Hellooo mes amours !

Bon. Alors premièrement désolée pour le retard de publication, mais la semaine passée j'étais au bout de ma vie (je le suis toujours mais moins... ) 55h en 5 jour ça m'a achevé pour la partie de ma vie qui vous intéresse pas XD

Sinon, ce chapitre est... je sais pas. J'étais euphorique en l'écrivant. Et maintenant je suis en angoisse de ouf. Peut-être parce que j'essaie d'être à la hauteur ? Bref.

Pour info ce chapitre, a, pour la première fois, à un nom - PLSception en honneur à Teki et Zalia ... Désolée... mais je vous JURE que j'ai tenté...Mais ça viendra.

Merci à Lessa 3

Les meufs du Discord, je vous aime d'amour !

Sur ce, Enjoy !


Chapitre XXXIX


La marque l'inquiétait. Par moment, il le voyait porter la main à son torse et froncer les sourcils.

Il n'avait pas encore eu le temps, ou le courage, d'en parler à cet enfant… Mais il allait bien évidemment devoir le faire. Il en avait longuement discuté avec Cybèle Zabini et ne voyait pas comment expliquer autrement les choses.

Son âme avait été gravement touchée et, si, pour le moment, tout semblait normal, il n'y avait pas de miracles.

Les miracles n'existent pas. Les miracles sont pour les Poufsouffle ou les imbéciles de Sorcière Hebdo. Les miracles c'était bon pour ceux à qui il n'arrivait jamais rien.

Levant un regard sombre sur la classe de troisième année en train de brasser une potion de ratatinage, il retint un soupir agacé de justesse.

Par Merlin. Son enfant aurait bien besoin d'un peu de Felix Felicis. Voire quelques litres. Et lui, Severus Snape, aurait bien besoin de quelqu'un à qui parler.

Il avait honte de le dire mais, par les cloches de l'enfer, il n'avait pas la moindre petite idée de comment se comporter avec l'adolescent… Depuis son retour à la "vie", il se sentait gêné.

Il avait vu le gosse revenir et il avait eu envie de le tuer en tout premier lieu. Pour lui avoir menti de manière aussi éhontée… Pour lui avoir fait traverser - comme sa mère d'ailleurs - les neufs cercles de l'Enfer de Dante. Et puis il avait eu vraiment envie de lui dire qu'il était soulagé.

Qu'il ne voulait plus jamais le voir affronter qui que ce soit. D'ailleurs… Les papiers d'adoption traînaient depuis des semaines sur son bureau maintenant. Soigneusement paraphés de sa plus belle signature. Il l'avait fait la veille du Dernier Combat. Sur un coup de tête. Et il l'avait joint à son testament au cas où.

Faustus Judicia avait été très… arrangeant concernant les diverses démarches administratives et il avait eu accès aux précieux documents en un temps record.

Et Potter était mort.

Ou presque. Sous ses yeux. Et il n'avait jamais rien ressenti de pareil les semaines qui avaient suivies. Colère. Fureur. Angoisse. Douleur. Impatience. Découragement. Il s'était senti sombrer petit à petit dans ce même maelstrom d'émotions tout à fait ridicules et passablement usantes.

Et il avait repensé à tout cela. Au moment où il avait, à nouveau sur un coup de tête, déclaré à Dumbledore qu'il s'occuperait lui-même du survivant… Puis les mois passés à ses côtés. Les cauchemars. Les frayeurs. Ses blessures. L'état de son esprit quand il l'avait découvert…

Ses rencontres avec les Dursley. Le voile levé sur toute la sombre vérité qui entourait le survivant tel un miasme d'obscurité.

Et puis il l'avait vu grandir. Sans même réellement le réaliser, il avait vu Potter guérir. S'ouvrir petit à petit. Il l'avait vu se faire frapper, malmener, utiliser… et systématiquement se relever.

Il avait été élevé comme un porc qu'on mène à l'abatoire.

Et il avait souri. A la dernière seconde, il avait souri.

Baissant les yeux sur son bureau, il serra la mâchoire. Il venait de briser la plume d'oie qu'il tenait de sa main droite. Plusieurs élèves déglutirent avec difficulté, le premier rang semblant carrément vouloir disparaître.

Certes. Il était de mauvaise humeur depuis quelques mois. Mais tout cela était uniquement de la faute du Ministère.

Il avait manqué de finir à Azkaban. Sans Lucius, Narcissa et Minerva, il aurait sans aucun doute terminé ses jours en prison.

Sa fureur avait été telle quand il avait vu son pupille se faire arrêter sous ses yeux, dans sa chambre d'hôpital, qu'il avait fallu plusieurs sorciers pour le stopper. Personne n'avait jamais vu Severus Snape sortir de ses gonds. Et personne ne souhaiterait plus jamais le voir.

Lucius avait été le seul capable de raisonner l'Ex-Mangemort, aux portes du Ministère, l'arrêtant in extremis alors que le sorcier enfonçait sa baguette dans la gorge de Kingsley Shacklebolt.

Plusieurs membres de l'ordre étaient intervenus en vain, incapables de s'opposer au Maître des Potions. D'ailleurs, il n'avait pas hésité. Qui se mettait en travers de son chemin en paierait les conséquences. Un simple regard et ils avaient compris. Severus Snape n'était pas un enfant de chœur et quand il menaçait, il évitait évident que personne ne s'en sortirait entier.

Quand Lucius avait débarqué, aussi froid et méprisant qu'à son habitude, rappelant à l'espion que Potter serait seul s'il finissait en prison… Il s'était un peu calmé.

Puis il avait baissé sa baguette quand, l'homme, imbu de sa propre personne, avait, rictus aux lèvres, eu l'audace de prétendre qu'au pire, les Malefoy s'occuperaient eux-même du survivant… Le faisant entrer dans la famille par un mariage magique dans le pire des cas… Il s'était tourné vers le blond pour le fusiller du regard.

Alors seulement, l'aristocrate lui avait fait remarquer que tuer le Ministre au vu et au su de tous était une mauvaise stratégie. Le poison serait bien plus indiqué pour ne laisser aucune trace.

Il s'était redressé lentement, laissant finalement Shackelbott respirer, le toisant de toute sa hauteur, exigeant de récupérer son pupille sur le champ.

Narcissa était alors apparue, suivie de Minerva et petit à petit, chaque membre de l'ordre en était allé de son avis, furieux, inquiets.

Il était resté silencieux. Il avait observé le nouveau Ministre de la Magie tenter de défendre sa position, d'avancer ses arguments.

Potter était instable. Dangereux. Il avait réussi à Le vaincre, il était beaucoup trop puissant pour être laissé ainsi sans aucun contrôle. Ils devaient d'abord s'assurer qu'il ne cherche pas à s'en prendre à qui que ce soit.

Potter était une partie de l'âme du Seigneur des Ténèbres. Personne ne savait jusqu'où la magie et l'influence du Mage Noir avait été… Jusqu'à où elle avait imprégné le réceptacle de l'Horcruxe… et quelles seraient les séquelles. Ni même si l'adolescent, malléable et fragile, ne cachait pas ses véritables pensées à l'Ordre. Après tout, il avait tellement changé ces dernières années que la question se justifiait.

Potter était tellement cassé qu'à tout moment, il pouvait basculer et se retourner contre eux en se rendant compte des rôles joués par chacun.

Potter était un mage noir en devenir. Et quand on regardait l'enfance de Tom Jedusor et celle du survivant, il y avait de quoi avoir des sueurs froides.

Potter devait être enfermé.

Privé de sa magie.

Surveillé.

Contrôlé.

Brusquement, un bruit le sortit de ses pensées. Relevant la tête, aussi vif qu'un reptile, il posa son regard noir sur un des élèves présent.

- Monsieur Deggan… Pourquoi donc votre potion est-elle en train de couler par le dessous de votre chaudron… ?


Il avait passé la journée à les éviter. Passé la journée à chercher Malefoy qui, évidemment, se faisait désirer.

Depuis cette fameuse soirée, il s'était, certes, légèrement détendu, mais ce n'était toujours pas ça et petit à petit, il sentait son propre moral flancher.

Ils s'étaient éloignés quelque part… Même si, face au monde, ils passaient leur temps à se chercher, que le blond ne cessait d'affirmer sa possession sur le brun, quelque chose s'était cassé quand il lui avait menti.

Il le savait. Il savait parfaitement que Draco et son égo ne laisseraient jamais passer un tel affront… Mais il avait été aussi certain d'arriver à se faire pardonner…

En réalité… Depuis son retour, tout avait changé. Il y avait eu cette période un peu étrange, où tout le monde semblait soulagé de le voir vivant et entier… avant que l'amertume ne remonte doucement à la surface… Et il voyait bien que tout le monde faisait de son mieux pour ne pas le lui montrer…

Ils lui cachaient les conséquences de ses actes comme s'il était trop fragile pour les encaisser. Il sentait les non-dits chez Draco. Chez son tuteur… Et il avait l'impression stupide de voir leurs relations s'étioler doucement. Comme du sable glissant entre ses doigts.

Et il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il aurait dû faire pour stopper tout ça. Et puis… quelque part… Les deux personnes les plus importantes de sa vie ne semblaient pas capables de lui montrer quoi que ce soit.

Si Draco avait été en colère… Il était resté distant. Froid. Moqueur. Et même s'il l'avait frappé ce fameux soir de leur dispute, c'était comme si l'abcès n'avait pas été complètement crevé.

Quant à son tuteur… c'était encore pire. Il n'avait pas la moindre petite idée de ce qu'il pensait de tout ça… Il agissait avec lui comme si rien ne s'était passé et vaquait à ses occupations. Mais il savait, par les autres élèves, que le Maître des Potions semblait encore plus effrayant qu'à l'accoutumée.

Et le survivant sentait alors sa propre angoisse renaître. Il sentait cette tension à l'intérieur de lui frapper contre ses côtes, se déchaîner par moment alors qu'il tentait de se raisonner, brûlant ses poignets.

Il se sentait comme sur le point de se noyer. Et il se trouvait infiniment ridicule. Il se regardait avec agacement et revoyait cet enfant traumatisé, incapable de grandir. Et il détestait ressentir ça.

Il avait besoin qu'ils parlent. Besoin de savoir. Besoin de… réconfort.

Parce que oui… Il était mort. Il s'était préparé à ne jamais revenir… Il s'était préparé à ne pas devoir affronter tout ça.

Les journalistes, les groupies, les remerciements, les larmes, la célébrité… Et il avait besoin d'eux. De ne pas se retrouver face à tout ça seul. Il voyait bien tous ceux qui l'entouraient…

Hermione qui, avec Zabini, s'interposait régulièrement entre lui et d'autres élèves… Ron qui depuis quelques semaines lui parlait à nouveau normalement et qui était une simple présence silencieuse… L'ordre qui semblait vouloir tout régler dans son dos, lui évitant tout un tas de "tracas administratifs" ou encore McGonagall et les professeurs.

Ah ça oui, il était entouré. Tout le temps. Il avait beau se montrer désagréable et cynique, cela ne semblait décourager personne. Il se moquait des gens, les raillait sans cesse et on lui pardonnait avec un petit sourire désolé.

On le traitait comme un criminel. Comme un fou. Comme le Sauveur. Et par Merlin… alors que la guerre était terminée, il n'était toujours pas redevenu juste Harry.

Et alors la colère remplaçait l'angoisse. Il en avait marre de voir tout le monde agir avec lui de manière condescendante pour les adultes, incertaine pour les autres…

Il voulait juste pleurer. Juste qu'on le prenne dans ses bras pour oublier un peu. Il voulait de la douceur. De l'amour. Il voulait de la sécurité, de la chaleur.

- Harry…? Harry ?

Sortant de ses pensées moroses, il leva un sourcil lentement en observant Hermione agiter une main sous son nez.

- Quoi..?

- On va aller manger...tu viens pas… ?

Étirant lentement son corps, il jeta un regard désintéressé au professeur de Sortilèges avant de jeter son sac sur son épaule.

- Si si…

- Mec. T'aurais au moins pu sortir une plume… Histoire de…

- Histoire de quoi Ron… ? C'est pas comme si j'allais passer mon année...J'ai été absent la moitié des cours… J'suis largué.

- Histoire de ne pas te taper un Snape furieux. Fin moi j'dis ça…

Il haussa les épaules avant de soupirer. C'était fait exprès. Il se demandait à quel moment les adultes allaient réagir. Allaient le remettre à sa place…

A quel moment ils allaient enfin voir ce qu'il se passait.

Il était en colère. Encore. Il voulait parler. Il voulait qu'on lui dise que tout était terminé. Il avait besoin qu'on le voit, pour une fois, comme le gosse qu'il était encore.

Il en avait marre d'être fort. Marre de lever la tête. Sortant de la classe en haussant les épaules, il passa devant Hermione, rejoignant Ron.

Le roux était presque devenu reposant. Il parlait peu, il se mêlait de ses affaires contrairement à la jeune femme. Il se contentait, de temps à autre, de lui donner son avis mais n'insistait plus. Depuis leur discussion.

- Si tu travaillais un peu plus, peut-être que tu pourrais rattraper les cours…

Levant les yeux au ciel, il jeta un regard exaspéré à Hermione qui s'était approchée d'eux.

- Pour faire quoi Hermione… ?

- Quoi ?

La jeune femme s'était arrêtée une seconde, les sourcils froncés. Même Ron avait haussé un sourcil, observant le survivant.

- C'est pas comme si j'avais des projets pour le futur. Je ne pensais pas revenir.

C'était asséné durement. Sans la moindre délicatesse ou faux semblant. Il ignora le regard choqué de la sorcière et celui plein de pitié du roux, haussant les épaules.

Après tout, c'était la vérité dans son plus simple appareil. Il n'avait pas prévu de survivre à tout ça. Encore. Alors il n'avait pas pensé à travailler réellement en cours. Pas pensé à un avenir.

Il n'était pas très doué. Pas très intelligent. Et il n'avait aucune idée des divers métiers qui constituaient le monde sorcier. Peut-être qu'il devrait retourner chez les Moldus… ? Juste...redevenir normal…?

De toute manière, Draco ne semblait pas prêt de lui pardonner… Et son tuteur…

Passant une main dans ses cheveux, il soupira. Non. Certainement que Snape ne le laisserait pas juste s'apitoyer sur lui-même… Et puis.. il y avait cette histoire d'adoption. Il lui avait demandé de devenir officiellement son fils… Et s'il n'arrivait toujours pas a y penser sans en concevoir une gêne immense, il ne pouvait pas croire que cela arriverait un jour.

Et puis il ferait un héritier pitoyable. Surtout pour une maison de Sang-Pur… Enfin.. pur… plus ou moins… Il avait apprit l'histoire du Maître des potions par bribes et se demandait encore comment il avait finit par suivre un Mage Noir comme Tom suite à tout ça…

Enfin… De toute manière, il allait déjà bien le décevoir avec les résultats de ses examens…

- … Potter !

Sortant brusquement de ses pensées en sentant une main sur sa nuque, il releva les yeux, tombant sur l'air agacé habituel de son serpentard personnel.

- Malefoy…

- C'est tout ce que tu as à dire..? Dix minutes que je t'appelle… Ça y est, ton cerveau a définitivement grillé…?

Souriant un peu, il secoua la tête lentement.

- Malheureusement pour toi, Malefoy, toujours pas.

- Bien sûr et qu'est-ce que…

- Monsieur Potter.

La voix de la nouvelle directrice de Poudlard venait de résonner dans le couloir. Et cette voix, par Merlin, il la connaissait par cœur. Ce ton spécial "quelque chose se passe". Il sentit immédiatement une raideur s'installer dans son corps. Se tournant lentement, il vit la sorcière s'approcher à pas rapide d'eux.

- Professeur.

- Veuillez me suivre Monsieur Potter. Certaines personnes sont là pour vous voir.

- … Certaines personnes, Professeur ?

Il sentait tous ses instincts s'éveiller alors qu'elle fuyait son regard. Il sentit aussi Malefoy et les autres s'approcher, l'entourer. Agacé, il s'avança d'un pas, enfonçant ses mains dans ses poches.

- Des officiels, Monsieur Potter. Sachez que je ne suis pas plus ravie que vous de voir le Ministère prendre cette école pour un Moulin mais, je n'ai, pour le moment, pas le choix.

Les lèvres pincées, la sorcière semblait réellement contrariée, posant finalement son regard sur le survivant, elle soupira.

- Dépêchons. Vous devrez ensuite encore aller manger.

- Potter.

Il s'était avancé vers son ancien professeur de métamorphose quand le blond l'avait retenu, s'emparant de son poignet. Posant son regard vert sur lui, il haussa un sourcil en guise de question silencieuse.

- Je t'attends.

- Ok.

Il le vit le lâcher, les sourcils froncés au possible. Il fixait McGonagall avec méfiance. Harry savait parfaitement que dès qu'ils auraient tourné le dos, le blond irait s'assurer que Snape était au courant. Puis, probablement qu'il activerait ses réseaux pour savoir, qui, quoi, comment.


A peine était-il entré dans le bureau de la Directrice qu'il s'était senti encerclé. Plusieurs sorciers étaient présents et le fixaient en silence, dont Kingsley.

- Harry…. Bonjour. Tu as l'air d'aller bien…

Il le toisa, plissant lentement les yeux.

- Pourquoi je suis là… ?

Il détestait ce bureau, il y avait trop de souvenirs. Mais l'impression désagréable d'être épié se confirma alors qu'il notait la présence d'un visage connu au mur.

Albus Dumbledore le fixait derrière ses lunettes en demi-lune. Il lui sourit avec inquiétude et lui adressa un petit geste de la main. Immédiatement, il recula d'un pas.

Il n'aurait pas dû venir. Il aurait dû demander à Snape de venir aussi. Ou Malefoy. Quelque chose clochait. Observant un à un les visages fermés autour de lui, il nota la présence de plusieurs aurores et il lui semblait reconnaître les badges de Saint-Mangouste.

- Harry… Au vu de tes… difficultés à te contrôler depuis ce qu'il s'est passé lors du Dernier Combat…

- Ma mort vous voulez dire… ?

Il vit le Ministre s'éclaircir la gorge et prendre un air gêné.

- Oui… C'est cela… Donc, au vu de ce que nous savons de ta puissance magique, nous avons préféré anticiper tout… incident.

- C'est-à-dire… ?

- Monsieur Shackelbott, il me semblait que vous m'aviez dit qu'il s'agissait de vérifier la condition médicale de Monsieur Potter.

- Ah… Et bien il s'agit aussi de cela Minerva…

La situation semblait de plus en plus tendue. Il pouvait sentir la suspicion de la sorcière qui s'était, d'ailleurs, placée entre lui et les aurores… La tension du Ministre.

- Harry...Je suis désolé… Mais il va falloir que nous vérifions que les Dévoreurs de Magie fonctionnent correctement…

Pourquoi est-ce qu'ils semblaient subitement si inquiets quant au bon fonctionnement des menottes à ses poignets…? Alors que cela faisait plusieurs semaines qu'il se promenait au milieu de tous les enfants de sorciers du pays… ? Cela n'avait pas le moindre sens.

Il pouvait sentir cette même magie s'agiter dans son ventre. S'enrouler autour de ses organes lentement, s'éveillant à l'anxiété qui pulsait dans ses veines.

Il caressa sa baguette du bout des doigts, dans sa poche, refusant de faire le moindre pas dans leur direction.

- Pourquoi… ?

- Harry….un simple contrôle de routine…

- Vous mentez. Vous ne seriez pas si nerveux sinon.

Ils semblaient encore une fois avoir oublié qu'il n'était plus le gentil petit enfant crédule et malléable qu'ils avaient conduit à la mort.

- Harry…

- Répondez. Et pourquoi mon tuteur n'est pas là ?

Il vit un des médecins approcher, prenant un air rassurant. Il lui faisait penser à Remus… Un air doux, un peu fragile et débraillé.

- Monsieur Potter… Les Dévoreurs de Magie ne sont normalement pas des dispositifs magiques adaptés aux adolescents… j'aimerais donc vérifier votre état de santé.

Ah ça… Il avait fait des recherches. Ces bracelets n'étaient, en général, utilisés que lorsqu'un prisonnier d'Azkaban était en transit afin d'éviter toute utilisation de magie sans baguette et ainsi le mettre hors d'état de nuire. Hermione lui avait suffisamment rabattu les oreilles sur la soi-disant monstruosité du Ministère à son encontre pour qu'il soit parfaitement au courant de la situation.

- Ils fonctionnent parfaitement. Suffisamment pour m'épuiser. Tout le temps. Et pour me rendre incapable de suivre correctement les cours.

La remarque, acide, était directement destinée à Kingsley qui eut la grâce de sembler gêné, encore une fois. Le médicomage quant à lui, semblait mal à l'aise. Il jeta un regard à ses collègues en silence avant de s'approcher à nouveau.

- Un simple sort de diagnostic Monsieur Potter… Et j'aimerais vérifier vos poignets…

Il ricana. Comme s'il avait besoin d'eux pour ça. Snape en avait fait sa spécialité. Et à chaque fois, il contemplait la liste des problèmes de son corps brisé, inscrits sur le parchemin magique en grimaçant.

Ensuite, il l'obligeait prendre plusieurs potions et devenait encore plus sombre qu'à son accoutumée. Quant à ses poignets… Ils étaient rougis en permanence. Plusieurs fois, il s'était brûlé et avait fini par emporter partout avec lui un des onguent que Draco lui avait, un jour, collé dans les mains avec l'air d'avoir envie d'étrangler quelqu'un.

Relevant les manches de son pull, puis de la chemise de son uniforme, il exhiba alors ses poignets d'où s'échappaient une légère fumée, preuve que le dispositif était en train de manger les émotions du survivant. Littéralement.

- C'est ça que vous voulez voir… ?

Le silence qui s'était installé fut brisé par le petit cri outré de la directrice. De nombreux tableaux s'étaient mis à discuter entre eux, chuchotant frénétiquement, sortant de leurs cadres pour répandre la rumeur de ce qu'il se passait dans le nouveau Gouvernement Sorcier.

Torture. Injustice. Maltraitance. Mensonge.

- Oui…


- Mais qu'est ce qu'il se passe enfin ?

Hermione, exaspérée, observait les fantômes du château se précipiter hors de la grande salle, des étudiants y entrant en chuchotant frénétiquement.

Les sourcils froncés, la sorcière s'était figée, une pomme de terre piquée sur le bout de sa fourchette.

- Je ne sais pas. Mais tu peux parier que Harry y est mêlé.

- Impossible. Il est avec le Professeur McGonagall.

- Et des gens du Ministère. Où tu vas ?

La jeune femme s'était brusquement levée, claquant ses mains sur le bois. Elle arborait cet air renfrogné et buté. Joie. Merlin. Il allait encore devoir la contenir…?

Se levant à son tour, il soupira et la suivit, droit sur la table des Serpentards.

- Malefoy. Qu'est-ce qu'il se passe. Je veux savoir.

- Granger. Je t'ai déjà dit de ne pas me donner d'ordres. Je ne suis pas ton larbin…. Moi.

Le regard du blond sur Zabini qui, déjà, tirait la sorcière sur ses genoux, le fit soupirer. Jetant un regard désintéressé au couple, il fit se pousser Nott pour s'asseoir sur le banc et reprendre son repas, faisant s'indigner la table entière.

- Weasley. Ça va… ? Tu te crois chez toi ici ?

- Fous moi la paix Malefoy. J'ai faim. Et si j'en crois tout ce bordel…

Il agita nonchalamment sa cuisse de poulet en direction des différentes tables de la grande salle qui semblaient toutes animées par la fièvre.

- … Alors Harry doit déjà être dans les emmerdes jusqu'au cou. Et je ne peux pas gérer ça le ventre vide.

- Potter est toujours dans les ennuis. Je ne vois pas la différence avec les autres jours.

- Désolé mon pote. Mais j'ai faim. Donc je mange.

Haussant les épaules, il se remit à manger, observant Hermione asticoter Malefoy pour obtenir des informations et le blond l'ignorer royalement.

- Mon frère m'a dit que ces derniers temps, il se passait des choses étranges au Ministère…

Son intervention eut au moins pour effet de couper net la discussion houleuse de la demi-sang et de l'aristocrate.

- Qu'est ce que tu veux dire Weasley….?

Relevant son regard pour croiser les deux pupilles grises du Serpentard, il haussa les épaules lentement.

- Je ne sais pas exactement. Mais apparemment les avis sont divisés sur Harry.

- Comme d'habitude. La moitié de la population se sert de lui, l'autre aimerait le voir disparaître…

- Ouais… mais il semblerait que ce soit pas le seul.

Il hésita à continuer. Percy avait eu l'air trop mal à l'aise et il avait dû lui tirer les vers du nez avec les jumeaux. Soupirant, il passa une main sur sa nuque après avoir essuyé ses doigts sur une serviette.

- Plusieurs membres de l'ordre sont visés. Kingsley, en promettant la transparence, a mis en route des enquêtes sur tout le monde en secret et certains éléments sont… controversés…

Il allait continuer quand il vit brusquement Chourave débarquer dans la grande salle pour venir parler à Snape. Une seconde plus tard, l'ombrageux professeur quittait la pièce en coup de vent. Les choses semblaient se corser.

Mais de là à imaginer ça….


- Je vous jure que vous regrettez à vie vos insubordinations…

- Ce sont les ordres Monsieur… Nous n'avons pas le choix…

- Oh vraiment Daxberry… ? Parce que vous devriez alors commencer à réfléchir par vous-même… A vos risques et périls cependant.

Dans un geste plein de dégoût, il frappa le dos de la main qui allait se saisir de son bras et recula d'un pas, toisant l'impudent de son regard de glace.

- Je vous déconseille de me toucher. Si jamais vous osez. Je ferai pourrir votre chaire jusqu'à ce que tout votre bras ne tombe en décomposition. Me suis-je bien fait comprendre… ? Il neigera enfer avant que je n'accepte qu'une vermine de votre rang ne me touche.

- Je...désolé Monsieur Malefoy…

- C'est Lord Malefoy. Et maintenant écartez-vous de mon chemin.

Il n'eut pas besoin de se répéter, l'homme s'écarta promptement pour le laisser passer et quitter son bureau au Ministère. C'était un scandale. Une insulte. Il leur ferait payer au centuple cette humiliation.

- Où est ma femme ?

- Une équipe d'aurore va l'accompagner jusqu'ici Mon...euh Lord Malefoy.

- Je vois… Et mon fils… ?

- Je...je crois que l'équipe de Smith-Kerry est allé le chercher...Ainsi que le Professeur Snape…

Prenant une courte inspiration, il se crispa encore un peu plus, ses épaules se raidissant alors qu'il parcourait les couloirs du Ministère, encerclé par une équipe entière d'intervention, comme s'il eût été un criminel de haut rang. Ridicule.

- Et bien. Cela fera beaucoup de monde à punir lorsque nous sortirons de là.

Il vit plusieurs sorciers présents déglutir avec difficulté et eut un sourire mauvais à leur intention. Il était prêt à parier sur sa fortune que le plus grand danger dans toute cette histoire était encore de faire face à la colère du survivant quand il comprendrait le piège…

Il se pourrait bien que tout cela ne se termine en vraie catastrophe.


- Excusez-moi chère Cissy… mais je ne comprend pas ce que font ces ...hommes chez vous…

- Je n'en ai pas la moindre idée Cybèle… Messieurs… Auriez-vous la grâce de ne pas saigner sur mon tapis persan… ? Cela coûte si cher à faire nettoyer ensuite…

Soupirant un peu, la femme blonde posa son regard sur les cinq sorciers en train de perdre leur sang sur son sol. Ils avaient brusquement débarqués dans son salon alors qu'elle prenait le thé avec Cybèle Zabini.

Elle n'avait rien eu le temps de faire. La métisse avait agité sa baguette et les hommes s'étaient retrouvés à ses pieds. Elle en utilisait d'ailleurs un comme tabouret, assise sur son dos, l'homme à quatre pattes, elle enfonçait vicieusement son talon aiguille dans la main d'un second qui gémissait de douleur.

Un troisième était pendu par les pieds à son magnifique lustre en cristal de Venise. Nus. Les deux derniers étaient immobilisés contre un des murs. Comme collés à celui-ci, incapables de faire le moindre mouvement.

- Alors très cher… Et si vous me répondiez avant que je ne sorte tous mes...jouets…

Revenant à l'instant présent, elle grimaça en constatant que la femme avait maintenant une cravache à la main et caressait les fesses de son...siège sans la moindre ambiguité.

- Ah moins que je ne vous donne quelque poison de mon invention… Mélangé à du veritaserum c'est une pure merveille… Cela force les hommes à faire tout ce qu'une femme désir.

- Je...je..ce sont..les ordres...nous devons arrêter Narcissa Black-Malefoy

- ohhh Cissy… Quel crime avez-vous donc commis ? Et sans même me prévenir… Avez-vous tué quelqu'un ?

- Certainement pas ma Chère.

- Hum. Alors…

Envoyant son pied dans le visage de l'homme face à elle, le faisant rouler au sol, déchirant sa joue de son talon, elle le toisa avec agacement.

- Pourquoi avons-nous été interrompues… ?

- … Je ne sais pas.

- La..la famille Malefoy...est en état d'arrestation le temps...qu'une enquête ne soit conduite quant à leur réelle appartenance au camp de la lumière.

Elle écarquilla les yeux alors que la vérité lui explosait en plein visage. Sa famille était sous le coup d'accusations de trahison ? Posant brusquement sa tasse de thé, en reversant sur le guéridon, elle se leva, lisse de toute émotion.

- Où sont mon mari et mon fils… ?

- Votre...votre mari a été arrêté dans son bureau… Une autre équipe est chargée de ramener Draco Malefoy et Severus Snape.

- Severus ?

Cybèle venait à nouveau d'intervenir. Se levant avec grâce de l'homme dont elle se servait comme tabouret, elle s'avança lentement vers celui qui parlait, collé au mur. Souriant, ses lèvres carmin s'étirant, pulpeuses et tentatrices, Narcissa la vit les poser sur la bouche de l'homme.

Elle se décala ensuite jusqu'à son collègue et lécha doucement sa bouche sous les supplications du sorcier.

Une minute plus tard, ils semblaient convulser avant de perdre connaissance.

- Sont-ils morts ?

- Pas encore ma chère. Nous allons les laisser là. Je vais vous accompagner. Mais une femme ne doit jamais baisser la tête face à ce gouvernement patriarchal. Ainsi donc, je propose de vous faire si belle que les têtes en tournerons et présentez-vous à ces imbéciles en femme libre.

- Effectivement. Pourriez-vous cependant juste déplacer celui qui saigne sur mon tapis… ?

- Evidemment.

Un coup de baguette magique et l'homme s'écrasa contre le mur dans un craquement d'os tout à fait répugnant, le bruit des talons claquant sur le marbre résonnant dans la pièce vide.


- Je vous demande pardon… ?

- Je...euh je….je suis vraiment… dé….déso...lé

Il toisait l'homme alors que les élèves retenaient leur souffle, le silence à couper au couteau dans la pièce alors que seul le bouillonnement de leurs chaudrons ne venait perturber celui-ci.

L'auror semblait prêt à se faire dessus, deux autres attendant dans le couloir, n'osant, apparemment, pas approcher.

- Et...vous voudriez que je vous suive… pour d'obscures raisons que votre petit esprit étriqué pense avoir compris… ?

Il était excédé. A deux doigts d'envoyer le petit insolent rencontrer le mur pour lui remettre les idées en place. Planté face à lui, bras croisés sur le torse, il laissait voguer son regard sur l'homme qui transpirait à grosses gouttes.

- Je...je c'est que...v..vous...ministère...m..même une...en...enquête… s..sur les...M..Malefoy...e..et vous…

Il haussa très lentement un sourcil alors qu'il sentait les ailes de son nez frémir, son visage se tendre alors que la colère l'inondait doucement.

- Toujours aussi éloquent Cassey. J'avais pourtant espéré qu'un jours vous soyez capable d'aligner deux mots sans avoir l'air d'un parfait idiot. En vain. Maintenant veuillez quitter les lieux. Une école ne vous sied guère. Votre stupidité pourrait contaminer mes élèves.

- Je..n..non enfin...si… je veux dire… Je..dois...vous euh…

L'homme s'étrangla, rouge de honte alors que les élèves semblaient partagé entre la réjouissance du spectacle et l'infinie pitié qu'ils avaient pour la nouvelle cible de leur professeur.

- Vous devez quoi Casey ? Pensez-vous que j'ai toute la journée à vous écouter balbutier minablement face à moi…. ? Ai-je l'air d'être un homme qui a du temps à perdre en conversations futiles ?

- N...Non ?

- Alors hors de ma vue.

- Professeur Snape.

Relevant les yeux lentement, il croisa le regard serein d'un autre auror. Le chef de groupe apparemment.

- Vous êtes… ?

- Smith-Kerry. Je suis à la tête de cette équipe et nous avons reçu pour ordre de vous escorter, vous et Draco Malefoy, au Ministère afin de subir un interrogatoire.

- Je vous demande pardon… ?

- Par Merlin tout puissant… Qu'est ce qu'il se passait encore… ? Qu'est ce que Kingsley avait encore fait… ? Décroisant lentement les bras, il affronta le regard brun de l'aurore.

- Et pour quels motifs… ?

Le ministère dirige une enquête concernant la véritable allégeance de certains membres de l'Ordre du Phénix afin de pouvoir garantir à la population sorcière qu'il ne reste aucune influence de la part de Vous-Savez-Qui.

Retenant de justesse ce qu'il pensait de ces accusations, il tourna lentement la tête vers ses élèves.

- Le cours est terminé. Je veux un devoir de quarante centimètres sur l'utilisation des poils d'acromentule dans les potions de soins. Disparaissez.

En quelques minutes à peine, tout le monde s'était rué hors de la pièce, murmurant et s'éparpillant dans les couloirs à toute vitesse.

- Où se trouve mon pupille ?

- … Monsieur Potter est actuellement avec la directrice et le Ministre.

- Brillante idée. J'espère que vous n'espérez pas que je collabore et adhère à vos idées ridicules… ?

- Je préférerai Professeur. Je ne voudrais pas engager de combat contre vous… Pas ici.

- Je vois. Ainsi donc Kingsley est entré en action. Je veux voir mon pupille.

- Je suis navré. Monsieur Potter sera interrogé de son côté.

- Interrogé… ?

- Comme pour vous, il est également sous le coup d'une enquête.

Ils étaient tous devenus fous. Complètement stupides.

- Je vois. Je suis son tuteur. Légalement…

- Monsieur Potter est majeur. Légalement, nous avons parfaitement le droit de vous séparer.

L'homme venait de lui couper la parole, se plantant devant lui sans la moindre peur.

- Allez-vous me suivre Professeur Snape… ?


C'était de plus en plus évident qu'on cherchait à lui cacher quelque chose.

Il fixait sans vraiment les voir les médicomages qui l'avaient assis sur un des lit de l'infirmerie et l'examinaient maintenant, notamment la marque sur son torse.

- Je voudrais voir mon tuteur.

- Nous avons envoyé un de nos collègues le chercher.

- C'était il y a vingt minutes

- Le château est grand Monsieur Potter…

Grimaçant quand le sorcier passa délicatement la pointe de sa baguette sur son poignet, il retira sa main.

- Votre magie semble constamment déborder pour que votre peau soit rougie à ce point…

Relevant un regard amère sur l'homme, il haussa un sourcil sarcastique emprunté à un certain serpentard alors que son rictus venait tout droit de son tuteur.

- Je ne gère pas très bien mes émotions…

L'homme fronça les sourcils à son tour avant de lui adresser un regard étrange, reculant doucement.

- Je vois… Et cela fait longtemps… ? J'ai eu accès à certaines notes confidentielles d'un ancien collègue et… je suppose que votre vécu explique certaines de vos réactions…

A peine le sorcier avait-il laissé passer ses mots qu'il sentit le sang se retirer de son visage. Que savait-il exactement ? Et alors que l'odeur de la chaire brûlée emplissait la pièce, il sentit une vague d'émotion le renverser ou presque.

- Je...vous demande pardon ?

- Monsieur Potter ! Vos poignets ! Maîtrisez-vous !

Se maîtriser….? Là, tout de suite, il se sentait au bord d'un précipice. Il avait l'impression de sentir la honte s'abattre sur lui et lui écraser le thorax, l'empêchant de respirer.

- J'ai lu que vous aviez été élevé par les Moldus et que ceux-ci détestaient la magie. Ainsi donc, personne ne vous a jamais expliqué comment dissocier votre magie de vos émotions en tant qu'enfant !

Et alors qu'il percutait le sens de l'explication du sorcier adulte, il sentit toute son angoisse se transformer en soulagement, il entendait son cœur battre à ses tempes avec violence et enfila ses mains tremblantes dans ses poches, cachant à l'homme les brûlures infligées.

- A..ah ouais… Ils étaient pas très… familiers du monde sorcier.

- Je pense que vous devriez vraiment venir vous faire suivre à Saint Mangouste au Service de Magie Infantile… Certains de nos Médicomages spécialisés seraient à même de vous venir en aide…

- ...Je verrais…

- Monsieur Potter…

- Avez-vous bientôt terminé… ?

Kingsley venait de s'interposer, son regard sombre posé sur le guérisseur alors qu'il se redressait.

- Oui. C'est bon pour moi Monsieur le Ministre.

- Bien. Tu vois Harry, il ne s'agissait que d'un contrôle pour ta santé.

Hochant la tête très lentement, posant son regard vert émeraude sur l'ancien membre de l'Ordre, il plissa les yeux, lui offrant alors un sourire cynique.

- Laissez-moi deviner. C'était pour mon bien.


- Granger. Pour la dernière fois, cesse de me prendre pour ta source d'information vis à vis de Potter.

- Et à qui tu veux que je demande ? A Harry ?

- Exactement. Va donc voir Potter et fiche moi la paix.

Grimaçant, il se leva de table. Le survivant n'était pas venu manger. Il aurait dû le parier. Il allait encore le retrouver il ne savait où soit en train de rêvasser, soit en train de faire quelque chose de stupide.

- Tu sais parfaitement que Harry ne parle que à toi.

- Granger. Je me fiche de tes problèmes de relation avec Potter.

- Je sais. Mais du coup, je tente d'avoir une relation avec toi Malefoy.

Il s'arrêta subitement, la toisant de haut en bas avant de prendre un air dégoûté.

- Merlin. Je vais dire à Potter d'être gentil avec toi. Contente ?

- Enchantée Malefoy !

Il grogna quelque chose alors que Zabini, sentant le manque de patience chez le blond pointer son nez, tirait la sorcière pour la faire taire avec un baiser. Weasley, lui, était beaucoup plus supportable que la brune. Et c'était un miracle qu'une chose pareille se soit produite selon le Serpentard.

Jettant son sac sur son épaule, il quitta la table, traînant dans son sillage le groupe d 'empêcheurs de tourner en rond habituels. Ils avaient cours de sortilège et hors de question d'arriver en retard.

Il avait des examens à réussir avec brio pour pouvoir prétendre aux formations de Pharmacomagiques Potions à la Haute Académie de Médicomagie et Maîtrise des Potions.

Et pour ça, il devait obtenir Optimal dans chacune des matières et des options choisies. Il ne pouvait pas se permettre de faillir. Pas après tout ce qu'ils avaient vécu dans cette fichue école. Hors de question d'y rester encore une année.

Tournant à l'angle du couloir le conduisant à l'aile ouest du château, il allait s'engager dans l'escalier quand une voix grave l'interpella.

- Monsieur Malefoy.

Se tournant lentement, les sourcils froncés, il vit le groupe d'étudiants qui l'accompagnait s'arrêter à leur tour, s'échangeant des regards perplexes. Que faisait un adulte, non professeur, dans l'enceinte de Poudlard… Et à bien y regarder, que faisait un Auror là…?

Soupirant d'agacement, il se tourna lentement vers l'homme à l'aspect tout à fait négligé qui s'était planté au bas des marches. D'ailleurs, il lui faisait penser à Sirius Black à son retour de ses petites vacances forcées à Azkaban.

Le regard noir, des yeux enfoncés dans leurs orbites et cernées de violet. Il semblait non seulement manquer de sommeil, mais de lumière également vu l'aspect blafard de sa peau.

- Et vous êtes… ?

- Je suis l'Auror Arestid Coleman. Je suis ici pour vous accompagner au Ministère.

- Excusez-moi Monsieur Coleman. Mais vous êtes ici à Poudlard et le Ministère n'a aucune autorité en ces lieux selon l'article 29 du Code des Obligations Magiques relatives à La Loi sur l'Éducation des jeunes Sorciers qui fait maintenant foi depuis 1879.

Granger. Une seule phrase et elle aurait pu assommer n'importe qui. Plantée devant l'Auror, elle lui débitait à une vitesse impressionnante tout un tas de lois, règlements et décrets, avec contexte, dates et articles.

Merlin. Elle était effrayante.

- Granger.

- Quoi ? Malefoy ! Cet homme est ici en toute illéga...lité

Elle venait de s'interrompre, l'homme lui ayant brandi un parchemin sous le nez.

- Mon autorisation Mademoiselle.

- Ah...euh...je.. c'est que…

- Monsieur Malefoy. Veuillez me suivre à présent.

- Et pour quels motifs… ?

De manière complètement inattendue, c'était Weasley qui s'était avancé cette fois, Zabini le suivant de près. Et même s'ils étaient étudiants, Weasley avait la stature d'un athlète drogué aux potions de testostérones et Zabini avait exactement le même regard flippant que sa mère. Personne n'aurait eu envie de les affronter.

Sauf que le représentant du Ministère ne cilla pas. Il semblait se ficher complètement de la situation, se curant l'oreille avec un désintérêt total pour le contexte.

- Monsieur Malefoy, sa famille et le prof de potion sont tous sous le coup d'une enquête pour déterminer s'il y a entourloupe ou pas. Ah. L'survivant aussi.

Le silence qui suivit sa déclaration sembla arrêter le temps. Ses paroles flottaient dans les airs alors que tous les élèves présents s'étaient figés. Puis brusquement les tableaux s'animèrent.

Menteur. Ils veulent faire tomber le survivant. Il a été torturé par le Ministère. Le survivant trahi par son propre camp. Le ministère envoie des enfants à l'abattoir. Le Ministère a enfermé le survivant et maintenant il s'en prend à son entourage.

- C'est une vaste plaisanterie.

C'était impossible. Il ne pouvait pas y croire. Toisant le sorcier face à lui, il sentit à nouveau cette colère complètement irrépressible couler dans ses veines alors que la situation s'éclairait petit à petit à ses yeux.

- Non. Maintenant si vous pouviez me suivre. Ça m'arrangerait.

- Malefoy ne va nulle part ! Et certainement pas avec vous ! Où est le professeur Snape?

- Le prof a déjà été arrêté. Maintenant on peut y aller… ?

- Mes parents… ?

- Probablement en train d'être conduit au quartier des Aurors.

Il vit Weasley serrer les poings, raidir son corps, sa baguette dans la main droite. Il semblait sur le point de charger. Hermione s'était déplacée, se plaçant à dessein entre son homme, ron et face à eux, Coleman. Prévenant ainsi toute idée stupide de la part des deux sorciers.

Prenant une lente inspiration, il descendit lentement une marche, dardant son regard orageux dans celui inexpressif de l'Auror.

- Où est Potter ?

Parce que s'il pouvait gérer. Si Severus et ses parents pouvaient gérer. Il était à peu près sûr que le survivant, lui, n'allait pas du tout gérer ça. Et il était hors de question qu'il se retrouve encore une fois au milieu de il ne savait quelle situation scabreuse.

- L'survivant ?

- Non. Mon oncle. Évidemment le survivant. Vous en connaissez beaucoup des Potter ?

L'ironie dégoulinante de son ton sembla atteindre l'homme qui cessa d'avoir l'air faussement décontracté.

- Avec le Ministre et quelques… collègues.

- Si jamais vous touchez encore à Harry...vous le regretterez !

C'était si… enfantin. Si stupide de la part de Granger… Typiquement Gryffondor alors que Weasley semblait adhérer aux propos de la sorcière.

- Les ordres sont les ordres. Potter a des preuves à donner. Mais ça ne me regarde pas.

- Des preuves ? Il est mort ! c'est pas suffisant ça comme preuve peut-être ?

Zabini venait d'intervenir. Apparemment excédé de voir l'histoire se répéter encore.

- Qu'est-ce que j'en sais moi ? Tout ce qu'on sait c'est ce qu'il avait en lui. Sincèrement vous pensez qu'on peut vivre avec ça et ne pas être influencé ?

La manière dont c'était dit… L'intonation. Le choix des mots. Tout laissait supposer que Potter avait été manipulé… endoctriné… Qu'il était un danger. Se crispant, il sentit sa colère encore monter d'un cran.

Le Ministère osait porter ce genre d'accusation. Après avoir découvert les manigances de Dumbledore. Après avoir enfin eu le fin mot de l'histoire quant au rôle plus que discutable qu'avait eue le survivant depuis que ses parents avaient été tués.

Ils savaient ce qu'il avait subi. Kingsley le savait même parfaitement. Et malgré ça, malgré tout ce qu'il avait fait, ils continuaient de le traiter comme un paria.

Ils se servaient de lui pour démontrer au monde sorcier leur soi-disant transparence. Ils se servaient de lui, mais de son entourage également pour montrer patte blanche et faire voir à la population à quel point ce nouveau gouvernement était différent de ce qu'ils avaient connu jusque-là…

Sauf que leur plan était risqué. Et le premier risque étaient encore Potter en lui-même. Potter et sa foutu magie. Potter et son besoin quasi pathologique de se porter à leur secours peu importe les conséquences.

Merlin. Tout ça était foutrement emmerdant à son sens. Se décidant finalement à descendre la dernière marche sur laquelle il était encore perché, il s'avança d'un pas lent et arrogant.

Cet Auror ne perdait rien pour attendre. Personne ne s'en prenait impunément aux Malefoy. Et encore moins à son parrain. Il était fort probable que le Ministère ait un gérer une déferlante de problèmes d'ici les prochaines semaines.

Comme à son habitude, le Ministère agit de manière inutile. Mais soit. Conduisez-moi donc auprès de mes parents. Nous serons ravis de discuter avec vous de nos choix pendant la guerre.

Il dit un signe de tête à Nott qui allait ouvrir la bouche. Il n'avait besoin de personne pour se défendre. Ni de Potter, ni des autres élèves. Il était de loin assez grand pour faire regretter à qui de droit.

Et sur l'honneur de sa famille, cette bande de fonctionnaires demi-sang allait s'en mordre les doigts pendant des années.

Et alors qu'il suivait l'Auror, il eut la pensée fugace que Potter allait certainement lui en vouloir.


Se levant, il se décida finalement à enfiler sa chemise, passant soigneusement chaque bouton, cachant son torse et la marque qui dévorait sa peau.

Les Aurors semblaient nerveux. Shackelbott aussi. Il ne cessait de jeter un regard agacé à sa montre de gousset enchantée. Ils semblaient attendre un signal pour enfin quitter les lieux.

- Monsieur Potter… ?

Tournant les yeux vers le médicomage qui l'avait examiné, il haussa un sourcil alors que celui-ci lui tendait un petit morceau de parchemin, une adresse y figurant ainsi qu'un nom.

- N'hésitez pas à me contacter si vous avez des questions ou si vous reconsidérez mon offre de vous présenter à mes collègues… Je pense sincèrement que vos lacunes éducationnelles ont une grande influence sur votre situation actuelle.

Il prit lentement le petit bout de papier et hocha la tête lentement, l'enfoncant dans sa poche.

- Merci…

- Je vous en prie… J'espère que quelqu'un prend soin de vous Monsieur Potter. Après tout ce que vous avez traversé, il me semble qu'il serait temps de prendre du recul…

Le regard lourd de sens du médicomage le fit trembler de l'intérieur. Prendre du recul. Si seulement il pouvait. Sauf qu'il le sentait. Les ennuis étaient déjà à sa porte. Ils y frapperait d'ici quelques minutes.

- Harry Potter.

Voilà. C'était là. Relevant son regard vert, il carra les épaules, observant le Ministre de la Magie se reculer et laisser place aux Aurors.

- Dans le cadre d'une enquête visant à s'assurer de vos allégeance, vous allez devoir nous suivre au Département de la Justice Magique afin de vous soumettre à un interrogatoire sous Veritaserum.

Bla bla bla. Il le regardait parler et les mots l'atteignaient avec un décalage. Allégeances. Justice. Interrogatoire. Veritaserum.

Ils l'accusaient de trahison… ? Ils voulaient lui donner une potion de vérité… ? Ils voulaient le priver de son contrôle…? L'obliger à parler… Le forcer à se livrer entièrement ?

Ils voulaient lui prendre la dernière chose qu'il lui restait au monde ? Lui arracher ses derniers lambeaux de dignité… ?

La peur. L'angoisse.

Il sentit son coeur battre. Cogner contre ses côtes. Il sentit l'horreur couler insidieusement dans ses veines. Ils voulaient faire de lui un pantin. Encore.

Ils l'avaient torturé. Tué. Ils lui avaient arraché tout ce qu'il aurait dû être. Ils lui avaient volé sa vie.

Et ils voulaient recommencer…. ?

Le rire.

Il le sentit petit à petit monter. Prendre naissance dans ses tripes. Secouer son ventre. Remonter contre la peau de son torse pour faire vibrer trachée et cordes vocales.

Il sentait ce sentiment glacial lui couper le souffle.

La trahison.

Ils voulaient le tester. Ils voulaient s'assurer qu'il n'était pas dangereux. Voilà pourquoi ils avaient vérifié ses Dévoreurs de Magie.

Pour son bien… ? Il riait. Passant une main sur son visage alors que tout le monde s'était figé dans la pièce à sa réaction, il ne pouvait pas faire autrement.

La bonne blague. Pour son bien. Vraiment…?

- Les Malefoy ainsi que Severus Snape, Molly Weasley et d'autres membres ont été arrêtés il y a de cela quelques minutes. Tous ont été accompagnés au Ministère.

Il le sentait maintenant secouer ses épaules. C'était amère. Crissant. Ça n'avait rien de naturel ou joyeux. Non c'était dégoulinant de désillusion.

- Vous avez fait quoi… ?

Ils avaient emmené Malefoy et Snape… ? Ils étaient accusés aussi? Ah ce bon vieux Ministère. Toujours en train de chercher la petite bête et de vous pousser dans le vide.

- Harry… Il s'agit d'une enquête afin de démontrer à la population sorcière que l'Ordre a toujours été du côté de la lumière.

Bla bla bla.

Fermant les yeux, il bascula une seconde sa tête en arrière avant de tranquillement se lever, abandonnant son pull sur le lit, chemise à moitié ouverte sur son torse.

- Harry, tu as entendu ce que j'ai dit… ?

Bla bla bla.

Encore une fois, il se retrouvait sur le banc des accusés. Qu'est ce qu'il devrait leur donner de plus cette fois… ?

Il s'avança encore. Il allait sortir d'ici.

- Monsieur Potter. Arrêtez-vous.

- Harry, écoute, tout ceci n'est que pour...

Kingsley ne finit jamais sa phrase. Une seconde plus tard, le survivant, son regard posé sur lui, avait tendu sa baguette sur lui, sans un mot, il vit l'adulte s'écraser contre le mur, poussant un gémissement étranglé de douleur.

Il avait le poignet brûlé à vif. La magie venait d'emplir la pièce sans la moindre douceur. C'était lourd. Brûlant. Irrespirable. Il se tenait là, sans bouger, un sourire mauvais aux lèvres.

- Pour mon bien je sais… Alors… et ma conception du "bien" vous plait maintenant… ?

Il ne se tourna même pas quand un des Aurors pointa sa baguette sur lui, un filet de lumière violette en jaillissant.

Il ne sentait pas la douleur. Il sentait juste l'odeur écoeurante de sa propre peau en train de brûler sous les dispositifs magiques. Il sentait sa magie s'agiter furieusement, répondant à sa peur, à sa colère, à sa haine pour le monde sorcier.

Il revoyait les moments chez les Moldus. Il revoyait les viols. Les coups. Il revoyait les mensonges. Les manipulations. Il se remémorait la douleur et l'angoisse indicible. Il se rappellait son affrontement avec Lui. Il se rappellait du regard qu'ils avaient posé sur lui.

Et ils osaient douter de lui… ?

Il ne tremblait pas. Il ne sentait plus rien. Il avait l'impression que si la rage envahissait l'infirmerie, détruisant tout sur son passage, lui, il était calme. Infiniment calme.

Il n'y avait plus rien au fond de lui. Juste le silence. Il avait les idées claires. Il savait parfaitement ce qu'il allait faire. Ce qu'il devait faire.

Il n'avait pas le moindre doute quant à la suite des événements.

Tournant les yeux lentement sur le groupe d'Aurore, il pointa alors sa baguette, ne cillant même pas aux sorts s'échouant contre la bulle magique qui s'était formée. Instable, rougeoyante. Elle était noire par endroit, enfumée. Elle semblait se déformer et manquer d'exploser à chaque seconde.

- Monsieur Potter, baissez votre baguette sinon…

- Sinon quoi… ? Je crois que vous oubliez un peu facilement qui a vaincu Voldemort. Vous pensez être plus puissant que lui ?

Et ce vide était si reposant. Si doux. Pas d'angoisse. Pas de remise en question. Il avait atteint ce point où cette fois c'était terminé.

Le monde sorcier n'avait plus rien à lui donner. Le monde sorcier n'avait plus rien à lui ordonner. Il en avait terminé avec eux. Terminé avec ces conneries.

- Harry…

Il tourna un regard méprisant sur Kingsley, l'observant se relever avec difficulté, une main sur ses côtes, probablement brisées, aidé d'un des aurors.

- Calme-toi…

- Je suis calme Kingsley. Je n'ai jamais été aussi calme à vrai dire. Et vous, vous tous ici et dehors… Vous allez gentiment me rendre les Malefoy et Snape.

- Nous..nous ne pouvons pas...faire ça ainsi...Une enquête est en co…

Il ne termina pas non plus cette fois-ci. Il s'étrangla alors qu'il était à nouveau projeté contre le mur, l'autre sorcier qui le soutenait aussi. Le souffle coupé par le choc, il glissa le long du mur, toussant et crachant un peu de sang, la respiration sifflante.

- Pardon. J'ai cru comprendre que vous refusiez.

- Potter! Attaquer le Ministre de la Magie est passible de la peine de mort !

- Oh. Vous voulez m'envoyer à Azkaban maintenant… ? Moi ? Le héros national ? L'enfant brisé par vos soins ? Je pense que Skeeter va adorer.

Il ricana encore une fois quand un nouveau sort s'éclata à ses pieds. Il leva lentement sa baguette et en serpent en glissa. Draco lui avait appris le sort il y avait plusieurs mois… Il ne l'avait encore jamais utilisé… Il n'avait jamais invoqué de serpent, mais voir la créature ramper au sol lui procura un certain plaisir.

Passant au fourchelang, il ordonna au reptile de s'en prendre aux Aurors, profondément satisfait de les voir pâlir et reculer. Haussant les épaules, il s'avança et sans la moindre hésitation, il lança un Bombarda , faisant littéralement exploser la porte de bois, enjambant les décombres pour s'avancer dans le couloir.

Ils avaient réussi. A lui faire perdre patience. Et rira bien qui rira le dernier. Parce que cette fois, il allait jouer à leur petits jeux salaces. Il allait utiliser les mêmes armes déloyales.

Planter des couteaux dans le dos, jouer avec les sorciers comme des pions. Il allait se servir sans vergogne de son nom. Il irait lui-même au devant des foules s'il le fallait.

Mais il allait faire tomber des têtes.

Et ça, qu'il les récupère ou pas.

Personne ne les touchait. Personne ne s'en prenait à eux sous couvert de son nom.

Il entendait vaguement les hurlements et voyait à peine les élèves autour de lui. Se tournant lentement, il fronça les sourcils. Ah. Oui. Ce détail.

- Accio Ministre de la Magie.

Une seconde plus tard, l'homme s'écrasait à ses pieds. Parfait.

S'accroupissant, pointant sa baguette sur le menton du sorcier, il le força doucement à relever le visage vers lui, souriant.

- Monsieur le Ministre. Amenez-moi voir mon tuteur.

- H...Harry

- Chuuut...Ne parlez pas… Ça doit faire mal…

Il le vit tousser, ne bougeant pas. Il espérait vraiment qu'il souffrait. Ou...quoi qu'en fait non. En réalité, il se fichait complètement de savoir ce qu'il pouvait bien ressentir.

Se relevant, il prit le temps de toiser l'homme qui roulait sur le flanc pour se relever, à genoux maintenant devant le survivant.

- I...ls sont au...au Ministère…

- Allons-y alors…

- P..Potter…

- Quoi ? Ne me dites pas que vous avez peur de moi ? J'ai vos Dévoreurs de Magie et je ne suis qu'un adolescent…

Il le vit lui lancer un regard assassin et haussa les épaules.

- Quoi ? C'est vous qui n'avez eu de cesse de me le dire… "tu n'es qu'un enfant Harry…." "Va mourir pour le monde sorcier Harry" "Reste seul Harry…" "Oh Harry tu es vivant ! Dommage"

- Je ...n'ai jamais..dit ça

- Ah. Vous avez dû le penser trop fort alors.


- Potter va très certainement péter un câble.

- Merci Monsieur Malefoy pour votre incroyable clairvoyance.

Haussant un sourcil lentement, il observa son parrain. Ils étaient, pour le moment, tous regroupés dans une sorte de bureau.

Son père, Severus et lui. Sa mère manquait encore au tableau et d'ailleurs, son père commençait sérieusement à s'impatienter. Il avait déjà menacé plusieurs fois les Aurors de les faire payer s'ils ne retrouvaient pas sa femme.

Apparemment, le chaos s'était installé quand l'équipe chargée de ramener Narcissa Black-Malefoy avait été retrouvée inconsciente, une simple note épinglée d'un sort particulièrement vicieux sur le torse d'un des leurs.

Sur le petit bout de parchemin, une trace de bouche au rouge à lèvre rouge. Nombreux étaient les Aurors à reconnaître la signature et depuis, ils couraient dans tous les sens.

Il allait intervenir auprès de son père quand la porte s'ouvrit d'un coup, laissant apparaître une superbe sorcière blonde.

- Draco, chéri, tout va bien ?

Sa mère se tenait dans l'encadrement de la porte, royale, habillée de son plus beau manteau de fourrure, une robe délicate de soie épousant son corps à la perfection, allongeant encore ses jambes finissant par des talons aiguilles. S'approchant de son époux, elle glissa délicatement ses doigts sur sa joue, un bref sourire éclairant son visage alors que son père en profitait pour embrasser l'intérieur de son poignet.

- Où étais-tu ?

- Avec Cybèle Zabini. Elle m'a accompagnée. Mon amour. Je pense que nous allons devoir changer le tapis persan...tu sais, celui que j'aimais bien dans le salon

- ...Changer le tapis ?

- Mn. Je ne crois pas que nos elfes puissent faire disparaître autant de sang.

- Par Merlin Narcissa ! Qui parle de tapis alors que nous sommes accusés de trahison !

Tournant lentement son regard vers le Maître des Potions, il frémit. Il était sur le point de perdre patience de toute évidence. Son ton glacial et plein de fiel laissait supposé qu'il avait atteint, à son tour, le summum de l'exaspération.

- Je te prierai de parler autrement à mon épouse Severus.

- Lucius… Tout va bien. Où est Harry…? Il n'est pas avec vous… ?

- Potter a été emmené avec le gratin apparemment.

Il vit sa mère finalement se tourner vers lui, et hausser un sourcil perplexe avant de jeter un regard inquiet et compatissant à l'Ex-Espion, déjà en train de ruminer seul dans son coin.

- Je vois… Ainsi donc toute cette histoire d'enquête n'est pas qu'une plaisanterie.

- Il semblerait que Potter soit principalement accusé d'être une partie du...Maître.

- Je te demande pardon ?

Soupirant, il se tourna vers son parrain qui maintenant le fixait, articulant lentement les mots, la fureur s'inscrivant dans toute son attitude.

- Un des Aurors nous a dit qu'ils avaient des soupçons sur Potter. Que vu ce qu'il était, il était peu probable qu'il ne s'en relève sans aucune...conséquence ou...influence.

- Merlin. J'espère qu'aucun imbécile n'aura l'idée de lui dire une chose pareille…

Effectivement. Passant lentement la main dans ses cheveux, il s'assit. Il savait que tout cela ne présageait rien de bon. Ni pour Potter ni pour eux.

Ils étaient également accusés. Et certains de leurs agissements prêtaient clairement à confusion.

Le meurtre de Dumbledore en tout premier lieu.

Le silence s'installa, uniquement dérangé par les chuchotements discrets de sa mère qui semblait raconter quelque chose à son époux, qui écoutait, les sourcils froncés.

Se plongeant dans ses pensées à son tour, il se mit méthodiquement à barricader son esprit. Si jamais on venait à l'interroger, il devrait compartimenter. Cloisonner. Protéger sa vie privée.

- Messieurs, Madame. Bonjour.

Sortant de ses pensées, il se crispa. Coleman. Posant un regard tout aussi glacial et peu avenant que les autres Serpentards de la pièce, ils observèrent l'homme se saisir d'une chaise et s'asseoir, sortant plume et parchemin.

- Je suis ici afin de vous informer de vos droits, pour autant que droit il y ait dans une affaire de trahison.

N'obtenant pas la moindre réaction ou réponse, il se rembrunit. Il n'était pas prêt. Il ne savait pas à qui il avait affaire. Il n'était pas né celui qui arracherait sa fierté à un Malefoy. Encore moins à Severus Snape.

Et pourtant, ils le fixaient tous avec intensité. Attendant la suite qui tardait à venir

- Je disais donc, que vous êtes actuellement sous le coup d'une enquête interne suite aux événements de cet hiver, visant à déterminer avec certitude vos convictions profondes quant à la propagande mise en œuvre par le Seigneur des Ténèbres. Dans ce cadre, vous avez le droit à une défense et serez entendu par un haut fonctionnaire du Département de la Justice Magique. Celui-ci…

- Compte-il nous faire un cours sur le fonctionnement de la justice du monde sorcier… ?

Sa mère venait d'intervenir. Elle affichait cette expression d'ennui le plus total, assise sur une des chaises, telle une reine contemplant un simple vers.

- Je ne sais pas très Chère. Peut-être ignore-t'il qui nous sommes et quelle est notre place dans la société sorcière.

- Oh. N'a-t'il donc pas été éduqué…?

- Penses-tu sincèrement que tous les élèves de Poudlard sont suffisamment intelligents pour prétendre à quoi que ce soit d'autre que leur propre bêtise Narcissa ?

Severus venait de rejoindre la ronde, son ton, dégoulinant de mépris, était à la limite du venin. Il toisait l'Auror de ce regard vous faisant vous sentir si insignifiant que la honte vous submergeait.

- Je sais parfaitement qui vous êtes…

- Vraiment… Monsieur Coleman.

L'homme se figea, Lucius l'épinglant de son regard débordant de sarcasme. Il venait d'utiliser son nom. Pourtant l'homme semblait se décomposer en réalisant qu'il ne s'était, pourtant, pas présenté.

Il le vit déglutir avant de se redresser, s'éclaircissant la voix.

- Bref. Je disais donc que… votre défense pourra être assurée par la personne de votre choix.

- Si aimable.

- Venez-en au fait. Nous n'avons pas toute la journée.

- Monsieur Snape… Il s'agit de la procédure.

- Quel que soit le nom ridicule que vous donnez à votre simulacre, dépêchez-vous.

Il les admirait. Tous les trois. En quelques minutes à peine, ils avaient réussi à faire perdre ses moyens à cet insolent. L'avaient humilié, insulté, ridiculisé avant de nier son existence.

Il vit le sorcier se raidir, son expression changer pour laisser place à la rage et se lever. Il posa brusquement la plume qu'il tenait et se tourna vers eux.

- Je vous conseille de ne pas trop jouer aux plus mal…

- Coleman ! Ramène-toi ! on a un problème !

Interrompu par le fracas de la porte du bureau, ils virent surgir un homme au front plissé par l'inquiétude.

- Bordel Gary ! Je suis occupé là !

- Merde ! Je m'en fous ! Le Ministre est à terre, Potter a pété un câble, prends-les avec toi et bouge toi le cul !

Et ce qui devait arriver arriva. Une seconde plus tard, on les faisait transplaner depuis le haut central.

Quand, enfin, ils franchirent les portes de la grande salle, Potter était là.

Baguette pointée sur le torse du Ministre.

- Bah vous voyez quand vous voulez Kingsley.

Il le savait. Que Potter allait pas gérer du tout.