Bonjour à tous,

Nouveau chapitre et même que cette fois je suis en avance ! J'ai eut du mal avec certaines transitions et j'espère que le résultats sera à la hauteur de vos attentes. Après deux chapitres carrément épique, c'était difficile pour moi de revenir à quelque chose de plus "calme". J'attends vos retours avec impatience.

Ensuite, petite parenthèse pour plusieurs personnes: D'abord toi Zalia... Je sais pas comment te dire merci *coeur*

Ensuite Lessa. Le silence suffit tu sais...*love*

Et toi Licorne. Qui m'a aidé a démêler une des scènes et qui m'a envoyé la review la plus longue que j'ai jamais eut XD (sur papier...écrite avec un machin qui s'appelle stylo...)

Merci aux filles du Discord aussi 3 Pour celles qui passerons par là, je vous envoi de l'amour en barre.

Chapitre XXXVI


Il était épuisé. Cela faisait plus de douze heures qu'il était debout et que la guerre avait pris fin. Douze heures interminables durant lesquelles il s'était battu avec acharnement. Se laissant lentement tomber sur un des sièges inconfortables de la pièce aseptisée dans laquelle il se tenait, il soupira.

Passant une main lasse sur son visage, il sentit alors toute la tension accumulée. Tout son corps était douloureux. Chaque muscle était crispé, tendu. Ses jambes tremblaient légèrement de fatigue et les douleurs de ses blessures se réveillaient. Une migraine atroce commençant à lui cisailler les tempes.

Quand ils l'avaient rejoint, quand enfin, ils avaient pu approcher, il était allongé sur la terre glaciale.

Il s'était jeté sur lui, pointant sa baguette sur son cœur, psalmodiant à toutes vitesses les sorts de réanimation. Il avait soigneusement évité de regarder son visage. De croiser ses yeux verts éteints et ouverts sur le vide. Il avait soigneusement évité de penser au sang sur son front. Sur son corps. Soigneusement évité de penser au fait qu'il n'y avait plus ni magie ni vie sous sa peau.

Il avait à peine prêté attention aux autres médicomages s'étant joint à lui, fébrile, incapable de se concentrer sur autre chose.

Il en était absolument certain. Il avait articulé "Sauvez-moi".

Hanté. Il était hanté par ce regard vert. Ces yeux. Les mêmes qu'elle lors de ce jour funeste où il les avait trahis.

Mais il s'était dominé. Faisant appel à toute son expérience d'espion, il avait maîtrisé ses émotions et était resté calme. Pragmatique. Il avait fait abstraction des hurlements de rage de son filleul retenu plus loin par son père.

Il avait ignoré purement et simplement les cris des amis de son pupi...fils. Il avait ignoré Minerva et ses questions sur l'état du surv…

Ah. Pouvait-on encore le désigner en qualité de survivant aujourd'hui…? Pouvait-on encore parler de Harry Potter ainsi alors qu'il était couché sur un lit, inanimé…?

Une vague de douleur le traversa. Il ne savait pas si c'était son corps ou son esprit qui semblait se manifester. Relevant le regard, il le laissa divaguer sur le corps inerte.

Alors voici ce que cela faisait de voir une partie de son âme être détruite quand on était encore trop jeune pour le supporter…

Il avait examiné l'adolescent avec les autres médico-mages. Ils avaient quasiment "vu" la déchirure dans l'esprit du gosse. Comme ils avaient vu la marque noire sur son torse. Comme un trou, juste là, à l'emplacement de son cœur.

C'était comme une sorte de fissure sur sa peau. Intangible. Comme un tatouage qui semblait fendiller son corps. "Magie Noire" avait conclu Cybèle Zabini.

L'horcruxe qui avait été détruit avec violence par le sort de son créateur avait laissé des dégâts derrière lui. Et maintenant, il était dans une sorte de coma magique.

Son niveau de magie ne cessait de fluctuer. C'était comme de voir une enfant sorcier mais en beaucoup trop puissant. Ils avaient tous senti la pression de celle-ci enfler avant de brusquement disparaître. Les variations étaient telles que par moment, certains d'entre eux avaient dû quitter la chambre.

C'était comme si, après avoir perdu une partie d'elle, elle se retrouvait déséquilibrée. Et cette magie là était si...indépendante, si humaine que Snape aurait presque pu la qualifiée d'angoissée.

Elle semblait inquiète, perdue. Agressive à cause de la peur. Elle ondulait autour de Potter, cherchait à se battre avant de brusquement se retirer quand une infirmière faisait un bruit un peu trop vif.

Il allait devoir tout reprendre avec Potter...toutes les bases comme pour un enfant… Il serait instable… enfin. S'il survivait.

Se levant lentement, il finit par s'approcher, ignorant la présence oppressante autour de lui. Il n'avait pas peur. Et il ne laisserait rien ni personne l'empêcher d'agir à sa guise. Levant très lentement une main, il la déposa en douceur sur le front de l'enfant allongé entre les draps immaculés.

Il ne parla pas. Il n'avait rien à dire.


Il était là. Assis. Tout seul. Hébété.

La guerre était finie. Ils avaient payé pour leurs crimes et maintenant, il allait pouvoir arrêter. Se reposer.

Il sentit, trop tard, les larmes déborder de ses yeux. C'était du soulagement. Et de la douleur. Tellement de douleur. Il avait vu des gens tomber sous les sorts. Il avait marché sur certains de leurs corps pour sauver sa propre vie.

Il avait vu la rage, la haine et le désespoir dans son plus simple appareil. Il s'était battu comme jamais. Il avait sentit l'adrénaline courir dans ses veines et exacerber ses forces, lui donnant la sensation grisante d'être invincible.

Et maintenant que tout était retombé, il avait envie de pleurer. De se rouler en boule et de tout relâcher. Il sursaute quand une main vint se poser sur son crâne et releva les yeux.

Hermione se tenait là, derrière elle, Zabini. Elle avait les yeux rouges, le nez aussi. Elle reniflait alors que ses cheveux, emmêlés et sales, étaient, par endroits, encore couverts de sang séché. Ses habits étaient déchirés mais elle semblait entière cette fois.

Il ouvrit la bouche avant de la fermer, la gorge écrasée par l'angoisse qui lui remontait directement du cœur. Il la vit alors doucement s'agenouiller devant lui avant de l'entourer de ses bras.

Il eut un hoquet avant de lui rendre son étreinte. Il l'enferma dans ses bras, cacha son visage contre son cou. Il la laissa pleurer sur son épaule, caresser sa nuque alors qu'elle balbutiait.

Il était incapable de comprendre ses paroles à moitié noyées dans ses sanglots, mais il en comprenait le sens.

Tout va bien. C'est terminé. Tout ira bien. Je suis là.

Il le savait. Il savait qu'elle serait là. Qu'ils seraient toujours là dans les moments difficiles. Il n'avait pas la moindre idée du temps qui passa. Il sentit juste Zabini s'asseoir à côté d'eux à un moment. Lui aussi avait perdu des gens importants.

Il savait que Nott était vivant, il l'avait vu. Mais il savait aussi pour Pansy. Alors, délicatement, il repoussa Hermione et la fit asseoir sur les genoux du métisse qui releva un regard blessé sur eux.

La sorcière comprit vite le geste du roux et avec un sourire tremblotant, elle posa finalement sa joue contre l'épaule de Zabini.

Il était content pour elle. Ils allaient bien ensemble. Mieux qu'avec lui. A cet instant précis, il se rendit alors compte qu'il n'était ni jaloux, ni triste. Alors il se contenta de serrer la main d'Hermione, laissant Zabini la consoler entre ses bras.

Posant son regard sur le couloir, il nota que tous les sorciers et sorcières présents semblaient s'éveiller d'un long cauchemar.

Ils se souriaient à travers leurs larmes, s'étreignaient ou encore se réconfortaient par des mots murmurés avec douceur.

- Où est Malefoy… ?


- Je veux le voir.

Planté devant la porte du couloir menant à la chambre de Potter, il était sur le point de définitivement perdre patience.

Sa cuisse lui faisait un mal de chien. Il avait refusé de se laisser approcher pour plus de soins. Il avait besoin de le voir. Il l'avait vu tomber. Il avait vu, juste devant lui, la vie quitter son regard avant de s'écrouler comme un pantin sur le sol.

Il l'avait vu lui adresser un dernier sourire. Il avait croisé le regard vert une fraction de seconde. Il y avait lu la peur de partir. Il avait vu le profond désespoir et l'angoisse infinie.

Il n'était pas parti en paix. Pas du tout. Il était resté torturé jusqu'à la dernière seconde. Il avait détesté son rôle jusqu'à la fin. Alors il devait le voir.

Posant un regard glacial à l'infirmier devant lui, il prit une lente et profonde inspiration, serrant ses doigts autour du manche de sa baguette.

- Je vous donne trois secondes pour vous écarter de mon chemin.

- Draco !

Il ne tourna même pas la tête lorsqu'il entendit la voix de sa mère dans son dos. Il entendit le pas traînant de son père en arrière-plan, mais son attention était focalisée sur la personne qui, sans la moindre honte, tentait de se mettre en travers de sa route. Le seul obstacle entre lui et Potter.

Cet homme n'avait pas la moindre idée de qui il était. De ce dont il était capable. La rage le consumait. Ou était-ce de l'angoisse ? Difficile à dire, mais cette tension en lui le rendait fou. Agressif. Il devait l'apaiser. Mais il n'y arrivait pas. Depuis la fin du combat, il n'arrivait pas à se défaire du sentiment d'urgence qui l'obligeait à fonctionner en sur-régime. Il sentait sa propre magie gronder sous sa peau. Il perdait son calme si longtemps travaillé, malgré ses boucliers mentaux.

- un…..deux….

Il sentit la main délicate de sa mère se poser sur son épaule et se crispa encore un peu plus. Consentant finalement à lui jeter un regard froid, il nota son air inquiet.

La femme, d'habitude si aprêtée, était pâle. Ses cheveux blonds librement lâchés bouclaient autour de son visage et accentuaient encore son air de fragilité. Elle avait été apparemment soignée et portait plusieurs bandages, notamment au niveau de son bras droit.

Derrière, il vit son père, il boitait sérieusement, s'appuyant avec lourdeur sur sa canne, le visage déformé par la douleur qu'il tentait de cacher.

- Fils. Calme-toi. Tuer cet impudent serait plus de complications pour notre famille et ne te permettrait certainement pas d'approcher Monsieur Potter.

- Je veux voir Potter et ce n'est pas négociable Père.

Glacial. Il sentait la main qui tenait sa baguette commencer à légèrement trembler. Il avait besoin de le voir. De vérifier qu'il respirait. Il ne pourrait pas se reposer sans ça. Il ne pourrait pas lâcher prise et laisser le soulagement l'envahir tant qu'il n'aurait pas cette certitude. Il devait mettre fin à cette incertitude immonde qui s'insinuait dans ses veines. Mort ou vivant, il avait juste besoin d'une réponse. Juste besoin de savoir comment réagir. Quoi faire...Comment se sentir…

Merlin. Il était ridicule. Stupidement attaché à un mort en sursis. Il ressemblait à une de ses sorcières fan du Grand Potter, prêtes à se jeter à ses pieds, consommées d'amour. Et lui, Draco Malefoy, n'assumerait jamais une chose aussi gênante.

Mais...Potter était Potter… Potter était devenu sa personne importante. Il était celui vers qui il retournait. Celui qui avait besoin de lui. A part lui… Personne ne l'avait jamais considéré comme un ancrage…

Il était le seul à savoir. Le seul à pouvoir le calmer. Le seul à comprendre et à pouvoir l'écouter sans le juger. Il était autant son ennemi que son ami. Il avait cette place particulière pour le survivant qu'il ne céderait pour rien au monde.

Il lui appartenait. Il était à lui. Il était …. Il était….Potter. Et personne n'avait le droit de se mettre en travers de leur relation.

- Monsieur Malefoy.

Il allait définitivement perdre son calme, une légère brise faisant voler ses mèches blondes frôlant son front couvert de terre et de sang. Relevant son regard orageux, il croisa les yeux éteints de son parrain.

Non.

Il n'avait pas le droit de lui annoncer une mauvaise nouvelle. Mais il se tenait là, froid, droit, figé devant lui et pendant une seconde il dû se concentrer pour respirer.

- Calmez-vous immédiatement. Nous sommes dans un hôpital et vos pitoyables petits sentiments égoïstes ne sont certainement pas les bienvenus. Cessez de vous donner en spectacle et rangez moi votre baguette avant que je ne vous envoie voir ailleurs si j'y suis.

La retombée fut brutale. Son parrain n'avait certes pas son pareil pour vous calmer dans la seconde. Il ne mâchait pas ses mots et ne faisait pas plus attention que cela au ton de sa voix. Le toisant de son regard abyssal, il était planté devant lui, les bras croisés sur son torse.

- Je veux voir Potter.

- Je suis ravi de le savoir.

- Parrain.

Il vit l'adulte lentement plisser les yeux et se crispa. Il venait, apparemment, de dépasser une ligne invisible.

- Monsieur Malefoy… Je ne sais pas ce qui, dans mon attitude, vous a laissé imaginer une seule seconde que vos désirs avaient la moindre importance à mes yeux mais cela va s'arrêter maintenant. Potter n'est pas en état de voir qui que ce soit.

- Mais…

Il ne pouvait pas abandonner si facilement mais le Maître des potions n'était, apparemment, pas en état de discuter pour l'instant. Prenant une nouvelle inspiration, il baissa les yeux et se crispa.

- Comment va-t-il ?

Un long silence répondit d'abord à sa question. Il vit finalement son parrain froncer les sourcils avant de jeter lentement un regard autour de lui, vérifiant qui se trouvait dans les parages. Peine perdue. Seuls quelques sorciers avaient été autorisés à se rendre dans l'aile où était soigné le survivant, les aurores encerclant la zone comme s'il avaient à protéger le Ministre en personne.

- Mal. Potter a été gravement touché par le Sort de Mort. Sans parler de sa condition d'Horcruxe. Le morceau d'âme qui a été détruit a endommagé non seulement son esprit mais son cœur également.

Brusquement, l'ex-espion sembla encore plus sombre, son regard se voilant pour fixer un point derrière le blond.

- La disparition de l'Horcruxe a créé un déséquilibre magique… Il est instable et dangereux pour le moment…

- Il est réveillé alors…?

Sa mère venait d'intervenir. Aux côtés de son époux, qu'elle soutenait discrètement, elle regardait le couloir dans le dos de Snape avec inquiétude.

- Non. Il est dans le coma… Et...nous n'avons pas la moindre certitude qu'il en sortira.


Il pouvait sentir la douleur sourde au fond de lui. C'était une sensation étrange. Une douleur comme étouffée mais qui semblait le pénétrer avec perfidie. Il sentait chacun de ses nerfs. Il pouvait dessiner leurs chemins sur sa peau alors que les décharges le parcouraient.

Il était seul, dans le noir, dans le silence. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il se passait. De ce qu'il faisait ici ou d'ailleurs même où était ce "ici".

Il ne se rappellait pas de grand-chose. Juste qu'il avait fini.

Mais finit quoi au juste ?


- Granger. Sincèrement qu'est-ce que cela peut me faire que ton devoir de Métamorphose soit terminé….?

Assis à la bibliothèque, il toisait la sorcière en soupirant. Depuis la fin de la guerre, depuis la reconstruction de l'école, quatre mois s'étaient déjà écoulés et les cours avaient repris. Ils étaient censés terminer l'année malgré tout.

Soupirant, il laissa son regard se perdre sur son livre de runes anciennes. Les jours s'étaient écoulés dans une sorte de normalité écoeurante.

Les morts avaient été mis en terre… Les vivants avaient été célébrés et on avait reconstruit ce qui avait été détruit par la folie du Seigneur des Ténèbres.

Le Ministère avait pris un tout nouveau visage, les hauts postes avaient été réattribués alors que petit à petit s'était engagée une vraie chasse au Mangemort.

Les blessures avaient été guéries et Potter s'était réveillé.

Il ferma les yeux alors qu'il se remémorait la scène, se crispant de colère.

- Malefoy….

- Quoi. Encore. Granger.

- … Arrête d'y penser… Tu n'aurait rien pu faire…

- Rien pu faire ?

Il venait de brusquement fermer son livre, faisant sursauter la sorcière alors que Zabini, Nott et Weasley relevaient un regard sombre sur lui.

- J'aurais simplement dû aller le sortir de là.

- Et tu t'y serai pris comment ? Même Snape n'a pas trouvé le moyen d'au moins lui rendre visite !

- Oh crois moi Weasley. Je saurai trouver un moyen.

- Malefoy… Si tu interviens tu pourrais aggraver la situation...L'ordre essaie de faire avancer les choses auprès de Kingsley.

Il sentit à nouveau la colère l'embraser.

- Ils l'ont trahis encore une fois Granger. Après qu'il ai donné sa fichu vie pour nous.

- Je sais mais…

- Non.

Il se leva, incapable d'avoir encore une fois cette discussion avec eux. Il ne pouvait pas encore entendre que tout allait s'arranger. Se saisissant de son sac, il y jeta avec rage le livre de runes et se détourna.

- A plus tard.

Il ne laissa à personne le temps de réagir. Et c'était comme ça depuis un mois. Un mois que Potter s'était réveillé de son coma magique. Poussant une des portes du couloir, il se retrouva dehors, marchant rapidement, s'éloignant de l'atmosphère étouffante de l'école… Potter avait eu raison… Sur toute la ligne.

Il revoyait encore cet instant. Quand ils l'avaient emmenés. Sous ses yeux. Sous ceux de Snape.


Ah...il se rappellait maintenant… Il l'avait battu. Il avait réussi. Il était allé au bout du plan de Dumbledore. Il avait donné sa vie pour la cause.

La douleur était toujours aussi intense… Mais plus...vraie. Plus vive. Et puis il y avait ces hurlements qui ne cessaient de résonner dans cet espace froid et vide.

Il avait fait tout ce qu'on lui avait demandé. Il avait obéi alors…

Est-ce qu'il pouvait se réveiller maintenant…?


Trois mois maintenant que son pupille semblait dormir. Immobile sur le lit d'hôpital, la seule chose qui le rassurait encore était de sentir sa magie fluctuer.

A contre-coeur, il avait dû reprendre ses activités. Aider à la reconstruction. Retourner à Poudlard. Mais il veillait lui-même à ce que les soins soient correctement donnés.

Mais Cybèle Zabini avait apparemment pris un malin plaisir à menacer l'équipe de médicomages qui semblait, du coup, complètement dévouée au bien être du survivant. Elle passait de temps à autre pour voir le survivant et étudier la marque que portait son torse, donnant son avis à Snape sur l'origine de celle-ci. Elle lui avait également rapporté de nombreux ouvrages de magie noir dont il ne préférait pas connaître la provenance. D'ailleurs, la femme lui offrait toujours un sourire de chat repu quand il la remerciait de son aide. Cette femme….

Enfin, pour le moment, il avait froidement chassé le personnel de la chambre et observait le jeune homme… Il était pâle. Sur son torse, au niveau de son cœur, il savait que la marque n'avait malheureusement pas disparu.

Beaucoup de sorciers de son entourages étaient venu le voir. Tour à tour, les visites s'étaient enchaînées au début jusqu'à ce que, au fil des jours, elles ne se raréfient, chacun reprenant le cours de sa vie.

S'il avait vu, petit à petit, le nombre de visiteurs diminuer, ce n'est pas pour autant que le monde sorcier en oubliait l'existence de son Sauveur du Monde. Son pupille faisait quotidiennement la une des journaux. On y relatait ses combats… Des anecdotes sur sa scolarité… On y avait même retracé son arbre généalogique, refaisant la lumière sur la lignée des Potter et des Black…

On avait parlé de son lien avec Sirius et profité d'innocenter celui-ci auprès du grand public… Post-mortem, certes, mais innocenté tout de même.

On y parlait de ses amis, la Golden Team ou encore de son lien avec l'héritier Malefoy… On y parlait de ses talents en magie. De sa complicité avec Dumbledore…

On y parla de l'Ordre et on cacha soigneusement la vérité sur son rôle dans la guerre. On enjoliva la réalité pour la rendre acceptable par les sorciers. On y cacha les manipulations et les dangers.

Et Rita Skeeter se vanta à de nombreuses reprises de ses liens avec le survivant.

Il avait vaguement lu ces torchons, dégoûtés de voir la vie de son pupille étalée aux su et aux vu de tous.

Et alors qu'il était plongé dans ses pensées, il sentit brusquement un courant de magie le secouer, envoyant un frisson glacial le long de sa colonne vertébrale.


Il voulait ouvrir les yeux. C'était étrange… C'était comme s'il était paralysé… Comme si ses paupières étaient trop lourdes. Il voulut lever le bras, toucher son visage et encore une fois, aucun de ses muscles ne réagit.

La panique montait. Il était dans le noir. Le silence. Seul. Et incapable de faire le moindre mouvement.

Et alors que l'angoisse venait l'étrangler sans la moindre douceur, il sentit quelque chose le frôler.

Et cette fois la panique l'emporta.


L'explosion de magie fit trembler la moitié de l'aile sud. Les vitres furent soufflées par la violence de la vague alors que les alarmes s'enclenchaient, tous les aurores du périmètres débarquant pour se dresser entre le survivant et le danger.

Personne n'avait prévu que le danger serait le survivant lui-même.

Quand les aurores étaient apparus au niveau de la chambre de Potter, Snape se tenait déjà face à son pupille, le fixant, les sourcils froncés, alors que le jeune homme, debout, vacillait, se tenant aux montants en fer du lit d'hôpital pour ne pas s'effondrer.

Ne portant qu'un pantalon ample de pyjama, les cheveux trop longs retombant quasiment à ses épaules, il était légèrement amaigris et des cernes ourlaient ses yeux émeraude, leur donnant l'air plus creusé.

- Potter… Calmez-vous

- Je...je n'ai pas…

- Rappelez-vous ce que je vous ai enseigné… Le contrôle de votre magie passe par la concentration

- Je..j'y arrive pas.

Autour du brun, ils pouvaient presque voir la magie onduler, créant des courants contraires, de nombreux objets déjà en lévitation, d'autres s'écrasant contre les murs avec violence. Et le jeune homme semblait complètement perdu, observant le déchaînement de sa magie sans comprendre ce qu'il lui prenait subitement.

Il regardait autour de lui les aurores les encerclant, fronçait les sourcils avant de revenir à son tuteur cherchant, apparemment, une explication rationnelle à la situation.

- Faites un effort par Merlin Monsieur Potter !

Ils virent tous le jeune homme prendre une grande inspiration et prendre un air concentré, mais, rapidement il grimaça. Il posa lentement une main sur son torse et baissa les yeux pour voir ce qu'il se passait. Snape vit le moment exact où il nota l'espèce de tache sombre sur sa peau. Il le vit en tracer le contour en tremblant, du bout des doigts.

- Monsieur Potter…

- … Ça me fait mal.

Il avait quasiment chuchoté la constatation et la Maître des Potion grimaça à son tour. Salazar.

- Harry… Regarde autour de toi. Ta magie…

Il perdait de plus en plus le contrôle et l'ancien espion se crispa quand le jeune homme releva un regard hagard sur lui.

- Je me suis sacrifié

- Je sais…

- Je suis désolé d'avoir menti

La réponse acide qu'il avait sur le bout de la langue et le long, très long sermon qu'il avait préparé pour lui, ne passa jamais ses lèvres. Alors qu'il allait plutôt tenter d'apaiser le Héro du Monde magique, il se fit couper l'herbe sous le pied par le chef des aurores.

- Monsieur Potter, cessez immédiatement vos agissements ou nous serons contraints de vous arrêter nous-même.

- Q..quoi ?

Le Maître des Potions se tourna brusquement vers l'espèce de petit arrogant stupide qui venait de s'exprimer de toute la force de son égo mal placé alors qu'un autre Aurore s'interposait entre lui et le survivant, qui, de son côté, avait écarquillé les yeuy, reculant d'un pas.

- Chef… C'est Harry Potter !

- Et alors ? Les règles sont les règles Forrest ! Et faire exploser la moitié d'un étage de Saint Mangouste est une infraction au code de la magie !

- Mais Chef…

- Aurore… Calloway c'est bien cela…?

- Reculez Professeur Snape, tout ceci dépasse vos compétences !

Dépasser ses compétences…? Cet Aurore….Plissant les yeux, il le fixa, glacial mais il n'avait pas le temps de se concentrer sur lui, il pouvait presque sentir la panique du survivant émaner en vague de sa personne. Se tournant alors vers son pupille, il prit une courte inspiration et s'avança d'un pas malgré la magie.

- Harry. Calme-toi. Ta magie est instable à cause de tout ce qu'il s'est passé… Essaie de fermer tes boucliers mentaux déjà…

Il vit le jeune homme focaliser son attention sur lui, ses yeux lui mangeant le visage alors qu'il cherchait désespérément à suivre les consignes du Professeur. Sans succès apparent…

Petit à petit, la magie semblait se concentrer autour du survivant, elle formait comme une barrière, une version de la bulle mais déformée, tremblante, et trop serrée.

Il pouvait voir le regard de son pupille devenir de plus en plus sombre, inquiet, il lui semblait psalmodier silencieusement alors qu'autour d'eux, les Aurores étaient de plus en plus nerveux.

Il ne pouvait pas rester sans rien faire. Il devait agir. Et alors qu'il sortait lentement sa baguette, la porte de la chambre s'ouvrit à toute volée, laissait apparaître son filleul.

Merlin.


Quand il avait entendu l'explosion des vitres, et sentit le sol trembler, il s'était précipité en direction de l'aile où il était retenu. Et même s'il venait quasiment chaque jour, plusieurs aurores lui barrèrent d'abord le passage. Il dû négocier longuement avec eux pour enfin se voir libérer l'accès.

Il avait brusquement poussé la porte et froncé les sourcils. Potter se tenait près de son lit, au milieu d'une sorte de champ de ruine, à moitié nu.

A quelques pas de lui, son parrain. Et tout autour, des Aurores, baguettes dégainées, leurs expressions variant de l'incertitude la plus totale à la détermination.

Par Salazar. Qu'avait encore fait Potter… ?

- Potter ? Qu'est-ce que tu fais ?

Il posa son regard argenté sur le brun qui semblait complètement halluciné de le voir là. Il eut une sorte d'expression étrange avant de faire un pas dans sa direction.

- Ma...Malefoy ?

- … Quoi ? Tu es devenu amnésique en plus de toutes tes nouvelles cicatrices ? Tu ne me reconnais plus…?

- Monsieur Malefoy ! Écartez-vous ! Ceci n'est pas pour les enfants !

Ignorant purement et simplement les ordres du chef des sorciers, il croisa ses bras sur son torse, haussant un sourcil à l'intention de Potter. Il n'était pas stupide. Il avait bien compris que la situation était tendue. Mais il savait aussi parfaitement comment le gérer lui… D'ailleurs, si son parrain ne s'était toujours pas interposé, il y avait une bonne raison.

- No..non...je.. T'es fâché…?

- Fâché est un euphémisme Potter. Tu vas devoir payer sur cents générations le fait de m'avoir menti.

Il ne mentait pas. Il lui avait fallu des jours entiers pour calmer un tout petit peu sa colère. Pour passer au-dessus de son mensonge.

- Je...je suis désolé.

- Je t'ai déjà dit mille fois Potter que tes excuses ne valent rien à mes yeux. Prouve-moi les choses par des actes.

Il vit un micro-sourire se former sur les lèvres du brun qui, petit à petit, semblait reprendre pied, l'angoisse refluant, sa magie avec.

- Okay….je vais faire ça

- Maintenant Potter… Qu'est-ce que tu fais à moitié nu ?

Cette fois, il vit un franc sourire sur le visage pâle du survivant. Et la magie sembla retomber d'un coup dans la pièce.

- Si tu savais Malefoy….

Soupirant intérieurement de soulagement, il le vit faire un pas encore dans leur direction et eut un rictus suffisant à l'égard de toute cette bande d'incapables.

Mais alors que Potter s'approchait lentement, le pas incertain, il nota un mouvement du coin de l'œil.


Ni lui, ni Draco n'avaient eu le temps de réagir quand le sort d'entrave frappa le survivant en plein dos.

Aucun d'eux n'eut le temps de s'interposer quand un Aurore s'approcha et murmura quelque chose, glissant des menottes anti-magie aux poignets du brun.

Aucun d'eux n'eut le temps de comprendre alors que Harry écarquillait les yeux, son visage transformé par l'incompréhension.

Harry Potter, au vu de la situation actuelle et de la dangerosité de votre magie, vous êtes arrêtés et serez mis en confinement dès à présent pour éviter tout risque de dommages sur votre personne.

Aucun d'eux n'eut le temps de réagir alors que le survivant poussait un cri étouffé par un transplanage d'urgence.

Aucun d'eux n'eut le temps de réaliser que Potter venait de leur être arraché.

Et alors qu'ils se retrouvaient seuls, dans la chambre dévastée, une colère glaciale monta en lui pulsant avec rage. Jamais de sa vie il n'avait ressenti une haine d'une telle intensité.

Et cette fois, Dumbledore ne serait pas là pour l'empêcher d'agir à sa guise. Il voulait récupérer son pupille.

Et il le voulait maintenant.


Il était enfermé depuis des lustres. Dans cette petite pièce.

Il y avait un lit, un bureau. Et une fenêtre à barreaux.

Les murs étaient vides et le sol était froid.

Assis sur son lit, il fixait la porte en silence. Il ne pouvait plus crier. Il avait trop crié depuis son arrivée.

Il avait hurlé. Pleuré. Supplié. Il avait détruit ses meubles, tenté de dépecer les murs mais rien n'y faisait.

On l'avait enfermé comme un animal. Comme avant.

Sauf que c'était fois ce n'était pas "pour le plus Grand Bien" mais "Pour votre bien".

Conneries.


- Monsieur Potter est instable. Nous avons mesuré des niveaux de magies trop dangereux pour que nous le laissions se balader à son aise.

- Et vous imaginez que pour rendre stable cet enfant, l'enfermer comme un chien est la bonne solution Kingsley.

Il exultait encore de rage. Planté dans le salon du Square Grimmaurd pour une énième réunion des membres restants de l'Ordre, il se tenait face au nouveau Ministre de la Magie. Le toisant avec tellement de mépris que nombreux étaient les sorciers qui, face à ce regard, préféraient fuir.

Dommage que ce ne soit pas le cas du nouveau Ministre de la Magie. Ce sorcier là était bien trop buté et stupide pour comprendre quelle menace se tenait sous ses yeux. Avait-il seulement idée du nombre de potions qu'il était capable de créer et qui seraient indétectables une fois qu'il serait mort…?

- Snape… Je comprend que vous soyez inquiet pour lui, mais si jamais sa magie s'en prend à lui….

- L'enfermer est en train de rendre le problème encore pire. Le traiter ainsi ne fera que renforcer sa colère. Je vous ai pourtant expliqué que Potter a une magie instinctive qui réagit à ce qu'il ressent.

Son ton glacial, il articula lentement ces mots, contenant avec peine la rage qui l'animait en pensant à son pupille qui avait été enfermé dans une des cellules spéciales du Ministère, tel un criminel.

- C'était du moins le cas avant son Dernier Combat. Pour le moment nous n'avons aucune certitude des séquelles qu'il en a gardé.

- Et vous imaginez donc que de mettre un adolescent en cage pour l'étudier tel un animal sauvage est ce qu'il y a de mieux. Fascinant.

Snape tourna son regard vers Lucius qui semblait encore plus hautain que d'habitude. L'aristocrate ne cachait même plus son dégoût pour la situation, il ne cessait d'ailleurs d'envoyer piques et remarques désobligeantes à l'ancien aurore.

- Potter va s'enfermer dans sa rage si ce n'est pas déjà fait… Et alors, je vous souhaite bonne chance Ministre.

Son filleul aussi arborait cette expression glaciale. Il avait été le plus dur à contenir. De sa vie, jamais Snape n'aurait pensé assister à une des crises de rage de Draco Malefoy. Il avait dû finalement l'assommer pour qu'il ne cherche pas à se venger des aurores qui s'en étaient pris à Potter. Il l'avait vu littéralement faire une crise de nerf. La colère l'avait consumé à tel point qu'il avait craint pour son équilibre. C'était Narcissa qui avait réussi à apaiser son fils. Mais suite à ça, la position des Malefoy avait été claire pour tous. Il refusaient de se rallier au Ministère tant que Potter ne serait pas traité avec les égards qui lui étaient dus. Pire. Ils se mettraient en travers du chemin de Kingsley dès que l'occasion leur en serait donnée. Le tout, avec cette satisfaction malsaine caractéristique des Serpentard.

- Kingsley ! Ne soyez pas stupide et faites donc libérer Harry ! Personne mieux que le professeur Snape ne pourra le contenir ! Il lui fait confiance. Après tout ce qu'il a traversé, il a besoin de calme, de réconfort et non de vos ...vos…

Molly Weasley, hors d'elle, en perdait ses mots, les joues rouges, les autres membres du clan hochant la tête à ses propos. Aucun des Weasley non plus n'avait soutenu la décision prise concernant le survivant. Pire. Molly avait quasiment tenté d'étrangler le Ministre et seul Fred et Georges avaient évité à leur mère de dépasser les bornes.

- C'est une honte de le traiter ainsi ! Et je le soutiendrai s'il en venait à ne plus rien vouloir avoir affaire avec vous ! Il a donné sa vie pour le monde sorcier !

Hermione Granger venait d'intervenir à son tour. Elle fusillait le Ministre de la Magie du regard, s'était placée à côté des Malefoy en signe de soutien.

Des semaines qu'ils soutenaient Potter. Des jours entiers qu'ils harcelaient Kingsley et le Ministère pour obtenir qu'ils relâchent enfin le survivant. Ils avaient tout tenté. Faisant appels à leur réseau, obtenant le soutien de nombreux hauts placés.

- Kingsley. Soit vous me rendez mon pupille, soit, cette fois, j'irais personnellement rencontrer Madame Skeeter. Je suis certain que le peuple sorcier sera ravi d'apprendre que votre nouveau gouvernement enferme les héros de guerre.

Comme calculé, il vit l'ancien aurore se tendre et lui jeter un regard agacé. Il capitulait. Il n'avait plus le choix. Les tensions au sein de l'Ordre étaient de plus en plus fortes. Leurs discussions à couteau tirés… Et aucun des membres ne rendait la vie facile au nouveau Ministre dans sa mission de refonte du gouvernement Sorcier. Mis au pied du mur, forcé de prendre une décision au détriment de ses propres convictions, il se résigna. Soupirant, il reprit la parole de mauvaise grâce.

- Très bien… Mais j'exige d'être prévenu au moindre incident. Nous ne pouvons pas nous permettre encore le moindre incident.

Snape ne prit pas la peine de répondre, toisant l'homme face à lui de son regard hautain. Personne ici ne croirait qu'il s'abaisserait à faire son rapport au Ministre comme s'il lui devait quelque chose.

Il n'avait d'allégeance que pour lui-même. Le reste du temps, il était un serpentard, et donc, il servait ses propres intérêts, soutenant ainsi qui serait à même de lui apporter le plus.

- Rendez-moi mon pupille Kingsley.


Il avait passé quasiment un mois dans cette pièce et avait largement eu le temps de réfléchir à ce qu'il se passait.

Il avait mis du temps à comprendre… Mais petit à petit, en imbriquant les indices les uns aux autres, il avait réussit à reconstruire les pans de vérités.

Il caressa doucement son torse. La marque était douloureuse. Tout le temps. Comme si la peau était hyper sensible et ne supportait pas le moindre effleurement… Et par moment, il sentait sa respiration se couper à cause d'un pic douloureux irradiant contre ses côtes.

Fermant les yeux une seconde, il soupira.

Il se sentait calme. Et pourtant, là, tout au fond, bien caché, il pouvait sentir sa colère ramper contre les paroies de son esprit. Il savait qu'il était surveillé en permanence. Il avait vu Kingsley une fois. Au début.

Et il lui avait servi le couplet paternaliste. Lui avait dit qu'il était là pour son bien. Lui avait expliqué que sa magie, trop instable, risquait de le blesser lui ou les autres.

Il lui avait dit qu'il devrait rester là en observation. Non il n'aurait droit à aucune visite.

Ensuite, il lui avait parlé du combat… de sa victoire. Lui avait présenté ses sincères remerciements. L'avait assuré de son soutien et de celui du Gouvernement Sorcier.

Il lui avait parlé des conséquences de ce dernier combat, de ceux qui étaient partis.

Il avait appris comme ça la mort de Lupin. De Luna. De Pansy et d'autres. Il avait appris qu'il avait manqué leurs sépultures.

Et ensuite il lui avait parlé de politique. De son rôle en qualité de Sauveur. Il lui avait demandé s'il serait prêt à les aider à reconstruire leur société. Il lui avait parlé de toute l'admiration que les gens avaient pour lui. Parlé de tous les cadeaux qui arrivaient à l'hôpital pour lui.

Parlé de ses amis encore vivants et qui ne cessaient de demander des nouvelles.

Quand il avait demandé pourquoi son tuteur et donc responsable légal n'était pas là, le Ministre avait eu l'air gêné.

Et il était parti, lui promettant de lui apporter de quoi s'occuper.

Et alors, seulement, il avait petit à petit pu cultiver sa colère.

Son rôle…? Les aider… ? Alors qu'il avait donné sa vie… Qu'il se retrouvait dans cet état pour eux…?

Admiration…? Cadeaux ? Qu'est ce que tout cela pouvait bien lui faire de là où il était..? Enfermé comme un chien…?

Elle était belle la société sorcière. Et apparemment, peu importe ce qu'il ferait, ils ne le laisseraient jamais tranquille. Il les détestait. Il les haïssait tellement.

Après tout ce qu'il s'était passé, il ne méritait pas encore qu'on le laisse tranquille….Alors quoi ? qu'est ce qu'il devait faire de plus ? Qu'est ce qu'il leur fallait ?

Quand il sortirai d'ici, quand enfin, on le laisserait sortir, le monde sorcier allait vite comprendre qu'il en avait fini avec lui.

Harry Potter ne serait plus jamais le pion de qui que ce soit.


Alors que les protections magiques étaient levées les unes après les autres, il observait son pupille les sourcils froncés.

Il était assis en tailleurs sur son lit, immobile. Il fixait la porte de la pièce sans bouger, un sourire vague aux lèvres.

Se crispant lentement, il eut du mal à reconnaître l'adolescent qu'il avait quitté avant le Dernier Combat. Il y avait tout juste 4 mois…

Alors qu'il s'était ouvert… Qu'il avait évolué, il eut brusquement l'impression que la chute serait brutale. Maudissant encore une fois le Ministère et ses actions inconsidérées, il apostropha le sorcier qui s'occupait de sorts.

- Je n'ai pas toute la journée, dépêchez-vous.

- O...oui Professeur.

Le petit homme avait sursauté et jeté un regard inquiet au Maître des Potions. Depuis qu'il était entré, il agissait ainsi. Il s'était présenté comment d'ailleurs… ? Ah oui… Setters quelque chose… Probablement un ancien étudiant.

- V...Voilà Monsieur..

Il se contenta de lui offrir un regard froid et s'avança vers la porte, l'ouvrant d'un coup de baguette pour tomber sur le regard inchangé de son pupille.

- Monsieur Potter. Levez-vous. Nous quittons cet endroit sur le champ.

Il crut voir une fugace lueure de surprise de la part du survivant alors qu'il se redressait un peu. Mais bien vite, elle fut balayée par cette expression amère et moqueuse.

- Ah… Je ne suis plus un danger….?

- Ne soyez pas ridicule. Vous n'avez jamais été un danger. Seuls quelques imbéciles bien pensant semblaient craindre quelque chose d'un adolescent à peine mature.

Hors de question qu'il se laisse intimider par ce Potter là. Croisant lentement les bras sur son torse, il le toisa en silence, observant les mouvements du gamin, sa manière de le regarder.

Si Potter, à une époque, lui avait fait penser à un petit animal glacé de peur et prêt à s'enfuir au moindre bruit, cette fois, il avait plutôt l'impression de se tenir face à un prédateur.

C'était comme d'observer une sorte de bombe à retardement. Crispant les doigts sur sa robe noire, il s'assombrit encore en pensant à l'erreur cuisante qu'avait faite Kingsley.

Potter semblait encore plus sauvage qu'auparavant. A la différence que, cette fois, il n'aurait aucun compte à rendre. Et qu'il avait parfaitement conscience de sa valeur…. Sans parler de sa magie qui semblait prendre ses aises. Par la barbe de Merlin tout cela ne lui disait rien qui vaille.

- Je suis prêt…

Sortant de ses pensées, il claqua sa langue contre son palais, agacé au possible de voir l'adolescent vêtu uniquement d'un pantalon de pyjama et d'un t-shirt de coton. Levant sa baguette, il marmonna quelque chose, faisant apparaître une tenue décente pour son pupille.

- Enfilez donc ça. Je ne vais certainement pas vous emmener à Poudlard à moitié nu.

- Poudlard…?

- Vous ne pensiez tout de même pas que nous irions au Manoir…? Nous sommes au mois de mars Monsieur Potter et vos camarades ont des cours à suivre.

- Et moi ?

- Quoi et vous ?

- ...est-ce-que moi aussi je vais suivre les cours… ?

Il le toisa lentement de bas en haut alors que le gosse était resté figé devant lui, tenant l'uniforme soigneusement plié contre son torse.

- Pensez-vous, à tout hasard, être trop célèbre ou important pour nous honorer de votre présence…?

- ...Non Monsieur…

- Alors cessez vos simagrés et habillez-vous. Je ne vais pas rester ici encore des heures Monsieur Potter.

Il vit l'adolescent poser un regard pensif sur lui. Calculateur, comme s'il mesurait son degré de sincérité.

Voilà. Voilà tout ce qu'ils avaient réussi. Le rendre suspicieux. Aigris. Faire de lui un gosse réticent à faire confiance à qui que ce soit. Par les cloches des enfers. Après tout ce qu'ils avaient traversé…

Rendre Potter à nouveau sociable serait probablement compliqué.


Libre. Il était enfin libre.

Il avait pensé que jamais il ne sortirait de cette foutue chambre… Mais en fait… Souriant lentement, il suivit son Tuteur jusqu'à l'air de transplanage du Ministère. Sans un mot, l'ex-espion se saisit de son bras et dans un crac caractéristique, ils disparurent.

Quand il ouvrit à nouveau les yeux, légèrement nauséeux, c'était pour se retrouver face au portail de l'école. Passant une main dans ses cheveux, il s'arrêta une seconde alors que Snape lui tendait un élastique.

Surprit, il ne bougea pas…. Et après avoir hésité une seconde, il tendit la main, récupérant le petit objet, rassemblant ses cheveux en un chignon mal fait sur le sommet de son crâne.

- Je….

- Plus tard. Nous aurons une discussion, Monsieur Potter, mais pas tout de suite.

Ah. Malgré toute la colère qu'il cultivait depuis des semaines… Il ne pouvait pas lui en vouloir à lui. Il ne pouvait pas le haïr comme les autres. Il...ne voulait pas. Et en même temps, il avait l'impression qu'il le lui permettrait.

Il lui dirait qu'il en avait le droit. Qu'il pouvait le haïr jusqu'à ce que son corps se consume, de son côté, il continuerait à être là.

Merlin. Passant une main sur son visage, il sentit la douleur revenir. Il l'avait trahi. Il lui avait menti et c'était encore lui qui était venu le sortir de sa prison. Prenant une lente inspiration, il se contenta de hocher la tête.

Poudlard. Il avait un sentiment mitigé quant à l'idée de revenir. Il craignait de revoir les corps sur le sol. Les murs en lambeau. L'herbe brûlée…

Mais non. Tout semblait normal. Alors qu'il traversait le parc avec Snape, rien ne laissait deviner ce qu'il s'était passé. Mais en même temps, n'avait-il pas d'abord passé trois mois dans le coma, puis encore quasiment cinq semaines enfermé au Ministère…?

La magie avait sûrement réparé tout dommage depuis bien longtemps. Et comme après le premier affrontement, il eut l'impression que ce que la Magie réparait avec tant de facilité, restait pourtant incomplet.

Il se sentait toujours mal à l'aise de voir qu'un simple sort pouvait effacer les traces d'événements si terribles… Comme une réalité mensongère. Comme un pansement qui aurait caché une plaie sanguinolente.

Mais après tout, il devait être le seul à penser ainsi.

S'arrêtant brusquement, il observa sans vraiment le voir un cratère à présent recouvert d'herbe. Il eut un sourire cynique avant de reprendre sa route, dépassant Snape qui s'était arrêté pour l'attendre.

- Où est Malefoy… ?

Il voulait le voir lui aussi. Il était fâché contre lui, il le savait. Il le lui avait dit à l'hôpital… Il se rappela en frissonnant ses hurlements. Il s'en rappelait trop bien. Ils l'avaient hantés pendant son espèce de sommeil magique. Il les avait entendus bien trop de fois pour ne jamais oublier.

Et l'expression qu'il avait eu. Alors il avait besoin de le voir.

- En cours je suppose. Je ne me tiens pas au courant des déplacements de Monsieur Malefoy. Mais le connaissant, il va probablement venir te chercher dès qu'il le pourra.

- Il sait que je suis sorti…?

- Il sait. Et ne me demande pas comment. Une vraie plaie.

Il réprima un rictus. Il se sentait nerveux. Nerveux de le voir. Nerveux de devoir s'excuser. Nerveux de devoir ramper à ses pieds pour obtenir son pardon… Et...Nerveux parce que, encore une fois, il revenait à moitié détruit. Instable. Dangereux. Fou.

Repoussant rapidement ses pensées qui commençaient à l'agiter, il sentit un frisson secouer sa colonne vertébrale. Il devait se maîtriser.

Snape le fit passer par une entrée reculée, donnant directement sur les cachots, lui évitant ainsi la traversée de l'école et les rencontres fortuites. Quand, enfin, il se retrouva dans les appartements de son tuteur, il se sentit… perdu.

Il n'avait jamais pensé revenir ici. Jamais pensé pouvoir survivre. Et… être ici, sans mission à accomplir… sans… rôle de sauveur était déstabilisant…

- Enlève tes chaussures et va prendre une douche. Ensuite habille-toi, il est bientôt l'heure de manger. Et tu as maigri.

Les consignes si terre à terre de l'adulte le sortirent de ses pensées et il le fixa une seconde, une pensée plus forte que les autres le percutant de plein fouet.

Il n'était plus personne… Il était juste Harry maintenant.. et malgré ça, il se comportait avec lui comme à son habitude… Il...prenait soin de lui peut-importe ce qu'il s'était passé.

Il lui avait menti et l'avait forcé à rester loin de lui alors qu'il se laisser tuer et… malgré ça il ne lui faisait pas de reproche. Il était venu le chercher pour le ramener à la maison. Juste comme ça.

Et il sentit sa magie brusquement vaciller sous le coup de l'émotion. A sa gauche, l'horloge murale se mit brusquement à sonner, attirant immédiatement l'attention de Snape sur lui.

- Harry…?

- Je… désolé...c'est juste…

Il hésitait. Il ne savait pas comment prononcer ces mots… Mais il le vit secouer lentement la tête.

- Je sais enfant. Va te doucher.

Et...sans qu'il n'arrive à se l'expliquer… il était persuadé que, effectivement, il savait. Hochant la tête, il retira ses chaussures et prit la direction de sa chambre, ayant un temps d'arrêt sur le seuil.

Rien n'avait bougé. Tout était exactement là où il l'avait laissé… Entrant lentement, il ouvrit son armoire pour s'emparer d'un pantalon et d'un t-shirt noir, s'enfermant ensuite dans la salle de bain, ouvrant l'eau pour s'enfoncer dans la douche.

C'était douloureux d'être là et de ne pas pouvoir parler. De ne pas savoir comment le faire. Comment atteindre cet homme. Lui dire qu'il n'avait pas fait ça sans réfléchir.

Qu'il savait quelle douleur il leur avait infligée mais qu'il n'avait pas su comment faire autrement.

Il ne savait pas comment lui expliquer à quel point il comptait. A quel point il était reconnaissant de l'avoir… D'être ici avec lui. Ni comment lui dire qu'il aurait vraiment voulu ….lui dire je t'aime.

Qu'il lui avait manqué. Qu'il était désolé. Qu'il nettoierait tous les chaudrons de l'école trois fois pour juste réparer un peu son erreur…

Merlin. Fermant les yeux alors que l'eau chaude coulait sur sa peau, la rougissant, il se crispa avant de se secouer. Il avait le droit de s'apitoyer sur lui. Sur l'injustice de la vie. Sur l'hypocrisie du monde. Mais pas en ce qui concernait son tuteur. Ni Draco. Eux. Il leur devait tout.

Se savonnant rapidement, il finit par sortir de la douche, s'habillant après s'être séché. Quand il rejoignit lentement le salon, il nota la présence d'un repas chaud sur la table. Son tuteur, déjà assis à sa place habituelle.

- Viens manger.

Il ne dit rien. Il obéit juste. Il s'assit et se mit à manger en silence. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il mettait dans sa bouche. II voulait juste qu'il soit content de lui. Ne pas le contrarier.

- Je ne suis pas fâché Monsieur Potter. Cessez de me dévisager ainsi et par pitié, faites attention à ce que vous manger. Je ne tiens pas à vous voir vous étouffer aujourd'hui.

Il sursauta un peu avant de poser sa fourchette… Il ouvrit la bouche, la referma.

- Vous n'êtes...pas fâché… ?

- Pas contre vous non.

- ….Pourquoi ?

C'était impossible. A un moment où un autre, il lui avouerait avoir envie de le crucifier quelque part… Il ne pouvait pas ne pas lui en vouloir…

- Disons que j'ai eu le temps de faire passer ma colère… Et que j'ai compris que les enjeux vous dépasssaient complètement. Je ne suis pas complètement inhumain Monsieur Potter. J'ai bien compris qu'on vous avait manipulé. Et depuis, j'ai décidé de rediriger ma colère vers ceux qui en étaient à l'origine.

Il ne savait pas quoi dire. Il était là, planté comme un imbécile, regardant cet adulte qui avait, toujours, quoi qu'il se passe, prit sa défense depuis qu'il l'avait recueilli.

Et malgré ce que lui avait fait, ce qu'il était… Il restait égal à lui-même. Et pendant une seconde, il se demanda si c'était ça d'avoir des parents…? Si c'était ça que Ron, Hermione ou Draco ressentaient quand ils parlaient de leurs parents.

Cette certitude absolue que même si, un jour, ils faisaient une connerie, ils n'abandonneraient pas leurs enfants. Ils seraient peut être fâchés, déçus… mais au fond, ils seraient tout de même là.

Est-ce que c'était ça que de se sentir en sécurité… ? Accepté..? Est-ce que c'était cette émotion incroyablement réconfortante…?

Ébranlé jusqu'au fond de son âme, à nouveau, sa magie se fit sentir, des petites étincelles, comme des étoiles, brillèrent partout dans la pièce faisant hausser un sourcil à Snape et rougir le survivant.

Merlin. Déjà qu'il avait toujours eu du mal à cacher ses sentiments...mais là… Il deviendrait absolument transparent pour le serpentard.

- Merci.

Il le vit juste hocher la tête et aucun autre mot ne fut prononcé jusqu'à ce qu'il ne termine jusqu'à la dernière miette de son repas. Alors seulement, son tuteur le mit au courant de ce qui allait se passer.

Il n'attendait, en réalité, pas grande chose. Il devait retourner en cours et prendre des leçons supplémentaires afin de tenter de maîtriser cette magie qui, depuis la scission de son âme, se manifestait à tort et à travers.

Il le prévint aussi que vis-à-vis des autres élèves, la situation serait probablement difficile pour lui. Nombreux étaient ceux qui l'adulaient. Quant au Ministère et à la presse, il devrait juste se référer à son tuteur.

Il se contenta de hocher la tête jusqu'à ce que Snape ne se lève.

- Je pense, Monsieur Potter, que vous devriez aller l'attendre dans sa chambre. Je préférerai ne pas être témoin de vos...retrouvailles.

La voix froide de son tuteur manqua de faire s'étouffer le survivant sur son verre d'eau. Toussant et crachant, il hocha vaguement la tête alors que l'homme disparaissait en lui indiquant qu'il avait un cours à donner à des "stupides premières années sans talent".

Merlin. La chambre n'était peut-être pas une bonne idée...


Il lança discrètement un tempus pour la dixième fois de l'heure et soupira intérieurement en constatant que la fin approchait rapidement.

Salazar. Jamais un cours de sortilège ne lui avait semblé aussi long. Il devait être rentré maintenant. Il avait fait jouer les relations de son père pour obtenir des informations sur Potter dès l'instant même où l'Ordre avait réussi à faire flancher Kingsley et attendait ce moment depuis des jours.

Potter. Il n'avait toujours pas décidé s'il voulait se jeter sur lui pour lui faire comprendre avec sa bouche, avec ses mains sur son corps à quel point il allait regretter… Ou s'il allait simplement le faire regretter à vie et culpabiliser comme jamais.

Il avait été furieux… Jamais de sa vie il ne s'était sentit à ce point trahis. Quand il l'avait vu lui jeter ce regard. Qu'il s'était senti… mourir de l'intérieur… Qu'il avait dû combattre sa propre culpabilité pendant des semaines entières de n'avoir pas réussi à contourner les règles du serment pour prévenir quelqu'un.

Il l'avait détesté, il l'avait viscéralement haïs de lui avoir fait subir ça. Et puis petit à petit, la colère brûlante, dévastatrice s'était transformée en quelque chose de plus froid. Et quand il l'avait vu, réveillé, désolé, pendant une seconde il s'était dit que, peut-être, tout cela n'était pas de sa faute non plus.

Il avait vite fait une croix sur sa commisération à l'égard du sauveur du monde. Il était Draco Malefoy. Et personne ne traitait l'héritier Serpentard, le Prince, de cette manière. Pas même le Héros du Monde chevauchant Dragons et Hippogriffes.

Alors, quand il le reverrait, quand il serait enfin là, il avait intérêt à se traîner à ses pieds.

Et par Merlin ! Est-ce-que, pour UNE fois, le Professeur Flitwick ne pouvait-il pas se dépêcher de leur donner ses fichus indications pour le devoir de la semaine suivante ?

Quand le petit professeur eut finalement donné le signal de départ à ses étudiants, tous se levèrent d'un seul homme. Rangeant soigneusement ses parchemins et l'encre dans son sac, il en jeta la lanière sur son épaule avant de prendre le chemin de la sortie, fronçant les sourcils alors qu'un attroupement s'était formé, l'empêchant de passer.

- Harry Potter...C'est lui…

- Il est revenu… Il est là….

Se figeant aux chuchotements qui enflaient autour de lui, il joua des coudes et se fraya un chemin parmi les étudiants. Plissant les yeux lentement alors qu'il observait l'étudiant qui se tenait là.

Potter. Il laissa lentement couler son regard sur lui. Il était en face de la salle de classe, appuyé contre le mur, mains dans les poches.

Physiquement, il avait légèrement maigri et il semblait pâle. Ses traits marqués par la fatigue alors qu'il le fixait lui. Il ne bougeait pas. Nonchalamment appuyé contre le mur.

Fronçant les sourcils, il l'étudia encore un peu. Il était vêtu d'un pantalon noir classique et portait un pull réglementaire dont il avait remonté les manches jusqu'aux coudes.

- Potter.

- Malefoy.

Il le vit se redresser lentement et haussa très lentement un sourcil.

- Tu t'es perdu…?

- Pas content de me voir Malefoy…?

Il s'était attendu à un survivant moins...combatif. Laissant apparaître un rictus sur ses lèvres, il le toisa de son regard glacial avant de hausser les épaules.

- Ravi Potter. Tu as toujours été la lumière de mes nuits.

Il le vit s'approcher encore d'un pas, lentement.

- T'es de bonne humeur aujourd'hui Malefoy.

- Autant que d'habitude Potter. Surtout quand je tombe sur un revenant. Tu n'étais pas mort dis-moi…?

C'était bas. Le silence s'était fait dans le couloir, tous les étudiants suivants l'échange, suspendus aux lèvres des deux meilleurs ennemis de l'école.

Plusieurs personnes grimacèrent lorsque le blond attaqua de front le brun. Sauf que personne ne s'attendait à voir le brun ricaner.

- Ça fait bizarre hein. On dirait que j'peux pas crever en paix. Doit encore y avoir des gens à sauver.

- C'est la tragique Destinée des Héros Potter. Tu veux peut-être pleurer un coup ?

- Ça dépend Malefoy. Je peux pleurer sur ton épaule ?

- Potter. Tu sais combien coûte mon pull…? Tu penses que je vais te laisser l'utiliser comme un vulgaire mouchoir ?

C'était comme d'assister à un de leurs échanges il y a quelques années. Piquant. Plein de sarcasmes. La tension montant petit à petit entre eux alors qu'ils se dévisageaient, personne n'osant intervenir.

Personne n'ayant la moindre envie d'aller se mettre entre eux.

- Oh… Madame a peur d'abîmer ses vêtements. Pardon Malefoy, pendant une seconde je pensais que t'étais un mec

- Tu veux peut-être que je te rappelle ce qu'il y a entre mes jambes Potter.

- C'est une proposition Malefoy…?

- Un avertissement Potter… Tu devrais le savoir.

Le survivant s'était encore approché. Il était à quelques pas du blond, souriant de cet air de débauché provocateur. Il se balançait sur ses pieds, semblant s'amuser follement à provoquer le serpentard.

- Un avertissement de quoi ?

- Tu sais très bien Potter, qu'il faut éviter de me provoquer

- Oui je sais…

- Alors…?

- Alors quoi ?

Il sentait petit à petit l'excitation monter. Il le fixait et voyait sa bouche se tordre dans un rictus provoquant. Il voyait le tissu de son pantalon se tendre lentement sur ses cuisses. Il voyait sa langue passer sur ses lèvres. Ses yeux brûlants.

Il voyait la veine sur le côté de son cou battre.

Il voyait Potter, nu, sur son lit. Les cheveux détachés et le provoquant encore et toujours.

Merlin.

- Alors tu devrais penser à ne pas trop me chercher Potter.

- Et si j'avais envie que tu me trouves Malefoy… ?

Il inspira. Pinça les lèvres. La température montait inexorablement entre eux. Plusieurs étudiants semblaient tout aussi excités que le blond.

- Vraiment Potter… ? Tu reconnais enfin les choses

- Lesquelles Malefoy…?

Il craquait. Il se sentait glisser sur cette pente dangereuse qu'était le survivant. Il l'entraînait avec lui. L'entraîner… se retrouver nu, sur lui, sur un sol glissant.

Il inspira à nouveau. La température montait-elle réellement dans le couloir…? Pourquoi certains d'entre eux défaisaient-ils leurs cravates…? Et pourquoi certains avaient-ils les joues rouges..?

Il s'avança brusquement, rapidement, saisissant le menton du brun entre ses doigts, approchant son visage à quelques centimètres du sien, soufflant sur sa bouche, voyant ses pupilles se dilater alors qu'il se léchait les lèvres, déglutissant difficilement.

- Que tu m'appartiens Potter.

- Peut-être...

- Peut-être quoi ? Fais des phrases complètes, j'en ai marre de me répéter avec toi.

Il le fit basculer légèrement la tête, le dominant de sa taille, souriant lentement alors qu'il le maîtrisait de ce simple geste.

Potter respirait plus vite. Il avait laissé ses mains dans ses poches, ne baissant pas les yeux une seule seconde, un sourire déformant sa bouche pleine à son tour.

- Peut-être que je suis d'accord de t'appartenir.

- D'accord…?

- Quoi Malefoy…? Tu pensais quand même pas que t'avais plein pouvoirs sur moi ?

Il plissa encore les yeux. Potter s'amusait. C'était évident. Il voulait jouer. Il se cachait derrière sa façade de provocation pour le faire sortir de son château des glaces… Il le connaissait bien.

Potter… Des glaçons sur sa peau, fondant à cause de sa chaleur.

Le lâchant brusquement, il se recula, époussetant faussement sa veste.

- Bien Potter. Vient me voir quand tu sauras ce que tu veux.

Il tourna le dos au survivant et allait quitter les lieux quand Potter le rattrapa par le col, frôlant son oreille de ses lèvres, y laissant glisser sa langue une fraction de seconde.

- Ce que je veux Malefoy, c'est me faire pardonner. Une idée de comment faire…?

Potter aurait sa peau. Il sentit un long frisson descendre droit dans ses reins. Il le voulait. Il le voulait maintenant. Il lui avait manqué. Il avait besoin de le toucher. Besoin de s'assurer qu'il était entier. Vivant. Le toucher. Le goûter. Vérifier que tout ça n'était pas des conneries. Vérifier qu'il se rappellerait toute sa vie à qui il devait des comptes maintenant. Il voulait le marquer.

Il entendit à peine le hoquet de l'étudiante à sa droite et qui fixait Potter en s'éventant. Il ne vit pas Zabini ricaner ou encore Nott lever les yeux au ciel.

Il ne vit pas Granger débarquer en courant, suivit de Weasley. Tout ce qu'il voyait, c'était le dos de Potter en train de se barrer.

Et ses fesses.

Une seconde plus tard, il le chopait par la taille, plaquant son torse contre son dos, son bassin contre ses fesses, ne laissant aucune illusion à Potter sur l'état dans lequel il se trouvait maintenant à cause de lui.

- Potter…. Tu n'as toujours pas compris la leçon je vois…

- Laquelle Malefoy… ?

Il avait la voix un peu plus rauque. Un peu tremblante alors qu'il laissait sa tête basculer en arrière, posant l'arrière contre l'épaule du blond, lui laissant accès au côté de son cou, frissonnant entièrement quand il y sentit la langue brûlante du serpentard.

- Celle où je te dis de ne pas me pousser à bout.

- Parce que sinon il faudra m'attendre à des conséquences…?

- Oui.

- Si...je l'ai retenue. J'attends les conséquences maintenant.

Merlin. Il était définitivement perdu. Personne ne pouvait le faire perdre son calme à ce point. Personne à part lui. Il jeta un regard incendiaire à Granger qui venait de se planter devant lui.

- Dégage Granger

- Mais….

- Pas maintenant.

- Ouais…

Le survivant souriait en grand, envoyant un coup de bassin au blond qui gronda.

- Pas maintenant Hermione.

Elle les fixa une seconde avant d'ouvrir la bouche et de devenir rouge tomate, Zabini la cueillant en ricanant, l'entraînant avec lui tout en parlant de devoir de potion.


- Je vois. Oooh que c'est intéressant. Je ne pensais pas, Monsieur, que vous seriez une mine d'information si précieuse….

Elle hocha la tête, jubilant, son regard s'illuminant déjà aux différents scénarios se formant dans sa tête. Incroyable. Qui aurait pu croire une chose pareille ?

Pas elle en tout cas. Mais il était évident que ces informations lui seraient utiles. A manier avec précaution pour éviter tout retour de flammes, mais, elle venait de mettre la main sur une monnaie d'échange tout à fait fabuleuse.

- Parlez-moi donc de leurs relations.

La suite de sa conversation la rendit quasiment extatique. Jamais, au grand jamais elle n'aurait pu rêver mieux.

Grâce à ça, elle allait pouvoir écrire l'article de sa carrière. Rangeant sa plume et se levant avec grâce, elle adressa un charmant sourire à l'adolescent face à elle et inclina la tête pour le saluer.

Il était temps de se mettre au travail.