Chapitre 31 - Le retour du maître

Peu après la fermeture du café, les filles se rejoignirent dans le laboratoire sur les ordres d'Elliot après le dernier combat. Les deux scientifiques voulaient faire un point avec les Mew Mew pour tenter de comprendre les deux dernières attaques qui avaient touché le groupe d'héroïnes.

— Je crois que notre rencontre avec Sweet Juliet et Blue Bayou n'était pas prévue, déduit Estelle. Quand elle a vu que je ne réagissais pas comme les autres et que je me suis mewtamorphosée elle avait paru étonné. Je ne parle même pas de sa réaction lorsque les filles sont arrivées !
— Elle était pâle et elle n'a pas demandé son reste, lança Kikki.
— Sweet Juliet semble nous craindre, tout du moins c'est ce que ses réactions laissent penser, ajouta Corina.
— Pourtant son pouvoir semble important, trancha Estelle.

La louve amena sa main au niveau de son menton comme pour appuyer sa réflexion. Elle tentait de se souvenir des moindres détails de sa rencontre avec les deux croisés lors de son tournage

— Pourquoi nous redouter si son pouvoir semble important ? Posa Corina. C'est pas logique.
— Parce que son pouvoir ne peut rien contre nous, déduit à nouveau Estelle, attirant les regards interrogateurs des autres Mew Mew et des garçons. D'après ce que j'ai vu, elle absorbe l'énergie des humains pour la synthétiser en une autre énergie qui amplifie les pouvoirs de son frère, ou probablement d'un autre croisé. Mais elle semble très proche de Blue Bayou.

Estelle continua d'exposer son échange avec Sweet Juliet et Blue Bayou pour apporter le maximum de détails à Wesley et sa thèse. Si cela pouvait l'aider à en savoir plus et cerner ses ennemis, autant le faire le mieux possible.

— Mais clairement le combat d'aujourd'hui n'a servi à rien, si ce n'est nous faire une visite de courtoisie, détourna Corina.
— Ou entretenir nos capacités, ironisa Bridget, voir déclencher la mewtamorphose de Berry.
— Au moins ça nous a permit de nous dégourdir les jambes ! Ajouta Kikki.

Cependant Zoey n'était pas réellement de cet avis. Durant ce combat, elle avait été expédiée à plusieurs mètres du prédasite avec l'une de ses attaques. Etrangement Royal Highness était venu à sa rencontre et elle ne cessait de penser à ses dernières paroles.

Le prédasite venait d'asséner un coup à la rose qui s'écrasa plus loin hors de la vue de ses amies. Elle se releva aussi vite qu'elle le pouvait mais elle s'arrêta net lorsque son prénom s'éleva derrière elle. En se retournant à la vitesse de l'éclair, elle fut d'autant plus surprise de tomber nez à nez avec Royal Highness.

— Bonjour Zoey, salua-t-il poliment en s'approchant d'autant plus de la Mew Mew.
— Que fais-tu ici ? Grogna la rose.
— Où sont passé tes bonnes manières Zoey, ce n'est pas très aimable de ne pas saluer son invité.
— Tu n'es pas mon invité.

Il s'avança un peu plus et baissa sa tête à la hauteur du visage de Zoey en plongeant son regard dans celui de la jeune. Elle voulu se protéger avec son bras, mais elle tenta malgré tout de garder un contact visuel avec lui, dans l'éventualité d'une attaque. Un sourire s'afficha sur son visage comme un rictus. Et enfin il se redressa et commença à tourner autour de la féline.

— Zoey, Zoey, Zoey... fit-il avec lassitude. Tu sais qu'on ne peut échapper à son destin ?
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Que le processus est déjà en marche, lâcha-t-il en plantant une nouvelle fois son regard dans le sien.
— Mais qu'est-ce que tu racontes ? Quel processus ?
— Que tu veuilles ou non, tu blesseras ton équipe, c'est écrit dans ton destin... ou devrais-je dire dans tes yeux.
— Mais laissez mes yeux tranquilles à la fin, s'énerva la rouquine.

Royal Highness eu un mouvement de recul lorsque Zoey s'énerva. En si peu de temps, ses yeux avaient été le centre de l'attention d'Elliot et maintenant de ce croisé.

— Dois-je en déduire que ta transformation a commencé, intéressant. Serait-ce cette jeune recrue qui a déclenché tout cette négativité ?
— Que m'avez-vous fait ?
— Nous ? fit-il innocemment. Rien que forcer un peu le destin.
— Je ne vous laisserais pas faire, marmonna-t-elle.
— C'est ce qu'on verra Zoey !

Elle fit volte face et se lança dans une attaque avec ses ailes de l'espoir pour exterminer le prédasite. Son énergie était puissante comme rarement elle ne l'avait été. Une fois terminée, elle rejoignit ses coéquipières mais se tourna tout de même vers l'endroit où elle avait rencontré Royal Highness quelques minutes plutôt. Ce dernier la fixa à son tour et étira ses lèvres dans un petit rictus de satisfaction : son plan se déroulait à merveille, bientôt les Mew Mew ne seraient plus.

Les pensées de Zoey revinrent dans le laboratoire avec le claquement de doigts de Corina juste devant son visage. La bleue s'apprêtait à pincer la joue de son amie mais cette dernière eut un mouvement de recul.

— Zoey, tu es avec nous ? Brailla-t-elle.
— Oui, mentit la rose.
— Alors que penses-tu de tout ça ? demanda Estelle.
— Euh... je ne sais pas trop, ils cherchent à nous tester, voir comment nous travaillons ensemble, se rattrapa-t-elle. Nous avons toujours été face à des cyniclons et jamais autre chose, c'est l'inconnu les Croisés de la Sainte Rose, surtout que nous ne connaissons pas leur véritable intention sur nous.

Les filles ainsi qu'Elliot semblaient convaincus par les paroles de Zoey à son plus grand soulagement. Elle hésitait à leur raconter sa rencontre avec Royal Highness mais elle se ravisa, voulant en savoir d'avantage de son côté mais également pour ne pas inquiéter inutilement ses amies.

— Que pensez-vous de Berry ? Hasarda Elliot après un silence.
— Elle a beaucoup à apprendre au sujet des Mew Mew, envoya Estelle.
— A commencer nos alliés et nos ennemis, ça sera déjà une grande avancée, ironisa Corina.
— Mais pour son premier combat ? reprit le blond.
— Elle a du potentiel, elle va vite s'intégrer, fit Bridget.

Elliot se tourna vers la verte et lui lança un regard la remerciant de répondre sérieusement à sa question. Il avait peur que Berry soit juste un élément perturbateur de l'équipe et était rassuré de voir que malgré tout ce qui c'était passé, elle avait une chance au sein de l'équipe.

L'intervention au Café Mew Mew ne tarda pas trop. Une nouvelle journée bien remplie pour ces héroïnes allaient bientôt s'achever par une routine familiale dans chacun des foyers. Kikki, accompagnée de Tarb, chantonnait sur le chemin du retour, se réjouissant du bon repas préparé par Mlle Rose qui l'attendait. Il est vrai que la jeune Mew Mew appréciait sa présence et se sentait d'autant plus en sécurité avec elle, tout du moins elle savait ses frères et sœur entre de bonnes mains. Le cyniclon ne pouvait s'empêcher d'admirer sa jeune protégé, ce petit sourire ridicule scotché à ses lèvres.

— C'est nous, nous sommes rentrés ! Entonna-t-elle en refermant la porte derrière Tarb.

Aucune réponse. Elle s'attendait à voir débarquer ses quatre petits démons suivit de Heicha, mais à la place un lourd silence planait dans la maison. Elle regarda Tarb avec interrogation et se dernier haussa les épaules. Enfin elle s'avança vers la salle à manger prête à découvrir l'impossible –un croisé qui s'en est prit à sa famille, un prédasite qui demande une rançon ou n'importe quoi.- Elle fut soulagée en apercevant l'un de ses frères puis les autres.

— Bah alors qu'est-ce qui vous arrive ? demanda-t-elle.

Etonnement, tout le monde était sage, assis à sa place devant son repas et ne disait pas un mot. Même Heicha d'habitude si bavarde semblait limite terrifiée. Kikki suivit le regard de sa fratrie vers un seul et même point ; ses yeux s'ouvrirent comme des soucoupes, elle eut un mouvement de recul et sa respiration se saccada quand son coeur manqua quelques battements.

— Bonsoir Kikki.
— Bonsoir pa...maître. Rectifia-t-elle en baissant les yeux, presque honteuse.

Tarb et la Mew Mew s'installèrent à leur place autour de la table pour commencer à déguster le repas. Etrangement, Kikki n'avait plus faim et voulait simplement monter dans sa chambre pour se rouler en boule. Elle tenta un regard vers Mlle Rose qui lui renvoyait le sien, désolé. Depuis tout ce temps sans aucune nouvelle, elle était partagée entre la joie et à la fois la peine et la culpabilité.

— Qui sont ces personnes qui sont dans ma maison ? Posa son père comme un reproche à l'attention de son aînée.
— Des amis, Mlle Rose est l'institutrice d'Heicha et Tarb est un ami.
— Que t'ai-je dis sur les amis ? Ils te trahiront un jour ou l'autre.
— J'ai confiance en eux, trancha-t-elle.

Elle sentait que la présence de ces deux personnes étaient mal vu de la part de part de son père, mais elle s'en fichait. Mlle Rose et Tarb faisait partie de sa vie à présent, au même titre que son groupe de justicière. Malgré tout, elle s'attendait au reproche, qui ne tarda pas à se pointer d'ailleurs...

— Que tu refuses le mari à qui tu es promise, parce que tu as perd un combat est une chose...
— Je n'ai que 11 ans ! Coupa-t-elle.
— Et alors ? Ta mère était à peine plus âgée lorsqu'elle m'a été promise.
— Et elle n'est plus là, trancha la jeune en se levant.

La Mew Mew s'échappa de la pièce en ravalant ses larmes. Elle n'avait pas vu son père depuis des années et aujourd'hui, pour son retour, elle était assaillie par des reproches et des paroles aussi tranchantes que du verre. Kikki se sentait mal d'avoir abordé ce sujet avec son père. Mlle Rose tenta de la rappeler mais quand cette dernière croisa le regard sombre du père, elle se rassit et baissa les yeux vers les plus jeunes. Tarb, lui, se contre-fichait du regard assassin de cet homme et se leva à son tour pour rejoindre Kikki. La jeune femme reprit une cuillère du potage, un silence de plomb planait dans la pièce. Les enfants commençaient à se dandiner sur le siège, eux qui sont d'habitude si actif dans la maison. D'une voix rauque, le maitre d'arts martiaux les autorisa à quitter la table en silence pour rejoindre leur chambre

— Kikki est forte vous savez, tenta l'institutrice.
— Heureusement qu'elle l'est, je n'aurais pas tolérer le contraire, rétorqua-t-il. Mais elle a mal agit.
— Pourquoi ? Poussa-t-elle. Parce qu'elle a décidé de travailler pour subvenir aux besoins de ses frères et sœur ? Parce qu'elle n'a pas voulu vous suivre en Chine ou bien parce qu'elle a ramené deux personnes à qui elle tient sous son toit ? Débita-t-elle d'une voix aigüe. Je trouve qu'elle a très bien agit pour une fille de son âge et je ne vous laisserais pas mal parler à une enfant qui a vécu des choses aussi horrible dans sa vie.

Le père de Kikki fixait la jeune femme, jamais au grand jamais une personne du sexe opposé ne lui avait ainsi parlé, sauf une, et il se sentait presque offusqué. Mais à la fois, elle avait raison. Il l'a regarda avec un tel regard, et l'étonnement se lisait dans ses yeux : il l'a revoyait à travers l'institutrice, sa femme, celle qu'il avait appris à aimer, celle que la maladie avait emporté loin de lui, la mère de ses uniques enfants.

— Vous avez toujours été un père absent depuis le départ de la mère de Kikki, et aujourd'hui vous revenez comme un cheveu sur la soupe pour lui faire la morale alors qu'elle a toujours essayé survivre. Continua-t-elle. Peut-être qu'elle aurait aimé un soutien paternel dans cette épreuve.

Ce tempérament de feu, c'était le même. Il n'en revenait pas d'avoir été ainsi renvoyé par cette jeune femme qui semblait si timide à première vue. Avait-il mal jugé sa fille et son comportement ? Probablement. Le décès de sa femme avait été dur pour lui au point qu'il avait quitté le Japon pour s'adonner à sa passion, le Kenpo. Mais il avait joué les égoïstes en ne pensant pas à ses propres enfants et en comptant sur la jeune Kikki pour s'en occuper sans penser à tout le mal qu'elle pouvait ressentir. A cet instant, la culpabilité le gagnait comme jamais elle ne l'avait fait.

Kikki avait quitté la maison et s'était assise sur le trottoir devant celle-ci. Elle avait remonté ses genoux vers sa poitrine et enfoui son visage dans ses bras pour laisser échapper la tristesse qui l'envahissait. Sa mère lui manquait énormément, elle voulait qu'elle soit là pour la consoler, tenir tête à son père comme dans ses souvenirs. Mais elle était seule face à lui à présent. Elle sentit une main se poser sur son épaule, elle savait que c'était Tarb ; elle leva les yeux vers lui, les yeux brillants de larmes.

— Tu veux qu'on s'en aille ? Souffla-t-il.
— Pour aller où ?
— Se changer les idées, fit Tarb en reprenant son apparence de cyniclon.
— Mais Ouri va s'inquiéter, si je ne rentre pas rapidement.
— Heicha s'en occupera très bien, consola le jeune.

Il actionna son pouvoir de téléportation : il savait précisément où il allait amener sa jeune amie. C'était un lieu à l'extérieur de la ville qui offrait une vue panoramique sur les buldings tokyoïtes et les lumières nocturnes. Il avait découvert ce refuge après le combat au Tokyo Dôme, et y avait dégusté le bonbon à la fraise que Kikki lui avait offert pour le remercier de l'avoir sauvée. La Mew Mew s'émerveilla devant ce paysage avec des étoiles dans les yeux. Il avait connu cet émerveillement lorsque la nuit était tombée et que les lumières s'étaient mis à scintiller ce même soir.

— C'est magnifique, souffla la jeune.
— Je suis content que ça te plaise.
— Tu entends ça ? Posa-t-elle après quelques instants de silence et d'admiration.

Plus loin des éclats de voix s'élevaient dans la nuit, des éclats que la blonde reconnaissait étrangement. Ils s'échangèrent un regard interrogatif avant de s'approcher doucement des buissons. Avec surprise, ils découvrirent Happy Child et Murk qui cherchaient à faire des tours de magie. Une nouvelle fois, les deux cadets se lancèrent un regard et Tarb hocha la tête pour répondre à la question silencieuse de son amie : ainsi elle se transforma et les deux jeunes sortirent de leur cachette.

— Qu'est-ce que vous faites ici ? lança Kikki.
— J'apprends à Happy Child à utiliser les prédasites, répondit-il sans s'intéresser à son interlocuteur. Minute à qui je viens de répondre ? Tilta-t-il.

Il se retourna en même temps que la jeune croisée pour faire face au duo de cadets qui avait les bras croisés sur leur poitrine en les toisant. Avec surprise il constata dans un souffle « ah c'est les morveux » et décréta que ça serait un bon entrainement pour sa protégée. Il lui tendit un infiltreur qu'elle prit entre ces mains : une légère lumière rouge se dégagea de la liaison qu'elle établissait juste avant de le jeter au sol. La méduse s'infiltra dans la terre et rapidement une forêt de liane sortit sous les pieds des jeunes. Enfin un prédasite végétal fit son apparition juste devant eux. Kikki et Tarb se lancèrent un regard satisfait : Happy Child était encore une débutante, et les deux se réjouissaient d'avoir un prédasite complémentaire avec leurs pouvoirs et facile à éliminer. La Mew Mew réalisa plusieurs acrobaties pour éviter les branches mouvantes. Cependant, il attrapa la blonde et commença à la serrer fort au fur à mesure qu'elle se débattait. Tarb tenta à plusieurs reprises de la secourir mais il se faisait repousser par les tiges vivantes.

— Je dois sauver Kikki, s'encouragea-t-il.

Il se téléporta en voyant arriver des branches devant lui et une idée lui apparut. Plusieurs fois il se téléporta avant que les branches ne l'atteignent. Kikki n'arrivait même plus à voir où il était tant ses téléportations étaient rapides et rapprochées. Mais elle comprit rapidement son attention lorsqu'elle vit le nœud que formaient les lianes non loin d'elle. Dans l'instant qui suivit, elle sentit les tiges se détendre et elle put se délivrer de leur emprise. Elle observa Tarb qui récupérait juste son clic-clac et en déduisit que c'était son arme qui l'avait délivré. Mais pas le temps pour la jeune de chercher à comprendre quoi que ce soit, elle brandit son tambourin d'or et lança l'ultime offensive.

— Tambourin fleurissant!
— Il se passe rien ? S'étonna Tarb en s'approchant d'elle.
— Patience, conseilla la blonde.

A peine avait-elle terminé sa phrase qu'une énorme marguerite souleva la terre et le prédasite avec pour l'engloutir et exploser en une pluie de petites pâquerettes. Murk et Happy Child poussèrent un grognement à l'unisson et se téléportèrent : même si Haby avait réussi à créer son premier prédasite seule, elle manquait d'expérience et de technique pour en faire des créatures offensives. Tarb fixait l'endroit où se trouvaient quelques secondes plus tôt leurs ennemis et ne s'attendait certainement pas à recevoir un baiser sur la joue de la part de Kikki.

— Merci pour ce soir Tar-Tar, tu m'as bien changé les idées, sourit-elle, les yeux pétillants.

Il esquissa un sourire timide, les joues roses. Il remarqua une marguerite dans les cheveux de Kikki qu'il s'autorisa à enlever et donner à la Mew Mew. Enfin il attrapa sa main pour les téléporter devant la maison familiale, comme lui avait demandé sa jeune amie.

La café Mew Mew ouvrait dans quelques heures et les filles s'affairaient à préparer ce futur service. Ces derniers étaient de plus en plus bondés : les clientes s'y précipitaient presque dès qu'il était ouvert tant les ouvertures se faisaient rares ou courtes. Kikki se chargeaient de la dernière vaisselle de la pâtisserie de Wesley en chantonnant. Depuis quelques jours, elle restait aussi tard qu'elle pouvait le soir pour ne pas avoir à subir les reproches de son père. Bridget l'interrompit depuis les portes battantes de la cuisine.

— Kikki, il y a quelqu'un qui souhaiterait te voir.
— Ah oui, qui ça peut bien être ? Posa-t-elle en essuyant ses mains dans son tablier.

Elle poussa les portes de la cuisine et fut surprise de voir son père debout dans la grande salle du café qui faisait face à Zoey. Cette dernière lui répétant que le lieu était fermé puisqu'elle ne savait pas qu'il voulait voir Kikki. Kikki poussa un grognement et serra les poings avant de se diriger vers son paternel avec détermination.

— Si tu es là pour me dire qu'une fille ne doit pas travailler et qu'elle doit rester à la maison, tu peux repartir, s'énerva-t-elle, j'ai mes frères et sœur à nourrir moi !

Elle fut coupée dans son monologue par son père qui l'a prit dans ses bras. Elle ne comprenait pas ce geste : aussi loin qu'elle se souvienne, la seule affection que lui avait offert son père c'était lors de ses entrainements lorsqu'il lui tendait une main pour se relever.

— Je suis désolé, Kikki. J'ai été égoïste et je n'ai pas pensé à vous. J'espère que tu pourras me pardonner, souffla-t-il. Tu as raison, une fille peut travailler, épouser qui elle veut, à l'âge qu'elle veut. Il est tant de faire évoluer nos traditions.

D'autant plus étonnée, la jeune ne put retenir ses larmes plus longtemps. Ces mots la frappaient comme les derniers de sa maman et ils résonnaient dans son esprit comme un écho. Elle passa ses bras autour de la taille de son père et enfouit son visage dans sa veste traditionnelle. Enfin son père s'écarta légèrement d'elle, posa ses mains sur ses épaules et planta son regard dans celui de sa fille.

— Je veux juste que tu me fasses deux promesses, posa-t-il alors que Kikki hochait la tête en essuyant ses larmes, Promets-moi de faire perdurer le Kenpo dans la famille, quitte à ce que ce soit l'un des garçons qui le reprennent.

— D'accord, et la seconde ?
— Promets-moi d'être prudente, courageuse et forte à chaque minute de ta vie, comme tu l'as toujours été. En échange je te promets de prendre plus soin de vous, de revenir régulièrement au Japon et de ne pas dicter vos vies.
— Je te le promets, murmura la jeune.

Ces larmes reprirent et elle se blottit une nouvelle fois dans les bras de son père. Pour la première fois de sa vie elle avait une faire relation père-fille, pour la première fois elle se sentait soutenu, et elle admirait son père comme lorsqu'elle avait quelques années de moins.