Mot de l'auteur

/!\ Cette histoire est une réécriture en version boy x boy de "La quête des Livres-Monde" de Carina Rozenfeld, l'histoire et les personnages lui appartiennent ! Les livres peuvent être acheter sur amazon, fnac et en librairie ! (Environ 5 à 14 euros le livre et environ 30 euros l'intégrale) pour soutenir l'auteur et la financer dans ses projets ! /!\

PS : Les personnages autres que Nathan, Zayn, Lia et Aela ne m'appartiennent pas ! Ils sont de Carina Rozenfeld, une écrivaine très talentueuse que j'admire !


- Cette petite a du cran, déclara Ben en redémarrant. J'espère qu'elle ne se sentira pas gênée de m'appeler si elle ne va pas bien.

Il se tut quelques instants puis reprit la parole, semblant penser à quelque chose :

- L'Avaleur de Mondes, il peut s'en prendre à toi aussi ? demanda-t-il à son neveu en lui jetant un coup d'ail dans le rétroviseur intérieur.

- Oui. Il l'a déjà fait, juste une fois. (Il vit le froncement de sourcils de Ben dans le miroir.) Oh, rien d'aussi grave. Nathan m'a sauvée, moi aussi... En fait, c'est surtout lui qui subit les attaques de l'Avaleur de Mondes. Je crois qu'il l'a désigné comme son ennemi personnel.

- Je ne sais pas si je peux te laisser continuer dans cette recherche des livres, Zayn. C'est trop dangereux, et je ne me pardonnerais jamais s'il devait t'arriver quelque chose.

- Ben, je n'ai plus le choix, maintenant, soupira le jeune homme.

- On a toujours le choix, martela Ben de sa voix grave. Je pourrais avertir tes parents, ils te mettraient en sûreté quelque part où le monstre ne pourrait pas te trouver.

- Tu ne ferais pas ça ! Je t'en prie, Ben, ne fais pas ça ! implora Zayn en prenant soudainement peur.

Même si Ben ne cherchait qu'à le protéger, il regrettait, à présent, de l'avoir tenu au courant. Allait-il tout gâcher ?

- Ce ne serait que pour t'éviter le pire.

- Tu as gardé le secret sur ma bizarrerie tout ce temps, pourquoi tu mettrais papa et maman au courant maintenant ?

Ben ne répondit pas tout de suite. Il tourna dans une rue et ralentit car il regardait à nouveau Zayn dans le reflet de son rétroviseur intérieur.

- Je n'ai rien voulu dire à mon frère parce que je savais que ça l'anéantirait. Tes parents ont eu tellement de mal à te concevoir... Ils étaient si heureux de t'avoir, enfin. Je t'ai observé tout ce temps et puis tout est rentré dans l'ordre, alors je n'ai pas eu besoin de les mettre au courant. Je ne peux pas ignorer que, s'ils te perdaient maintenant, leur douleur serait tout aussi intense, Zayn. J'aime mon frère suffisamment pour lui éviter une telle tragédie.

Zayn s'agita sur le siège arrière de la voiture. Il sentit ses yeux la piquer. Il se raccrocha à la main de Nathan, toujours inconscient à côté de lui. Et si c'était lui qui avait été blessé, est-ce que Ben aurait prévenu ses parents ? Comment réagiraient-ils s'ils étaient au courant?

- Ben, je comprends que tu sois inquiet, mais je t'assure que le danger n'est pas aussi grave que tu l'imagines !

- Ah bon ? Et ton ami, il s'est fait ça tout seul ?

- Mais Nathan est la cible de l'Avaleur de Mondes. Il ne s'en prend qu'à lui, jamais à moi. Tu as bien vu qu'il ne se passe jamais rien de dangereux à la maison ! Je ne risque rien, je te le jure. Le seul danger auquel je fais face actuellement, c'est de devoir remporter un livre aux enchères sur eBay. Il y a pire dans la vie ! Please, Ben, don't do anything... I need your help now, don't become my enemy, not you...

Les paroles de Zayn étaient saccadées, elles se chevauchaient, tellement son désir de convaincre son parrain était intense. Il ne pouvait pas envisager de se faire trahir par Ben, qu'il adorait tellement depuis tout petit. La souffrance que cela entraînerait serait beaucoup plus forte qu'une attaque de l'Avaleur de Mondes. Il en était convaincu.

Ben resta silencieux un bon moment, concentré sur la route. Le cœur de Zayn cognait contre sa poitrine. Il avait envie de revenir en arrière, de changer les événements de la journée pour que toute cette situation s'efface, et que tout redevienne comme avant. Ils furent bientôt de retour chez eux. Toujours sans dire un mot, Ben rentra dans le parking de son immeuble et se gara. Il faisait sombre dans le sous-sol et une odeur de renfermé mêlée à celle de l'essence flottait autour d'eux. Ben soupira et se tourna vers Zayn.

- Soit. Je ne dirai rien pour le moment. En effet, je n'ai pas eu la sensation que tu étais en danger ces derniers jours. Et je suis prêt à te croire quant aux risques que tu cours. Tu es un jeune homme assez raisonnable pour que je te fasse confiance. Mais, si jamais la situation devait évoluer, si jamais tu devais courir le moindre risque, je n'hésiterais pas à intervenir. Ne le prends pas mal, je ne veux en aucun cas devenir ton ennemi. Je fais cela parce que je t'aime comme mon propre fils et que j'ai le devoir de te protéger. Quand je vois ton ami dans cet état, je me dis qu'il a eu de la chance, que cela aurait pu être pire, et surtout que ça aurait pu être toi. Ça m'est intolérable. C'est compris ?

Zayn hocha la tête puis la baissa.

- Oui, souffla-t-il. Je te remercie... Et je tâcherai de toujours rester loin de tout danger.

- Tu as intérêt. Je comprends que l'enjeu de ta mission soit important, et je souhaite que les Chébériens puissent revoir la lumière un jour. Mais tu es, à mes yeux, plus important que tous les Chébériens réunis, et je te surveille à présent. Que cela soit bien clair entre nous. Il t'arrive le moindre malheur et je mets tes parents au courant afin que, tous ensemble, nous soyons à même de te protéger.

- C'est compris.

- Parfait, maintenant, allons prendre soin de ton ami...


Des chuchotements tout près de lui, dans le noir. Ce fut la première impression de Nathan quand il reprit conscience.

Ensuite, il remarqua qu'il était allongé et qu'il faisait chaud. Une voix basse murmurait des mots indistincts, comme si quelqu'un parlait une langue étrangère. Une autre voix, familière celle-là, lui donna envie d'ouvrir les yeux, qui refusèrent d'obtempérer, même d'un millimètre. Une immense fatigue empêchait son corps de réagir aux ordres de son cerveau. Pourtant, il aurait juré entendre Zayn et il voulait s'assurer que c'était bien lui. C'était impossible ! Zayn était fâchée contre lui. Il rassembla toute sa volonté, tentant de soulever ses paupières, afin de vérifier ses assomptions, mais elles étaient définitivement trop lourdes. Il lutta quelques instants contre l'inconscience qui le menaçait encore. Sombrant à nouveau, il sentit juste une ligne de feu sur sa poitrine. Puis plus rien.

Il faisait encore sombre quand Nathan parvint enfin à ouvrir les yeux. Les voix s'étaient tues et dans la légère lueur qui sourdait par la fenêtre, il ne reconnut pas du tout sa chambre. Il se trouvait dans une pièce inconnue, occupée par un mobilier cossu en bois ciré. De lourds rideaux de velours vert amande masquaient une fenêtre sur sa gauche. Où était-il ? Que s'était-il passé ? Un puissant mal de tête martelait ses tempes et sa gorge était horriblement sèche. Il fit un mouvement pour se redresser mais la ligne de feu sur son torse le brûla à nouveau, lui tirant un gémissement involontaire.

Aussitôt, une silhouette se dressa près de lui et une main fraîche se posa sur son front.

- Shhhhh… Ne bouge pas. Tout va bien. Tu es vivant.

Ce n'était pas un rêve ! C'était bien la voix de Zayn !

- Que... Zayn ?

- Oui, je suis là... Tu as été blessé par l'Avaleur de Mondes, mais Ben s'est occupé de toi. Il a tout refermé, tu ne risques plus rien.

Nathan ne comprenait pas ce que lui racontait Zayn. Il laissa retomber sa tête sur l'oreiller et tenta de démêler la réalité de l'illusion, sans succès. Ses idées étaient embrouillées, ses souvenirs flous, noyés sous un voile ténébreux, glacé et humide.

- Que... Où je suis ?

- Chez moi. Enfin, chez Ben.

Mais... Nathan fouillait en vain dans son esprit, à la recherche d'une image, d'un élément quelconque qui l'aiderait à comprendre pourquoi il était étendu ici. Ses yeux papillonnèrent.

- Tu ne te souviens pas ? insista Zayn. L'Avaleur de Mondes a investi le corps d'Aela pour s'en prendre à toi. Il t'a blessé au thorax. Tu as perdu pas mal de sang.

Des flashs d'images lui revinrent en mémoire, fracassant son crâne déjà douloureux de coups de lumière, de tonnerre, d'élancements, d'yeux emplis de néant.

- Aela ! Où... Comment...

- Elle va bien. Un peu sonnée, forcément, mais elle va bien. Je lui ai promis de l'appeler pour lui donner de tes nouvelles.

Nathan soupira de soulagement et ferma les yeux. Il sentait qu'il n'était pas loin de se laisser à nouveau happer par l'inconscience quand l'incongruité des paroles de Zayn le fit réagir.

- Tu... vas... appeler Aela ? Toi ?

Zayn éclata d'un rire doux.

- Eh oui, la vie est étrange, n'est-ce pas ? Je ne pouvais pas lui en vouloir, la pauvre. Et puis elle t'a sauvé la vie. Elle a eu le réflexe de m'appeler pour me prévenir de la situation.

Nathan fronça les sourcils. Il ne comprenait pas comment Aela avait pu appeler Zayn et surtout pourquoi ce dernier avait décroché, mais finalement, ça n'avait aucune importance. La fatigue qui alourdissait tous ses membres accablait aussi ses pensées. La seule chose qui le rendait heureux, c'est qu'il lui semblait avoir enfin retrouvé sa place. Il était près de Zayn, et tout était arrangé. Ou presque...

Il sourit en se laissant rattraper par l'épuisement, par la douce torpeur qui l'accueillait et atténuait la ligne de feu sur sa poitrine. Avant de sombrer, il exhala d'une voix à peine audible...

- Je suis heureux de te retrouver.

Il crut l'entendre répondre « Moi aussi », mais c'était peut-être dans son rêve...

Zayn le regarda s'endormir avec tendresse. Malgré les paroles rassurantes de Ben, il s'était inquiété tout le temps qu'avait duré la léthargie de Nathan. Mais finalement son oncle avait tout le nécessaire chez lui et il avait pris soin du Chébérien à merveille, nettoyant, suturant, pansant ses plaies. Il lui avait même posé une perfusion qui distillait un goutte-à-goutte de produits anti-douleur.

Zayn trouvait que Nathan avait mis du temps à se réveiller, mais Ben lui avait expliqué qu'il lui avait injecté une sacrée dose de morphine et qu'il serait assommé pour un bon moment.

Rassuré d'avoir échangé quelques paroles avec son ami, il l'observa quelques instants encore. Ses joues s'étaient creusées et de profonds cernes noirs soulignaient ses yeux clos. Zayn se mordilla la lèvre inférieure sous l'effet de la colère. Saleté d'Avaleur de Mondes ! Il n'avait pas épargné le jeune Chébérien ! En plus de la fureur, il ressentit à ce moment-là de la culpabilité. Il avait laissé Nathan tout seul face à l'entité, il l'avait abandonné. La jalousie n'aurait jamais dû le séparer de son ami. Il s'en voulait terriblement et s'engagea intérieurement à être toujours là pour lui, quoi qu'il arrive.

Cette conclusion lui rappela la promesse faite à Aela, et il s'éloigna dans le couloir pour l'appeler discrètement.

- Il s'est réveillé, tu peux être rassurée maintenant, lui annonça-t-il.

- Merci, Zayn. Je suis soulagée de savoir qu'il va bien !

Aela avait retrouvé une voix normale, mais un voile de gravité était désormais posé sur ses intonations.

- Et toi, tu te sens comment?

- Épuisée, sale de l'intérieur... Après tout ça, j'ai passé l'après-midi sous la douche. J'ai eu beau me frotter, me laver, me rincer, je ne suis pas arrivée à me débarrasser de cette sensation de souillure, de violation.

Zayn grimaça en entendant ces mots.

- Je te comprends. Tu sais que Ben peut toujours te donner quelque chose pour te sentir mieux.

- Je crois que la seule chose qui me fera me sentir mieux, ce sera de pouvoir mettre mon poing dans la figure de cette chose. (Zayn sourit en entendant Aela aussi rancunière.) C'est une image, bien sûr. On va retrouver ces Livres-Monde et recréer Chébérith. Ce sera ma meilleure vengeance sur l'Avaleur de Mondes. La mort de mon père, son intrusion en moi, la blessure de Nathan..., tout sera lavé avec le retour de Chébérith.


Nathan finit par ouvrir les yeux à nouveau au petit matin.

Il aperçut tout de suite Zayn recroquevillé dans un grand fauteuil recouvert de velours assorti aux rideaux, un plaid posé sur sa silhouette. Il dormait, la bouche légèrement ouverte, la tête penchée, une joue appuyée sur le dossier.

Nathan sourit en le regardant. Il avait l'impression qu'il ne l'avait pas vue depuis un siècle. Il détailla ses longs cils courbés qui soulignaient l'amande de ses yeux, la pointe de rose que le sommeil déposait sur ses joues, ses lèvres pleines.

Zayn dut sentir le regard de Nathan car il ouvrit les yeux et s'étira comme un chat, avant de tourner la tête vers le garçon.

- Oh ! Tu es réveillé ! Comment tu te sens ?

- Je ne sais pas trop. Je ne sens rien, j'ai l'impression d'être engourdi.

- C'est normal. Ben t'avait mis sous morphine. Tu vas aller mieux très vite. Il n'y a plus qu'un antidouleur dans la perfusion maintenant, donc tu devrais sentir ton corps dès qu'il aura éliminé la morphine.

- Il est quelle heure ? demanda Nathan en remarquant la lumière qui filtrait à travers les volets fermés. Zayn passa une main sous le plaid et extirpa son téléphone. Il appuya sur une touche pour allumer l'écran.

- Il est neuf heures et demie du matin.

- Quoi ?!

Nathan avait commencé à se soulever, mais la ligne de feu sur sa poitrine se réveilla et il se rendit compte qu'il n'avait pas assez de force dans les bras pour aller au bout de son mouvement.

- Mes parents ! Ils doivent être morts d'inquiétude !

- Ne t'en fais pas, je les ai prévenus.

Nathan laissa retomber sa tête en grimaçant.

- Tu leur as dit quoi ?

- La vérité. Enfin presque, se dépêcha d'ajouter le jeune homme en voyant l'air horrifié de Nathan à ses mots. Que tu as été agressé et que Ben te soigne.

- Oh là là !... Ma mère, elle doit être dans un état...

- Ils sont passés te voir hier soir, elle a eu la preuve que tu es bien vivant.

- Je ne m'en souviens plus.

- Tu étais encore bien sonné. Ben leur a tout expliqué et ils sont repartis à peu près rassurés. Ils repassent te voir tout à l'heure.

Nathan secoua la tête sur son oreiller en fermant les yeux.

- Les pauvres... Je ne leur facilite pas la vie. Ils ne se sont pas demandé pourquoi je n'étais pas à l'hôpital ?

- Si, mais Ben les a embobinés, genre tu es mieux soigné ici et la bouffe est meilleure.

Nathan éclata de rire. Son estomac se manifesta à ce moment précis, lui rappelant qu'il n'avait rien mangé depuis des heures.

- En parlant de ça..., j'aimerais bien profiter des talents du cuisto !

Zayn sauta sur ses pieds en riant à son tour.

- Vos désirs sont des ordres, ô super héros des temps modernes, ennemi personnel de l'Avaleur de Mondes.

Et en effectuant un petit pas de danse, il quitta la pièce.

Nathan s'esclaffa et esquissa le mouvement de passer la main dans ses cheveux, mais il parvint à peine à la soulever.

Il referma les yeux. Les souvenirs de la scène qu'il avait vécue la veille lui revenaient enfin en mémoire. La menace de l'Avaleur de Mondes résonna dans son esprit : il comptait blesser les gens proches de Nathan pour l'atteindre, le faire parler. C'était le pire des scénarios. Tant qu'il ne s'occupait que du Chébérien, il pouvait le supporter, même si tout cela commençait à prendre des proportions inquiétantes. Mais il avait attaqué Lia, puis Aela. Et ensuite ? Ses parents ? La famille de Zayn ? Qui encore ? Jusqu'où était-il prêt à aller pour parvenir à ses fins ?

Jusqu'au bout, sans pitié, lui répondit une petite voix intérieure…