"Surprise !"

J'écarquille les yeux en remarquant tous les mages toutes guildes confondues qui se trouvent dans le hall de l'auberge, entassés.

Ils étaient donc là quand je me trouvais à l'infirmerie.

Je sers un peu plus Frosh contre moi, ce petit exceed et sa petite bouille m'ont atrocement manqué.

Lucy sort de la foule pour me prendre la main et m'emmener à l'intérieur et finir par me lâcher au milieu des mages.

"Salut, dit Yukino en me voyant."

Instinctivement, je la prends dans mes bras.

"Je suis désolée, pleurniche-t-elle en répondant à mon étreinte.

-Fro' est écrasé, déclare une petite voix.

-Mais vous êtes folles ! s'exclame Rogue qui a assisté la scène. Frosh ! Je vais te sauver."

L'exceed qui s'est retrouvé entre Yukino et moi s'échappe pour aller sauter dans les bras du brun.

Quand il s'agit de Frosh, Rogue est une vraie drama queen. Je m'excuse tout de même, Yukino aussi, pleurant à chaudes larmes. Ils se sont bien trouvés ces deux-là...

D'ailleurs, sont-ils toujours ensemble ? Durant les mois qui se sont écoulés, je ne me suis préoccupée que de ma petite personne, je suis vraiment une égoïste, je n'ai pas cherché à savoir ce que sont devenus les mages de Saber, seulement par peur de penser à Sting, je les ai laissés tomber. Certes, seule Yukino est passée me voir, mais je peux les comprendre, ils ont dû appréhender ma réaction et voulaient me préserver d'une crise de larmes. Yukino, elle-même, a compris que je ne faisais que penser à Sting à ses côtés et n'est plus venue me rendre visite.

Yukino... Tu n'as pas à t'excuser... Tout est de ma faute.

"Tu nous as tellement manqué Abby, déclare la constellationniste en essuyant ses larmes.

-Vous m'avez aussi beaucoup manqué. Je suis tellement désolée de ne pas être passée vous voir, c'était égoïste de ma part.

-Ne t'inquiète pas, répond Rogue. On comprend.

-Ah mais joyeux anniversaire du coup ! lance la mage.

-Joyeux anniversaire.

-Fro' pense la même chose.

-Abby ? j'entends derrière moi."

Je me retourne alors et reconnais Melinda.

Elle encercle ma taille de ses bras, étant très petite, elle ne peut faire autrement.

"Joyeux anniversaire, souffle-t-elle. Je te promets qu'on ne te laissera plus jamais.

-Merci Melinda..."


Je passai ma soirée à remercier les différents mages qui me souhaitaient un joyeux anniversaire, renouant des liens avec les mages de Sabertooth que j'avais perdu de vue. J'ai remarqué l'absence de certains mages, celle de Minerva, Kagura ou même Finn (ce que je peux comprendre).

J'ai même eu le droit à des cadeaux. J'ai aussi passé du bon temps sur la piste de danse, une fois que la foule s'est atténuée, nous laissant le champ libre, m'amusant avec Yukino, Melinda, Erza, Lucy et Lissana.

Résultat, je suis exténuée. Je pense même à m'éclipser, d'autant plus que les mages toujours présents commencent à être un peu bourrés et je sens la baston arriver. J'aimerais éviter de me blesser une nouvelle fois. De plus, pratiquement tous les mages sont retournés à leur logement.

Discrètement, je quitte la fête, en montant vers ma chambre. Soudain, une main attrape mon avant-bras. Je me retourne alors et croise des yeux bleus lavandes.

"Sting ? Qu'est-ce que tu fais là ?

-J'ai été invité... Par Yukino, soupire-t-il agacé. On dirait que je suis en retard.

-Je vais me coucher Sting. Laisse-moi, s'il te plaît.

-Tu veux bien qu'on aille discuter dehors ?

-Hein ? Pourquoi je ferais une chose pareille ?

-Je ne t'oblige à rien...

-Bon d'accord, je souffle. Mais si c'est pour me dire des horreurs. Je crierai au voleur.

-Pas de soucis, dit-il amusé avec un sourire en coin."

Je sais que je ne devrais pas, que je vais probablement me faire du mal. Mais tant pis, je l'ai dans la peau, c'est comme ça. J'insisterai probablement jusqu'à ce que mon cœur se retrouve en miettes.

Je descends les escaliers que j'ai commencé à grimper et le suis jusqu'à l'extérieur. Personne ne nous remarque, vu comme ils sont tous bourrés, ça ne risque pas.

La fraîcheur de la nuit d'été me donne quelques frissons. Au cours de la soirée, je me suis changée pour avoir une tenue plus convenable, plutôt que d'avoir un vieux t-shirt et un survêtement. Je suis donc en robe, d'un violet pastel, Lucy me l'a offerte il y a quelques mois.

"Tu as froid ? demande Sting en marchant devant. Pas étonnant vu ta tenue."

Une impression de déjà vu. Un souvenir que j'enfouis au plus profond de moi avant qu'il ne revienne au galop à chaque fois. Tant de fois je me suis ressassée cette nuit-là.

"Non, c'est bon, je réponds doucement."

Le blond s'arrête soudain et me plaque contre le crépis d'une maison.

Mon souffle est coupé quelques secondes, plus de surprise que dû au choc qui ne m'a pas fait le moindre mal, comme s'il avait retenu sa force.

Mon dos est entièrement collé au mur, Sting si près de moi que son souffle s'écrase sur mon visage à intervalles courts et irréguliers.

"Putain, murmure-t-il."

Ses yeux évitent les miens, sa main gauche est posée à plat contre le mur, son bras droit pend le long de son corps.

"Sting... Qu'est-ce que...

-Pourquoi ? se demande-t-il à lui-même. Je ne devrais pas ressentir ça.

-De quoi tu parles ? je ne comprends pas."

Il s'éloigne sans prévenir de moi, laissant au moins un mètre entre nos deux corps. Je me rends alors compte que mes joues sont chaudes et que mon cœur tambourine dans ma poitrine au rythme d'une musique qui n'est réservée qu'au blond.

"Je te déteste, souffle-t-il."

Je sursaute de suprise face à la violence de ses paroles.

C'est pour ça qu'il m'a fait venir dehors ? Pour me dire des choses pareilles ?

Je suis tétanisée, toujours choquée.

"Et pourtant..., continue-t-il. Putain... Tu m'attires comme un aimant... Je peux pas m'empêcher de te faire enrager... Ce n'était pas censé se passer de cette manière.

-Je...je ne comprends pas tout ce que tu dis, je déclare."

Ses yeux entrent enfin en contact avec les miens et il se rapproche de moi.

"Dans la lettre que Lector m'a donnée, attends..."

Le chasseur de dragons fouille dans ses poches, me laissant pantoise, plus perdue que jamais.

Il y sort enfin quelque chose, une lettre. Celle destinée à Lector après le sort que Mest a fait subir à Sting.

Le blond me la tend, et d'un regard, m'intime à la lire. Je la prends et la déplie alors soigneusement.

Lector,

C'est trop dur, je ne peux pas vivre sans elle. S'il te plaît, j'ai besoin de ton aide.

Mest est d'accord pour m'effacer la mémoire et reprogrammer mes sentiments. Je ne souffrirai plus.Tu ne dois en aucun cas me parler d'elle, ni même l'évoquer.

Chacun de mes souvenirs passés avec elle seront altérés. Ceux où seuls nous deux sommes présents, seront effacés, ceux où d'autres personnes sont présentes seront seulement altérés, n'effaçant qu'elle. Je risque parfois d'être incohérent et je compte sur toi pour ne rien dire. Ne me montre jamais cette lettre.

En plus d'effacer mes souvenirs, j'ai demandé à Mest de m'empêcher de retomber à nouveau amoureux, je ne pourrai plus ressentir d'attirance pour aucune femme. Je changerai, c'est sûr, je ne serai plus le même. Mais sans elle, je suis tout de façon voué à disparaître. Je l'aime beaucoup trop Lector.

Pour éviter que je retrouve la mémoire ou mes sentiments par erreur, tout ce qui pourrait me rappeler Abby, ne me fera seulement ressentir du mépris et de l'indifférence. Comme ça, je ne chercherai pas plus loin...Tu es l'une des personnes qui compte le plus à mes yeux, j'espère que tu comprendras mon choix.

Pas d'inquiétude, j'ai envoyé des lettres à tous les membres de Sabertooth et de Fairy Tail.

Merci Lector.

Une larme s'échappe, commençant sa course le long de ma joue. Je peux presque ressentir la douleur de Sting lorsqu'il écrivait cette lettre.

"Je ne comprends pas, dit-il après s'être aperçu que j'avais fini ma lecture. Je ne suis pas censé être attiré par toi. Je ne suis même pas censé te détester, je devrais être complètement désintéressé de toi."

Je ne réponds pas, de toute façon, je ne saurais même pas quoi lui dire. Trop de sentiments se bousculent en ce moment dans mon esprit. Colère. Amertume. Tristesse. Nostalgie. Tendresse. Amour.

C'est alors que je remarque derrière Sting, une femme nous fixant d'un œil inquiet. Peut-être pense-t-elle que je suis en train de me faire agresser.

Remarquant que mon regard a divagué, le blond se retourne et remarque la présence de la femme.

"On devrait aller dans un endroit plus tranquille, je propose. Par contre, on ne pourra pas retourner à notre auberge, je partage ma chambre avec Wendy. Je ne souhaite pas trop qu'elle assiste à notre discussion.

-Allons à Saber, alors, déclare Sting."

Il commence à marcher en direction de sa guilde, tandis que moi, je suis toujours collée à ce mur.

Je reprends enfin mes esprits et le rejoins, non sans sourire à la dame pour la rassurer.

Je ne sais même pas pourquoi je le suis. Que va-t-il me dire de plus ? Pourquoi tient-il autant à me dire ces choses ?

Je suis plus perdue que jamais, et son silence de marbre ne m'aide pas. Nous arrivons heureusement bien vite à la guilde, personne n'est présent dans le hall, certains encore à ma fête, d'autres déjà au lit.

Toujours ce silence, tandis que je traverse la guilde. Ça fait si longtemps, l'odeur des lieux m'est si familière. C'est plus grand que dans mes souvenirs.

Je continue à suivre Sting dans les escaliers, puis dans le couloir menant aux chambres. Je reste quelques instants immobile devant ce qui avait été la mienne.

"Ah c'est donc la tienne, sort-il enfin de son mutisme.

-Oui, ça l'a été pendant quelques semaines.

-Je comprends mieux."

Sans un mot de plus, il ouvre la porte de sa chambre et s'y engouffre. Je fais de même et le chasseur de dragons referme derrière moi en allumant la lumière à l'aide de sa magie.

Je me sens alors extrêmement mal à l'aise. Me voilà dans la chambre de Sting, attendant qu'il m'annonce ou m'explique je ne sais quoi.

Puisqu'il ne prend toujours pas la parole, et qu'il reste debout et stoïque, je décide de m'assoir sur son lit, histoire de patienter, le cœur battant dans mes tempes. Bien que je contrôle mieux mon aura, ça reste un peu douloureux.

"Je suis désolé, dit-il soudain. Je suis désolé d'avoir été un vrai connard avec toi Abby. Tu ne le mérites pas."

J'ouvre ma bouche pour parler, mais aucun son ne sort.

"Je ne sais même plus ce que je dois ressentir, ajoute-t-il. J'ai été con d'avoir joué comme ça avec mes souvenirs et mes sentiments. Je sais que j'étais heureux avec toi. Mais, sache que je ne pourrai sûrement jamais retomber amoureux de toi. Je n'y arrive pas. Je ressens bien trop de choses contradictoires pour toi.

-Sting...je...

-J'ai eu des flash... De quelques secondes... Des souvenirs, juste après m'être évanoui. C'est là que j'ai compris que je t'aimais vraiment à cette époque. Je ne l'avais pas tellement réalisé jusque ici. Malheureusement, je ne t'aimerai plus jamais comme ça. Ce que je voulais te dire, c'est de me laisser partir, tu ne vas pas attendre toute ta vie un homme qui ne reviendra jamais.

-Mais..., je le contredis. Si tu commences à avoir des bribes de souvenirs, tes sentiments pourraient revenir.

-Je ne pense pas... Ils sont même pas comme prévus... Mon cerveau doit être totalement détraqué. J'ai fait une erreur que je ne pourrai jamais réparer."

Ma capacité à formuler des phrases cohérentes semblent s'être échappée de moi. Sting retrouve enfin ses souvenirs... Mais c'est seulement pour me dire de l'abandonner... Je ne sais plus quoi faire, quoi ressentir...

Instinctivement, j'aggripe les draps de son lit pour m'empêcher de pleurer et me calmer, les yeux rivés au sol. Ça fait mal. Si mal que j'ai envie d'hurler. Tout ça pour ça ? Non. Impossible pour moi de l'accepter.

"Abby, je ne t'aime pas et je ne t'aimerai plus, répète-t-il.

-Ça va ! je m'écrie en me levant. J'avais compris !"

Je lève les yeux vers lui, le regard embué de larmes, mon âme blessée profondément.

Sting lâche un soupir qui semble durer une éternité, durant laquelle ses iris ne quittent pas une seule fois les miennes.

"J'ai vraiment merdé... Mais... Pourquoi je suis autant attiré par toi alors ? Je ne comprends vraiment rien."

Lentement, il s'approche de moi, son regard se fait plus pressant et mon cœur cogne comme un fou, menaçant de sortir de ma poitrine.

"Tu n'es même pas mon genre... Tu ne l'as jamais été..."

Tais-toi Sting... Si c'est pour me dire tout ça... Tais-toi...

Et pourtant, je ne dis rien, je le laisse s'approcher de moi, si près que je me rassois sur le lit ne supportant pas la proximité.

"Pourquoi tu me dis tout ça ? je réussis enfin à demander.

-Pour que tu me laisses partir, que tu arrêtes d'insister.

-Pourtant, tu n'as pas l'air de vouloir me laisser partir..., je déclare d'une voix que je veux sûre."

Debout devant moi, ses yeux ne se détournent toujours pas des miens.

Je décide de me remettre sur mes deux jambes, embarrassée par le regard de Sting. Et puis, il faut bien que je feigne au moins de partir, sinon, nous serions rester à nous regarder pendant des heures, sans prononcer un seul mot.

Je regrette aussitôt, il est si près de moi que j'en deviens rouge pivoine. Son souffle me caresse le visage et son regard est d'autant plus intense.

"Je ne comprends pas... Qu'est-ce que tu veux Sting ? je demande en rompant le contact visuel.

-Toi.

-Quoi ? je m'égosille.

-J'ai jamais eu autant envie de mettre une fille dans mon lit. Mais ce serait cruel. En mémoire de ce qu'on a vécu, je ne profiterai pas de tes sentiments pour t'avoir."

Dire que je suis gênée, serait le plus grand des euphémismes. Je cherche par tous les moyens, une façon de m'enfuir. Mais, est-ce que je le veux vraiment ?

Sting ne m'aime pas, ça je l'ai bien compris. Ce que j'ai du mal à assimiler en revanche, c'est qu'il veut... Coucher avec moi ?

Moi, en ai-je envie ? Répondre non, ce serait mentir. Mais, est-ce vraiment avec ce Sting là que je veux le faire ? L'autre reviendra-t-il au moins un jour ? Je n'y crois plus trop. Mes pensées s'affolent, penchant du oui au non à chaque seconde.

Après tout, ce ne serait pas si grave de le faire avec Sting, rien qu'une fois. Pour toute cette attente, cette année d'attente. Cela m'aidera peut-être à tourner la page, une bonne fois pour toute.

"D'accord, je soupire.

-Hein ? De quoi tu parles ?

-Je veux bien... Enfin tu sais quoi...

-Mais, je viens de te dire que je te détestais, fronce-t-il les sourcils.

-Je m'en fous, je ne t'aime pas non plus, pas cette version de toi du moins, je dis en plongeant mes yeux dans les siens. Je veux le faire, j'en suis sûre. C'est inévitable, j'en ai besoin, pour passer à autre chose."

Il reste quelques secondes, complètement silencieux et immobile, semblant sonder si ce que je lui dis est bien réel.

"Juste une fois, j'ajoute. Et après, j'en aurai fini avec toi. Pour toujours."

Prononcer ces mots a été très difficile pour moi, mais je les pense tout de même.

J'entends les battements de mon cœur jusque dans mes tempes. Mes mains tremblent, mais je ne le lâche pas des yeux.

Le souffle du blond s'est accéléré, et son visage commence à se rapprocher du mien au ralenti. Mon corps ne peut supporter tant d'attente et mes lèvres se précipitent sur les siennes. J'aggripe ses mèches blondes et ferme les yeux tout en approfondissant le baiser. La chaleur que cela me procure me donne des papillons dans le ventre. Immédiatement, Sting remue ses lèvres à son tour.

Doucement, il nous fait basculer sur le lit et je me retrouve à moitié allongée sur le dos, mes lèvres toujours accrochées aux siennes comme à une bouée de sauvetage. Je le sens, j'ai attendu depuis si longtemps que des frissons parcourent mon âme et je ne peux me décoller de lui.

Cependant, il nous faut bien respirer et Sting rompt le baiser. J'ouvre donc mes paupières et remarque la lueur multicolore qui flotte dans la pièce.

"Qu'est-ce qui se passe ? demande Sting.

-C'est rien. Je ne contrôle pas bien ma magie."

Plus entreprenante, je passe mes mains sur ses abdominaux dénudés et pose une nouvelle fois mes lèvres contre les siennes en y glissant ma langue. Sting se fait très réceptif et rapproche son corps du mien. Il nous fait glisser un peu plus sur le lit pour que nous y soyons complètement allongés. Nos langues forment un pont entre nos deux âmes blessées, seules et brisées. Parce qu'au fond, nous souffrons tous les deux. Lui, a perdu une partie de lui-même. Moi, je l'ai perdu, lui.

Le blond décolle sa bouche de la mienne pour me fixer attentivement du regard.

"Qu'est-ce qu'il y a ? je panique à l'idée qu'il ne change d'avis.

-Tu en es vraiment sûre ?

-Oui. J'en suis sûre."