Chers lecteurs,
Long week-end en perspective. Joie !
Silencio s'est bien sûr rincé après son bain dans l'évier. Mais il ne faut pas oublier que c'est un serpent et que l'eau grasse lui permet de réhydrater ses écailles pour lutter contre la sécheresse de peau. Donc tout bénèf pour lui.
Portez-vous bien, faites des concerts de craquages de biscottes, à bientôt,
Al
PS : réponse à Hellfest le guest : drago est aussi imprévisible qu'harry,c'est ça qui fait son charme (ou pas). merci pour ta review !
Harry ne savait plus quoi penser.
Une semaine que Drago lui avait fait remarquer qu'il le draguait, et rien ! Rien de rien !
Pas de remarque.
Pas d'Archimède furibard dans son bureau pour lui donner violemment des coups de bec sur le crâne.
Pas d'ouverture lors des sorties d'école : Harry faisait exprès d'arriver le plus tard possible et à chaque fois, Drago était en grande conversation avec une sorcière différente.
Pas de coup d'œil de connivence échangé entre eux quand ils récupéraient leurs satanés gosses.
Harry n'avait jamais été connu pour sa patience, mais là, c'est simple : il devenait fou.
Il ignorait si c'était une stratégie malefoyenne pour parvenir à ses fins, si c'était l'ultime torture que Drago avait trouvée pour l'emmerder, mais Harry n'en pouvait plus.
Putain !
Et là, même là, il entendit dans sa tête la voix de Drago Malefoy lui susurrer : « Langage. »
Il était foutu.
« Boss…
- Oui ?
- Je démissionne. »
John Jones regarda Harry avec un regard perçant.
« Bon. Viens dans mon bureau. Je suis pas sûr que les toilettes soient le meilleur endroit pour mener une discussion sérieuse. »
Harry se rebraguetta et suivit John dans son bureau. Lucinda leur apporta un thé qu'ils sirotèrent tous deux avec gravité. Harry ne dit rien : on ne plaisantait pas avec le thé du chef des Aurors.
« Explique-toi.
- J'aime plus mon métier. »
John le regarda attentivement, semblant attendre la suite.
« Attends… Tu veux que je développe, c'est ça ?
- Ben… Un peu, oui. Tu travailles là depuis dix ans, tu es le meilleur élément que j'ai sous la main, tu abats du bon boulot, tu gères très bien le stress, tu as coincé plus de méchants en dix ans que tout le monde en trente ans. Tu as une familiarité avec la magie noire et une empathie particulière, sûrement due à ton vécu, pour les victimes. Tu penses comme un mage noir pour les coincer mais tu n'es pas corrompu pour autant. Tu es l'être le plus probe et honnête que je connaisse. Donc, oui, j'attends que tu développes. »
Harry ne savait pas quoi ajouter à cette avalanche de compliments analytiques. Il avait adoré être Auror, y avait pas de doute. Il se souvenait avec grand plaisir des planques faites avec Ron au tout début, des enquêtes résolues à la sueur de son front, des insomnies pour boucler une affaire. Mais là, il en avait sa claque. Voir Ron s'éclater dans un truc qu'il aimait et se mettre à écrire des bouquins (des bouquins, par lui-même !) lui avait fait prendre conscience que si son boulot lui avait plu, ce n'était plus le cas.
Depuis le divorce, il ne travaillait efficacement qu'une semaine sur deux. On ne lui donnait donc plus aucune affaire importante et il ne les recherchait pas. Et son enquête sur laquelle il piétinait depuis des mois lui pesait vraiment trop.
Il n'avait plus envie de courir après les mages noirs. Il avait envie de profiter de ses enfants avant qu'ils partent à Poudlard et d'embrasser Drago Malefoy (et plus si affinités).
« Tu es sûr que ça n'a rien à voir avec l'absence du hibou qui a un caractère de merde ? »
John remarquait tout. Toujours.
« J'ai remarqué que ce fichu volatile ne venait plus trop te voir dans ton bureau. »
Harry grogna :
« Je ne sais pas.
- Ta correspondance t'a peut-être montré que tu préférais faire autre chose… »
John et Harry avaient toujours été des quiches monumentales pour parler de leurs sentiments ou de leurs ressentis. Harry grimaça :
« Te force pas, hein, t'inquiète. Algarade n'y est pour rien. Je deviens fou mais ce n'est pas ça le problème.
- C'est quoi, le problème ?
- T'es au courant que tu n'es pas en train de mener un interrogatoire ?
- Tu es le mage le plus puissant que j'aie jamais rencontré. Permets-moi de prendre mes précautions. »
Harry sourit :
« J'en ai marre, c'est tout. Je boucle mon affaire et je pars. »
John se renfonça dans le dossier de son fauteuil :
« Et ? Tu vas faire quoi ?
- Je sais pas.
- Harry…
- Ok, j'ai quelques idées. Dont une qui nécessiterait l'existence d'un acolyte de qualité. »
John acquiesça :
« Mouais. Je pense que ce métier va te manquer. T'es sûr de pas vouloir garder un pied dans le bain ?
- Vas-y, Jones, balance la sauce. »
Harry était aussi bon enquêteur que son boss et c'était une autre des raisons qui le poussait à quitter son job (outre que Drago qui le connaissait fort bien lui avait mis en pleine face qu'il n'aimait pas son boulot) : il ne voulait pas que John le forme à prendre la relève et fonde tous ses espoirs en lui.
« Eh bien… J'ai repensé à ton histoire de serpents. Et j'aimerais bien que tu m'aides. »
Harry eut un grand sourire :
« Pas de problème, patron ! »
OoO
Harry était, pour la première fois de la semaine, content d'aller chercher ses enfants à l'école Albus Dumbledore. Pas parce qu'il allait croiser Malefoy (oh non !), mais plutôt parce que c'était bon, il avait autre chose en tête qu'un blondinet acerbe qui ne lui parlait plus. Il était Chez Dédé et regardait avec attention le local à louer en face du café sorcier où il sirotait un chocolat viennois saupoudré de copeaux de citrouille frite face au patron.
« Quand ils nous ont proposé ça, à savoir de créer une nouvelle rue accrochée au Chemin de Traverse pour y mettre une école, on a sauté sur l'occasion, expliqua Dédé, assis en face de lui. Alors, certes, on n'est pas sur la rue la plus fréquentée. Mais bon, le loyer est moins cher, on est au calme, et les parents d'élèves aiment bien venir prendre un chocolat chaud. On fidélise plus la clientèle même si on a moins de monde.
- Et ce local ?, demanda Harry. Personne ne le veut ?
- Il est plutôt grand. Y avait un apothicaire qui hésitait à venir s'installer ici mais sa femme est tombée enceinte et ils sont partis en Espagne. Après, le Ministère cherche toujours à qui le louer. »
Harry ricana :
« Donc… Faut que j'aille voir le responsable du Département de l'aménagement magico-urbain pour décrocher ce local ?
- Ben ouais. »
Tout s'annonçait mieux que prévu.
OoO
« Sérieux, Potter, tu veux que je t'arrange un coup dans le dos de Drago ? Tu devrais le savoir, il déteste être pris par derrière.
- Je crois que l'expression, c'est être pris par surprise ou attaqué par derrière. Les deux ensemble, c'est… Bref. Et je ne crois pas que Drago soit intéressé par ce que je fais.
- Je suis pas un putain de dico. Tu veux ma mort, en vrai ? C'est ça ? Tu veux qu'il me tue ?
- Jamais. J'aurais trop peur que Parkinson cherche à te venger. Je tiens à la vie, moi.
- Pansy te laissera en vie, qu'est-ce que tu crois… Elle est trop contente d'avoir trouvé quelqu'un à torturer qui ne réplique pas. T'es trop gentil pour qu'elle se lasse de toi. »
Zabini était un fort sympathique garçon une fois qu'on avait mis de côté qu'il faisait plus de blagues salaces que tout Londres réuni. Harry en rougissait chaque fois un peu plus. Il espérait que ça allait se calmer, ses inflammations épidermiques.
Il était aussi secrétaire au Département de l'aménagement magico-urbain et cherchait à passer chef du rayon Espace magique & lieux sans Moldus.
« C'est super grand !
- C'est ce qu'elles disent toutes, commenta mécaniquement Zabini avec un ricanement.
- C'est exactement ce qui me faut !
- Potter… J'ignore ce que tu veux en faire, de cet endroit, mais va falloir une bonne caution, même si je me doute que ta belle gueule de sauveur va aider à débloquer la situation. T'as de côté ?
- Bien sûr, répondit Harry la tête en l'air pour observer les grandes poutres qui couraient dans le plafond. Je ne suis presque jamais parti en vacances et je n'ai jamais acheté de maison. Toutes mes économies n'attendent que ce moment.
- Que ta vie est triste ! Tu m'étonnes que Drago trouve que tu ressembles à un moine.
- Drago t'a parlé de moi ?
- Bien sûr, répondit Zabini, clairement surpris. Je crois qu'il a envie de te tuer au moins une fois par semaine. »
Harry opina :
« Ouais, je vois ce qu'il veut dire. Moi aussi.
- Pansy a aussi envie de me tuer une fois par semaine. C'est preuve de bonne santé dans un couple.
- Je ne sais pas si je prendrais ton couple pour modèle. T'as divorcé quatre fois, quand même !
- Y a que ça qui la calme. »
Pour avoir rencontré Pansy Parkinson ex Zabini lors de la soirée du Ministère, Harry savait qu'elle ne correspondait absolument pas à l'image d'hystérique que Zabini lui proposait. Un peu mégère, certes, mais surtout calculatrice, cinglante et passionnée. Le divorce devait plus calmer Zabini qu'elle.
Ils continuèrent à visiter le local et Zabini commentait chaque pièce qu'ils voyaient : la cuisine (petite mais fonctionnelle), l'arrière-cuisine (débarras, point d'eau), la grande baie vitrée qui donnait sur l'impasse du Mi-grenier.
Zabini lui montra l'échelle qui montait au grenier. Harry y grimpa avec allégresse.
« Alors ?
- C'est grand. J'ai assez de place pour les branches à hibou et les terrariums. Le seul problème, c'est qu'il n'y a pas de jardin.
- On peut s'arranger, je suppose, reconnut Zabini. Si tu n'emménages pas tout de suite, on devrait avoir le temps d'installer un jardinet en grignotant sur le côté moldu.
- Ce serait vachement bien. »
Zabini soupira :
« Plus personne ne dit vachement, Potter. Ça date d'un autre siècle, même Dumbledore n'était pas né.
- Tu m'as déjà entendu le dire, répondit Harry en descendant de l'échelle.
- Tu étais bourré. Je pensais que c'était une erreur.
- Harry Potter ne commet jamais d'erreur. »
Zabini ricana :
« Le cocktail Aguamentholé était une erreur.
- Pas faux. »
S'il y avait bien une chose pour laquelle Harry ne regrettait pas d'être allé au bal Sorcières & Célibataires, c'était Blaise Zabini. Pansy Parkinson lui faisait peur. Mais Zabini, c'était un régal sur pattes.
« Je dois me décider quand ?
- J'ai pas trop de visites, je t'avoue. Donc prends ton temps. Mais si tu veux qu'on installe un jardin, faudra pas trop tarder.
- Pas de souci. De toute façon, je suis un adepte des décisions hâtives.
- C'est ça. Eh ben prends le temps pour une fois. »
Harry regarda sa montre :
« Ça va bientôt sonner. J'ai mes gosses à récupérer.
- Je n'ai pas encore eu ce plaisir, je t'avoue. »
Ils quittèrent le local de l'impasse du Mi-grenier. Alors que Zabini fermait la porte d'un tour de clef et apposait un sceau magique sur la porte, Harry vérifia que le portail de l'école n'était toujours pas ouvert. Il entendit la sonnerie.
« Ben… Merci pour la visite !
- Non, mais attends, je viens avec toi. Je récupère Scorpius. Drago a su que j'étais dans le coin, il m'a demandé de récupérer son fils. »
Purée. C'était le week-end et Drago ne venait pas chercher son propre fils ! Quel père de merde.
Et encore cette petite voix réprobatrice, aux intonations malefoyennes : « Langage. »
Mais par lui-même ! Il devenait fou !
Il récupéra ses enfants, ressentant douloureusement l'absence de Drago. Il n'arrêtait pas de jeter des coups d'œil à l'intersection de l'impasse du Mi-grenier et du Chemin de Traverse dans l'espoir d'y voir apparaître Drago et de le voir courir vers lui au ralenti, comme dans les films détestables dont raffolait Hermione.
Putain de bordel de merde. Voilà qu'il devenait romantique.
Bien sûr, le week-end fut long et fastidieux. Harry devait gérer Albus qui : 1) n'avait pas Scorpius sous la main pour l'occuper ; 2) manifestait de plus en plus de magie spontanée, ce qui était extrêmement fatigant puisque les objets changeaient de place tous seuls quand Albus changeait d'état d'esprit ; 3) se languissait de la vie en général et commençait sa crise de pré-adolescence ; 4) croyait que Silencio était un jouet ou une écharpe, ce qui provoqua des crises d'urticaire au boa qui refusa de sortir de son panier tout le dimanche. Lily en profita pour sortir tous les livres de la bibliothèque et faire un labyrinthe pour boursouflets. Quant à James, il ne fut pas en reste : il avait un rhume et n'arrêtait pas de geindre.
Harry craqua et envoya ses trois enfants au Terrier pour avoir la paix.
Néanmoins, resté tout seul, il rumina tout le samedi après-midi l'absence de Drago dans sa vie.
Il cuisina n'importe comment et se promit de retenter le chili une fois où il serait plus calme pour être honnête face à Ron et Hermione.
Le dimanche soir, il refila ses enfants avec gratitude à Ginny. Elle ne chercha pas à comprendre ce qui n'allait pas quand elle le vit, ce dont Harry lui fut grandement reconnaissant (même s'il se doutait que son ex femme allait envoyer un hibou à Ron et Hermione pour les tenir au courant de son état d'esprit).
Ce fut le samedi d'après qu'il eut de nouveau des nouvelles de Drago, soit presque deux semaines sans nouvelles, alors qu'ils avaient pris l'habitude d'échanger quotidiennement de petites méchancetés, pas qu'il ait compté les jours, loin de là.
Harry était content de lui : son enquête sur le trafic d'elfes avait fait un bon en avant, la discussion avec Salsifi, une couleuvre loquace du Ministère qui s'était retrouvée coincée dans les canalisations de la maison des Gringe, avait permis, le matin du samedi, de procéder à une arrestation des trafiquants en flagrant délit, les elfes victimes avaient été envoyés en cellule psychologique pour se reposer avant que les Aurors puissent les interroger, John Jones avait donné deux semaines de repos à Harry dans l'espoir que sa crise de démission soit passée et qu'il revienne travailler au bureau des Aurors et Harry avait presque réussi à virer Drago de ses pensées (la semaine infernale qu'il avait subie l'avait fortement aidé à aller dans ce sens).
Bref. Il rentra chez lui, ce samedi midi là, prêt à se prendre un petit apéro tranquillou, à discuter avec Silencio de l'adoption de Salsifi au Square Grimmaurd (la pauvre s'ennuyait au Ministère) et à faire une très longue sieste.
Quelle ne fut pas sa surprise de trouver Drago Malefoy dans sa cuisine.
« Potter…
- Salut. »
