Kelewan : J'aime Harry, j'aime Pansy, j'ai besoin d'en faire des amis... reste à voir quel genre d'amis ils seront ;) Pour ce qui est de Quirrel, nous sommes loin d'en avoir fini avec lui !

misa2 : c'était en effet une erreur, que je ne m'explique pas... l'écriture a des raisons que la raison ignore ;)


Chapitre 36 : Des histoires de plans


Harry baissa les yeux sur le garçon qui se tenait debout devant lui, l'air embarrassé.

Le week-end était passé à une vitesse folle, et il n'avait presque pas remarqué, ce matin, qu'on était déjà dimanche.

-Tu es Harry, c'est ça ?

Il haussa les sourcils et l'observa un instant, détaillant les traits de son visage.

-Et tu es probablement le dernier garçon des Weasley... Ronan, ou Ronald ?

-Ronald. Mais je préfère Ron.

-Eh bien, je suis Harrison, mais on me connait en effet sous le nom d'Harry. Ravi de faire ta connaissance, dit-il en tendant la main, souriant poliment.

Face à lui, le garçon la considéra un instant, à moitié surpris et sceptique, avant de la serrer malgré son hésitation.

Harry tut la réflexion qui lui vint sur la transparence de son visage.

-On m'a dit que tu étais plutôt doué en Sortilèges.

-C'est le cas. Tu as besoin d'aide ?

Le rouquin ouvrit la bouche, l'air prêt à dire quelque chose, mais se ravisa au dernier moment.

-Oui.

Il devina sans mal qu'il avait d'abord voulu lui demander ses cours. Puis, s'était rappelé qu'ils ne se connaissaient pas.

Un bon point...

-Très bien. Si je me souviens bien, votre dernier cours demain est la botanique. Tu penses pouvoir me retrouver à la bibliothèque à dix-huit heures et demie ?

-Je suppose que oui...

-Alors c'est réglé. A demain, le salua-t-il brièvement avant de le contourner pour continuer sa route.

-Harry ?

L'interpelé tourna brièvement la tête, interrogatif.

-Merci. Je sais que je n'ai pas fait très bonne impression dans le cours de McGonagall, lundi matin.

-Ce sont des choses qui arrivent.

Ce n'étaient pas des choses qui devraient arriver. Mais, encore une fois, il se garda de le dire.


Dès qu'il passa les portes de la bibliothèque, son attention fut attirée par Tracey, qui s'était déjà installée, et qui lui faisait des signes de la main.

Il lui rendit son sourire.

-Excuse-moi, j'ai été retenu, chuchota-t-il en s'asseyant à ses côtés, déballant à son tour ses affaires.

-Aucun souci. J'ai fait quelques recherches, dit-elle en poussant quelques brouillons de parchemins au milieu de la table.

-De même.

Elle sembla agréablement surprise.

-Pendant un moment, j'ai eu peur que tu m'aies demandé ça pour que je travaille à ta place, souffla-t-elle, un rictus pétillant aux lèvres.

-Un gentleman ne ferait jamais une chose pareille, voyons, s'amusa-t-il avec suffisance.

Un « chut » retentit à quelques mètres d'eux, venant de madame Pince, et Harry lui fit son plus beau sourire d'excuse.

-Allons plutôt s'installer dans un coin où on pourra parler, murmura-t-il en se levant, prenant les affaires de la jeune fille, qui sourit.

-Quelle galanterie.

Il se contenta d'un sourire railleur pour seule réponse.

-Tu es tellement doué, s'extasia Tracey, regardant avec attention le parchemin qu'Harry lui avait tendu quelques secondes auparavant.

-Le tien est pas mal non plus, mais je ne suis pas certain que tu aies compris la vraie utilité de l'équilibre d'énergie des ingrédients...

-Alors explique-moi.

D'un mouvement, elle se tourna face à lui, posa son menton dans son front et se mit à l'observer attentivement.

Il rit doucement et commença à parler.

Depuis l'entrée de la bibliothèque, Draco tourna les talons, les sourcils froncés intérieurement. Il lui avait fait une proposition de cour. Qu'Harry avait acceptée, devant témoins, avec les honneurs.

Alors pourquoi avait-il l'impression de n'être personne ?

Carmilla était immobile depuis des heures déjà, insensible à la fenêtre grande ouvertes, aux courants d'air qui traversaient la pièce et frottaient contre sa peau nue, à ses lèvres légèrement bleuies par le froid.

En fait, elle était insensible à tout, puisqu'elle était plongée dans ses pensées, et que les pensées d'une personne de sept-cents ans étaient un endroit propice à se perdre.

Wendy, elle, faisait des allers-retours, parfois un thé entre les mains, parfois un café, parfois des biscuits. Pas de sang : ça pourrait sortir Carmilla de sa transe, et ce n'était pas le but.

Cette situation durerait soit quelques jours, soit quelques semaines... soit quelques années.

La démone grimaça.

Elle ne connaissait même pas la raison de ce soudain renfermement.


Pansy et Blaise étaient assis dans la salle commune, face à face. Théo avait décidé de passer un peu de temps avec une amie quelconque, et les jumelles avaient disparu après un rire inquiétant, les yeux malicieux.

Ne restaient plus qu'eux, et leur milliard de questions.

-Le problème Quirrel n'est toujours pas réglé, n'est-ce pas ? Demanda le garçon, et elle soupira.

-Non. Je ne pense pas qu'en parler près d'Harry soit une bonne idée, mais je ne sais pas quoi chercher, sans lui. Il connaît bien mieux cette magie que moi.

Blaise acquiesça.

-Tu sais, j'ai pensé à quelque chose, hier. Peut-être qu'on n'a pas besoin de trouver ce que Quirrel veut faire avec le livre. Peut-être qu'on doit juste trouver quand il le fait.

La jeune fille fronça les sourcils.

-Comment ça ?

-Eh bien, du peu que je sais, la magie ancestrale, c'est du long terme. Les rituels que ma mère avait l'habitude de faire se répétaient toujours. S'il l'utilise vraiment, il doit avoir un horaire, pour balancer la magie.

-Donc, on doit trouver un moment où il disparait systématiquement.

Il se décala légèrement, s'installant plus près de la table basse, et saisit un parchemin de brouillon dans la boite qui était posée dessus.

-Et si on essayait de récupérer son emploi du temps ? Inutile de lui demander, on attirera juste l'attention. Mais si on demande leurs horaires de cours à toutes les années de chaque maison, on avancera déjà un peu.

Pansy lui jeta un regard dubitatif.

-Parce que tu connais une personne, de chaque année, de chaque maison ?

Il grimaça. Dit comme ça...

-Les Poufsouffles et les Serdaigles devraient nous répondre sans trop de problèmes, mais pour ce qui est des Gryffondors...

-C'est fichu, compléta-t-il, et ils soufflèrent d'une même voix.

-Pourquoi ne pas le surveiller lui ? C'est la seule option qui nous reste...

Blaise posa son menton dans sa paume, réfléchissant. Elle l'observa, silencieuse, jusqu'à ce qu'il finisse par lentement hocher la tête, les yeux dans le vide.

-D'accord, on le surveille. Est-ce qu'on en parle aux autres ?

-Pas à Harry, répondit-elle immédiatement, catégorique, avant de détourner rapidement les yeux face à son air scrutateur. Tu as bien vu comment il a réagi. Je pense que c'est une mauvaise idée.

-C'est moi, ou tu l'apprécies de plus en plus ? L'accusa-t-il presque, les yeux plissés d'amusement, et elle lui jeta un regard noir.

-N'insinues rien.

-Je n'insinue rien.

-Tu insinues quelque chose.

-Donc tu y as pensé ?

Elle ouvrit la bouche avant de claquer des dents, vaincue.

-Laisse-moi tranquille, Blaise.

Il afficha un sourire victorieux.


-Tracey t'aime bien.

-Elle t'aime plus que bien.

-Elle t'aime très très bien.

Harry leva les yeux au ciel pour la énième fois, les ignorant du mieux qu'il le pouvait – prenez en compte le fait qu'il était seul avec elles dans la cour du clocher, profitant de l'éclaircie de fin d'après-midi – alors que les jumelles continuaient de parler à tout va, le sourire jusqu'aux oreilles.

-Draco va être jaloux, dit soudain Flora, ricanant discrètement en voyant le garçon lever la tête de son livre, un sourcil haussé.

-Pour la centième fois, Draco n'est jaloux de personne. Sauf peut-être de Pansy et son caractère de cochon bien caché.

-Et de Tracey et de l'intérêt que tu lui portes.

-Quel intérêt ? Nous faisons des travaux de potion ensemble. A moins que tu ne trouves les tentacules de Murlap particulièrement excitantes, il n'y a rien de sentimental là-dedans.

Hestia le fixa une seconde, la bouche grande ouverte, et tourna vaguement le regard vers sa sœur, qui arborait une tête identique.

-Ça n'a pas une forme phallique ? Hésitèrent-elles d'une même voix, avant que leur sourire ne s'agrandisse petit à petit face à l'air soudain scandalisé d'Harry.

-Oh Magia, jura-t-il, et, la seconde suivante, elles éclatèrent de rire.

-Dis-nous que tu as choisi cet ingrédient au hasard, je t'en supplie !

Devant son silence, elles éclatèrent d'un rire de hyènes – dixit Harry – qui sembla effrayer les élèves autour d'eux.

Allez savoir quels parallèles ils ont bien pu faire. Avec d'autres jumeaux. Aux cheveux roux...

-C'est totalement idiot. Tracey et moi travaillons ensemble, point à la ligne.

Les deux filles levèrent leurs mains au-dessus de leurs têtes dans le signe universel de la paix.

-D'accord, d'accord, n'en vient pas au point à la ligne ! S'exclama Flora, masquant plus ou moins son rictus.

Harry leva les yeux au ciel et replongea dans son livre, ignorant momentanément les deux filles, dont la discussion continuait. Il grimaça lorsqu'elles l'interrompirent à nouveau, mais resta sérieux en voyant leur air.

-Harry ? On se demandait comment allait l'œuf du Serpent Cornu.

Il s'immobilisa. L'œuf lui était légèrement sorti de la tête : après tout, ça avait été une semaine particulière...

-Je ne sais pas. Je n'y ai sincèrement plus pensé.

Les jumelles haussèrent les sourcils, surprises.

-Pardon ?

-C'est si surprenant ?

-Oui. Tu n'oublies pas ce genre de choses, en temps normal. Ce n'est pas ton genre, se justifia Hestia, le regardant comme s'il était une créature magique avec l'enveloppe corporelle d'Harry Potter.

-Il y a une première fois à tout, non ?

Elles retinrent le « non » qui frôla leurs lèvres, mais Harry le vit très distinctement.

Malgré lui, il rangea cette information troublante dans la pièce des choses à analyser. Elles avaient en tout point raison : oublier ces choses-là, ce n'était pas dans ses habitudes. Absolument pas.

Mais ces temps-ci, rien n'était normal, n'est-ce pas ?


En parlant de choses anormales, faisons un tour auprès de ce cher Quirrel, qui ignore encore tout des yeux qui pèsent déjà sur lui, lourds de méfiance.

Aujourd'hui, son Maître avait eu une idée de génie, non, une idée génialissime.

Dumbledore semblait souhaiter envoyer le jeune Londubat sur ses traces : il semait ci-et-là des indices pour le pousser à découvrir l'existence de la pierre. Lui couper l'herbe sous le pied ne serait sans doute pas contre-productif...

-Etes-vous certain, Maître ? Avec tout mon respect, nous ne sommes pas-

Il s'interrompit dans un geignement de douleur, et ne réouvrit pas la bouche.

-Silence, Quirinus. Je n'ai que faire de tes interrogations.

L'interpelé se contenta d'un hochement de tête frénétique : sa confiance en sa voix était clairement limitée.

-Dumbledore va rendre visite à son cher ami Grindelwald. C'est le moment parfait pour frapper.

-Pourquoi part-il aussi tôt dans l'année ? S'étonna malgré lui le sorcier, grimaçant quand la voix éclata d'un rire inquiétant.

-Le vieillard n'a jamais été capable de vivre sans Grindelwald. Il le visite si souvent que c'en aurait été alarmant, si le pathétique de la situation n'effaçait pas tout le reste. Il est absolument lamentable de se dire que le soi-disant plus puissant sorcier de Grande-Bretagne possède une faiblesse aussi évidente et exploitable que des sentiments amoureux.

Quirrel rit avec lui.

Ce n'était pas drôle : il n'était même pas certain d'avoir tout compris. Mais, avec le Maître, mieux valait rire par mimétisme sans raison, que ne rien faire et risquer une petite séance de torture.

Dès qu'il cessa de rire, Quirrel se tut.

-Ce soir, nous irons attaquer une autre licorne. Cette fois-ci, nous ferons attention à l'achever. Ce serait une incroyable coïncidence que ce pauvre Hagrid découvre un nouveau cadavre.

Le professeur ne répondit pas, et se força à ne rien laisser paraître de son dégoût, de sa terreur, de son désespoir.

S'il y avait bien une chose qui lui faisait regretter ses décisions, c'étaient les licornes. Merlin, qu'il avait souffert, après avoir vu ces yeux noirs virer à l'argenté en même temps que la vie s'en échappait...

Si l'Enfer des moldus existait, il était certain qu'il y aurait une place de choix.

Il avait cependant de la chance : son Maître n'était pas sans cesse éveillé. Durant les moments où il dormait, Quirrel s'était permis des rituels de mémoires, pour ne pas s'enfoncer trop profondément dans les entrailles du monde après sa mort. S'il ne se respectait plus depuis le retour du Maître, il respectait toujours les créatures magiques, encore plus celles de l'acabit des licornes.

Il baissa les yeux sur le sol de dalles, coupable malgré lui. Il avait toujours été faible.

Et il le serait toujours. Mais cette opportunité-là lui offrait la chance d'être quelqu'un... qui était-il pour ne pas la saisir ?