D'abord et avant tout, je tiens une nouvelle fois à tous vous remercier pour vos mots, vos retours... Pour le simple fait d'être là.

.

Merci aux guest pour vos retours.

.

Merci à Cha, pour son indécrottable soutien.

.

Ce chapitre, il est pour toi, Patricia.

Depuis le temps que tu l'attendais.

.

Enjoy.

.

Chapitre XXXVI : " Reste "

.

Josuah a cessé d'avancer. Castiel est à moins d'un mètre du porche. Dean s'est rapproché de la dernière marche.

Tout lui paraît soudain irréel, comme si le temps venait de prendre une pause.

Il n'en a plus rien à fiche de Josuah, de ce fauteuil abandonné sur le trottoir. Il n'en a plus que pour cette main qui vient de s'agripper à la rampe comme à une bouée de sauvetage.

L'allée et ses gravillons. La peur de chuter. La peur d'échouer.

" Cass ?! " proche du murmure en descendant les marches, l'une après l'autre.

Castiel a toujours été quelqu'un de fier. Refusant la pitié. Mais il a vu le regard de Dean sur ses prothèses et craint à présent ce qu'il pourrait y lire. Alors il garde la tête basse.

Et Dean déteste ça.

Parce que même dans les pires moments, Castiel a toujours su la garde haute.

Alors après quelques secondes d'un malaise évident, il se décide à faire, à son tour, un pas vers lui.

Il tend la main et, du bout de l'index, il le force à relever la tête.

" Regarde-moi ", lui ordonne-t-il avec douceur.

Le bleu d'appréhension croise le vert de certitude.

" T'es juste pas croyable ", en lui prenant le visage en coupe et écrasant brusquement ses lèvres sur les siennes.

Ça n'a rien d'un baiser. Juste sa manière de lui montrer ce qu'il ressent. Les mots n'étant ni assez forts ni son fort. Il s'écarte en lui souriant avec une tendre maladresse. Ses pouces caressent machinalement les joues légèrement râpeuses de Castiel. Son souffle se mêle au sien.

" Hello, Dean ", en lui offrant ce sourire qu'il n'a jamais eu que pour lui.

.

Josuah a rebroussé chemin. Il plie le fauteuil et le ramène jusqu'à la maison.

" Désolé de vous interrompre, mais on m'attend pour déjeuner ", en déposant le fauteuil au sol. " Je suppose que vous n'aurez pas besoin de moi pour le retour ? ", en s'adressant d'un air goguenard à Dean.

" Vous supposez bien ", confirme Dean en prenant Castiel à témoin.

" Merci, Josuah ", opine ce dernier.

" Y a pas de quoi… Ça fait aussi partie de mon travail… Que ça ne vous empêche pas de rester prudent ", le met-il en garde.

" J'y veillerai ", le rassure Dean.

" Oh, je n'en doute pas une seule seconde, mon jeune ami ", suivi d'un éclat de rire en les saluant.

Dean attrape le fauteuil d'une main tout en grimaçant devant la volée de marches.

" Dean ", le prévient Castiel, sentant son inquiétude.

.

Une portière qui claque. Un moteur qui ronronne et la camionnette s'éloigne. Dean la suit jusqu'à ce qu'elle disparaisse au coin de la rue.

Il revient sur Castiel. Ils se sourient. Il y a de l'embarras, de la gêne dans leurs attitudes avant que Dean pouffe puis éclate de rire, suivi par Castiel, même si celui-ci reste plus timoré.

" Monsieur ", s'incline Dean, gouailleur, en lui indiquant la porte.

" Dean ", qui sonne comme un idiot.

Cette façon de prononcer son prénom, sa tête légèrement inclinée et ce demi-sourire. Ce regard qui le transperce et ce bleu qui lit à travers lui.

Tout ça lui a tant manqué. Égoïstement. Viscéralement.

Cette fois, le baiser n'a rien d'innocent. Castiel se l'approprie, le dirige, le domine et Dean l'accompagne.

Il crève de ce mec à en chialer et ça lui fait aussi peur que ça l'enivre.

Front contre front, le temps de reprendre leurs souffles. Un nouveau rire, les regards fuyants. Les mains qui traînent et se cherchent.

.

" Je sais pas pour toi, mais moi, je commence sérieusement à avoir la dalle ", avoue Dean.

" Vraiment, Dean ? " faussement surpris.

" T'es con ", le rabrouant tout en attrapant le fauteuil par les accoudoirs.

Tout le temps que Castiel met à grimper les quelques marches, Dean reste à sa droite, prêt à intervenir.

Son déhanchement reste mécanique tout comme le son des prothèses. Mais il s'obstine.

Dean l'observe, oscillant entre fierté et admiration.

" Bienvenu dans mon humble demeure ", en lui ouvrant grand la porte tout en lui cédant le passage.

Castiel s'agrippe au chambranle et pénètre dans le petit hall d'entrée.

L'odeur de la tarte flotte encore dans l'air, rendant l'intérieur encore plus chaleureux qu'il ne l'est déjà.

Castiel ne s'est jamais senti aussi bien dans une maison. Rien à voir avec la maison familiale, glaciale et impersonnelle. Rien à voir avec le strict des chambres militaires. Ni même son appartement, cet ancien port d'attache sans âme.

Il sursaute quand la porte est refermée et son fauteuil roulant plié posé contre le mur.

" Alors ? " d'une voix mal assurée, les mains moites.

Castiel se retourne lentement en faisant un large pas sur le côté pour maintenir son équilibre.

" C'est pas le grand luxe, mais c'est chez moi ", poursuit Dean, embarrassé, en se frottant la nuque.

" C'est tout à ton image ", en englobant l'espace d'un regard.

" Je sais pas comment je dois le prendre ?! ", sourire hésitant.

" Je l'adore ", avec affection.

" Vraiment ? " sincèrement surpris et heureux de l'être.

" Vraiment. "

" Su… Super ", en redressant les épaules avec une pointe d'orgueil. " Viens… je vais te montrer le salon… Je ne savais pas pour l'alcool alors j'ai opté pour de la limonade ou de la bière 0 %. "

" Je boirais bien une bière… une vraie ", précise-t-il.

" Va pour deux bières à 3 % ", avec un clin d'œil complice.

.

Sur la table basse, un plateau avec une série de zakouskis : des carottes et céleris en bâtonnets et une sauce au paprika. Des petites ailes de poulet froid aux épices. Des dès de fromage et de jambon.

Dean le précède, veillant à ce qu'aucun obstacle ne soit sur son chemin en tâchant d'être le plus discret et naturel possible.

" Dean… Est-ce que c'est un rendez-vous ? ", suspicieux, alors que ce dernier lui fait face.

" Euh… Ça m'en a tout l'air ", gauche, main sur la nuque et l'autre sur sa hanche. " C'est ce que vont en général les gens comme toi et moi, tu sais, Cass. "

" Les gens comme toi et moi ? ", tiquant, éclat de malice dans les yeux.

" Tu fais chier, mec ", bougonnant.

Il s'apprête à partir pour la cuisine quand il est retenu par la main de Castiel saisissant la sienne.

Ils restent là, dos à dos, côte à côte, les doigts jouant avec leurs jumeaux. Puis les visages se tournent l'un vers l'autre.

" J'ai… J'ai vraiment faim, tu sais ", lâche Dean.

Castiel lui sourit, lève son autre main et la pose sur sa joue.

.

Un ange passe…

.

Dean serre leurs doigts et puis relâche sa prise.

.

Quand il revient avec ses deux bières, Castiel est assis dans le canapé, doigts caressant le bord de ses emboîtures.

Dean fait comme si de rien, lui tend sa bière et s'assied.

" À nous ", en levant sa bouteille.

" À nous ", en trinquant, goulot contre goulot.

Castiel ne bouge pas quand Dean se rapproche. Sa jambe se colle à la sienne. À sa prothèse surtout.

Castiel s'étonne de ne ressentir aucune peur, aucune panique… Pas même de crispation.

" Et si tu me parlais de ta rééducation ? " renchérit Dean en se penchant pour attraper le plateau.

Il cale ses pieds sur la table basse et pose le plateau sur sa cuisse et celle de Castiel. En équilibre.

Castiel boit lentement sa bière. La pose sur sa jambe libre et la fixe un long moment.

Il lui raconte tout. Depuis le premier jour jusqu'au samedi matin.

Dean l'interroge, curieux, intéressé, prévenant. Castiel lui répond sans plus rien lui cacher.

.

" Tu aurais dû m'en parler ", lui reproche Dean quand la conversation s'éteint.

Il n'a pas cherché à cacher l'amertume dans sa voix. Après tout, s'ils veulent continuer ce voyage ensemble, il faut que les choses soient dites, même teintées de pudeur.

" Je te demande pas de tout me raconter ou de m'en dire plus que tu ne le peux… J'ai juste besoin d'en savoir juste un peu plus, tu comprends ? ", finissant timidement sa phrase comme si ces mots avaient le pouvoir de tout détruire. " Je vais m'occuper du dîner ", devant son silence persistant. " Les hamburgers vont pas cuire tout seuls ", en déposant le plateau sur la table avant de se lever. " Tu veux une autre bière ? " faussement débonnaire.

Prétendre.

Dean est doué pour ça. Il évite ainsi de montrer que l'attitude de Castiel le blesse.

Il marche, il a tenu sa promesse.

Mais ça ne suffit pas à remplir ce trou au milieu de sa poitrine. C'est comme si Castiel ne lui faisait pas assez confiance, ce qui est complètement idiot, il le sait bien… Il ne serait pas ici si ce n'était le cas.

Dean s'en veut. Il lui en veut. Et ça empoissonne lentement leur lien.

Il contourne le canapé. Ce n'est définitivement plus le bon jour pour lui demander de rester.

Il file vers la cuisine, le cœur en vrac.

En colère aussi.

.

" Je ne voulais en parler à personne ", le stoppe Castiel. " J'avais besoin de me retrouver d'abord et avant tout pour moi… D'accepter ", Dean l'entend inspirer profondément malgré les battements assourdissant dans ses oreilles. " Je… Je n'aurais pas supporté un autre échec ", avoue-t-il, la voix qui déraille.

Dean se mord la lèvre pour ne pas hurler. Ce sous-entendu à peine voilé lui fait monter les larmes aux yeux.

" J'avais tout perdu là-bas… J'avais tout perdu ici ", reprend Castiel.

Les poings de Dean se serrent devant ce mensonge, mais il se tait.

" Du moins, c'est ce que je croyais jusqu'à ce que tu… " Il s'arrête un court instant, cherchant les mots dans le capharnaüm qu'est devenu ce cerveau dans lequel il a tant de mal à mettre de l'ordre. " Je voulais cette victoire sur moi-même pour revenir vers toi avec quelque chose à t'offrir, tu comprends ? Je méritais autre chose… que ce… que ce j'étais… TU méritais cette autre chose, plus encore ", rajoute-t-il. " Je ne pourrai plus jamais redevenir celui que j'étais… Jamais ", d'une voix trop basse. " mais je peux essayer d'être au moins quelqu'un de bien… Pour toi. "

Castiel sourit au souvenir de Gadreel. Quelqu'un de bien pour sa mémoire. Celles de ceux qui sont restés là-bas ou morts ici.

.

" Tu as toujours été quelqu'un de bien, Cass. "

Surpris dans ses pensées, Castiel relève brusquement la tête. Il n'a pas entendu Dean revenir vers lui et s'agenouiller.

Depuis combien de temps, l'observe-t-il ?

Il n'a pas le temps de penser plus loin. Dean se redresse et l'embrasse. Castiel met une seconde à réagir. Le baiser est brutal et pourtant tout y est dit. Une main sur sa nuque et l'autre sur la prothèse, Dean approfondit le baiser.

Castiel n'est pas en reste. Il s'agrippe à ses cheveux, écarte les jambes pour lui permettre de se glisser entre elles.

C'est désordonné, presque violent. Au goût d'amertume, de regret, de pardon et de " désolé ".

Le baiser est tendre avant que les bouches ne s'écartent légèrement pour reprendre leur souffle avant de le voler à nouveau.

.

Dean sent Castiel durcir dans son pantalon tout comme il durcit dans le sien. Il le tire vers lui, cherche le contact, manque perdre l'équilibre. Le plateau bascule. Les bières se renversent.

Ils rient sur la bouche de l'autre. La main de Dean glisse vers l' entrejambe de Castiel. Ce dernier se crispe, la main s'écarte.

Ils reprennent une nouvelle fois leur souffle. Le désir est là.

" Je… ", s'excuse Castiel.

" On a tout notre temps ", le rassure Dean. " Tu en as envie, j'en ai envie… Le reste n'est qu'une histoire de moment ", concluant sa phrase d'un baiser volé.

Il pense chacun de ses mots et Castiel le sait. Il a toujours su entendre ce que Dean taisait.

" J'ai faim ", son front collé à celui du chasseur.

Dean s'écarte, se lève et lui tend les mains, petit pli à la commissure des lèvres. Castiel fixe ses doigts un long moment avant de s'en saisir.

Dean l'aide à se relever, l'assise du canapé définitivement trop basse et Castiel pas encore assez familier avec l'usage de ses prothèses.

Ils se rendent côte à côte à la cuisine. Leur démarche est un peu coincée par le désir encore présent et ça les fait rire comme des idiots.

.

C'est peut-être, tout compte fait, le bon jour pour lui demander de rester.

.

www

.

Dean propose à Castiel de l'aider à finir de préparer le déjeuner, ce que ce dernier s'empresse d'accepter. Il s'avère bien vite qu'il n'y connaît absolument rien en cuisine. Excepté se cuire un œuf ou un steak et réchauffer des plats préparés, Castiel n'a jamais eu à se préoccuper de se nourrir, l'armée s'en étant assurée pour lui durant plus de la moitié de sa vie.

Perplexe, il scrute les différents condiments placés devant lui, ne sachant par quoi commencer.

" Dites-moi que je rêve ?! ", fait Dean, effaré, poêle à la main.

" Désolé ", avec un petit rictus embarrassé.

" Tu parles d'un Torchepot ", en roulant des yeux.

" Torchepot ? " dubitatif.

" Secret de cuisine ", avec un air faussement pédant.

Castiel sourit en dodelinant de la tête. Dean pouffe.

.

Toute la demi-heure qui suit, ils ne cessent de se chamailler comme un vieux couple. Castiel prétendant s'en sortir très bien tout seul, Dean ne cessant de le corriger.

Pendant qu'il fait cuire la viande, il allume la friteuse et place les pains sous le grill. Prétextant que légèrement grillés, c'est bien meilleur. Confirmé d'un clin d'œil.

.

La table est dressée. Le plat de frites posé entre les assiettes et leurs hamburgers maison. La bouteille de ketchup, la bière, limonade et le reste de salades et de tomates. Tout est fin prêt.

Ne reste que le verdict.

" Les couverts, c'est pour faire joli ", balance Dean en attrapant son hamburger à la main.

Il incite Castiel à en faire de même. Impatient d'avoir son avis.

Il le voit mordre dans son pain, les yeux fermés, penché au-dessus de son assiette. Un bout de tomates glisse, accompagné d'une rondelle d'oignon caramélisé.

" Alors ? " en redressant avec orgueil les épaules.

Castiel savoure sa bouchée, l'avale et rouvre les yeux. Puis il se tourne vers Dean.

Heureux.

" Je te l'avais dit ", se pâme Dean.

" Tu l'avais dit, oui ", hamburger dans les mains et moustache de sauce au-dessus de la lèvre.

Dean mord le sien à pleines dents. Il meurt de faim.

De toutes les faims…

" Un orgasme culinaire ", la bouche pleine et Castiel rit doucement en mordant une nouvelle fois dans le sien.

Ils mangent en parlant de tout et de rien. Ils en sont à leur deuxième portion de frites quand le sujet Gabriel tombe sur la table.

.

" Je pensais à un truc ", amorce Dean, en nettoyant son assiette avec une frite. " Ça fait un bail que Charlie, Jess et même Bobby aimeraient te revoir. Je me dis que ça pourrait être sympa de tous se retrouver… Tu sais, manger un bout tous ensemble… samedi soir ", d'un air décontracté, assurance feinte.

Castiel triture un bout d'oignon dans son assiette du bout de sa fourchette. Son autre main sous la table, caressant le dessus de sa prothèse.

" C'est juste une proposition, hein, Cass ", le rassure Dean. " Au pire, j'ai acquis un peu d'expérience dans le baby-sitting, je devrais pouvoir gérer Gabriel tout seul ", amère gouaille.

" D'accord. "

" D'accord ? ", circonspect.

" D'accord pour… tous se retrouver ", emprunté, en relevant la tête avec une ombre de sourire.

" Génial ", sur le même ton.

Ils terminent leur déjeuner tranquillement. Avec ce naturel du quotidien qui donne envie à Dean de sourire comme un idiot.

.

Ils passent ensuite au salon. En fond sonore, Dean a lancé un best off de Led Zeppelin. Castiel fait le tour de la pièce. Il s'arrête devant un ensemble d'étagères.

Cassettes, CD, vinyls d'un côté et VHS, DVD et blue Ray de l'autre. Pour la plupart des classiques du cinéma, mais aussi des séries dont Castiel n'a pour la plupart jamais entendu parler.

Son index glisse sur les quelques livres qui garnissent une longue colonne en bois clair. Quelques livres de mécanique, mais surtout des romans policiers et SF, dont tous les Vonnegut ainsi que des formats poches d'un certain d'Edlund Carver.

.

" J'ai quelques comics aussi, surtout des Batman et pas mal de biographies ou de récits, mais ils sont dans ma chambre ", le fait sursauter Dean en entrant avec deux cafés dans les mains.

Il le rejoint et lui tend sa tasse.

" J'aurais besoin d'aller aux toilettes ", mal à l'aise.

" Au fond à droite ", lui indique Dean, en joignant le geste à la parole.

Sa démarche est plus hésitante. La fatigue commence à se faire sentir. Castiel n'a jamais porté aussi longtemps ses prothèses. Il pourrait les enlever pour relâcher la pression, mais il refuse de tout gâcher. Pas aujourd'hui, pas maintenant…

.

De retour au salon, il stoppe net. Dean l'attend. Il n'a visiblement pas bougé. Les tasses toujours à la main. Il garde ses distances. Se protège et se lance :

" J'aimerais que tu viennes vivre ici… avec moi… Après Baker's house…", sa voix est ferme, mais les traits de son visage trahissent son angoisse. " J'aimerais que tu restes ", en relevant enfin la tête vers lui. " Reste, Cass… S'il te plaît. "

Il ne l'implore pas. Il lui tend la main. Et Castiel reste là. Incapable de lui dire non parce que c'est Dean. Parce qu'il est son tout. Parce qu'il crève de trouille et d'envie à la fois.

.

Le temps passe, l'horloge égraine les secondes.

.

" Je ne suis pas encore prêt… Je… je dois rester là-bas. "

Ça lui fait mal de devoir lui avouer cette faiblesse, mais il veut lui revenir avec une victoire autre qu'une promesse tenue.

" Je dois finir ce que j'ai commencé… pour… pour moi… ", en se pointant. " mais aussi pour nous… Je dois vaincre mes cauchemars. Apprendre à anticiper mes crises, parce que je refuse de prendre le risque de blesser quelqu'un… Toi plus que tout autre ", avec détermination. " Parce que tu mérites mieux. "

Dean garde le silence. Il a relevé la tête et, dans ses yeux, se reflète tout son désarroi.

" Je te dois tellement, Dean, et tu n'en as même pas conscience ", avec affection.

Il le voit rougir comme un adolescent, le regard fuyant par pudeur. Ne sachant que faire de ces tasses qui l'encombrent et le sauvent à la fois. Occupant ses mains tremblantes.

.

" Samedi ", en se rapprochant de lui. " Je pourrais rester… pour la nuit ? ", propose Castiel, du bout des lèvres, en prenant un café.

Et tout le visage de Dean s'éclaire.

" Et Mildred ? " avec anticipation.

" Baker's house n'est pas une prison, Dean ", rétorque Castiel, amusé.

" Génial ", en se penchant pour l'embrasser, furtive caresse. " Et si on fêtait ça en goûtant à la meilleure apple pie du pays ? ", ayant retrouvé tout son enthousiasme.

" Tu ne penses qu'à manger ", se désespère Castiel.

" Je pense à PLEIN d'autres chose ", narquois. " Mais là, je vais devoir me contenter d'une part de tarte ", nouveau baiser. " Prends ça… Va t'asseoir… Je reviens ", fier comme un coq.

Les deux tasses de café à présent tièdes dans les mains, Castiel le regarde partir le pas vif vers la cuisine.

Il pourrait peut-être rester de temps à autre, un week-end… Apprendre cette vie de domesticité qui lui est inconnue. S'approprier les murs.

Il détourne les yeux vers les escaliers…

Il lui faudrait en parler à Visyak et à Corbett…

.

Perdu dans ses réflexions, il n'a pas vu le temps passer. Il en est sorti par les premières notes de " Stairway to heaven " de Led Zeppelin.

Ses yeux croisent ceux de Dean, deux parts de tarte se partageant une assiette rectangulaire. Deux cuillères.

.

Deux…

Et Castiel lui offre à nouveau ce sourire qu'il n'a jamais eu que pour lui.

.

Fin chapitre XXXVI

.

En espérant que ce chapitre vous aura plu, on se retrouve dimanche prochain, si le coeur vous en dit.

.

Love you