Reposez en paix, à Helen McCrory, la seule et unique Narcissa Black.

J'ai changé le plan de ce chapitre ; un peu de Hurt/Comfort entre Narcissa et Lucius en l'honneur d'une actrice merveilleuse.


LaFanYaoiste-2meCompte : Harry est humain avant tout, et néglige parfois certaines facettes indispensables à sa stabilité psychologique... Pour Evan, il aura sa fin heureuse ! Ou peut-être pas ? Qui sait...

TheMiss TSD : Je suis heureux que mon histoire te plaise ! Pour ce qui est d'un Harry sans problèmes, je glisse l'indice que ce n'était pas l'Horcruxe l'aimant à soucis, mais bel et bien Harry ;)


Chapitre 33 : Les mémoires


Lily se pencha au-dessus d'Harry et remua légèrement sa baguette, vérifiant que les potions faisaient bien leur effet. Non loin d'elle, James était assis dans un fauteuil, Norah en boule contre lui, sur ses genoux.

Ils avaient été appelés par Aurora Sinistra, quand bien même le directeur avait déterminé qu'ils n'avaient pas besoin d'être présents, et n'avaient jamais été aussi heureux que la femme ne soit pas le moins du monde impressionnée par le vieil homme.

James avait agrandi son miroir à double-sens, et, de l'autre côté, Sirius et Remus étaient collés l'un à l'autre dans un canapé, discutant de temps à autres avec ceux présents à Poudlard, les yeux fixés sur leur presque-neveu – mais c'était tout comme –.

-Il est en train de travailler ses défenses d'occlumencie, soupira la rousse en s'éloignant après une dernière caresse dans les cheveux noirs, alors que son époux grimaçait.

-Ça va l'épuiser, non ?

-Sans aucun doute. Il pense peut-être que la crise est partie d'une fissure dans ses barrières, ou qu'il les avait affaiblies pour une raison quelconque et qu'il avait oublié de les remonter...

-Et tu penses que c'est le cas ?

-Aucune chance. Il est bien trop obsédé par ses barrières pour les négliger.

Le couple échangea un regard entendu.

-Peut-être que Flora et Hestia savent ce qui a provoqué la crise ? Il devait être avec elle, proposa soudainement Remus.

-Je crois qu'il était avec les filles, Blaise, Draco Malfoy, Pansy Parkinson, Théodore Nott et les fils Crabbe et Goyle, réfléchit Lily, essayant de se rappeler de la discussion qu'elle avait eue avec Aurora.

-Je ne savais pas qu'il s'était vraiment rapproché d'eux, murmura James, à moitié pour lui-même.

-Je pensais aussi que ce n'était que pour la forme, mais il semble qu'il veuille s'en faire des amis.

Remus haussa les épaules. Les amitiés d'Harry ne les concernaient pas vraiment, du moment qu'elles ne le mettaient pas en danger.

-C'est perturbant. J'ai passé mon adolescence à échapper aux parents, et il fait ami-ami avec les enfants, ricana Sirius, et le lycanthrope nota malgré lui la teinte amère plaquée au fond de la voix de son compagnon, presque imperceptible.

Il allongea son bras de sorte à ce que ceux de l'autre côté du miroir ne remarquent rien, et entrelaça leurs doigts. Il sourit légèrement en le sentant répondre à la pression de ses mains.


Hestia frotta légèrement sa tête contre l'épaule de sa jumelle, les sourcils froncés et les lèvres pincées. A côté d'elle, Flora glissa ses doigts dans ses cheveux, identiques aux siens, silencieuse.

Ils étaient tous dans un coin de la salle commune, et ils attendaient. Lorsqu'Harry avait commencé à convulser, leur directrice de maison avait bondi dans la pièce alors que sa baguette lançait des étincelles rouges sanglantes des plus inquiétantes, et, quelques minutes plus tard, Harry était à l'infirmerie, endormi par les soins de Poppy Pomfresh, l'infirmière.

Puis, perplexes, ils avaient écouté la dispute d'Aurora Sinistra et du directeur ; l'un soutenant que les parents n'avaient pas besoin d'être contactés, tandis que l'autre s'offusquait.

Pansy avait gloussé malgré elle lorsque, excédée, leur directrice avait annoncé haut et fort, au nez de Dumbledore, que ses ordres ne trouvaient aucun justificatif et qu'elle contacterait les Potter, qu'il le veuille ou non.

Il n'avait pu que regarder, impuissant, alors qu'elle avait déjà la tête dans la cheminée du bureau de l'infirmerie.

Puis, ça avait été au tour de Blaise de rire lorsque Lily avait débarqué en coup de vent quelques secondes plus tard, pour se planter devant l'homme, rageuse. Il se souvenait de son discours meurtrier quant à son statut de femme, lors de la Conférence Italienne Annuelle des Potions, et du visage livide des représentants de la Cour, qui voyaient une potionniste de talent leur filer entre les doigts.

Ils avaient dû faire avec leur misogynie et se taire pour qu'elle reste.

Au final, elle avait elle-même fixé le prix de ses potions, et ils n'avaient pu que grimacer derrière leurs mains.

Lily Potter était une femme déterminée et relativement effrayante.

Dumbledore ne fit pas exception à son autorité légendaire.

Il en était ressorti qu'il les préviendrait toujours quand le moindre problème de santé surviendrait, avec Harry ou même Norah, lorsqu'elle ferait sa rentrée, dans quelques années.

Le directeur s'était plié à l'exigence sans un mot.


-Allez-vous mieux ? Demanda Wendy en entrant dans la chambre, plateau en main.

-Légèrement.

Sans raison particulière, Carmilla était entrée dans une Folie Sanglante en pleine soirée : la démone avait dû la poignarder et la clouer au sol par l'abdomen. Elle n'était revenue à elle que plusieurs heures plus tard, quand son corps avait été presque drainé jusqu'à la dernière goutte de son sang. Wendy était restée non loin tout ce temps, jetant parfois des coups d'œil par la porte, effrayée malgré elle.

Carmilla n'avait pas connu beaucoup de Folies : une quinzaine, réparties sur sept-cents ans de vie, là où de nombreux vampires en faisaient au moins une par décennie. L'éducation de la Reine avait dû être plus strict, sans aucun doute. Sur ces quinze, Wendy n'en avait connu que trois : l'une après une mission interminable en Antarctique, où deux vampires s'étaient d'ailleurs entre-tués par soif, une autre après la chute de la monarchie française, où elle avait perdu un humain moldu dont elle était tombée folle amoureuse, et, la dernière...

Après l'incident de Saint Pétersbourg.

Plus celle-ci, qui ne trouvait pas de justification à ses yeux.

-Je vous ai amené plusieurs verres différents. Au cas-où.

Carmilla la remercia d'un hochement de tête et releva légèrement la lèvre supérieure quand ses dents la brûlèrent cruellement.

Le cœur de Wendy tomba dans sa poitrine à la vue des canines bien plus longues et larges qu'habituellement. Ses doigts tremblèrent un instant, et elle s'insulta mentalement lorsque les yeux dorés de l'autre femme se plantèrent dans les siens après avoir vu sa faiblesse.

-Je suis désolée.

-A propos de ?

-De t'avoir effrayée. Tu ne devrais pas avoir à faire face à mes Folies Sanglantes.

-C'est également pour cela que j'ai signé en m'affiliant à vous. Même si j'avoue que je n'avais jamais vu vos crocs aussi grands. Ils sont plus aiguisés que d'habitude ? Demanda Wendy en se penchant pour les examiner de plus près, ne réalisant qu'une seconde trop tard l'idiotie de son mouvement.

Qui aurait l'idée de s'approcher autant d'un vampire affamé ?

Elle sursauta violemment lorsque la main glacée de Carmilla saisit sa nuque pour l'attirer plus près, et se félicita distraitement : si elle ne les avait pas coupés, ce seraient ses cheveux qu'elle aurait saisis, et elle n'était pas certaine de la réaction que cela lui aurait provoqué.

Sa salive passa de travers lorsque les dents étincelantes frôlèrent son épaule, et elle cessa de respirer.

Wendy n'avait que rarement eu peur de Carmilla : le premier quart du temps, elle dormait dans sa tombe et riait lorsque la démone envahissait son esprit, ennuyée par sa solitude forcée au manoir. Le deuxième quart, elle n'était qu'une vieille vampire à la voix grave et calme, qui se prélassait dans les sources chaudes du manoir, au fond du jardin. Le troisième quart, elle invoquait des illusions plus belles les unes que les autres, qui allaient courir dans les rêves des gens à des kilomètres à la ronde, et leur garantissaient une belle journée, le tout en discutant paisiblement avec elle, un verre de sang entre les mains.

Le quart restant, elle était en mission, auprès de la Reine, en échange diplomatique. C'était ce quart-là dont il fallait se méfier, et qui venait briser leur petite vie douce et sans tracas. C'était ce quart qui ruinait leur bonheur.

C'était aussi ce quart qui approfondissait leur relation, les rendant plus fusionnelles encore, si c'était possible.

Son cœur cessa de battre quelques secondes, sans que cela n'ai un impact quelconque, et la main autour de sa nuque se fit moins ferme.

-Je ne les ai jamais essayés sur quelqu'un d'autre. Tu veux tester ?

Wendy se liquéfia sur place alors que le souffle brûlant – paradoxal quand on connaissait la température corporelle de Carmilla – caressait son épaule. Ses épaules se raidirent.

-Je t'ai posé une question, Wendy. J'attends une réponse.

-Est-ce qu'elles redeviendront aussi grandes avant votre prochaine Folie Sanglante ?

-J'en doute.

-Alors essayez.

-Tu es sûre ?

Ses crocs frottaient déjà sa clavicule, et la démone sourit malgré elle, parfaitement consciente que Carmilla ne demandait jamais une deuxième fois. Après tout, pourquoi risquer que sa proie du jour change d'avis ? Elle était privilégiée. Et elle savait parfaitement qu'elle s'écarterait sec si elle disait non.

C'est pour cette raison qu'elle dit oui.

Malgré leurs siècles de vie commune, jamais Wendy n'avait été mordue par la vampire. En fait, elle n'avait jamais été mordue par un vampire tout court, et elle était certaine qu'elle ne le serait jamais, encore moins maintenant qu'elle était liée à Carmilla : ils étaient des créatures possessives, et elle n'était pas certaine que celui qui oserait la mordre s'en sortirait en un seul morceau.

Ainsi, elle se tendit, inquiète malgré elle. Les doigts fins remontèrent dans ses cheveux et la vampire passa les doigts dedans, les démêlant doucement.

-Viens.

D'un mouvement ample, elle l'attira en travers de ses genoux, la bouche toujours proche de sa gorge, et embrassa légèrement sa clavicule.

Wendy déglutit lorsque, doucement, les canines longues plongèrent dans sa peau, et elle geignit de surprise lorsqu'elle sentit les dents d'en bas s'enfoncer également. Elle ne s'y attendait pas.

De son côté, Carmilla laissa ses yeux se fermer légèrement, alors qu'elle savourait paisiblement le goût sucré du sang qui coulait sur sa langue pointue.

Peut-être que Wendy s'endormit ainsi : c'étaient des réactions communes après les premières morsures. Peut-être Carmilla fut celle qui la porta jusque dans son lit. Ou peut-être s'endormirent-elles toutes les deux, et la magie de la démone les déplacèrent, ce qui expliquerait la présence de la vampire à ses côtés.

Peut-être. Mais Carmilla ne le dirait jamais, alors tout cela restera un mystère.


-On parlait de l'un de nos professeurs, et il a fait une crise à ce moment-là, expliqua Flora, alors que ses camarades étaient tous assis dans un coin reculé de l'infirmerie, avec les parents d'Harry, le miroir vers ses oncles, la directrice des Serpentards et l'infirmière.

-Ecoute Flora, tu sais que c'est une situation particulière. J'ai besoin des détails, répondit doucement Lily, la main posée sur le bras de la jeune fille, qui se mit sur la point des pieds pour être plus proche de son oreille.

-Je ne veux pas en parler avec l'infirmière et le professeur Sinistra... j'ai peur que l'on ai des problèmes, murmura-t-elle, et la rousse hocha la tête avant de se tourner vers les deux adultes.

-C'était une discussion... un peu trop personnelle, et ils ne voudraient pas en parler devant des gens qu'ils connaissent peu, dit-elle doucement, et les deux femmes écarquillèrent les yeux.

-Oui, bien sûr, cela va de soi ! Je vais voir mes autres patients ! S'exclama Poppy avant de tourner les talons pour s'éloigner.

-S'il y a le moindre souci, je suis disponible, ajouta Aurora, quittant la pièce à son tour. Je serais dans mon bureau. Je reviendrais prendre des nouvelles d'ici une vingtaine de minutes.

Lily garda pour elle que la sécurité des élèves était très limitée : ce n'était pas réellement du ressort d'Aurora Sinistra, après tout.


Narcissa ouvrit les yeux lorsque les mains larges de son époux commencèrent à caresser ses cheveux, et cligna difficilement des paupières, avant de se rendre compte qu'elle pleurait.

Perplexe, elle leva les yeux vers Lucius, et essaya de parler, mais sa voix se cassa en un sanglot inexpliqué.

-Lucius ?

-Doucement, jolie fleur. Tout va bien, murmura-t-il en se penchant pour l'embrasser sur le front, alors qu'elle se fondait contre lui, les épaules secouées de pleurs inarrêtables.

-Je ne sais pas ce qu'il m'arrive !

Le jeune homme soupira doucement et s'allongea à ses côtés, la prenant dans ses bras. Narcissa se roula en boule contre lui, étouffant sa voix dans sa chemise, et il continua de passer ses mains dans ses mèches blondes, patient.

-Tu t'es mise à pleurer dans ton sommeil. J'ai cru que tu étais blessée... tu m'as fait une sacrée frayeur, ajouta-t-il en riant doucement.

Elle soupira profondément contre sa poitrine, et Lucius fit une manœuvre rapide pour se mettre sur le dos, son épouse venant immédiatement poser sa tête sur son ventre.

-Est-ce que tu pourras... des sortilèges...

Elle ne chercha pas à parler plus, ne parvenant par à articuler correctement au milieu de ses sanglots, mais, par chance, il sembla parfaitement comprendre.

-Je ferais quelques sortilèges de tests, c'est promis. Je n'ai juste pas voulu le faire sans que tu ne le saches.

-Merci, hoqueta-t-elle, et il sourit doucement, attendri.

Elle devait ressentir la mort de quelqu'un qui était magiquement lié à elle. C'étaient des choses qui arrivaient, parfois...