A ma soeur préférée, commençait la lettre.

Tu es sa seule soeur, remarqua Tom. Ginny l'ignora. Elle avait eu envie de lire la lettre de Percy toute la journée, et ils n'avaient pas eu un moment à eux depuis qu'elle s'était remise de ses émotions après son rendez-vous avec Dumbledore et était allée en classe. Tom avait appréhendé son chaos émotionnel et l'avait dégagée de son propre corps, lui disant d'aller faire une sieste pendant qu'il gérait les cours. Elle s'était agitée dans un coin de son esprit alors qu'il prenait des notes d'une écriture qui faisait honte à la sienne, et posait des questions d'un ton velouté qui fit que même le professeur Chourave, d'ordinaire suspicieuse, leur avait offert un sourire chaleureux et avait dit que c'était une très bonne question sur les problèmes posés par les prunes dirigeables avant de continuer son cours. Ginny avait dit à Tom qu'elle ne savait pas qu'il était si intéressé par les fruits. Il avait reniflé, amusé, dans leur esprit avant de dire qu'il s'en foutait complètement, ce qui l'avait fait glousser. Il aimait simplement plaire aux professeurs.

C'était, elle devait bien l'admettre, assez drôle à voir, et ça la rassurait après sa rencontre avec le Directeur bien trop omniscient.

Puis il y avait eu le déjeuner, et Tom s'était retiré pour la laisser flirter seule, et, après un ou deux mots de choix, lui avait même épargné ses commentaires sur la façon dont Draco portait bien ses robes.

Ginny avait remarqué, même si elle le préférait en cuir pour le Quidditch.

Je n'ai pas d'objection là-dessus, non plus, avait été la dernière chose que Tom avait dite avant de redevenir silencieux. Draco lui versa du jus de fruits et elle le remercia et tout le repas avait été délicieux mais beaucoup trop court. Puis les cours de l'après-midi, et ensuite Pansy avait voulu lui montrer une page de mode dans Ado Sorcière qu'elle aimait bien, mais ne savait pas si ça lui irait. Daphné lui indiqua sa désapprobation, principalement à cause des chaussures, et Luna avait dit que ça lui faisait penser au ciel.

Pansy avait plissé les yeux devant la robe étroite et noire, et dit, "Le ciel ?"

"La nuit, de toute évidence," avait dit Theo alors qu'il récupérait sa copine pour la raccompagner jusqu'à sa tour avant le couvre-feu. Le collier de Luna, celui avec un drôle de triangle autour d'un cercle, était devenu visible quand elle s'était penchée pour récupérer ses livres, et Tom se figea à l'intérieur de Ginny et, avant qu'elle puisse l'arrêter, il prit le contrôle.

"Joli collier," avait-il dit. "Qu'est-ce que ça veut dire ?"

Ginny avait voulu l'égorger, ce qui était fondamentalement impossible vu qu'ils partageaient sa propre gorge, et il était resté opaque tandis qu'il attendait sa réponce.

Luna avait pris le collier entre ses doigts et regardait le métal. "Qu'est-ce que ça veut dire?" avait-elle demandé. "Pourquoi ça devrait vouloir dire quoi que ce soit ?" Puis elle était partie, sautillante, avec Theo et Ginny avait enfin - enfin - pu se retirer dans son lit et sortir la lettre de Percy.

A ma soeur préférée. J'ai lu ta lettre avec plus qu'un peu de trépidation. La femme à qui tu fais référence est puissante au sein du Ministère, et l'est de plus en plus chaque jour. Son animosité envers le garçon que nos parents ont, peut-être en faisant preuve de leur manque de bon sens habituel, reccueilli, est bien connue. En effet, la majorié du Ministère dépeint Potter comme, au mieux, un garçon illuminé et sous l'influence du Directeur Dumbledore et, au pire, un menteur asoiffé d'attention, probablement instable. Certains spéculent que l'attaque subie quand il était enfant l'a destabilisé et que les pressions subies à Poudlard le font tourner pour le pire.

Tom l'interrompit. C'est ça, le moins pire de ton frère ? Ce fanfaron pompeux ?

La ferme, répondit-elle. Laisse-moi lire.

Je ne sais pas quoi te recommander à propos de cette altercation, mais je te supplie de rester loin d'elle et de ne t'attirer ni sa suspicion, ni sa rancune. Elle peut être une ennemie formidable si elle est provoquée et, puisque notre famille a si peu de réputation, je n'ai pas les ressources ou l'influecne pour te protéger, bien que j'essaie de les obtenir. Je sais que tu as un bon réseau et je t'implore d'écouter les sagesses qu'ils peuvent avoir à t'offrir et de cultiver ces amitiés. Elles pourront être cruciales pour nous deux dans les années à venir. Je te fais confiance, Ginevra, mais sois prudente et sage, pas impulsive, et reste attentive.

Ton frère qui t'aime,

Percy

P.S. : Garde tes distances avec Harry Potter. T'associer avec lui ne peut que te contaminer et mettre en péril ton futur. Je sais que tu n'as jamais été proche de lui et te supplie de continuer sur cette lancée.

Ginny reposa la lettre. C'était moins utile et moins rassurant que ce qu'elle avait espéré. Ombrage était dangereuse, et Percy avait peur d'elle. Percy avait peur de ce qui venait, ce qui voulait dire que même si le Ministère le niait, il savait.

Oh, dit Tom. Je suis sûr qu'ils savent tous. Il sembla pencher la tête sur le côté. Je me demande ce à quoi je ressemble pour inspirer tant de peur et de déni.

Tu m'emmerdes, dit Ginny. Il semblait trop content de lui-même. C'était agaçant. Et ils n'ont pas peur de toi.

Ah, dit-il, toujours arrogant, mais ils devraient.

Elle sentit la pensée qu'il n'articula pas tout à fait et soupira. Il avait la même solution pour chaque problème, et c'en devenait ridicule. On ne peut pas tuer Ombrage, Tom. Reste concentré sur tes Horcruxes. Qu'est-ce qu'on devrait faire ?

Le médaillon de Serpentard, dit-il. J'aurais tout fait pour mettre les mains dessus. Et j'ai le sentiment que je sais où j'aurais pu le cacher, ou bien un des autres.

Il lui montra la grotte dans laquelle il était allé, enfant, pendant ses années à l'orphelinat, et, autour de sa satisfaction de l'avoir trouvé, il y avait l'écho de ce qu'il était arrivé aux deux enfants qui l'avaient trouvé. Tom - particulier, intelligent, beaucoup trop joli garçon - avait été une cible. C'était harcèle ou sois harcelé, dit-il. Il se sentait presque sur la défensive alors qu'elle se frottait à l'un de ses pires souvenirs.

Ginny vit ce qui lui était arrivé, et ce qu'il avait fait en punition, et dit, Ils l'ont mérité.