Rating : T
Genre : Tranche de vie, Romance.
Disclaimer : L'univers et les personnages de One Piece appartiennent à Eiichiro Oda.
Résumé : Ils seront libres, chacun à leur façon, mais ensemble. [Bonney/Kidd]
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Note : Ce texte a été écrit dans le cadre du Santa Secret de 2020 sur le Forum de Tous les Périls. Cet OS est offert à Lawiki, sur le couple Bonney/Kidd avec deux mots à placer : voler et vivre. (Ce texte est également posté sur le compte Le Forum de Tous les Périls, dans le recueil Le Santa de Tous les Périls !)
Des enfants libres
Sous le soleil lumineux de Solbay, se réunissent deux enfants.
L'amitié, aussi étrange et saugrenue qu'elle peut l'être à cet âge, ne cesse de les réunir alors que leurs statuts respectifs les guident sur des existences opposées. Même leur caractère, explosif chacun à leur manière, tend à les déchirer. Il y a pourtant un reflet qu'ils reconnaissent en l'autre, et qui les pousse sans cesse à se retrouver. Ils n'en ont pas conscience, pourtant.
– Qu'est-ce que tu fabriques ? demande Bonney en mordant dans une part de pizza.
Kidd lève le nez du robot miniature qu'il est en train de bricoler dans l'atelier encombré de son père et dévisage la gamine qui n'a rien d'une princesse, déjà couverte de poussière et de cambouis alors qu'elle vient juste d'arriver.
– Hé ! Arrête de voler la bouffe des autres !
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Le ciel est orageux, lourd de nuages qui retiennent le déluge dans leur masse cotonneuse, lorsque Kidd quitte l'île.
Son départ est précipité par les évènements, et il regrette de ne pouvoir dire au revoir à celle qui est probablement sa seule amie. Son caractère difficile l'a toujours opposé aux autres mais Bonney, elle, n'a jamais craint de lui renvoyer ses insultes. Un rictus relève ses lèvres à ce souvenir. Il préfère cela, au fond. Kidd n'aime pas les au revoir.
Et une nouvelle vie, en mer, lui tend les bras. Des journées de tumulte et des nuits en tempête, auprès de compagnons qu'il ne connait pas encore, mais qui l'accompagneront jusqu'en enfer.
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L'air s'électrise d'une tension invisible.
L'horizon est dégagé, pourtant l'orage approche.
Ou peut-être est-ce seulement l'inquiétude de Bonney qui se reflète dans le ciel. Son exaltation. Elle se réjouit de prendre la mer à son tour, de laisser derrière elle ce château où elle n'a jamais pu trouver sa place. Mais l'inconnu l'effraie. Si le monde par delà l'océan attise sa curiosité, la jeune fille se demande si elle saura y survivre.
Il n'y a qu'une seule façon de le découvrir. Alors elle relève la tête, prête à affronter tout ce que la mer lui réserve.
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– Dégage de mon chemin, gamine !
– Oï, qui tu traites de gamine, ducon ?
Kidd baisse les yeux sur la petite silhouette et reconnaît presque aussitôt les longs cheveux roses de Bonney. Elle n'a plus rien d'une gamine, depuis le temps, et paraît tout autant surprise que lui de le retrouver sur GrandLine.
– Toujours une tête de gland, Kidd, t'as pas changé.
– Te fous pas de moi, la chieuse, je suis celui qui deviendra Roi des Pirates ! beugle-t-il en attirant à lui les couverts, les armes et les pièces métalliques du marché à ciel ouvert.
Bonney regarde d'un air détaché les objets qui volent en tourbillon au-dessus de leur tête. Un rictus narquois ourle ses lèvres.
– Arrête de te la péter. La Reine des Pirates, ce sera moi !
– Pardon ?!
Killer et Heat se précipitent déjà pour limiter les dégâts que provoque inéluctablement leur capitaine lorsqu'il se met en colère ; ils pestent contre cette étrangère qui s'amuse à chercher la bagarre dans une ville infestée de Marines. Ce n'est qu'une question de secondes avant que les soldats ne leur tombent dessus par centaines. Les Pirates de Bonney en sont venus à la même conclusion, mais impossible de se faire entendre par leur leadeuse. La panique se répand parmi les civils, alors que les deux capitaines fêtent leurs retrouvailles à coups de poings et d'insultes.
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– Alors comme ça, t'as bouffé un Fruit du Démon ? demande Bonney une heure plus tard.
Les pirates ont trouvé refuge dans un bar miteux des quartiers mal famés de la ville, après avoir battu près de deux cents marines et ravagé le marché à ciel ouvert. Les deux capitaines entrechoquent leur chope de bière avec un rire crâneur sous le regard perplexe de leurs équipages. L'heure de la bagarre semble toutefois passée, aussi en profitent-ils pour faire connaissance – et essayer de comprendre d'où leurs chefs respectifs se connaissent.
– J'parie que t'es jalouse ! s'engorge Kidd en faisant valser un bout de métal au bout de ses doigts.
– Absolument pas, rétorque Bonney en activant son propre pouvoir pour rajeunir.
Kidd manque de s'étouffer en retrouvant la gamine au sourire narquois de Solbay, et ne peut s'empêcher de sourire en la voyant grimper à genoux sur le comptoir du bar pour réclamer de la pizza. Elle n'a absolument pas changé, en fait.
Ça a quelque chose de réconfortant, de la voir comme ça.
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– J'vais finir par croire que tu peux plus te passer de moi, tête de gland.
– Ta gueule, la chieuse ! J'avais pas besoin de ton aide ! Je lui fais sa fête quand il veut, à cet enfoiré de Kizaru !
– Tu parles, heureusement que je suis là pour sauver tes miches !
– Mes miches ?! Tu vas voir un peu !
Les pirates de Kidd et Bonney ne font même plus cas des cris et des insultes de leurs capitaines. Ils ne cessent de se croiser depuis quelques mois, les chemins de leur log pose s'entremêlent sur la Route de Tous les Périls, ne s'éloignant que pour mieux se retrouver ensuite. Les hommes se sont habitués à la relation explosive de leurs chefs, qui se hurlent dessus à pleins poumons chaque fois qu'ils se voient, dans une rivalité électrique à mi-chemin entre la haine et l'amour.
Aucun ne comprend vraiment ce qui relie Kidd et Bonney : ces deux-là se sont connus avant de former leurs équipages respectifs. Même Killer, le plus ancien ami de Kidd, n'avait jamais entendu parler de Bonney auparavant.
Mais qu'importe. Les engueulades musclées des deux capitaines leur sont devenues routinières.
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Kidd et Bonney ne s'avoueront jamais le respect et l'affection qu'ils ont l'un pour l'autre. Ils n'ont pas besoin de ça. Pas besoin de mots, de belles promesses, ni de gestes tendres pour savoir ce que chacun représente aux yeux de l'autre.
Ils se connaissent depuis longtemps, même si leurs routes ne font que se croiser en carrefours éphémères. Ils savent que chaque départ cache un nouveau retour. Ils n'ont pas besoin d'être ensemble mais ne peuvent pour autant rester trop longtemps séparés. Aucun d'eux ne cherche à mettre un nom là-dessus, même si d'autres le font à leur place. Ils remettent violemment en place les commères qui viennent jusqu'à leurs oreilles, et se fichent bien du reste. Ils ont décidé il y a longtemps de vivre selon leurs propres règles, leurs seules envies. Ils sont des pirates après tout.
Nul au monde n'est plus libre qu'un pirate.
Alors ils seront libres, chacun à leur façon, mais ensemble.
