Bonsoir ! Aujourd'hui, un nouveau chapitre plein de révélations pour notre héroïne, et des retrouvailles en vue. J'ai beaucoup aimé écrire ce chapitre, et développer un peu le personnage de Drago. J'espère que vous le voyez comme moi je le vois. Bonne lecture !
Je sortis furieuse du bureau de Nott et je n'arrivais pas à expliquer cette fureur. Après tout, l'interview s'était bien passée, j'avais de nouveaux éléments à disposition pour mon enquête, mais cela ne me suffisait pas. J'étais en colère contre moi-même, parce que justement, ces éléments ne me suffisaient pas. J'étais rentrée dans le bureau de Nott armée des meilleures intentions du monde, prête à essayer de comprendre pourquoi il était parti, et prête à connaitre enfin le rôle qu'il avait joué pendant la guerre et surtout pendant la bataille du bal. Peut-être que j'étais même disposée à lui demander comment il allait, ou ce qu'il avait fait pendant toutes ces années. Au lieu de cela, j'avais attendu trois quarts d'heure dans un vestibule, pour me retrouver à lui poser des questions si formelles, comme celles que j'aurais pu poser à n'importe quel inconnu qui se baladerait dans la rue. Nott semblait être passé à autre chose, et je décidai d'en faire de même. Je rapporterai notre conversation à Blaise, puisque j'avais honoré sa promesse, et ce serait tout. Nott était parti de ma vie un jour, en sixième année, y était réapparu pour disparaitre ensuite de nouveau. Je l'avais déjà dit, mais quand les gens vous abandonnent une fois, ils sont toujours prêts à le refaire. J'aurais en attendant la lourde tâche d'essayer d'oublier une nouvelle fois les « plus beaux yeux du monde », la chemise blanche, et la silhouette qui m'avait tant troublée.
En arrivant dans mon appartement, je me rappelai que Drago devait passer dans la soirée. L'heure était déjà avancée, et je me dépêchai de me maquiller avant son arrivée. En entrant, il me fit remarquer que j'étais beaucoup plus pâle que d'habitude, ce qui était ironique venant de sa part, puisque son teint était toujours à la limite du livide. Il se mit à rire face à ce constat incontestable, et entreprit d'ouvrir la bouteille de vin que j'avais posé sur la table. Il me demanda gentiment comment s'était passé ma journée et observa que « quelque chose clochait ».
« Est-ce que tu te souviens de Théodore Nott ? »
« Vaguement. C'était l'ami de Blaise Zabini, un grand brun, qui avait toujours de bonnes notes c'est ça ? Je n'ai jamais été intime avec lui mais je vois qui c'est. D'ailleurs j'ai beaucoup entendu parler de lui au Ministère, et de sa récente promotion. Je pense que tu connais les ragots à son sujet. Tu es allé le voir pour lui poser des questions ? »
Je lui répondis par l'affirmative. Dans le passé, il me semblait que Malefoy n'avait jamais véritablement attention à moi, toute cette attention ayant été occupée par le Golden Trio, et peut-être aussi par Ginny et Neville. Il n'avait donc aucune idée des relations que j'avais entretenues avec Blaise et Théodore. J'imagine qu'il devait forcément connaitre Opale, de vu au moins, puisque j'étais tout le temps avec elle. Si séparément, j'avais toujours été dans l'ombre, et c'était d'ailleurs aussi le cas pour mon amie, notre duo possédait une petite notoriété. Tout Poudlard avait entendu parler, au moins une fois, du « duo infernal ». Je lui expliquai alors que Nott était une ancienne connaissance (le mot « ami » étant devenu inadéquat pour qualifier ma relation à Théodore), que j'avais en effet interrogé dans la journée.
« Mais tu ne dois sûrement pas voir de quoi je parle. A l'époque où j'étais, si l'on peut le dire, « amie » avec Nott et Zabini, en début du sixième année, j'étais totalement insignifiante et tu n'as pas dû faire attention à moi. »
Le vin avait réchauffé les joues de Drago et sa pâleur habituelle semblait quitter son teint. J'ouvris une seconde bouteille, et Drago ne répondait toujours pas. Il semblait perdu dans la contemplation de ma table en mosaïque, et ses yeux gris dégageait cette impression de mélancolie qui lui était si familière. Il releva soudain la tête avec un petit sourire rieur et s'adressa à moi sans retenue.
« La première fois que j'ai fait véritablement connaissance avec la petite Mary Smith, elle était en quatrième année. Nous avions cours de Défense de Défense contre les Forces du Mal avec le faux Maugrey et tu t'étais énervée, enfin tu avais littéralement pété les plombs parce que tu trouvais que le professeur parlait trop vite pour que tu puisses tout prendre en notes. Je pense que tout le monde était d'accord avec toi mais personne n'avait osé le dire à voix haute, et il a fallu que ce soit la première de la classe qui maugréer contre son professeur pour que les choses changent. Tu avais hurlé ce jour-là, tu étais hors de toi. Tu étais enfin sortie de ta carapace de bonne élève et j'avais aimé ton insolence. Tu avais toujours refusé de te plier aux règles et ton impertinence me touchait. Alors j'ai eu envie de tout connaitre de toi. Mais je n'avais aucun moyen de t'approcher. J'avais fini par comprendre que cette forme d'insoumission était accompagnée de nombreuses préconceptions contre les Serpentards notamment, et il était hors de question que je t'approche. Mais en cours de DFCM, tu t'asseyais toujours à côté de ton amie, Opale, c'est ça ? et j'avais trouvé la bonne technique : caché derrière une des arcades qui soutenaient le toit de la salle, il y avait une place idéale, assez propice pour me cacher des yeux des professeurs, mais assez pour pouvoir te regarder tout entière, avec ces cheveux blonds si raides qui me rappelaient les miens, la délicatesse de tes formes, tes jambes si longues. Alors ce soir, il fallait que je te fasse cette confidence. La première fois que je t'ai vraiment vue, pas simplement aperçue dans les couloirs, tu étais en quatrième année. Et malgré tout ce que j'ai pu faire pendant les années suivantes, je n'ai jamais cessé de regarder Mary Smith, qui s'épanouissait d'années en années. »
Il me semblait qu'on entendait au loin, la musique que nous écoutions, qui pourtant était si proche de nos oreilles. « Et j'me demande si Cupidon est un peu myope ou un peu con… ». Deux ans après avoir couché avec Drago pour la première fois, il me révélait qu'il avait eu des sentiments pour moi. Plus que cela, contrairement à la plupart des hommes que je fréquentais, il m'avouait m'avoir, pour ainsi dire, découverte, avant que je ne commence à changer, avant que Théodore et Opale me quittent. Je ne savais pas quoi faire, ni quoi dire. Pour le moment, je me contentai de réfléchir à ce que Drago venait de m'annoncer. Je ne savais pas si je devais le remercier ou non. En vérité, face à Drago, je ne savais jamais quoi faire. Il avait cette faculté de me désarmer à chaque fois que je croisais son regard. D'autant plus qu'il était souvent difficile de savoir si Drago était heureux, ou triste, ou simplement mélancolique. Cette sorte de déclaration (difficile de savoir si c'en était une ou non) me bouleversait. Je savais que je n'étais que sa maitresse, et que je ne partageai son lit qu'une ou deux fois par semaine, et la situation avait toujours semblé me convenir. Mais au fond de moi, je savais que cela ne pouvait pas durer éternellement, et qu'il devrait finir par faire un choix, où je serais forcément perdante.
« Quand j'étais petite, je devais avoir six ou sept ans, mon professeur me mettait souvent au coin, justement parce que j'étais insolente. Alors dans ces moments-là, je cherchais à énerver mon professeur encore plus, et j'avais mis en place la parfaite stratégie. Il me suffisait de planter mes pieds dans le sol, avant de lever un jambe pour me retrouver à cloche-pied. Le prof appelait ça « faire la cigogne », et cela avait le don de le mettre hors de lui. Je me souviens avoir raconté cette anecdote à Opale, et depuis, quand je jouais la rebelle, elle m'appelait « la cigogne ».
Drago se mit à rire de bon cœur. Quand nous ne parlions pas de philosophie ou de littérature, nous nous racontions des anecdotes sur nous et notre famille. C'est ainsi que j'appris que le célèbre Lucius Malefoy dormait encore avec un doudou, ce qui avait le don de m'amuser énormément. Drago connaissait tout de ma famille, et je connaissais tout de la sienne. Certaine plaisanterie étaient devenus récurrentes : savoir si mon père moldu m'avait encore cuisiné des brocolis alors que je détestais cela, si ma mère avait encore décidé d'adopter un énième chat errant, si Narcissa Malefoy avait enfin réussi à faire pousser ses fameux plants de tomates. J'espérai détourner la conversation sur un sujet plus léger, parce que je ne me sentais pas prête à parler de tendresse avec lui. Jusqu'alors, nos conversations étaient restées centrées sur du badinage, et même si je montrais une certaine inclination envers Drago, je ne voulais absolument pas gâcher la nature de nos relations. Mais visiblement, mon compagnon n'avait pas l'intention d'en rester là.
« C'est grâce à ça, ou plutôt à cause de ça, que je me souviens encore bien de Théodore Nott. Je me rappelle que vous étiez plutôt proches, ce qui avait le don de m'énerver. Il était un peu amoureux de toi à l'époque ».
Je balayais son affirmation d'un revers de la main, relevant le côté droit de ma lèvre supérieure, ce qui fit sourire Drago. Je lui expliquai qu'il ne s'était jamais rien passé entre Nott et moi, en prenant fermement la main de mon ami dans la mienne. J'ajoutai avec conviction qu'après la conversation terriblement formelle qui venait d'avoir lieu entre Nott et moi, il ne se passerait jamais rien entre nous. Drago ne se montra ni rassuré, ni satisfait. Aucune émotion n'était décelable sur son visage. Comme toujours dans les moments où il ne savait pas quoi dire, il attira mon menton vers le sien et m'embrassa doucement, avec toute la tendresse dont il était capable.
Le reste de la soirée se passa comme d'ordinaire et quand vient la nuit, au moment où je posais ma tête contre son épaule, je ne parvins pas à trouver le sommeil. Je me remémorai la conversation que j'avais eu avec Nott, puis celle que j'avais eu avec Drago. J'étais profondément troublée. Je venais d'apprendre que Drago avait été amoureux de moi, ou du moins attirée par moi durant une grande partie de notre scolarité ensemble. Mais je me demandais si cette sorte de confession avait encore un sens depuis la guerre, et depuis que nous étions partis de Poudlard. Les choses avaient tellement changé. Il n'y avait qu'à voir la manière dont s'était déroulé mes « retrouvailles » avec Nott. Le mot « retrouvailles » ne correspondait guère en effet. Au lieu de retrouver un véritable ami, je m'étais encore une fois heurtée à sa suffisance glaçante et à ses paroles cérémonieuses.
Non, décidément, depuis la guerre, les choses avaient changé. Il n'y avait rien à espérer de Drago. Il était probablement toujours attiré par moi, mais on ne pouvait guère parler de sentiments. En deux ans de relation, même si le nom de sa copine n'avait jamais été évoqué, son ombre planait dangereusement sur notre liaison. Il y a un an, il avait finalement accepté de venir vivre avec elle. Je le savais, puisqu'il m'en avait parlé. Il n'en avait pas du tout envie à l'époque, mais elle avait fait pression sur lui pendant six mois jusqu'à qu'il jette l'éponge. Je le lui avais déconseillé, mais sur ce genre de questions, elle était la seule qu'il veuille bien écouter, et encore. Drago et sa mélancolie avaient eux aussi toujours du mal à se plier aux règles.
Comme souvent, je me demandais si un avenir était possible entre lui et moi. Si, enfin, un jour, j'arrêterai d'être sa maitresse. J'avais envie de rencontrer ses amis, de pouvoir aller librement avec lui au restaurant, de pouvoir montrer notre relation aux yeux de tous. Mais deux ans étaient déjà passés, et malgré tous mes efforts, rien ne pouvait le forcer à quitter sa copine. J'avais accepté cette liaison dès le début, en connaissance de cause, puisque Drago ne m'avait rien caché. Mais souvent, ces soir-là, quand je contemplais ses yeux gris, eux-mêmes perdus dans la contemplation de la mosaïque de ma table, je ne pouvais m'empêcher de me demander si un jour il m'aimerait. Je ne lui en avais jamais parlé en face, de peur de détruire la relation qui nous unissait. Mais après ce qu'il venait de m'avouer, il me semblait qu'il fallait rebattre les cartes. Comment est-ce que cela serait, d'être aimée par Drago ? D'osciller toujours entre gaité et mélancolie ? De dormir sur son épaule, en sachant qu'il ne partirait pas le lendemain matin, après le petit déjeuner, en sachant que son épaule serait encore là le soir suivant ?
Alors, je me mis à imaginer ce que cela ferait, d'être aimée. Pas seulement d'être aimée, mais d'être aimée à la folie. Depuis ma relation avec Thomas, en septième année, j'avais enchainé les relations sans importance. Blaise avait raison, je collectionnais délibérément les hommes, dans le but de choquer les Sangs-Purs, il est vrai. Blaise avait su formuler ce que je n'avais jamais réussi à expliquer moi-même. Mais il ne s'agissait pas que de cela. Ma relation avec Thomas avait été belle, mais tranquille et sereine. Il avait su être là à un moment où j'avais désespérément besoin de quelqu'un à mes côtés. Mais malgré tout, avec lui, je n'avais jamais connu les affres de la passion, les tourbillons, les papillons dans le ventre et toutes ces conneries. Alors quand Thomas est parti, j'avais cherché à éprouver l'amour fou, comme je l'appelle. Se donner entièrement à quelqu'un, n'être qu'à lui, s'engager à bras le corps dans une relation. Alors à ma manière, j'avais aimé tous les hommes avec qui j'avais couché. Je leur avais tout donné, le temps d'une nuit ou de trois jours, quatre mois, six mois de relation. A chaque fois, j'avais espéré qu'à leur manière, ils me rendent la pareille. Cela n'avait pas été le cas. Il semblait que tout ce qu'ils pouvaient m'offrir était du sexe. Alors je prenais ce qu'il y avait à prendre.
Avec Drago, les choses étaient différentes. A sa façon, il m'offrait véritablement quelque chose. S'il ne s'agissait pas d'amour, c'était presque plus fort. Drago me faisait le don de sa personne, dans ses aspects les plus sombres et vils. Il m'offrait son spleen et son alcoolisme, son euphorie et son allégresse, et tout un tas d'anecdote sur sa vie, qui faisait que je le connaissais mieux que je ne le connaissais moi-même. Peut-être que c'était cela l'amour fou : le don absolu de soi.
Et malgré tout, j'avais le sentiment que quelque chose me manquait dans cette expérience. Si j'avais aimé, ce qui est sans doute bien plus beau qu'être aimée, j'aurais bien voulu, quelque fois, sans jamais le formuler à voix haute, que quelqu'un me révèle les affres de l'amour fou. Je repensais à la déclaration que Nott m'avait faite en sixième année, et que j'avais rejetée. Je pensais que ce jour-là, j'avais entr'aperçu ce qu'était l'amour fou. Nott avait eu une façon bien à lui de m'aimer. Lui ne se donnait pas tout entier, il restait sans cesse sur ses gardes. Avec du recul, il me semblait qu'il s'agissait purement de timidité ou de pudeur. Mais je me souvenais qu'à travers cette pudeur que j'apercevais dans ses yeux, brûlait quelque chose, une forme d'ardeur dans laquelle je devinais de la passion. Je me dis alors que le seul à m'avoir vraiment jamais aimé, le seul avec qui j'aurais éprouvé l'amour fou, était parti avant que j'aie eu le temps de lui dire que cet amour était réciproque. Il était parti avec, en tête, l'image de mon rejet. Et maintenant, tout était perdu. Alors il fallait me résoudre à oublier Nott, à oublier la culpabilité qui me rongeait. J'aurais pu lui dire « tu es aimé comme tu aimes », mais je ne l'avais pas fait. J'avais manqué le coche, et tout ce qu'il nous restait était, si ce n'est de la haine, au moins de l'inimitié. Et puis les choses avaient changé depuis la guerre. Le Nott que j'aurais pu aimer n'existait plus.
Alors, je levais légèrement la tête au-dessus de l'épaule de Drago. J'entendais son souffle tranquille et pus admirer à loisir ses paupières gracieusement baissées, ses cheveux si blonds, la courbure de sa mâchoire et ses traits fins. Délicat, tel était le mot qui le définissait le mieux. J'avais perdu Nott il y a six ans, il était temps de passer à autre chose. Je pensais soudain que j'aimais véritablement Drago. Pas comme tous ces autres garçons que je me forçais à aimer pour combler ma solitude. J'aimais les airs pensifs de Drago, sa sensibilité, son spleen et ses idéaux. Et si nos paradis étaient véritablement artificiels, cela me convenait tout aussi bien. Il grogna dans son sommeil et je souris. Demain matin, j'irais acheter des croissants, et je m'endormis à cette pensée.
Le lendemain matin, je croisai Hannah Abbot à la boulangerie. Elle habitait à côté de chez moi, et je la rencontrais souvent. Nous discutâmes un moment, je pris des nouvelles de Neville qui s'apprêtai à rentrer à Poudlard pour remplacer le professeur Chourave, et caressait le ventre d'Hannah qui commençait à s'arrondir. Mes deux amis étaient en train de préparer leur cartons pour emménager dans l'appartement qui se situait au-dessus du Chaudron Baveur. Hannah me confia qu'elle repeignait une des chambres en vert pâle pour le bébé.
« Ah d'ailleurs, je ne t'ai pas dit ! J'ai recroisé Opale Gladwyn récemment ! Elle a ouvert un salon de thé et sert des pâtisserie dans le nord de Londres. Son salon de thé s'appelle Le Nid Douillet.
Je répondis par un sourire et me dépêchais de sortir de la boulangerie, en saluant Hannah une dernière fois. Je n'avais aucune envie de parler d'Opale. Elle m'avait trahie en partant, n'avait jamais donné de nouvelles, n'avait pas cherché à me retrouver, et il faudrait maintenant que je passe la voir ! La plupart du temps, mes amis évitaient de mentionner Opale devant moi, si bien que je n'avais jamais su ce qu'elle était devenue. Mais Hannah faisait partie de ces camarades qui continuaient de nous associer toutes les deux, même après son départ. Mais le duo infernal n'existait plus. Il était hors de question que je retourne voir Opale.
Je ne pus m'empêcher de sourire en repensant à l'une de nos conversations en troisième année. Jusqu'à là, Opale avait déjà envisagé toutes sortes de métiers : pompier, médecin, professeur, avocate et même Auror (résolution qui ne tint pas longtemps en raison de la négligence avec laquelle elle tenait sa baguette) et puis un beau jour, en troisième année, elle me répondit, après que je lui ai annoncé ma volonté de devenir journaliste :
« Moi je tiendrais une bouquinerie qui serait en même temps un salon de thé et une pâtisserie »
« Ça fait beaucoup en même temps tout ça Pâlichon »
Elle m'envoya un oreiller à la figure, furieuse de voir que j'avais encore utilisé ce surnom qu'elle trouvait détestable.
« Tu verras ça va être super. Et puis ce sera encore mieux quand je serais une mamie aux cheveux roses. On lira Boris Vian et Cyrano de Bergerac, et puis les gens passeront prendre un macaron, et s'assiéront pour me raconter leur vie. J'aime beaucoup la vie des autres »
Finalement, Opale avait tenu sa promesse, et moi la mienne. J'étais devenue journaliste, et elle avait ouvert une bouquinerie/salon de thé/pâtisserie. Et elle n'avait même pas attendu de devenir une mamie aux cheveux roses ! J'avais très envie de voir à quoi pouvait ressembler sa pâtisserie. Mais je n'avais aucune envie de revoir Opale. Après tout, elle m'avait abandonné, sans jamais donner de ses nouvelles, en me laissant comme seule présence un caillou lumineux qui ne m'avait apporté qu'un maigre réconfort. Même si je dormais maintenant avec une petite peluche pingouin, la situation n'avait pas changé. En plus, je n'avais aucune idée du rôle qu'elle avait joué pendant la guerre. Je pensais qu'elle s'était surtout mise à l'abri en attendant que l'orage passe. Elle n'avait rien fait. J'avais toujours pensé, petite, qu'Opale était une sang-pure, acceptable pour ainsi dire, parce qu'elle ne rentrait dans aucunes cases de ce clan. Mais depuis qu'elle était partie, il me semblait qu'elle s'était radicalisée. Je lui en voulais pour ça. Et je n'étais toujours pas prête à faire d'exceptions. Opale avait été ma meilleure amie, il est vrai. Mais je n'employais pas le passé par hasard.
« C'était quand même ta meilleure amie, le duo infernal, comme on disait à l'époque » me reprocha Drago. « Je ne comprends pas comment tu arrives à faire une exception pour moi et pas pour les autres ».
« Tu t'es amendé Drago, tu as très mal agi pendant la guerre, d'ailleurs on ne va pas revenir dessus sinon je vais m'énerver, mais au moins, tu t'es bougé pendant l'après-guerre. Pendant ce temps, pendant que tout le monde travaille à reconstruire le monde magique, Opale fait des cookies ! »
Il fallait cependant avouer que les cookies d'Opale étaient délicieux…enfin, sauf quand elle mettait de l'arsenic dedans.
Après le départ de Drago, j'envoyais un hibou à Blaise.
« Opale a ouvert une pâtisserie dans le nord de Londres, on l'a enfin retrouvée ! »
Il me répondit, avec son petit carton et son écriture penchée habituelle : « TU l'as enfin retrouvée…moi, ça fait deux mois que je vais régulièrement dans son salon de thé »
Alors, qu'en avez-vous pensé ? Je suis heureuse de constater que ma fic compte de plus en plus de lecteurs, néanmoins, cela me ferait plaisir d'avoir vos avis sur ce chapitre…les retrouvailles semblent plus proches que jamais, et je vous garantis que ce sera corsé…(et Blaise est toujours aussi railleur, je l'adore 😊) A la semaine prochaine !
