Bonsoir, bonsoir !
J'espère que vous allez tous bien ! Nous nous retrouvons ce soir pour un nouveau chapitre, qui j'espère vous plaira ;)
Merci pour vos review(s) sur le chapitre précédent :
Nedwige Stark : C'est sûr que ce chapitre n'était pas des plus joyeux, mais contente qu'il t'ait plu ! Voilà la suite :)
Je tiens à préciser (il me semble que ça fait un moment que je ne l'avais pas dit...) que l'entièreté des chapitres a été corrigée et relu par des bêtas (si je ne me trompe pas, cela concerne surtout les chapitres 1 à 20, qui avaient été postés avant que je trouve des bêtas !), donc n'hésitez pas à y refaire un tour, je vous assure que ça pique moins les yeux XD
Dans tous les cas, je vous souhaite une bonne lecture !
Chapitre 38 : Novembre pluvieux
La dernière nuit d'octobre disparaissait pour laisser place à un novembre pluvieux. L'eau frémissait sous la première averse du mois, alors que des feuilles colorées venaient s'écraser à la rizière de la forêt et sur l'eau. Le soleil disparaissait sous les nuages, ne laissant qu'une faible luminosité envahir le domaine Malefoy.
Drago ouvrit doucement les yeux et il fut heureux de ne pas être ébloui. Il le fut encore plus en voyant que la bulle protectrice qu'il avait formée la veille les protégeait aussi de la légère pluie. Il tourna la tête pour observer Hermione, allongée contre lui, un bras en travers de son ventre et la tête contre son torse. Comme il en avait l'habitude, il était réveillé avant elle. Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était, mais en prenant connaissance de la hauteur du soleil à travers les nuages, il estima qu'il était environ neuf heures.
La veille, avant de s'endormir l'un contre l'autre, les deux sorciers avaient longuement discuté. Hermione lui avait raconté son enfance, avant Poudlard. Bien sûr, elle lui en avait déjà parlé quelques fois, mais ce soir-là, elle lui avait donné une description presque complète de sa vie moldue, de ses parents, de sa famille adoptive, de ses amis moldus - qu'elle n'avait pour certains pas vu depuis plusieurs années. Cela lui avait fait un bien fou.
Drago avait passé tout le temps de son récit suspendu à ses lèvres, l'interrompant seulement lorsqu'elle faisait allusion à des choses moldues qu'il ne connaissait pas, ce qui avait beaucoup amusé la jeune femme. Il n'était pas nouveau pour elle de voir un Drago Malefoy respectueux, voire curieux, du monde moldu.
La première fois qu'elle avait abordé ce genre de choses avec lui, elle avait été très étonnée de ne pas voir chez lui de grimace de dégoût, de malaise, ou autre chose. Au contraire, il semblait s'y intéresser. Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'il les adulait comme Arthur Weasley, car il était toujours le Drago Malefoy Sang-Pur, sorcier et fier de l'être, mais il semblait plus à l'aise avec tout cela et n'hésitait pas à questionner Hermione lorsqu'il ne comprenait pas quelque chose.
Bien entendu, elle n'espérait pas qu'il puisse un jour être aussi à l'aise qu'elle dans le monde moldu, ni le voir utiliser une lampe-torche ou une voiture, mais elle avait l'espoir de le rendre plus ouvert à ce monde qui lui était si peu familier.
Le jeune homme avait enchaîné le récit de la brune par celui de sa propre enfance. Sa vie avant Poudlard, et parfois pendant les vacances d'été au Manoir Malefoy. Il n'avait pas une seule fois fait allusion à Lucius et ne s'était concentré que sur sa mère. Il avait décrit en long, en large et en travers la relation qu'il avait avec elle. Des souvenirs les plus anciens qu'ils avaient ensemble, aux plus récents. Il lui en parlait souvent et la passion et l'amour qu'il avait dans les yeux rendaient Hermione avide de ses récits.
La Narcissa Malefoy qui transparaissait à travers les mots du blond l'inspirait. Elle semblait être une mère aimante et protectrice qui faisait tout pour son fils, les bonnes comme les mauvaises choses. Hermione l'admirait pour son courage, sa force et sa témérité. Certes, elle n'avait d'elle que l'image que Drago lui donnait, mais même en l'ayant vu peu de fois pour de vrai, cela ne semblait pas faux - au contraire.
Elle avait vu l'étincelle dans ses yeux au Manoir, lorsqu'elle regardait son fils. Mais elle l'avait vu aussi s'éteindre quand elle le quittait des yeux. Elle gardait toujours le masque d'indifférence typique des Malefoy-Black, mais cela n'empêchait pas ses yeux de refléter l'amour immense qu'elle portait à son fils.
Hermione n'avait aucun doute sur la véracité des propos du blond, cependant elle n'avait pu s'empêcher de se questionner à nouveau sur les agissements récents de sa belle-mère. Pourquoi Narcissa Black évitait-elle son fils, alors que tout dans ce qu'elle savait d'elle prouvait son amour inconditionnel pour lui ?
Ce ne fut que deux heures plus tard qu'il sentit la jeune femme remuer dans son sommeil et raffermir sa prise sur son ventre. Les couvertures remontées au-dessus d'eux, il n'avait pas froid. Pourtant, il la sentit frissonner légèrement et cacher un peu plus son visage dans son cou. Il passa un bras autour de sa taille nue et la rapprocha davantage de lui, ce qui la fit soupirer de satisfaction. Il attrapa les couvertures et les remonta sur leurs épaules.
- Bonjour, murmura-t-elle en posant sa joue sur l'épaule du blond pour voir son visage.
- Bonjour, bien dormi, mademoiselle ?
- Extrêmement bien, répondit-elle en se redressant pour s'étirer. Décidément, tu as bien fait de jeter ce sort, ajouta-t-elle en voyant l'averse qui s'abattait autour d'eux.
- Que veux-tu, je suis parfait, répliqua-t-il un sourire en coin, en étirant à son tour son épaule engourdie.
- J'oubliais, pouffa-t-elle en levant les yeux au ciel.
Elle se redressa complètement et attrapa le t-shirt de Drago qui traînait sur le côté des couvertures. Elle l'enfila et fit de même avec sa culotte posée sur l'une des grosses racines du saule. En relevant la tête pour attraper le reste de ses vêtements, elle ne put s'empêcher de regarder Drago. Il avait passé ses bras sous sa tête et regardait l'horizon, plongé dans ses pensées. Les couvertures étaient descendues sur sa taille, la laissant apercevoir sa fine musculature.
Cependant, cette fois-ci, en le voyant plongé dans ce qui semblait être une réflexion intense, elle ne put s'empêcher d'observer plus précisément les différentes marques de son corps. Elle n'avait jamais osé lui demander d'où elles venaient, non seulement par peur de la réponse, mais également de sa réaction. Elle n'avait pas peur de lui, loin de là, seulement, elle ne voulait pas qu'il se renferme sur lui-même et qu'il ne lui réponde pas. Elle se sentirait trop mal de voir qu'il ne voulait pas se confier à elle.
Pourtant, cette fois-ci, elle y réfléchit plus sérieusement. Après la discussion qu'ils avaient eue la veille au soir, où tous deux s'étaient confiés l'un à l'autre plus qu'il ne l'avait peut-être jamais fait avec personne, elle espérait qu'il puisse être plus enclin à lui donner une réponse.
- Drago ?
- Hum, répondit-il toujours le regard dans le vide.
- Je peux te poser une question ?
Cette fois il tourna la tête vers elle, un sourcil haussé et l'invita à continuer d'un mouvement du menton. Elle rosit en le voyant attendre la suite, mais se reprit et se racla la gorge, avant de le regarder dans les yeux.
- Où as-tu eu toutes ces cicatrices ? demanda-t-elle directement, ne voulant pas passer par quatre chemins.
Il fronça davantage les sourcils, alors que ses yeux s'écarquillaient imperceptiblement de surprise. Il resta quelques secondes bloqué dans cette position, puis tourna à nouveau son regard vers l'eau. Hermione préféra attendre une réponse de lui-même, ne souhaitant ni le brusquer, ni le presser. Elle attendrait le temps qu'il lui fallait. Pendant ce temps, elle continuait de l'observer entièrement. Elle avait vu sa mâchoire se contracter après sa question et ses épaules se tendre.
Les minutes passaient, mais il ne répondait toujours pas. Sa mâchoire s'était détendue, mais Hermione voyait dans ses yeux qu'il semblait torturé par ses pensées. Elle fut instantanément prise de culpabilité. Elle n'avait pas pensé qu'il revivrait ses souffrances avec cette foutue question.
Quelle idiote, pensa-t-elle.
Comment avait-elle pu être si naïve et penser qu'il lui répondrait comme si de rien était ? Il ne les avait pas eues sans rien toutes ces cicatrices, qu'elle idiote elle faisait ! Elle allait s'excuser et changer de sujet lorsqu'il prit enfin la parole, les yeux toujours braqués vers le lac.
- La nuit où les rafleurs vous ont amenés au manoir, après que Bellatrix t'ait isolée des autres, je ne sais pas si tu te souviens de tout, mais mes parents sont sortis de la pièce et Lucius m'a demandé de rester pour surveiller et protéger ma chère tante, en cas de problème. Je n'ai pas supporté ce qu'elle te faisait, c'était horrible, reprit-il après une courte pause, d'une voix froide, presque morte. Je sais que comparé à toi, ce n'était rien, mais je n'y arrivais pas. Je ne supportais plus, c'était trop pour moi. Je savais ce que je risquais, mais j'ai ensorcelé Bellatrix pour qu'elle transplane loin du manoir. Je les ai trahis. Potter et Weasley n'ont pas tardé à rappliquer avec Dobby et vous vous êtes enfuis. Quand Lucius est revenu, j'étais toujours là, à regarder le vide que Bellatrix et toi aviez laissé. Je n'ai pas bougé. Mais il a compris, je n'ai rien eu besoin d'expliquer, ni de plaider ma cause. Il était déjà complètement fou. Et je me suis laissé faire, il ne servait à rien de me débattre, ou de fuir, je n'aurais rien pu faire. Alors il s'est vengé sur moi. Je ne sais pas si c'était la vengeance de ce que j'avais fait, ou de ses vingt dernières années de souffrance, mais il me l'a fait payer. Bellatrix n'est rentrée que quelques jours plus tard et ne se souvenait de rien, alors ils n'ont rien dit au Seigneur des Ténèbres, mais Lucius s'est vengé. J'ai dû passer une vingtaine de jours dans une cellule du sous-sol, dans le noir et dans le froid. Ma mère venait toutes les nuits en cachette, pour essayer de me restaurer, me soigner, m'apaiser après les sorts qu'il m'infligeait, mais cela ne servait à rien. Le dernier jour, il a gravé ça sur ma peau, pour je cite "que je me souvienne à jamais de ma trahison pour une sang-de-bourbe". Le reste, ce sont des restes du sort de Potter, mais je suppose que tu avais deviné, acheva-t-il en essayant de plaisanter.
Il avait dit tout cela d'une voix dénuée d'émotion, comme s'il essayait de faire barrière entre ses souvenirs et ses émotions. Il ne voulait pas être atteint par cela. Plus jamais. Ce n'était cependant pas le cas d'Hermione.
Dès qu'il avait commencé son récit, elle avait vu son regard plongé dans ce passé douloureux, et même s'il faisait tout pour ne pas être impacté, cela n'avait pas fonctionné aux yeux de la sorcière. Cela fonctionnait rarement à ses yeux d'ailleurs. Des larmes coulaient sur ses joues, mais elle restait silencieuse, ne voulant pas interrompre le blond dans ses pensées. Il regardait l'horizon, les yeux brillants. Hermione ne put s'empêcher de baisser à nouveau les yeux vers son torse altéré. Elle savait, désormais.
Lentement, elle leva sa main et l'approcha de son bras gauche. Elle frôla tout d'abord délicatement sa Marque, ce qui le fit sursauter puis frissonner. Il ne tourna pas la tête, mais serra le poing.
Elle remonta ses doigts doucement le long de son bras. La contraction de sa main faisait se tendre les muscles de son bras et Hermione vit que sa mâchoire l'était tout autant. Ses doigts atteignirent l'inscription gravée sur sa peau et il ne put retenir un autre frisson. Elle non plus.
Il se contenait pour ne pas attraper la main de la brune et l'éloigner de son bras, mais il avait confiance en elle, et étrangement, les sensations étaient quelque peu apaisantes. Alors il se retenait, contractant ses muscles pour rester immobile.
Elle se rapprocha encore plus de lui et posa ses lèvres sur l'affreuse inscription qui déparait le bas de son épaule. Elle finit son ascension en posant sa joue contre son bras et descendit sa main pour desserrer le poing du blond et emmêler leurs doigts.
Elle ne dit rien, les gestes suffisaient. Comme il l'avait fait la veille, elle l'avait laissé s'exprimer, sans intervenir. C'est ce dont il avait besoin et il lui en fut reconnaissant. Sa simple présence l'apaisait.
Après quelques minutes, Drago consentit enfin à bouger et passa son bras autour de la taille fine de la brune pour la rapprocher davantage de lui. Il l'embrassa sur la tempe et appuya sa tête sur le haut de son crâne.
oOo
- Demande plutôt à Pansy, je suis certain qu'elle sera ra-vie de te raconter sa merveilleuse soirée, s'exclama Blaise pour répondre à Drago, qui venait de les rejoindre.
- Je vois. Ça s'est si mal passé ? répliqua le blond en cherchant le regard de sa meilleure amie.
- Mais absolument pas ! Il ne raconte que des conneries, tout ça parce qu'il est jaloux de ne pas avoir passé une aussi bonne soirée que moi !
- J'ai passé une très bonne soirée !
- Tu parles, tu as dû ramener Théo à la salle commune parce qu'il était malade, fit-elle en levant les yeux au ciel. En fait tu n'en sais rien si j'ai passé une bonne soirée, ou non ! Donc pour répondre à ta question Drago, continua-t-elle alors que Blaise grognait dans son coin, j'ai passé une excellente soirée.
- Et ce Charles ? demanda-t-il sans cacher sa méfiance.
- Il est très charmant, répondit-elle évasivement.
- Mais encore ? persévéra Drago en haussant un sourcil.
- C'est un moyen de dire qu'il est sorti de son dortoir en douce ce matin, intervint Blaise, avec un sourire en coin.
- Blaise ! répliqua-t-elle agacée, tout en rosissant sous le regard du blond - ce qui ne manqua pas d'étonner les deux sorciers.
- Oh. Je comprends mieux, sourit narquoisement Drago. C'est un mec bien j'espère.
- Ne joue pas à ça avec moi, Malefoy, gronda-t-elle. De nous deux, c'est moi qui devrait être la grande sœur alors n'essaye même pas de jouer au grand frère protecteur, ça ne te va pas du tout.
- Ce n'est pas ce que j'essayais de faire. Je voulais simplement savoir si tu l'appréciais, répondit-il d'un air ennuyé.
- Oui, je l'apprécie.
- Moi qui croyais que tu avais des vues sur Weasley !
- Tu n'es pas le seul, continua Drago en levant les yeux au ciel. Crois-moi, vous le pensiez tous.
- Bien que je n'aie cessé de vous le dire le contraire, vous ne m'écoutez visiblement pas ! Je vous l'ai dit qu'il n'y avait rien. Franchement, en si peu de temps ?
- Tout peut arriver, regarde, Granger et moi, fit remarquer Drago en haussant les épaules.
- Rien à voir, vous êtes juste bizarres. Ce n'est pas du tout mon style, continua-t-elle alors que le blond allait répliquer. Je suis déçue les garçons, je croyais que vous me connaissiez mieux que ça. Et puis, je n'aime pas les roux.
- Pour ça, je te comprends, même si le corps de Weasley s'est clairement amélioré.
- Fais gaffe, je pourrais très bien aller répéter ça à Théo, menaça Drago avec un sourire en coin.
- Je sais que tu ne le feras pas.
- Tu es sûr ?
- On s'en moque ! intervint Pansy, sachant très bien que ce genre de conversations pouvaient durer éternellement. Et toi, ta soirée ?
- C'était bien, répondit platement Drago.
- Mais encore ? demanda-t-elle, reprenant ses propres mots, en haussant un sourcil.
- Eh bien, nous sommes allés à Godric's Hollow, comme c'était prévu. Au cimetière, puis à la maison détruite des Potter, et j'ai amené Granger à Portree pendant que les autres rentraient.
- Sérieux ?! s'exclamèrent les deux autres.
- Je croyais que tu n'amenais personne là-bas ? Aucun de nous n'y est jamais allé ! continua Blaise, les sourcils haussés de surprise.
- Aucun de nous n'est sorti avec lui, Blaise, s'amusa Pansy.
- Non, ça n'a pas de rapport. J'avais envie, c'est tout, répondit Drago en haussant les épaules, un air ennuyé toujours plaqué sur son visage. Théo est toujours dans la Salle Commune ? demanda-t-il pour changer de sujet.
- Non, il a préféré aller à l'infirmerie ce matin, il a vraiment passé une mauvaise nuit, grimaça Blaise.
- En même temps, avec toi comme infirmier personnel, je comprends pourquoi il a préféré aller voir Pomfresh, se moqua Pansy.
- Je suis un très bon infirmier, en tout cas c'est ce qu'il dit dans d'autres circonstances... fit-il d'un air innocent.
- Épargne-nous tes sous-entendus salaces, je n'ai aucune envie de vous imaginer... tous les deux, répliqua Pansy, en feignant de vomir. Tu n'es pas doué, c'est comme ça.
- De toute manière, c'est lui qui est fort pour s'occuper des autres, pas moi. Donc il valait mieux qu'il aille à l'infirmerie.
Les deux autres secouèrent la tête face à tant de mauvaise foi. Ils connaissaient tous deux très bien Blaise pour savoir qu'il avait seulement été mal à l'aise, voire dépassé, de devoir s'occuper d'un Théodore malade. Ils se retinrent donc d'en rajouter en se moquant de lui, et continuèrent leur repas.
Pansy, de son côté, n'avait pas oublié le fait que son meilleur ami avait amené Granger dans sa résidence favorite. La résidence dont il ne cessait de vanter la beauté les années précédentes, mais où il n'avait jamais amené personne.
Elle se souvenait très bien du jour de ses dix ans, où sa mère lui avait offert ce domaine. Il n'avait cessé d'en parler pendant des semaines. Officiellement, le terrain et le manoir appartenaient au Lord Malefoy, mais seul Drago s'y rendait, dès qu'il en avait l'occasion.
C'était le souhait de sa mère, qu'il ait un endroit où se réfugier, où s'amuser avec ses amis. Mais il n'avait jamais voulu le partager. Au contraire, il souhaitait garder comme il le disait "la beauté du lieu pour lui seul". Le seul endroit où Lucius n'avait pas accès, malgré le fait qu'il en soit le propriétaire, puisque le lieu du domaine avait été placé sous Fidelitas. Pansy n'avait jamais vraiment compris comment il était possible que Lucius n'y ait pas accès, mais Drago lui avait plusieurs fois assuré qu'il n'en avait aucune idée, et que de toute manière, il ne s'en souciait pas, tant que Lucius n'y mettait pas les pieds.
Alors entendre qu'il y était allé avec Hermione amena Pansy à se questionner sur les sentiments profonds qu'avait le jeune homme pour la sorcière. Elle le connaissait assez pour savoir qu'il ne leur dirait jamais quelque chose à propos de ce qu'il ressentait, étant un professionnel pour cacher ses émotions et ses sentiments, mais la jeune femme le connaissait depuis presque toujours et savait reconnaître les indices qui trahissaient ce qu'il ressentait. Rien que le fait qu'il soit allé pour la première fois avec quelqu'un sur son domaine prouvait que cette personne était très importante pour lui. Il ne l'aurait pas fait avec n'importe qui, bien au contraire.
Elle sourit intérieurement à cela. Il cachait bien l'importance qu'avait Hermione Granger pour lui.
oOo
Hermione arriva devant la Grande Salle quelque temps après Drago. Ce dernier était parti avant elle, alors qu'elle prenait une douche. Il lui avait simplement laissé un mot la prévenant qu'il était parti rejoindre ses amis. Elle se trouvait donc seule dans le hall vide du château.
Derrière les deux grandes portes, les bruits des discussions se faisaient entendre et l'angoisse montait petit à petit en elle. Elle aurait tant aimé qu'il soit à ses côtés.
La jeune femme, malgré les précédents événements, n'avait pas oublié l'article qui était paru dans la Gazette du Sorcier la veille, et d'après les dires de son frère, les élèves n'avaient pas fait abstraction de cette édition particulière non plus. Elle savait que les regards allaient se tourner vers elle, l'article la concernant entièrement, mais elle ne voulait pas de ça.
Hermione n'était pas du genre à prendre en compte l'avis ou le regard des autres, mais voir sa vie être étalée aux yeux de tous l'avait grandement angoissée. Elle avait eu la chance les années précédentes, contrairement à Harry, de n'avoir été que très peu mise en lumière par les différents journaux sorciers, malgré les quelques horribles articles de Rita Skeeter.
Cependant, cette fois, tout était différent, car non seulement l'article n'était pas un complet ramassis de conneries, à l'inverse des articles qui étaient parus lors de sa quatrième année, mais en plus de cela, il la concernait entièrement et donnait des détails qu'elle n'aurait pas voulu voir affichés aux yeux de tous.
Drago et Harry avaient tenté de la rassurer en lui disant que les journalistes n'avaient eu connaissance que d'une partie minime de la réalité, mais cela n'avait pas suffi à la faire relativiser. Au fond d'elle, elle espérait que cet article n'ait jamais vu le jour, mais Ginny avait eu raison la veille de dire que ce qui avait été dévoilé ne serait plus à faire. Mais avait-elle vraiment envie que le monde sorcier soit au courant ?
Après quelques secondes à fixer les portes, la jeune femme prit son courage à deux mains et entra. Comme elle l'avait prévu, les visages se tournèrent automatiquement vers elle, et si habituellement les élèves revenaient à leurs assiettes après une interruption de ce genre, ce ne fut pas le cas cette fois-ci. Au contraire, des chuchotements retentirent, des regards soucieux, curieux se tournaient vers elle, et Hermione n'osa pas faire un pas de plus. Cependant, elle se reprit vite et tourna la tête vers ses amis qui semblaient plongés dans une conversation particulièrement intéressante. Elle commença à avancer, la tête haute, après avoir pris une grande inspiration et les conversations autour d'elle reprirent.
Il fallait qu'elle reste forte, pour leur montrer qu'elle ne laisserait rien paraître, que toute cette histoire la regardait et qu'ils ne tireraient rien d'elle.
- …enfin, elle a vite changé de sujet quand Fleur a annoncé sa grossesse !
- Quoi ?! s'exclama Hermione qui était arrivée à temps pour entendre la fin de la phrase du rouquin.
- Hermione ! Tu refais enfin apparition, se moqua Ginny. C'était bien ?
- Très, répondit-elle en rougissant sous le regard moqueur de son amie. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de grossesse ? Bill et Fleur vont être parents ?
- Et oui ! Elle nous l'a annoncé hier soir, elle en est à sept semaines d'après le médicomage, sourit Ron, alors que Ginny lançait un regard à Hermione lui faisant comprendre qu'elle voulait tous les détails de sa soirée avec Drago. Je vais être oncle deux fois dans l'année !
- Molly devait être aux anges, répliqua la brunette en s'asseyant à leurs côtés.
- Oh que oui ! Elle avait commencé la soirée légèrement déçue que Gin' ne soit pas là, même si elle était très contente que vous ayez pu aller à Godric's Hollow, ajouta vivement le rouquin en voyant l'air contrarié d'Harry. Mais elle a vite changé d'humeur après que Fleur nous ait annoncé ça. Elle était ravie, et crois moi Ginny, tu vas être contente de ne plus être le monopole des lettres de Maman. Même si je n'ai pas toujours apprécié Fleur, j'ai presque eu de la peine pour elle quand Maman lui a sauté dessus à la fin du repas pour lui poser mille et une questions sur sa grossesse. George n'a pas cessé de se moquer d'elle.
- D'ailleurs, comment va-t-il ? intervint Harry.
- J'ai eu l'impression que ça allait, répondit Ron après un petit soupir, en haussant les épaules. Même s'il a toujours été le meilleur pour se cacher derrière son humour, j'ai vraiment eu l'impression qu'il allait mieux. Bien sûr il n'était pas au top de sa forme, mais je pense que le fait que nous ayons presque tous été réunis lui a fait du bien. Il nous a dit qu'il ouvrirait la boutique la semaine prochaine, pour être prêt pour Noël. Même s'il va mal, il a essayé de noyer son chagrin dans le travail et m'a dit qu'il avait créé beaucoup de nouvelles choses pour la boutique. Il s'est même rapproché d'Angelina Johnson, sourit-il doucement. Il m'a dit qu'ils s'étaient croisés une fois que le Chemin de Traverse, et qu'ils s'étaient revus plusieurs fois après ça. Il avait l'air vraiment intéressé par elle quand il parlait.
- Tant mieux ! Il va pouvoir penser un peu à autre chose. Charlie était là aussi non ? demanda Hermione.
- Oui ! Comme vous savez, il était retourné en Roumanie quelques semaines après la bataille, mais il est revenu pour quelques jours, histoire de fêter l'anniversaire de Maman. Elle était vraiment heureuse hier soir, dit-il avec un petit sourire nostalgique.
- J'espère qu'elle ne m'en veut pas d'avoir réquisitionné Ginny.
- Ne dis pas de bêtises Harry, répliqua la concernée. Je ne t'aurais pas laissé y aller sans moi de toute manière, tu le sais très bien, le gronda-t-elle faussement.
- Elle a raison, ne t'en fais pas. Dès que je lui ai expliqué pourquoi elle ne venait pas, Maman a tout de suite compris. Elle était un peu triste de ne pas t'avoir eu pour dîner, mais elle ne t'en veut absolument pas, crois-moi. Elle m'a d'ailleurs demandé de tes nouvelles Gin', continua-t-il moqueur.
- Comme si elle n'en avait pas assez de fois par semaine, grogna la rouquine. Je suis presque étonnée de n'avoir encore reçu aucune lettre de sa part me demandant si j'ai bien pris mon petit-déjeuner, si je n'ai pas fait de malaise, ou s'il ne serait pas plus raisonnable que je ne vienne plus regarder les entraînements les soirs de semaine.
- Avec un peu de chance, elle va vouloir voir Fleur plus souvent, dépitée par le fait qu'elle ne puisse pas avec toi, et elle te lâchera un peu.
- Je crois que tu rêves, Harry ! fit Hermione en riant. Si elle diminue ne serait-ce que d'une lettre ses correspondances à Ginny, ça sera déjà un exploit, pouffa-t-elle.
- Au fait, interrompit Neville, vous avez vu les listes d'inscription pour les rendez-vous d'orientation, accrochées dans la Salle Commune ?
- Quelles listes ? s'inquiéta Hermione en fronçant les sourcils, tout d'un coup affolée de ne pas être au courant.
- Ah oui, je les ai vues tout à l'heure, tu t'es inscrit ? répliqua Ron qui n'avait pas entendu la jeune femme.
- Non, pas encore, j'aimerai réfléchir plus précisément à tout ça avant.
- Quelqu'un pourrait m'expliquer de quoi est-ce que vous parlez !? s'emporta Hermione.
- McGonagall a décidé d'instaurer, comme en cinquième année, des entretiens d'orientation pour les septièmes années, expliqua Neville alors que les autres ricanaient discrètement de voir Hermione aussi paniquée.
- Mais quelle est l'utilité ? Nous l'avons déjà fait, s'étonna Harry.
- Tout le monde ne devait pas avoir d'idée précise, ou alors peut-être veut-elle vérifier que nous sommes toujours sûrs de ce que nous voulons faire. Je n'en sais pas plus que vous sur ce point-là, répondit Neville en haussant les épaules, d'un air désolé.
- Merlin ! Mais je n'ai rien préparé du tout, je ne pensais pas que nous allions devoir faire ça ! Quels sont les délais d'inscription ? paniqua Hermione.
- Du calme, nous avons le temps, les entretiens auront lieu jusqu'aux vacances de Noël. Et sérieusement Hermione, tu n'as pas besoin de préparer ça. Tu nous parlais déjà de ton envie d'entrer au Ministère en cinquième année, se moqua gentiment Ron.
- Ce n'est pas drôle Ronald, gronda-t-elle en croisant les bras sous sa poitrine, le regard sévère. C'est important, c'est notre avenir !
- Ton avenir est tout tracé Hermione, ne t'en fais pas, répliqua Ginny. Tu es celle de nous qui à l'avenir professionnel le plus certain, alors détends toi, ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel.
- Pas du tout ! Qui vous dit que je ne vais pas rater mes examens cette année, parce que... parce que... Je ne sais pas, mais ça pourrait très bien arriver !
- Ne dis pas de bêtises, Granger. Tout le monde sait que tu passes ta vie le nez dans tes bouquins, n'en fais pas tout un chaudron, fit Drago, moqueur, qui était soudainement apparu dans le dos de la sorcière.
- Personne ne t'as demandé ton avis, Malefoy, grogna-t-elle, exaspérée du peu de considération qu'avaient ses amis pour leurs études.
- Je n'ai pas besoin qu'on me le demande, tu le sais bien, Granger. Enfin peu importe, j'étais venu pour vous proposer d'aller dehors avec nous, le temps s'est éclairci.
- Ce sera sans moi, répondit la jeune femme. Je vais à la bibliothèque.
- C'est étonnant, marmonna Drago en levant les yeux au ciel, alors que les autres Gryffondor répondaient par l'affirmative.
oOo
Drago avait passé une excellente après-midi. Les relations entre les deux maisons s'étaient vraiment apaisées, et les caractères des uns et des autres s'accordaient très bien. Blaise et Ginny étaient devenus de vrais partenaires pour faire enrager les autres et blaguer sur des choses à propos desquelles ils étaient les seuls à rire. Théodore n'était pas resté très longtemps, préférant rejoindre Hermione à la bibliothèque et Drago n'avait pas été étonné de voir ces deux-là s'entendre à merveille. Blaise s'était même permis de faire remarquer qu'ils auraient au moins des vacances sur les devoirs et les livres dont les deux élèves ne cessaient de parler. Cela lui avait valu une tape sur le front de la part de son petit-ami, juste avant qu'il ne parte.
Ron était le seul à ne pas avoir mis sa rancœur de côté concernant Drago, mais cela ne l'empêchait pas de discuter avec les autres Serpentards. Il s'était bizarrement bien entendu avec Pansy, malgré leurs deux forts caractères. Dans l'ensemble, tout le monde s'entendait de mieux en mieux. Vu de l'extérieur, on aurait même pu croire à des amis de longue date. Leurs rancœurs passées n'étaient plus d'actualité, ce qui leur laissait le temps d'apprendre à se connaître les uns les autres.
Le blond se retrouvait donc, quelques heures plus tard, accompagné de Harry et Ginny, à marcher en direction de l'appartement qu'ils partageaient depuis déjà deux semaines. Ils avançaient silencieusement dans les couloirs, ne sachant pas vraiment quoi se dire. Lorsqu'ils étaient entourés, ils n'avaient aucun mal à engager les conversations, surtout avec Hermione, mais maintenant qu'ils étaient seuls tous les trois, cela devenait plus compliqué.
Ginny ne se sentait pas gênée le moins du monde, mais ne trouvait rien à dire de particulier. De plus, elle était parfaitement consciente que, tout comme son frère, Harry avait toujours du mal à faire confiance à Drago, même si cela s'était amélioré en le voyant avec Hermione.
Ainsi, ils arrivèrent à l'appartement sans n'avoir échangé aucun mot. Le petit groupe qu'ils avaient formé s'était séparé lorsque Neville avait annoncé vouloir remonter travailler avant le dîner. Les autres avaient suivi, le froid ayant petit à petit investi les abords du château. Drago ouvrit la porte de l'appartement, entra et posa sa cape. Il aperçut directement Hermione, installée à la table de travail du séjour, concentrée sur un parchemin et une plume à la main. Alors que les deux autres se débarrassaient de leurs capes à leur tour, il s'avança à ses côtés.
- Je croyais que tu serais encore à la bibliothèque, dit-il.
- Trop de bruit, répondit-elle simplement, se concentrant à nouveau sur son devoir, sans faire attention aux autres.
- Vous connaissez tous les sorts pour l'examen de mardi ? leur demanda Ginny en installant ses affaires près de son amie.
- Oui, répondirent simultanément Harry et Hermione.
Cette dernière releva la tête de son écrit pour fixer Drago, qui tourna volontairement la tête vers la fenêtre. Elle fronça les sourcils et chercha à nouveau son regard, mais il s'obstinait à regarder ailleurs.
- Drago ? Tu es prêt pour l'examen ? demanda-t-elle suspicieuse.
- Oui.
- Tu as réussi à faire un Patronus, alors ?
- De toute évidence, Granger.
- Menteur.
Il se tendit à cette réponse et la fusilla du regard. Elle sourit malicieusement en réponse. Les deux autres ne comprenaient pas vraiment la discussion, mais étaient intrigués par la complicité qu'ils voyaient dans les regards que le couple se lançait.
- Tu as essayé à nouveau au moins ?
- Bon, où veux-tu en venir, Granger ? Qu'est-ce que tu veux m'entendre dire ? Que je n'ai toujours pas relancé ce foutu sort ? maugréa-t-il la mâchoire serrée.
- Il n'y pas de raison pour que tu n'y arrives pas, mais si tu ne t'entraînes pas, c'est certain que ça ne fonctionnera jamais.
Il plissa les yeux d'un air de défi et elle fit de même. Elle leva sa baguette, ferma les yeux quelques secondes et murmura "Spero Patronum". Aussitôt, une petite loutre argentée s'en échappa et voleta entre les meubles du séjour.
Au bout de quelques secondes, elle s'évapora, et Hermione se tourna vers le blond, le même air de défi dans les yeux. Il soupira et leva à son tour sa baguette. Il murmura l'incantation, mais comme les fois précédentes rien ne se produisit.
Harry et Ginny n'osaient pas intervenir, voyant que leur amie avait l'air de savoir ce qu'elle faisait. D'ailleurs, celle-ci se retourna et leur fit un clin d'œil discret.
- Essaye encore.
- Granger, je n'en ai rien à foutre de pas réussir ce foutu sort, je connais les autres.
- Menteur. Essaye encore.
Il soupira, et sachant qu'elle ne lâcherait pas l'affaire, souffla l'incantation. Rien.
- Fais un effort, Malefoy. Pense à quelque chose de positif, un beau souvenir. N'importe quoi, mais quelque chose d'heureux. Et ne me sors pas l'excuse de ne pas en avoir, je risque d'être vexée, gronda-t-elle en haussant un sourcil.
Il la fusilla du regard et lança le sort à nouveau. Mais toujours rien. Elle s'avança encore plus près de lui et entoura son visage avec ses mains pour le regarder dans les yeux.
- Concentre-toi, murmura-t-elle pour qu'il soit le seul à l'entendre. Vide ton esprit. Tu es un bon occlumens, non ? Alors vide ton esprit de toutes tes mauvaises pensées et penses à toutes les belles choses que tu m'as raconté sur ta mère, à tout ce bonheur que tu as ressenti en sa compagnie. Concentre-toi uniquement sur ça, Drago.
Il hocha imperceptiblement la tête et la jeune femme s'éloigna, un sourire encourageant aux lèvres. Drago ferma les yeux et leva à nouveau sa baguette.
- Spero Patronum, lança-t-il au bout de plusieurs secondes de concentration.
Il rouvrit les yeux à temps pour voir s'échapper du bout de sa baguette un magnifique loup argenté, qui s'envola dans les airs avec une grâce et une prestance peu commune. Drago fut subjugué par la beauté de son Patronus.
En le regardant plus attentivement, il remarqua que le loup était en fait un loup arctique, son pelage était imposant et il semblait beaucoup plus grand et épais qu'un loup normal. Il fut très fier de le voir se déplacer agilement entre eux. Il n'arrivait plus à le quitter des yeux, et c'est Hermione qui l'interrompit dans ses pensées.
- Il est magnifique, dit-elle doucement, les yeux rivés sur l'animal argenté.
Il hocha la tête lentement, complètement absorbé par la réussite de son sortilège. Le loup argenté vagabonda quelques secondes de plus à travers le séjour, puis disparut. Drago cligna plusieurs fois des yeux avant de se remettre de ses émotions. Il revêtit son habituel masque d'indifférence et abaissa sa baguette qu'il avait gardé en l'air. Ces quelques secondes de "faiblesse" ne passèrent pas inaperçues aux yeux d'Hermione qui sourit intérieurement de l'avoir vu si heureux.
Le peu de secondes qu'était resté le Patronus du blond avait laissé le temps à Hermione de se faire encore une fois la réflexion que la Magie était vraiment merveilleuse, ce qu'elle ne cessait de se dire depuis qu'elle avait appris être une sorcière. La Magie visait toujours parfaitement juste, comme une entité omnisciente.
Le loup correspondait tellement au blond qu'elle en avait été émerveillée. Elle avait quelques fois réfléchi et essayé d'imaginer quel pourrait être le Patronus de Drago. Elle s'était même amusée à imaginer le voir créer un paon argenté, ou bien un dragon, voire un hippogriffe. Mais lorsqu'elle avait vu sa baguette créer ce magnifique loup, elle avait compris qu'elle n'aurait pas pu viser plus juste que la Magie elle-même. Drago avait tout de cet animal.
Le canidé protège sa meute, comme Drago protégeait sa famille et ses proches. Le loup solitaire, mais aussi l'alpha. Tout correspondait, ce qui subjugait la jeune femme.
- Bien joué, Malefoy, dit poliment Harry.
- Tu n'en avais jamais fait ? s'étonna Ginny.
- Bien vu, Miss-évidences, répondit narquoisement le blond.
- Eh bien, c'était réussi, bien que j'aurais préféré que ton Patronus soit une fouine, répliqua-t-elle moqueuse.
- Très drôle, Weaslette, fit-il en levant les yeux au ciel.
- Bon, eh bien tu vois ! Heureusement que tu n'écoutes pas constamment ton cerveau têtu, tu ne ferais jamais rien pour dépasser tes limites, Drago, sourit Hermione en posant une main sur le bras du jeune homme.
- Mais oui tu as raison, heureusement que je t'ai écouté, jamais je n'aurais réussi sans l'aide de notre précieuse Miss-je-sais-tout, répliqua-t-il sarcastiquement en baissant légèrement la tête pour la regarder dans les yeux.
La jeune femme leva les yeux au ciel en secouant la tête, consciente qu'il cachait ses réelles émotions derrière ses moqueries, et se rassit près de son frère, pour continuer l'écriture de son devoir.
Voyant qu'elle ne répliquait pas, le blond se sentit idiot de rester planter là, alors que les trois autres étaient concentrés sur leurs devoirs, même si Harry semblait plus concentré à regarder sous tous les angles sa plume plutôt que de se mettre réellement au travail. Il décida alors de s'asseoir à leurs côtés et fit venir d'un Accio ses propres affaires.
oOo
La nuit était tombée en ce premier soir de novembre et les élèves étaient tous retournés dans leurs dortoirs, après le dîner. Harry et Ginny n'avaient pas tardé à rejoindre leur chambre, la fatigue commençant à peser sur la jeune femme.
Drago et Hermione étaient restés attablés au grand bureau du séjour afin de terminer leurs devoirs à rendre pour la semaine. Bien entendu, Hermione avait terminé depuis longtemps, ce que lui avait fait remarquer le blond, mais elle avait répondu qu'elle voulait s'avancer pour la suite. Il s'était contenté de lui lancer un regard moqueur, mais elle avait fait semblant de ne pas l'avoir vu.
Ginny entamait sa seizième semaine de grossesse et les symptômes des trois premiers mois commençaient à s'atténuer, pour son plus grand bonheur. Les nausées et les vomissements qui étaient devenus réguliers n'étaient pas réapparus depuis quelques jours, même s'il lui était toujours rare d'avoir vraiment de l'appétit.
Une petite bosse s'était formée au niveau de son ventre, ce qu'Harry n'avait pas manqué, et sur quoi il s'extasiait. Malgré les allures moqueuses qu'avait la jeune femme lorsqu'elle le voyait parler près de son ventre, elle était au fond ravie de le voir aussi heureux. Elle n'avait plus peur qu'il ne veuille pas de ce bébé, qu'il soit déçu, et ce depuis plusieurs semaines.
Le quatrième mois de grossesse était arrivé et avec ça, Molly avait commencé à lui poser une multitude de questions sur leurs vies après l'accouchement, et même après Poudlard.
D'après ses dires, elle avait voulu leur laisser du temps avant de discuter avec eux de tout cela. Malheureusement, et Harry l'avait remarqué, cela n'avait fait qu'angoisser la rouquine encore plus. Le jeune homme avait arrêté de lui parler de prénoms, de baptême, et d'autres choses, depuis qu'elle lui avait dit qu'elle se sentait mal à ce propos. Mais Molly n'en avait pas connaissance et avait mis les pieds dans le plat avec la lettre qu'ils avaient reçue cet après-midi.
"Ma chérie,
Je sais que je t'envoie beaucoup de lettres ces temps-ci, mais je ne peux pas m'empêcher de penser à mon petit-fils qui sera bientôt des nôtres. Comment vas-tu ? Es-tu toujours aussi fatiguée que ce que tu me disais l'autre jour ? Comme je te l'ai dit, ce n'est pas étonnant, les premiers mois sont épuisants, mais tu verras, cela se calmera, au moins jusqu'aux deux derniers mois.
Comment va Harry ? Est-ce que votre excursion à Godric's Hollow s'est bien passée ? Je l'espère, j'étais contente pour Harry qu'il puisse retourner là-bas, ainsi qu'Hermione. J'étais triste de ne pas t'avoir pour dîner, mais tu as bien fait de l'accompagner, nous nous verrons une autre fois, ma chérie.
Je sais que tu n'en es qu'à ton quatrième mois, mais il faudrait que nous discutions de ce que vous avez prévu Harry et toi pour accueillir votre fils dans les meilleures conditions. J'ai échangé quelques courriers avec Minerva à ce propos, et elle m'a assuré que vous dormiez déjà dans un appartement séparé Harry et toi. Tu ne m'en avais pas parlé, je ne savais même pas qu'il existait ce genre d'appartements à Poudlard, excepté pour les Préfets-en-Chef et les professeurs. Cependant, elle m'a dit qu'il devrait largement convenir pour accueillir le petit et que les elfes seraient tout à fait aptes à s'occuper de lui lorsque vous serez en cours. De toute manière, elle m'a assuré que si les choses étaient compliquées à ce niveau-là, elle pourrait arranger ton emploi du temps et celui d'Harry pour que cela se passe bien.
Mais que comptez-vous faire après Poudlard ? Venir au Terrier ? Il me semble que vous aviez parlé d'aller Square Grimmaurd, mais sincèrement ma Ginny, je ne pense pas que cette vieille maison soit vraiment adaptée pour un nourrisson.
Il faudrait aussi que nous trouvions un week-end pour que nous puissions aller toutes les deux, voire avec Harry, sur le Chemin de Traverse pour acheter de quoi accueillir votre bébé. Dis-moi quand tu préférerais faire ça.
Avez-vous déjà réfléchi à des prénoms ? Je sais qu'il est de tradition de ne pas donner le prénom avant la naissance, mais tu pourrais peut-être faire une exception pour ta mère, non ?
Bon j'arrête avec tout cela, nous en reparlerons dans la semaine. J'espère que tout va bien pour tes amis aussi. Si tu peux dire à Ronald qu'il recevra les petits gâteaux qu'il m'a demandés dans les prochains jours, je t'en serai reconnaissante.
Je t'embrasse,
Prends bien soin de toi, ma chérie,
Maman."
Ginny, qui avait eu quelques semaines de répit à propos de cette grossesse, mises à part les inquiétudes de sa mère sur sa santé, s'était sentie oppressée en lisant cette lettre. En lisant les mots de sa mère, elle avait commencé à paniquer, se disant qu'elle n'avait rien prévu, que rien n'était prêt, qu'elle ne serait jamais prête à accueillir leur fils.
Harry avait su la rassurer en lui assurant qu'ils avaient le temps, qu'ils n'étaient pas pressés, et qu'il lui laisserait le temps qu'il faudrait pour qu'elle se sente mieux. Elle lui en avait été très reconnaissante, il avait, comme habituellement, usé des bons mots pour la calmer.
Elle avait préféré remonter à l'appartement plutôt que de rejoindre Ron et les autres à la salle commune. Malgré le fait qu'elle ait assuré au brun qu'il pouvait rester avec les autres, il avait insisté pour remonter avec elle, et la jeune femme avait fini par abdiquer.
La journée avait été longue et le peu de temps qu'elle avait dormi ne lui avait pas permis de rester très longtemps en forme. Aussitôt arrivée dans leur chambre, la rouquine s'était déshabillée et installée sous les couvertures.
- C'était vraiment bien avec les autres cet après-midi, tu ne trouves pas ? articula difficilement Harry depuis la salle de bains, une brosse à dent dans la bouche.
- Si, j'ai vraiment passé un bon moment, répondit-elle un sourire aux lèvres, que le jeune homme devina dans sa voix.
- Tu t'entends vraiment bien avec Zabini, vous avez le même caractère, ricana-t-il en revenant dans la chambre.
- Tu trouves aussi ? C'est le seul avec qui j'ai vraiment discuté depuis la première soirée que nous avons faite ensemble. Parkinson et Nott sont sympas, mais je n'ai pas eu autant d'affinité avec eux qu'avec Blaise. Par contre, je trouve que Nott et Hermione se ressemblent beaucoup, Blaise avait l'air d'accord avec moi d'ailleurs.
- Oui, je trouve aussi, répliqua-t-il en retirant son pull. Tant mieux pour nous, peut-être qu'elle arrêtera un peu de nous sermonner parce qu'on ne travaille pas.
- J'en doute, mais espérons-le, ricana-t-elle.
- D'ailleurs, elle a l'air d'avoir plutôt bien pris les réactions que les autres élèves ont eu par rapport à l'article, non ?
- J'ai remarqué aussi. Je m'attendais à ce qu'elle se sente mal, qu'elle paraisse énervée, voire vraiment affectée par les regards que tout le monde lui lançait, mais non. Elle n'en a même pas parlé, répondit-elle alors qu'Harry venait s'installer à ses côtés.
Elle se blottit contre lui et posa sa tête sur son torse, alors qu'il passait une main dans ses cheveux.
- J'ai envie de dire tant mieux. J'espère juste qu'elle ne garde pas tout pour elle, et qu'elle ne porte vraiment pas d'intérêt à tout ça.
- Je l'espère aussi. Avec tout ce qu'elle a vécu dernièrement…
Il hocha vaguement la tête, tout en frottant le dos de la rouquine. Un silence reposant s'installa entre eux, alors qu'Harry avait les yeux dans le vide.
- Il va falloir que je réponde à ma mère, souffla-t-elle au bout de quelques instants.
- Je sais... Mais tu peux attendre un jour ou deux, non ?
- Je ne pense pas que ça soit très judicieux, la connaissant elle va juste s'inquiéter. Je ne sais même pas quoi lui répondre, à part que nous n'y avons pas réfléchi, soupira-t-elle ensuite. Enfin, je n'ai pas voulu y réfléchir, plutôt.
- Tu sais que je n'ai aucun problème avec ça, Gin'.
- Je sais, souffla-t-elle en lui caressant la joue. Dire qu'elle veut déjà que nous allions acheter des affaires pour le bébé…
- Il faudra bien y aller un jour, fit-il en haussant les épaules. Je pense qu'il vaut mieux que tu y ailles avec elle, sinon elle risque de choisir sans toi, et je ne suis pas certain que ça soit à ton goût.
- Pas faux, grimaça-t-elle. Il faudra que tu viennes aussi. En fait, reprit-elle en le voyant essayer de répondre, ce n'est même pas négociable. Si je dois me taper les magasins avec ma mère pour acheter vêtements, bavoirs et biberons, tu viendras avec nous.
- Très bien, très bien, répondit-il en levant les mains au ciel pour abdiquer. En attendant, réponds-lui que nous y réfléchissons, ça devrait nous laisser un peu de temps, ça te va ?
- Oui, même si je doute qu'elle ne tienne longtemps sans réponse, c'est déjà ça de gagné.
Il sourit en hochant la tête et l'embrassa sur le haut du crâne. Elle passa un bras autour du brun et se cala plus confortablement dans ses bras, pendant qu'il remontait les couvertures.
- Et dire que McGo' est au courant depuis le début que nous avons emménagé ici, je pensais que nous avions été discrets, pouffa Ginny.
- Il faut croire qu'elle a hérité de la capacité à savoir tout et tout le temps de Dumbledore. Au moins pour ce qui concerne Poudlard.
Ils rirent quelques instants en se souvenant de toutes les fois où Dumbledore les avait ébahis en parlant de choses qu'il n'était pas censé savoir. Peut-être était-ce un don dont héritaient tous les directeurs et directrices de Poudlard ?
- J'ai toujours du mal à m'imaginer que dans cinq mois, nous serons parents, murmura-t-elle soudainement en caressant distraitement le bras du brun.
- Moi aussi, mais plus les jours passent et plus les choses deviennent réelles, tu ne trouves pas ?
- Si, soupira-t-elle.
- Trop réelles, n'est-ce pas ? demanda-t-il, conscient de la voix peu certaine qu'avait employée la jeune femme.
- Toujours un peu, mais ça va, fit-elle en haussant les épaules. Je commence à être impatiente à vrai dire. Je pense qu'il sera toujours difficile de voir la réalité des choses tant qu'il ne sera pas né.
- Je suis impatient aussi, répondit-il en souriant.
La rouquine releva la tête vers lui et sourit à son tour face à son air rêveur. Elle l'embrassa du bout des lèvres et se reposa contre lui. Il ne lui fallut que quelques minutes pour s'endormir après cette longue journée.
oOo
- Papa, Papa…
Il ouvrit les yeux en sursaut et sentit une petite main secouer son bras. En tournant la tête, il aperçut un petit garçon blond, haut comme trois pommes, suçant son pouce et tenant une peluche dans sa main. Il semblait bouleversé, les yeux humides et les cheveux en bataille.
- Papa, chuchota-t-il de sa voix enfantine. J'ai fait un cauchemar et j'arrive plus à dormir.
Il sentit le matelas bouger et quelques secondes plus tard, une autre voix se faisait entendre.
- Viens par-là mon grand, tout va bien.
Il vit le petit garçon grimper sur le lit et se placer entre une jeune femme et lui. Le petit blond s'allongea dans les bras de sa mère qui le berçait avec des mots doux, tout en regardant l'homme à ses côtés.
Drago se réveilla en sursaut, couvert de sueur, la respiration rapide. Encore un de ces foutus rêves.
Et voilà pour ce soir ! On en apprend un peu plus sur le sauvetage du manoir et sur les cicatrices de Drago, mais aussi sur comment les autres ont vécu leur soirée d'Halloween !
Et puis le Patronus de Drago ! Qu'en pensez-vous ? Je sais qu'il y a "grand débat" ( si je puis dire ahah) sur quel aurait été son Patronus, mais après réflexion, je pense que c'est celui qui lui correspond le plus, donnez moi votre avis !
Et puis nous suivons aussi un peu plus la grossesse de Ginny, et comment elle la vit ! Et encore un rêve, qu'est-ce que ça veut bien pouvoir dire ?!
Donnez-moi votre avis sur le chapitre, ça me fait toujours chaud au coeur d'avoir vos retours ;)
Merci à Suldreen194 et Choixpeau de fic pour leurs corrections et relecture !
Je vous dis à samedi !
Writer8Hell
