23 juin 1507 : grâce aux remèdes et à un peu de repos je vais beaucoup mieux. Les sensations sont revenues petit à petit dans mon bras gauche, et je me sens assez en forme pour transplaner à nouveau. De retour en Angleterre, après être passé voir un guérisseur, ma priorité est de donner des nouvelles à ma famille, puis à mes amis. Nous sommes ainsi rassemblés tous les quatre chez Septimus, où je leur raconte les derniers évènements.
« Et ainsi, dis-je, le sorcier est en fait un guérisseur. C'est pour cela qu'ils l'appellent « Homme-médecine ». De ce que j'ai vu, il est assez différent de nos guérisseurs Anglais, par exemple il n'utilise pas de sortilèges ni de potions. Je pense qu'il connaît surtout très bien les plantes magiques et s'en sert pour faire des poudres ou des onguents… Enfin bref, dans mon état, je n'ai pas compris grand-chose à ce qu'il faisait, mais le remède a été efficace. Je suis passé à Saint-Mungo ce matin, et ils n'ont trouvé aucune blessure mal refermée. Me voilà officiellement guéri ! »
Après un court silence, pendant lequel chacun boit une gorgée de thé, Romulus finit par s'exclamer :
« Eh bien, mon vieux, quelle histoire !
- Et tu as une idée de qui est ce sorcier ? ajoute Elga. Je veux dire, pas l'Indien, ton agresseur. »
J'ai eu un certain temps pour y réfléchir, pendant ma convalescence, aussi je lui réponds :
« Je n'en suis pas sûr, mais je crois l'avoir déjà vu, dans cette même vallée. Je ne l'ai aperçu que quelques instants, par la portière d'une voiture mais c'était la même moustache, le même air hautain… Si c'est bien le même homme, ce sorcier est le gouverneur Ovando, le chef des Moldus sur l'île.
- Un gouverneur Moldu, tu es sûr ? »
Septimus semble perplexe. Et je le comprends : les sorciers ne se mêlent pas de la politique des Moldus, alors devenir l'un de leurs gouverneurs… C'est vraiment très étrange. Nous sommes certains, cependant, qu'il s'agit d'un Espagnol, vêtu comme un aristocrate, et ressemblant beaucoup au gouverneur.
D'autre part, ce soricer a pris suffisamment au sérieux les évènements de la Cibao pour avoir posé des alarmes magiques autour des tunnels par où se sont enfuis les prisonniers, et pour accourir à peine mon arrivée détectée. Et qui pourrait bien être plus intéressé par ces mines que le gouverneur, celui qui a le plus à gagner grâce à l'exploitation de ces gisements d'or ?
« Quoiqu'il en soit, cela explique bien des choses, conclut Romulus, pensif. Si les Espagnols sont menés par un mage noir, on comprend mieux comment ils ont pu envahir l'île.
- Mais les Indiens aussi ont des sorciers parmi eux ! objecte Elga.
- Que nous n'avons jamais vu combattre ! Ils n'ont même pas de baguettes, peut-être qu'ils ne font juste pas le poids ! »
C'est aussi une possibilité. Après tout, aucun de nous ne serait capable de se défendre sans baguette, encore moins contre un adversaire aussi dangereux. Nous débattons encore un moment, puis Elga conclut :
« Enfin, tu es de retour, et c'est l'essentiel.
- De retour, mais pas pour longtemps, dis-je.
- Comment ça ?
- Je vais y retourner, bien sûr ! Et dès demain. »
Tout le monde me regarde, surpris. Romulus pose sa tasse et secoue la tête :
« Horace… Tu as failli te faire tuer, tu ne penses pas qu'il est temps d'arrêter, avec les voyages ? »
Même Septimus semble de son avis :
« Tu sais, dit-il, je comprends que tu aies envie d'une revanche, et défendre les innocents contre un mage noir… Tout ça est très héroïque, mais comment est-ce que tu comptes t'y prendre ? »
Je lui réponds avec un sourire énigmatique :
« Mais je n'ai pas l'intention de me battre… Et pour être franc, je n'ai pas l'intention de m'approcher de ces mines, même de très loin !
- Mais alors…
- Alors j'avais l'intention de voyager, et c'est ce que je vais faire. J'ai passé des semaines en mer pour aller jusqu'au Nouveau Monde, ce n'est pas maintenant que je vais me décourager ! »
