Bonjour tout le monde, j'espère que vous allez bien ! Voici un petit chapitre de transition avant la reprise des combats ^^ Je sais que je ne réclame pas de reviews (il parait que ça se fait) parce que j'estime que c'est une démarche personnelle, mais j'espère que vous passez tout de même un bon moment jusque là et que la lecture vous est agréable ^^

Je vous prépare des combats plutôt corsés pour les prochains épisodes !

D'ici là, portez-vous bien !


Chapitre 34

Casper, Jasmine, Soneïs et moi dépassons rapidement la famille Rowle et continuons notre chemin jusqu'à la grande salle qui accueille plusieurs centaines d'élèves survoltés. Ma sœur doit pousser un première année hystérique pour que je puisse m'asseoir près d'elle et nous passons notre repas entourés d'élèves de toutes les maisons qui vont et viennent autour de nous.

Les autres champions ne sont pas en reste, car les élèves des différentes écoles leur font la fête et ne cessent de nous lancer des regards à la fois curieux et méfiants. Je note d'ailleurs qu'Éléonore mange calmement, sans faire mine de remarquer ses amis qui discutent d'une voix forte en levant leurs mains pour appuyer leurs propos. Sébastien Morel, quant à lui, à l'œil sombre et mâchouille une part de gratin sans se fendre d'un seul sourire envers ses amis. Je le comprends car, si j'en crois Casper, perdre ses deux combats en match de poule empêche de monter en demi-finale.

Je suis tirée de mes pensées par le babillage incessant de ma sœur qui parle chiffon avec Jasmine. Celles-ci ont l'air de bien rigoler toutes les deux et je regrette de ne pas pouvoir être aussi enjouée qu'elles. Je suis à la fois tendue et concentrée, alors même que les combats du jour sont terminés, et je n'arrive pas à repousser ces émotions qui assombrissent mon humeur.

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Mon dessert finit, je pose mon menton dans ma main et tourne discrètement la tête vers la table des Poufsouffles. Je repère Arkwood assez facilement et le vois occupé à parler sérieusement avec Bastian. Du moins, ce dernier a conservé son air perpétuellement ravi, tandis qu'Arkwood l'écoute avec attention comme si la survie d'une colonie entière de panda roux en dépendait.

Alors c'est ça être en couple avec Doyle Arkwood ? Et dire que je ne lui ai encore rien fait lire de douteux.

Sans plus m'attarder, je me détourne de lui en me disant qu'au moins la situation ne change pas grand-chose de mon train-train habituel. Ce faisant, je note immédiatement le signe discret de Casper et comprends où il veut en venir.

-Je vous rejoins à la salle commune, je glisse alors à Jasmine en me levant de mon banc.

Mon amie suit mon regard et voit Rabastan quitter la longue pièce sans se retourner. Je ne peux pas passer à côté de son sourire qui s'affaisse assez légèrement, mais ne m'attarde pas. À la sortie de la grande salle, j'esquive habilement toutes les marques de confiances et autres tapes dans le dos de la part des élèves de Poudlard, et file à travers les escaliers encore vides à cette heure-ci.

Je rejoins rapidement la salle des trophées et, en poussant la lourde porte, je tombe nez à nez avec Rabastan occupé à s'étirer. Il a l'air ridicule comme ça, les bras en l'air avec sa chemise à moitié débraillée, loin du Serpentard de bonne famille qu'on lui connaît.

-Alya, je t'attendais.

Nous nous rapprochons avec un grand sourire partagé et échangeons une franche poignée de mains accompagnée de grandes tapes sur les épaules.

-Bon alors, mec ! À quoi t'as joué cette aprèm ?! Tu t'es fait rouler dessus par une gonzesse où je rêve ?

-Je t'y aurais vu, me rétorque-t-il avec un petit rire encore inconnu au bataillon. Dix gallions que tu n'aurais pas fait mieux.

Nous nous asseyons à même le gros tapis de laine et il passe une main dans ses cheveux pour en retirer son élastique.

-T'as raison, je n'aurais pas fait mieux, je réponds d'un ton plus posé en le regardant refaire sa coiffure. Cette fille n'est pas humaine, je ne vois pas comment c'est possible autrement.

-Tu penses à une demi quelque chose ? Pas Vélane en tout cas. Pas assez jolie pour ça.

Je lève un sourcil qu'il ne capte pas, trop occupé qu'il est à attacher ses mèches rebelles.

-Tu dis ça parce que t'es amoureux, mec. Tout célibataire ne serait pas d'accord avec toi, elle a du charme, mais aussi un sacré talent. Dans tous les cas, elle n'a pas volé sa victoire, sans vouloir t'offenser.

Rabastan balaye mes dernières paroles de la main et attrape une toute petite bouteille d'eau dans sa poche, avant de lui rendre sa taille normale.

-Elle est redoutable, il n'y a pas à dire. Heureusement, son homologue masculin était loin d'avoir son niveau.

-Tss, ça c'est juste parce que je l'ai battu et que, toi, tu t'es planté en beauté, dis-je, moqueuse. Dans tous les cas, je suis prête à parier que Beauxbâtons va ramener une belle coupe cette année !

Mon ami finit sa gorgée d'eau et fronce les sourcils.

-Que racontes-tu, Alya ? Qu'est-ce que cette réflexion peu constructive ? Si tu réfléchis ainsi, tu ne risques certainement pas de gagner cette compétition. Il faut que tu crois en ta victoire, ou au moins en la mienne. C'est comme cela qu'on avance et qu'on se surpasse, Casper ne te l'a pas expliqué ?

-Si. Mais, si c'est pour un résultat aussi efficace que le tient, je suis sûre que je peux faire sans.

Je me ramasse une giclée d'eau comme toute réponse et Rabastan se contente ensuite de revisser le bouchon de sa bouteille et de la reposer à côté de lui.

-Bon. Parlons sérieusement, veux-tu ? Comment sens-tu ton prochain combat ? As-tu réfléchi à une tactique face à un ennemi qui pétrifie les gens ?

Je prends deux secondes pour essuyer le liquide de mon visage et affiche une mine contrite.

-Non. Casper a planché sur le sujet après les matchs, mais il ne voit pas trop comment faire, et toi ?

-Aucune idée. De toute façon, même si j'en avais une, je n'aurais pas intérêt à te le dire.

Un long sourire étire son visage sérieux et je retrouve ce bon vieux Serpentard que je connais bien.

-Et toi ? je demande avec intérêt. Ton prochain match est contre l'autre idiot de Durmstrang, mais il n'a encore fait aucun combat. À tous les coups, il utilise les métamorphoses lui aussi, genre vache boiteuse ou otarie débile.

-Un peu de ressentiment envers ce charmant jeune homme, très chère ?

-Je ne vois pas ce qui te fait dire ça. Pour ton information, côtoyer Jasmine ne te va pas au teint, tu deviens beaucoup trop désopilant pour ton propre bien. Tu risques de te faire jeter de ta maison de coincés à coup de savate dans le popotin, si tu continues.

-Très aimable de t'inquiéter pour moi, je retiens l'attention.

Je lui présente un large sourire factice et il dévoile à son tour ses dents, mais avec le charisme du prédateur en plus.

-Dans tous les cas, tu dois passer les poules, dis-je en redevenant sérieuse. De mon côté, je serais en demi-finale quoi qu'il arrive, car Sébastien Morel a perdu ses deux matchs. Mais toi, t'as pas intérêt à te faire rouler dessus par Monsieur j'aimelafourrureparcequec'estdoux, et c'est non négociable.

-Tu as conscience que, même si je monte en demi-finale, il y a une chance sur deux pour que nous ne combattions pas l'un contre ? J'ai appris que les paires de duellistes seront formées par tirage au sort.

-Pas grave, si on ne se bat pas en demi-finale, on le fera en finale.

Un sourire étire ses lèvres mais ses yeux sont froids.

-Je préfère quand tu penses ainsi. Alors soit. Si ce n'est à la demi-finale, ça sera en finale.

Il me tend à nouveau sa main et je l'empoigne en partageant avec lui cette excitation complice qui nous lie.

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Le couvre-feu est largement passé lorsque nous nous quittons et je m'attelle à faire un minimum de bruit en montant jusqu'à la tour de Serdaigle. Une fois arrivée devant la porte j'ai la surprise de n'y trouver aucune armure chantonnante, mais plutôt la tête de marbre de la statue d'aigle qui gardait auparavant notre porte. Celle-ci a été encastrée dans le bois épais du battant et possède désormais un heurtoir dans sa bouche, ce qui a un sacré manque de classe, si vous voulez mon avis.

Avant que je n'aie eu le temps de m'éclipser, je la vois qui s'anime et qui commence.

-"Je suis l'arme des pauvres mais seuls les sages savent parfaitement m'utiliser", me dit-elle de cette même voix de vieux sage qui se donne un genre.

Je mets quelques secondes à comprendre qu'elle ne me reconnaît pas et tourne un regard désespéré vers le couloir vide.

-Allons, jeune élève, je vous demanderais de bien vouloir vous dépêcher un peu, je n'ai pas toute la journée.

J'évite de lui rappeler que, si, elle l'a sa journée, et fait quelques pas pour m'aider à réfléchir,

-Heu… La parole ? finis-je par proposer.

-Réponse bancale, mais je peux bien vous l'accorder.

-Trop aimable, je rétorque avec une pointe d'aigreur. Déjà que je fais l'effort de réfléchir.

La porte s'ouvre enfin devant moi et une fébrilité peu commune m'accueille alors. Je remarque d'ailleurs que les banderoles que les élèves agitaient plus tôt dans la journée sont maintenant accrochées sur les murs. Jasmine et Casper, pour leur part, sont entourés d'une tripotée d'élèves bavards et je suis vite happée par la foule pour que je leur raconte encore et encore le combat qui a eu lieu. Il faut finalement toute la persuasion de Casper pour réussir à nous extirper de cette nasse mouvante et nous montons directement à nos dortoirs respectifs afin de nous préparer pour la nuit.

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-Tu crois qu'il y a du travail pour ceux qui sont forts en duel, comme toi ? me demande ma sœur, assise en tailleur sur mon lit.

Elle me regarde enfiler ma chemise et mon pantalon de pyjama en feuilletant distraitement un des livres que j'ai posé sur ma table de nuit.

-Aucune idée, Sony. Dans tous les cas, je ne pense pas qu'un boulot comme Auror ou agent de sécurité me convienne, j'ai les pétoches dès que la nuit se met à tomber, rappelle-toi.

Elle rit doucement et referme mon ouvrage intitulé "Mythes et origine des sorts courants" en caressant la couverture ancienne.

-Je pense postuler pour entrer au Ministère, une fois les BUSES passées, me dit-elle d'une voix enjouée. J'ai vu une annonce pour le département de Détournement de l'Artisanat Moldu et je pense avoir toutes les compétences pour y entrer !

Je me jette sur le lit en face d'elle et affiche un sourire hilare.

-C'est papa qui va sauter de joie ! Tu vas pouvoir lui ramener des bibelots moldu et il te dira "Ça, ma fille, ça s'appelle une cassette VHS et c'était utilisé par tes nobles ancêtres amateur de télévision"

Ma sœur rit et sort un petit parchemin froissé de sa poche pour me le remettre. Je le déplie rapidement et lis le papier glacé vantant avec emphase les mérites d'un poste au Ministère.

-Je pense que tu devrais envisager d'y entrer aussi, me dit ma sœur. Il y a beaucoup de postes à pourvoir chaque année et ils forment les jeunes recrues. Qu'en penses-tu ?

Je fais une moue pas très convaincue et jette un œil à Jasmine, occupée à lire un Sorcière Magazine qui doit lui conseiller une couleur quelconque à porter cet été pour plaire à son homme. Elle capte mon regard et hoche la tête négativement en sachant pertinemment quelle question je vais lui poser. C'est étrange mais, depuis quelques mois, elle ne veut plus aborder la question de son avenir et reste sourde à mes remarques.

-Je ne sais pas trop, dis-je en revenant à ma sœur. Je n'ai pas trop réfléchi à tout ça, pour être honnête.

-Justement ! Je sais que tu es une bosseuse quand tu y mets du tien ! Et travailler dans le même endroit pourrait être bénéfique pour nous deux, car on pourrait s'entraider !

Les grands yeux plein d'amour de ma sœur me tirent une moue attendrie et je hausse les épaules.

-Je vais y réfléchir, dis-je finalement en repliant le papier et en le glissant dans mon tiroir de table de nuit. Mais je suis à cent pour cent derrière toi pour ton projet ! Tant que ça n'implique pas de rester avec Brandon, moi ça me va !

-Il s'appelle Brian.

-Je m'en fiche.

-De toute façon, je n'ai pas prévu de continuer de le voir après Poudlard. Et puis, qui sait, je tomberais peut-être sur un mignon petit moldu une fois là-bas !

J'explose de rire en voyant d'ici l'air ravi de notre père et Soneïs m'imite. Elle me bise ensuite sur les deux joues et me souhaite la bonne nuit, avant de filer dans son propre dortoir. Jasmine fait de même en se mettant au lit et nos deux colocataires me glissent un mot d'encouragement pour demain, avant d'éteindre les lumières.

Pour ma part, je m'allonge sous les draps mais mes yeux restent grands ouverts.

Demain.

Demain est un autre jour qui va arriver bien trop vite à mon goût. Sans compter que je n'ai aucune idée de comment battre le duelliste de Durmstrang, alors que lui-même doit avoir saisi une grosse partie de ma technique. Vu d'ici, il est assez difficile de partir plus mal.

Je me tourne une première fois sur le flanc, mais mon stress ne fait que redoubler pour venir m'empêcher de dormir. Je me retourne une seconde fois et soupire en essayant de faire refluer la boule qui s'est logée dans ma gorge.

Lorsque minuit arrive, je suis toujours alerte et je fixe, sans le voir, le plafond de mon lit à baldaquin. Un léger bruit me fait tout de même tourner la tête vers le lit d'Alicia, mais je m'aperçois que celle-ci dort à poings fermés.

Ce n'est que lorsque mes rideaux se ferment tous à la suite dans un bruissement imperceptible que je me décide à empoigner ma baguette et la lever devant moi. Le dernier dais vient finalement enserrer entièrement mon matelas et un poids invisible s'abat alors au bout du lit en affaissant la couverture moelleuse.

-Revelio, je souffle en faisant un large geste du poignet.

La mine amusée d'Arkwood apparaît rapidement et il lève sa baguette à son tour pour lancer un Bullamet Silencio qui nous engloutit intégralement.

-T'es au courant que tu n'as pas le droit de te trouver là ? je demande abruptement au jeune homme qui se défait de sa cape pour la poser dans un coin.

Il hausse un sourcil devant mes paroles, mais ne se démonte pas pour autant.

-Alors, comme ça, tes trois petits Serpentards ont l'autorisation de se balader dans ta chambre et pas moi ?

Je fais une moue agacée et lui donne une tape sur l'épaule qui lui tire un rire caustique.

-Je peux savoir ce que tu fais là ? je continue en espérant que Jasmine n'aura pas pour idée de se relever durant la nuit.

-Ça te plaît pas que je sois venu te voir ?

-J'ai besoin de dormir pour être en forme demain. Paraît que j'ai des culs à botter, et t'as de la chance de ne pas faire partie du lot.

Un long sourire moqueur s'étire sur son visage et il pose ses coudes sur ses genoux avec nonchalance.

-Dommage, j'ai toujours aimé les confessions sur l'oreiller et j'en ai une qui devrait te plaire.

J'ai l'estomac qui fait un saut périlleux en l'imaginant se glisser sous mes draps et je cache mes joues rouges en me grattant distraitement le nez.

-Alors crache le morceau, j'ai pas toute la soirée.

Un nouveau rire l'agite et il se penche vers moi en faisant glisser son regard sur ma chemise de nuit entrouverte.

-Je te trouve bien moins accueillante que cette après-midi, jolie petite souris. Moi qui pensais que tu serais ravie de me voir arriver avec de quoi battre ton futur adversaire.

-T'as cru que j'étais une de tes poufs de Gryffondor ? Tu ne connais pas la règle des trois rendez-vous ?

Cette fois-ci, il éclate d'un rire franc et se redresse sur son séant en sortant à nouveau sa baguette.

-Tant pis alors. Bonne nuit, Alya.

Lorsque je le vois se désillusionner, je me jette vers lui et réussis à attraper une de ses manches.

-Attends ! je m'exclame en mettant de côté mon amour propre. Dis-moi ce que c'est ton info pour battre Durmstrang !

Semblable au chat de Cheshire, son sourire réapparaît en premier lorsqu'il annule son sort et sa main empoigne immédiatement la mienne.

-La petite souris serait-elle prête à négocier ? Fait attention, les enchères sont montées depuis tout à l'heure, j'espère que tu as de quoi payer.

Je veux dégager ma main, mais Arkwood en décide autrement et il me fait brusquement basculer sur le dos en emprisonnant mes lèvres dans les siennes. Nous échangeons un long baiser passionné pendant lequel je feins de vouloir me dégager, mais aucun de nous ne se leurre. Ce n'est que lorsque ses mains chaudes lâchent les miennes et se faufilent sous ma chemise qu'il cesse de m'embrasser.

-Je ne te trouve pas très bagarreuse, tout d'un coup, où sont passées tes griffes ?

-Je me réserve pour demain.

Il semble satisfait de ma réponse et enfouit ensuite son nez dans le creux de mon cou, tout en défaisant les boutons de ma chemises. Pour ma part, je me mords la lèvre pour ne pas lui donner la satisfaction de soupirer de plaisir et fais glisser mes paumes le long de son large dos.

-Et c'est quoi cette info ? je demande tout de même de manière plus ou moins innocente.

Il relève la tête et je vois ses épaules s'affaisser. Puis, il retire ses mains du dernier bouton résistant vaillamment et s'allonge à mes côtés en posant sa tête dans sa paume. Je cache ma déception en le voyant cesser de me caresser et le laisse sortir un petit bout de parchemin de la poche de son jogging.

-Tiens. Cadeau de Bastian.

Il ne loupe pas ma mine étonnée et me laisse déplier le petit papier dans la pénombre. Je n'ai que le temps de regretter le manque de lumière, qu'Arkwood allume le bout de sa baguette.

-"Des illusions" ? lis-je d'une voix perplexe.

Il me faut quelques secondes pour que l'information fasse son petit bonhomme de chemin et j'ouvre finalement de grands yeux devant le Poufsouffle qui n'a toujours rien dit.

-Des illusions ! je m'exclame en me tournant vers lui. C'est comme ça qu'il a figé la scène ! Il a utilisé une illusion pour nous le faire croire !

Arkwood finit par éteindre sa baguette et je le vois hocher sèchement de la tête.

-Ouai, efficace pour que personne ne puisse l'analyser. Il les utilise en combat aussi. Il faudra que tu fasses bien gaffe, ce gars est plus malin qu'il n'en a l'air.

-Comment est-ce que vous avez découvert ça ? Ne me dis pas que vous avez torturé un des gras de Durmstrang pour l'apprendre !

-Mais arrête de penser qu'on est des mangemorts, bordel ! Bien sûr que non, on n'a agressé personne. C'est Bastian qui a fait tout le boulot.

-En quel honneur ?

-Connaître les faiblesses de ses potes…

-De ses hommes de main.

-...ça aide. Il devait de la thune à un gars de Gryffondor, alors je la lui ai refilée en échange de l'info. Bastian est un parieur compulsif, y a jamais moyen de l'empêcher de se faire rouler par les gars des autres maisons. Du coup, il me rend des petits services de temps à autre et je lui règle ses dettes.

-J'ai l'impression d'entendre un mafieux parler. Ne rencontre jamais mon père, parce qu'il va te cerner direct et te mettre un coup de pied aux fesses sans prévenir.

Arkwood rit de bon cœur et lève une main en l'air, avant de la faire doucement descendre jusqu'à mon ventre.

-Profitons que ça ne soit pas encore fait alors, me dit-il en posant ses doigts sur le dernier bouton, fermant encore ma chemise.

Il n'attend pas que je réponde et se charge de l'enlever, puis, il se redresse au-dessus de moi en faisant glisser sa main le long de mon cou jusqu'à ma poitrine. Pour ma part, j'ai le cerveau qui s'emballe et mon souffle s'accélère quand ses doigts descendent jusqu'à mon nombril. Ils s'aventurent ensuite plus bas et je sens un long frisson de désir glisser entre mes cuisses, mais également une peur panique me compresser durement la gorge.

D'un geste brusque, j'attrape la main d'Arkwood et le stoppe à deux centimètres de l'élastique de mon pantalon.

-Je… Je pense que tu devrais y aller maintenant, dis-je en déglutissant difficilement.

Ses yeux se rivent aux miens et tentent de me percer à jour, mais je garde un air déterminé. Il enlève ensuite doucement sa main et me laisse me rasseoir en s'allongeant de nouveau sur mon lit.

-Merci quand même pour l'info, je souffle en le regardant taper mon oreiller et y poser la tête. Mais il vaut mieux que tu rentres, sinon tes petits potes vont se demander où t'es.

-T'inquiète pas pour eux, ils ont l'habitude.

Je me renfrogne et il m'attrape par la taille pour me forcer à me rallonger à ses côtés. Je le laisse faire, mais je ramène instinctivement mes bras devant ma poitrine.

-Pas besoin de te renfermer comme ça, petite huître, je vais pas te forcer, c'est contraire à tous mes principes.

Ne me voyant pas répondre, il jette un regard autour de lui et revient ensuite à moi.

-C'est sympa ici, j'aime bien le bleu. T'acceptes que je passe la nuit avec toi ? Je t'empêcherais pas de dormir si c'est de ça que t'as peur.

-Avec combien de filles t'as dormi ces dernières années ?

Ma question un peu brusque lui tire un large haussement de sourcils et il me répond d'un sourire fade.

-T'es sûre de vouloir le savoir ? T'as la tronche de la fille jalouse, t'es au courant ? Je ne te savais pas comme ça.

Je le repousse en me sentant mise à nue, mais il me serre davantage contre lui et je perçois la chaleur de son torse sous le tissu fin de sa chemise. Il vient cependant vite poser ses lèvres sur les miennes pour m'empêcher de protester et je me laisse faire en sentant mon corps y répondre avec avidité.

Ses mains reviennent sournoisement se glisser sur ma taille et ma colonne se tend en même temps que mes bras se glissent autour de son cou. Il me serre davantage contre lui et empoigne ensuite mes fesses avec force.

Surprise, je le repousse et le gifle plus par réflexe qu'autre chose.

-Okay, okay. J'ai compris, grogne-t-il en frottant sa joue douloureuse. Si tu me donnais un plan de vol, ça serait plus pratique, tu penses pas ?

Je ne peux m'empêcher de pouffer face à sa tête maussade et il se relève sur un coude.

-J'ai compris, je vais y aller, me lance-t-il avec un soupir agacé.

Il se rassoit et mon cœur se serre quand il attrape sa cape qu'il a laissée dans un coin de mon lit.

-Heu… Vraiment ? je demande en me sentant très bête. Tu t'en vas ?

-Je reviendrai quand tu voudras bien de moi.

Je l'attrape par le coude et me redresse à mon tour en me demandant pourquoi je suis aussi perdue avec mes sentiments.

-Attends, c'est pas ça, dis-je en voyant sa mine sombre. C'est que…

-Que ?

-Je sais pas...

Il s'agace davantage, mais se contente de soupirer durement.

-T'es une putain d'indécise, Tio, tu le sais ça ? Qu'est-ce que tu veux au final ? Pourquoi t'as accepté de sortir avec moi, parce que tu t'ennuyais ?

-Hein ? Non !

-Alors c'est quoi ? Le syndrome chef de gang ?

-Le quoi ?

-J'ai pas mal de nanas qui m'ont approché parce que ça leur plaît le côté chef-chef. Elles trouvent que ça me donne une espèce d'aura en plus et j'imagine qu'elles en profitent pour montrer à leurs copines qu'elles sont vachement plus fortes que les autres, t'es de celles-là ?

Sa question est tellement grotesque que je ne peux m'empêcher de pouffer. Puis, un rire clair me secoue et mon hilarité détend vite Arkwood qui retrouve son sourire amusé.

-T'es pas sérieux ? je m'exclame en essuyant mes joues pleines de larmes. T'as cru que j'avais besoin de ça ?

-Non. Mais qui sait ?

-Écoute, c'est juste que… Ben je sais pas trop. T'es le premier gars que je côtoie. Je sais pas faire tous ces trucs, moi. Je sais même pas si j'ai envie d'être en couple ou quelque chose comme ça…

-Tu m'aimes ?

J'écarquille les yeux devant sa question brusque et me mords la lèvre quand il s'approche davantage de moi.

-Moi, j'ai pas de problème à ce niveau-là. Ça fait trop longtemps que j'ai envie de toi pour avoir un doute.

Sa main se glisse dans mon cou et il vient poser un premier baiser, puis un deuxième.

-Alors on a qu'à dire que tu vas douter pour nous deux. Si tu veux pas me voir, je dégage et, quand t'auras envie de moi, suffira de demander, ça te va ?

-Ah ouais ? Et tu vas accepter de te faire siffler à mes moindres désirs ?

-Je serrerai les dents.

Un autre baiser vient m'empêcher de répondre et il remarque vite que je souris comme une idiote.

-Ok, me dit-il avec un sérieux renouvelé. Ce soir, je pars ou je reste ? C'est à toi de voir.

J'ouvre la bouche pour répondre, mais rien ne sort. Il s'en aperçoit vite et se défait de mes bras pour croiser les siens sur sa poitrine, puis, il s'assoit en tailleur devant moi. Malgré la pénombre, je peux apprécier la largeur de ses épaules et la beauté de son visage fermé qui me rappelle toutes ces années de combat.

Si seulement j'avais été assez intelligente pour comprendre...

En vérité, je pense que bien des choses auraient été différentes, car je n'imagine pas que la Alya du passé aurait pu se lier avec son ennemi de toujours.

Même ce jour, à la bibliothèque, j'aurais beau avoir compris ce qu'il me voulait, je l'aurais repoussé en bloc. J'aurais ri de la chose, la trouvant trop grotesque, trop improbable. Je pense même que j'aurais cru à une mauvaise blague, un pari débile entre amis. Dans les deux cas, il ne pouvait rien en résulter de bon de cette journée-là.

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Arkwood n'a pas bougé, il m'observe avec tant de choses dans les yeux que je ne pensais jamais voir. Sa morgue habituelle est toujours présente, mais elle ne cache plus assez bien l'homme qui se cache derrière et qui attend avec impatience ma réponse. Et qu'elle est-elle, cette réponse ? Je l'ignore. Pourtant, elle devrait être simple : ai-je envie qu'il reste ? Ou plutôt, ai-je envie qu'il s'en aille, qu'il quitte définitivement mon lit pour me laisser seule ?

-Je… Tu restes pour ce soir, dis-je finalement dans un souffle.

-T'es sûre de toi ?

Je prends deux secondes et acquiesce fermement. Arkwood me regarde avec malice, puis, il entreprend de défaire sa chemise et de la jeter dans un coin du lit. Quand il revient à moi, je n'ai pas réussis à cacher mon trouble et je ne peux m'empêcher de fixer son torse finement dessiné que je devine aisément, malgré le peu de lumière qui filtre à travers les rideaux.

Il déplie enfin ses longues jambes et se rapproche pour finir de m'enlever mon haut de pyjama qui va rejoindre son vêtement en boule. Sans un mot, il se glisse près de moi sous la couette et passe ses bras autour de ma taille pour que je m'y blottisse.

-Respire, me souffle-t-il en caressant mes épaules crispées. L'air c'est gratuit.

Je ne réponds rien et me détends peu à peu en sentant une douce chaleur émaner de lui. Je hume également son odeur qui finit de m'apaiser et je m'endors sans avoir compris à quel moment j'ai fermé les yeux.