brigitte26 : si seulement tous les parents pouvaient t'entendre :(

Zackos : Je ne sais pas comment, mais tu avais prédit ma semaine d'absence !

Kelewan : seul le temps nous dira si Harry ira un jour aussi bien que tout le monde, mais ce qui est certain, c'est que ce défaut psychologique s'amoindrira avec le temps et les aventures ;)


Chapitre 35 : Emotions d'enfant


Quirrel déglutit difficilement. Première semaine de cours, première semaine de problèmes. Comment allait-il obéir, s'il ne pouvait même pas être hors du champ de vision de Dumbledore ?

-Maître, puis-je vous poser une question ?

-Parle.

La voix venait de partout et de nulle part à la fois, lente et sifflante, comme appartenant à un homme dont les cordes vocales auraient été frottées au fer blanc et rapiécées autant que possible.

-Comment Dumbledore n'a-t-il pas remarqué votre présence ?

Il serra les dents à la morsure magique qui le brûla. La question ne plaisait pas au Maître.

-Crois-tu que je ne suis pas capable de me cacher de lui ? Tonna lourdement la voix, et Quirrel se fit minuscule, les yeux voletant dans toute la pièce à la recherche d'une ancre.

-Bien évidemment, Maître. Excusez-moi.

Le silence lui répondit, et il déglutit difficilement, attrapant son turban, qu'il avait détaché. D'un même mouvement, il se leva de son bureau, les jambes flageolantes.

La voix résonna à nouveau, lui provoquant presque une syncope.

-Il sait que je suis là.

-Pardon ?

-Ne me force pas à me répéter. C'est une évidence, nous sommes à Poudlard, et le vieux fou sait tout ce qui se passe dans cette école. Il sait que c'est moi qui ai tué les licornes, moi qui ai ébranlé les protections. Il sait même que je suis à l'arrière de ta tête comme un vulgaire parasite !

La fin avait été prononcée au milieu d'un hurlement rageur, et, immédiatement, le calme revint, uniquement brisé par le tic-tac régulier de l'horloge murale.

-Qu'attend-il de nous, Maître ?

-Sans doute que nous mettions à l'épreuve son Survivant... il souhaite en tirer de la gloire, et il l'aura, surtout lorsqu'il sera mort et enterré auprès de ses chers parents.

Quirrel déglutit. L'idée d'assassiner un enfant de onze ans ne le réjouissait pas.

Mais, au point où il en était...

-Bien, Maître. Espérons que l'occasion se présente bientôt.

-Je n'en doute pas une seconde.


-Tu vas bien ?

Harry sursauta faiblement et se retourna vers Gemma, neutre.

-Oui, ça va. Merci.

-On s'est inquiétés. Les Serpentards, je veux dire. C'est rare, les crises d'angoisse.

La préfète le regardait attentivement, comme si elle cherchait à lire en lui, et les jumelles rirent intérieurement en pensant qu'elle n'y arriverait jamais, même si elle passait cinq vies sorcières à essayer.

-Ça ne devrait plus arriver. Juste un souci de santé passager.

-Pas de problèmes. S'il y en a un, en revanche, tu sais où nous trouver.

Elle sourit et posa sa main sur son bras, rassurante, avant de les dépasser pour rejoindre des élèves de son année un peu plus loin dans le hall.

Alors qu'Hestia s'apprêtait à ouvrir la bouche pour commenter, une autre voix les interrompit, bien plus aiguë et bien moins familière.

-Harry ?

Cette fois, il sourit. Tracey Davis lui rendit, une fossette se creusant sur sa joue gauche.

-Je t'ai pris les notes du cours de potion, puisqu'on travaille sur le même sujet.

Il hocha la tête en prenant les parchemins, élégamment ficelés entre eux.

-Merci. Tu voudras qu'on travaille ensemble dessus ?

Hestia et Flora échangèrent un coup d'œil entendu.

Le professeur Rivers avait été clair : la première semaine serait pour les différentes techniques de base utilisées en potion, la seconde pour réviser la première s'ils n'avaient pas compris ou pour commencer à travailler la théorie, et ils ne commenceraient les vraies potions qu'au bout de la troisième semaine.

Vendredi, alors qu'Harry était absent, il leur avait donné les sujets de théorie qu'ils travailleraient la semaine suivante, s'assurant que tous les élèves proches aient des sujets différents.

S'il s'était attendu à ce qu'ils se rapprochent de nouvelles personnes pour travailler... il avait vu tout juste.

-Avec plaisir !

Et les deux filles auraient parié tout ce qu'elles avaient que Draco n'allait pas aimer ça...


Pansy leva les yeux de son livre lorsque des pas légers résonnèrent dans la salle commune quasiment vide à cette heure avancée de la soirée. Dans un coin, Gemma et deux de ses amies discutaient, et, près du feu, un couple se câlinait en gloussant discrètement, à moitié cachés par le canapé à côté d'eux.

Harry lui sourit légèrement en s'installant dans un fauteuil face à elle, et la brune haussa les sourcils, l'invitant à parler.

-Il faut que je médite. D'habitude, je le fais avec Hestia et Flora, mais il est tard...

Pansy hocha la tête.

-Je comprends. Tu as besoin de discuter de quelque chose de particulier ?

Il ne répondit pas immédiatement.

-Je ne sais pas. Avec elles c'est naturel, parce qu'elles sont habituées... au final, je ne sais pas vraiment comment je suis supposé m'y prendre.

La jeune fille posa son livre sur le guéridon à côté d'elle, et Harry nota dans un coin de sa tête d'analyser la satisfaction que ce mouvement lui procura.

-Ça tombe extrêmement bien, parce que j'ai plein de questions pour toi.

-Vas-y, je suppose...

-Parle-moi de ta vie, et de ta famille.

Il se perdit une seconde dans ses pensées, regroupant toutes les informations qui lui seraient utiles, et ouvrit la bouche.

-Je suis né le trente-et-un juillet 1980, à Sainte-Mangouste. Mes parents sont James et Lily Potter, le premier est un sang-pur, le Lord régnant de la famille Potter, la seconde est une née-moldue, son épouse. Ils se sont rencontrés à Poudlard, comme presque tous les couples sorciers en Angleterre. J'ai vécu une année paisible avant que le Seigneur des Ténèbres ne parte à la recherche de mes parents ainsi que de ceux de Neville Londubat, dans le but de nous tuer pour une raison plus ou moins mystérieuse. Alors qu'il était supposé aller voir mes parents, et quatre de ses Mangemorts partir chez les Londubat, il a brusquement changé d'avis, et a fait l'inverse. Comme tu le sais sans doute, Neville a survécu au sort de mort et l'a tué. De notre côté, les Mangemorts ont lancé la Chasse Sauvage et, pour une raison inconnue, elle a été renvoyée vers ses invocateurs.

-Que s'est-il passé après ça ?

Harry pesa le pour et le contre une seconde avant de reprendre son histoire.

-Nous sommes retournés au Manoir Potter juste après l'attaque. D'ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi Dumbledore avait autant souhaité que l'on aille à Godric's Hollow sous fidélitas, le manoir ancestral est bien mieux protégé... ce n'est pas le sujet. A vie a repris son cours, et j'ai commencé très tôt à étudier la magie. Je déplaçais de petits objets lorsque j'avais à peine trois ans, je rattrapais ce qui manquait de tomber... mes parents m'ont toujours encouragé, sans réaliser que c'était dangereux. J'avais entre trois et quatre ans quant ma mère est tombée enceinte de ma petite sœur, Norah. Un jour, mon père s'était absenté, ce qui n'arrivait presque jamais depuis l'annonce de la grossesse, et elle a perdu les eaux. J'avais quatre ans, nous étions au Manoir, et ma mère paniquait trop pour être ne serait-ce que capable de faire de la magie correctement. Ce moment-là est un peu flou, mais je me souviens d'avoir lancé des étincelles d'alerte au-dessus du manoir, et ce sont les Abbot, dont le manoir ancestral était relativement proche du notre, qui l'ont vu et sont arrivés. Je me suis réveillé quelques jours plus tard avec une petite sœur et des défenses mentales basiques que personne n'arrivait à réparer depuis l'extérieur.

-Des défenses mentales basiques ?

-Nous avons tous des bases défenses mentales ; c'est ce qui nous permet de ne pas fondre en larmes lorsque l'on perd son encrier, qu'on casse la pointe de sa plume, ou qu'on écrase une fourmi. Les miennes ont été brisées par mon excès de magie, et personne ne parvenait à les redresser. J'ai passé deux ans enfermé au manoir, sans contact extérieur, excepté les jumelles, qui, étrangement, ne me provoquaient pas de réactions excessives. Ça a été... absolument horrible. Je faisais des crises de paniques pour tout et pour rien, je n'arrivais pas à dormir plus de deux heures consécutives... faire de la magie a été impensable, jusqu'à ce que j'ai environs sept ans et que Norah commence à comprendre que j'avais des problèmes. J'ai eu tellement peur de l'effrayer, ou de creuser un écart entre nous, que j'ai cherché toutes les solutions possibles et imaginables pour régler le problème. C'est là que la magie ancestrale est arrivée dans l'équation, que ma grand-mère a commencé à m'apprendre en secret à canaliser mes émotions, et que j'ai enfin réussi à remonter mes barrières.

-C'est arrivé du jour au lendemain ? Les barrières, je veux dire.

-Un peu. J'ai travaillé pendant des semaines et des semaines avant d'arriver à entrer dans mon esprit sans frôler la crise d'angoisse, et, une fois que j'ai réussi, j'avais tout réparé dans la journée. Mes parents ont eu peur, au début. Ils pensaient que mon cerveau avait construit une illusion. J'ai pu sortir quelques mois plus tard, et j'ai repris une vie normale. Mes parents ont pu retourner aux soirées de leurs amis, en organiser au manoir... tout est rentré dans l'ordre.

Pansy le fixa attentivement, comme si elle cherchait une information en particulier.

Il sut qu'elle avait trouvé sa question lorsque ses cils frétillèrent un instant.

-Pourtant, il y a quelque chose qui avait changé.

-Qu'est-ce que tu veux dire ?

-Tu ne t'es jamais demandé si quelque chose n'avait pas changé, après ce moment ? Précisa-t-elle, et Harry sentit son sang se glacer dans ses veines.

-J'ai appris à compartimenter mes émotions.

-Et laisse-moi deviner... les étouffer et les ranger est devenu un réflexe.

Un frisson parcourut l'échine du garçon, et elle comprit qu'elle avait touché juste.

D'un geste brusque, il se releva, échappant aux yeux trop verts, trop clairs, qui le sondaient comme s'ils voyaient au travers de sa peau, comme si ses organes, son cerveau, son cœur, leur étaient aussi faciles à lire qu'un livre pour enfants.

Elle ne se départit pas de son sourire léger.

-Je suppose que tu as matière à méditer, maintenant.

-Les jumelles ne faisaient pas cela, lâcha-t-il, comme si ce n'était pas déjà écrit sur son front.

-Je me doute. Mais tu l'auras remarqué, je ne suis pas les jumelles. Tu me diras demain ce que tu penses de ma méthode.

Harry acquiesça silencieusement, peu certain de la confiance qu'il pouvait donner à sa voix, et tourna les talons, pressé malgré lui d'analyser toutes ces nouvelles informations.

-Au fait... merci.

Il lui sourit et disparut immédiatement, sans lui laisser le temps de répondre.

Pansy, toujours assise, gloussa légèrement avant de reprendre son livre pour se replonger dedans, après avoir envoyé un hochement de tête rassurant à Gemma, qui les observait à la dérobée.

Tout allait bien.


Narcissa tordit mains, mal à l'aise, les yeux fuyants. Face à elle, assis dans un fauteuil large, Sirius était complètement immobile, attendant patiemment qu'elle l'éclaire sur la raison de sa venue.

-Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas parlé, dit-elle en-dessous de son souffle, si bas qu'il faillit ne pas l'entendre.

-Je suppose...

-Je voulais te remercier pour de vrai. Pour Pettigrew. Merci d'avoir pensé à nous.

Sirius se mordit l'intérieur de la joue. Il hésita une seconde.

-C'est difficile, d'être le chef et le Lord d'une famille... inexistante.

Un coup de poignard lacéra le cœur de Narcissa.

-C'est-à-dire ?

-Nous étions supposés nous soutenir, être toujours là les uns pour les autres. Mais Andromeda a été bannie, Bellatrix est décédée, tu as renié tes liens aux Black... seul restent Draco et Harry, mais ton fils n'a pas été élevé dans nos coutumes, et Harry n'a pas de sang Black à proprement parler. Techniquement parlant, je suis le chef et Lord régnant d'une famille composée de moi-même.

La jeune femme saisit parfaitement le non-dit derrière l'énumération des Black : Regulus faisait partie des cadavres. Comment pouvait-elle lui cacher la vérité, alors qu'ils parlaient face à face pour la première fois depuis des années ?

-Sirius-

-Je sais, c'est en partie ma faute, l'interrompit-il, accablé. J'ai fait des erreurs terribles dans ma jeunesse, j'ai repoussé mes origines sous prétexte que je n'approuvais pas les gestes d'Orion et les mots de mère... mais je le regrette. Sincèrement. Et j'aimerais que l'on essaie de renouer les liens du sang.

Narcissa serra les dents, discrète, même si elle savait parfaitement qu'il le remarquerait. Elle ne pouvait pas lui dire. Pas maintenant. Pas alors que la vie d'Evan était en jeu.

-Je comprends. Et je t'aiderais. Draco peut encore être élevé dans nos traditions, il est loin d'être trop tard.

-Tu ferais ça ? Ses yeux brillaient d'espoir.

-Je ferais tout mon possible.

Il hocha la tête, et la jeune femme posa des doigts nacrés sur sa peau, plus foncée.

-Je suis heureuse que tu souhaites réconcilier la famille.

-Je suis heureux que tu m'y aides.

Ils échangèrent un petit sourire.

-Est-ce que ça veut dire que j'aurais l'honneur de voir ton mari à genoux devant toi, les mains liées dans le dos ? Demanda-t-il soudain, malicieux, et Narcissa éclata d'un rire lumineux.

-Ne rends donc pas ton propre époux jaloux !