garçon ne semblait pas lâcher l'affaire malgré la reprise des cours et Livia se demandait presque si elle ne préférait pas quand ils se faisaient la guerre.
Au moins, à cette époque, elle n'avait pas à se questionner quotidiennement sur ses motivations, elles étaient claires. Maintenant, elle baignait dans l'incertitude. Pourtant, comme au cours de la guerre, Livia ne se laissait pas démonter. Elle l'ignorait au maximum et, quand ce n'était pas possible, elle lui lançait des regards noirs, espérant que ça suffirait pour le dissuader dans ses objectifs plus que flous. Malheureusement, Livia avait déjà fait l'expérience de l'entêtement des maraudeurs, en particulier celui de Sirius Orion Black.
Ce jeudi midi, il avait envoyé James pour lui parler. Le Potter s'était assis près du banc des Gryffondors et de la Serpentard et avait, non pas regardé Lily comme elle l'espérait, mais belle et bien Livia. Et sans perdre une minute, il lui avait exposé les faits, en ne passant pas par quatre chemins.
-Sirius veut te parler, lui avait-il dit en passant discrètement le bras autour des épaules de Lily qui l'avait regardé avec de gros yeux, sa cuillère suspendue dans les airs.
-Pardon ? lui avait alors demandé Livia, aussi décontenancée que sa camarade.
-Apparemment, vous n'avez pas fini de mettre les choses au clair, alors il veut te parler, avait rétorqué James en offrant un peu plus d'explications.
-On n'a absolument rien à mettre au clair, lui avait répondu Livia en fronçant les sourcils. Et d'ailleurs, pourquoi est-ce que c'est toi qui viens me dire ça ?
-Il a dit que tu poserais cette question, avait répondu James avec un sourire. Alors, il m'a dit de te dire, qu'il ne m'aurait pas envoyé si tu ne passais pas ton temps à te volatiliser quand il est apparait quelque part.
-Quoi, elle fait encore ça ? avait questionné Marlène qui avait enfin pris part à la conversation, ce qui était un record de longévité d'après l'avis de Livia.
Il est vrai que, depuis qu'elle passait plus de temps avec Dorcas en tête à tête (secrètement bien sûr, Marlène ayant trop peur de s'exposer), la petite sorcière fantasque était beaucoup moins attentive aux techniques que Livia entreprenait pour s'esquiver.
-Ouaip, avait répondu James. Faut croire que notre petit tour dans le dortoir n'a pas servi à grand-chose Lily, avait-il ajouté en regardant sa dulcinée qui avait levé les yeux au ciel.
-Quel petit tour dans le dortoir ? avait demandé Mary, se décidant à prendre la parole à son tour (plus on est de fous plus on rit à ce qu'on dit).
-Rien du tout, avait dit Livia en déposant rageusement sa fourchette sur la table et lançant un regard noir à James. Tu vas dire à ton copain que je n'ai absolument rien à lui dire et que, s'il m'approche, je lui mettrai une dérouillée dont il se souviendra toute sa vie.
James s'était mis à rire.
-Si tu crois que c'est des menaces dans ce genre qui arrêteront Sirius, tu te trompes lourdement. Tout ce que ça risque de faire, c'est le rendre encore plus insupportable. Parle lui, qu'est-ce que tu as à perdre de toute façon ?
-Je n'ai pas à me justifier Potter. Je ne veux pas le voir.
-C'est dingue ! Y a encore quelques semaines, tu étais la seule personne dans cette école à ne pas s'écraser devant lui et maintenant tu te comportes comme une petite fille apeurée, avait fait remarquer James en cherchant de nouveau les limites comme lors de la soirée mais cette fois, Livia n'avait pas perdu son sang-froid.
-Moi au moins je ne réponds pas aux moindres de ses ordres comme un petit chien, avait rétorqué Livia d'un ton sec.
-C'est mon meilleur ami c'est tout, avait dit James qui semblait être piqué au vif car il avait enlevé son bras des épaules de Lily.
-Vraiment ? Alors, pourquoi tu es ici à parler à sa place ? avait-elle faussement questionné James, le regardant avec un œil hautain. Pourquoi tu appliques chacun de ses ordres quand il te le demande sans poser de question, comme un bon chien-chien ? Mais tu sais James, ce n'est pas grave. Après tout, tu dois être habitué à ne pas avoir peur de te rabaisser et te ridiculiser, après toutes ces années à te traîner au pied de Lily comme une carpette.
«Hahahaha» s'était esclaffée Marlène en explosant bruyamment de rire tandis que les joues de James s'était tintées de rouge. Lily avait tenté de retenir son sourire en se dissimulant derrière sa main et Livia, elle, n'avait pas dissimulé son petit sourire victorieux alors que James se décomposait sous ses yeux.
-Maintenant, si tu veux bien m'excuser, j'ai d'autres choses à faire de ma journée que d'écouter les mots stupides qui sortent de ta bouche. Tu pourras dire la même chose à ton maître…Oups pardon, je voulais dire ton meilleur ami, avait-elle ajouté sous les exclamations amusées de ses amies tandis qu'elle prenait ses affaires pour quitter la salle.
« Elle t'as démoli ! » avait presque crié Marlène dans son dos avec un grand rire, à l'intention de James qui était encore livide sur le banc tandis que Lily tentait encore de retenir son rire. Avec un petit sourire victorieux, elle avait continué sa route sans prêter attention aux regards des trois autres maraudeurs qui avait assisté de très loin à toute la scène (bien qu'ils n'en aient rien entendu à part les rires tonitruants de Marlène).
Ça n'avait pas raté. Bien sûr, James avait tout répété à son « meilleur ami » et c'est comme ça qu'au moment du diner, alors qu'elle écoutait Dorcas leur raconter son entraînement de Quidditch, elle avait senti deux mains se poser avec force sur la table autour d'elle. Elle n'avait même pas eu besoin de relever la tête pour savoir que c'était Sirius.
-Il faut qu'on parle, avait-il dit d'une voix aussi énergique que son visage, si elle jugeait bien la réaction de Lily en face d'elle.
-On n'a rien à se dire Black, dégage, avait-elle dit d'une voix glaciale en replongeant sa cuillère dans son potage.
-Je t'ai dit qu'il fallait qu'on parle Livia, tout de suite ! avait-il répété avec plus de force en penchant son visage vers elle.
Livia s'était tournée vers lui en essayant d'emprunter le regard le plus dédaigneux qu'elle avait pu.
-Et moi je t'ai dit que je voulais que tu dégages, avait-elle répondu en essayant de faire taire l'électricité qui battait son plein dans ses veines. Tu vois ? On n'a pas toujours ce qu'on veut dans la vie.
-Bon, avait-il dit en se redressant étrangement. J'ai essayé d'être patient, mais là j'en ai marre.
Il s'était abruptement emparé de son bras et l'avait faite se relever d'un geste.
-Qu'est-ce que tu… ! avait commencé Livia d'une voix vive tandis qu'elle était entraînée derrière le banc. Lâche-moi tout de suite ! avait-elle ensuite ordonné en comprenant qu'il la trainait à l'extérieur de la grande salle.
Livia avait tenté de se défaire de son emprise, mais il la serrait redoutablement fort. Il l'avait tiré comme un boulet en dehors de la grande salle, puis dans les escaliers du premier étage, malgré toutes les tentatives de la sorcière pour le ralentir. Livia n'arrêtait pas de lui dire de la lâcher. Elle avait fait la mule capricieuse à avancer, avait essayé de s'asseoir par terre et elle avait même tenté de se mettre à sa hauteur mais sa poigne de fer l'avait empêchée de le faire.
Une fois arrivé devant un étrange tableau représentant un hippogriffe qui se léchait les ailes, Sirius avait fait un sifflement pour attirer l'attention de la bête, ensuite, il avait fait une révérence sous le regard médusé de Livia, puis, après avoir répondu à ces salutations, l'animal avait tendu une aile et le tableau s'était ouvert sur une petite pièce, qui ressemblait un peu au boudoir de l'amphithéâtre des Serdaigles, mais en très légèrement plus grand.
Il était très peu meublé également. Il n'y avait qu'une petite table, deux chaises, qui semblaient peu confortable, et un petit canapé au fond à gauche.
Sirius l'avait poussée à l'intérieur tandis qu'il refermait le passage derrière lui. Il avait sifflé un silencio sur la porte, puis, il s'était tourné vers Livia qui avait la respiration saccadée.
-Laisse-moi sortir tout de suite espèce de détritus !
-Détritus ? C'est tout ce qui te vient comme insulte ? avait demandé Sirius qui faisait tourner sa baguette dans sa main droite avec un air bizarrement calme. Je te croyais plus imaginative que ça. Aller, je suis sûre que tu peux faire mieux.
Livia avait froncé les sourcils en sentant un flot de colère s'étendre dans ses veines.
-Laisse-moi sortir tout de suite où je te découpe en morceaux et je te donne à manger au calamar géant ! avait alors rugi Livia.
-Ah voilà ! s'était exclamé Sirius en arrêtant ses mouvements et faisant un sourire ravi. La voilà la Livia que je connais !
La concernée avait sorti sa baguette.
-Ne m'oblige pas à faire ça Sirius, avait-elle dit avec un ton plus que sérieux et menaçant.
Mais Livia avait à peine eu le temps de lever sa baguette, que Sirius lui avait lancé un Expelliarmus informulé (le fumier s'était servi du cours de sortilège de la veille pour l'avoir !) et la baguette en bois de peuplier s'était échappée de sa main pour se retrouver dans celle de Sirius. Il avait ensuite lâché les deux baguettes derrière lui et s'était avancée vers Livia. Elle avait tenté de lui mettre un coup de poing mais il avait esquivé et s'était servi de son élan pour la tourner dos à lui. Il l'avait ensuite ceinturée de ses bras et lui avait donné un baiser fugace sur la joue.
Grossière erreur. Furieuse, elle lui avait donné un coup de coude dans les côtes et il s'était reculé de quelques centimètres avec un grognement, assez pour que Livia tente de se dégager. Cependant, il avait immédiatement raffermi sa prise sur sa taille en la collant à lui. Livia avait alors utilisé toute la force de ses pieds pour le faire reculer. Ce qui avait fonctionné car il avait reculé et s'était écrasé contre la porte. Il l'avait lâchée et Livia s'était rageusement dégagée. Elle s'était ensuite retournée et l'avait regardé avec haine.
Il avait un sourire sur les lèvres. Il s'amusait ? Très bien, alors ils allaient s'amuser. Livia avait repéré sa baguette du coin de l'œil et s'était jetée sur elle. Sirius l'avait vu venir à des kilomètres cependant et il s'était précipité sur la jeune femme. Livia avait tenté de l'esquiver, mais il était tout même arrivé à lui prendre le bras et la trainer sur quelques pas avant qu'elle ne se plaque devant lui pour lui mettre un coup de coude avec son autre bras. Il l'avait lâchée et Livia s'était retournée pour, de nouveau, croiser son regard. Ils s'étaient épiés quelques instants, puis, Livia avait lancé l'offensive. Comme depuis le début, sa technique était d'esquiver les coups et la maîtriser.
Leur petite scène n'avait pas duré très longtemps. Elle faisait la dure, mais, en réalité, elle n'était pas très experte en combat et surtout pas offensif, alors…Après qu'elle ait essayé de lui mettre un coup de pied là où ça faisait mal, Il l'avait prise dans les bras et l'avait rapidement plaquée contre le sol, se faufilant entre ses jambes pour l'immobiliser par la même occasion. Livia avait essayé de lui donner un coup de poing, mais il s'était emparé de son poignet et l'avait plaqué contre le sol, comme le deuxième.
Livia s'était débattue quelques instants, mais Sirius n'avait pas cédé. Il la regardait s'agiter avec un sourire sur les lèvres ce qui ne faisait qu'énerver encore plus la jeune femme. Au bout de quelques instants cependant, Livia avait arrêté de se débattre, avouant sa défaite.
-Mais qu'est-ce que tu veux à la fin !? avait-elle fini par grogner, essoufflée.
-Je veux qu'on arrête ce cirque, lui avait calmement répondu Sirius. Parce que, comme toi, j'en ai marre de tout ça.
-Alors pourquoi est-ce que tu ne me laisses pas tranquille ? avait demandé Livia, ne pouvant s'empêcher de regarder ses grands yeux gris, le cœur battant plus fort dans sa poitrine.
-Parce que ce n'est pas ça que je veux.
-Alors quoi ? Qu'est-ce que tu veux précisément ?
-Toi, lui avait-il intimement répondu ce qui avait fait frissonner Livia. Et je sais que tu désires la même chose. Alors ce que je veux, c'est qu'on arrête de jouer à ce petit jeu et qu'on prenne juste ce qu'on veut sans se poser de question.
-Et si ce n'est pas ce que je veux ? avait soupiré Livia d'une voix tremblante tandis que ses joues commençaient à rosir, provoquant un sourire narquois chez le garçon. Si ce que je veux, c'est que tu me laisses tranquille ?
-Alors je te laisserai tranquille, avait-il dit d'un ton affreusement confiant.
Il lui avait lâché les poignets et l'avait regardée avec toujours ce sourire charmeur dessiné sur les lèvres. Livia lui avait mis un coup de poing sans réfléchir et il était tombé à côté d'elle avec un grognement. Est-ce qu'elle avait déjà dit qu'elle détestait qu'on lui force la main ? En tout cas, par cette droite, Livia réaffirmait ce message. Elle espérait néanmoins qu'il comprendrait que ça voulait dire : « Essaie encore une fois de m'imposer quoi que ce soit par la force et c'est plus que ça que tu recevras. ». C'est ce qu'elle avait pensé en lui mettant en tout cas.
Cependant, elle n'arrivait pas à être en colère. Malgré le fait qu'elle vienne de le frapper…encore. C'était décidément une habitude ! Elle n'était pourtant pas comme ça avec les autres ! Elle le jurait sur tous ses aïeuls ! Avec lui… Elle ne savait pas pourquoi mais, il arrivait toujours à la pousser dans ses limites… C'était peut-être pour ça d'ailleurs qu'elle le désirait tant. Parce qu'il faisait naître ce qu'il y avait de plus extrême en elle. Et en parlant de désir…
Livia avait tourné la tête vers lui. Il se tenait la joue en riant à moitié. Elle voulait partir. Mais le sang continuait à battre plus fort dans son corps. Elle fourmillait d'une énergie particulière, là, maintenant. Et, après quelques secondes où la tension n'avait fait que grimper en elle, elle s'était redressée. Sirius pensait que s'était pour partir, alors, il avait esquissé un mouvement pour se relever à son tour, mais Livia l'en avait empêché. Elle avait poussé son torse d'une main contre le sol, puis, elle s'était servie de son appui pour passer ses jambes de chaque côté de la taille du jeune homme.
Une fois à califourchon sur lui, elle l'avait regardé, les yeux plissés. Lui, il la regardait avec malice, puis, il avait posé ses mains sur les hanches de la jeune femme, n'aidant pas Livia à calmer l'impulsivité sexuelle qui l'avait poussée à se dresser sur le garçon.
-Je croyais que tu voulais que je te laisse tranquille princesse ? lui avait-il dit avec un sourire victorieux.
-Tais-toi, avait simplement répondu Livia en se penchant sur lui pour l'embrasser.
Il avait répondu à son baiser et, d'un mouvement habile, il s'était dressé à l'horizontal. Collés l'un à l'autre, ils étaient partis dans une embrassade sauvage. Les mains de Sirius étaient devenues de plus en plus baladeuses, comme celles de Livia qui avaient dénoué la ceinture de son pantalon d'une main d'experte.
Ensuite, ils avaient fait l'amour, là, comme ça, à même le sol, sans aucune autre forme de cérémonie.
