Moi, encore en retard ? Non, jamais ! Jamais...?


LaFanYaoiste-2meCompte : pas exactement de la magie noire, mais presque !

lesaccrosdelamerceri : ils ont trouvé quelque chose de louche et d'intéressant !

brigitte26 : J'y ai pensé, mais puisque Lily ne souhaite pas porter ou accoucher de l'enfant, et que les méthodes magiques liées à la maternité l'inquiètent, ce n'était pas une option... mais rien ne nous dit que l'histoire ne nous apportera pas un autre bébé ;)


Chapitre 32 : Les fantômes du passé


Pansy et Harry n'avaient plus ouvert la bouche de tout le cours, la moitié de la raison étant le choc et l'autre une réflexion légèrement trop accrue pour des enfants de onze ans.

Evidemment, au milieu du boucan qu'était la salle de classe, deux élèves en moins qui parlent passèrent complètement inaperçus au pauvre Quirrel, qui essayait, avec plus ou moins de réussite, de continuer son exposé sur on-ne-sait quelle créature des ténèbres.

Le nom de Démonzémerveilles entra par l'une de ses oreilles et sortit par l'autre, et Harry laissa la pensée parasite de Norah, aux yeux pétillants, faire son chemin et repartir tout aussi vite.

Lorsque la cloche sonna, les deux Serpentards échangèrent un regard et, sans un mot, quittèrent la pièce à toute allure, le cœur battant, après un dernier coup d'œil au livre rouge.

Dès qu'ils furent dans la salle commune, ils s'installèrent dans un coin, près d'une cheminée, et se regardèrent dans le blanc des yeux, incertains.

Il y avait longtemps qu'Harry n'avait plus perdu ses moyens, à l'instar de Pansy.

-Tu penses à la même chose que moi ?

-Le Grimoire Rouge ?

-Le Grimoire Rouge, confirma-t-il, et la jeune fille grimaça.

-Je ne pensais pas que tu t'y connaissais, en magie ancestrale.

-Ça vient de ma grand-mère paternelle et de ma mère. Apparemment, les épouses Potter sont presque toujours douées en magie ancestrale.

-Mais pas les Potter ?

-Il faut croire que seul l'un des membres d'un couple Potter peut être doué pour ça, rétorqua-t-il en haussant les épaules, et Pansy pinça imperceptiblement les lèvres.

Ce n'était pas l'information qu'elle désirait... mais là, tout de suite, ils avaient sans aucun doute des problèmes plus urgents.

-Revenons-en au livre.

-Pourquoi Quirrel, craintif comme il est, s'intéresserait à la magie ancestrale ? De toutes les magies différentes, on ne fait pas plus... terrifiant.

Pansy haussa les épaules, les sourcils froncés, et ne remarqua pas le regard d'Harry, fixé attentivement sur elle.

Ses yeux étaient vert clair, illuminés par la cheminée, qui leur donnait une lueur mordorée. Ça lui rappelait leur première nuit à Poudlard, à une heure du matin, lorsque, comme s'ils avaient fait cela toute leur vie, ils s'étaient endormis sous la même couverture en duvet, sur un canapé quelconque.

Il n'avait toujours pas déterminé si elle était en train de pleurer ou si elle ne parvenait tout simplement pas à dormir.

-Harry ?

-Oui ?

Elle semblait lui avoir parlé.

-Est-ce que tu vas bien ?

Le brun cligna un instant des yeux, perturbé, et leva un sourcil qui se cacha presque derrière ses boucles longues.

-Oui, pourquoi ?

-Je veux dire, est-ce que tu vas bien, vraiment ?

Cette fois-ci, il échoua à retenir l'écarquillement de ses yeux.

-Je suppose. Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?

-Je ne sais pas. J'ai presque l'impression d'entendre ton cerveau tourner à mille à l'heure, c'est un peu perturbant.

Il ne répondit pas, et se contenta d'observer Pansy, dont les yeux verts étaient sincèrement concernés. Elle avait les lèvres légèrement pincées sur le côté, la tête penchée, et son front été barré d'un pli soucieux.

Elle ressemblait à Lily la première fois qu'elle l'avait vu pleurer le visage inquiet.

-Eh bien, il tourne à vide, si tu veux tout savoir. Je ne comprends pas comment un homme comme Quirrel peut maitriser la magie ancestrale. En fait, je suis persuadé qu'il ne la maitrise pas. Sauf que le Grimoire Rouge n'a aucune valeur si on ne pratique pas.

Le Grimoire Rouge était un Artéfact unique : il permettait de maitriser certains sorts de magie ancestrale plus complexes que d'autres. Sans lui, ces sortilèges particuliers étaient presque impossible à invoquer. D'où le principe fondamental du livre : si on ne pratique pas, il n'a aucune valeur.

La particularité de la magie ancestrale était qu'elle laissait des traces physiques, allant de cicatrices à tatouages, et que ces marques, magiques, pouvaient être senties par d'autres pratiquants.

Un sorcier utilisant la magie ancestrale savait si un autre la pratiquait, lorsqu'il était à proximité.

Elle ne posa pas plus de questions, même s'il était à peu près certain qu'il n'avait pas donné la réponse qu'elle attendait. En fait, il ne comprenait pas pourquoi cette question était venue ainsi, sans signe avant-premier. Ça n'avait pas de sens.

-Tu penses que Draco pourrait nous aider ? Sa famille est penchée magie ancestrale, il me semble.

Pansy acquiesça.

-On pourrait en parler à Blaise aussi, un des époux de sa mère baignait là-dedans.

-Ou alors, on en parle à tout le monde.

-C'est sans doute la meilleure idée.

-Pourquoi est-ce que vous vous souciez autant de ça ? S'étonna Vincent, après que Pansy ait résumé la situation.

-C'est vrai, ce n'est qu'un livre... il lui sert peut-être de décoration, renchérit Théo, avant de se figer face à la grimace de ses amis. Qu'est-ce que je ne sais pas ?

-Le Grimoire Rouge est un livre, répondit Draco, sur le ton de l'évidence.

-J'avais compris, c'est dans le titre, répliqua le brun, légèrement vexé.

-Ce que Draco veut dire, c'est qu'il n'en existe qu'un exemplaire.

Vincent et Théo écarquillèrent les yeux.

-Un seul ? Comment c'est possible ?

-On ne sait pas réellement comment il a été créé, ni quand, ni pourquoi, ni par qui. C'est un Artéfact complexe, qui aide à faire des sorts de magie ancestrale appartenant aux deux pôles extrêmes du bien et du mal, expliqua patiemment Flora.

-Et qu'est-ce que sont les pôles opposés ? Je veux dire, c'est quel genre de magie ?

Flora ne répondit pas, et se tourna vers Harry. Elle n'était pas capable de dire ce genre de choses.

Le garçon déglutit une seconde, et ouvrit la bouche, ignorant le frisson qui parcourut son échine.

-Le pôle extrême du bien est celui qui profère le Talent. Dans les grandes lignes, ça fait de nous un Allié de la Mort, qui offre à tous une seconde vie heureuse, même à ceux qui ont fait des choses horribles. Le Talent promet le bonheur.

Blaise cligna momentanément des yeux.

La question des Moldus avait trouvé sa réponse : il y avait bel et bien une vie après la mort.

-Et le mal ?

Le visage d'Harry se ferma encore plus qu'il ne l'était habituellement.

-Ce ne sont pas des choses qui peuvent se dire à haute voix.

Flora cacha sa surprise. Elle aurait pensé qu'il n'aurait pas de mal à le prononcer.

Puis, elle se gifla mentalement. Harry était comme eux. Plus mature, beaucoup plus mature, mais comme eux : un enfant.

-Peut-être qu'il a le livre pour quelqu'un d'autre ? Proposa soudain Grégory, alors qu'il était resté silencieux depuis le début de la discussion.

Interloqué, Draco se tourna vers lui et, le visage extrêmement sérieux, feinta la stupeur.

-Tu as eu l'idée tout seul ou tu l'as piquée à quelqu'un ?

Grégory haussa un sourcil, et, quelques secondes plus tard, les deux sourirent.

-J'ai eu l'idée seul, merci de t'inquiéter. Plus sérieusement, c'est possible ? Demanda-t-il au blond, qui posa son menton dans sa paume pour réfléchir.

-Je suppose. Après tout, pourquoi pas ? Mais Harry l'aurait senti, si quelqu'un d'autre avait des Marques.

-Nous n'avons pas encore eu tous les cours, fit remarquer Hestia.

-Il nous manque la botanique, l'histoire de la magie et le cours de vol.

-Le professeur le plus susceptible d'utiliser cette magie est celui d'histoire, dit immédiatement Blaise.

-Impossible, c'est un fantôme, rétorqua Harry, et, à l'exception des jumelles, tous lui jetèrent un regard troublé.

-Un fantôme ? Répéta lentement Théo.

-Oui. Il enseignait déjà à l'époque de nos parents, ajouta-t-il, provoquant un gloussement nerveux à Draco.

-Génial.

-Il y a un problème ? Demanda enfin Hestia, voyant qu'Harry ne savait pas quoi dire.

-Les fantômes, ce n'est clairement pas mon truc.

-Ce n'est le truc d'aucun d'entre nous, ajouta Blaise, et ils hochèrent la tête.

Les trois autres restèrent silencieux et échangèrent un coup d'œil.

Ils savaient que Draco et Pansy se connaissaient depuis toujours, tout comme Blaise et Théo se connaissaient depuis quelques années. Draco et Blaise étant meilleurs amis, il était logique que les quatre soient amis depuis longtemps. Ils avaient vécu des choses qui leur étaient inconnues, tout comme l'inverse était vrai.

Cependant, ces quatre-là avaient une particularité : un entourage proche du Seigneur des Ténèbres, indépendamment du fait que le père de Pansy n'en avait pas fait partie, tout comme la mère de Blaise, qui, de toute manière, avait toujours vécu en Italie. Ils avaient grandi au milieu des sang-purs anglais, et, donc, des partisans en liberté de Voldemort.

Leur enfance avait été déchirée entre le fait qu'il était le sorcier le plus monstrueux du siècle, et celui que leurs familles, ou les contacts de ces dernières, l'avaient soutenu de diverses manières.

-Est-ce que vous allez nous expliquer la raison, ou c'est trop personnel ? Questionna finalement Flora, abandonnant l'idée de prendre des pincettes.

-Je ne sais pas vraiment, c'est un peu... complexe, répondit Pansy en jetant un coup d'œil inquiet aux garçons.

-Vous-Savez-Qui est comme un fantôme chez nous.

Les trois amis d'enfance soufflèrent face à la violence de l'information, lâchée par Draco comme on mettrait au courant ses voisins des risques d'averse.

-Pardon ?

-Ma famille en particulier porte son existence comme une sorte de parasol, qui cache sans cesse le soleil. Le manoir familial lui a toujours servi de quartier général. Chaque pièce transpire le sang, les larmes... je le sens, et pourtant, je n'ai pas connu cette époque. Pas vraiment. Je m'en souviens juste dans des cauchemars, des souvenirs vagues qui remontent, du moment où je n'étais qu'un bébé. Chaque centimètre du sol semble poisseux.

Les jumelles déglutirent difficilement, alors qu'Harry avait les yeux fixés dans ceux, gris, du garçon.

-Toutes nos familles l'ont vécu de cette manière, avec une force plus ou moins écrasante. Les Malfoy, les Nott, les Black, sont sans doute les familles qui ont été les plus ruinées. Mais pas dans le sens matériel. Nous avons été ruiné dans notre sang lui-même, expliqua lentement Théo, et, effarés, ils observèrent leur rayon de soleil personnel perdre la face, les yeux scintillants de larmes.

-Certains d'entre nous ont juste été des victimes collatérales. Les Rosier, les Parkinson, les Selwyn, les Carrow. Nos parents sont vus comme des Mangemorts sous prétexte qu'ils sont des sang-purs, et, malgré tout ce que l'on pourra dire, jamais plus on ne nous fera confiance.

Pansy avait la mâchoire contractée.

-Parce que certains membres des branches secondaires étaient de son côté ? Demanda Hestia, les sourcils froncés, et la brune hocha la tête.

-Je ne comprend pas. il est mort, tout ça devrait faire partie du passé, gronda Flora, et le cœur d'Harry tomba dans sa poitrine.

Pour la première fois, il réalisa pleinement : Lord Voldemort était encore en vie. Et il avait pris soin de ne jamais mourir. Et, si Carmilla ne s'était jamais arrêtée à Azkaban ce jour-là, si elle n'avait jamais parlé à Sirius, s'il ne l'avait jamais invitée au manoir, si elle n'avait jamais senti l'Horcruxe...

Que serait-il arrivé ?

Où seraient-ils désormais ?

Un gouffre s'ouvrit dans ses poumons, et son souffle se bloqua. Voldemort était quelque part, Magia seule savait où.

Et il n'était pas encore mort. Et ils ne pouvaient rien y faire.

Pour la première fois depuis des années, Harry sentit, comme hors de son corps, son cœur accélérer, sa tête bourdonner, ses yeux devenir vitreux.

Face à lui, Pansy fut la première à réaliser que quelque chose clochait, et, juste avant d'être pris de spasmes compulsifs qui le rendirent complètement aveugle et muet ainsi que partiellement sourd, il eut le temps de voir ses yeux verts s'écarquiller de frayeur alors qu'elle se levait précipitamment.

Evan frissonna quand ses pieds touchèrent le parquet lisse et glacé tandis qu'il venait de s'asseoir sur le bord de son lit, la couverture recouvrant encore une partie de son corps.

Il avait froid. Et ça n'avait strictement rien à voir avec la température tiède de septembre.

Regulus lui manquait atrocement.

Il retint un sanglot et remonta ses jambes contre sa poitrine, les bras entourant ses genoux, la gorge serrée. Il se sentait seul. Et loin de tout. Le manoir était immense, plus grand encore qu'il ne l'avait jamais été, plus grand encore maintenant que la voix de Regulus ne se faisait plus entendre à intervalles irréguliers.

Il était seul, minuscule petit point entre des centaines de murs de pierre impersonnels, dans un manoir qui avait, à une époque, été sa maison, mais qui n'était désormais qu'un labyrinthe de pièces, chacune contant un souvenir heureux.

Un souvenir révolu, comme si l'idée même du bonheur datait trop pour qu'il s'en souvienne réellement.