Pas exactement porno, mais ça se passe dans un bordel, donc ça parle de sexe.


Assise dans son très baroque fauteuil à haut dossier, dans son non moins baroque bureau tout dégoulinant de velours et de moulures dorées, Dame Veronica Koranne jura quelques vulgarités dignes d'un docker tout en lisant la missive. Puis, assénant la tablette sur le bois précieux marqueté, elle claqua des doigts, faisant apparaître presque comme par magie sa secrétaire-associée, Laïna Delmare.

« Oui, Madame ? »

Avec un grincement de dents, en guise de réponse, elle lui tendit la tablette. Laïna lut ce qui y était affiché avec attention.

« Voyons voir... oh... Oh !... Ooooooh non... »

Veronica hocha la tête.

« Comme tu dis. »

« Qu'allons-nous faire ? »
« On va accepter. Que peut-on faire d'autre ? » siffla la matrone.

« On pourrait refuser. Ce n'est pas un ordre de marche. »

Faisant cliqueter les innombrables bracelets tout scintillants de joyaux à ses poignets, Veronica désigna l'uniforme de cuir noir aux triangles bleu nuit et aux épaulettes d'officier qui trônait dans une vitrine ajourée, sous un petit spot qui mettait en valeur les subtils reliefs du cuir.

« On est des citoyens, ma chérie. On sert l'empire. Quand l'empire demande de l'aide, on répond. »

Laïna eut un sourire, et claqua presque des talons, comme un militaire se mettant au garde à vous.

« Compris. Je fais préparer votre uniforme et le personnel. »

Veronica jeta un regard songeur à la tenue sombre.
« Oublie l'uniforme. Y aura pas trop le loisir de le mettre. »

« Madame... »
Avec un sourire presque outré, la matrone se tourna vers son associée.

« Quoi ? Tu me crois trop vieille pour ça ? »
« Non, bien sûr que non. Mais vous êtes la patronne, c'est plus votre travail. »

Veronica pouffa.

« On est en guerre, chérie. C'est le travail de tout le monde de se salir les mains. »

Laïna acquiesça.

« Je vais sonner le rappel des troupes. »

.

Doaln n'avait jamais été attiré par les humains, du moins pas dans ce sens, et même parmi les wraiths, il tendait à préférer les mâles. Mais ses préférences personnelles n'avaient aucune importance dans ce cas précis. Ce n'était que du travail.

Techniquement, s'il voulait pinailler, ça ne faisait pas partie de ses attributions. Mais Dame Koranne lui avait confié cette responsabilité, et il l'avait acceptée. Après tout, il fallait bien former les apprentis et s'assurer que les nouveaux venus soient au niveau des standards de la maison.

Jaya, la nouvelle qu'il allait initier aujourd'hui, se tenait devant lui, les mains dans le dos, le regard baissé, l'air résigné.

Il fronça les arcades sourcilières. Ça faisait quelques mois qu'elle travaillait dans la maison, aidant aux tâches subalternes, et Dame Koranne l'avait jugée digne de passer à l'étape suivante.

« Tu es sûre que tu veux poursuivre ton initiation ? »
« Oui, sûre. »

« Tu n'en as pas l'air. »
L'humaine releva le nez.

« J'en suis sûre. » martela-t-elle d'un ton farouche, qui contrastait avec sa posture précédente.

« Bon. On va commencer par les bases. Déjà, ne te tiens pas comme un ougan qu'on emmène à l'abattoir. Notre maison n'est pas un de ces trous malfamés remplis d'esclaves brisés. Nos clients viennent passer du bon temps avec des citoyens éduqués, raffinés, et heureux de partager un moment d'intimité avec eux. Nos prestations sont peut-être tarifées, nous n'en restons pas moins leurs égaux... »

Jaya le fixa avec attention, très droite.
« C'est mieux, mais tu n'es pas un petit soldat. Détends-toi. Voilà. Mieux. Regarde. Petite astuce : ne répartit jamais ton poids de manière égale sur tes deux jambes. (Il illustra son propos, changeant subtilement de pied d'appui.) Comme ça, tu seras moins rigide. Et tu auras toujours un déhanché subtil. Pareil pour tes bras. Évite de les croiser, de cacher tes mains ou, pire, de les ranger dans tes poches. Tes bras sont comme deux petits assistants toujours là pour souligner tes formes. Sers-t'en. »

Il souligna son propos de quelques poses choisies, tantôt une main faussement relâchée sur la hanche, tantôt caressant subtilement ses flancs.

« Enfin, te prends pas trop la tête. Ça viendra. Essaie juste d'y penser de temps en temps. »
Jaya opina.

« Bon passons aux choses sérieuses. Je suis ton client. On vient d'entrer dans la chambre. Qu'est-ce-que tu fais ? »
A gestes brouillons, l'humaine fit passer sa robe par-dessus sa tête.

Doaln ne put retenir un grondement las.

« Non. Encore une fois, tu n'es pas une abatteuse du port. Rhabille-toi. »
Elle obéit.

« Si tu étais indépendante, c'est là que tu t'occuperais du paiement, mais comme tu es en maison, c'est l'accueil qui s'en occupe. Par contre, c'est à toi de t'assurer que ton client est propre. Et crois-moi, les clients ne savent pas se laver. Donc, qu'est-ce que tu fais ? »
« Je t'indique la douche ? »
« Exact. Comment tu fais ça ? »
« Y a une douche, si vous voulez. »

Il grinça.

« Presque. Ne leur laisse pas le choix. Là, comme tu le dis, ça semble optionnel. La douche, ce n'est pas optionnel. Selon le rang et le style du client, tu peux leur donner du « Veuillez vous laver, s'il vous plaît » ou du « Viens, y a une douche brûlante qui t'attend ». Tu comprends ? »
Elle opina. Il lui fit signe de recommencer.

Inspirant à fond, l'humaine lui prit la main et le tira vers la petite salle de bain attenante.

« Viens, que je te lave. »
Pas le plus subtil, mais ça ferait l'affaire. Il se laissa guider.

« D'abord, tu déshabilles le client ou, s'il n'est pas de ce genre, tu le laisses faire, ensuite tu te déshabilles. Et par pitié, pas comme si tu portais un de ces atroces T-shirts terriens. Il y a des boutons sur ta robe : ouvre-les, comme un être civilisé. Et tant qu'à faire, profites-en pour le faire mousser un peu. Tout le temps que tu passes à te dévêtir et à le laver, c'est du temps en moins qu'il passera à te trousser. Et crois-moi, une heure, ça peut-être très long, selon le client. »

Elle opina, s'appliquant avec une gaucherie presque crispante.

Enfin, il ne valait pas mieux quand il était arrivé. Ce genre de chose s'acquérait avec la pratique.

Une fois qu'ils furent tous deux nus, il passa à la suite de ses explications.

« Comme je le disais, la plupart des gens ne savent pas se laver correctement, surtout pas les parties. Donc, c'est à toi de faire le ménage. Mais personne n'a envie d'avoir l'impression d'être un comptoir de bar crasseux qui doit être désinfecté. Donc, il faut le faire subtilement. »

« OK. Comment on fait ? »
« Bon, pour les femelles, tu verras sans doute ça plus tard, si c'est le genre de truc que tu as envie de faire. Pour les mâles, je vais te montrer. Bien sûr, si tu tombes sur un maniaque qui veut se tripoter l'engin tout seul, tu pourras pas faire grand-chose. Pour les autres, c'est simple. Tu ouvres l'eau et tu les pousses sensuellement dessous. » expliqua-t-il, prenant ses mains pour les poser sur son torse, la guidant lentement. « Le regard, c'est très important. Regarde-les comme si tu rêvais de les croquer sur place. Oui, comme ça. C'est bien. S'il y a quelque chose de remarquable, remarque-le. Tout le monde aime qu'on note ce qui le rend unique. » poursuivit-il, guidant ses doigts pour qu'elle effleure le tatouage suggestif qu'il portait sur les hanches.

« Je dois parler ? »

« Pas forcément. Un regard, un geste peut faire beaucoup. Il faudra trouver ton style. Après, sois surtout attentive à ton client. Si tu vois qu'il n'est pas à l'aise avec une cicatrice ou les reines savent quoi, mieux vaut vite passer à autre chose comme si de rien n'était. »

Elle opina.

« Bon, si ton client est déjà chaud, à ce stade, la moitié du boulot devrait être déjà fait. Si ce n'est pas le cas, tu descends un peu, et tu lui fais sortir l'engin à la main. »
Voyant qu'elle allait y aller à la force brute, il lui bloqua les poignets.

« Doucement ! Tu n'es pas en train de vider un poisson. »

« OK, désolée. Je fais comment ? »
« Très doucement. Du bout des doigts, tu caresses les côtés du cloaque, et quand ça commence à s'entrouvrir, très très délicatement, tu peux glisser un doigt dedans pour sortir le pénis. Pas avant. Et par pitié, tu t'assures que tout est bien mouillé avant de faire ça. Compris ? »
Elle opina et, avec une application d'archéologue manipulant une poterie antique, s'exécuta.

Ses gestes étaient maladroits, et avec un vrai client, elle devrait sans doute s'y reprendre à plusieurs fois, mais Doaln était un professionnel, et il avait ses propres techniques. Il ne tarda pas à être pleinement érigé.

« Bien. La prochaine fois, essaie de continuer à te frotter contre ton client pendant que tu fais ça. C'est un peu... médical sinon. »

Elle acquiesça, les lèvres pincées.

« Ensuite, tu prends du savon, tu fais bien mousser, et en avant pour le nettoyage. Penses à bien aller dans tous les coins, y compris sous le repli du prépuce. Mais comme dit, fais-le sans en avoir l'air. Comme si le savon était juste là pour servir de lubrifiant. Et puisque tu y es, fait le bas-ventre et le reste du corps de ton client. Et bien sûr, n'oublie pas la face arrière. Pour les prestations anales, tu verras les étapes supplémentaires en temps voulu. » expliqua-t-il, guidant toujours ses gestes avec une lenteur pédagogique.

« Et moi, je me savonne aussi ? »
Il haussa les épaules.

« Si tu veux. Toi, tu es censée être déjà propre pour ton client, donc pas besoin. »

« OK. Ensuite, on fait quoi ? »
« Rinçage. Séchage... sauf s'il est d'humeur pour des galipettes dans la salle de bain, bien sûr. Et ensuite, on passe à la suite. »
Il lui montra comment encourager le client à se sécher correctement sans pour autant perdre de son désir, et ils allaient passer au cœur de l'initiation de l'humaine lorsque la porte s'ouvrit sur Laïna.

« Désolée de vous déranger, on a une urgence. Réunion dans le grand salon, illico. »

Il acquiesça, quittant son rôle de client, se redressant pour aller récupérer ses vêtements comme si de rien n'était.

.

Tandis que Laïna finissait de fermer les lourds rideaux de velours du grand salon, les derniers arrivants s'installaient sur les banquettes revêtues de chintz. Tirant le tabouret de sous le grand piano, Veronica grimpa sur le couvercle de l'instrument, spécialement renforcé pour pouvoir supporter au moins deux filles dansant dessus.

« Votre attention tout le monde. Désolée de vous convoquer de si bon matin, je sais que la plupart d'entre vous étaient encore au lit, mais on a une urgence. »

De la pression d'un bouton sur sa télécommande, elle alluma le grand écran mural.
« La frégate Osstall-fintya un vaisseau wraith de la Flotte, a subi un sabotage. Elle est actuellement immobilisée, quelque part dans le cadran trente-deux, la plupart de ses systèmes hors ligne. Osstall-fintya est une frégate d'abordage de première ligne et son équipage s'est porté volontaire pour le test de nouvelles drogues de combat de longue durée. Tout ce que nous savons, c'est qu'il s'agit d'un puissant désinhibiteur, qui désinhibe... tout, si vous voyez ce que je veux dire... Or, les saboteurs, en plus de neutraliser tous les systèmes de communication longue distance et de propulsion, l'ont fait juste avant un assaut, et donc juste après l'administration de la drogue. Les équipes techniques de bord tentent de réparer, mais ils ont presque quatre-cents guerriers défoncés enfermés avec eux dans une boîte de conserve de trois-cents mètres de long, et ce depuis bientôt trente heures. Ils ont réussi à se barricader et à envoyer un SOS, mais c'est pas beau à bord. Ils ont besoin de renfort pour drainer le surplus d'énergie des guerriers. Ce n'est pas un ordre, c'est une demande. Donc, je ne vous forcerai pas. Que ceux qui sont volontaires, lèvent la main. »

Sans hésiter, Doaln leva le bras, comme les six autres wraiths de la maison. La plupart des hybrides firent de même, tout comme presque la moitié du personnel humain.

« Iofur, Jaya, Oballe, c'est gentil de vous porter volontaire, mais vous restez ici. Ce genre d'opération, c'est pas pour les débutants. » trancha Dame Koranne.

Les apprentis baissèrent la main lentement.

« Tournée, Rubis et Délicate, vous restez aussi ici. J'ai pas envie de vous récupérer à la petite cuillère. »
La matronne se tourna ensuite vers le guerrier massif qui faisait office de service d'ordre.

« Delgar'kan, on vas avoir besoin de renfort. Convoques tout le personnel de sécurité. Vous viendrez avec nous. »

« A vos ordres, Madame. » salua l'intéressé avant de partir au pas de course.

« Laïna. Tu gardes la maison. Pas de clients sans rendez-vous jusqu'à nouvel ordre. Renvoi les vers les collègues des autres maisons. Déplace les rendez-vous déjà pris, ou propose leur quelqu'un d'autre. »

« Bien, Madame. »

« Ah, et fait venir le doc'. On l'embarque aussi, je sens que va y avoir de la casse. »

« Oui, tout de suite. Je lui dis de prendre le matériel lourd ? »
« Bien sûr ! »
La secrétaire opina et partit également.

« Ceux qui restent ici, vous pouvez disposer. Les autres, j'ai encore quelques infos à vous donner, après vous pourrez aller faire vos valises. »

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Avec mille précautions, Doaln s'assit sur la banquette rembourrée du vaisseau de transport spécialement affrété pour eux.

Avec un rictus amusé, Delgar'kan le regarda faire.

« Quoi ? » persifla le péripatéticien agacé.
« Rien, tu es ridicule. »

« Je sais ! Mais ces dernières quarante-huit heures ont été longues. Très, très longues. »

« Je n'en doute pas. Mais tu t'es bien battu, petit frère. Tu t'es bien battu. » nota placidement le guerrier, se décalant un peu et écartant son bras pour que Doaln puisse s'appuyer contre lui, ce qu'il fit volontiers.

« Je me suis pas battu. Je me suis juste fait enculer presque à mort... » grinça-t-il, grincheux.

Le guerrier prit le temps de lui caresser doucement l'épaule, traçant des motifs abstraits sur la toile de sa chemise avant de répondre.
« L'amour, la guerre, le sexe, un combat à mort... C'est du pareil au même. Au final, c'est toujours toi et un autre seuls, face à face. »
Doaln grimaça.

« J'en ai pas eu beaucoup en face-à-face... si tu vois ce que je veux dire. »

Le guerrier pouffa.

« Façon de parler... »

Doaln parvint à siffler un vague assentiment, trop heureux d'avoir enfin trouvé une position pas trop douloureuse et de profiter des caresses apaisantes de son frère de ruche.

Il y eut un long moment de silence puis, d'un ton narquois, Delgar'kan murmura – juste assez haut pour que tout le monde l'entende – :

« Je suis très fier que mon frère puisse se faire enculer par toute une frégate sans en crever. »

Avec un sifflement outré, Doaln lui colla un vague coup de poing, ce qui fit rire les spectateurs de la scène, pour la plupart aussi assis bizarrement, et leur attira le regard noir du médecin de la maison, qui essayait de refaire le pansement à la tête de Heureuse, tâche rendue plus difficile par le fou rire de cette dernière.

Vautré sur un coin de banquette, à l'autre bout du compartiment, Fidalyn leva une main victorieuse.

« Hé, y a pas que lui qui s'est fait enculer à mort. Et je veux pas me vanter, mais dix-huit fractures ! »
« Pfff, petit joueur. Vingt et une... et demi ! » se vanta Jubik'kan.

Un des guerriers du service de sécurité allait renchérir lorsque, d'un raclement de gorge, Dame Koranne, très dignement assise sur un coussin très moelleux, l'interrompit.

« C'est pas un concours, les garçons. On a tous fait ce qui devait être fait. Bien entendu, les soins du bon docteur sont aux frais de l'impératrice. Et je vais faire en sorte que vous touchiez tous une substantielle prime de risque. Et vous avez le reste de la semaine, au minimum, pour récupérer. »

Un hourra fatigué accueillit ses propos alors qu'ils rentraient dans l'atmosphère d'Oumana.

« Tu vas pouvoir te reposer, petit frère.» nota le guerrier.

Son cadet fit la moue.

« Pas vraiment. Faut que je finisse l'initiation de Jaya. On a un peu été interrompus. »
« Je peux m'en occuper à ta place, si tu veux. »

« Certainement pas ! Elle a besoin d'un professionnel, pas d'une grosse brute mal dégrossie comme toi. D'un P.R.O.F.E.S.S.I.O.N. N.E.L ! »

Le guerrier eut un grondement joueur.

« Je vais t'en foutre, du professionnel ! » siffla-t-il en lui collant une tape amicale derrière la tête.

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Laïna ouvrit la porte à l'invité, et s'effaça. Veronica se releva, lissant machinalement les plis de sa robe de soie turquoise.
« Commandant ! Quel plaisir de vous revoir. Je vous offre un verre ? J'ai reçu un excellent vin bleu. Il paraît que ce millésime est exceptionnel. » salua-t-elle, allant chercher deux verres de cristal dans son bar personnel.

Le wraith élégant qui était entré la salua noblement de la tête et s'installa dans un des deux fauteuils faisant face à son bureau.

« Avec plaisir, Dame Koranne. »

Une fois qu'ils furent tout deux servis et qu'elle se fut rassise, le wraith tendit son verre.

« Je porte un toast au courage de votre maisonnée, Madame. »

« Merci, Commandant. »

Elle but une petite gorgée du délicieux breuvage.

« Je suppose que vous n'êtes pas totalement étranger à cette... opération. »

Le wraith sourit, observant le vin d'un œil appréciateur dans la lumière des lustres à pampilles.

« Non, en effet. Je connais la qualité de vos services et votre profond patriotisme. »

« Votre estime nous honore, Commandant. »

« Vos services le valent, Madame. »
Le silence retomba alors qu'ils profitaient tout deux du millésime, effectivement excellent.

« Tout de même. Deux semaines de service réduit. Même après l'incendie de votre établissement suite à l'attentat contre le vice-ministre de l'économie, vous n'en avez pas fait autant. »

« Que voulez-vous, Commandant, nous ne régénérons pas tous. Et à présent, nous sommes pleinement rouverts. » susurra-t-elle, aguicheuse.

« Et c'est pour le mieux. La délicieuse compagnie de votre maison m'a manqué. »

Un éclat brilla dans les yeux de la matrone, qui se rajusta dans son grand fauteuil avec un cliquetis de bijoux.

« D'ailleurs, Commandant, pour vous remercier de votre fidélité à notre établissement, j'ai quelque chose à vous proposer. »
« Vous éveillez mon intérêt, Madame. »
« L'une de notre apprenties, Jaya, est prête à faire ses débuts. Elle n'est pas vierge. Mais elle va faire ses premiers pas de professionnelle. Seriez-vous intéressé à devenir son premier client ? »

« Jaya... laquelle est-ce ? La brune avec des taches de rousseur, ou la blonde aux longues jambes ? »
« La brune. »

« Oh... la petite effrontée. Je l'ai vue dans le grand salon, servant les rafraîchissements. Elle a des manières... rustiques, dirons-nous. »

Veronica fit la moue.

« Elle est encore assez brute de décoffrage, c'est un fait. »

« Je suppose que si vous me la proposez, c'est qu'elle a déjà été initiée par les gens de votre maison. Qui s'en est chargé ? »
« Doaln, Commandant. »

« Ah ! Je l'aime bien, celui-là. Très souple, et un de ces regards... (Le wraith frémit.) Il me regarde comme je regarde ma reine... Enfin, là n'est pas le sujet. Je serais ravi d'avoir l'honneur d'être le premier à expérimenter votre nouvelle protégée, Madame. »

« Fantastique ! » approuva-t-elle alors que, d'un claquement de doigts, elle invoquait son assistante.

« Préviens Jaya de se préparer pour son premier client, et conduit le commandant à la chambre de Doaln. Je suis sûre qu'il sera ravi d'y patienter. »

« Bien, Madame. Commandant, si vous voulez bien me suivre... »