Vous n'êtes pas prêt.e.s !
Rar :
Merci beaucoup pour ta review Ilona ! Je suis très contente de commencer à te stresser (pardon), et aux anges que ce soit ton préféré. On va continuer dans cette direction de magouilles et de danger, j'espère que ça va te plaire !
Lilmery : Merci beaucoup pour ta review !
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Caravan Palace – "Lone Digger"
Tame Impala - "The Less I Know The Better"
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C'est une matinée calme. La municipale n'a pas d'affaire à leur donner, et Tony s'use les yeux sur l'affaire Cardenas qu'il est discrètement allé repêcher aux archives. Loki ne compte pas se joindre à lui, il est inutile et contreproductif de sa part de l'aider à se poser les bonnes questions.
Il ne sait pas trop ce dont il a peur, car il n'y a pas grand-chose à dire. C'est sans doute l'Autre qui s'en est chargé, ou peut-être tout simplement celui qui a remplacé Julio comme bras droit de Viktor. Ils n'ont sans doute laissé aucune empreinte, puisque l'anti-gang n'a même pas pris la peine de leur récupérer l'affaire. C'est la procédure s'ils sentent que des policiers pas trop mauvais pourraient trouver quelque chose, comme celle du vendeur de chimichangas, quelques mois plus tôt. Loki n'a jamais compris pourquoi Amora s'en est chargée elle-même, et surtout, en laissant autant de preuves, y compris la caméra de surveillance.
Son téléphone vibre discrètement. Il s'agit de sa seconde carte SIM, et il se lève pour aller fumer sur le balcon.
Amora a essayé de l'appeler. Loki met son écouteur pour la discrétion en songeant aux loups, aux requins et aux mauvais pressentiments.
Sans même le saluer, elle lance :
"Avec les changements de management qu'il y a en ce moment, l'antigang fait preuve de relâchement. Le patron voudrait que tu y passes pour mettre un coup de pression.
-Il y a mon frère à l'antigang, Amora. Et les gars de la Crim' les détestent, ils vont trouver suspect que j'aille les voir.
-Bouhou, pauvre chou, que veux-tu que j'y fasse ? se moque-t-elle dans un petit rire.
-Ou je peux leur dire que je vais récupérer le dossier d'Andrès pour le rouvrir.
-Qui ça ?
-Le vendeur de chimichangas. Tu vas me dire pourquoi tu avais fait ça ?
-Il n'y avait personne de libre pour le faire, et j'étais stone.
-J'ai retrouvé le gigot où tu avais vidé son chargeur, Amora. On aurait dit une mise en scène.
-Très drôle, Loki. Menace-les bien, et passe le bonjour de ma part à qui tu sais ."
Loki raccroche avec la main un peu crispée. Il finit sa cigarette en réfléchissant à la marche à suivre, puis quitte le balcon d'un pas rapide.
"Tony, lance-t-il avant d'arriver à son bureau. Je vais à l'anti-gang, fait-il en mettant sa veste. Je vais te ramener le dossier d'Andrès. J'ai l'impression qu'il est lié à celui des Cardenas."
Contrairement à l'irruption de joie à laquelle il s'attendait, son coéquipier se contente de froncer les sourcils et de le fixer un moment, lançant :
"Comment ça se passe avec ton frère ?"
-Toujours pareil, répond-il. Mais j'espère avoir son aide pour le dossier.
-Il est quand même bizarre, pour te filer un renseignement quand tu le demandes, puis être ok avec le fait que tu disparaisses de nouveau pendant des semaines."
Ah oui, Loki avait dit que c'était son frère qui lui avait révélé que Julio Cardenas empaquetait de l'héro le soir de la mort d'Evelyn Evans, et non Viktor.
"Oui, baisse-t-il les yeux avec un petit rictus, il fait semblant de me détester, mais il court vers moi quoique je fasse.
-Tu as de la chance, d'avoir quelqu'un comme ça. Essaie de renouer un peu. L'inviter à boire un verre, regarder un vieux film avec lui, ce genre de trucs.
-Je vais essayer."
Il se détourne et va vers l'ascenseur. Tony le regarde un instant, puis se replonge dans son dossier.
Il s'est retenu de lui dire qu'étant à l'antigang, son frère ne travaille peut-être plus pour la police. Il a senti que d'une certaine façon, ce ne serait pas bien passé auprès de son ancien bleu.
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Loki gare sa moto sur le parking, et prend l'ascenseur vers les étages. Il respire à fond, construisant les dialogues dans sa tête. Il voit très bien comment il va intimider les agents, mais il n'a aucune idée de la façon dont va réagir Thor en le voyant. Il n'est sûr que d'une chose, et c'est que ce ne sera pas discret. Oh, il pourra toujours essayer, de lui dire de se calmer, de l'entraîner dans un coin où il y aura moins d'oreilles à traîner, mais cela finira toujours avec des cris, des larmes et des bleus.
La première chose qu'il voit quand les portes de métal s'ouvrent, c'est le tableau d'honneur de l'antigang, où sont accrochées les photos de ceux qui ont reçus des médailles d'honneur pour avoir lutté contre la mafia. Celle tout en haut est entourée d'un cadre noir, et contient un sourire qui accentue les rides au coin de son regard bleu et franc.
Loki n'a revu ce visage que dans ses cauchemars ou ses délires dus à la drogue, et cette photo semble le fixer lui, en particulier.
Cet homme était le précédent directeur de l'antigang, et avait fini par en apprendre trop. On lui avait proposé une très belle somme d'argent pour se taire, qu'il avait refusée. Malgré plusieurs jours d'interrogation agressive, ils n'avaient rien pu tirer de lui, ni informations, ni quelles autres personnes étaient au courant. Il devenait activement recherché, et dangereux à garder en vie. Pour pouvoir devenir numéro cinq de l'organisation, c'était lui, que Loki avait dû achever d'une balle dans la tête.
Ironiquement, les gars de l'antigang qui travaillent pour eux voient tous les jours l'exemple de ce qui leur arrivera s'il leur prend l'envie de doubler la mafia.
Voir ce visage souriant lui rappelle ce jour de pluie où Fury l'a rejoint devant la tombe de sa victime, et lui a demandé si c'était bien lui qui avait tué son vieil ami.
C'est ce jour-là qui a marqué le début de la partie de roulette russe qu'il joue depuis.
"Loki ? l'interpelle-t-on devant l'ascenseur.
C'est son frère. Il a les cheveux courts, une barbe de trois jours, ainsi que des yeux trop bleus et trop écarquillés.
"Quel est ton étage ? s'enquiert tranquillement Loki en posant ses doigts sur le panneau de commande.
-Qu'est-ce que tu fais ici ?
-Entre, tu ne vas pas rester là."
Thor entrouvre la bouche, puis jette un œil par-dessus son épaule et s'exécute. Il reste un instant silencieux, fixant un point quelque part vers le tableau d'honneur. Puis il baisse la tête, et appuie sur le bouton de fermeture des portes. Loki croit qu'il va sélectionner un étage, mais il presse un bouton rouge, qui bloque l'ascenseur et instaure une lumière bordeaux sombre.
Cela ne va pas les aider à discuter calmement, songe Loki en levant les yeux vers les LED sur les murs.
"J'ai envie de te frapper, commence Thor.
-Moi aussi, je suis content de te voir, murmure-t-il doucement.
-Je t'ai cru mort, bon sang. C'est par Papa que j'ai appris que tu bossais avec la Crim'. À quoi tu joues ? Tu travailles toujours pour eux, pas vrai ?
-Venant d'un type qui travaille à l'antigang, elle est facile.
-Il reste encore des gens intègres, dans la police.
-Oui, mais tes amis n'en font pas partie, explique doucement Loki en regardant le tableau de commandes.
-Qu'est-ce que tu fais ici ? répète-t-il d'un ton désormais agressif.
-Je viens récupérer un dossier louche que vous avez pris il y a quelques mois."
Thor ouvre la bouche, puis la referme, visiblement blessé. Loki ne peut s'empêcher de regarder avec fascination la façon dont toutes les émotions de Thor se peignent sur son visage, comme quand ils étaient petits. C'est si facile de lui mentir, si facile de changer son regard avec quelques mots choisis. Comment a-t-il survécu tout ce temps dans ce monde, dans cette ville ?
"Récupérer un dossier, articule patiemment Thor. Très bien.
-J'espérais aussi te voir. Prendre des nouvelles.
-Ah, ponctue-t-il d'un ton sec. Eh bien, ma compagne m'a largué, je ne parle plus à mon père, mon frère est un tueur, et ma mère est morte d'un cancer. Ça te va, comme nouvelles ?
-Thor, soupire Loki. Je viens renouer. J'ai changé. J'essaye de faire bouger les choses, de réparer les torts que j'ai causés.
-Je n'en crois pas un mot. Tu es leur taupe à la Crim', oui ou non ?"
Loki serre les dents. C'est plus fort que lui, Thor fait renaître en lui cette rage sourde qui l'a dévoré quand il était jeune. Cette envie de tout détruire autour de lui. Il doit se rendre à l'évidence, il est tout simplement incapable de rester maître de ses émotions en sa présence.
"Crois ce que tu veux, marmonne-t-il. Je récupère le dossier d'Andrès Castro Lozano, avec ou sans tes liens familiaux.
-Tu as un sacré culot de parler de "liens familiaux", après avoir refusé de m'appeler ton frère pendant des années.
-J'étais jeune, et en colère. Ton père m'a dit ça juste après la mort de maman, sans aucun tact. J'ai... perdu le contrôle.
-...Et au lieu de parler à ton frère également en deuil, tu coupes les ponts avec lui, et tu rejoins la mafia de New York, pour faire toutes les choses horribles qu'ils veulent que tu fasses. Oui, c'est logique."
Loki frappe du poing le bouton rouge qui redémarre l'ascenseur. C'est plus qu'il ne peut en supporter. Il fera son intimidation par téléphone. Thor rappuie aussitôt sur le bouton, empêchant les portes de se rouvrir, et se penchant pour lui signifier qu'il veut une réponse.
"Je ne suis pas en train de te mentir, finit par siffler Loki. Je suis du bon côté, maintenant. Tant pis si tu ne veux pas me croire.
-Ne me fais pas de chantage affectif, s'offusque Thor. J'ai supporté beaucoup trop de conneries pour que tu me sortes cette carte.
-Tu as supporté ? Tu te moques de moi ? Toutes ces années à ne pas me sentir à ma place, à me sentir comme le mauvais fils, parce que Père ne voulait regarder que toi ?
-Je peux savoir pourquoi tu remets les erreurs de papa sur mon dos ?
-Parce que tu ne sais pas ce que c'est, de grandir comme ça, rage Loki en frappant le bouton, et tu essayes quand même de me dire que ce n'était rien !
-On ne met pas le fait de balancer des corps dans le fleuve sur nos daddy issues, Loki !"
La porte de l'ascenseur s'ouvre sur ces mots, et tout le service tourne la tête vers eux.
Thor tourne la tête vers ses collègues, et reste un instant paralysé. Bravement, il finit par lancer :
"Club théâtre, sur la 5ème rue. C'est super bien, on répète pour la pièce de juin. J'espère que vous viendrez nombreux."
Loki ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel. Les collègues de Thor l'ont très bien reconnu. Ils sont tous là, Volgstagg, Fandral, Sif, et ils savent tous qu'il est le numéro cinq. Leur rappeler qu'il est très doué pour se débarrasser d'un corps est précisément ce que Loki est venu leur faire. Sans perdre de temps, il se dirige vers eux d'une démarche pressée et menaçante. Une fois devant Fandral, et un peu trop près de lui, il murmure :
"Andrès, le vendeur de chimichangas tué par Amora il y a huit mois. Vous avez toujours le dossier ?
-Dans un casier sur une étagère.
-Je viens le récupérer pour m'en débarrasser.
-Vous auriez pu nous passer un coup de téléphone, tente-t-il courageusement, on l'aurait fait.
-Je viens vous rappeler de ce qu'il se passera si on ne vous fait plus confiance, marmonne Loki en donnant un petit coup de tête vers le tableau d'honneur."
Fandral lève les yeux, et regarde un instant la photo de Phil Coulson. Il baisse de nouveau la tête, et la hoche lentement.
"Vous faites de la merde, en ce moment, rajoute Loki en se rapprochant encore. Continuez, et on renouvelle le service avec des rats dignes de confiance. Je peux avoir ce dossier ?"
Fandral lui fait signe de le suivre, et l'emmène dans le couloir des archives. Il est enterré derrière les dossiers habituels, dans une boîte à chaussures. Ils retournent dans les bureaux, et Thor l'attend les bras croisés, son regard hostile sur Fandral. Mais c'est de Loki dont il s'approche, et chuchote :
"Je peux savoir ce que tu fais ?
-Un verre, à vingt heures ? lui murmure-t-il en retour.
-Pas question.
-Le Rise, dans Hell's Kitchen."
Il s'en va sans un mot de plus, et entre dans l'ascenseur. Alors que les portes se referment, son frère le fixe toujours d'un regard noir et déçu. Les parois de métal se rejoignent, et la machine commence à descendre. La boîte à chaussures dans ses bras, Loki soupire en levant les yeux vers le plafond, songeant que ça s'est aussi mal passé que prévu.
Quelle idée stupide il a eu de lui proposer un verre. Comme s'il avait envie de poursuivre ce fiasco.
Il songe que si Thor se décide à venir, ils vont sûrement se taper l'affiche. Encore.
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Quand il rentre à la Crim' avec la boîte à chaussures dans les mains, Tony se lève d'un bond et vient vers lui.
C'était cette réaction à laquelle il s'attendait lorsqu'il avait annoncé aller récupérer le dossier Cardenas. Il ne l'avait pas cru ?
"Comment tu as fait ? lui demande le lieutenant avec une expression étonnée.
-Mon frère m'a aidé, ment-il. On va peut-être boire un verre, ce soir, avoue-t-il. »
Il avait appris au fil des années qu'un mensonge passait mieux avec une vérité glissée juste après.
Tony a un sourire en coin.
"C'est super. Content pour toi. C'est trop con, d'avoir de la famille encore en vie et de rester fâchés. Même si c'est une adoptive.
-J'ai eu ma dose de sentiments pour la semaine, est-ce qu'on peut se mettre au boulot ? assène Loki en lui confiant la boîte."
Tony va jusqu'à lui chercher un café pour le remercier, et ouvre le couvercle de la boite avec fébrilité. Alors qu'il commence à relire ses propres notes et à se remettre dans l'atmosphère poisseuse de cette matinée de fin septembre, Loki le regarde. Il cherche à déterminer s'il pensait tout ce qu'il a dit à Thor. S'il a changé, s'il est à présent du bon côté, s'il cherche à réparer ce qu'il a fait de mal. S'il y a un sincère espoir qu'il y parvienne sans y laisser la vie. S'il veut réussir, il va devoir persuader tout le monde qu'il est du côté de la mafia, ce qui implique de tous les trahir et les décevoir, y compris son frère.
Ils travaillent tout l'après-midi et le début de soirée. Tony surveille l'heure, n'ayant pas oublié qu'il a rendez-vous avec cette Vanessa sur les docks, mais ne le mentionnant pas à Loki. Il n'a pas envie de le mettre en danger si les informations de la journaliste valent effectivement le coup et se révèlent sensibles. Il verra plus tard pour associer ou non ses collègues, en tâtant le terrain d'abord.
Alors qu'ils sont dans les papiers jusqu'au cou, et qu'il est déjà en retard, il lance à Loki :
"Tu ne devais pas prendre un verre avec ton frère ?"
Il n'obtient d'abord qu'un grommellement, puis un marmonnement indistinct :
« Je ne sais pas si je vais y aller, finalement.
-Tu veux lui poser un lapin ? Très mauvaise idée mon grand, tu vas tuer dans l'œuf ce que tu veux reconstruire.
-Je vais encore le blesser, même si j'y vais.
-C'est ce que font les frères. Enfin, je crois. Je n'en ai pas, mais je crois que c'est l'idée."
Loki souffle par le nez, reste immobile un instant, puis se lève pour mettre sa veste.
"Bonne chance, lui lance Tony en s'enfonçant confortablement dans son siège. Tu me raconteras demain.
-Très bien. Bonne soirée.
-Merci pour le dossier.
-De rien. J'aimerais faire plus, lui avoue-t-il à mi-voix. Pour la ville.
-Moi aussi, souffle-t-il."
Loki lui jette un dernier regard, puis retourne à l'ascenseur.
Tony attend quelques minutes qu'il soit parti en regardant les photos du cadavre d'Andrès, puis met à son tour un vêtement chaud.
Il fait froid, là où il va.
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Vanessa attend dans sa voiture sur les docks. Le soleil est en train de se coucher, et au-dessus de l'Hudson, le ciel s'assombrit déjà. Elle ne peut s'empêcher de jeter des coups d'œil nerveux autour d'elle, et de vérifier son téléphone toutes les deux minutes. Il est en retard.
Elle sait qu'elle peut faire confiance à Virginia, et que Virginia ne fait pas confiance facilement. Elle a eu affaire à tant de menteurs invétérés et de politiques corrompus au cours de sa carrière qu'elle a gardé très peu d'informateurs. Elle est quasiment sûre que le lieutenant Stark est fiable, mais son angoisse lui murmure le contraire dans un coin de sa tête.
Tu vas mourir.
Ils vont te tuer.
Tu vas finir dans le fleuve.
Elle secoue la tête d'un geste agacé, et sursaute en entendant un bruit de moteur. Elle surveille la voiture dans son rétroviseur, et le suit du regard tandis qu'il se gare à sa droite. Les pneus crépitent sur le mauvais béton du quai, et elle a le temps d'entendre le refrain de Highway To Hell avant que la radio ne s'éteigne.
Le lieutenant Stark lui fait un signe de la main, et Vanessa met ses deux téléphones dans son sac à dos. Il est trop tard pour reculer.
Elle ouvre la portière et s'installe sur le siège passager en lançant :
"Ce n'est pas trop tôt.
-J'avais du travail. Mais j'ai préféré venir plutôt que rentrer chez moi, alors je vous conseille de ne pas trop m'emmerder avec la ponctualité.
-Vous en êtes, susceptible. Ecoutez, je voulais vous parler parce que, cela fait plusieurs mois maintenant que je collecte des informations sur le crime organisé à New York, et... Je pense être tombée sur quelque chose de gros.
-C'est pour ça que Pepper vous a donné mon nom.
-Oui. Elle a dit que je pouvais vous faire confiance."
Le lieutenant reste silencieux, le regard planté sur les couleurs pastel du ciel du soir. Vanessa laisse s'écouler un moment en attendant qu'il parle, mais l'impatience la gagne et la fait demander :
"Vous ne me dites pas d'aller me faire foutre et d'aller à l'anti-gang ?
-Ils sont presque tous pourris, à l'anti-gang."
Vanessa soupire. Elle s'y attendait, mais cela ne veut pas dire que l'entendre lui fait plaisir.
"Je peux vous aider, finit-il par dire. Mais il va falloir que vous soyez très prudente. Je ne connais pas la teneur de vos informations, mais je ne crois pas que vous réalisiez qu'elles peuvent mettre nos vies en danger.
-Je ne crois pas que vous réalisiez que cette ville est gangrenée, que les gens souffrent, que les gens meurent, et que personne ne fait rien.
-Je suis aux premières loges, crache Tony en la regardant pour la première fois. Je suis au courant. Mais la dernière fois que je me suis frotté à eux, c'est grâce à Pepper que je m'en suis sorti. C'est uniquement pour elle que je n'ai pas laissé Rosa vous foutre dehors.
-Et je vous en remercie, lance Vanessa pour tenter de l'apaiser. Je suis désolée de vous mettre en danger, mais j'ai besoin de clés de compréhension, et d'aide matérielle. En fait, je crois que j'ai surtout besoin de quelqu'un d'autre au courant s'il m'arrive quelque chose."
Tony lui jette un regard, puis souffle par le nez. Vanessa sent qu'elle a gagné, et sort l'un de ses téléphones de son sac.
"Tout est là, lance-t-elle. Qui ils sont, ce qu'ils font. Je sais même où ils se réunissent le plus souvent, il s'agit d'un entrepôt inutilisé de Walmart, sur les docks, de l'autre côté du fleuve."
Le policier se plonge silencieusement dans l'étude des données qu'elle a rassemblées, les très rares photos, les surnoms, les hypothèses et les innombrables points d'interrogation. À un moment donné, il lui souffle d'attendre, et se penche sur sa plage arrière pour attraper un carnet et un crayon. Alors qu'il fouille les poches de sa sacoche pour les trouver, Vanessa ouvre discrètement la boîte à gants, et y dépose son second téléphone. Stark se redresse et commence à griffonner sans lui jeter un regard. Après un long moment, il lui souffle :
"Bon. Merci beaucoup. Grâce à vous, on va y arriver. Maintenant, vous devez quitter la ville. Allez chez vos parents, dans l'Oregon, ou à San Francisco, mais quittez la ville.
-Je ne vais pas m'enfuir, lui rétorque-t-elle, pas maintenant.
-Je ne plaisante pas, Vanessa. Vous en savez trop, vous êtes en danger.
-Pourquoi vous ne quittez pas la ville, vous ?
-Parce que c'est mon métier.
-Moi aussi, c'est mon métier, d'enquêter, lui rétorque-t-elle avec son regard planté dans le sien. Je connais votre dossier, lieutenant.
-Justement, réplique-t-il sans lui laisser le temps d'évoquer le dit-dossier. Je suis toujours là. J'ai la peau dure. Vous, par contre, on va vous trancher la gorge.
-J'ai un pied dans leur camp.
-Ce n'est jamais assez, Vanessa. Jamais. On croit qu'on compte pour eux, et en fait, ça ne leur pose jamais aucun problème de presser la détente, avoue-t-il avec l'air d'avoir la gorge serrée. Ce ne sont pas des gens comme vous et moi. Ce sont des requins, des bouchers, des monstres.
-L'être humain est un monstre, Stark. Vous travaillez à la Crim', vous êtes sûrement au courant.
-Je ne plaisante pas, Vanessa. Surveillez vos arrières. Même nous, on ne peut pas vous protéger d'eux.
-Je serai prudente, lieutenant. Bonne soirée."
Tony la laisse ouvrir la portière et regagner sa voiture sans la quitter du regard. Alors qu'elle démarre pour retourner à la ville, il songe qu'il aurait dû la forcer à dormir chez lui, puis la foutre dans le premier avion pour le Wyoming.
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J'espère que le chapitre vous a plu, et que vous stressez bien pour eux !
Merci d'avoir lu et à bientôt !
