Chers lecteurs,

J'ai clairement pas bu assez de café pour vous donner un avis réellement construit sur ce chapitre.

Portez-vous bien, attention à la surconsommation de caféine, à bientôt,

Al

PS : réponse au Maître : parce que j'aime le suspense. merci pour ta review !


« T'es libre ce soir ? »

Harry ne répondit pas tout de suite, guettant sur le visage de Drago un soupçon de remords ou une esquisse de sourire qui aurait pu expliquer que là, tout de suite maintenant, Drago se foutait ouvertement de sa gueule.

Bien entendu, il ne vit rien. Drago était impénétrable, comme d'habitude.

« Euh…, tenta Harry.

- J'osais espérer que tu aurais l'intelligence nécessaire pour comprendre une phrase aussi simple. Apparemment, ce n'est pas le cas. »

Harry fronça des sourcils :

« Tu te fous de moi ?

- Pourquoi le ferais-je ? »

Mais quel débile, ce mec !

« Tu me parles plus pendant deux semaines et tu te pointes comme une fleur, là, comme ça ? »

Harry sentit l'énervement commencer à monter dangereusement en lui.

« J'ai besoin de toi. » reconnut humblement Drago.

Ça coupa la chique à Harry et désamorça totalement la colère qui l'envahissait. En putain de bon Gryffondor, il entendait l'appel de détresse de Drago et voulait y répondre. C'était plus fort que lui.

« Tu… tu as besoin de moi ?

- Comme toujours.

- Te fous pas de moi.

- Je ne me fous pas de toi.

- Cas de force majeure ?

- Ma vie est en jeu. »

Drago avait l'air abominablement sérieux : il n'était pas en train de blaguer. Harry soupira :

« Je suppose que nous remettons notre dispute à plus tard ?

- Quelle dispute ? »

Rien que cette réplique aurait mérité une bonne tarte dans la figure. Mais Harry conserva son calme : il endossait son costume et sa posture d'Auror et savait garder son sang-froid.

« Ok. Qu'est-ce qu'on doit faire ?

- T'as besoin de la robe de soirée qu'on a achetée ensemble chez Tissard et Brodette, de ta baguette, d'un paquet de Kleenex et d'une louche. »

Là, ça devenait bizarre.

« T'es sûr que t'as rien fumé ?

- Absolument.

- C'est pas l'impression que ça donne. J'ai des affiches de la campagne de prévention de Sainte-Mangouste contre la consommation de champifleur, si tu veux…

- Magne-toi. »

Harry soupira lourdement et obéit. Il prit une louche dans un tiroir du vaisselier, monta dans sa chambre récupérer sa robe : elle n'était pas repassée, tant pis. Ça ferait les pieds à Drago si attaché à la présentation. Il attrapa un paquet de mouchoirs dans la salle de bain et le coinça dans sa bourse en peau de moke avec la louche, des amandes à grignoter et sa montre. Il hésita à prendre sa cape d'invisibilité et céda : au cas où.

« L'humain peut m'emmener ?

- Non, je ne peux pas.

- Mais je peux me cacher dans le sac géant mais petit !

- Menteur. Tu détestes te promener dans la bourse : la dernière fois, tu as vomi dedans et tu m'en as voulu pendant trois jours.

- Parce que je respire mal. Si l'humain m'aimait, l'humain ferait un trou dans le sac géant mais petit pour que je respire. Mais l'humain ne m'aime pas, je le sais…»

Harry soupira. Le ton bougon de Silencio n'annonçait rien de bon : s'il commençait à faire sa diva, il n'était pas rendu.

« Écoute. Je reviens le plus tôt possible et je t'apporte une souris pour me faire pardonner.

- Un animal vivant ? »

La souris vivante était l'en-cas préféré de Silencio, Harry le savait parfaitement. Si Silencio avait eu des babines, il les aurait léchées avec enthousiasme.

« Oui. Un animal vivant.

- Avec de la poudre qui picote ?

- Avec du curry, oui.

- Et des pyramides rouges ?

- Et des fraises.

- Et du poisson ? »

Quand Harry donnait un bout à Silencio, le boa en demandait toujours beaucoup plus. Harry soupira :

« Non. Parce qu'après, tu vas faire une indigestion et je devrai t'emmener chez le vétérinaire. Et je n'ai pas envie de le voir.

- J'aime l'humain médecin des animaux.

- Moi non. Il trouve que tu es obèse. Il pense que je suis un mauvais maître parce que tu grossis trop.

- Je ne suis pas gros. Je suis un grand serpent. Je fais peur. »

Harry grattouilla la tête de Silencio en lui disant quelques autres compliments. L'ego flatté du boa l'amena à arrêter de discuter pour venir avec lui.

Il redescendit : Drago l'attendait dans le hall. Harry ne put s'empêcher de le trouver douloureusement beau. Merlin, ça allait devenir compliqué de rester en colère face à cette tête de déterré ultra sexy.

« T'es prêt ? »

Il acquiesça et le suivit dans la cuisine. Ils passèrent dans la cheminée pour débarquer dans le manoir Malefoy. Harry jeta des regards curieux dans la pièce.

« C'est étrange, dis-moi.

- Quoi ?

- L'influence d'Astoria a disparu dans la décoration. »

Drago sourit :

« Tu parles. Pickles adore les paillettes et Scorpius l'encourage dans sa folie boule à facettes. J'ai réussi à ajouter des guirlandes vertes à celles qui sont argentées pour conserver un peu l'esprit Serpentard de la demeure.

- Tu formates dès l'enfance ton fils à choisir sa maison. Eh ben bravo…

- C'est le Choixpeau qui choisit. J'encourage juste mon fils à reconnaître que les meilleurs vont à Serpentard. Mais je crois que ton fils lui a bourré le mou pour qu'ils aillent dans la même maison. Heureusement, j'ai pas grand-chose à craindre : en théorie, l'alphabet ne risque pas de changer tout de suite et ce seront ton fils et Weasley Nouvelle Génération qui suivront le mien à Serpentard. »

Harry ne répondit rien : il voyait mal Scorpius aller à Serpentard. Le gamin était trop gentil même s'il manipulait déjà son entourage avec joie. D'un autre côté, Harry avait toujours été nul en prévision : il avait cru que Teddy irait à Gryffondor et Victoire à Serpentard. Il avait arrêté de parier avec Ron et Hermione sur les maisons dans lesquelles les prochains iraient, par peur de perdre (Ron était très bon à ce genre de pari : il faisait tout à l'instinct mais ça fonctionnait. Harry le soupçonnait d'avoir soudoyé le Choixpeau).

Ils traversèrent le hall. Harry aperçut sur un immense panneau d'affichage une flopée de photos qu'il reconnut comme étant celles du Club des Pulls. Ainsi, Scorpius avait désiré son lot de photos.

« Tu sais, commenta Drago qui avait dû intercepter son regard vers les photos, s'il y a bien un truc qu'on doit reconnaître à la tribu des rouquins, c'est qu'ils adoptent sans restriction. Scorpius s'est trouvé une autre famille. »

Harry ricana :

« Tu t'en étais pas rendu compte ?

- Je croyais qu'ils étaient spécialisés en orphelins balafrés. J'ignorais qu'ils intégraient aussi les autres du moment qu'un des leurs les appréciait. »

Ils marchèrent sur le gravier de l'allée menant au portail. Quand ils passèrent la frontière magique qui encerclait le domaine Malefoy, Drago attrapa le bras d'Harry et transplana en l'ayant en escorte.

Ils atterrirent dans une salle de bal encore déserte et Drago ne lui lâcha pas le bras, jusqu'à ce qu'une Parkinson effarée, vêtue d'une coûteuse robe blanche, se précipite vers eux en jacassant.

« Ah ! Drago ! Tu es là ! »

Elle renifla de dédain en apercevant Harry :

« Et je suppose que c'est ton + 1.

- Tu supposes bien. »

Harry ne savait comment le prendre. La voix de Drago était chaleureuse mais sans appel. Parkinson soupira :

« Vraiment ?

- Vraiment.

- Tu exagères.

- Je me souviens trop bien de ton deuxième mariage quand je suis venu seul alors que j'avais dit que je serais accompagné.

- Tu étais en tort. Tu as eu ce que tu méritais.

- Astoria accouchait ! Très franchement, je suis venu alors que ma femme se remettait de la naissance de mon fils unique pour te faire plaisir, et tu as failli me tuer !

- Je n'ai pas failli te tuer, il faut toujours que tu exagères…

- Tu as versé du poison dans mon champagne.

- De toute façon, ce champagne était immonde, t'as rien raté. Tiens, referme-moi ma robe. »

Elle présenta son dos à Drago qui tira la fermeture éclair qui pendouillait dans son dos tandis qu'elle continuait de déblatérer, ignorant apparemment la présence d'Harry. Ce dernier pensa qu'en effet, si Drago avait failli être empoisonné par son amie, il valait mieux être accompagné d'un Auror capable de le défendre si Parkinson sortait les griffes : Drago ne s'était pas foutu de lui quand il avait prétendu être en danger de mort. Il était étonnant de constater que Drago et Parkinson étaient toujours amis malgré ce qu'ils se faisaient subir l'un à l'autre. Harry était formidablement heureux de n'avoir jamais eu à craindre de ses propres amis des crasses létales.

La jeune mariée grommelait :

« Non mais un Gryffondor sur mes photos de mariage… T'imagines ?

- Pansy, t'as déjà quatre jeux de photos de mariage avec Blaise, marmonna Drago. Je ne comprends pas pourquoi tu en veux au dernier. Et en plus, Potter est assorti aux décorations ambiantes. »

Harry, en entendant cela, observa attentivement la robe de Drago. Bon, apparemment, sa robe était assortie à celle de Drago : même liseré argenté cousu au bas, même forme de chapeau, mêmes coloris. Il comprit soudain que Drago, quand il l'avait emmené chez Tissard et Brodette, avait prévu de l'emmener au mariage de Parkinson et Zabini pour pouvoir assortir son cavalier à sa propre robe, neuve pour l'occasion. C'était avant le fiasco de la cabine téléphonique. Harry sentit l'espoir le caresser à nouveau.

« Chaque mariage doit être meilleur que le précédent. Dis, tu te dépêches ? Tu prends quand même pas trente ans pour refermer une robe ?

- Pas ma faute si t'as grossi : fallait pas goûter à toutes les propositions de pièces montées. Si tu veux pas que ta robe se déchire, t'as intérêt à patienter. »

Harry étouffa un ricanement dans son coude et se mit à tousser : il était, comme il l'avait compris, l'invité bouche-trou aux vêtements assortis de Drago pour le mariage de son amie, mais au moins, il ne se prenait pas de remarque désobligeante sur son poids. Parkinson lui jeta un regard aigu :

« Pas de ma faute non plus. T'imagines, je supporte même plus l'odeur des petits fours aux œufs de triton que j'ai choisis pour mon vin d'honneur. »

Drago soupira. Harry mettait doucement les pièces du puzzle en place.

« Tu es enceinte ?

- Quelle déduction, Potter. Dire que tu es Auror. L'Angleterre est en de bonnes mains.

- Pansy, gronda Drago.

- Oh, il est tout à fait capable de se débrouiller tout seul pour se défendre. En revanche, j'ai besoin de toi. Je te rappelle que tu es ma demoiselle d'honneur, Drago chéri. »

Elle l'attrapa par la main et le tira avec lui. Drago jeta un regard d'excuse à Harry avant de se faire entraîner vers une porte battante.

Harry se retrouva seul dans l'immense pièce. Il comprenait vaguement que Drago l'avait emmené au remariage de Blaise Zabini et Pansy Parkinson qui, s'il avait bien tout suivi, avaient dû divorcer cinq mois auparavant. Si elle était enceinte, cela pouvait expliquer qu'ils se remarient plus rapidement que prévu au lieu d'attendre l'année réglementaire dont lui avait parlé Drago.

Pour résumer, Drago avait prévu de longue date de l'emmener au mariage de ses amis. Comme s'il voulait l'intégrer à son cercle d'amis. Mais… l'empoisonnement du deuxième mariage était-il un prétexte ? Ou une réelle raison ?

Harry se promena dans la salle tout en réfléchissant, même si son regard dérivait régulièrement sur les murs. Des décorations couvraient les parois : des guirlandes de fleurs chatoyantes, que Parkinson avait dû dégotter chez la Mère Ogy, tant trouver des fleurs aussi belles début mars était une gageure. De longues tables étaient suspendues au plafond, prêtes à apparaître sur le sol au moment voulu. Des lustres se reflétaient dans le parquet ciré qu'un elfe en bonne santé traversa, trois plateaux de petits-fours flottant dans son sillage.

Contre toute attente, l'endroit était chaleureux. Des photographies parcouraient les murs : on y voyait le couple Zabini/Parkinson sur la plupart. Sur quelques unes, on apercevait la tête ennuyée de Drago. Sur d'autres, Harry reconnut Théodore Nott, un ancien Serpentard, et Daphné Greengrass, la sœur de l'ex femme de Drago.

« Elles sont sympas, pas vrai ?

- Zabini ! »

Harry le salua :

« Félicitations mon vieux !

- Pour le mariage ?

- C'est rebattu, apparemment, de faire des félicitations pour un mariage. Parkinson enceinte ! C'est une chouette nouvelle.

- C'est mon entrejambe qu'il faut féliciter.

- Je ne ferai jamais ça, avoua Harry en grimaçant.

- Pansy le félicite tous les soirs.

- Je n'en doute pas. Mais je ne veux pas savoir ça.

- Sois pas prude, Potter ! »

Zabini riait franchement.

« Pourquoi tout le monde me croit prude ? Ginny me croit prude ! Ron me croit prude !

- Drago te croit totalement coincé. »

Harry rougit :

« Ouais ben… »

Il ne savait plus quoi répondre sous les yeux incroyablement moqueurs de Zabini. Il avait un certain charme, finalement, ce Blaise Zabini. Harry comprenait tout à fait ce que Parkinson lui trouvait. Lui-même aurait pu l'ajouter à sa liste de fantasmes personnels.

« La cérémonie a lieu dans vingt minutes. Y a pas beaucoup d'invités mais y a des journalistes. Tu ferais mieux de vérifier que t'es bien mis : ta robe mérite sérieusement un coup de fer. Pour la coiffure… Je crois qu'on va laisser ça comme ça. »

Harry suivit Zabini jusqu'aux toilettes des hommes pour vérifier sa tenue. Il détestait les journalistes et garda bien en mémoire qu'il devrait engueuler Drago pour ça. La liste de sujets de dispute s'allongeait vraiment trop pour le bien de Drago…