Chers lecteurs,
Je sais d'avance que vous allez adorer ce chapitre, même si vous n'avez pas accès au bal Sorcières & Célibataires. Je vous en prépare une, de soirée, don't worry.
Toujours un plaisir de vous lire. Vous m'enjaillez.
Portez-vous bien, faites un Quidditch sur des aspirateurs, à bientôt,
Al
PS : réponse à Jenesuispasunepeste the Guest : le voilà !
« Potter…
- Aah ! »
Harry en lâcha la casserole qu'il était en train de laver dans l'évier et se retourna vivement pour apostropher l'intrus.
« Putain, Drago, tu fais chier ! Préviens-moi avant de te pointer dans ma cheminée ! Algarade est en grève ?
- Dis donc, ça sent bon ici. Et surveille ton langage, c'est pas que tes enfants sont pas là qu'il faut avoir le vocabulaire d'un Scroutt. »
Harry se remit à son nettoyage. C'était un des plaisirs qu'il avait découverts en apprenant à cuisiner avec le livre de Ron : il appréciait faire la vaisselle après avoir cuisiné. Il avait les mains dans l'eau chaude, ça le détendait.
L'évier plein d'eau chaude était aussi un des endroits préférés de Silencio qui adorait la mousse, le liquide vaisselle et se faire chatouiller par l'éponge d'Harry. Cette fois-là, il somnolait dans l'eau grasse, sifflant de plaisir quand le gratte-gratte lui frottait les écailles.
« Tacos du Ronaldo. Et les enfants rentrent bientôt, c'est pour ça que je m'y colle. »
Drago s'approcha de lui et renifla avec enthousiasme.
« Moi aussi je récupère Scorpius. Mais pour le coup, ton truc a l'air vachement plus appétissant que ce que Pickles nous a préparé pour ce soir.
- Il cuisine quoi ?, demanda Harry en posant la casserole dans l'égouttoir, troublé de sentir Drago si près de lui.
- Laitue et limaces grillées. Heureusement qu'en dessert on a de la tarte à la salsepareille. Au fait, il y a un serpent dans ton évier.
- Je sais. »
Drago tendit la main vers la cassolette de sauce tomate qui réchauffait.
« Je peux goûter ? »
Harry acquiesça et détourna le regard : il observa Silencio qui gondolait et hésita à ôter la bonde pour ne pas le déranger. Il ne voulait surtout pas voir Drago lécher son doigt, c'était au dessus de ses forces.
« Tu veux rester dîner ici ? »
C'était sorti comme ça, sans qu'il ait eu le temps de réfléchir, les yeux fixés sur les écailles luisantes de Silencio, ce qui avait un côté assez hypnotisant, quand on y pensait : ce n'était pas la faute d'Harry et de son indécrottable impulsivité. Et puis, il avait promis d'inviter Drago la prochaine fois qu'il cuisinerait : l'occasion faisait le larron.
« Je te l'ai dit, je récupère Scorpius.
- Oh, ça fera plaisir à Albus de le voir, comme tu t'en doutes. Et si tu m'apportes la tarte de Pickles, j'en serai ravi.
- Parfait ! On pourra évoquer ensemble les souvenirs de la nuit dernière. »
Harry rougit :
« Hors de question. Il y aura les enfants.
- Et ?
- Je refuse que mes enfants apprennent que j'ai tellement bu que j'ai fini par prendre Kingsley, certes très bon ami mais surtout présentement Ministre de la magie, comme cavalier sur un rock and roll absolument trop endiablé. »
Drago eut un sourire malicieux qu'Harry ne lui avait encore jamais vu. Et Merlin que ce sourire lui allait bien !
« Ce n'était pourtant pas le moment le plus gênant de la soirée. Tu as donné un sacré coup de pub pour le bal Sorcières & Célibataires de l'année 2012.
- Si tu fais référence au moment où j'ai envoyé chier Skeeter dans les grandes largeurs en l'insultant de tête de piaf, je ne vois absolument pas de quoi tu parles. »
Harry décida de laisser Silencio profiter de son bain : il viderait l'évier plus tard. Il s'approcha du vaisselier et chercha des assiettes propres. Quand il revint vers la table, Drago était en train de mettre les couverts.
« Ça ne vaut pas la chanson de Moldubec que Blaise, McMillan et toi vous avez chantée en chœur. Il me semble que les verres en cristal du Ministère ne s'en sont pas remis. D'un autre côté, ils sont laids à mourir, commenta Drago.
- Zabini a une voix de basse incroyable, j'ai jamais entendu chanter aussi grave. Et ils ont un spécialiste du Reparo au Ministère. »
Harry avait été étonné de passer une soirée finalement assez agréable. Zabini et Parkinson n'avaient pas cessé de se chercher des poux et de se draguer toute la soirée, mais ils étaient méchants et drôles, de plutôt bonne compagnie, donc. Ernie McMillan avait raconté un nombre incalculable d'histoires abracadabrantesques au bout de son deuxième verre de whisky Pur feu et Samantha McGuff, sa collègue du bureau des Aurors dont il ignorait la présence, possédait une gouaille exceptionnelle une fois qu'elle avait un coup dans le nez. Seamus avait arrosé tous ceux de la bande avec de la Magicness importée, ce qui les avait rendus très joyeux. Harry avait, pour la première fois de sa vie, passé une bonne soirée sans la présence de Ron et Hermione ni celle de Ginny.
Il y avait du bon, finalement, à être célibataire.
« Astoria ne saurait tarder. On vous rejoint dans dix minutes.
- Ok.
- Range ton serpent pendant ce temps. La cuisine n'est pas un endroit pour un reptile.
- Je ne freinerai jamais la liberté de mouvement de Silencio. »
Drago se glissa dans la cheminée en pouffant. Harry n'eut que cinq minutes à attendre avant que la sonnette à la porte d'entrée retentisse. Ses enfants arrivaient.
OoO
« Ch'est cool de vous voir, Michter Malefoy, parche que papa il voujaime bien…
- Lily, avale ta bouchée avant de parler.
- Papa ! Je peux avoir de l'eau ?
- Le mot magique, Scorpius.
- S'il te plaît !
- Tends ton verre.
- Papa maman elle m'a dit que c'était à toi de signer le mot dans mon carnet !
- Le mot magique, Scorpius.
- Merci papa !
- Pourquoi à moi ?
- Parce qu'apparemment c'est toi que ça concerne les problèmes de l'école. Maman a dit que Miss Bennet t'adorait.
- Papa j'ai encore perdu ma carte de bibliothèque ! On pourra aller chez Fleury et Bott demain ?
- Tu as école, James.
- Après l'école, bien sûr.
- Monsieur Malefoy je peux avoir de la tarte s'il vous plaît ? »
Drago servit gentiment Lily. Harry l'observait de côté : Drago avait l'air à l'aise. La dernière fois qu'il l'avait invité, Drago avait passé sa soirée à discuter avec Andromeda. Les adultes et les enfants avaient vraiment fait bande à part : Teddy avait fait la liaison entre les deux groupes.
Cette fois, Drago était seul face aux enfants d'Harry. Et bizarrement, il s'en sortait plutôt bien.
« On a fini tôt. Vous voulez en profiter pour appeler les Mexicains ?
- OUAAAAIIIS ! »
Comme d'habitude quand Harry proposait un appel, ses trois enfants étaient surexcités. Scorpius ne fut pas en reste et hurla avec les autres. Les hurlements étaient tellement forts qu'Harry sortit sa baguette et s'exclama :
« Silencio ! »
Les enfants se mirent à hoqueter comme des poissons tirés de l'eau en ne s'entendant plus. Ils se calmèrent et Harry put s'exprimer :
« Vous allez mettre vos manteaux et on se retrouve dans cinq minutes dans le hall d'entrée. »
Il leva le sort et les enfants quittèrent la cuisine, effectivement moins bruyants qu'avant.
« Je rêve…
- Quoi ?
- Tu jettes des sorts à tes propres enfants.
- Pas du tout. J'ai appelé mon serpent un peu trop fort. »
Drago bougeait la tête de droite à gauche comme s'il n'osait y croire. Harry grimaça :
« Tu peux rien dire, t'en as qu'un, toi. »
Quand ils sortirent de la cuisine, les quatre enfants étaient dans le hall, sur le pied de guerre, parka sur le dos et chapka sur la tête, au grand désespoir de Drago qui les regarda, un peu perdu.
« Vous allez où, comme ça ?
- Dehors. Tu peux voir la cabine téléphonique depuis la fenêtre, là, regarde. »
Drago soupira lourdement :
« Tu es fana des Moldus et tu n'as pas encore installé leur moyen de communication favori chez toi ?
- Mmmm. Je n'y ai pas pensé. »
Drago leva les yeux au ciel. Harry ne le reconnaîtrait jamais, mais il adorait sortir passer son coup de fil dehors. S'il installait un téléphone chez lui (ce dont il était tout à fait capable, après tout, il avait bien une télévision et un frigo), il n'aurait plus ce sentiment d'agir comme les Moldus et d'en profiter pour sortir ses enfants dans le square.
Une fois dehors, Drago ayant métamorphosé ses vêtements en jean moldu et veste en cuir sur les conseils avisés d'Harry, les enfants se précipitèrent tous les quatre dans la cabine.
« Ils sont toujours surexcités comme ça ? Ils les ont vus y a pas longtemps, non ?
- Al et Scorpius vont appeler Rose, tu n'imagines pas à quel point elle leur manque.
- Je sais, je discute avec mon fils, moi aussi, répondit Drago en renfonçant son menton dans son écharpe. Et puis il est au comble de l'excitation dès qu'il agit comme un Moldu, à mon grand désespoir.
- Ne désespère pas, il est bien sorcier, si j'ai bien lu le mot dans le carnet d'Albus. »
Drago fronça des sourcils mais ne dit rien, gardant ses réflexions pour plus tard.
Une fois qu'ils furent arrivés devant la cabine téléphonique, au plus grand étonnement d'Harry, Drago prit les choses en main d'un ton de caporal moldu.
« Vous vous mettez en rang. Vous laissez les adultes commencer les conversations. Vous aurez droit à cinq minutes chacun, et après on raccroche. Demain y a école.
- Papa, Albus et moi, peut-on cumuler nos deux fois cinq minutes avec Rose ? »
Drago opina à la demande de son fils calculateur.
Harry entra dans la cabine, inséra ses pièces moldues et composa l'identifiant mexicain en vérifiant l'heure sur la vieille montre de Fabian Prewett. Ses amis devaient sortir de table.
« Hacienda de la Tombola y d'el Harmonica, ola !
- Rose ? C'est Harry ! Tu es préposée au téléphone ?
- Papa et maman font la sieste. Mais Neville est dans les parages.
- Tu me passes Neville et après je te passe Albus et Scorpius ?
- Al et Scorp sont là ? Oh Tio Harrico passe-les moi ! S'il te plaît… »
Harry faillit céder. Mais il avait de l'entraînement avec sa fille et tint bon :
« D'abord Neville.
- Tu demandes Londubat ? »
Harry faillit lâcher le combiné en entendant la voix de Drago tout près de son oreille.
« Mais c'est pas vrai, Urkab ! Préviens ! Et arrête de t'incruster dans la cabine alors que je suis au téléphone.
- Je croyais que tu parlais à ex-Dents-de-castor et Enchiladas-man.
- Ils font la sieste. Et sois gentil avec Hermione : elle n'a plus ses dents de castor depuis belle lurette.
- Ce qui a encouragé les castors sur la voie de l'extinction.
- Si Mr Malefoy n'est pas sympa avec maman, je ne lui passe pas sa fiancée, reprit Rose qui devait avoir parfaitement entendu les commentaires de Drago.
- Ce n'est pas sa fiancée, Rose. Passe-moi Neville.
- Salut Harry, lui répondit une voix grave. Ça va ? Ça fait plaisir d'avoir de tes nouvelles. »
La voix de Neville était chaude et apaisée comme son Mimbulus Mibletonia : il devait être en pleine digestion. Harry et lui échangèrent quelques nouvelles, notamment sur ses parents internés à Sainte-Mangouste.
« Ils font des parties de cartes avec Narcissa Malefoy. Enfin, ils essaient. Tes parents oublient les règles une fois sur deux, mais Narcissa est très patiente. Elle doit vouloir se racheter des crasses de sa sœur.
- Hermione m'a dit qu'elle était la voisine des parents. La pommade qu'on lui a envoyée est utile ?
- Très utile, Londubat, le coupa Drago en se penchant par dessus l'épaule d'Harry pour parler dans l'appareil.
- Malefoy ? »
Le silence se créa un court instant avant que Drago reprenne, comme si ça lui arrachait la langue :
« Merci, Londubat. Tes plantes lui font du bien. »
Neville soupira au bout du fil, et Harry sentit une douce chaleur l'envahir à l'idée d'assister à une approche polie et aimable entre Neville et Drago. Cela lui fit prendre conscience qu'il avait envie que Drago s'entende bien avec ses amis parce qu'il avait envie que Drago fasse partie de sa vie, comprenez, à long terme.
« De rien. »
La réponse était inespérée. Neville continua alors qu'Harry se sentait devenir léger, mais léger !
« Je fais aussi sécher des herbes anxiolytiques qu'elle pourra prendre en tisane, je t'envoie ça dès que j'ai fini.
- Je ne comprends pas pourquoi tu fais ça pour elle.
- Elle ne mérite pas ce qui lui arrive, coupa Neville. Et puis… ça peut servir à d'autres. Considère qu'elle est cobaye pour mes essais plantaires. »
Harry avait un sourire niais sur le visage, jusqu'à ce que Drago lui siffle :
« T'as grillé tes cinq minutes, Potter. À moi. »
Il lui arracha le combiné avant qu'il ait pu réagir et, sans écouter la remarque « Eh mais je suis un adulte, moi, j'ai droit à plus longtemps ! Et tu m'as grillé des minutes ! » d'Harry, il reprit dans l'appareil :
« Dis, Londubat, maintenant qu'on s'est fait des compliments, tu peux me passer Lovegood ? »
Grand silence. Harry avait décidé de rester écouter, comme Drago l'avait fait avec lui. Après tout, il ne rendait que la noise de son gallion. Y avait pas de raison.
« Pour quoi ?
- Rien qui te concerne.
- Tout ce qui concerne Luna me concerne, répondit froidement Neville. C'est mon amie. Et ma colocataire.
- Je vois pas en quoi mes fiançailles pourraient t'intéresser. À moins que tu veuilles me déclarer ta flamme… »
Grand silence de nouveau. Ce fut Harry qui le brisa :
« Dis, avec des grands moments de silence, tu vas griller rapidement tes cinq minutes…
- Londubat, passe-la moi. S'il te plaît. Potter me fait sa crise de jalousie.
- Tu lui fais de la peine, je te tue. »
Harry repensa à ce qu'avait dit Ginny : à tous les coups, Neville en pinçait pour Luna.
« J'en tremble. D'ailleurs, je ne vois pas en quoi je serai capable de lui faire de la peine. Je ne suis que Malefoy, après tout.
- Tu vois ce que je veux dire.
- Non, justement. Précise ta pensée. Je prends toutes les menaces au sérieux. »
Drago avait l'air froid et amusé en même temps. Harry lui arracha le combiné :
« Trop tard pour tes menaces ! Al ! Scorpius ! À vous ! »
Les deux enfants se précipitèrent dans la cabine alors qu'au Mexique, Rose se jetait contre le téléphone et éjectait Neville.
« Ils sont intenables.
- Elle leur manque. »
Drago plissa des yeux : il était adossé à la cabine et regardait son fils à travers la vitre. Harry surveillait du coin de l'œil Lily et James qui couraient dans le parc en poussant des cris d'animaux.
« Je ne pensais pas qu'elle leur manquait à ce point…
- Ils sont amis. Tes amis ne t'ont jamais manqué ? »
Harry se souvenait de combien il avait souffert, coincé chez les Dursley pendant les vacances, de l'absence de ses amis et du monde magique.
« Pas que je sache. On a toujours vécu dans le même monde. »
Drago paraissait ne pas comprendre ce que vivait son fils. Et puis :
« Je dois dire que le seul à m'avoir manqué, finalement, c'est toi. Pendant six ans je t'ai vu tous les jours. T'emmerder a quand même été mon activité favorite pendant pas mal d'années scolaires. Et après plus rien pendant treize ans.
- Tu reconnais que c'est toi qui es en tort. C'est toi qui cherchais les embrouilles.
- Totalement. Je sais pas ce que tu foutais pendant les cours, mais t'avais pas le temps de répondre à toutes mes provocations. Maintenant, l'équilibre est rétabli. »
Il se décolla de la vitre et passa la tête dans la cabine pour apostropher son fils et Albus.
« Les dix minutes sont écoulées ! Au tour de la Tigresse. »
Lily avait entendu que c'était à elle et se précipita vers la cabine alors que Scorpius et Rose échangeaient à toute vitesse les dernières informations capitales de la journée.
« Je suis étonné que tu n'aies pas laissé plus de temps à ton fils.
- Pas de favoritisme chez les Malefoy, regarde où ça mène… »
Harry ricana :
« Toi aussi tu m'avais manqué, avoua-t-il.
- Par toi-même, on en est déjà aux déclarations ?
- C'est toi qui as commencé !
- Je parlais de quelqu'un à emmerder ! Et tu as toujours eu le caractère parfait pour ça ! C'était un pur plaisir que de te faire sortir de tes gonds…
- J'aime tant me conforter à tes désirs…
- Mais… ça y est, c'est officiel ? Tu me dragues ? »
Harry réussit il ne sut comment à ne pas rougir.
« Je crois ? »
Drago semblait estomaqué :
« Là, comme ça, près de la cabine téléphonique côté moldu de Londres ? La semaine où j'ai Scorpius ?
- Ben… »
Harry ne savait plus où se mettre. Drago ne paraissait pas réagir plus que ça : il avait presque l'air ennuyé. Vraiment. Il avait cru… Mais peut-être qu'il s'était trompé.
« Faut vraiment que t'apprennes à choisir tes moments, Potter. »
Drago ne le regardait plus. Harry se referma comme une huître.
« Ouais. »
Ils gardèrent le silence durant l'appel de James et se séparèrent sans un mot supplémentaire devant la cheminée des Potter.
